Cadeau inattendu

By Bae-Min-Chan

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"Qu'on soit d'accord, Noël n'est pas un jour spécial du tout. Que je sache, le monde continue de tourner et l... More

Cadeau inattendu

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By Bae-Min-Chan

Je claquai la porte de l'appartement derrière ma dernière colocataire et perdit mon immense et faux sourire dès que je fus hors de sa vue. Des trois filles qui partageaient le logement avec moi, elle était la dernière à partir pour passer Noël en famille et j'étais soulagée qu'elle parte enfin.

Sans plus attendre, j'allai décrocher les stupides guirlandes qu'elles avaient tenu à suspendre sur toutes les tringles à rideaux et tous les meubles qui pouvaient les accueillir. Je fourrai tout ça dans le grand carton des horreurs, renommé ainsi par mes soins.

Enfin seule.

Je n'étais plus obligée de subir toutes ces niaiseries de chocolats fait maison, d'anges à paillettes et de clochettes à la con. Heureusement qu'elles n'avaient pas insisté pour installer un sapin, je l'aurais passé par le feu en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

On était déjà le 24 décembre donc plus qu'aujourd'hui et demain et je pourrais oublier toute cette mise en scène dégoulinante de mièvrerie et de bons sentiments écœurants.

J'avais eu bien du mal à m'arranger pour ne pas être obligée d'aller réveillonner avec la famille mais c'était chose faite et actée. J'allais pouvoir rester dans ma chambre toute la soirée à lire un polar intéressant, bien installée sur ma couette bleue, jaune et orange, très « summer vibe », par esprit de contradiction.

Il n'était encore que 15 heures mais je décidai de commencer ma séance lecture dès maintenant. Après tout, je n'avais rien d'autre à faire et plus je serais occupée, moins je penserais à cette horrible journée.

Je ne relevai les yeux que quand la luminosité commença à baisser. Il ne devait pas être loin de 17h. Je regardai l'heure sur mon portable. Il était moins cinq. Je m'étirai et eus le malheur de regarder par ma fenêtre. Je réprimai une grimace avant de me lever et fermer le rideau d'un grand geste rageur. Même le temps voulait être de la fête et il neigeait à gros flocons. J'aimais la neige. Mais elle pourrait avoir le bon goût de tomber après ce stupide jour. C'était comme si tous les éléments autour de moi me disaient : « Célèbre ce jour ! C'est le moment pour montrer aux gens combien tu les apprécies et partager la joie des fêtes avec eux ! ».

Joie mon cul, oui. Qu'on soit d'accord, Noël n'est pas un jour spécial du tout. Que je sache, le monde continue de tourner et les gens de crever. Y'avait même plus de suicides ces jours-là vu que certains étaient même encore plus seuls ! Sans compter ceux qu'on jetait comme des merdes ce même jour.

Bah moi, j'avais choisi d'être seule de mon propre chef et pas envie d'être entourée de gens qui feront semblant de tenir à moi pendant une soirée avant de s'en foutre royalement le lendemain.

Je rejoignis la cuisine avec l'intention de me préparer un thé. Attention, pas une de ces conneries aux épices que mes colocs achetaient à cette période de l'année, non, un thé noir sans sucre, bien amer, bien loin des douceurs de Noël. C'est qu'il ne faisait pas chaud, tout de même.

D'un coup, j'entendis frapper à la porte de l'appartement. J'en fus tellement surprise que je faillis en faire tomber la tasse que je venais de prendre dans le placard. Qui pouvait bien frapper à cette heure, le jour du réveillon de Noël ? Ça ne pouvait pas être un voisin parce que j'avais appris par les ragots que tous les habitants de l'immeuble partaient pour les fêtes. Et puis, c'était une petite ville, ici. Il n'y avait pas grand monde qui restait pendant ces jours, ce qui donnait aux lieux un air de quasi ville fantôme. Ça ne pouvait pas non plus être les pompiers avec leur éternel calendrier, le 24, c'était un peu tard pour en distribuer.

Un peu inquiète, je me dirigeai vers la porte d'entrée. Il n'y avait pas d'œilleton ni de chaîne. Ça ne m'avait jamais perturbée jusque-là mais maintenant que j'étais seule, je me rendais compte du manque de sureté de ce logement. Mais j'étais quand même curieuse. Et puis, il ne se passait jamais rien dans le coin alors... Ce n'était pas le genre d'endroit qui attirait les psychopathes. Et aussi, il fallait qu'il ait l'idée de monter jusqu'au quatrième étage pour frapper directement à ma porte.

J'entrebâillai donc un peu la porte pour jeter un coup d'œil au couloir et y trouvai un homme de taille moyenne, coupe classique noire et sourire avenant. Il portait aussi un énorme sac à dos.

« Oui ? » demandai-je, méfiante.

Jamais vu de ma vie. Pitié que ce ne soit pas le psychopathe que j'imaginais quelques instants auparavant.

« Excusez-moi... » commença-t-il. « J'ai frappé à tous les étages mais on dirait qu'il n'y a personne. »

Je hochai la tête mais restai derrière la porte, prête à la refermer à la moindre embrouille.

