Dans la voiture, je tiens fermement ma bible entre les mains. Je sens encore des frissons dans le corps, j’ai été épatée par ce que papa pasteur vient de balancer au visage de ma belle-mère. Durant tout le trajet du retour, il n’a pas pipé un mot.
Je suis pressée qu’on sorte de la voiture et que la tension revienne à la normale. J’ai un scoop pour Linda. Le cœur est traitre, en sortant de la salle, voir mon mari la tête baissée seul avec sa mère, ça m’a fait de la peine.
Je me suis tout de suite mise a pensé à sa santé. Je ne sais même pas s’il suit un traitement comme moi je le fais. Qu’est-ce que vous voulez, c’est mon mari, je l’aime et tout ce que je veux c’est de retourner dans mon foyer. Je suis inquiète pour lui.
C’est quelques heures après que j’ai capté Linda dans la nuit. Avec les récents événements, il y a trop à dire. James ne veut toujours rien entendre, ma belle-mère m’a sortie tous sortes d’injures. Elle m’a infligé une grosse gifle, elle m’a même craché au visage mais papa vient de la mettre à sa place.
Seule à Linda j’ai dis que ma belle-mère est passée me dénigrer jusqu’à chez ses parents. Il n’y a pas que de moi qu’on a parlé, on a changé de sujet en parlant d’elle et de son petit copain. Ça se passe bien entre eux, peut-être qu’on sera surpris par une bonne nouvelle on ne sait jamais.
Même pas trois semaines après l’intervention fracassante de papa devant mon mari et ma belle-mère, une grosse enveloppe grise tombe sur la table des parents. Des papiers du tribunal, James veut aller jusqu’au bout, il demande le divorce.
Papa : Toutes mes excuses ma fille mais je n’ai pas pu me retenir ce jour-là. Je ne sais même plus si ce n’est pas ce qui a en venimeux la situation.
Moi : Non papa, le mal était déjà fait et vous le savez. Ce que vous a eu à dire à ma belle-mère a été l’une des plus belles choses qui est arrivée depuis que je ne vis plus avec mon mari. J’ai été comblée de vous entendre lui dire ce que vous pensez et ça m’a aussi servi de leçon.
Papa : Merci ma fille, alors, qu’est-ce qu’on va faire avec cet appel du tribunal ? Penses-tu pouvoir supporter le coup ?
Moi : Il le faut, si mon mari ne voit plus en moi sa femme et qu’il ne veut plus de moi, le mieux est que je sache tout et qu’on arrête de se faire du mal. Papa, je veux que les choses s’arrêtent, je le fais pour lui et pour moi aussi.
Papa : Très bien, le rendez-vous c’est dans trois jours. Je ne serai pas là en temps plein mais tu n’as besoin de rien d’autre que d’être toi-même. Ne cherche pas à convaincre qui que ce soit et ne cherche pas le pardon en te reniant toi-même.
Moi : C’est compris.
Papa : La fin d’une chose marque le début d’une autre. Aie la foi et le seigneur guidera tes pas.
Moi : Amen.
Premier jour au tribunal, rien que nous deux avec le juge dans son bureau. On a passé plus de deux heures, chacun a donné sa version des faits. Le divorce ne se prononce pas aussi facilement d’après le juge.
Nous avons tout le temps de se parler, faire intervenir nos témoins, les membres de nos familles. En plus de papa pasteur, on peut même faire appel aux services d’un autre homme de Dieu, pourquoi ne pas suivre une thérapie de couple ? Qu’est-ce que ça change ?
Plus de trois allers-retours, ça devenait à la fin agaçant pour moi. Me retrouver chaque fois dans la même pièce avec l’homme que j’ai aimé et que je continue d’aimer de tout mon cœur mais lui qui me multiplie par zéro, c’est frustrant.
Oui, c’est vrai, je l’ai trahit et le tromper de la pire des manières, je ne m’attendais pas à ce qu’il me pardon aussi facilement mais n’est-il pas dit que l’amour surmonte et pardon tout ? Me traiter comme s’il n’avait jamais couché sur ma poitrine je commence à me demander si James m’a une fois aimé.
Est-ce le même James aimant, adorable, attentionné que j’ai épousé ou un autre James, fils à maman qui est sous l’influence de sa mère et qui l’obéit du doigt à l’œil. Mon foyer est au bord de la rune en absence de mon beau père qui a été rappelé par l’embrassade de son pays à l’étranger.
