3- Un déjeuner spécial

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« 11:40. Pile à l'heure. »
Je m'étais assis à une table devant le fast-food en attendant qu'elle arrive.
« Elle ne devrait pas tarder. »
J'étais stressé, c'était le grand jour, j'avais eu énormément de mal à m'endormir la veille à force de me repasser la scène du câlin échangé quelque heures plus tôt, puis j'avais réfléchi à ce que je devrai dire à Lizzie pendant ce déjeuner, comment lui avouer mes sentiments. J'avais décidé de ne pas lui dire que ça faisait déjà presque 3 ans que je faisais une fixette sur elle, je préférais garder ça comme une anecdote après le mariage, en souvenir du bon vieux temps où on flirtait simplement.

Raisonnement bizarre maintenant que j'y repense...

J'attendais depuis déjà 5 minutes, mon angoisse avait augmentée: « et si elle avait changé d'avis ?! »
C'est là que j'ai vu sa silhouette avancer vers moi, comme j'étais face au Soleil, je ne voyais rien d'autre qu'une ombre ayant sa forme marchant d'un pas rapide, ses hanches se balançant de droite à gauche au rythme du claquement de ses talons. Ses longs cheveux blond cendrés sautaient légèrement sur ses épaules à chaque pas qu'elle faisait. C'était comme un ballet à mes yeux, et à la pensée que ce ballet n'était destiné qu'à moi, un sourire se dessina sur mon visage.

-Salut beau gosse !, s'exclamât-elle en me faisant un clin d'œil une fois arrivée à la table ou j'étais assis.

Un petit rire m'échappa lorsque j'entendis sa phrase d'accroche. C'était ringard, mais j'adorais voir l'expression sur son visage quand elle faisait une blague; un rictus de fierté mélangé à un effort visible de ne pas éclater de rire.

-Salut ça va ?
-Bah écoute super ! Désolée pour le retard, je trouvais pas mes clefs...
-T'inquiète, je connais, je me faisais souvent avoir quand je vivais seul.
-En France ?
-Ouais.
-Tu vis en coloc maintenant du coup ?
-Oui avec mon meilleur pote, Quentin.
-Cool ! Il faudrait que tu me le présente quand je viendrai en France...!
-Tu vas venir en France ?!

Cette dernière information m'avait fait sourire, un sourire niais mais sincère. « Elle va venir en France ! Je pourrai la revoir en vrai...! »

-Si j'en ai l'occasion, oui, ça me ferait vraiment plaisir !
-Trop bien !

***

Ça faisait déjà une heure qu'on discutait devant nos burgers, et je sentais « l'heure fatale » arriver, ce qui me rendait nerveux et mélancolique.

-Bon.

C'est ce mot là que je redoutais.

-Ouais....

Lizzie se leva et ramassa ses affaires, affichant un regard sérieux.

-Écoute Tom, je sais que tu ne veux pas partir, et moi je ne veux pas ne plus te voir, mais tu sais aussi bien que moi qu'il faut que tu prenne cette avion demain.

-Écoute Lizzie, je lui répondis sur le même ton, je sais que tu n'aime pas l'idée que je m'en aille, ça te brise le cœur, je suis quelqu'un de trop génial pour que tu accepte de me laisser partir...

J'arborais désormais un sourire en coin, l'air fier et orgueilleux. Lizzie me regardait avec des yeux interrogateurs.

-...c'est pour ça que tu vas me capturer.
Elle haussa un sourcil.
-Nan je suis sérieux ! Prends-moi en otage et je promet que je ne ferai preuve d'aucune résistance !

J'avais la main droite levée en l'air et la gauche sur le cœur en signe de serment.

Elle me fixait toujours avec le sourcil levé, puis un sourire se dessina petit à petit sur son visage jusqu'à ce qu'elle explose de rire.
Je ris en retour et secouai la tête comme pour dire « Nan je rigole ». C'est là que ça m'a frappé. « N'oublie pas ta promesse. » J'arrêtai de rire d'un coup et la fixa d'un air grave.
Son sourire s'effaça et elle me rendit mon regard:
-Quoi...?
...
-Quoi ?
...
-Qu'est-ce qui a ?

J'essayais de créer un structure de texte dans ma tête, je voulais dire les choses clairement, mais pas violemment.

-Tom ! Pourquoi tu me regardes comme ça tu me fais flipper...
-Je dois te dire quelque chose.
-...
-Un truc que j'ai envie de te dire depuis un certain temps à vrai dire...
-... quoi...?

Elle était passée d'un ton indigné et stressé à une voix douce et prévenante. Je pouvais entendre dans sa voix qu'elle été autant intriguée que mal à l'aise de l'attente que je lui faisais subir.

-C'est... en fait... pfg... ahh... woa... hehe...
-Accouche.
Son ton était devenu sec. Mon ouverture se refermait petit à petit, il fallait que j'aille au but. Tous mes souvenirs des années passées à rêver de la rencontrer, m'imaginant cette scène sous tous les angles, prévenant tout type de réaction de sa part, tout me revenait en tête, mais ça, je ne l'avais pas pris en compte. Cette pression, cette sensation d'avoir les poumons dans la gorge, cette envie de tout dire d'une traite mais mes dents se serrent et empêchent les mots de sortir. Ma tête bouillonnait et ma vue se brouillait.
« Accouche. »

-J...J'ai peut être, j'ai des sentiments pour toi, ça fait pas mal de temps que je veux te le dire, en fait ça fait déjà pas mal d'années, semaines, années, temps ! Ça fait pas mal de temps.

J'avais tout dit d'un coup, tellement vite que d'après l'air incrédule qu'elle affichait je pensais qu'elle n'avait pas compris ce que j'avais dit.
« Ah bah bravo ! Super ! Donc tu flippe pendant 2 ans à l'idée de la rencontrer et lui dire que tu l'aime, et maintenant que tu as ta chance, tu lui crache tout à la gueule, toi qui d'habitude ne dis rien ?! »
J'étais furieux contre moi-même, et j'avais mal à la mâchoire à force de serrer les dents. Je me sentais devenir rouge de honte, et je ne sais pas comment j'ai eu le courage mais j'ajoutai:

-Je sais que c'est hyper soudain et que ça va sûrement gâcher notre amitié, en plus tu es fiancée et donc j'en déduis que tu l'aime. Mais je voulais te le dire avant de partir parce que je n'étais pas sur d'avoir un jour la chance de te revoir donc il fallait que j'enlève ce poids de ma poitrine...
« Maintenant t'arrêtes de parler parce que ça devient culcul. »

Cette dernière phrase fut suivie d'un silence gênant.
« Heureusement qu'il n'y a aucune autre table d' occupée... , me suis-je dit, ç'aurait été vraiment gênant... ».

L'incrédulité avait laissé place au choc. Ses sourcils étaient levés, sa bouche entrouverte et ses yeux me fixaient, sans bouger d'un millimètre. Ça faisait presque peur.

-Tu... euh...
J'avais essayé de dire quelque chose pour la sortir de sa sorte de transe afin qu'elle me donne une réponse, j'en avais besoin, juste un mot, même un « non ».

Ton sourire Where stories live. Discover now