« C'est le bâtiment résidentiel le plus proche de la gare. » continua-t-il son explication. « Je me suis assoupi en attendant ma correspondance et on dirait bien que je l'ai loupée. Le problème c'est que je n'ai pas trouvé l'heure du prochain passage sur les dépliants et que la gare est complètement déserte, personne au guichet. Et évidemment, je n'ai plus de batterie pour regarder sur internet. » finit-il, un peu gêné en me montrant son téléphone.

Je jetai un coup d'œil au mien, de portable. 17h05. Il pouvait bien attendre, tiens.

« C'est pas une gare très fréquentée. » lui appris je. « Il n'y a plus de trains qui s'arrêtent après 17h. »

Bah oui. On avait vu sur les rails depuis la fenêtre de l'appart, même s'ils étaient en parti masqués par une rangée d'arbre censé les dissimuler. Pas très efficace en hiver. Dans tous les cas, il n'y avait pas beaucoup de trains qui passaient par ici et encore moins qui s'arrêtaient.

« Oh. Alors est ce qu'il y a une gare routière pas loin ? » se renseigna-t-il.

Je ne pus m'empêcher de laisser échapper un petit rire ironique.

« Les transports en communs ne fonctionnent même pas pendant les fêtes. »

Il grimaça.

« Mince... Je suppose que c'est mort aussi au niveau des taxis ? » demanda-t-il pour être sûr.

Son visage exprimait clairement le fait qu'il avait abandonné l'idée avant même de la formuler.

Je hochai la tête, dépitée pour lui. Il était assez clair qu'il n'arriverait pas à destination aujourd'hui.

« Bon ben... Merci quand même. » me sourit-il. « Je suppose qu'il ne me reste plus qu'à trouver un Starbucks ou un McDo, histoire de passer la nuit au chaud. Bonne soirée ! »

Je le vis faire demi-tour vers l'escalier. Comme s'il y allait avoir un ascenseur dans ce bâtiment.

J'aurais pu fermer la porte et clore l'incident mais... Je suis sans doute trop gentille.

« Il n'y a rien d'ouvert un 24 décembre dans cette ville. » l'avertis-je, alors qu'il allait emprunter l'escalier.

Et oui... Pas assez de monde pour laisser les grandes enseignes ouvertes dans ce bled paumé. T'as pas de famille ? Pas d'amoureux ? Tu pars pas passer les fêtes ailleurs ? Tant pis. Reste chez toi. Pas que moi ça m'importe beaucoup vu que je n'ai absolument aucune envie de fêter tout ça. Mais je ne vais quand même pas laisser quelqu'un à la rue la nuit alors qu'il neige. J'aime pas Noël mais je suis pas un monstre.

Lui, il s'était arrêté au bord de l'escalier, un pied dans le vide, visiblement en pleine réflexion.

« Je trouverai bien... » finit-il par dire.

Ah. Il n'avait pas compris ma proposition. Sans doute trop implicite.

« A part le hall de gare plein de courants d'air, je ne vois pas trop. » lui fis-je remarquer.

Il leva les bras en signe d'impuissance. Mais il était vraiment pas perspicace, lui !

Je soupirai.

« Mes colocs ne sont pas là, vous devriez dormir ici sinon vous allez crever de froid. » lui dis-je en ouvrant plus largement ma porte.

« Vous êtes sûre ? » me demanda-t-il en faisant un pas dans ma direction. « Ça ne vous fait pas peur ? »

Je levai les yeux au ciel. Peur ? Oui, peut-être un peu. Mais il n'avait pas essayé de forcer la porte et il était prêt à partir sans rien demander. Il n'avait visiblement pas prémédité un meurtre. Ou un viol. Enfin, quelque chose de mal. En tout cas, je n'avais pas l'intention de lui montrer que j'avais des doutes. Je suis une bonne personne moi. Je ne vais pas le laisser mourir congelé pendant la nuit parce que ça pourrait, de manière tout à fait improbable, être un assassin. Ou peut-être que je devrais ?

Je m'effaçai devant la porte pour le laisser entrer.

Il se confondit en remerciements alors qu'il passait le pas de la porte. Je la refermai derrière lui et lui désignai l'endroit où il pouvait laisser ses chaussures et son manteau. Il s'en débarrassa prestement avant de se tourner vers moi, tout sourire. Je dois avouer que je devais avoir une expression plutôt dubitative, quant à moi.

« Au fait, je m'appelle San. » se présenta-t-il en me tendant la main.

« Anna. » me présentai-je à mon tour en la lui serrant.

Prénom très original oui. Merci Papa, merci Maman.

J'en profitai pour le regarder plus en détail. A travers l'embrasure de la porte et sous toutes ses couches de vêtements et son bonnet, je n'avais eu qu'un vague aperçu de lui.

C'était un jeune homme dans la vingtaine, tout comme moi. Il était typé asiatique avec les beaux cheveux noirs qui les caractérisaient. Des yeux en amande où brillait un brin de malice, un nez droit, une peau sans aucune imperfection. Wow. Il était un peu plus grand que moi et portait un de ces pulls en mohair écru, un peu large, qui avaient l'air tout doux.

