Sophia en média
Pourquoi dont-on toujours tomber dans leurs vieux pièges ? Il faut reconnaître que leur plan est à la fois si astucieux et bête que c'en devient embarrassant. On s'est faite bernées par un gamin de quinze ans ! J'aurais dû me douter que Rob est de mèche avec les Tentateurs, Nadine m'a confié qu'il les vénérait.
J'imagine qu'elle est coincée avec James, et Kendall avec Noah. Je ne doute pas qu'elles sauront les remettre à leur place même si je commence à douter du niveau de résistance de Kendall depuis que j'ai appris qu'elle a embrassé Noah. Je ne parviens pas à m'imaginer mon amie et ce salaud enlacés. Malgré mes efforts pour faire comme si de rien n'était, ça me titille énormément.
Peut-être que je ne connais pas Kendall aussi bien que je ne le pensais. Peut-être que les avertissements et les infos que je lui livre depuis le début de l'année n'ont servi à rien. Pourtant, elle m'a tout de suite plu il y a quelques semaines de ça, quand je l'ai rencontré. Et elle a démontré à de nombreuses reprises qu'elle était une fille intelligente et caractérielle. Je n'oublie pas la fois où elle a frappé Carter pour l'empêcher de me choisir en tant que pion, ou le jour où elle s'est violemment battue avec Annabeth qui se prend pour Miss Univers.
Ça ne fait aucun doute, Kendall a du plomb dans la cervelle. Je m'en veux d'en avoir douté mais alors pourquoi diable a-t-elle embrassé Noah ?
— Dégage ! pesté-je à l'intention de Carter.
Ses mains baladeuses m'ont fait revenir à la triste réalité : voilà une heure que je suis enfermée avec lui dans un petit salon privé.
— Ne fais pas ta sainte-nitouche. J'aurais vraiment dû choisir Sophia pour venir ici. Elle est cent fois plus sexy que toi, de toute façon.
Je fusille le blond du regard, dégoûtée. Je sais avec certitude que James est le pire des Tentateurs mais Carter n'est pas loin sur le podium. Il y a quelque chose de profondément sournois dans sa personnalité et ça me file les jetons. Sans compter que Sophia est sans doute entrain de poireauter dans le couloir puisqu'elle n'a aucun Tentateur avec qui être séquestrée.
La veinarde.
Ce qui me permet de tenir, c'est Gabrielle. C'est pour elle que je me suis enfoncée dans cette galère et ça, je ne le regretterai jamais. J'ai beau passer mon temps à me disputer avec ma petite sœur, l'amour que je lui porte est inconmensurable. Et l'idée que Carter puisse en faire son pion me donne la nausée.
— Tu es fidèle, Betty. C'est une qualité que j'apprécie, vraiment.
Je plonge les yeux dans les prunelles remplies de malice du Tentateur.
— Comment ça ?
— Eh bien... tu meurs d'envie de coucher avec moi, je le sais, affirme-t-il tout en infiltrant sa main entre mes deux cuisses.
Je la repousse violemment avec un cri étranglé.
— Mais tu te sens coupable par rapport à Katrina. Tu ne veux pas la trahir.
Ses paroles réveillent en moi la douleur et le chagrin. Je sens mon visage se décomposer. Comment Carter peut-il être aussi cruel au point d'évoquer Katrina pour me faire du mal ? Il a bien fait quelques sous-entendus hier soir, ce qui a piqué la curiosité de Kendall, mais comment peut-il en parler aussi ouvertement ? Sans compter que si James l'entend, il lui casserait la gueule.
— Ne parle pas de Katrina, prononcé-je. Tu n'en as aucun droit.
J'ai l'impression que ce nom dans la bouche du Tentateur est une obscénité.
— Ça te ferais du bien d'en parler, insiste-t-il avec une fausse gentillesse. Peut-être que ça te libérera et que tu seras plus ouverte au Temptation's Game. Tu ne trahirais pas Katrina en passant du bon temps avec moi. Tu honorerais sa mémoire.
