Chapitre Unique

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C'était la même chose. Chaque matin, chaque soir, et toujours la même répétition. Sans aucune exception. Anastasia prenait à chaque fois ce même bus, le numéro 0325, aux mêmes horaires, aux mêmes jours. À chaque fois. Aux yeux de certains, cela pouvait sûrement paraître comme quelque chose de maussade, monotone... et la jeune fille ne pouvait indéniablement le nier, bien sûr ! Le cliché de la petite routine ennuyante n'aurait pas pu être mieux jouée qu'ici-bas ! Mais n'empêche... cela ne la dérangeait pas pour autant, quand elle y pensait. Pour tout dire, elle y avait prit agréablement goût, même. Chaque trajet était un petit moment de douceur pour elle, un petit moment de répit à travers ses journées quelque peu compliquées. C'était en fait le moyen de souffler, pour tout avouer.
C'était un peu comme son petit pass personnel direction sérénité. Effectivement, forfait limité niveau durée, mais un petit pass quand même. Et ça lui convenait très bien comme ça, déjà.

À force de cette même répétition, elle termina même par connaitre à peu près tout le monde dans le transport ici ; du vieux grand-père qui rentrait de son club de jeux de société, de la mère qui partait chercher son tendre et petit aimé, aux adolescents qui se mettaient à ricaner de tout et de rien... chaque passager était très différent des uns et des autres, mais au final, ils étaient tous les mêmes dans le fond. Après tout, chacun d'entre eux poursuivaient cette même routine eux aussi, alors tout compte fait, ça ne changeait pas grand chose... pas vrai ?
Mais quand ce nouveau passager fut arrivé...
Il eut décidément tout chamboulé.

C'était lors d'une douce matinée d'été, dès lorsque l'astre solaire battait déjà de son plein gré ; le ciel était dégagé, milles couleurs d'amour planaient sur cette coupole des divins, elle souvent dite admirée, contemplée. Anastasia s'était précipitée, puis engouffrée dans le transport en commun - son sacré réveil lui ayant joué un petit tour ce coup-ci, elle n'avait pas du tout vu les minutes s'écouler avec tant de rapidité... elle s'était donc dépêchée de toute hâte de se préparer, afin de sauter au plus vite dans son bus, avant même que ce dernier n'eut le temps de démarrer. Heureusement, elle n'eut pas à courir après lui cette fois-là... cette fois-là.
La jeune fille était arrivée en trombe, un peu essoufflée certes, mais arrivée tout de même. Elle s'était alors ensuite affalée sur un siège libre, à ne serait-ce quelques pas d'elle, puis s'était mise à reprendre lentement et calmement son souffle sitôt perdu.
Et une fois cela fait, ce fut quand elle releva la tête...
Que son regard croisa alors le sien.
Et à partir de-là elle ne pu s'imaginer...tout ce qui allait désormais lui arriver.
Il était tout à coup arrivé, de cette manière si épurée... on aurait même pu dire, qu'il était arrivé tel un ange déchu, tel un ange qui était descendu tout droit des cieux de l'univers. Parce que oui, cet étrange inconnu paraissait à son égard tant irréel ; ses cheveux ressemblaient à des fils d'or, à des fils d'or qui chatoyaient sous le tendre crépuscule. Il portait une peau de soie, aussi pure et blanche que la neige elle-même ne pouvait l'être. Ses lèvres étaient rosées, tout autant que ses joues légèrement creusées. Et puis... dans la prunelle de ses yeux, se reflétaient sûrement toutes les constellations d'un monde bien trop beau pour le nôtre.
Et il ressemblait à une étoile...
Et il ressemblait à une magnifique étoile...
Le garçon du soleil lui esquissa un sourire.
Anastasia y répondit.

- Bonjour haha, dit-il.