A côté, je ne devais pas ressembler à grand-chose. Je n'avais pas vraiment prévu de recevoir alors mes cheveux roux étaient rassemblés à la va vite dans une espèce de demi chignon et je portais un gros hoodie gris bleu sur un jean classique. Ce n'était pas le plus classe mais c'était confortable.

« Euh... Tu veux du thé ? » demandai-je, pour reprendre contenance.

Après tout, c'était ce que je m'apprêtais à faire avant qu'il n'arrive. Et j'avais décidé d'abandonner tout de suite le vouvoiement. Ce serait moins bizarre.

« Avec plaisir. Je suis gelé. » m'avoua-t-il.

« Tu peux t'installer pendant que je le prépare. » lui dis-je en lui indiquant le canapé.

La petite entrée n'en était pas vraiment une et était seulement un coin minuscule sans séparation avec le salon.

Alors qu'il allait s'assoir, je me rendis dans la cuisine et sortit une tasse supplémentaire. Il fallait espérer qu'il n'avait pas de grandes attentes concernant la boisson parce que je ne faisais que du thé en sachet. Trop la flemme de faire infuser quoi que ce soit. Je remplis donc les tasses d'eau pour les passer au micro-ondes. Ce faisant, j'en profitai pour l'observer à la dérobée. Depuis la cuisine, je pouvais le voir presque de profil. Il était en train de se frotter les bras pour se réchauffer, le pauvre.

Je laissai donc le micro-ondes tourner et passai par ma chambre pour récupérer le plaid dont j'aimais me recouvrir par temps froid. Je l'avais utilisé pas plus tard que tout à l'heure. Je revins vers lui et lui tendis avant d'entendre le « ting » qui indiquait que l'eau avait fini de chauffer.

Je plongeai un sachet de thé noir dans ma tasse et, comme je ne savais pas ce qu'il préférait, je posai les deux tasses sur un plateau avec le sucrier et les sachets des différents thés qui se trouvaient dans la cuisine.

En revenant dans le salon, je posai le plateau sur la table basse avant de me saisir de ma tasse pour m'assoir à ses côtés, jambes repliées sous moi et tasse fumante entre mes mains froides. Je ne savais pas vraiment quoi dire. De quoi est ce qu'on parle avec un parfait étranger qu'on vient d'accepter d'héberger sur un coup de tête ?

« Alors... Tu passes les fêtes toute seule ? » essaya-t-il d'engager la conversation, après avoir choisi le sachet de thé aux épices de Noël.

Sérieusement, quoi. Est-ce que, contrairement à moi, les éléments ne s'étaient pas ligués contre lui pour lui dire qu'il ne devrait pas participer aux festivités, cette année ?

« Oui. Je préfère être tranquille. » répondis-je, laconiquement.

Il me jeta un regard désolé et je rougis en me rendant compte de ma maladresse.

« Enfin... Je veux pas dire que... Juste, j'avais pas vraiment envie de voir ma famille. » bafouillai-je pour me rattraper.

Mais quelle cruche.

« Oh. Et personne d'autre pour fêter avec toi ? Un amoureux, peut-être ? »

« Lequel ? Celui qui m'a plaquée la veille de Noël dernier ? » ricanai-je, amèrement.

Oups. Pourquoi j'ai dit ça, moi ? C'était sorti, si spontanément. Je m'étais pourtant appliqué à ne pas y penser. J'avais occupé toute ma journée et quand il m'arrivait de réfléchir, je maudissais Noël de toutes les façons possibles. Je préférais porter ma détestation sur la fête plutôt que sur lui. Oui. C'était Noël que je détestais. Ça n'avait absolument aucun rapport avec le fait que ça faisait tout pile un an qu'il m'avait abandonnée comme une merde en me disant tout le mal qu'il pensait de moi.

« Ah. C'est pour ça. » constata San.

Oui.

« Non. Je n'aime juste pas Noël. Les gens font semblant d'aller bien et que le monde est merveilleux alors qu'il est aussi pourri que d'habitude. Voir même pire. »

« Ils font semblant ? » releva-t-il. « Je me sens plutôt heureux. »

Je le regardai avec un air d'incompréhension.

« Heureux ? Tu as raté ton train et tu es bloqué dans une ville déserte à Noël. Je suis pratiquement sûre que tu devais rejoindre ta famille. C'est raté. » exposai-je en roulant des yeux.

« Mais je suis tombé sur quelqu'un de sympa et grâce à elle, je suis au chaud alors que j'aurais pu rester sous la neige toute la nuit. » répliqua-t-il. « Et j'ai même un thé de Noël. » ajouta-t-il en prenant une gorgée.

Il avait d'ailleurs l'air de grandement l'apprécier, ce thé. Il le buvait comme dans une pub. J'aurais presque eu envie de l'acheter, ce foutu thé, même si j'aimais pas les conneries de Noël.

« C'est bien le seul truc de Noël que t'auras ici... » grommelai-je, histoire de ne pas trop m'attarder sur le modèle publicitaire que j'avais devant moi.

« On peut faire notre propre soirée. » proposa-t-il.

