Un vol direct, 2h ont suffis pour que l’avion vienne se poser sur le tarmac de l’aéroport international de mon pays. Bien entendu que mes parents savent que je rentre au pays seulement mon papa est en voyage.
C’est mon frère que je suis sortie trouver dans la zone des arrivées. Il est seul, il m’a accueilli avec le sourire, on s’est un peu taquiné entre frère et sœur, il a fait monter mes bagages dans sa voiture et direction la maison.
Dans la voiture, je demande déjà les nouvelles des autres, j’ai hâte de les revoir après toutes ces années. Je me demande pourquoi maman n’est pas venue, je suis bien sa fille non ? Et pourquoi je me pose la question même ?
Je me suis peut-être trompée sur son compte lorsque nous sommes arrivés en famille. La maison est presque vide mais maman m’a sauté dessus comme si elle allait me manger. Elle savait que je venais mais elle n’avait pas imaginé combien je suis devenue une grande femme.
Elle prend mon visage entre ses mains, elle me pose une tonne de bisous sur le front, elle me serre fort contre elle. Des années, elle a enfin retrouvé sa fille unique. Maman est contente, elle est heureuse de me revoir et moi aussi.
Ma grande sœur qui est mariée au pays est arrivée environ une heure plus tard. Mêmes accolades, mêmes bisous, la famille se reconstitue sauf papa qui est en voyage et mon autre frère qui est à l’étranger pour ses études.
Un peu vers le petit soir, mon frère est retourné dans sa famille. Je suis avec maman et ma grande sœur. Les questions figent, est-ce que j’ai laissé mon premier enfant avec mon mari ? Qu’est-ce que j’attends pour tomber enceinte ? C’est mon mari qui tire à blanc ou quoi ?
Cette grande sœur n’a pas sa langue dans sa poche. Je ne sais même pas quoi répondre si ce n’est pas que le temps de Dieu n’est pas celui des hommes. Maman n’intervient pas trop quand on échange entre sœurs, ça fait du bien de savoir que des gens veulent ton bien.
Tout comme notre frère, elle aussi a rejoints son foyer aux environs de 20h. Je ne suis plus qu’avec maman dans cette grande maison et personne d’autre. La fatigue commence a se fait sentir n’empêche que je dois passer des coups de fil.
D’abord mon papa pour lui dire que je suis arrivée dans la journée, ensuite papa pasteur et sa femme au Ghana et enfin Linda au Canada. Elle attendait mon coup de fil, elle était très inquiète mais Dieu merci que je sois bien arrivée.
Quatre jours sont passés, j’aurai voulu attendre le retour de papa pour me confesser devant mes deux parents en disant à ma mère que je suis là en visite et juste pour un bout de temps. Ni mon mari ni aucun autre membre de sa famille n’a appelé pour prévenir que je venais, elle doute fort que quelque chose cloche.
Ma mère qui reprend les questions de ma grande sœur sur le fait que je n’ai pas encore fait d’enfant, elle ne m’a pas laissé le choix. Je lui ai avoué la vérité sans entrer dans les détails par manque de courage.
Plus rien ne va dans mon foyer, je suis à couteaux tirés avec mon mari, on se dirige tout droit vers le divorce. Une mère soucieuse aurait de la peine pour sa fille mais il me semblait que ce ne fut pas le cas de ma mère.
« Comment c’est arrivé ? Je t’avais prévenu mais tu n’as fait qu’à ta tête. Tu es partie sans crier gare, voilà maintenant » Les mots de ma mère, je n’arrive pas à y croire. Donc elle n’a pas pu digérer mon départ de la maison sans son consentement depuis toutes ces années ?
Elle ne cherche même pas à me consoler, apparemment elle ne compatie pas à ma douleur. C’est une évidence et rien ne me dit que la tension ne va pas renaître de nouveau entre nous. Moi qui voulais revenir me ressourcer sous le pied de l’arbre, j’y suis vraiment.
J’ai toujours été en bons termes avec mon père qui est rentré de son voyage une semaine plus tard. Devant lui, je ne suis pas passée par quatre chemins. Je lui ai raconté mon histoire du début à la fin.
