10. Rira bien qui rira le dernier

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Tandis que Wilma avait le bonheur de rentrer chez elle, Avery était coincée dans une salle. Pour son premier jour de classe. Alors certes, elle l'avait peut-être un peu cherché... Mais ce n'était tout de même pas de sa faute si Aaron lui ressortait par les yeux avec son arrogance et ses manières ! La jeune fille n'aimait pas les gens comme lui. Elle savait très bien qu'un physique ne faisait pas tout : elle avait hâte de voir le moment où il se prendrait un sévère retour de bâton.

Malheureusement, elle ne comptait pas trop dessus pour le moment. D'ailleurs, la blonde avait remarqué le comportement que commençait à développer Wilma. Après quoi ? Moins d'une journée. C'était bien triste et dommage. Pourquoi ? Parce que cela ne laissait présager que deux choses dans l'esprit d'Avery : soit il la terrorisait totalement et franchement, elle était fragile comme tout ; soit elle était déjà en train de tomber sous le charme de connard de son voisin et c'était dommage parce que la blonde l'appréciait.


Son stylo bille glissait furieusement sur le papier. La professeur de biologie leur avait donné des exercices notés à faire. Il s'agissait d'un test pour évaluer leur niveau par rapport au programme de l'année dernière. Bien entendu, c'était d'une facilité improbable pour la jeune fille qui s'était toujours disputée âprement la première place avec Aaron.

Ce dernier était en train de regarder le plafond, son stylo tapant en rythme sur la table et sur les nerfs d'Avery. Et il y avait fort à parier qu'entre eux, celui qui était le moins résistant n'était pas la table.

« Tu vas arrêter oui ?! chuchota-t-elle d'un ton furieux. »

Un rictus ironique naquit sur son visage et il lui répondit :

« Pourquoi ? T'as pas arrêté de me bombarder de stylo toi, que je sache ! »

Sur ce coup, il n'avait pas tort. Mais est-ce qu'Avery allait le reconnaître ? Certainement pas. Surtout qu'il la méritait tout de même cette attaque !

« Tu as agressé Melville

- C'est bon... On rigolait.

- Tu vas voir comment je vais te faire rire moi !

- Silence ! »

La surveillante, qui jusqu'ici faisait sa manucure, s'était visiblement souvenue de leur existence. Peut-être parce qu'ils faisaient un peu trop de bruit. Avery préféra se la jouer prudente et baissa la tête pour se reconcentrer sur sa copie. Elle continua donc son travail pendant quelques minutes.

Soudain, une sonnerie de téléphone retentit.

I'm a Barbie Girl, in a Barbie world... Life is plastic ! It's fantastic ! You can brush my hair and kiss me everywh-

La surveillante décrocha enfin son portable. Ce qui était pas mal puisque la jeune fille blonde n'aurait pas tenu plus longtemps et aurait explosé de rire. Mais elle n'était pas la seule : un sourire sardonique ornait le visage d'Aaron. La femme commença à parler et sortit de la salle, non sans leur avoir ordonné de continuer à travailler dans le calme.

Une sortie tellement nulle que franchement, il aurait mieux fallu qu'ils soient tout seuls à la base. Mais bon. Le destin en avait voulu autrement.

« Eh bah alors, Avery... Quand on est devant l'autorité, on se la ferme un peu plus hein ?

- Ta gueule, Aaron. Tu me fatigues.

- C'est de ta faute si on en est là. Alors hein...

- À la base, c'est de la tienne.

- De ce que je sais, ce n'est pas moi qui agresse les gens à coups de fluo !

- Ah ouais ?! Bah c'est pas moi non plus qui agresse quelqu'un juste parce qu'il est homosexuel ! »

Elle s'était levée brusquement et avait frappé du poing sur la table du jeune homme. Ce dernier en fut d'ailleurs assez surpris. Oui, il ne s'y attendait pas du tout.

« Et alors ? En quoi ça te regarde !

- C'est mon ami ! Bien sûr que ça me regarde !

- C'est bon ! C'est marrant de se moquer des gays ! C'est rien...

- Mais t'es tellement aveugle que tu remarques jamais rien ! Et non c'est pas drôle ! C'est aussi beauf que de faire des blagues sur la soi-disant « virilité » de telle ou telle mec !

- Nan mais calme-toi... Tu gueules tout le temps, t'es chiante à force. »

La blonde avait très envie de lui coller un coup de boule. Sauf qu'Aaron ne sembla pas le comprendre et préféra tenter l'approche « romantique » : il se leva et réduit la distance entre les deux.

« Tu fais quoi là ? gronda la jeune fille aux cheveux blonds qui n'était pas du tout tentée parce qu'elle entrevoyait. »

Et il la poussa en arrière. Ce qui la fit tomber.


Un plaquage contre la table. Ce n'était pas contre un casier. C'était déjà ça. C'était d'un romantisme. Mais Aaron oubliait de temps en temps qu'Avery n'était pas une des filles qu'il embobinait en six secondes, chronomètre à la main.

Alors qu'il pesait de son poids sur elle, il sentit une violente douleur au niveau de l'entre-jambe qui lui arracha un petit cri. Ni une, ni deux, Avery reversa la tendance, le poussa contre la table et lui tordit le bras dans le dos.

« Cours de self-défense... ça te plaît, mon chou ?

- Connasse...

- Venant de la part du mec qui plaque une fille contre une table, je crois que je vais prendre ça comme un compliment. »

Il grogna quelque chose et la joueuse de Beach volley resserra sa prise :

« Qu'est-ce qu'on dit, connard ? railla-t-elle. »

Aaron ne répondit pas et tenta de se dégager. La jeune fille aux cheveux blonds força un peu plus jusqu'à ce qu'un gémissement se fasse entendre, lui arrachant un sourire mauvais.

« Tu veux que je continue ? Dis-le. Dis-le et je te lâche.

- Pardon... marmonna-t-il. »

Elle allait lui payer celle-là, ça c'était sûr. Sous ses airs de fille sympathique, il était persuadé que ce n'était que la pire garce du monde. Elle allait, à cet instant, gagner une bataille, mais ce serait lui qui aurait la guerre.

« J'ai pas bien entendu...

- Pardon... Avery. »

La joueuse de Beach-volley le lâcha enfin tout ordonnant d'un ton menaçant :

« Tu t'approches encore de Melville avec de mauvaises intentions. Tu t'en prends à Wilma... Tu fais quoi que ce soit de malveillant...Je te fais ta fête. »

Il se releva d'un coup et se planta face à elle. La blonde avait beau être grande et assez musclée, Aaron était quand même bien plus menaçant. Pour autant, elle ne bougea pas d'un millimètre et ne cilla même pas.

Ils se fixèrent les yeux dans les yeux. Pas besoin de paroles pour l'officialiser : entre les deux canons de beauté, la guerre était déclarée. Et ils n'étaient pas du genre à manquer d'imagination...

DramalandWhere stories live. Discover now