Mach 2 L'amour dans le viseur...

By Loraline_Bradern

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Tome 3 de la duologie Mach 2 En relevant le défi lancé par ses amies, Alexandra ne se doutait pas que sa vie... More

IL EST DISPO AVEC UN PEU D'AVANCE !
Sortie numérique du tome 1
Sortie numérique
Souvenirs souvenirs
On exhume les dossiers !!!
Remerciements
SORTIE BROCHE
1. Face-à-face inopiné ~ Nathaniel (version éditée)
2. Aviateur VS Dragon ~ Nathaniel (version éditée)
3. Soirée entre copines ~ Alexandra (version éditée)
4. Confidences entre amis ~ Alexandra (version éditée)
6. Vie de famille ~ Alexandra (version éditée)
7. Engagement ~ Nathaniel (version éditée)
Sortie numérique du tome final
Réseaux

5. Imoucha ~ Alexandra (version éditée)

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By Loraline_Bradern


Après un samedi pluvieux, nous profitons du retour du soleil pour faire une balade dominicale du côté de la Sainte-Victoire. Mon pilote s'est mis en tête de monter jusqu'à la Croix de Provence. Pendant que je préparais nos sacs à dos avec pique-nique, goûter et eau, Nathaniel s'est occupé de Clémence. Il a déjà fait une randonnée dans la Sainte-Victoire et pensait nous emmener faire le sentier classique des Venturiers, mais je l'en ai dissuadé. Je ne suis pas très fan de ces chemins bétonnés qui sont certes très praticables, mais qui, selon moi, dénaturent le paysage. À la place, j'ai préféré lui proposer un itinéraire plus pittoresque et relativement facile d'accès, même pour une petite fille de cinq ans. C'est donc moi qui suis la préposée à l'orientation cet après-midi.

J'indique la direction à prendre à Nathaniel pendant qu'il conduit et une demi-heure plus tard nous nous garons sur le grand parking aménagé du barrage de Bimont. Sacs à dos sur les épaules et chaussures de marche aux pieds, nous entamons notre périple. La traversée du barrage est source d'émerveillement pour Clémence qui ne cesse de vouloir regarder des deux côtés. Cependant, sa petite taille l'empêche de voir au-delà du mur du parapet. Très rapidement, Nathaniel cède à sa bouille suppliante et la prend dans ses bras. À peine le barrage franchi, je bifurque sur la gauche vers un sentier balisé.

— Où on va ? demande Clémence étonnée. Le grand chemin est de l'autre côté !

— On ne va pas emprunter la route en terre, mais ce sentier. Nous serons plus tranquilles, car il y aura moins de monde.

— Mais on ne va pas se perdre ? s'inquiète ma petite élève.

— Tu vois les traits bleus sur l'écorce des arbres et sur les rochers ? C'est le balisage qui nous permet de savoir que nous sommes sur le bon chemin. Grâce à ces repères, nous ne pourrons pas nous égarer.

— C'est un peu comme les pierres du Petit Poucet, renchérit Nathaniel. Sauf qu'ici ce ne sont pas des cailloux blancs, mais des traits de peinture bleue.

— Cet itinéraire s'appelle le sentier Imoucha.

— Y a des mouchoirs sur ce chemin ? demande Clémence avec perplexité.

Je ne peux me retenir de rire à sa question, mais je m'efforce de maîtriser mon hilarité pour ne pas la vexer avant d'expliquer :

— Cela n'a rien à voir. Ce sentier a été baptisé ainsi en hommage à Henri Imoucha. C'était un alpiniste et un grand randonneur qui est à l'origine de la restauration du prieuré que nous visiterons tout en haut de la montagne.

Le sentier est agréable à suivre, il s'élève entre les pins et les chênes verts auxquels se mêlent des buis. En cours de route, je ne peux m'empêcher de nommer certains arbustes ou de faire observer à Clémence les particularités de certaines plantes. Les différentes variétés de chênes, de cistes, de genévriers, les filaires, les argelas, les plantes aromatiques telles que le romarin, le thym, la sauge... tout y passe. Clémence et Nathaniel se montrent très intéressés, même si j'ai quelques doutes sur les motivations véritables de mon pilote, car il ne manque pas une occasion de me toucher – pour ne pas dire peloter – dès qu'il se penche vers moi pour soi-disant observer ce que je montre à sa nièce.

Au bout d'une heure de marche environ, la végétation change. Elle se fait plus basse, plus espacée. Les chênes verts et blancs cèdent la place aux chênes kermès aux feuilles piquantes. Nous cheminons dans la garrigue. Les plantes aromatiques et les plantes de rocailles s'étalent sur le sol entre les roches calcaires. Quelques fleurs font leur apparition ici et là et enchantent Clémence, mais je dois réfréner son envie de les cueillir pour faire un bouquet, car c'est une réserve naturelle. L'ombre est peu présente, mais le vent, bien que de faible intensité, ne se laisse pas oublier.