Malgré ma rage, les larmes me montent aux yeux. J'essaie de les empêcher de couler, si bien que ma respiration se bloque et que j'en oublie que Carter est entrain d'encercler mes hanches de ses bras.
— Allez, Betty. Je peux te détendre...
Son corps exerce une pression insupportable sur le mien. Reprenant mes esprits, je ravale mes larmes, le repousse et rugis :
— Ne parle pas d'elle comme si elle était morte !
— Enfin, c'est tout comme, dit-il avec agacement. Dis-moi, tu ne l'as pas vu depuis combien de temps ? Ne me fais pas croire que tu lui rends régulièrement visite, je sais que c'est faux.
Et comme si Dieu était de mon côté, une sorte d'alarme retentit sur le portable de Carter. Ses traits ciselés se déforment en une grimace colérique.
— Cette sonnerie est signe que je dois te laisser partir.
Ni une ni deux, je bondis hors du canapé et me dirige tout droit vers la porte. Tandis que mon bourreau s'empare de la télécommande pour que le verrou cesse de fonctionner, il m'avertit :
— Ce n'est que le début, Betty. Mon plan initial était de te baiser ce soir et bien que ça soit tombé à l'eau, je te jure que je me vengerai. Ne crois pas que j'ai oublié tes deux connes de copine. Kendall et Nadine paieront pour les claques qu'elles ont cru bon de me foutre. Ça vaut pour toi aussi.
Ce type est complètement malade.
Je lui présente mon majeur, me précipite dans le couloir et claque bruyamment la porte derrière moi. Je trouve une Sophia dépitée assise par terre. Lorsqu'elle me voit, elle se lève d'un bond.
— Oh mon Dieu, Betty, tu es enfin là ! Je n'arrive pas à le croire ! s'écrie-t-elle. Rob m'a raconté en détail leur stupide plan avant de me laisser planter là. Il a eu le culot de me suggérer de « venir faire la fête avec lui ». J'ai bien essayé de frapper aux portes pour énerver les Tentateurs mais je crois que ces pièces sont insonorisées. Tu n'as rien entendu ?
Je secoue la tête tout en extirpant mon paquet de cigarettes de mon sac.
— Tu as eu de la chance de ne pas te retrouver enfermée avec Carter. Ce mec est barjo, vraiment.
La haine que j'éprouve pour lui ne fait que s'amplifier lorsque je repense a tout ce qui s'est passé dans le salon privé. Il a osé me toucher ! Et parler de Katrina ! Pourquoi ne lui ai-je pas cassé le nez ? Pourquoi ne l'ai-je pas castré, bordel ? Je laisse la nicotine envahir mes poumons pour me calmer et recrache rageusement la fumée.
Soudain, deux autres portes du couloir s'ouvre à volée, dévoilant Kendall et Nadine.
— Tout va bien ? les questionne Sophia.
Toutes deux ont l'air... étourdies.
— Parfaitement, bredouillent-elles en chœur.
Je n'y crois pas une seule seconde. Nadine sautille d'une jambe à l'autre comme si elle ne pouvait pas s'empêcher de gigoter et Kendall semble complètement sur une autre planète. N'ayant rien remarqué, Sophia s'égosille :
— C'est dégueulasse, vraiment ! On est vraiment bêtes ! Comme si on avait assez de chance pour se faire inviter à Stars' Room. C'était évidemment qu'il y avait anguille sous roche !
— J'aurais dû m'en douter, affirme Nadine, la mâchoire contractée. Rob veut être Tentateur l'an prochain, quand les garçons iront à l'université. Il passe son temps à leur rendre des services pour se faire bien voir.
— Ce sont les Tentateurs qui décident qui leur succédera ? s'enquiert Kendall.
— Oui. Si Rob est Tentateur l'an prochain, je n'ose imaginer ce qu'il engendrera.
Pense à autre chose.
Pense à autre chose.
Impossible de penser à autre chose qu'à ce qu'il s'est passé dans le salon privé tout à l'heure. La scène monopolise mes pensées et je ne parviens pas à me concentrer sur quoi que ce soit d'autre. Pourtant, ça me paraît irréel. Comme si ça ne s'était jamais passé. Alors que ça fait trois quart d'heure à peine.
J'ai l'impression de flotter. Ce soir, j'ai obtenu une grosse victoire. Ce soir, beaucoup de choses ont changé et peu importe si je n'arrive pas à savoir quoi. Désormais, je suis bien au-dessus de Carter et de ses attaques.
Alors j'essaie de penser à autre chose. Dans le taxi, j'observe tour à tour Betty et Nadine qui elles aussi n'ont pas beaucoup ouvert la bouche depuis tout à l'heure. La blonde paraît en colère tandis que la brune ne laisse transparaître aucune émotion. Je me demande ce qu'il s'est passé pour elles. Ont-elles eu une altercation aussi mouvementée que moi avec James et Carter ?
Plus l'on approche de la maison de Nadine, plus Sophia semble nerveuse. Pendant un instant, je suis tellement dans la Lune que je me demande pourquoi, puis je me rappelle : Spencer. Étant le grand frère de Nadine, il doit certainement être chez lui, sauf si il est de sortie. Tout à l'heure, il m'a plutôt semblé en mode révisions.
Alors que nous réunissons l'argent pour payer le taxi, j'envoie un message à ma mère pour lui rappeler que je dors chez une amie.
— Il est minuit passé, murmure Nadine. Essayons de ne pas faire de bruit au cas où mon père dormirait.
— Ou ton frère, renchéris-je avec un regard en coin pour Sophia.
— Il dort tard, dit Sophia.
Quelle gaffe ! Le visage de la blonde blêmit lorsque Nadine tourne des yeux perplexes dans sa direction.
— Non ? ajoute-t-elle pour faire passer son affirmation pour une question.
— Si, admet Nadine.
Dans la maison règne un silence religieux. Nous traversons la grande cuisine, l'immense salon et gravissons les escaliers pour atterrir dans le couloir qui mène à la chambre de Nadine. Une porte est entrouverte et de la lumière s'échappe de la pièce.
— Nad ? C'est toi ? lance une voix masculine.
Nous sursautons de concert. Je sens Sophia tressaillir à mes côtés.
— Putain, Spencer, tu m'as fait peur ! s'indigne Nadine.
Le ricanement du jeune homme s'élève.
— Tu es seule ?
— Non. Mes copines sont avec moi.
La main de Sophia cherche la mienne dans le noir. Je la presse.
— OK, fait la voix de Spencer après un blanc.
— Bonne nuit, frangin.
Nous continuons notre route jusqu'à la chambre de Nadine et je lâche la main de Sophia. Dans son regard, je lis la frustration qu'elle éprouve de ne pas pouvoir expliquer à Spencer les raisons de son ignorance.
Hier, nous nous sommes endormies ivres mortes mais ce soir, nous sommes bien décidées à exécuter notre routine d'hygiène. Nous nous lavons à tour de rôle, nous brossons les dents et enfilons des pyjamas prêtées par Nadine.
Betty et moi nous nous installons dans le futon tandis que Sophia et Nadine se couchent dans le lit.
— J'ai la haine, lance notre hôte dans la pièce sombre.
— Et moi donc ! s'exclame Betty allongée à côté de moi.
— Rob est un sale con. Il mérite de crever.
— On l'aura, notre vengeance, un jour.
— Un jour, peut-être.
*
Je ne sais plus exactement comment l'on s'est endormies mais je me souviens qu'on était entrain de fomenter toutes sortes de plans pour faire regretter aux Tentateurs leurs existences. C'est spectacle du petit minois ensommeillé de Betty que je découvre au réveil.