Contrairement à ma mère, lui il m’a écouté avec attention. Il a fait mine de comprendre mais la seule chose qu’il a du mal à comprendre c’est comment j’ai pu me retrouver sur un si périlleux chemin. Comment j’ai pu faire une chose pareille.
Comme vous l’avez su bien remarqué, depuis un certain temps ma vie n’est faite que de larmes et le pardon qui sort de ma bouche. Le mal est déjà fait, les parents de Linda ne sont pas en tort, ils ont fait ce qu’ils ont pu, seule et moi seule qui me suis égarée.
Chaque parent aime son enfant mais il faut aussi comprendre qu’il n’est pas facile de voir son enfant de la même façon après avoir commis une faute aussi grave que la mienne. J’ai comme l’impression d’avoir perdu la confiance de mon père et aussi son respect même s’il ne me le dit pas.
Deuxième semaine, je suis dans le salon devant la télé, j’entends une voix toquer devant la porte par des salutations avant que la personne ne fasse son entrée dans la salle sans même attendre d’y être invité.
Je me lève un peu brusquement, le temps que je réponde à la personne qui vient de rentrer j’ai été surprise de me retrouver face à face avec Fred.
Moi : Fred !!
Fred : Jodie !!
Vous vous rappelez de Fred non ? Je n’ai pas pu vous donnez son nom depuis le début mais c’est lui mon deuxième amour après Raoul quand j’avais mes 21ans. Le jeune entrepreneur qui m’a permis de décroché un boulot et qui venait me chercher à la maison.
Il a beaucoup plu à ma mère qui n’arrêtait pas de me poser des questions sur ma relation avec cet homme. Elle voulait que je me décide et que je fasse comme ma grande sœur en acceptant de me marier avec Fred s’il me demande en mariage mais jamais elle ne me demandait si c’est ce que moi je voulais.
Après toutes ces années, je suis surprise de le voir chez nous.
Fred : Mais depuis quand tu es rentrée Jodie.
Moi : Mais qu’est-ce que toi tu fais ici ?
Fred : Tu ne va jamais changer toi, aller vient par ici.
On s’est pris dans les bras, il me soulève, mes pieds touchent à peine le sol. Je revis dans ma tête un court moment passé avec lui quand on sortait ensemble. On se relâche,
Fred : Je ne savais pas que tu étais de retour, ta maman ne m’a rien dit.
Moi : Ma maman ?
Fred : Oui… Tu sais, depuis ce que tu sais déjà, ta mère me considère toujours comme son gendre. Je passe souvent quand je peux pour la saluer.
Moi : Whaouu !!! Ça c’est maman tout craché.
Fred : Quelle surprise !!
Moi : Et moi donc ? Maman est dans sa chambre, je vais l’appeler.
Le temps que je me retourne, maman sort de sa chambre et c’est parti les salutations à ne pas finir.
Fred : Je ne savais pas que Jodie est de retour, j’ai été très surpris.
Maman : Excuse-moi mon fils, j’ai juste oublié de te le dire.
Pour moi, c’est tout de même gênante cette situation ce qui n’est pas le cas de ma mère et de son soi-disant gendre. Ça me rappelle des souvenirs du passé à chaque fois qu’il venait me prendre dans sa voiture pour une sortie.
Quelques jours plus tard, je viens de rentrer de la ville. Je suis allée faire un tour chez une ancienne copine, maman est sortie me trouver dans le salon. Elle me tend son téléphone, c’est Fred qui est en ligne. Je suis un peu perdue mais j’ai tout de même pris l’appel.
Fred : « Excuse-moi de te joindre sur le numéro de ta mère, la dernière fois j’ai oublié de prendre le tien. »
Moi : ça ne fait rien, que me vaut l’honneur de ce coup de fil ?
Fred : « Comme tu es en ville, j’aimerai t’inviter à prendre un verre comme au bon vieux temps. »
Moi : Le bon vieux temps hein ?
Fred : « Ho !Ho !Ho ! Doucement ma jolie, c’est juste pour papoter un peu autour d’un verre, rien d’autre. »
Moi : Eh… Je ne sais pas trop mais bon je vais voir.
Fred : « Aller, dis oui par respect pour tout ce qu’on a vécu par le passé. »
Moi : D’accord, juste un verre.
Fred : « Tu l’as dis, je passe ce soir te chercher comme… »
Moi : Oui j’ai compris comme par le passé.
