***

_ C'est quoi ces blessures que vous avez ? S'écrie M. Wan.

_ Rien. On s'entraîne tous les trois, explique Ethan.

_ Et on tabasse des criminels aussi, se vante Tyler.

Je lui mets un coup de poing dans le ventre. Pourquoi il balance toujours ce qu'il faut pas !

_ Vous faites quoi ?

_ Rien, il plaisante.

_ Tu es sûr Eido ? Si je regarde les infos je ne vais pas tomber sur des nouvelles parlant de justicier qui se baladent dans la rue ces temps-ci ?

_ Il faut bien qu'on se serve de ce qu'on apprend pour les autres, reprend Tyler.

Nouveau coup de poing. 

_ Tu vas arrêter de me frapper !

_ T'es débile.

_ Donc vous vous servez des valeurs que je vous ai inculquées pour frapper des voleurs, des agresseurs et je ne sais pas quoi d'autre la nuit.

_ Oui.

M.Wan prend un bâton et nous frappe violemment en guise de punition.

_ Je ne vais pas vous faire la morale ou essayer de vous faire changer d'avis. Vous défendez les valeurs que je vous ai enseignées. Seulement, soyez prudents... Il y a des forces dans ce monde qui n'aiment pas la révolte.

_ Hé ! Mais pourquoi vous nous avez frappés si vous êtes d'accord ? s'écrie Tyler.

_ J'avais besoin de me défouler, se moque M.Wan.  On va faire quelque-chose : chaque blessure que vous ramenez je vous infligerai le double.

_ Quoi ? Mais vous êtes horrible ! Râle Tyler.

_ Au moins, vous serez plus prudents. Allez vous mettre en tenue, on continue l'entraînement.

***

J'arrête ma course près de la falaise et scrute le vide. Le souvenir de ma première discussion avec April me revient à l'esprit. On était sur le toit de la fac et elle fixait un peu trop le sol.

Je me rends compte alors qu'un petit sourire nostalgique prend forme sur mes lèvres. Une terrible sensation prend possession de mon corps... Sa voix me manque et sa présence aussi. J'aimerais bien la revoir mais je crois que j'ai très peu de chances...
Je m'asseois contre un arbre et laisse mes pensées dériver vers une autre réalité...

***

Une petite semaine se passe tranquillement. Je suis resté dans la cabane avec Naomi, obligé d'écouter ses divagations sur la pourriture de ce système. Depuis l'annonce du maire concernant le couvre-feu et la mise en place de sa milice, plus rien ne va dans cette ville. Tous les soirs à 19 heures, des groupes armés sillonnent les rues pour débusquer le moindre petit délinquant. La loi martiale a été établie et les mercenaires ne réfléchissent pas avant de tirer... Il y a eu beaucoup d'arrestations et beaucoup d'exécutions... La sauvagerie et la barbarie ne se cachent plus. Les hommes laissent libre cours à leur rage et leur colère.

Ben ferme le bar a 18 heures maintenant pour ne pas avoir de problème. Il a tout décalé pour pouvoir accueillir des clients et leur proposer des menus adaptés. Il a toujours de très bonnes idées et arrive toujours à s'en sortir.

Mon téléphone sonne, et je descends de mon arbre.

_ Eido ? Tu peux venir au bar à 17 heures ? J'aurais besoin d'un coup de main pour un truc.

GRIFFINWhere stories live. Discover now