•Chapitre 20•
~Leïla~
Layla: Pourquoi t'étais froide avec Fares aujourd'hui ?
- Je sais pas.
Je savais pas pourquoi mais sa tête là, j'avais envie de le démarrer. Même s'il avait rien fait.
Layla: T'es sûre ?
- Oui.
Marwa est entrée dans la chambre.
Layla: Tu tombes bien, j'ai besoin de toi.
Marwa: Pour quoi ?
Layla: Ce matin on a croisé Fares par hasard. Et mademoiselle ici présente s'est comportée froidement avec lui, sans raison.
Elles se sont tournées vers moi.
Marwa: Pourquoi ?
- Je sais pas. C'est sa vieille tête de nain là. Il fait le gentil en plus.
Marwa: Pourtant hier à Disney vous parliez normalement. Il s'est rien passé t'es sûre ?
- Rien du tout.
Marwa: Ah moins que tu sois dégoûtée parce qu'on repart et que tu le reverras pas...
Elle me regardait avec un sourire en coin.
Elle ressemble à son frère.
- Je m'en fiche de ça.
Layla: Elle est triste parce qu'elle a pas pû le voir hier soir. Elle pensait que c'était la dernière occasion qu'elle avait de le voir avant longtemps, puis elle l'a revu ce matin. Elle était pas prête alors elle a paniqué.
- Tu vas loin là.
J'ai croisé les bras.
- C'est quoi qui l'a empêché de venir hier ?
Marwa: Il devait aller voir quelqu'un. C'est mieux si c'est lui qui t'explique, c'est un peu compliqué comme histoire.
- Je vois...
Elle avait l'air mal à l'aise.
Layla: Pourquoi ? T'es jalouse ?
- Quoi ? Ça va pas ?
Jalouse ? Je suis jalouse de personne.
Layla: Bah je sais pas, quand t'as appris qu'il allait voir quelqu'un au lieu de...
Moi: Non je suis pas jalouse. Sinon vous avez pas un autre sujet de conversation ? C'est pas vraiment ma passion de parler de lui.
Elles changement de sujet, pour mon plus grand plaisir.
~Marwa~
Je sais pas pourquoi elle était remontée contre lui, mais ça m'intriguait.
Layla: Ils feront un beau couple, mais il faut déjà qu'ils arrivent à se mettre ensemble.
Leïla: On se mettra pas ensemble.
- Il m'a dit tout à l'heure qu'il allait bientôt revenir à Marseille.
Layla: Enfin. Ça sera plus facile de les rapprocher s'ils sont pas séparé par sept cent cinquante kilomètres.
*sonnerie de téléphone*
Je me suis mise à l'écart pour répondre.
- Allô ?
Fares: Selem. Je vais pas pouvoir rentrer cette semaine.
- Quoi ? Pourquoi ?
Fares: Je te préviendrais quand je serai de retour. Semhili (excuse moi).
- Je savais que t'allais me faire une fausse joie.
Fares: Je vais finir par rentrer. Ça va juste mettre un peu plus de temps.
- Combien ?
Fares: Un moment. Je sais pas.
- Tu sais jamais.
Fares: ...
- Bref.
Fares: T'es bien rentrée ?
- Oui, et toi ?
Fares: Ça va. T'es avec ta pote là ?
Tiens tiens...
- Qui ?
Bien sûr que je savais qui.
Fares: Leïla.
- Oui pourquoi ? Tu veux lui parler ?
Fares: Passe la loi, je dois lui dire un truc.
- D'accord ! Leïla ?
Elle s'est tournée vers moi en fronçant les sourcils.
Leïla: Oui ?
- C'est pour toi.
Elle était étonnée, mais elle a quand même prit le téléphone.
Leïla: Allô ?
Fares: ....
Leïla: Pourquoi tu dis ça ?
Fares: ...
Elle nous a lançé un "je reviens" avant de disparaitre dans la salle de bains.
Layla: C'est ton frère au téléphone ?
- Oui. Je sais pas ce qu'il lui voulait.
