Bonus : Écrire les scènes importantes

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Dans ce tutoriel nous avons exploré une partie de ma méthode de travail, notamment la structure que j'utilise pour poser les bases de mon récit. J'ai aussi glissé, ça et là, des petits conseils pour mettre plus de détails dans certains éléments, mais je n'ai pas touché à la technique d'écriture, c'est ce que je vous propose ci-dessous. Ce chapitre est un peu long, je m'en excuse d'avance.

Grâce au modèle SFPL, nous avons une structure solide sur laquelle développer nôtre récit. Nous avons pu rajouter des détails, petit à petit, en introduisant des situations intéressantes et en intégrant les éléments qui permettraient de créer une cohérence forte. Mais ce modèle est basé très fortement sur la force des situations, sur leur poids narratif et émotionnel. Il est donc absolument vital pour la qualité du récit que ces scènes soient écrites avec un ton et un rythme adéquat, un style qui colle aux points forts de la scène. Essayons donc de voir à quoi ressemblerait un dialogue, suivi d'une scène de combat entre les deux personnages du chapitre précédent.

Les feuilles mortes collaient aux bottes des deux chevaliers. En plein milieu de l'automne, seul le cliquetis des armures et le bruit des botes qui s'enfoncent dans la boue résonnaient dans la forêt.

On plante ici une image mentale de la scène dans la tête du lecteur. C'est un combat illégal entre deux chevaliers qui sont là pour des raisons personnelles. Ça ne va pas être une joute pour les beaux yeux de la princesse, ce sera sale, brutal. La scène se passe dans une forêt boueuse pendant une saison froide, pour accentuer cet effet.

Le visage en sueur, le plastron jeté au sol, le premier chevalier planta son épée dans la boue.

- "Pourquoi est-ce que tu me PERSÉCUTE ?!"

Le second chevalier, encore tout armuré, ne répondit pas. Immobile, il plongeait son regard dans celui du premier chevalier.

On montre tout de suite la différence entre l'état d'esprit des deux personnages en exagérant leurs actions. Les petites indications sur leur état (sueur, retiré son plastron, etc...) montrent qu'ils sont épuisés et donc rend crédible leurs réactions démesurées. La ponctuation permet de poser un rythme soutenu dans les phrases un peu longues.

- "Je peux savoir laquelle de mes paroles a suffisamment blessé ton petit égo pour que tu BRÛLES TOUT MON DOMAINE !!!"

Un grand silence suivit. Le second chevalier retira lentement son casque. Le premier découvrit son regard qui était jusque-là caché par le heaume, un regard plein de haine et de mépris, un regard au fond duquel brûlait un feu terrible.

- "Tu as tué ma femme..."

Les paroles utilisées par le premier chevalier trahissent sa personnalité, il est persuadé qu'il a blessé l'égo de l'autre chevalier, alors que c'est évidement plus important que ça. Cela tends à prouver qu'il donne beaucoup d'importance à son égo. De plus, quand il parle de son domaine, il ne parle pas de ses habitants et de leurs souffrances, il ne parle que du fait que c'est son domaine, alors qu'il est sensé être hors de lui.

La froideur du second chevalier est terrifiante. Il est dans une colère noire, il ne s'emporte pas et parle simplement. La métaphore utilisée à la fin fonctionne très bien pour représenter les émotions du personnage. Le manque de commentaire de la part du narrateur rend ses quelques paroles encore plus impactantes, surtout si elles ne sont pas suivies de dialogue.

Le premier chevalier resta hébété, appuyé sur le pommeau de son épée. Un râle sortir de sa bouche, suivit d'un autre, et d'un autre, le début ralenti d'un rire âpre qui dura plusieurs minutes.

- "AHAHA...C'est tout ? Tu me pourris la vie pour ça ? Je suis chevalier ! J'ai le droit de tuer qui je veux ! Et surtout si ce ne sont pas des sujets..." un sourire pervers se dessina sur son visage, "... très obéissants !"

Comment écrire une histoire cohérenteWhere stories live. Discover now