Chapitre 3

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Le silence s'installa entre nous. De quoi pouvait-il bien parler ?

« Est-ce que cette technique d'approche est efficace d'habitude ? demandais-je, perplexe.

-Donc tu ne t'en es pas encore rendue compte... »

De plus en plus mal à l'aise et stressée, je me redressais sur mon siège, prête à l'envoyer balader.

« Tu a vu quelqu'un que les autres ne voyaient pas non ?me coupa-t-il dans mon élan. Je peux t'aider à comprendre ce qui t'arrive. »

D'abord surprise, je clignais des yeux plusieurs fois avant de froncer les sourcils sous l'incompréhension. Comment pouvait-il savoir ça ?

« Et qu'est-ce qui te fait croire que je vois des choses ?me ressaisis-je en me penchant au dessus de la table. T'as fumer quoi pour croire que tu peux t'approcher d'une inconnue pour lui balancer des stupidités ?

-Plutôt violente comme réaction, j'ai touché un point sensible ?M'asséna-t-il. Je sais que tu as vu quelqu'un parce que justement je ne te connais pas hors je connais tout le monde. Mais je sais que tu étais devant la fac tout à l'heure et que tu as ressenti un truc bizarre - ça s'est vu et je l'ai senti aussi - et je sais que tu m'as reconnu quand je me suis assis alors on est pas vraiment des inconnus, conclut-il en se penchant à son tour pour terminer son discours sur le ton de la confidence.

-Pourquoi j'ai l'impression que quelque chose cloche dans ce que tu viens de dire ? fis-je semblant de réfléchir à voix haute en me renfonçant dans mon siège. Ah oui ! Tu penses que j'ai des hallucinations parce que tu ne me connais pas ? Donc tu es sensé connaître tout le monde dans cette ville ?

-Non, je connais tout le monde sur cette planète, à quelques exceptions près dont toi. »

Je le regardais un moment blasée et silencieuse. En le fixant, je pouvais facilement voir qu'il avait à peu près mon âge, je supposais donc qu'il étudiait à l'université. Mais en scrutant son regard, convaincue d'y trouver une hésitation, je ne perçus pourtant qu'une forte conviction. Ce type était vraiment sérieux en me disant tout ça. Je ne sus pas si c'était mon air perplexe qui le décida à poursuivre mais il reprit la parole comme s'il ne venait pas d'y avoir un silence gênant de plusieurs minutes.

« Je vais être honnête, je t'ai suivi depuis la fac et je t'ai observée avec cette femme : tu ne l'entendais pas et elle a disparu comme par magie et surtout ton chocolat chaud s'est ébouillanté tout seul entre tes mains.

-Le fait de savoir que tu m'as suivie est sensé me rassurer sur ta bonne foi ? demandais-je sur la défensive cette fois.

-J'avoue que c'était pas malin mais je t'assure que je suis pas aussi bizarre que j'en ai l'air, lança-t-il en souriant. Je peux t'apporter des réponses sur cette femme et aussi sur ton chocolat chaud, je te l'assure et tu ne peux pas nier que si je voulais te faire quoique ce soit contre gré, je ne t'aurais pas dit que jet'avais suivi. Sans oublier que je t'ai aussi avoué que je voyais des choses et que j'avais une caractéristique particulière dirons nous. »

De plus en plus perplexe et curieuse d'avoir des réponses, je ne savais pas vraiment quoi répondre et me contentais de pincer les lèvres en remarquant qu'il se perdait dans ses pensées. Je m'apprêtais à lui dire que je ne lui faisais pas confiance mais que je voulais en savoir plus, lorsqu'il repris en me fixant.

« Pour une raison qui m'échappe, tu m'attires et je ne suis pas habitué à ne pas connaître les gens donc tu m'intrigues aussi.Un sacré combo pour moi. Donc je me demande : qui es-tu ?réfléchit-il à voix basse.

-Ok, cette fois, ça suffit, conclus-je en me levant. »

Sous le regard ahuri de Baptiste, je quittais le café en vérifiant au premier croisement où je tournais qu'il ne me suivait pas. Mais c'était quoi ça ? Et c'était qui au final ? Un mytho ?Un dragueur ? Un psychopathe ? Qu'est-ce que ça voulait dire ? Je marchais encore une bonne demie heure avant de rentrer chez moi, perdue et fatiguée. La femme blanche n'était pas réapparue depuis le passage au café et je me posais de plus en plus de questions quant à son existence. Peut-être aurais-je dû accepter l'offre de Baptiste ? Peut-être qu'il ne voulait vraiment que m'aider et pas m'arnaquer ? Après un moment de réflexion, il me paraissait soudain impossible qu'il ne s'agissait pas d'une arnaque. Définitivement déçue de cette matinée improductive, je n'eus même pas la force de me faire à manger et me contentais de passer une commande à un traiteur chinois.

Le jour où tout a basculé 2 _ Révélée (En Pause)Where stories live. Discover now