Layla: Tu penses à ce que je pense ?
- Si tu penses à la même chose que moi, oui.
Layla: Tu penses à quoi toi ?
- Toi tu penses à quoi ?
Layla : On écoute ?
- Tu lis dans mes pensées.
On a collé nos têtes à la porte pour écouter leur discution, sans succès. La porte s'est rouverte une dizaine de minutes plus tard, sur une Leïla tendue.
Leïla: Tiens, j'ai fini.
J'ai repris le téléphone et je suis entrée à mon tour dans la salle de bain.
Fares: RENDS LA MOI DE SUITE, J'AI PAS FINI DE PARLER.
Il était énervé, au cas où ça se voyait pas.
- Tu cries sur qui là ?
Fares: Oh. Marwa. J'ai pas le temps. Repasse la moi de suite ou je te nique ta race à toi aussi.
Si je la lui passais ça allait créer encore plus d'embrouille. Et vu comme il avait l'air énervé, c'était une très mauvaise idée. Il aurait pu dire des choses qu'il allait regretter durant tout le reste de sa vie. Et même après.
Et elle avait pas non plus l'air très joyeuse.
- Elle est partie.
Fares: ELLE EST ALLÉE OÙ ?
- Crie pas ! Elle est juste allée voir Syham.
Il a soupiré longuement. Très longtemps.
Fares: Rappelle la et dis lui de revenir. J'en ai pas fini.
- Trop tard, elle est déjà plus là.
Fares : ALORS APPELLE LÀ !
- J'AI DIS CRIE PAS ! Et je t'ai aussi dis qu'elle était partie. Pourquoi t'es énervé comme ça ?
Fares: Par Allah Marwa tu m'énerves là.
- Calme toi, j'ai rien fais moi. C'est toi qui es exigé pour rien.
Fares: Tu sais quoi ? Je vais raccrocher. Selem.
- Au revoir.
~Leïla~
Il m'énerve. La prochaine fois que je le vois en vrai je lui mets une patate.
J'étais énervée. Pour des raisons vraiment bêtes. Mais il m'avait donné envie de lui refaire le portait.
Pense au conseil d'Asma: un coup de genoux bien placé et on en parle plus.
J'étais dans la voiture, en train d'essayer de chasser l'autre vieux de mes pensées.
Mais j'y arrivais pas. J'avais même sa voix dans la tête carrément.
*Flashback*
Fares: T'as un problème avec moi toi.
- Pourquoi tu dis ça ?
Je suis entrée dans la salle de bain pour pas qu'elles entendent la conversation.
Fares: Tu me réponds sèchement, tu lances des piques. Tu crois que j'ai pas capté ?
C'était vrai. Mais es ce que j'allais lui dire ?
Non
- Tu deviens parano. Je suis normale moi.
Fares: Me prends pas pour un con.
- Si tu te considères comme un con c'est ton problème, m'implique pas là dedans.
Fares: Fais attention à comment tu me parles. Me prend pas pour ton PD.
- Ah tu te considère comme PD maintenant ?
J'aimais énormément jouer avec le feu.
Fares: Moi !? PD !? Je vais te niquer ta grande-
- Essaie même pas de finir ta phrase. T'as cru que j'étais qui ? Parle moi bien, on est pas amis.
Fares: Tu prends trop la confiance. Je sais pas à quoi tu joues mais pas avec moi.
- Mais je joue à rien, pourquoi tu dis ça ?
Fares: Assume au moins. Je te connais.
- Non, tu me connaissais. C'est différent. Les gens changent en huit ans, t'en as raté des choses. J'ai grandi et j'ai changé. Je suis plus la même personne qu'avant, t'aurais dû le remarquer. Mais bon, on peut pas t'en vouloir si t'as décidé de partir en vacances. Même si des vacances d'un mois en plein novembre ça reste bizarre.
Fares: Arrête de faire l'ancienne. Je sais très bien voir quand quelqu'un est bizarre. Et j'ai facilement réussi à te cerner. T'es pas spéciale. Et je sais que tu me reproches je sais pas quoi. Mais j'ai pas envie de te courir après, si tu veux faire la gamine fais le sans moi.