Le sentier court sur la crête des Costes Chaudes et nous offre une magnifique vue sur les versants nord et sud du massif. Nous nous arrêtons pour boire et faire une petite pause. Nathaniel profite de ce que Clémence est occupée à observer des insectes pour m'enlacer et m'embrasser. Il est de plus en plus tactile avec moi et je dois reconnaître que j'adore ça. J'aime quand il me tient la main pendant notre balade ou lorsqu'il me prend par la taille pour m'aider à franchir un passage un peu plus difficile. Plus les jours passent et plus mes sentiments s'intensifient. Au point que je dois me faire violence pour m'empêcher de prononcer trois petits mots très évocateurs. J'ai peur de le faire fuir si je lui avoue que je suis tombée amoureuse de lui. D'autant plus que je sais que Rébecca va bientôt sortir du centre de rééducation. Même si mon pilote m'a déclaré vouloir essayer de se poser avec moi, l'avenir de notre relation me paraît plus que jamais incertain. J'appréhende le moment où il n'aura plus besoin de moi pour garder Clémence. Je ne peux m'empêcher de craindre qu'il ne se ravise en se rendant compte qu'il s'est leurré en pensant avoir des sentiments pour moi.

— Ça suffit les bisous, on n'arrivera jamais en haut si vous vous arrêtez tout le temps !

La voix mi-indignée, mi-grondeuse de Clémence vient perturber notre câlin. La chipie n'a pas tort, et nous rions de nous faire morigéner de la sorte. Main dans la main, nous reprenons notre ascension. Nous traversons la crête des Costes Chaudes sur toute sa longueur puis cheminons jusqu'au Pas du Moine signalé par un cairn, en passant par le Pas de l'Escalette. En chemin, nous nous arrêtons à deux reprises pour admirer la vue. Ce parcours sur la crête est un véritable belvédère aérien. La couleur émeraude du Lac de Bimont en contrebas attire immanquablement l'œil d'un côté, tandis que de l'autre on peut voir jusqu'à la Méditerranée.

Après un peu moins de trois heures d'ascension, nous arrivons enfin devant l'entrée du prieuré de Sainte-Victoire. Le porche, très bien restauré avec les pierres des carrières de Pont du Gard, est composé d'une arche en plein cintre encadrée par deux niches accueillant deux statues blanches comme de la craie. Il s'ouvre sur une belle esplanade pavée de pierres. Cette cour intérieure est abritée d'un côté par l'éperon rocheux contre lequel est construit le prieuré et par la chapelle de l'autre côté. L'endroit est tranquille, c'est un havre de paix qui incite au repos et à la rêverie. Le regard est immanquablement attiré vers la trouée au Sud. Cette immense ouverture en forme de créneau, percée dans la roche pour éclairer le prieuré, porte le nom de Brèche-des-Moines.

Clémence s'élance aussitôt pour contempler la vue et Nathaniel s'empresse de la rattraper. Même si un mur de béton protège du vide, le lieu est impressionnant. L'à-pic des falaises imposantes qui encadrent cette brèche, capte le regard et donne le vertige, surtout lorsque l'esprit est soudainement envahi par l'étendue du paysage qui s'étale au pied du massif. C'est une sensation à la fois oppressante et magique. Nous flânons à la découverte des constructions, visitant la chapelle Notre-Dame-de-Victoire puis l'ancien monastère qui sert aujourd'hui de refuge aux randonneurs.

Une fois notre visite achevée, nous sortons par la petite porte à l'est de l'édifice. Le sentier escarpé s'élève rapidement dans le blanc de la montagne et Nathaniel doit aider Clémence, car certains passages sont délicats. Lorsque nous arrivons au sommet, la vue est à couper le souffle. Nathaniel et moi restons muets quelques secondes, trop occupés à admirer le panorama qui se déploie sous nos yeux.

— La Croix ! Elle est là ! crie Clémence en tendant le bras sur notre droite.

Elle tire sur mon bras, pressée de rejoindre l'ossature métallique qui culmine à plus de 18 m au-dessus du rocher.

— T'as vu Papaniel, y a des trucs écrits !

Du doigt, elle nous montre une plaque en marbre fixée en hauteur sur le socle de la Croix.

— Là aussi ! Et encore là ! Et ici !

Elle sautille en faisant le tour de la base bétonnée puis tend les bras vers son oncle.

— Je veux voir !

