Nuit 5

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00h13

Ça fait maintenant 4 nuit que je dors plus, et je commence la cinquième. Combien de temps vais-je tenir comme ça ?
Je n'ai pas sommeil.

SLEEP. Ces 5 lettres me hantent désormais. Elles sont partout, où que je pose les yeux. Elles sont écrites sur mes murs, sur mon lit, sur mes meubles, sur le sol, sur mes affaires, sur la grille de la bouche d'aération, à ras du plafond. Je déteste cette grille. J'entends parfois des craquements venant de là-bas.

Je ne sais quand est-ce qu'ils sont apparus, ces mots. Je sais juste qu'ils sont là.

J'ai mal à la tête. Une migraine violente, j'ai l'impression que ma tête va exploser.

SLEEP.

Partout.

Tout le temps.

00h30

Ma migraine est de pire en pire.

01h12

Je me rend compte que je n'ai pas allumé la lampe torche. Je l'attrape et l'allume. Soudain, je me rend compte aussi que la nuit dernière, je n'ai pas allumé la caméra, et je n'ai pas non plus utilisé le couteau pour me défendre quand le monstre est arrivé.

SLEEP.

Je saisis le couteau et le regarde. Bizarre, il est plein de sang. Je n'ai pourtant pas touché le monstre avec, ça ne peut pas être son sang. Seul moi ai été bléssé dans l'affaire.

02h36

Je ne sais pas trop pourquoi, je commence à me mordiller la paume de la main gauche. Ça pique mais c'est plus fort que moi. Je commence à me mordre vraiment fort. Une petite goutte de sang coule dans ma bouche. Je l'avale.

SLEEP.

02h58

Le temps est vraiment long. Pour passer le temps, je décide de prendre la caméra pour visionner les films des jours précédents.

Je me demande, quand il y avait beaucoup de bruit, que je criais, que la fenêtre explosait, que la plaque de la bouche d'aération tombait, pourquoi mes parents ne sont pas intervenus ?

Qui ? De qui je parle ?

03h20

J'ai regardé tous les films en boucle. Vraiment, le monstre n'apparaît pas dessus. Et ma chambre ne bouge pas dessus.
C'est bizarre, tous ces événements que je pensais avoir vus, ils n'apparaissent pas dans la vidéo.

04h01

Je regarde encore une fois tous les films. C'est bizarre, je me rappelle que quand la grille de la bouche d'aération a volé à travers ma chambre, elle est bien tombée. Pourtant, je ne me rappelle pas de l'avoir remise. Je lève les yeux et la regarde.
Elle est là, bien en place.
Je déteste cette grille. J'entends parfois des craquements venant de là-bas.

SLEEP.

Ma fenêtre, elle, a volé en éclats, c'est sûr. La preuve, c'est cette plaque de carton la remplaçant. Pourtant...
C'est bizarre. Je ne me rappelle pas avoir ramassé les bouts de verre.
C'est bizarre. Si elle a explosé sur moi, pourquoi je ne suis pas blessé aux bras ?
C'est bizarre. J'ai l'impression que ce n'était pas vrai.

Je me lève et enlève la plaque de carton en tirant dessus.
Dessous, la fenêtre est intacte. Comme si rien n'était arrivé.

Je lâche la plaque et la laisse tomber. Je me tourne et le voit.

Il est là. SLEEP.

Il fait noir, mais je le devine bien. On dirait un chien, très grand chien, mais sans poil. Il a des yeux perçants, je vois sa chair, ses os, des membres maigres et faméliques, ses longues griffes aiguisées.

J'attrape ma lampe torche et l'éclaire. En fait, je le trouve beau, avec sa chair apparente et ses crocs capables de me trancher le cou en une morsure.

Je m'approche de lui et tendant la main. Mais il disparaît.

Non. SLEEP. Revient.

Il réapparaît. Parce-que je veux qu'il soit là.

SLEEP.

Je pose la main sur sa tête. Il grogne. Non. Je grogne. Et je ris.

Ils ne voulaient pas me croire quand je disais que tu existait, SLEEP.
Ils ne voulaient pas me prendre au sérieux, SLEEP.
Ils ne voulaient pas avoir de problèmes, SLEEP.
Mais moi, je sais que tu es vrai, SLEEP.

Et on va leur montrer que tu es vrai.

SLEEP.

SLEEPWhere stories live. Discover now