- Tu sais rien sur moi, t'as compris ? Rien du tout. Pense ce que tu veux de moi, j'en ai rien à faire. Tu m'énerves, vraiment. Je sais pas c'est quoi ton problème. Tu me traites de gamine mais je te rappelle qu'on a que deux ans d'écart et que mon frère c'est ton meilleur shab et qu'on a le même âge. Remets toi en question. Tu me déçois beaucoup, j'avais pas gardé cette image de toi. Bref, j'ai dis tout ce que j'avais à dire. Maintenant je vais aller rendre son téléphone à Marwa.
*Fin du flashback*
- On est arrivés.
Je me suis réveillée avec l'esprit encore dans les vapes. J'étais pas endormie, mais j'étais pas réveillée non plus. Vous voyez quand vous êtes endormi mais que vous êtes conscient quand même ?
Bref, on était arrivés chez nous. Il était environ vingt et une heures et personne n'était à la maison, à part Chahinez qui était dans un profond sommeil. Et puisque Kaïs ne comptait pas monter tout de suite, et que je n'avais pas mes clés et que mon portable était déchargé, je vous laisse deviner ce que j'ai fais.
J'ai dormi.
Oui, vous avez bien lu. Je me suis assise contre la porte et je me suis endormie. En même temps j'avais la couverture et l'oreiller que j'avais pris à l'aller. C'était pas très confortable, mais je me suis déjà endormie juste à côté du DJ dans un mariage, c'est pas ça qui allait m'arrêter.
Bref, j'ai dormi un moment, avec mon sac à côté de moi et enroulée dans ma couverture. Je sais plus combien de temps je suis restée comme ça, mais je me souviens que c'est mon frère qui m'a réveillée.
Ilyes: *rires* Tu fais quoi espèce de blédarde ?
- Tais toi, laisse moi chanter...
J'étais en pleine transition rêve/réalité. J'avais même les mains sur mes oreilles, comme si j'avais un casque.
Ilyes: Allez, réveille toi. Ton lit t'attend.
- Attends encore un peu, je suis fatiguée..
Il a ouvert la porte, ce qui m'a fait tomber sur le dos.
Ilyes: Je prends les sacs. Dépêches toi de rentrer avant que quelqu'un te voie.
Je me suis relevée et j'ai foncé dans ma chambre. J'ai mis un pyjama en deux deux et je suis rentrée dans mon lit.
Ilyes: T'as pas tes clés ?
- mhmm mhmmm
Ilyes: Et ton téléphone ?
- Charge...
Ilyes: Toi aussi, t'as la tête en l'air.
- mhmm
Ilyes: Tiens.
J'ai ouvert la moitié d'un œil pour le regarder. Il me tendait mon sac.
Ilyes: Il y a je sais pas quoi là dedans et j'ai pas envie de perdre dix minutes à fouiller. Prends tes médicaments.
J'ai soupiré en sortant la plaquette de comprimés.
- La prochaine fois laisse moi dormir. Je les prendrais le matin.
Ilyes: Ça marche pas comme ça, tu le sais mieux que moi.
Il avait raison. Mais ça m'énervait de devoir les prendre chaque soir.
"Jusqu'à nouvel ordre" elle disait. Mais j'attendais toujours cet ordre.
Ilyes: Voilà. Maintenant tu peux dormir. Bonne nuit.
*une semaine plus tard*
J'étais assise sur les bancs du stade en train de regarder les autres jouer. Il y avait Marwa avec moi, Asma sur le terrain, en train de demander le ballon aux autres qui refusaient de faire la passe. Ils se prenaient vraiment pour Mahrez. Il y avait aussi son grand frère Rayan, mon frère Ilyes, Mohamed, et d'autres gens dont je ne vois pas l'utilité de parler d'eux.
Marwa: Ils me donnent envie d'aller jouer.
- Vas avec eux alors.
Marwa: Tu viens pas ?
- Non, c'est bon.
Marwa: Pourquoi ? Je vois bien que depuis tout à l'heure t'as envie de jouer. Viens.
C'est vrai. J'avais envie d'y aller.
- J'ai mal au ventre.
Marwa: Bon, d'accord. Appelle moi si tu t'ennuies, je reviendrais avec toi.
- T'inquiète pas.
J'avais aucune douleur. Le problème c'était que j'avais dû arrêter le foot quelques années avant, et que je voulais pas reprendre. On va dire que j'avais peur. De je sais pas quoi.
Bref, j'ai pas attendu très longtemps car Mohamed est venu me tenir compagnie. Enfin, il était allé boire de l'eau mais puisqu'elles étaient à côté de moi il en a profité pour discuter.
Moha: Ça va ?
- Normal. Et toi ?
Il s'est assis sur le banc.
Moha: On est là. Tu t'ennuies pas ?
- Non, ça va.
Moha: J'ai un service à te demander.
- C'est quoi ?
Moha: Mais avant jure w'Allah tu ris pas.
- W'Allah je rirais pas.
Moha: Tu vois ta pote là...
J'ai souri. Je savais qu'il était piqué.
Moha: Tu vois ? Tu commences. Vas y je dis rien.
- J'ai juré que j'allais pas rire. Dis moi.
J'ai repris un visage sérieux. Si ça pouvait le rassurer...
Moha: Bref. Inaya, tu sais si elle parle toujours à son ex ?
Elle était sortie avec un kurde de sa cité deux ans auparavant. Ça avait duré dix mois et quelques semaines. On était encore en terminale. Mais il a fini par être incarcéré pour possession de drogue. Il est resté neuf mois en prison. Il avait prit un an mais il était sorti avant pour bone conduite.
Bref, ils ont rompu à son entrée en prison. Elle a pleuré toutes les larmes de son corps. On a dû la ramasser goutte par goutte.
- Emre ? Pourquoi ça t'intéresse ?
Je savais très bien pourquoi. Mais il fallait le pousser à dire certains termes.
En réalité, il avait essayé de revenir vers elle. Mais elle avait fini par réussir à tourner la page.
Moha: Je me renseigne, c'est tout.
- Ça veut dire oui. Pourquoi tu lui demandes pas directement ?
Moha: Je veux pas qu'elle se fasse des idées.
- Des idées sur quoi ?
Moha: Bref, réponds à ma question.
- Non, elle lui parle plus.
Moha: D'accord
Il regardait son téléphone.
- Mais lui...
J'aimais bien provoquer et faire des trucs comme ça. Ça donnait du piment à ma vie très ennuyante.
Moha: Quoi lui ? Il est revenu la voir ? Il lui veut quoi ?
- Pourquoi t'es énervé comme ça ?
Moha: Je suis pas énervé. Réponds.
- Si tu la veux vraiment joue carte sur table. Lui il attend juste un faux pas de ta part pour revenir dans sa vie. Tu risques de la perdre bêtement avec ta Warda.
Moha: Dégage avec ta Warda de merde. Inaya elle lui avait pas mit un stop ?
- Si. Mais plus tu vas merder plus tu lui donnes d'occasion de revenir vers lui. Alors bouge toi. Bref, maintenant je te dis plus rien. Tu sais ce qu'il te reste à faire.
Il avait pas répondu. Il est resté un moment à côté de moi en regardant en silence devant lui avant de se lever pour rejoindre les autres.
J'étais fière de moi. J'espérais qu'il allait enfin ouvrir les yeux pour de bon.
Je lui avais dis la vérité. Emre voulait toujours Inaya. Mais ce que j'ai "oublié" de dire, c'était qu'il avait aussi respecté son choix de ne pas continuer.
C'était un gars bien au fond, je vais pas mentir la dessus. Mais il faisait des trucs pas nets, et c'était à cause de ça qu'il avait perdu ma copine. Et même après sa sortie il n'a pas arrêté.
Ils ont vécu une belle histoire, mais ça s'est mal fini.
C'est toujours comme ça les relations hors mariage.
A suivre