4 décembre.
Il fait froid.
Leïla attrape un plaid qui traîne sur son lit et s'enroule dedans. Elle n'a pas de cours en visioconférence, aujourd'hui, alors elle peut se permettre de ne ressembler à rien.
Elle a une dissertation à écrire pour l'université, et si n'importe quelle autre personne aurait remis cette tâche laborieuse à plus tard, c'est avec plaisir que Leïla s'y attele. Elle n'affectionne pas particulièrement le livre sur lequel la dissertation doit s'appuyer--Frankenstein, de Mary Shelley--, mais ce n'est pas un critère pertinent pour elle lorsqu'il s'agit d'écrire une dissertation. L'histoire n'est pas le plus important, l'intrigue importe peu. Ce qui compte, ce sont les mots et leur sens. Les figures de style, les tournures de phrases, les choix de mots. Leïla pourrait passer des heures à analyser tout ça : elle trouve ça tout simplement passionnant.
Il se moquait d'elle quand elle faisait ça. Il lui avait un jour demandé pourquoi elle achetait les livres au lieu de les emprunter à la bibliothèque. Elle lui avait répondu qu'elle avait besoin de les posséder pour pouvoir écrire dedans. Elle écrit toujours au crayon de papier, de peur de changer d'avis un jour et de décider de vendre certains de ses livres. Ce n'est jamais arrivé jusqu'à maintenant. Elle les lit plusieurs fois, et elle découvre de nouvelles choses à chaque fois.
Elle avait besoin de vivre tous les livres qu'elle lisait, et encore plus depuis son départ. C'était son échappatoire.
Dans les livres, il n'était pas là pour lui briser le cœur.