Ce fut seulement une heure plus tard qu'elle s'en retourna chez elle.
Leo était assis sur le canapé du salon et sanglotait doucement en feuilletant un vieil album photo.

— Maman est dans sa chambre, indiqua-t-il sans même prendre la peine de lever les yeux.

Charlie murmura un remerciement et se rendit dans la chambre de ses parents.
« Dorénavant, ce ne sera plus que sa chambre à elle... » pensa-t-elle avec tristesse.

L'adolescente entra sans toquer. Madame Clear était assise sur le grand lit double, et pleurait, recroquevillée sur elle même comme un petit enfant.

— Maman... murmura Charlie en sentant ses yeux la piquer.

Elle s'approcha et se mit à caresser le dos de sa mère pour l'apaiser.

— Je... Je suis désolée... Ma chérie...

— Maman... Ce n'est pas de ta faute, sanglota Charlie. C'était un accident... N'est ce pas ?

— Oui... Mais...

— Il faut prévenir ses parents, son frère et aussi...

— Non, ma grande, l'interrompit madame Clear en se redressant. Ils sont... Ils sont déjà au courant, d'accord ?

Elle se força à sourire et poursuivit :

— Ton père aurait voulu que vous soyez heureux. Vous devez être heureux, Leo et toi, tu comprends ?

— Je ne peux pas, dit Charlie. Je ne peux pas... Pas sans lui...

Un peu plus tard, madame Clear annonça à ses enfants que l'enterrement de tiendrait la semaine suivante, en compagnie de toute la famille et des amis proches du défunt Harnold Clear.

Charlie était angoissée à l'idée de devoir écrire un discours, comme on lui avait demandé, mais le pire était qu'elle se rendait à l'enterrement de son père.
De son père.
Jamais il ne lui serait venu à l'idée, par le passé, qu'il eût pu mourir un jour, cela lui aurait semblé tellement absurde !

*
* *

Le lendemain, tôt dans la matinée, Leo vint toquer à la porte de la chambre de sa sœur.

— Je suis venu t'apporter quelque chose, expliqua-t-il en entrant.

— Qu'est ce que c'est ? demanda Charlie, perplexe.

Le petit garçon lui tendit un gros classeur noir, rempli de pochettes plastiques.

— Je l'ai fait cette nuit. J'ai réuni toutes les photos de famille que l'on avait avec... Enfin, sur lesquelles figurait Papa. J'en ai pris quelques unes dans la boîte à souvenirs de Maman, avoua-t-il, penaud.

Émerveillée, Charlie feuilleta l'album. Elle y vit une photo en particulier qui attira son attention : elle et son père, mangeant des gaufres.
Ce souvenir resterait sûrement encré dans sa mémoire toute sa vie.

— Oh ! Merci, Leo, tu es le meilleur ! s'exclama soudain la jeune fille.

— Pourquoi ?

— Je viens d'avoir une idée pour mon discours... Grâce à toi !

Le petit garçon hocha la tête.

— Tu as déjà écrit le tien ? s'intéressa Charlie.

— Oui, en partie. J'aimerais bien la terminer aujourd'hui...

Puis, tout doucement, Leo sanglota :

— C'est injuste...

— Oui, répondit sa sœur en sentant son cœur se déchirer, oui, c'est injuste...

Sorry | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant