Mélandrie Tome 2 : Le plan démoniaque

Chapitre 25

Beaucoup de ses serviteurs l'admiraient d'ailleurs pour son sens de la diplomatie et de la conciliation. Lorsqu'elles avaient appris ça, fille comme mère avaient regardé leur interlocuteur avec de grand yeux. Pour l'une pour qui son jeu préféré se résumait à lui tenir tête et se disputer pour mieux se réconcilier après autant que pour l'autre qui ne connaissait presque que le Shed intransigeant, cette description ne lui correspondait pas. Et pourtant, il avait réussi l'exploit de se faire accepter par tous les anges noirs alors qu'il était en partie responsable de la mort du dieu précédent qui était admiré par bon nombre d'entre eux.

Elles avaient été tellement étonnées que la mère et la fille avaient presque sauté sur Shed, à son retour au palais, pour avoir des explications. Comme à son habitude, il avait commencé par les envoyer balader avec un air renfrogné, mais Lief n'était pas du genre à se laisser faire et, après une autre de leurs disputes habituelles, le dieu de la mort avait cédé en se disant qu'il allait perdre plus de temps qu'autre chose s'il refusait de leur expliquer.

La raison était en réalité très simple. Avant de se confronter à l'ancien dieu de la mort, Shed avait retrouvé tous les souvenirs de son passé et s'était souvenu de ce qui l'avait poussé à décimer le panthéon. Il ne voulait donc pas être ce qu'il avait combattu et avait tout fait, dès son accession au trône de dieu de la mort, pour que ses anges se sentent bien.

Cela n'avait finalement pas été très compliqué. Ouros avait beaucoup de défauts, mais maltraiter ceux qui étaient à ses ordres n'en faisait pas parti. Shed avait donc travaillé sur cette base déjà solide et écouté toutes les suggestions des anges afin qu'ils puissent être heureux.

Cette question répondue, le dieu de la mort avait ensuite fait une remarque cinglante comme quoi elles lui avaient fait perdre du temps et qu'à présent que leur curiosité avait été satisfaite, il pouvait repartir travailler.

Elles ne l'avaient dérangé que cinq minutes, s'était exaspérée Mélandrie, et pourtant il donnait l'impression que c'était la fin du monde. Lief, elle, ne lui en voulait pas et voyait ça d'un autre œil. Pour elle, chaque petite remarque comme celle-ci était une nouvelle raison de se disputer et chaque dispute était une nouvelle occasion de mieux se réconcilier. Ils étaient déjà comme ça lorsqu'ils étaient des anges et cela lui convenait parfaitement. D'un autre côté, il est vrai qu'il semblait en effet très occupé. À tel point qu'elles ne le virent que deux semaines plus tard, lorsqu'il vint leur annoncer que tout était prêt.

Sans vraiment donner d'explication, Shed invoqua un portail et l'invita à le passer. La jeune ange se retrouva alors sur une grande place qui surplombait une gigantesque ville. Celle-ci s'étendait presque à perte de vue, jusqu'à une imposante muraille d'enceinte. Elle pouvait voir un grand palais à sa gauche, mais aussi, bien plus étonnant, d'immenses blocs de roche qui flottaient dans les airs.

— D'après la couleur du ciel, nous sommes sur le plan mortel, remarqua-t-elle, mais quel est cet endroit ?

— Bienvenue au sanctuaire ! Annonça un homme en s'approchant. Je suis le créateur et dirigeant de cette ville qui accueille tous ceux que les humains considèrent la race comme des ennemis, mais qui ne souhaitent que vivre en paix.

— Tout est prêt ? questionna Shed.

— Tu me prends un peu au dépourvu là. J'ai l'habitude d'accueillir de nouveaux habitants au compte goutte, pas une ville entière. Avec juste deux semaines, nous n'avons pas eu le temps de tout finaliser, mais l'essentiel est là.

— Donc c'est ça la solution que tu proposes ? Déplacer toute la ville ?

— Parce que tu as une meilleure idée ? Rétorqua sèchement Shed.