La chance pour que puisse me faire pardonner et que je rejoins mon foyer reste minime ou presque plus. Avec mes parents on puisé dans nos ressources pour nous faire entendre mais les choses vont toujours dans un sens unique et vers une seule chose : Le divorce.
Je me suis résignée, désormais plus rien ne me surprend venant de ma belle-famille. Avant-dernier rendez-vous dans le bureau du juge, il nous donne les papiers du divorce non signés. Il nous laisse jusqu’à trois mois au cas où on aura changé d’avis. Fin de série aller-retour au tribunal.
Ma mère me disait souvent que parfois quand ça ne va pas, il faut tout détruire pour mieux reconstruire. Mais que devais-je reconstruire ? Avec qui ? Ce que j’ai vécu avec James dans mon foyer était bien le temps que ça a duré mais j’ai besoin de me retrouver.
J’avais tout, un bon mari dans le sens propre même du mot, ce n’était pas le matériel qui me manquait. Des parents protecteurs qui veillent sur moi, une amie et sœur prête à tout pour moi.
Dieu seul sait pourquoi je n’ai pas pu voir son bienfait que de me retrouver entre les jambes d’une autre femme. Rien ne justifie mon acte si ce n’est pas que je suis aussi humain et que je me suis laissé emporter par la tentation.
Je dois me reprendre en main et toute seule parce qu’il ne me restait plus rien. Mon foyer, mon honneur, le respect aux yeux des autres, la confiance de meilleure copine et Shevonne elle-même à cause de qui tout est arrivé, vit heureuse avec une autre proie. Quelle cochonne.
Papa et maman au pays ignorent ce qui est arrivé à leur fille. Ils doivent croire que je vis heureuse dans mon foyer, papa pasteur a gardé le secret croyant que les choses allaient se décanter à la longue.
Pas facile de s’habituer à sa nouvelle vie mais comme je vous le disais, ma vie suivait son cour. Le traitement a fait son effet, j’ai recouvré la santé. Le curetage aussi s’est bien passé, personne ne peut dire avec exactitude si je pourrai un jour porter une grossesse de nouveau.
Je supplie le bon Dieu de toucher mon ventre pour que je puisse un jour devenir maman. Pour ne pas avoir à chaque fois avoir des pensés, je me plonge dans mon boulot. Lors de mes poses, je me détends avec les passages de la Bible devant mon assiette.
Je rentre souvent tard, dans ma chambre, Linda est devenue mon mari. C’est avec elle que je passe la grande partie de la nuit. Je n’avais plus de temps pour des futilités, j’étais un peu redevenue la vraie Jodie pas celle qui écartait les jambes pour une autre femme.
J’avais tout perdue et il me fallait repartir à zéro et quand je dis zéro c’est retourné au pays. Cette idée cogite dans ma tête depuis des semaines, si je veux aller de l’avant, il faut que je retourne à la source.
Ce soir, j’appelle Linda. On a fait le tour de la journée, on évite le sujet sensible mais il fallait que je lui parle de ma décision.
Linda : Vous n’avez pas encore signé les papiers, je ne comprends pas bien ta décision Jodie.
Moi : Moi non plus mais je crois que c’est la meilleure chose à faire pour le moment. J’ai besoin de changer d’air, je saurais ce que mes parents au pays penseront de tout ça.
Linda : C’est alors donc ça.
Moi : Quoi ça ?
Linda : Tu sais Jodie, jusqu’à présent je n’avais jamais fait le lien entre mes rêves et ce qui arrivait. Je ne t’ai rien dit et tu sais pourquoi.
Moi : Tu crois que j’allais encore me moquer ? Mais développe.
Linda : Ça va faire plus de trois fois que j’ai le même rêve. Je te vois avec un sac au dos sur un chemin. Je cours derrière toi, je t’appelle, parce que devant toi, une grande obscurité coupe ce chemin tout à l’horizon. A deux reprises, je me suis réveillée en sursaut lorsque j’ai essayé de t’attraper mais tu as disparue dans le tourbillon de cette obscurité.
Moi : Ne crois-tu pas que c’est ce qui m’arrive déjà ? C’est une vision de ma vie actuelle. Regarde ma vie Linda, y a-t-il une obscurité plus sombre que la honte qui me couvre en ce moment.