Avec un sourire, Nathaniel la prend contre lui tandis qu'elle lève la tête pour essayer de déchiffrer les lettres gravées tout en continuant :

— Qu'est-ce qu'y a écrit ? Qu'est-ce qu'y a écrit ? Dis-moi !

Étant native de Provence et issue de plusieurs générations de Provençaux, je connais les anecdotes liées à cette croix hautement symbolique dans la région. C'est presque avec fierté que je partage mes connaissances sur cet emblème si cher aux cœurs des Provençaux.

— Comme tu as pu le remarquer, il y a une plaque différente sur chaque face du socle. Cette face regarde vers Paris au Nord et l'inscription est en français : « Croix de Provence, bénite par Monseigneur Théodore-Augustin Forcade, Archevêque d'Aix, Arles et Embrun le 18 mai 1875 ». C'est une plaque commémorative concernant son édification. Cette croix est la quatrième qui a été érigée ici, les précédentes ayant été détruites au fil du temps. Elle a été construite à l'initiative de l'abbé Meissonnier, le curé de Rousset, pour conjurer deux maux qui accablaient la France à l'époque : la variole et les suites de la guerre franco-prussienne de 1870.

— C'est quoi, une raviole ? demande ma petite élève curieuse. C'est comme les raviolis ?

Sa méprise fait rire Nathaniel, qui s'empresse de préciser :

— La variole. C'était une maladie très grave et qui était souvent mortelle avant, car on ne savait pas la soigner.

Nous nous déplaçons autour de la base et je pointe la seconde plaque de marbre.

— Sur ce côté, qui regarde vers l'Est et la ville de Rome, le texte est en latin : « Dieu très bon, très grand, ô Croix, force de Dieu et la nôtre, salut ! Puisse votre lumière si douce aux cœurs qui aiment Jésus, et si miséricordieux à ceux qui, hélas, ne l'aiment pas, resplendir au loin. »

— Et là, y a écrit quoi ? demande Clémence en observant la plaque fixée sur la troisième face.

Elle fronce les sourcils, prend un air concentré avant d'admettre piteusement :

— J'connais pas ces lettres.

— Tu ne reconnais pas les lettres parce qu'elles ne font pas partie de notre alphabet. C'est écrit en grec. Ici, c'est la direction du Sud et de Marseille qu'on voit au loin avec la mer. La ville a été fondée par des colons venus de Grèce, et plus précisément de Phocée. Je ne sais pas lire le grec, mais je me souviens de la traduction de cette gravure : « Voici, matelots, votre phare, négociants, votre gain, travailleurs, votre repos et votre richesse ».

— Et pour la dernière face ? m'interroge Nathaniel avec intérêt.

— L'inscription est en provençal, car elle pointe la direction d'Aix-en-Provence qui accueillait autrefois le parlement de Provence. C'est en quelque sorte une prière de protection.

Je lis à haute voix le texte gravé : « O crus ave! Sourgènt d'immourtalo lumiero! Eme lou sang d'un dieu o testamen escri! La prouvènço ati pèd se clinè la proumiero : assousto la Prouvènço, o crous de I-C.»

— Tu peux traduire ? me demande mon pilote. Je pense avoir compris, mais je préfère avoir la version exacte.

— Bien sûr ! Il est écrit : « Ô Croix, salut ! Source d'éternelle lumière ! Avec le sang d'un Dieu, ô testament écrit ! La Provence à tes pieds s'inclina la première. Protège la Provence, ô Croix de Jésus-Christ. »

Une fois sa curiosité satisfaite, Clémence commence à s'agiter dans les bras de son oncle qui s'empresse de la reposer à terre. Nous nous avançons un peu plus loin sur la crête pour admirer le panorama qui englobe toute la Provence et un peu au-delà. En tournant sur nous-mêmes, nous admirons la ligne bleutée de la Méditerranée, le Garlaban, les monts Auréliens, les massifs de la Sainte-Baume et de l'Estérel, le Pelvoux, la barre des Écrins au loin, le Luberon, le Ventoux et les Alpilles. Le regard perce même jusqu'au Delta du Rhône quand le ciel est bien dégagé, comme aujourd'hui. Comme toujours, le haut de la Sainte-Victoire est venté. Nous nous assoyons sur l'espèce de banc en ciment qui fait le tour du socle de la Croix pour profiter de la vue vers la mer, mais le vent nous fait rapidement frissonner. Lorsque Clémence se trémousse pour se nicher entre Nathaniel et moi, nous prenons la décision de chercher un endroit plus abrité pour pique-niquer. Nous redescendons le chemin escarpé et les marches rocheuses pour rejoindre le Prieuré.


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