— Il y a aussi tes cousins, murmura la rousse quand elle se fut assise à côté d'elle.

Charlie balaya la salle des yeux sans repérer Will et Mary.
Emy lui fit un signe discret du menton.

Mary était assise auprès de Jack Sincer, et Will à côté d'un garçon brun qui ressemblait à une fouine.

— Ce Jack... Il a l'air...

Charlie hésita. Elle ne voulait pas dire du mal de lui, mais elle se sentait gênée et intimidée en sa présence.

— Quoi ? incita Emy.

— Il me met mal à l'aise...

Son amie eut l'air surprise, mais ne dit rien.

Un peu plus tard, à l'heure du déjeuner, le sang de Charlie se glaça brusquement tandis qu'elle regardait fixement la fenêtre embuée, en face d'elle.
Qu'est ce que je faisais quand c'est arrivé ?
Cette pensée la terrorisait, car elle connaissait la réponse.
Ce jour-là, elle était avec Tara. À rire et à faire l'imbécile sans penser à rien.
Pendant qu'il mourrait.
Elle n'avait eu aucune pensée pour lui, absorbée dans leur film ou leurs plaisanteries.
Il est mort tout seul. Sans même un "je t'aime".
Charlie eut soudain, en sentant une sombre colère s'emparer d'elle, envie de mourir à son tour.

Alors elle se mura dans son silence en se remémorant des choses qu'elle aurait peut-être aimé oublier, pour arracher sa douleur...

— Tout va bien ? dit Emy.

— Quoi ? Ah, oui. Oui, ça va, pourquoi ?

— Je ne sais pas, tu avais l'air triste, dit la rouquine en coupant son steak.

La jeune fille haussa les épaules et, pour se donner contenance, mordit dans son pain.

— Qu'est ce qu'on a, comme cours, ensuite ? demanda-t-elle.

Étant donné qu'elle n'était là que depuis ce matin, elle ne connaissait pas leur emploi du temps.

— Anglais.

— Encore ?

— Oui...

*
* *

La journée passa trop lentement aux yeux de Charlie. Elle s'était ennuyée à mourir dans tous les cours, et était heureuse d'enfin rentrer.

Madame Clear, qui n'avait pas encore trouvé de nouveau travail, était dans le salon, au téléphone. Elle avait l'air anxieuse.
La jeune fille s'assit sur le canapé en attendant que sa mère ait fini son coup de fil.
Quand elle raccrocha, l'adolescente se redressa en demandant :

— Qui c'était ?

— On m'a proposé de travailler à mi-temps dans un restaurant, apparemment c'est très bien payé.

— Mais c'est bien ! se réjouit Charlie.

— Oui, mais, je ne sais pas... Ils me demandent d'aider en cuisine le lundi et le mardi, au bar le mercredi et le jeudi, et en service le vendredi et le samedi... Je ne travaillerais que le matin. Je ne sais pas...

— Tu devrais vraiment accepter. Tu as toujours adoré cuisiner, non ? Et tu aurais l'après-midi pour toi toute seule. En plus, je suis sûre que tu auras un salaire en or, même si ce n'est qu'à mi-temps !

Madame Clear sourit en prenant sa fille dans ses bras.

— Tu as raison, ma puce. J'ai les compétences nécessaires et puis, je m'y connais non ? dit-elle en lui faisant un clin d'œil.

Charlie éclata de rire. À New York, sa mère était serveuse dans une pizzeria, et son père bibliothécaire.
Puis sa pensée du midi lui revint, et elle arrêta de rire. Une boule se forma dans son ventre.

— Chérie, est-ce que tout va bien ? s'inquiéta madame Clear.

— Je... Oui... Je vais aller me reposer un peu, murmura la jeune fille.

Elle monta en trombe dans sa chambre et se mit à pleurer toutes les larmes de son corps.

Un peu plus tard, elle entendit des rires, à l'étage. Will et Mary étaient à la piscine, mais probablement pas seuls... Il devait aussi y avoir Jack Sincer et le reste de leur bande.
Charlie n'avait aucune envie de leur tenir compagnie, et elle se doutait que c'était bien réciproque.

Elle s'attela donc à la petite quantité de devoirs qu'on lui avait donné aujourd'hui, et guetta le retour de son petit frère.

Alors qu'elle était en train de feuilleter une bande-dessinée, l'oncle Peter passa la tête par la porte de sa chambre et lui dit :

— Tes cousins sont avec leurs amis, tu ne veux pas les rejoindre ?

— Non merci... Je suis fatiguée, mentit Charlie.

— D'accord, comme tu veux. Mais ton frère n'a fini que dans deux heures, tu sais ?

Non, elle n'était pas au courant.

— Allez, ne reste pas enfermée ici ! Sors un peu, ça te fera du bien... La plage est à deux pas.

« Qu'est ce qu'il attend pour partir ? » se demanda Charlie, exaspérée.

— Non, vraiment, refusa l'adolescente, sur les nerfs.

Son oncle haussa les épaules et sortit.

Charlie sentit des larmes lui piquer les yeux. Elle se sentait tellement stupide et égoïste...
Elle avait l'impression de dégoûter tout le monde. Entre Emy qui croyait qu'elle était en colère, Mary qui la fuyait comme la peste depuis la gifle, Will qui la regardait de haut en ricanant quand il la croisait, l'oncle Peter qui était gentil avec elle mais qu'elle envoyait promener...
Une goûte d'eau salée roula sur sa joue. Elle enfouit sa tête dans son oreiller et essaya de penser à autre chose, à quelque chose de bien.
« Mais il n'y a plus rien de bien dans ma vie... » se rappela-t-elle.

•••
Hey tout le monde !
Vous allez bien ?

Avez-vous aimé ce chapitre ? >.<

J'espère qu'il vous a plu hihi ^^
Personnellement je l'aime beaucoup, mais je le trouve un peu court.
Mais il n'est pas minuscule non plus (un peu plus de 1300 mots, d'habitude j'essaie d'en faire plutôt 1500).

On a pas fait la connaissance de nouveaux personnages, mais dans le prochain chapitre... Je ne dis rien, mais préparez vous : celui que vous attendiez va faire son apparition !
Oups, je l'ai dit quand même du coup TwT

Kiss,
Luciole

Sorry | Tome 1Where stories live. Discover now