ONEIROS

Chapitre 5 : Changer

L'assemblée des rêves - 5 - Changer.

Le matin, une neige de pétales de fleurs multicolores tombait sur la ville. Sur les rebords des fenêtres s'accumulaient une litière de parfum qui embaumait les appartements. Les premiers témoins furent éblouis par ce spectacle féérique et aussi une peur s'insinuait en eux. Comment était-ce possible ? Leur ancien univers semblait s'écrouler et le nouveau monde les inquiétait. L'inconnu les angoissait. La saturation des lignes téléphoniques augmentaient le désarroi de la population. Les informations les plus contradictoires circulaient sur les réseaux sociaux. Internet restait pour l'instant le seul média qui fonctionnait le plus correctement admissible.  

Certaine chaine de télévision avait complètement disparu des ondes. Les dernières images parvenant de celles qui émettaient montraient que le phénomène s'avérait mondial seul les effets présentaient des différences. L'Asie offrait le plus de changement. Nous avions plus de données de certaines régions. Les satellites dévoilaient des images totalement incompréhensibles comme une végétation changeait de couleur, de forme ou d'espèces, que les villes entières se transformaient ou disparaissaient, des mers indiquaient des réchauffements inexpliqués ou des solidifications inconnues... Le changement semblait être la seule constante, la vie était ainsi. Ceux qui refusent de changer devenaient agressifs.

Devant le Palais rouge, les manifestants pour la paix et la démocratie s'arrêtèrent devant les forces de l'ordre. Malgré le rassemblement paisible, l'inévitable arriva. Un policier tira. Irina tomba à terre une balle entre les deux yeux. L'activiste connue du monde entier s'effondra au sol. Consternés, tous s'écartèrent devant le corps qui semblait dormir sur les pavées devant le Palais présidentiel. Les protestataires reculèrent d'un pas lorsqu'ils virent un sang bleu coulé de la plaie. Les miliciens en firent de même.  

Alors l'Enfant s'approcha du cadavre qui avait pris une couleur livide à la teinte azur. Il déclara : « Et maintenant avez-vous maintenant du sang sur vos mains ! » L'officier regarda ses mains suintées d'un liquide céruléen. Par réflexe, il prît son arme mais ce dernier au contact de sa paume devint tout flasque et prit une teinte bleuté. Il laissa tomber l'objet qui s'étala comme un liquide huileux sur le sol.  

Les images déconcertantes furent retransmises dans le monde entier. Rapidement, les autorités essayèrent de censurer les informations mais ils s'aperçurent qu'ils n'avaient plus le contrôle des médias. Le système échappait à toutes les tentatives de maitrise de la part du gouvernement et des forces spéciales. Au même moment, certains dirigeants de l'Empire constatèrent qu'ils avaient les mains pleines de sang bleu. Les responsables religieux eurent la même mésaventure. 

Sur la place, l'Enfant se pencha sur le corps d'Irina. Une brume bleue se forma autour de son corps qui se solidifia pour former un sarcophage vitreux. La jeune femme arborait un sourire calme et son visage semblait serein. Une douce lueur se mît à pulser à l'intérieur du cercueil puis une sorte de liquide bleuté s'écoula de la base du monument. Il se séparait en plusieurs filaments s'insérant dans le bitume. Il poursuivît son parcours en se propageant au hasard des fractures du sol. Parfois une tige s'élevait dans les airs formant des arabesques qui coagulaient en des sculptures fines et complexes. Les manifestants et les policiers abandonnèrent la place. Rapidement, une forêt délicate céruléenne emplît l'espace devant le palais présidentiel.

Comme les événements semblaient graves, le président-tyran avait convoqué son cabinet restreint. A sa gauche siégeait son complice et Premier Ministre. En face, le Général Commissaire Politique (ce qui voulait dire chef des services de renseignements) compulsait ses notes. Le Grand Patriarche venait après et semblait prier. Il y avait aussi le Général en Chef des armées. Puis enfin, à titre exceptionnel, le Président de l'Académie des Sciences observait tous ce petit monde. Les cinq personnes avaient leurs mains tachées de bleu.