7. Deux détraqués temporels

373 36 10
                                    

"Pourquoi t'as fait ça ?!" demanda Drago Malefoy. "POURQUOI ?"

Hermione le dévisagea en silence, ses yeux jetèrent plusieurs coups d'œil agacés vers la bibliothèque... elle en avait strictement rien à foutre ou quoi ?

"Tu me réponds ou..."

"Je ne sais pas de quoi tu es en train de me parler." avoua-t-elle.

Un groupe de Serdaigle passait dans le couloir. Ils firent un détour pour entourer Hermione et faire reculer le serpentard de plusieurs mètres.

"Il t'embête ?"

"Oh... euh... non." dit-elle expressément. "Ce n'est rien, nous étions juste en train de discuter."

Quelques regards interloqués, Hermione et Drago entendirent parfaitement le mot 'moldu' et 'mangemort' même s'ils étaient chuchotés à toute vitesse. Ils avaient disparu dans un monde parallèle loin d'Ombrage... comment auraient-ils pu imaginer que le monde d'après serait encore pire ?! Fallait concevoir PIRE qu'Ombrage, déjà et c'est vraiment pas évident. Vous pouvez l'imaginer, vous ?

"Eh bah... il fait pas bon vivre ici pour un fils de man..." elle s'arrêta. "Il fait pas bon vivre du tout."

"À quoi tu joues ?!"

"Je ne joue pas."

Il s'écoula une minute d'un silence pesant : deux regards se perdirent en leur direction et Hermione dû faire un grand geste de la main pour leur signaler que tout allait bien et qu'ils n'avaient pas besoin de la secourir. Non mais franchement... ils s'étaient battu pour ÇA ?! Pfff, qu'il est beau, le monde sans Seigneur des Ténèbres.

"J'essaie juste... j'sais pas trop." poursuivit-elle. "J'ai perdu toutes mes marques, je croyais que j'allais les retrouver mais c'est pas si simple. T'es la seule chose qu'il me reste, le seul point normal dans toute cette folie." avoua-t-elle.

"Alors c'est encore un coup de l'auteur." conclut Drago.

Elle hocha la tête : ça semblait évident. Il ne le comprenait QUE maintenant, sérieusement ?! Waw, elle avait réussi à ne pas l'accabler de son ton supérieur. Peut-être était-ce dû à son surnom de Miss-je-sais-tout-casse-toi qui était revenu maintenant qu'elle se retrouvait dans une classe de 5ème année sans aucun ami ? Peut-être était-ce la distance qui la séparait d'Harry et Ron ? Peut-être tout simplement que le caractère si pincé du blondinet lui faisait du bien ? ... disons, un peu. Au fond ? Tout au fond.

"Pourquoi t'as raconté à Potter ce que je t'ai dit, quand on était coincé là-bas ?"

"J'ignorais que je devais garder ça secret."

"Vraiment ?!"

Il la dévisagea, surpris de ses propres pensées : comment une fille aussi intelligente pouvait être aussi stupide ?

... ça voulait dire qu'il la considérait comme une fille intelligente ?! Déjà, le fait qu'il la considère comme une fille, c'était déjà trop. DU SAVON : il fallait qu'il avale du savon, de toute urgence (et qu'il trouve le moyen de passer ça dans son cerveau... au passage).

"Tu sais, contrairement à Harry et Ron... et Neville... je ne suis pas totalement aveugle : je vois bien ce qu'il se passe ici, les choses qu'ils te font."

"Ah ouais, je vois : c'est le Retour de Granger, la Justicière. Je suis sauvé, hourra." dit Drago d'un ton grinçant avec sa voix glaciale. "De quel droit tu décide de la manière dont je dois gérer ça ?! Tu t'imagine que venir t'imicer là-dedans te donnera la moindre importance ? Tu ne me crois pas capable de prendre mes propres décisions dans ma propre vie ?"

"JE VOULAIS JUSTE QUE T'AI DES AMIS !" cria-t-elle. "J'en ai parlé à Harry parce qu'il aime bien, ce genre de défi mais... il n'a pas été très réceptif. Je voulais juste que t'ai des amis... est-ce que c'est aussi terrible que tu le dis ?!"

"Ouais."

Elle plongea ses yeux noisettes dans le lac glacé de ses yeux, à lui et elle attendit... c'est honnête : elle n'y comprenait plus rien. Enfin si mais elle avait cru... pendant quelques secondes, elle avait voulut croire qu'il pouvait être sympa mais elle devait se rendre à l'évidence : ce n'était qu'un connard.

"Moi, je crois que tu fais ça pour toi." dit-il.

"Qu... quoi ?! Comment tu peux croire qu..."

"Je ne suis pas un idiot de Gryffondor, heureusement : moi aussi, je vois bien ta situation contrairement aux trois idiots qui se prétendent tes amis. Ils t'ont remplacé par ce Longdubat pendant trois ans et toi, tu débarque. Au début t'as cru que tu pouvais juste reprendre ta place mais c'est pas aussi facile, hein ?! Ensuite, t'as pensé que tu pouvais peut-être juste chercher une nouvelle place : transformer ce ridicule trio en quatuor. Ouais, après tout, pourquoi pas ? Sauf qu'ils ont vécu des trucs, eux pendant ces trois ans contrairement à nous qui étions bloqué dans une boucle sans espace ni temps... Ils te traitent comme une gamine : avant tu avais toujours les mots adéquats mais maintenant... plus personne ne les écoute."

"Et alors ?!"

"Alors t'as voulu m'inclure dans la bande : pour qu'on soit deux détraqués temporels et pour qu'ils aient une raison de te côtoyer. Après tout... c'était ton idée et t'as survécu plusieurs jours sans m'écharper alors ils auraient enfin eu besoin de toi, de tes conseils et de ta connaissance, comme avant."

Elle avait baissé les yeux pour qu'il ne la voit pas pleurer... bah... c'est raté. Il y eût un silence gênant entrecoupé par des hoquets et il décida de s'en aller (fuir serait plus exact).

"Tu es méchant, Drago." dit-elle.

"Tu m'appelle encore comme ça, Granger ?! Sérieux ? Juste parce que je t'ai pas laissé crever de froid sur un toit de l'école... t'es aussi désespérée que ça ?"

"Tu es méchant... mais étonnement perspicace. Je n'ai jamais pu discuter comme ça avec quelqu'un de mon âge. C'est... rafraîchissant."

Il s'arrêta, net. Ah bah super : et maintenant quoi ?!

"Tu es vraiment méchant et j'ignore si je pourrais... si TU peux changer ça mais si un jour t'en as marre de finir plié en deux dans un couloir parce que t'es trop insupportable pour te faire le moindre ami... alors... rappelle-toi que... je..."

Elle arrêta sa phrase et il resta planté là comme un idiot, fuir ne semblait plus être la meilleure option.

"... que je..." répéta-t-il. "... quoi ?"

"Rien, laisse tomber. T'es trop con."

Elle tourna les talons et lui resta sur place... ah bah quelle belle ironie ! Et le pire, dans tout ça, c'est qu'il était profondément déçu et un peu triste. Meeerde...

"Hé, l'auteur : je t'emmerde bien profond. Ok ?!" dit-il, les dents serrées. "Arrête de jubiler, y'a rien du tout. Rien."

Il ne pouvait pas voir le sourire de l'auteur... ni celui, un peu frustré des lecteurs... bah c'est dommage vraiment sinon il n'aurait pas tant douté : son destin semble désormais bien inéluctable.

Coincés dans une romance ! ©Where stories live. Discover now