Chapitre 1

27 4 0
                                    


Six ans plus tard

« Jim, Joanna, dépêchez-vous, vous allez encore être en retard ! »

Quelques instants plus tard, deux adolescents descendirent en courant les escaliers menant au salon, se bousculant l'un et l'autre pour arriver le premier. Tous deux jetèrent leurs sacs de cours au sol avant de s'asseoir à la table de la cuisine. Leonard se tourna vers eux, deux bols dans les mains, et les posa devant eux.

« Et arrêtez de vous pousser dans ces escaliers, je n'arrête pas de vous le répéter !

— Mais c'est Jo' qui a commencé !

— Non, le crois pas, Papa ! Je te jure que c'est Jimmy !

— Je me fiche de savoir qui a commencé, tout ce que je sais, c'est que vous le faîtes. Maintenant, mangez si vous voulez que je vous dépose au collège avant d'aller travailler. »

Sans plus de protestation, les deux enfants se plongèrent dans leurs bols et Leonard put enfin souffler, pour la première fois depuis son réveil. Il avait cru qu'en grandissant, ses deux enfants deviendraient plus calmes, mais c'était plutôt l'inverse. Le répit n'était que de courte durée avec eux, et même s'il les aimait plus que tout, il ne pouvait s'empêcher d'attendre avec impatience le moment où ils allaient se coucher.

Pendant que Jim et Joanna prenaient leur petit déjeuner, Leonard s'autorisa quelques instants pour s'appuyer contre le plan de travail de la cuisine, son café dans une main et son padd diffusant son programme de la journée dans l'autre. En tant que chirurgien orthopédique, ses semaines tournaient entre des journées aux urgences, d'autres uniquement remplies de rendez-vous de contrôle, et d'autres encore d'opérations. Aujourd'hui était une journée de rendez-vous à son cabinet.

Il savait que ces jours-là n'étaient pas les plus reposants. En effet, même si une chirurgie en urgence lui demandait toujours des quantités d'énergie remarquables, les rendez-vous avec les patients n'avaient rien d'une promenade de santé. Entre ceux qui masquaient leurs douleurs et ceux qui les exagéraient, il avait dû apprendre à se situer par rapport à leurs discours, et ça lui posait encore problème par moments. Par chance, ses enfants avaient rapidement compris qu'il avait besoin de calme lorsqu'il rentrait de ses journées de travail, et ils restaient silencieux et obéissants, allant même jusqu'à s'isoler dans leurs chambres sans qu'il n'ait à leur demander.

Leonard fut sorti de ses pensées par de nouvelles chamailleries des deux adolescents, et fut contraint de relever la tête. Toujours assis à table, ils se disputaient pour la serviette en tissu qu'ils étaient censés partager. Leur père poussa un court grognement en ouvrant un tiroir à côté de lui et jeta une deuxième serviette au visage de James.

« Arrêtez de vous engueuler pour une serviette, bon sang !

— Mais c'est Joanna qui a commencé !

— Je me fiche toujours autant de qui a commencé. Bougez-vous maintenant, on va être en retard. »

Jim et Joanna baissèrent la tête simultanément en essuyant leurs mains puis se levèrent pour ranger leur vaisselle. Après cela, ils disparurent dans la salle de bain, et Leonard grogna une nouvelle fois en entendant leurs chamailleries depuis la cuisine. Ces gamins signeraient sa mort, il le savait ! Décidant de laisser passer cette énième dispute, il posa sa tasse dans l'évier et rejoignit la salle de bain lorsque ses enfants l'eurent quittée.

Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient en route pour le collège où étudiaient Jim et Joanna. Les deux enfants avaient la chance d'être dans la même classe, ce qui leur permettait de s'entraider en permanence, même s'ils étaient tous les deux suffisamment doués pour se débrouiller. C'était aussi une façon pour eux de toujours être ensemble, ce qui les ravissait. Malgré leurs chamailleries incessantes, ils s'aimaient profondément, et ce depuis leur première rencontre. C'était peut-être dû au fait qu'ils n'avaient que quelques mois d'écart, peut-être à leurs natures attachantes, peut-être autre chose. Peu importait.

Mon FilsKde žijí příběhy. Začni objevovat