- Chapitre 3 -

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Lorsque ses mains remontent le long de mes jambes, je serre les dents : je n'arriverai jamais à m'y faire.

Il finit par sentir la boîte sous le tissu de mon jean.

– Qu'est-ce que tu as dans ta poche ? demande-t‑il.

– Ce n'est qu'un bijou pour ma mère, déclaré-je en le sortant pour le lui montrer.

– Et la déclaration, elle est où ?

– La déclaration ? répété-je.

– Les bijoux sont tolérés, mais soumis à déclaration. Il faut en faire la demande au moins quarante-huit heures à l'avance.

– Je ne savais pas.

Il me toise, mais je ne me démonte pas.

– Soyez sympa. C'est son anniversaire, aujourd'hui.

– Ce n'est pas mon problème, gamin. Il y a des procédures à respecter. Tu le sauras pour la prochaine fois.

Il balance l'écrin comme un vulgaire trousseau de clés dans un tiroir où s'entassent les objets confisqués. Je ne sais pas si je récupérerai le médaillon à ma sortie ou s'ils gardent pour eux ce qui atterrit là.

– Allez, avance, ordonne le gardien. Tu bloques la file.

Je ne bouge pas. Ce n'est pas tant la valeur financière du collier que ce qu'il représente pour ma mère. C'est sentimental. Récemment, elle a dû le vendre à un prêteur sur gage pour s'acquitter d'une partie de ses frais d'avocat. Je sais à quel point ça lui a coûté de s'en séparer. Rien que de penser que je ne remettrai peut-être jamais la main sur le médaillon, je sens la rage m'enrayer le cerveau. Sans réfléchir, j'esquisse un geste vers le tiroir des confiscations. Le grand baraqué m'arrête aussitôt, sa main lourde et menaçante sur mon bras.

– Fais pas de connerie si tu veux voir ta mère. Compris ?

J'ai envie de lui hurler dessus, de le repousser, de lui coller mon poing dans la gueule. Il doit deviner ma colère, car il ajoute, espérant m'apaiser :

– Tu le récupéreras à la fin de ta visite, OK ? Maintenant, avance.

Je me raisonne. Ne pas voir ma mère pour son anniversaire serait pire que tout. Alors j'acquiesce, les yeux brûlants, et il me relâche.

Quand je pénètre dans la salle des visites, je cherche son visage parmi la foule rassemblée autour de tables rondes.

Je l'aperçois enfin entre les tenues orange et kaki. Elle est assise toute seule, mais elle rayonne, plus belle que jamais avec ses cheveux noirs retenus en chignon. Je la rejoins et elle se lève pour me serrer dans ses bras.

– Mon coeur, je suis si contente de te voir.

– Moi aussi, maman, soufflé-je en m'écartant d'elle pour la contempler. Ça va ?

– Comme d'habitude, répond-elle en se rasseyant. Tu sais, il ne se passe jamais rien de très palpitant, ici. Parle-moi plutôt de toi.

Elle fait toujours ça : je lui demande de ses nouvelles et, la seconde d'après, c'est de moi qu'on parle jusqu'à la fin de la visite sans qu'elle livre la moindre information à son sujet. Ce n'est jamais rassurant, mais je déteste insister. Je veux que nos rares moments ensemble soient légers.

– Je vais tout te raconter, mais avant... commencé-je, la gorge nouée en pensant au collier perdu dans le tiroir. Je n'ai pas oublié quel jour on est. Alors joyeux anniversaire, maman.

– Merci, mon trésor.

Elle se penche au-dessus de la table pour déposer un baiser sur ma joue.

La nuit où les étoiles se sont éteintesOnde histórias criam vida. Descubra agora