— Il est onze heures, m'indique-t-elle.
Je soupire et m'étire tandis qu'elle entreprend de réveiller Sophia. Il faut une bonne dizaine de minutes pour réveiller Nadine qui est officiellement la reine des marmottes. Lorsqu'elle se réveille enfin, le visage bouffi de sommeil, elle déclare aussitôt :
— Merde, j'avais oublié la soirée d'hier. Pendant un instant, j'ai presque cru qu'on avait passé un bon moment à Stars' Room.
La soirée d'hier, je ne sais pas comment l'appréhender. Devrais-je être fière de moi pour avoir déclenché en Noah une réaction masculine frustrante ? Devrais-je avoir honte de moi pour m'être abaissée à un tel niveau ? Ou pour avoir moi aussi eu un fort désir charnel ?
Je décide de ne pas plonger dans la négativité. À cet instant, Noah doit certainement ruminer alors je ne peux que jubiler. Dommage que je ne puisse pas faire part de ma petite victoire à mes amies. Je ne sais pas comment elles réagiraient et honnêtement, je n'ai pas envie qu'elles aient une mauvaise image de moi. De plus, je préfère garder ça secret.
— Il n'y a rien de bon à manger, se plaint Nadine en inspectant le placard de sa cuisine. Ce crétin de Spencer a terminé toutes les Lucky Charms.
Ce dernier brille par son absence, ce qui ne manque pas de soulager Sophia. Personnellement, je pourrais me contenter d'un bol de porridge mais Nadine propose de prendre un petit-déjeuner dehors. Elle suggère de prendre le bus mais je n'ai pas ma carte alors nous nous résignons à marcher. Le Starbucks Coffee n'est qu'à dix minutes à pied de chez elle.
De nouveau, j'emprunte des vêtements à mon amie. Comme il y a un gros soleil dehors, j'opte pour un short en tissu noir et un top de la même teinte — décidément, le noir est la couleur de prédilection de Nadine ! Son dressing ne contient quasiment que cette couleur.
Le ventre criant famine après cette marche, nous prenons la direction du comporte et quelle fut notre surprise lorsque nous reconnaissons ce grand jeune homme vêtu d'un tablier et d'une cassette à l'effigie du café !
— Mike !
L'intéresse nous gratifie d'un large sourire.
— Décidément, nous ne faisons que nous croiser, commente-t-il en faisant référence au bal d'automne. Vous êtes sûres que vous ne me tracez pas d'un GPS ?
— Nous voilà démasquées, réponds-je avec un sourire. Tu vas bien ?
Il sourit et enfonce comiquement sa casquette sur son crâne.
— Ça roule et vous ? Nadine, Sophia, Betty ?
Il envoie des coups d'œil insistants à Betty. J'avais déjà pu constater leur complicité au bal mais de là à la reluquer ! Avec amusement, j'observe ma copine blonde qui n'a pas manqué de remarquer ces œillades. Ses joues prennent alors une teinte rose vif.
— Je prendrai bien un bagel, l'informe-t-elle en le regardant droit dans les yeux. Avec un Refresha à la fraise.
Lorsque vient mon tour, je réclame un café latte et un muffin. Je conseille aux filles de partir à la recherche d'une table tandis que j'attends ma commande. Une fois que je l'ai, je paye et remercie chaleureusement Mike, puis fais volte-face et me dirige à la table où mes amies se sont assises.
En passant, je heurte l'épaule de quelqu'un. Mon latte à la vanille s'incline et le temps que je m'en rendre compte, une bonne partie est déjà renversée sur la personne.
— Aïe ! lâché-je sous le coup de la surprise.
Mon estomac se noue et mes joues s'empourprent lorsque je découvre un homme tout aussi brusqué que moi par cet incident.
— Bon sang, vous ne pouvez pas faire attention ! s'exclame-t-il en inspectant son polo taché de boisson.