« Euh... Non. J'ai rien pour ça et comme je l'ai déjà dit, je n'aime pas Noël. »

« Bon... Est-ce que je peux t'emprunter une prise, alors ? J'aimerai au moins prévenir ma famille que je ne serai pas là pour le réveillon. »

Je hochai la tête et lui indiquait une prise près de la télé qui était éteinte. Trop d'émissions de Noël pour l'allumer. Il n'y avait que ça.

Pendant qu'il branchait et allumait son portable pour pouvoir passer son appel, je remportai le plateau dans la cuisine, rangeai les sachets inutilisés et nettoyai les tasses. Malgré le bruit de l'eau, j'entendais des bribes de conversation.

« ...Non... Pas dehors... Fille sympa... Anna... Gentille... Demain... Non, non... Repasse le téléphone à... Pas tous vous parler... T'inquiètes... Oui... A demain. »

J'éteignis l'eau au moment où il raccrochait.

« Tu as beaucoup de famille ? » demandai-je, curieuse.

« Une famille très nombreuse, oui. » confirma-t-il. « Mes parents ont cinq ou six frères et sœurs chacun et ils ont tous une ribambelle d'enfants. J'ai quatre frères et sœurs et certains sont déjà parents. On se réunit tous à Noël avec les belles familles alors ça fait du monde. Ils ne vont pas s'ennuyer, même sans moi. »

Je le regardai avec des yeux ronds en essayant de m'imaginer la chose. Pour ma part, j'étais fille unique alors les réunions de famille se limitaient à moi, mes parents, mon oncle éternel célibataire et c'était bien tout.

« Tu n'as pas l'air d'être très famille. » rit-il.

« Non. On est très peu. » affirmai-je. « Mon dieu, je ne sais pas ce que je ferais si je devais me farcir les conseils malvenus d'autant de personnes. Impossible d'avoir un moment de répit dans ces conditions. » m'imaginai-je.

« On dirait que tu as passé des moments difficiles. » compatit-il, en étouffant un rire.

« Si tu savais... » soufflai-je.

« Tu veux en parler ? » me proposa-t-il, plus sérieusement.

« On se connait à peine. » lui fis-je remarquer.

Je n'allais quand même pas confier les moments les plus durs de ma vie à un parfait inconnu.

« Justement. Je ne suis personne pour toi. Et je ne connais personne de ton entourage. Ça t'assure que je ne pourrais le raconter à personne. »

Je levai un sourcil.

« Tu es psy ? » le soupçonnai-je.

Il éclata de rire.

« Non. Même si je l'ai envisagé. A la place, je suis devenu photographe. »

« Sérieusement ? Mais ça n'a rien à voir. » m'étonnai-je.

Il haussa les épaules.

« On n'a pas qu'un seul centre d'intérêt dans la vie, si ? »

« Et tu fais quoi comme genre de photos ? » demandai-je, soulagée de détourner la conversation de mes problèmes personnels.

Ça me mettait trop mal à l'aise de lui en parler. Je préférais en apprendre plus sur lui.

« Tu veux voir ? » demanda-t-il.

Je hochai la tête.

Il se leva du canapé où nous nous étions rassis et se dirigea vers son énorme sac qu'il avait laissé dans l'entrée avant d'en sortir précautionneusement un appareil à l'air professionnel et couteux.

« Habituellement, je fais les photos souvenirs. » m'expliqua-t-il, voyant mon air incrédule.

Qui voyageait avec du matériel professionnel aussi volumineux pour une fête familiale ? C'était le genre de rassemblement où on s'arrangeait pour ne pas travailler.

« Un simple appareil photo ne peut pas suffire. » approuvai-je, un peu ironiquement.

« Hum... On prend l'habitude de la qualité. » répondit-il.

Il revint vers moi en l'allumant pour me montrer quelques-uns de ces clichés. Il s'agissait de portraits pour la plupart.

« Ce ne sont pas des clichés professionnels. » m'informa-t-il. « Ceux-là, je les stocke autre part. Ça, c'est le genre de photos que j'aime vraiment prendre. Tiens... Celui-là, c'était en Thaïlande. Et celui-ci, en Chine. »

J'étais bouche bée. Il devait beaucoup voyager. Il y avait beaucoup de personnes différentes sur ses clichés. Et ils avaient tous un petit quelque chose... Comme une sorte d'aura. Dénichait-il des personnes spéciales partout où il allait ou usait-il d'un talent quelconque pour rendre les clichés intéressants ?

« donne envie de découvrir les histoires de ces personnes. » laissai-je échapper en regardant les photos.

San eut un sourire éblouissant, style Colgate, qui fait mal aux yeux et au cœur.

Oulah. Je m'égare.

« Je suis content que tu aimes mon travail. » dit-il. « C'est quelque chose qui me tient à cœur. J'aime faire ressortir ce que les gens ont de spécial dans mes photos. Mais tout le monde n'accepte pas de poser. »

« C'est qu'il faut un minimum de confiance en soi. » supposai-je.

Il se tourna vers moi, l'air pensif.

« Est-ce que... Tu voudrais bien que je fasse ton portrait ? » demanda-t-il inopinément.

Je dus ouvrir les yeux grands comme des soucoupes avant de secouer la tête énergiquement.

« Non. Surtout pas. Je suis banale à faire peur alors je n'ai pas vraiment envie de rivaliser avec toutes ces personnes magnifiques que tu as déjà prises. » déclinai-je.

« Je ne te trouve pas si banale que ça. » m'assura-t-il.

« C'est ça, oui. » grognai-je.

Je savais qu'il mentait. Qu'il veuille passer le temps comme il était coincé ici, je pouvais le comprendre, mais il n'était pas obligé de me mener en bateau pour se désennuyer.

« Donne-moi trois bonnes raisons de ne pas te prendre en photo. » demanda-t-il, un peu plus sérieusement.

C'est qu'il y tenait en plus !

« Facile. Je suis moche, je suis plate et je n'ai aucun intérêt. » répondis je, du tac au tac.

« Mais qui t'a mis ces idées en tête ? » interrogea-t-il, l'air surpris.

Mon ex. A peu près mot pour mot.

Et zut. Deuxième fois que je pensais à lui dans la soirée. Alors que je m'étais promis de ne pas le laisser entrer dans ma tête. Surtout pas aujourd'hui.

« Ecoutes. Je ne veux vraiment pas que tu me prennes en photo. » lui signifiai-je, avant qu'il essaie d'en savoir plus.

Et puis, j'étais sur le point de pleurer. Il dut le sentir parce qu'il ne protesta pas et éteignit son appareil photo avant de le ranger soigneusement dans son sac pendant que je rejoignais la cuisine pour essayer de reprendre contenance. Je n'avais pas tellement envie de craquer devant un total étranger.

Le temps qu'il réemballe son appareil, j'avais réussi à ravaler mes larmes, en partie grâce à un grand verre d'eau fraiche. Oui, quand on est sûr le point de pleurer et qu'on se retient, on a incroyablement chaud, même avec des températures aussi basses que ça.

« Tu veux dîner ? » lui demandai-je alors qu'il revenait vers moi.

Il était seulement 18h30 mais le temps de préparer, il serait 19h. Une bonne heure pour manger. Et comme ça, j'aurais quelque chose sur lequel me concentrer. Il acquiesça avec entrain.

« Des pâtes, ça te va ? »

« Pour Noël ? » questionna-t-il, une pointe de déception dans la voix.

« Et ben... Je n'avais pas spécialement prévu de repas de fête. » lui fis je remarquer. « Et puis... Je ne sais pas cuisiner. » reconnu-je.

J'avais toujours été une catastrophe en cuisine. Tant qu'on s'en tenait aux pâtes, au riz et plats préparés, j'y arrivais encore. Mais il ne fallait pas me demander quelque chose de plus compliqué.

« Ah mais... Moi je sais. » répondit San, avec un clin d'œil.

« Non mais... Je n'ai pas d'ingrédients. » insistai-je.

« Laisse-moi regarder dans tes placards, je suis sûr de pouvoir préparer quelque chose d'un peu élaboré. Et j'ai même ce qu'il faut pour le dessert dans mon sac. » sourit-il. « Je prépare traditionnellement une bûche aux marrons à chaque Noël. Mais comme on est toujours obligé de taxer un ou deux ingrédients aux voisins, vu que personne n'est capable de s'organiser correctement, je ramène directement ce qu'il faut. »

« Psy, photographe et maintenant, cuisinier. » relevai-je. « Tu sais en faire, des choses. »

Il laissa échapper un petit rire.

« J'ai plusieurs cordes à mon arc, oui. »

En fait, il était du genre parfait. Beau, débrouillard, intelligent, optimiste et doué dans pleins de trucs. Tout le contraire de moi, en somme. Je pouvais juste baver sur des gens comme lui. De loin. De très très loin. Moi, je finirai avec un looser comme moi, pas très beau et loin de la perfection.

Est-ce que c'était une sorte de cadeau de Noël empoisonné de me montrer le mec parfait, juste histoire que je puisse voir ce à quoi je n'aurais jamais le droit ?

« C'est ta copine qui doit être contente. » soufflai-je, assez bas, pendant qu'il inspectait le contenu de mes placards.

Forcément qu'il avait une copine, un mec comme lui.

« Laquelle ? » rigola-t-il. « Celle qui m'a largué le jour de mon anniversaire ? »

J'ouvris des yeux ronds. Il n'avait pas du tout l'air affecté. Même plutôt amusé. Mais de ce que j'en savais, pour avoir un peu d'expérience de la situation, ça pouvait aussi bien être une carapace.

« Désolée, je ne savais pas... » tentai-je de m'excuser.

« Je peux t'en parler, si tu veux. » sourit-il. « Mais il faudra me rendre la pareille. »

« Euh... Tu n'es pas obligé... » tentai-je.