Oui, d'un monde bien trop beau pour le nôtre.
Les jours eurent passés, depuis cette cette fois-là. La vie avait doucement continué d'avancer, de se bouger, il en était ainsi. Les secondes, les minutes, les heures s'écoulaient peu à peu dans les flots incertains du temps. Le monde marchait à grand pas, à si grand pas qu'il s'avérait même parfois difficile de le suivre, poursuivre. Il fallait aller vite, très vite. Trop vite. Car encore hélas, si par le plus hauts des malheurs on se retrouvait par trébucher et tomber, ne serait-ce qu'une seule fois, il était souvent dur de trouver la force de se relever.
Anastasia avait un peu de difficulté de ce côté-ci, il fallait se l'avouer. C'était compliqué, pas mal compliqué. Elle tentait du mieux qu'elle le pouvait de tout attaquer, ce monde parfois démon d'une horrible cruauté, lui qui semblait si bien la défier. C'était éprouvant, mais elle devait rester droite. Elle devait rester forte. Elle le devait, absolument.
Et puis de toutes manières, il était là maintenant... lui.
Celui dont le sourire suffisait à soulager.
Celui dont la voix suffisait à apaiser.
Celui dont la présence suffisait à rassurer.
Byron Love.
Le plus bel ange qu'elle n'eut jamais connu.
Tout avait commencé depuis cette matinée-là, dès lorsque leurs pupilles s'étaient raccrochées pour toute une petite finité, infinité. Depuis que leur monde s'était l'un à l'autre frôlé, touché, puis doucement rapproché. Du premier sourire timide, à la dernière blague complice, avec le temps... les deux passagers eurent apprit à se connaître plus amplement. Cela avait mit assez longtemps à arriver oui, mais peu importe, l'essentiel était que c'était là. Et que ça avait apporté beaucoup de choses, vraiment de choses.
Parce que désormais, chaque trajet que passait Anastasia en sa compagnie, absolument chaque trajet, rajoutait un petit plus de douceur à son pauvre coeur, là où parfois pouvait résonner dure noirceur. Byron, en fait... il était comme un doux rayon de soleil. C'était vrai, après tout ! Il était rentré dans sa vie, et ce, pour la parsemer de milliards de fuseaux lumineux. Anastasia ne pourrait jamais, jamais le remercier assez pour cela, d'ailleurs.
Tout comme pour cette soirée, aussi...

Cette tendre soirée.
Cette si tendre soirée.

Celle dont Anastasia se souviendra pour toute l'éternité.
C'était le crépuscule. L'astre tournesol menaçait l'horizon de ses tons orangés, éclairés. Tout l'univers semblait être parsemé d'éclats dorés ; le ciel était d'or, ce soir.
Comme à leur chère habitude, ils s'étaient retrouvés dans le bus numéro 0325, pour ne pas changer.
Mais cette fois-là, il s'était avéré que Anastasia fut complètement éreintée...
Et ça bien sûr, Byron l'avait remarqué
Il avait planté son regard dans le sien.
Exactement le même que celui de la première fois..Et puis il lui avait chuchoté, des mots qu'elle ne pourrait au grand non oublier ;

- Il faut savoir se poser à un moment donné. Sinon on finit toujours par craquer.

- Byron...

- Reposes-toi, je veille sur toi, dit-il. Je serai là quand tu te réveilleras.

Parfois, on tente comme on peut de cacher nos fichus sentiments, souvent par peur.
Mais le truc c'est qu'on oublie souvent que nos yeux savent parler, eux aussi...
Car dans son regard, dans son magnifique regard pouvait se lire toute l'amour d'une monde. Leur monde.

- Et le jour d'après...? demanda-t-elle.

- Je serai encore là.

- Et encore le jour d'après... ?

- Je serais encore là.

Les regards s'étaient liés pour un temps indéfini. Une petite finité qui ne tenait qu'au creux de leurs mains, qu'aux creux de leur coeur. Un temps indéterminé, celui d'un simple trajet vers ce que l'on pourrait appeler la destinée. C'était quelque chose de mince, mais pourtant, tout aussi quelque chose de précieux, de merveilleux. Quelque chose qui faisait que leur vie était toute jolie. Quelque chose qui leur rappelait qu'elle restait toute jolie, malgré parfois la noirceur étouffante du monde, de leur monde. C'était un truc, leur truc. Et ça, personne, oh grand non personne, ne pourrait le leur voler.
Le coeur d'Anastasia s'était gonflé d'un sentiment inconnu, du moins, d'un quelque chose qu'elle n'avait depuis longtemps goûté, apprécié. Un agréable mélange de douceur, de sécurité et de sérénité... comment l'on appelait cela, déjà ? À vrai dire, elle n'en savait rien. Elle n'en savait plus rien. Et dans le fond, ce n'était pas très grave. Elle s'en fichait, à ce moment-là. Complètement. Elle ne voulait juste plus y penser, pour tout avouer.
Elle ne voulait juste plus y penser, parce que...Parce que ce fut pendant cette soirée-là, qu'elle eut enfin trouvé son propre chez-soi dans ses bras.

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⏰ Last updated: Feb 28, 2021 ⏰

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Le bus numéro 0325Where stories live. Discover now