Je bafouille des excuses alors que le liquide dégouline sur son pantalon.
— Je suis vraiment désolée ! Laissez-moi vous aider !
Je m'empare des serviettes que j'avais en main et éponge en vitesse le t-shirt de cet homme. Je m'apprête à éponger son pantalon lorsqu'il arrête ma main d'un geste agacé.
— Ça ira, merci, tranche-t-il d'un ton sec.
Je me sens rougir, m'excuse une nouvelle fois et m'empresse de filer au comptoir où Mike, témoin de la scène, ose un petit sourire.
— Eh bien, quelle rencontre ! Ne fais pas attention, il n'est pas méchant.
— Tu le connais ? murmuré-je en m'appuyant sur le comptoir.
Le jeune homme hausse les épaules.
— Il vient souvent déjeuner ici depuis quelques temps.
Je soupire honteusement.
— Est ce que je serai obligée de payer une nouvelle fois si je me décide à reprendre un café latte ?
— Évidemment !
Je roule gentiment des yeux tandis qu'il active la machine. Quelques minutes plus tard, le trajet jusqu'à notre table se fait sans heurts.
— Enfin, soupiré-je en m'essayent à la droite de Nadine.
Mes sourcils se froncent lorsque je me rends compte que les filles se gondolent.
— Quoi ?
— Tu l'as essuyé comme dans un film à l'eau de rose. Et tu - tu lui as mis la main sur son panta- pantalon, articule Nadine en proie à une violent fou rire.
— C'était tellement drôle ! pouffe Sophia.
— « Laissez-moi vous aider ! », « Ça ira, merci. », imite Betty. T'étais toute rouge, Kendall !
Je lève les yeux au ciel et bois une gorgée de ma mixture pour réprimer un sourire.
— Il s'agirait de mûrir.
Bientôt, leur rire devient contagieux et je me mets à me moquer de moi-même tout en expliquant à quel point j'étais mal à l'aise. Nous nous stoppons lorsque Mike débarque et s'installe à notre table.
— C'est ma pause. Je peux m'assoir ?
Nous acceptons et papotons tous ensemble durant une dizaine de minutes. Une fois de plus, je ne peux que remarquer l'intérêt que semble apporter Mike à tout ce que dit Betty et vice-versa.
Lorsqu'il nous quitte pour se remettre à travailler, nous promettons de revenir le voir.
— Il est vraiment adorable, commente Nadine. On y va, les filles ?
— Je vais rentrer chez moi, histoire de m'attaquer à ma pile de devoirs, annonce Sophia.
— Pareil, répondons Betty et moi.
Nadine, qui semble déçu, nous embrasse tour à tour, puis s'en va. Vient ensuite le tour de Sophia et Betty. Après nous être toutes souhaité une bonne fin de week-end — notre dimanche ne peut pas être pire que notre vendredi et samedi soir — , nous nous quittons toutes. Une fois seule, je décide d'appeler ma mère, qui décroche immédiatement.
— Tiens, une revenante, ironise-t-elle.
— Bonjour maman, comment vas-tu ?
— Très bien et toi ma chérie ? Tu aurais pu m'appeler pour me donner de nouvelles parce que les textos, c'est pas ce qu'il y a de meilleur. Où as-tu dormi ces deux derniers jours ? Chez un garçon ?
— Mamaaaan ! m'exclamé-je avec un soupir. Je te l'ai dit cent fois : j'étais chez Nadine ! Qu'est ce que tu fais ?
Nous parlons un peu puis je la supplie de venir me chercher au café. Je n'ai pas assez d'argent pour prendre un taxi qui me ramènerait jusqu'à Brentwood et j'ai laissé ma carte de bus à la maison. Elle accepte et m'indique qu'elle sera là dans un quart d'heure.
Lorsqu'elle arrive, je lui fais un signe de main. Ma mère s'approche et m'enlace :
— Comment s'est passé ton bal, au fait ?
— Merveilleusement bien.
Quelle menteuse je fais.
— Au revoir, Kendall, lance Mike en nous voyant approcher de la sortie. Bonjour, madame. Vous voulez commander ?
— Non, non, refuse ma mère avec un sourire chaleureux.
— Maman, voici Mike, le présenté-je. Mike, ma mère.
Ils échangent des cordialités puis nous saluons mon ami pour de bon.
— Il est charmant, fait ma mère. Tu t'es bien intégrée ici, je suis heureuse que tu te sois faite des amis.
Alors que je m'apprête à ma moquer d'elle en disant que « heureuse » est un terme un peu trop fort, ma mère se fige net. Je suis la trajectoire de ses yeux bruns et remarque qu'elle fixe l'homme que j'ai bousculé tout à l'heure. Il se tient à quelques mètres de nous, près de la sortie. Oh non, pas lui ! La honte !
Celui-ci se tourne vers nous et de là, son masque impassible se fissure. Ses yeux s'écarquillent et sa bouche s'entrouvre. Il ne semble même pas m'avoir remarqué. Il observe... ma mère ?
— Hermione ?
Euh ? Qui est-il et comment se fait-il qu'il connaisse le prénom de ma mère ? Cette dernier a l'air dans tous ses états : elle pâlit, puis rougit brutalement.
— Maman ? tenté-je.
Ses lèvres se descellent.
— Bonjour, Robert. Ça faisait longtemps.
Beurk ! Il a le même prénom que ce con de Rob !
— Effectivement, répond poliment l'homme. Tu as une fille ?
Maman déglutit si difficilement que le bruit de sa salive glisser dans sa gorge me parvient aux oreilles.
— Oui.
Le dénommé Robert me considère un instant du regard. J'ose à peine l'affronter en sachant que c'est moi qui ai ruiné ses vêtements.
— Comment connaissez-vous ma mère ?
Un petit silence prend ses marques. Il ne daigne pas m'accorder une réponse et se tourne vers maman qui semble troublé.
— Je suis... ravi de t'avoir revue, aussi impromptue soit cette rencontre. Je suis assez pressé donc je vais m'en aller.
À l'entendre, il n'est pas ravi du tout mais là n'est pas la question. Car une idée horrible, stupéfiante, excitante et saugrenue me vient à l'esprit. Un « attendez ! » s'échappe de ma gorge lorsque l'homme pivote sur ses talons.
— Comment vous vous appelez, déjà ?
Le type se retourne, étonné. Ma mère se crispe à mes côtés. Quant à moi, mon ventre s'est noué.
— Robert.
Je frissonne. Je ne peux pas le croire. Si c'est faux, c'est la plus grosse coïncidence de l'univers tout entier.
— Maman, dis-je d'une voix rauque.
Je suis incapable de dire autre chose. Ma mère m'envoie un regard rempli de frayeur.
— Bon, s'impatiente l'homme. Au revoir, Hermione. Au revoir, jeune fille.
— Non !
— Maman, est ce que c'est... ?
Les yeux bruns de ma mère sont remplis de panique mais je n'en ai que faire. Il faut que je sache.
— Maman, est ce que c'est mon père ?
* * * * * *
HEY !
Comment allez-vous ? Aujourd'hui, c'est les résultats des examens ! Plein de bisous à tous mes bacheliers !
Cet homme, Robert, le père de Kendall ? Qu'en pensez-vous ? Et si ça ne l'est pas : qui est-il ?
Ne vous laissez pas trop distraire par cette fin de chapitre mouvementée ; n'oubliez pas le PDV de Betty et ce que Carter lui a dit ! Pourquoi Betty trouve-t-elle que James est le pire des Tentateurs ? Qui est Katrina ... ? Pour vous donnez plus d'indices, elle est évoquée dans le chapitre 29 !
Faites exploser les votes et les abonnements pour ce chapitre ! ❤️
Passez un bon mardi !