« On était ensemble depuis le lycée. » me coupa-t-il. « Ça s'était toujours bien passé. Elle a commencé des études supérieures en biologie marine. Son truc, c'était les mammifères marins. De mon côté, j'avais commencé des études de psycho. Mais c'était tellement de bullshit que j'ai même pas fini la première année. A la place, j'ai pris le reste de l'année pour voyager, voir de nouveaux paysages, de nouvelles personnes, me confronter à d'autres cultures. J'ai commencé par la Corée. J'ai des origines coréennes par mon père. Je voulais trouver un peu mes racines, quelque chose du genre. Et en même temps, j'ai commencé à prendre des photos, à créer un book. Quand je suis revenu, j'y suis allé au culot et j'ai présenté mon travail à différentes boites. J'ai vu que ça plaisait et j'ai même pu vendre certains clichés. On m'a même passé commande. C'est comme ça que j'ai pu débuter ma carrière de photographe. »

Il fit une pause, souriant à ces souvenirs. Et en même temps, il avait commencé une préparation sans aucune recette sous les yeux. Comment faisait-il pour gérer les deux choses en même temps ? Si j'avais le malheur de parler en coupant un légume, mes doigts y passaient.

« Le problème, c'est qu'avec ça, j'ai commencé à voyager de plus en plus. » reprit-il. « Bien sûr, je textais beaucoup ma petite amie et je lui envoyais des tas de photos de tous les endroits merveilleux que je visitais. Tout se passait bien. Et puis... »

Son regard s'assombrit.

« Le jour de mon anniversaire, je devais être à Milan pour un shooting un peu spécial avec une figure locale. Mais ça faisait un moment que je n'étais pas retourné chez moi. Et c'était un jour particulier. Alors j'ai décidé de faire une surprise à ma copine. »

Je croyais deviner la suite. Son histoire faisait étrangement écho à la mienne.

« Pour une surprise, c'était une surprise. » soupira-t-il. « Je l'ai trouvée dans sa chambre avec une petite tenue que je lui avais offerte. Et un autre homme. »

Une larme m'échappa. Pourquoi est-ce que les gens faisaient toujours ça ? Quel était l'intérêt ? Si les choses n'allaient pas, ne pouvaient-ils pas juste dire honnêtement que leurs sentiments avaient changé, sans rien cacher et sans rejeter la faute sur les autres ?

San haussa les épaules.

« Elle a dit que c'était parce que je n'étais jamais là. Elle n'a jamais demandé à ce que je le sois plus. Elle ne m'a jamais dit que ça la dérangeait. Si elle m'en avait parlé, on aurait pu trouver des solutions. Mais elle a préféré se trouver quelqu'un d'autre derrière mon dos. Elle ne sait pas ce qu'elle rate, n'est-ce pas ? » sourit-il.

J'eus un rire à travers les larmes que j'essayais de contenir.

« Ça, c'est sûr. » répondis je.

« C'est ton tour, maintenant. » me dit-il, d'un air malicieux.

Eh. Ce n'était pas si facile pour moi d'en parler.

« C'est... Compliqué. »

« Ce genre d'histoire n'est jamais simple. » m'encouragea-t-il.

Après tout, il m'avait raconté son histoire, lui aussi.

« Je... L'ai rencontré juste après le lycée. On était tous les deux en fac de lettres. » commençai-je. « Au début c'était... Enfin c'était la première fois que je sortais avec un garçon. J'ai toujours été coincée. C'était pas vraiment mon genre de garçon au départ mais... Je ne sais pas, ça a vite accroché. On se voyait tout le temps, on sortait tout le temps, il était gentil. Juste un peu pressant et... Enfin c'était le seul problème. Mais ça n'a pas été un problème longtemps en fait. »

Je pris un moment pour me remémorer le reste. Je n'en avais pas vraiment envie mais je me disais que ça pourrait me faire du bien. Je n'avais jamais raconté mon histoire dans son entièreté. Ni à mes amis, ni à mes parents, ni à mes colocs. Est-ce que ça les aurait seulement intéressés ?

« En fait, il a commencé à me faire des remarques. C'était trois fois rien mais... C'était sur ma tenue puis sur les personnes que je fréquentais et... Sur tout en général. Et j'avais l'impression de ne jamais être assez bien pour lui. Au début c'était juste entre nous. Je pensais qu'il me disait ça pour m'aider, pour que je m'améliore. Mais après, il a commencé aussi à le dire devant tout le monde et... Je crois qu'ils étaient d'accord. Je me sentais... Je me sens toujours comme une moins que rien. Je suis pas assez bien. Pas assez tout court. Il avait raison mais... C'était méchant de le dire devant tout le monde. »

Je respirai un grand coup.

« Et l'année dernière, je suis allée chez lui. Ça faisait un an et demi qu'on était ensemble, à peu près. Et... Comme toi. Il était avec une autre fille. Du genre super belle, blonde, type poupée Barbie. Je lui ai demandé des explications et il m'a répondu que... Que... »

Je repris une autre inspiration tellement c'était dur pour moi d'évoquer le sujet.

« ... Que je ne devais pas m'étonner puisque j'étais si décevante au quotidien. Que j'étais loin d'être bandante, trop plate, que je ne prenais pas assez soin de moi, qu'il avait honte de s'afficher avec moi, que je ne faisais aucun effort et qu'en plus de tout, j'étais complètement stupide. Que j'étais juste utile pour qu'il puisse se vider les couilles quand il voulait. »

« Et ben... » siffla San. « On dirait qu'il avait de la merde dans les yeux et dans le cerveau. »

Je m'essayai à un sourire tremblotant.

