Essayant en vain de se contrôler, Mélandrie se mit à rire devant le prince démon très maniéré. Elle pensait que cette réaction allait l'énerver, mais il resta silencieux, avec un léger sourire, à la regarder s'esclaffer. Kimiri, lui, était quelque peu désemparé et ne savait comment réagir.

— Je ne pensais pas être si drôle que ça, dit-il tandis qu'elle essuyait ses yeux.

— Je suis sincèrement désolée, s'excusa-t-elle une fois calmée. C'est juste que... Je viens d'un petit village et je n'ai jamais rencontré de prince démon auparavant. Avec ce qu'on m'avait dit d'eux, je ne pensais pas un seul instant tomber sur une personne comme vous.

— C'est à dire.

— Je ne doute absolument pas de votre puissance et je sais d'ailleurs d'expérience qu'il ne faut pas se fier aux apparences pour ce genre de chose, mais je m'attendais plus à une montagne de muscle plutôt qu'à une personne aussi raffinée.

— Disons que je fais exception au sein des princes démons. Les autres sont comme vous le décrivez, mais je préfère l'élégance à la brutalité.

— J'ai remarqué ça à votre décoration. À mon réveil, si je n'avais pas vu le ciel par la fenêtre, je me serais crue dans un palais humain.

— Vous trouvez ? s'enjoua-t-il. J'ai fait au mieux pour reproduire ce qu'ils faisaient. Ce que vous dites me touche beaucoup.

C'était étrange. Plus elle parlait avec lui et plus la boule qu'elle avait au ventre fondait. Elle qui avait tant de questions sur ce qu'il comptait faire d'elle ne pensait plus qu'à l'instant présent et à cette discussion qui aurait paru banale sur le plan mortel.

— Je me trompe peut-être, mais... Aimeriez-vous les humains ?

— Pourquoi cette question ?

— Eh bien, tout d'abord, votre palais est à l'image des leurs, vous vous habillez, vous comportez et parlez comme un noble et il me semble avoir vu une servante humaine à mon réveil.

— Je les trouve fascinants, répondit-il. Les autres démons les voient comme les créatures faibles, mais moi, je ne trouve pas. Ils ne sont pas spécialement forts, très peu sont doués en magie et pourtant, ils sont ingénieux et ont réussi à prospérer dans leur monde. Ils peuvent être la bonté incarnée ou commettre des actes qu'un démon aurait trouvé trop cruel. Alors oui, vous avez raison, j'aime les humains.

— Maître souvent récupérer humains mort enfuis de cité damnés. Maître accorder eux vie tranquille comme serviteur.

— Et ils font un travail remarquable ! Je vous montrerai plus tard mon domaine, vous me direz ce que vous en pensez... Vu que vous avez déjà été sur le plan mortel.

— Qu'est-ce qui vous fait dire cela ? s'inquiéta-t-elle.

— Vous avez comparé mes manières à celles de nobles humains. Un simple démon m'aurait certes trouvé excentrique, mais n'aurait pas pu faire le rapprochement.

Avec cette réponse, Mélandrie souffla intérieurement. Un instant, elle avait cru qu'il savait qui elle était et que tout ceci n'était qu'un jeu pour lui qui allait très mal se terminer pour elle. Elle n'écartait pas cette hypothèse, mais sa réponse avait l'aire franche et penchait plutôt dans le sens où il ne savait pas qui elle était.

— De par mon apparence, j'ai pu me mêler sans trop de problèmes à eux, expliqua-t-elle. Les seuls endroits risqués pour moi étaient les édifices religieux où les personnes à l'intérieur pouvaient voir ma vraie nature. Je me trouvais d'ailleurs dans leur monde il n'y a pas si longtemps que ça, mais un incident fâcheux m'a fait revenir ici, en plein milieux d'un marécage. Là-bas, j'ai réussi à en sortir, mais une plante m'a empoisonnée juste avant que je n'atteigne le désert.

Mélandrie Tome 2 : Le plan démoniaqueWhere stories live. Discover now