La Vérité Sur Le Grand Ravage

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Lettre du jarl à son fils

Mon très cher Valdimar,

Tu n'étais pas présent ces derniers jours, et au final, je m'en réjouis. Je sais que tu vas avoir un choc en découvrant ce qui est arrivé à notre belle ville, et j'en suis désolé. D'autant plus que je ne serai pas à tes côtés lorsque tu verras le désastre de tes propres yeux. Je ne serai pas avec toi pour endurer la douleur des pertes que nous avons subis. Tu n'es pas prêt à découvrir ça, mais tu es fort, tu surmonteras, je le sais.

Si je prends la peine de t'écrire ces mots, malgré le fait que tu reviennes bientôt, c'est que je ne tiendrai pas jusqu'à ton retour. Je suis mourant, et je ne me cache pas la vérité. Si je vois le soleil demain matin, ce serait un miracle. Néanmoins, je me devais de tout te révéler, que tu connaisses cette histoire en entier, venant de moi et non d'inconnus ou de personnes peu fiables. Cet événement restera gravé dans les mémoires, il entrera dans la légende, mais toi, tu dois connaître la vérité.

Il s'est passé bien des choses depuis ton départ. Comme tu le sais, la colère grondait au sein de notre ville et au sein de notre peuple tout entier. Ces maudits elfes noirs se sont accrochés à notre terre comme des tiques sur un chien. Nous leur avons offert une île, Solstheim, pour qu'ils reconstruisent leur peuple, sur une terre autre que la nôtre suite à l'éruption en Vvardenfell. Et qu'ont-ils fait, au lieu de partir et de nous laisser ? Ils sont restés, se sont solidement ancrés à nos terres. Pire, il a fallu que ces peaux grises intègrent l'académie des mages de Fortdhiver. Je ne portais pas la magie dans mon cœur, comme de nombreux nordiques, mais les mages pouvaient se montrer utiles, l'académie restait tout de même une bonne chose pour Bordeciel. Sauf que maintenant, elle est infestée d'elfes noirs, qui s'en donnent à coeur joie et gagnent de plus en plus d'influence !

Chaque châtellerie, tu le sais, a pour habitude de disposer d'un mage conseiller, ces derniers venant bien souvent de l'académie. Ils savent nous aider, je te le concède. Mais comprends-tu le risque ? Si l'académie se met à pulluler d'elfe noirs, bientôt les jarls seront entourés par ces peaux sombres, et ces derniers, petit à petit, prendront de plus en plus d'importance dans le gouvernement des nordiques. Ma plus grande crainte, partagée par de nombreux compatriotes, est qu'un jour, ces derniers finissent pas nous diriger. Après tout, ils pratiquent le commerce d'esclaves, je doute que de nous asservir leur déplaise. L'académie est une porte grand ouverte pour eux, un moyen simple et facile de prendre les rennes. Je ne pouvais laisser une telle menace planer.

J'ai donc décidé de détruire l'académie. C'était un sacrifice nécessaire pour protéger notre peuple de l'invasion des elfes noirs. Dans ce genre de situation, je ne pouvais me fier à personne hormis toi, mais tu étais en voyage d'affaires. Ne sachant pas quand tu reviendrais, et ayant eu une occasion inédite, j'ai décidé d'agir malgré ton absence, pendant qu'il était temps. De plus, je ne voulais pas que tu sois mêlé à ça directement au cas où les choses déraperaient. Et j'ai bien fait. Bref, la destruction de l'académie devait passer pour un accident, pour nous éviter toutes représailles et toutes questions. Quand j'ai eu vent d'activité d'un petit groupe d'adorateurs du prince daedra Mehrunes Dagon, le prince des catastrophes naturelles entre autres, j'ai su que je tenais ma chance. Toi et moi avions entendu parler de rumeurs, prétextant qu'un fragment du Rasoir de Mehrunes se trouverait au sud de markarth, à la redoute de sorceroc. Je me suis dit que je pouvais utiliser cette information comme moyen de paiement. Donc j'ai arrangé discrètement un rendez-vous avec Drascua, leur chef. Par ailleurs, je ne te cache pas la crainte et la surprise que j'ai eu en découvrant que c'était une harfreuse. Toujours est-il que je leur ai soumis mon offre : s'ils parvenaient à détruire l'académie, en faisant passer cela pour un accident naturel, je leur révélerai l'emplacement du fragment de la dague. Étant donné que Bordeciel était frappé par des tempêtes depuis quelque temps, je me suis dit qu'ils pouvaient se servir de ça. C'était le bon moment pour agir. Ils ont accepté mon offre.

Mais comme tu le découvriras très vite, les choses ne se sont pas passées comme prévu et je le regrette. Je ne sais pas quels sorts cette harfreuse a tenté d'employer, mais elle a déversé une magie colossale sur l'académie. La foudre tombait du ciel, on aurait dit la fin du monde. La plus grosse tempête que j'ai jamais vue. Seulement, il s'est passé quelque chose. Il y eut un éclair aveuglant, un fracas assourdissant, puis un choc terrible venant du ciel, faisant trembler la terre. J'ai cru que l'académie avait explosé tant l'impact fut violent. Mais bien au contraire, quand j'ai rouvert les yeux, l'académie était bien là. Le sol s'est mis à gronder et trembler davantage, et soudain des fissures, puis des crevasses sont apparues. Ce fut la débandade, les gens fuyaient de toutes parts, tombant régulièrement par terre tant les secousses étaient violentes. La terre bougeait, elle semblait glisser. D'autres éclairs ont fusé, suivis de ces chocs. Et c'est alors que des pans entiers de la falaises se sont effondrés dans la mer, entraînant des parties de la ville !

Je ne pourrais te raconter tant cette vision a été affreuse. Alors que la tempête se déchaînait, la ville s'écroulait littéralement, les gens hurlaient. D'énormes blocs dégringolaient dans la mer, suivis des maisons, de l'armurerie, du baraquement des gardes. Nous avons fui aussi loin que possible ! Nous nous sommes réfugiés dans les hauteurs, pour se mettre à l'abri. Il a fallu une heure pour que la tempête se calme. Tout était méconnaissable, la moitié de la ville avait sombré en mer ! Nous avons recensé des dizaines de morts et des dizaines de disparus. De la gloire de Fortdhiver, il ne restait rien. Et cette maudite académie, elle était toujours bien là !

J'ai retrouvé Drascua, qui m'a appris que les protections magiques de l'académie s'étaient montrées trop puissantes. Son sort avait ricoché, s'écrasant sur la ville. Ce que j'avais ordonné, ce que j'avais voulu, s'était retourné contre moi. En voulant détruire l'académie, c'était ma propre ville que j'avais anéantie. J'ai su à cet instant que jamais personne à part toi ne devait savoir que j'étais responsable, ou tout le peuple se serait soulevé contre moi. Drascua a exigé son paiement, mais après un tel échec, je lui ai d'abord refusé. Mais quand elle a menacé de révéler la vérité et de me torturer, je n'ai pas eu d'autres choix que de lui donner ce qu'elle voulait. Elle m'a ensuite poignardé, me laissant pour mort avant de s'enfuir vers sa récompense.

Des soldats m'ont retrouvé, et m'ont ramené à la longère. Je ne pouvais pas leur dire ce qui m'était réellement arrivé, aussi ai-je prétexté que quelqu'un avait profité de la cacophonie pour tenter de m'assassiner. Après tout, cela m'était déjà arrivé. Ensuite, j'ai lancé le bruit que l'académie était responsable de cette destruction, car elle était restée intacte. Je sais que tu me comprendras mon fils. Après un tel échec, je n'avais pas d'autres choix. La vérité aurait renforcé l'académie et les elfes noirs qui auraient gagné la sympathie du peuple. Et je ne pouvais me résoudre à quitter ce monde en ayant détruit ma ville pour rien. Il fallait au moins que cet acte ait un sens. Faire porter le chapeau à l'académie était la meilleure option qu'il me restait. Passée la peur, je savais que les gens seraient anéantis, furieux et chercheraient un responsable. En leur offrant ce responsable, cela me permettait de discréditer l'académie aux yeux de tous les nordiques. La méfiance envers eux et les efles noirs grandira. Leur importance en sera réduite, les nordiques ne voudront plus leur faire confiance. Et les efles noirs ne pourront jamais prendre les commandes de Bordeciel. Les mages seront coincés. Même s'ils tentent de justifier ça, d'expliquer la vérité, la colère du peuple est telle qu'ils ne feront que l'aggraver. Ils se discréditeront eux-même. Ils ne peuvent pas lutter contre la haine et la rancune.

Je suis navré de mettre ceci sur tes épaules mon fils. C'est un bien lourd fardeau. Je sais que contempler ta cité dévastée te fera souffrir. Je sais que tu m'en voudras. Mais crois-moi, je n'avais pas prévu ça. Je ne voulais pas ça. Je voulais simplement protéger mon peuple des elfes noirs et de la magie. Et grâce à ce sacrifice, si tu entretiens ma rumeur, nous y arriverons. Tu reconstruiras notre ville, mais veille à ce que l'académie, aux yeux de tous, reste responsable de ce carnage. Ainsi, jamais personne ne pourra avoir d'influence sur les nordiques. Nous resterons libres et fiers. Je t'en prie mon fils, pardonne-moi, et veille sur notre peuple. L'académie ne doit pas gagner. Les nordiques n'ont besoin de personne. Suis mes traces, ne cesse jamais de les accuser, et tu verras, pour tous et à jamais, l'académie restera responsable de ce qu'on appellera le Grand Ravage.

Ton père qui t'aime malgré tout

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⏰ Dernière mise à jour : May 09, 2021 ⏰

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