« C'est gentil. » lui répondis-je.

A défaut d'être sincère, au moins, il n'essayait pas de m'enfoncer plus que je ne l'étais déjà. C'était vraiment le mec parfait. Ok, il n'avait pas de copine. Mais ça n'allait pas durer longtemps.

Alors que je me perdais dans mes considérations, il enfourna sa préparation.

« Il va falloir laisser cuire un moment. » m'informa-t-il. « Mais ça nous laisse le temps de préparer le dessert. Tu m'aides ? »

« Je ne mentais pas quand je disais que je ne savais pas faire la cuisine. » lui rappelai-je.

« Si tu suis mes instructions, tout devrait bien se passer, je suis un bon professeur. »

« Ben tient. Encore une corde à ton arc, je suppose ? »

Il me fit un clin d'œil.

« Tu vas voir, c'est super simple. »

Il alla extirper de son sac une espèce de grande boite. Je comprenais mieux pourquoi son sac était si énorme. Dedans il y avait tous les ingrédients dont il avait besoin. Des marrons, du sucre, du beurre, des œufs... Mais qui se baladait avec ça sur lui ? Il était vraiment particulier, il n'y avait pas à dire.

« Il faut commencer par écraser les marrons. » dit-il en ouvrant le bocal sans efforts. « Tu te sens capable de le faire pendant que je mesure le reste des ingrédients ? »

« Euh... »

Je m'armai d'une fourchette et versait quelques marrons dans une assiette. Autant essayer. Sauf que les marrons n'étaient pas très coopératifs. Ils s'écrasaient mal et ils semblaient fuir ma fourchette. San éclata de rire quand l'un d'eux s'échappa de l'écrasage que je voulais lui faire subir pour sauter deux mètres plus loin.

« Tu ne t'y prend pas de la bonne façon. » s'amusa-t-il.

Et sans que je m'y attende, il se plaça derrière moi, attrapa mes mains et les guida pour faire le bon mouvement. Sauf qu'il n'y avait pas moyen que je retienne ça, sur l'instant. Comment j'en étais arrivée là ? A faire la cuisine avec un étranger un peu trop parfait et un peu trop proche de moi. Je pouvais même sentir son souffle dans mon cou. Oui, j'étais troublée. Et pour rien en plus.

« C'est bon ? Tu vois comment faire ? » me demanda-t-il en se reculant.

« Euh... Oui, oui. » répondis-je précipitamment alors que je n'avais rien imprimé du tout.

Est-ce que j'étais seulement capable de faire le moindre mouvement après ça ? Quoi que. C'était surement une bonne idée de me concentrer sur les marrons. Ou pas. Je m'en rendis compte en en faisant voler un deuxième à travers la cuisine.

San éclata franchement de rire.

« Je te remontre ? »

« Euh... Non, non. » refusai-je tout en bloc et les joues en feu. « Je crois que la cuisine, c'est tout simplement pas fait pour moi. Et si tu le faisais pendant que je mets le couvert ? » proposai-je.

Il eut un sourire amusé.

« Si tu préfères. » accepta-t-il.

Au final, nous avons parlé de tout et de rien pendant le diner. Il s'était arrangé pour faire des escalopes de dinde avec une sauce dont je n'identifiais pas les ingrédients mais qui était absolument succulente, le tout, accompagné d'un assortiment de légumes parfaitement assaisonnés. Rien à voir avec ce que j'avais l'habitude de manger. Je me demandais même s'il n'avait juste pas donné un coup de baguette magique à tout ça quand je ne regardais pas. C'était tout de même impossible d'improviser un truc aussi bon, non ?

Ensuite, nous avons fait la vaisselle ensembles, moi à la plonge, lui à l'essuyage et, je devais avouer que c'était sympa de ne pas être toute seule, au final. C'était comme si j'avais le droit à une petite pause dans mes pensées noires.

Tout naturellement, nous étions revenus sur le canapé pour discuter après avoir lavé la vaisselle. Nous partagions le plaid en buvant du thé. Je m'étais même laissée aller à en prendre un aux épices. C'était vrai que j'aimais ça, avant. Avant que je ne fasse un rejet de Noël. Et j'aimais toujours autant ça, en fait. Au fond, ça n'avait jamais été Noël le problème. Mais... Je n'aimais pas cette période quand même.

D'un coup, San regarda sa montre.

« Il est minuit passé. » annonça-t-il. « C'est l'heure des cadeaux. »

« Euh... En tant qu'invité de dernière minute, tu te doutes bien que je n'ai rien pour toi. » lui fis-je remarquer. »

« Hum... Improvise. C'est l'intention qui compte. L'important c'est de faire un cadeau, peu importe ce que c'est. »

Je pris le temps de réfléchir un instant.

« Bon d'accord. Alors ferme les yeux. » lui demandai-je.

Histoire de respecter la tradition. Il obéit sagement pendant que je me levais et allais fouiller dans mes tiroirs. J'en sortis un petit écrin noir, non sans un léger pincement au cœur.

« Tends tes mains. » ordonnai je à San en revenant au salon.

Je posai le petit écrin dans ses mains tandis qu'il s'exécutait.

« Tu peux ouvrir les yeux. » dis-je.

Il les baissa immédiatement pour découvrir la petite boite. Il l'ouvrit et y trouva un bracelet pour homme en argent.

« C'est ce que je devais lui offrir, ce soir-là. » lui expliquai-je. « Je ne savais pas vraiment comment m'en débarrasser alors... J'espère que tu ne le prends pas mal... »

« Non, pas du tout. » sourit-il.

Il prit le bijou et l'enfila. Ça faisait contraste avec sa peau dorée. Au moins, le bijou rendait honneur à quelqu'un qui le méritait.

« C'est plus que ce à quoi je pouvais m'attendre pour quelque chose d'improvisé. » admit-il.

« Ton cadeau à intérêt à être à la hauteur, alors. » plaisantai-je.

« Il n'y a qu'une façon de le savoir. » me répondit-il, les yeux brillants. « Ferme les yeux. »

Je lui obéis en me demandant ce qu'il avait prévu. Avec les yeux fermés, je n'avais pas l'impression qu'il bougeait mais c'était difficile à savoir. Et puis, le canapé s'affaissa un peu et il passa une main derrière ma nuque alors que ses lèvres se posaient sur les miennes.

Je n'eus pas vraiment le temps de réaliser. C'était tellement doux. Tellement parfait. Je me laissai happer par l'instant, osant explorer les lèvres qui étaient venues à l'assaut des miennes, laissant sa langue caresser la mienne sans retenue.

Jusqu'à ce que tous mes doutes me reviennent en pleine figure.

Je me reculai, un peu affolée.

« C'est quoi comme genre de cadeau, ça ? » demandai je, un peu agressivement.

« Une preuve. » répondit-il très doucement. « Une preuve que tu es suffisamment belle, attirante et intéressante pour que quelqu'un ait envie de t'embrasser après seulement quelques heures de discussion avec toi. »

Oh non. On me l'avait déjà faite, celle-là.

« C'est pas vrai... Je suis bête. Ça pouvait pas être aussi beau. Toi aussi tu veux... Tu veux juste qu'on... »

J'étais tellement dégoutée que je n'arrivais même pas à finir ma phrase. Les mecs étaient tous les mêmes, au fond.

Il fit une sorte de grimace tragi-comique.

« Je ne suis pas un homme si facile. » protesta-t-il. « Et même si ça m'aurait sans doute beaucoup plu, je ne couche jamais le premier soir. »

J'en restai comme deux ronds de flan.

« J'ai l'habitude de veiller beaucoup plus tard pour le réveillon mais... Je suppose que c'est assez d'émotions pour ce soir. » s'amusa-t-il. « Et puis, je dois repartir tôt demain si je veux pouvoir passer au moins une partie des fêtes avec ma famille. »

« Euh... Tu peux dormir dans la chambre d'une de mes colocs. » lui indiquai-je, prise au dépourvu. « Je changerai ses draps avant qu'elle revienne. »

« Ça marche. » accepta-t-il.

Et sans en attendre plus, il disparut derrière la porte que je lui indiquais, me laissant pleine de questions. Qu'est ce qui s'était passé exactement ? Ou alors j'avais juste rêvé ?

Croyez-moi, j'eus le plus grand mal à m'endormir.

Quand je rouvris les yeux, il faisait déjà grand jour. Je consultai mon portable. 10h24. Ah oui. J'avais bien dormi, quand même. Je m'étirai longuement avant de penser à me lever. Est-ce que San m'attendait dans le salon ?

Je franchis la porte de ma chambre mais personne n'était en vue dans l'appartement. Tout était même bien silencieux. Lui aussi faisait la grasse matinée ? Je jetais un coup d'œil vers l'entrée, le temps de me rendre compte que l'énorme sac, le manteau et les chaussures de San avaient disparu. Oh. Alors il était juste parti comme il était venu. Je ne savais pas trop si j'étais soulagée ou déçue. Je ne savais pas vraiment ce que j'avais vécu la veille non plus. Ni quoi en penser.

Bon et bien... Puisqu'on en était à un retour à la normale... J'allai à la cuisine pour me faire un thé. Noir. Amer. Pour ne plus penser à tout ça.

Mais alors que j'arrivais dans la cuisine, je me rendis compte qu'il y avait une tasse remplie d'eau avec un sachet de thé de Noël infusé dedans, bien que plus très chaud, et sous une cloche, des tartines beurrées avec un mot.

J'attrapai celui-ci avec curiosité. Un numéro y était inscrit avec une note.

Je ne couche pas le premier soir mais je ne réponds pas du deuxième.

A toi de décider s'il aura lieu. Je l'espère.

Je me mis inexplicablement à sourire. J'attrapai mon portable sans attendre et notait le numéro avant d'envoyer un message.

Je crois que finalement, je pourrais apprécier le prochain Noël si tu es avec moi.

La réponse ne se fit pas attendre longtemps.

Je reviendrai te voir bien avant.

J'avais hâte. Peut-être que les miracles de Noël existaient, au final.

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