Une Lune d'or et de noir [En Cours De Réécriture]

Chapitre 29

    – ...je vous déclare donc unis pour la vie.

Patmol ne put s'empêcher de porter deux doigts à ses lèvres pour siffler bruyamment. L'assemblée éclatait de rire et le couple échangeait un profond baiser. J'applaudissais les jeunes mariés tout en pleurant de joie. Partout où mes yeux se dirigeaient, je voyais des sourires. Du bonheur.

Avant de descendre de l'estrade pour se perdre dans ce raz-de-marée d'euphorie, Lily se tournait vers moi pour me serrer dans ses bras, tandis que James faisait une accolade à Sirius.

    – Je suis tellement heureuse pour vous deux, lui chuchotais-je.

Ses yeux pétillaient lorsqu'elle s'écartait.

    – Merci pour tout, Ayden.

Ces quelques mots avaient bien plus de profondeur qu'ils n'en laissaient paraître. Ils étaient chargés de tout ce que nous avions partagé depuis que nos chemins s'étaient croisés dans la volière de Poudlard. Ils me touchaient droit au cœur.

Son mari l'entraînait pour se mêler aux invités, qui se pressaient pour leur adresser leurs vœux de bonheur. Sirius se rapprochait de moi, et une main dans mon dos, nous descendions également dans l'allée.

Nous remontions l'allée pour rallier nos places, puis James accompagnerait sa mère et enfin, la future mariée ferait son entrée. Plusieurs regards avaient convergé dans notre direction lorsque nous étions apparus au fond du dais. Toute ma vie durant, je m'étais efforcée d'être le plus invisible possible. Cela avait toujours eu quelque chose d'ironique avec le nom que j'avais hérité de mon père et la petite partie de l'aura de vélane de ma mère. Toujours est-il que, moins on me remarquait, mieux je me portais. Mais aujourd'hui, et même depuis quelque temps maintenant, je n'étais plus qu'Ayden. Je n'étais pas la fille d'un puissant mage noir, je n'étais pas l'ancienne meilleure amie d'un mangemort. Et cela avait quelque chose d'incroyablement libérateur. Je parcourais d'un pas léger le chemin jusque l'estrade où James et Lily s'uniraient prochainement, mon bras reposant au creux de celui de Sirius, étrangement apaisée. En paix avec moi-même.

La joyeuse communauté que nous formions se dirigeait à présent vers la clairière, suivant le chemin que formait une partie des lys que Remus avait enchanté. Des éclats de rires s'élevaient ci et là, dont ceux de Sirius, reconnaissables entre mille. Ma grand-tante avait accroché son bras au mien pour que je la soutienne le temps de la marche. Le professeur Dumbledore l'encadrait également. Ces deux-là jacassaient comme des pies. Je me souvenais des visites que le directeur nous avait rendu à Godric's Hollow pendant mon enfance. Dès qu'ils commençaient à discuter, ils étaient impossibles à arrêter. Malgré tout, j'adorais rester assise avec eux durant des heures, délaissant totalement mon jus de citrouille pour boire leurs paroles, le plus souvent des débats animés sur l'Histoire. Je commençais déjà à faire mes armes en prévision du cours du professeur Binns.

"Comment fais-tu pour réussir à suivre ce cours ?"

La voix de Regulus résonnait dans mon esprit sans prévenir. J'éprouvais un bref mais vif pincement dans ma poitrine, là où se trouvait le trou béant qu'avait engendré son rejet. Mes doigts se contractaient une seconde. Je ne m'attendais pas à ce que surgisse brusquement ce souvenir. Il me semblait appartenir à une autre vie, une vie où je feignais encore que Regulus Black n'avait pas rejoint les rangs de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Je prenais une grande inspiration en levant les yeux vers la cime des arbres, et pour la première fois de ma vie, ne prêtait plus attention à la conversation des deux comparses près de moi. J'observais les nuances de vert qui s'offraient à moi. Parviendrais-je un jour à penser à mon meilleur ami sans souffrir ? Je lâchais un discret soupir et redirigeais mon regard devant moi. Nous étions tout proche de l'entrée de la clairière. J'entendais les personnes devant nous pousser des exclamations d'émerveillement tandis qu'elles y pénétraient et découvraient l'espace. Mais je repérais surtout Sirius, veillant à ce que tout ce petit monde prenne place. Ma peine se taisait.

Des morceaux de bonheur étaient capturés par un petit sorcier photographe. Les mariés, radieux, étaient immortalisés avec leurs invités.

    – Ayden ! Tu n'y échapperas pas !

Je souriais aux mots de Lily. Comme si j'avais pu espérer esquiver l'appareil avec elle dans les parages... Nous échangions un regard entendu avec Sirius. Chacun notre tour, notre portrait était tiré aux côtés des tourtereaux, avant que je ne pose seule avec ma meilleure amie.

    – Les deux témoins maintenant, décrétait le jeune Black.

    – Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ! bougonnais-je gentiment à son intention.

    – Fais pas ta tête de gobelin, on y tient, rétorquait James.

    – Moi aussi.

Je n'avais pas le temps de m'attarder sur ses dernières paroles, la main du Maraudeur se glissant déjà dans mon dos pour me tenir par la taille. Que verrait-on sur cette photo ? Nos regards, s'accrochant un bref instant ? Remarquerait-on l'étincelle qui avait jailli pendant cette seconde ? Moi, me dérobant en tournant la tête en direction de l'appareil ? Remarquerait-on mon trouble à travers mon sourire éclatant ? Le naturel avec lequel nos corps s'effleuraient ? Remarquerait-on que chacun de ces frôlements me déstabilisait toujours un peu plus ?