Fred : « Change un jour. »
Je pouvais dire non puisque je ne m’étais pas préparée à ça mais je sais que ma mère écoute notre conversation depuis sa chambre. Je ne sais pas si elle y est pour quelque chose, ça ne me coûterait rien non plus de sortir prendre un verre avec mon ex.
Le soir, je me suis faite toute belle. 20h, Fred est venu me chercher en présence de mes parents. Je ne suis pas trop gênée vu tout ce qui s’est passé entre nous, jamais je me suis cachée en sa compagnie seulement je n’ai pas voulu me mariée avec lui.
On est sorti prendre place dans un restaurant, la première commande des boissons a été faite ainsi que les repas qu’on attend, place à la conversation.
Fred : Alors, raconte un peu, raconte ce qui se passe dans le pays de l’autre là, l’ex Président du Ghana. J’ai encore oublié son nom.
Moi : John Kufuor ?
Fred : Non pas lui, celui qui était ami avec Thomas Sankara.
Moi : Jerry Rawlings
Fred : Exact,
Moi : On est là pour retracer l’histoire d’amitié entre les Présidents ?
Fred : Et notre histoire à nous aussi. Quelle sont les nouvelles Jodie ?
Moi : C’est comme tu me vois, je suis revenue au pays pour rendre une petite visite aux parents sinon rien d’autre.
Fred : Ton mariage a fait échos ici, je ne peux pas dire que j’ai été ravi mais bon chacun est jaloux à sa façon. Alors comment sa se passe ? Tu es a combien d’enfants ?
Moi : Aucun pour le moment.
Fred : Aucun ? Tu plaisante ?
Moi : J’aurais voulu oui mais malheureusement.
Fred : Je suis vraiment désolé, excuse-moi si je te bouscule avec mes questions.
Moi : Oh ça ne fait rien parce que tu vas devoir répondre aux miennes aussi.
Fred : Il n’y a pas grande chose à dire ma chère. Un an de mariage, une petite fille de 7mois, ça résume toute ma vie après toi.
Moi : Félicitation, contrairement à toi, moi je suis ravie que tu te sois marié.
Fred : Merci, et tu comptes rester combien de temps avec nous ?
Moi : Je ne sais pas trop, ça va dépendre de beaucoup de choses. Peut-être un mois voir deux, en tout cas je suis là pour le moment et bien entendu je vais y retourner.
J’ai répondu de façon décourage et toute l’amertume que j’ai sur le cœur s’est reflétée sur mon visage. J’ai été trahie par ma voix et par mon corps.
Fred : Jodie, et si tu me disais ce qui ne va pas ? Ça fait des années que je ne t’ai pas vu mais il me semble que tu as perdu quelque chose à commencer par ton poids. Tu n’as pas le regard fier, tu sembles ne pas donner de l’importance à ta vie. Qu’est-ce qui ne va pas ?
Moi : Et c’est toi qui me parle de changer. A peine on se voit et tu as déjà décelé tout ça sur moi ?
Fred : Disons que je suis ton ex, je peux me permettre de dire que je te connais un peu plus que n’importe qui.
Moi : Ce n’est pas faux, seulement j’essaie de sortir la tête de l’eau. Tu as tout à fait raison de dire que je semble avoir perdu quelque, c’est un peu le cas.
Fred : Et c’est quoi tu as perdu ?
Moi : Mon mariage, avec mon mari on est sur le point de se divorcer, c’est un peu la raison qui m’a poussé à venir prendre un peu d’air avec les parents.
Fred : Seigneur, je suis vraiment navré de ce qui arrive. Mais vous n’avez pas essayé une thérapie de couple, parler avec des gens plus sages, je ne sais pas essayer de recoller les morceaux ? Le divorce c’est… Mon Dieu.
Moi : On a essayé mais c’est la vie. On n’y peut rien quand ça arrive. C’est la volonté de Dieu qui sera faite.
Fred : C’est tout de même décevant pour ne pas dire une perte de temps qu’on ne peut plus rattraper.
Moi : Un peu, même si je crois que le temps fait ce qui lui semble juste. Regarde toi et moi, je me suis mariée avant toi et toi tu as déjà un enfant avant moi. Tu vois, chaque chose à son temps.
Fred : Peut-être que c’est ta gentillesse et ton bien parler là qui t’ont mis dans ce merdier.
Moi : Tu parles !!
Plus on avançait dans la causerie et plus on rigolait à ne pas s’arrêter. Ce fut une belle soirée qui m’a rappelé mon passé avant que je ne m’engage sur le chemin du Ghana. Je me suis défoulée en me libérant l’esprit, Fred m’a déposée chez mes parents la tête moins lourde.
Les jours suivants, il n’arrêtait pas de venir à la maison. Je ne vois pas pourquoi je dirais que c’est à cause de moi vu que c’est ce qu’il faisait quand je n’étais pas là. Une sortie après une autre, Fred est marié et moi aussi donc je vois en lui un ex et par-dessus tout un ami.
J’ai bouclé mon premier mois chez mes parents et même quelques jours de plus. La signature des papiers de mon divorce est prévue dans environ vingt jours, je vais donc devoir me préparer pour repartir avant la date.
J’échange beaucoup avec papa quand il rentre du travail, avec maman c’est souvent. Je ne sais pas exactement ce qu’elle pense de moi, ce soir je viens de rentrer après avoir faire un petit tour en ville. Je l’ai trouvé dans le salon.
Maman : Tu t’assoies, j’ai à te parler.
Moi : D’accord, juste le temps que je dépose mon sac.
Je me suis vite rendue en chambre pour déposer mon sac, je suis ressortie la trouver les yeux sec, elles ne les clignent pas d’un centimètre.
Moi : Suis là maman.
Maman : Alors raconte, où en es-tu avec Fred ? Vous êtes sorti ensemble par le passé et depuis ton retour c’est ce qui continue. Qu’est-ce que tu penses toujours de lui, maintenant que ton foyer bat des ailes ?
Moi : Maman, comment tu peux me demander ça ? Fred est un homme marié et moi aussi. Bientôt je vais retourner…
Maman : Retourner où ? Tu vas retourner où ? Tu n’as pas assez de te faire ridiculisée ?
Moi : Mais qu’est-ce qui t’arrive maman ?
Maman : Donc tu comptes encore me désobéir et partir comme tu l’as fait la première fois.
Moi : Depuis mon arrivée je t’ai bien dit que je retournerai non ?
Maman : Ecoute moi bien Jodie, je n’ai pas le temps de bavarder avec toi. Ton insolence, ta subordination tu le fais avec ton papa pas avec moi. Oh que non pas avec moi. N’est pas que tu es revenue couverte de honte, essaie encore une fois de me désobéir.
Moi : Maman, qu’est-ce que tu viens de dire ?
Maman : C’est moi qui t’ait porté pendant neuf mois, c’est moi qui suis restée éveiller presque chaque nuit à cause de toi, c’est moi qui ait lavé ton derrière jusqu’à ce que tu commences à ne plus me respecter.
Moi : Maman, ne me dit pas que tu y es pour quelque chose, ne me dit pas que tout ce qui m’arrive est par ta faute.
Maman : Et qu’est-ce que tu croyais ? Que j’allais rester les bras croisés et accepter que tu me désobéisses délibérément en courant vers le soleil couchant à cause de je ne sais qui ? Tu sais pourquoi Fred continue à venir ici malgré que tu ne sois pas là ? Tu sais pourquoi tu ne peux jamais être heureuse ?
Moi : Mon Dieu…
Maman : fian fian, toi tu connais Dieu ? Tu as foutu ton mariage que toi-même tu as choisi alors tu feras comme moi je veux et je ne me répéterai pas. Essaie pour voir, essaie seulement à nouveau de partir de cette maison et tu verras que ce qui t’es arrivé est une recréation. Parole de Mahawa.
Ma mère, ma propre mère qui m’a porté pendant neuf mois dans son ventre a tout mis en œuvre, elle a remué ciel et terre en s’interposant entre moi et mon bonheur et me conduire sur un chemin périlleux.
Linda, ce n’était pas un rêve mais une prémonition. Il n’y avait que toi seule qui pouvais voir les ténèbres dans le cœur de ma mère. Des ténèbres dans lesquels je suis venue me fourrer.
Dieu du ciel!!!
À Suivre ..........