Chapitre 20 -Morte ou...

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J'ouvre la bouche pour répondre quand... il m'embrasse. Ou peut-être que c'est moi qui l'embrasse. Je ne sais plus.

On s'embrasse.

J'écarquille soudain les yeux, et me recule en me prenant presque la table basse.

-Je suis désolé ! S'exclame Laspen en rougissant, je...

-C'était une erreur, assénais-je d'une voix glaciale. On n'a pas besoin d'en parler.

Je vois qu'il est blessé mais je suis incapable de faire preuve de la moindre compassion. J'ai l'impression que toute ma vision est floue, et mes oreilles bourdonnent. Et par-dessus j'entends les battements de mon cœur.

Je m'incline froidement.

-A présent, je vais rejoindre votre mère, Altesse. Merci encore de m'avoir amené ici.

Et je m'enfuis lâchement. Mes jambes me lâchent et je m'assois sur un banc, prenant ma tête dans mes mains. C'était la première fois que j'embrassais quelqu'un et mon premier baiser je... l'ai donné au prince héritier.

Celui auquel j'ai promis que je ne pouvais pas l'aimer. Celui qui est en partie responsable de la mort de Malyss.

Je passe un doigt sur mes lèvres. Bientôt, la peau se sera renouvelée, elle aura oublié ce contact, bref et hasardeux. Mais dans ma tête, la scène se rejouera à l'infini.

Je finis par décider que me morfondre ne sert à rien et rejoins le boudoir. J'ai vingt minutes d'avance, et la salle est encore vide. C'est étrange, les renégats de l'est n'ont pas vandalisé le palais. Seules des croix au centre de cercles prouvent leur passage... si on oublie les impacts de balles et les traces de sang bien sûr.

Je m'assois en face du piano et pose mon menton au creux de ma paume.

Ses lèvres avaient goût de miel de lavande, assurées et...

-Au secours, grommelais-je avec mauvaise humeur.

Je pose mes doigts sur le piano et vérifie que la porte est bien fermée. Je n'ai jamais été vraiment douée en musique, mais j'aime occuper mon esprit et mon corps dans les notes et les rythmes.

Mon premier accord semble résonner très fort dans la pièce, il est frémissant et exprime parfaitement mon état d'esprit.

Complètement perdu.

Mes doigts commencent à courir délicatement sur les touches et j'ai un instant la vision de mon père devant notre piano. Je montais sur ses genoux pour regarder ses doigts agiles enchaîner les accords, et j'avais l'impression qu'il jouait pour moi.

-C'est un concerto pour piano qui date d'il y a plusieurs siècles, Stasie, disait-il, il paraît qu'à l'époque on pouvait le jouer avec un violoniste. Mais je n'ai jamais appris cet instrument.

-Tu penses qu'on peut danser sur cette musique ? Demandais la petite Sia avec malice.

-Bien sûr, si on passe en adagio, tu peux toujours essayer ! Riait-il en adaptant la mélodie dans un tempo plus dansant.

Je souris en me rappelant ces bons souvenirs. Il faudrait que j'écrive une lettre à mes parents un jour...

Finalement, les souvenirs apportés par la musique se tarissent, en même temps que mon énergie pour jouer. Comme si mon carburant était mes émotions.

Je me retourne sur le tabouret du musicien et manque de faire une crise cardiaque en voyant une silhouette dans l'embrasure de la porte. Je me lève brusquement comme une enfant prise sur le fait.

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