Chapitre 11

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— Quelle victoire fêteriez-vous, bande de planqués ? intervint une voix qui glaça le sang d'Ali.

Il se retourna lentement vers la personne qui venait d'entrer dans l'auberge. Devant eux se tenait son cauchemar, depuis une semaine. Son regard était chargé d'une haine sans nom. Ali n'aurait jamais pensé qu'il désobéirait juste pour une vengeance.

— Qu'est-ce que tu fais là, Tim ? lui demanda Luigi.

— Je pourrais te retourner la question. Depuis quand t'es devenu le chien de garde de la traînée de Maïwan ?

— Je t'interdis de lui manquer de respect. C'est un membre d'équipage comme tout le monde.

— Ça, c'est toi qui le dis. Quand Maïwan se sera lassé, il le balancera par-dessus bord, ou peut-être nous laissera-t-il nous amuser avec, un peu.

— La ferme Tim ! lui intima Luigi qui tentait de maintenir sa colère qui montait en lui.

Ce dernier ne pensait pas que Tim allait désobéir aux ordres, juste pour régler ses comptes avec Ali. Il commençait à se demander s'il n'avait pas mieux valu, que Maïwan eut réglé ce problème dès le départ. Il n'avait même pas imaginé que Tim puisse avoir autant de haine envers un jeune pirate au point de compromettre sa place au sein de l'équipage. Il savait pourtant ce qu'il risquait à tenter de tuer l'un de ses nakamas. Sans compter la colère de Bahtiyar.

De son côté, Ali n'avait pas bougé de place et fixait avec effroi, celui qui l'avait pratiquement laissé pour mort la dernière fois. Il savait qu'il allait devoir régler ce problème, mais ne pensait pas que cela serait si tôt. Il savait aussi ce qu'il devait faire, mais la peur le tétanisait sur place. Mentalement, il se donna des gifles pour réagir. Il avait l'impression de sentir à nouveau le couteau s'enfoncer en lui. La douleur, bien qu'uniquement dans sa tête, le fit se tordre en deux. Son souffle se trouva coupé.

Doc' le voyant s'effondrer au sol, alla vers lui et se pencha, tentant vainement de le rassurer. Il voulut l'éloigner, mais Ali ne bougea pas d'un pouce.

— Écoute Tim, retourne au port et personne ne dira rien, continua de dialoguer Luigi qui voulait éviter à tout prix l'affrontement pour le moment.

— Tu déconnes, j'espère. Je n'ai pas pris autant de risque pour repartir comme ça. Je suis venu terminer le travail commencé.

— Je ne te laisserai pas faire.

— Et tu crois que tu me fais peur peut-être.

Tim dégaina son épée et se rapprocha dangereusement et lentement de sa proie. Luigi s'interposa aussitôt et le bruit du choc violent des lames fit sursauter Ali. Il regarda les deux hommes se battre sans comprendre comment les choses avaient pu en arriver là. Son cerveau avait du mal à analyser la situation. Tout était devenu flou.

Puis soudain, ce fut le déclic et tout reprit un sens. Tous les bruits du combat, les paroles du Doc' lui parvinrent clairement. Il se redressa, encore tremblante un peu. Ce n'était pas aux autres de le défendre, mais à lui de le faire seul. Après tout, il s'agissait de la légitimité de sa place au sein de l'équipage. Il savait qu'il était maintenant lié jusqu'au bout à Bahtiyar et tous les membres de la Baleine Bleue pour le meilleur comme pour le pire.

— Je dois les arrêter.

— Non, n'y va pas, tu es encore blessé.

— Doc', ce n'est pas à Luigi ou toi de régler le problème, mais à moi. Tim conteste ma place ici.

— Ali...

— Ne t'en fais pas, j'ai eu de bons professeurs.

Ali respira un bon coup et dégaina son épée.

Pirate malgré luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant