Dramaland

6. Alea Jacta Est

« Hertcomb Wilma ! »

Le nom de la jeune fille retentit dans la bouche du responsable de son cycle. Elle se leva et rejoignit le rand qui avait commencé à se former. Les étudiants de (trouver la bonne classe) avait tous été parqués dans le gymnase afin de procéder à la répartition. Elle avait alors suivi Avery et Melville. Pline, lui, était un niveau en dessous d'eux. Ils s'étaient placés le plus loin possible d'Aaron, qui était bien entendu entouré de toute sa clique piaillant, composée en majorité de garçons qui se prenaient pour des surfeurs et de filles qui avaient visiblement dévalisé une boutique de maquillage. Parce que plus il y en avait, mieux c'était. Une manière de réfléchir connue et largement approuvée.

Lorsque Wilma avait vu Avery partir dans la classe D, elle avait eu peur de se retrouver seule. Mais au final, elle avait fini par la rejoindre. Tout comme Melville, un peu plus tard, sachant qu'il était dans les « T ». Melville Turner. La jeune fille était persuadée qu'ils deviendraient rapidement meilleurs amis. C'était quelque chose qui semblait gravé dans leur avenir... Tout comme le fait que ce cher Aaron vienne également avec eux.

En passant devant eux dans le rang, il leur envoya un regard mauvais. Wilma se contenta de baisser un peu les yeux. Après tout, elle n'avait pas envie de rentrer dans un conflit où il y avait de fortes chances qu'elle perde. Ce n'était qu'une nouvelle.

Avery eut beaucoup moins de retenue et lui fit un doigt d'honneur en prenant bien garde à ne pas se faire prendre par les professeurs. Aaron ricana l'air de dire : « tu ne perds rien pour attendre ». En réponse, la joueuse de volley lui fit un grand sourire qui signifiait indubitablement : « j'ai hâte de voir ça ». Maintenant Wilma en était persuadée : Avery était un modèle de diplomatie.

« Est-ce que c'était bien la peine de le provoquer ? demanda la jeune fille, hésitante. »

La blonde la regarda comme si elle était folle et lui dit :

« Mais bien sûr ! Ce n'est qu'une revanche méritée ! Ce petit con croit qu'il peut faire sa loi... C'était déjà la même chose l'année dernière. Je vais le faire descendre de son trône, tu vas voir ça va être rapide ! Un ballon de volley dans la gueule et il va moins rigoler ! »

Face à ce léger côté agressif, Wilma faillit faire un petit laïus avec un bon vieux « on ne répond pas à la violence, par la violence », mais elle se dit que ce n'était peut-être pas une excellente idée de se mettre la seule fille qu'elle connaissait à dos. Elle ne répondit donc pas et pria intérieurement pour ne pas être prise dans une guerre ouverte entre la blonde et Aaron.

À peine arrivés dans la salle, les gens se précipitèrent naturellement vers la place qui leur semblait la meilleure. Leur professeure principale frappa dans ses mains. Ils s'arrêtèrent tous et se tournèrent vers elle. C'était une femme grande et élancée à la peau ébène. Ses cheveux étaient coiffés en une coupe afro bien entretenue. Ses traits étaient nobles et harmonieux entre eux. Elle fixa de ses yeux terre-de-Sienne les jeunes qui lui faisaient face. Une expression chaleureuse se peignit sur son visage :

« Eh bien, eh bien... Vous ne pensiez tout de même pas que vous alliez pouvoir occuper la place que vous souhaitiez ? Non... Nous allons procéder à un tirage au sort, j'avais déjà tout prévu.

- Mais Madame... commença à protester un des élèves qui ne se souvenait plus du nom de la professeure.

- Madame Canva, je vous enseignerai l'art plastique. »

Évidemment... pensa non sans une certaine ironie Wilma.

« Mais nous n'en sommes pas encore là. Attendez deux minutes... »

Madame Canva alla jusqu'au bureau et attrapa quelque chose situé sur la tablette en dessous. Il s'agissait d'une boîte en carton toute simple. À l'intérieur, on pouvait trouver de petits papillons de papier. La professeure leur adressa un grand sourire :

« C'est parti ! Faites vos jeux ! »

Et elle piocha. La litanie des noms commença à défiler.

« Melville Turner et... Maggie Watson ! Allez au premier rang, là, je vous en prie. »

Un petit cri de bonheur se fit entendre derrière Wilma. Cette dernière se retourna et son regard tomba sur une petite jeune fille. Ses cheveux étaient châtains et lui arrivaient juste au niveau du menton. Ils étaient frisottés et cachaient presque ses yeux pers. Elle avait vraiment une bouille toute craquante. La rousse en déduisit qu'il s'agissait de Maggie. Elle avait l'air contente.

Contrairement à Melville qui tirait une tête de trois pieds de long. Avery lui fit une petite tape compatissante sur l'épaule.

« Qu'est-ce qui se passe ? chuchota Wilma en se penchant vers la blonde.

– Eh bien... On t'expliquera plus tard. Quand on ne nous écoutera pas, asséna la joueuse de volley en donnant un grand coup de coude en arrière.

- Pas besoin de m'agresser la blondasse, c'est pas comme si ce que tu disais était intéressant...

- Bah alors écoute pas. »

Forcément, il s'agissait d'Aaron. Le brun grinça alors à l'oreille de Wilma :

« Eh beh... Tu cumules la rouquine ! Si j'étais toi, je ne trainerais pas avec cette cinglée... »

La blonde allait répliquer quelque chose de bien senti lorsque la voix de Madame Canva retentit :

« Wilma Hertcomb... »

Elle priait pour que ce soit avec Avery qu'elle se retrouve.

« Et Aaron Rogers ! Au fond à droite, s'il vous plait ! Dépêchez-vous ! »

Le hasard avait lancé les dés. Et les jeux étaient faits.