Linda : Non, je ne crois pas. Avant je te voyais assise sur une branche ou sur un immeuble. Je te voyais toujours assise en hauteur mais jamais je ne voyais le tronc d’arbre qui portait la branche ni l’immeuble elle-même. Je voyais juste la partie sur laquelle tu es assise.
Moi : Et tu crois que ça a un rapport avec tout ce qui s’est passait et qui se passe ?
Moi : Je ne savais pas trop voilà pourquoi je n’ai pas trop porté d’importance mais avec ce que tu viens de me dire sur ton voyage retour au pays et les rêves pour ne pas dire prémonitions que j’ai eu bien avant, je crois que oui.
Moi : Linda, je ne crois pas que…
Linda : Ecoute moi bien Jodie, et si ça se trouve que la branche sur laquelle je t’ai vu assise dans mes rêves n’était pas reliée à un arbre raison pour laquelle je n’ai jamais vu ce tronc d’arbre ? Et si ça se trouve que l’immeuble sur laquelle tu étais assise n’avait pas de fondation, juste la partie visible ? Et si tout ça s’était le mal qui te tenait en hauteur ? Un mal qui n’était d’autre que cette femme ?
Moi : C’est chez moi que je compte retourner Linda et je ne vais pas pour y restée. Je n’ai pas le choix que de revenir signer les papiers de mon divorce. Je ne rentrerai pas au pays si ce n’était pas nécessaire.
Linda : C’est tout ça qui m’inquiète le plus maintenant que je commence à faire le lien de ce qui s’est passé. Est-ce que voyagé en ce moment est la solution ma chérie ? Et si mon rêve n’était qu’une prémonition ? Jodie, je t’ai vu disparaitre devant moi dans cette obscurité sans que je ne puisse t’attraper.
Moi : Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne crains aucun mal,
Moi/Linda : car tu es avec moi, ta houlette et ton bâton me rassurent.
Linda : Psaumes 23,4. Whaouu !!! Ma chérie, je suis épatée. Tu me rends heureuse là.
Moi : Qu’est-ce que tu croyais ?
Linda : Tu me rassures du jour en jour et je suis très fière de toi.
Moi : Je retourne au pays Linda, je vais voir les parents, je ne peux pas continuer à vivre dans le mensonge, il faut qu’ils sachent ce qui m’est arrivée.
Moi : D’accord, j’ai compris mais il faut que tu en parles avec papa et surtout, je dis bien surtout fait attention aux signes. D’une part je n’ai pas le cœur tranquille mais d’autre part je trouve que tu es sur la bonne voix.
Moi : Le pire est déjà derrière moi, il ne me reste qu’à faire face à mes démons.
Je ne suis pas dissuadée par ce que Linda vient de me dire. Je me rappelle que quand on était toutes petites, un jour elle a fait un rêve et le lendemain elle me l’a dit. Je n’ai pas cru, je me suis même moquée d’elle parce que ce qu’elle m’a raconté ne s’est pas réalisé mais le cas similaire s’est produit dans une autre famille.
Depuis ce jour elle a arrêté de me parler de ses rêves, souvent je la taquine même pour savoir si elle n’a plus ces rêves bizarres qu’elle faisait. J’ai toutes les raisons d’être paniquée avec ce qu’elle vient de me dire, dois-je donc pas emprunté ce chemin du retour ?
Après la fille, ce sont les parents qui ne comprenaient pas eux aussi pourquoi j’ai décidé de retourner au pays si seulement moi-même je comprenais. Je ne les abandonne pas, je ne suis pas aussi lâche à ce point pour m’en fuir devant mes problèmes. Je demande juste qu’ils m’accordent la permission de retourner au pays ne reste pour un bout de temps.
Tout ce que j’ai est chez James sauf mon argent qui est dans mon compte. Une somme considérable que je n’ai pas touché depuis ma rupture avec Shevonne. Les parents m’ont donné la permission, il faut mettre les choses en ordre avant de partir.
Je suis passée à la banque, je ne suis pas sortie avec 1f de cette somme. J’ai bloqué mon compte, que je sois divorcée de mon mari ou pas, je ne veux plus de cet argent. Dès mon retour au pays et après quelque année si je suis toujours en vie, ou que je sois, je la donnerai en don caritatif.
Linda m’a envoyé de l’argent, avec mon salaire et l’argent de poche que papa pasteur et sa femme me donne pour mes petit besoins, j’ai été fait une bonne course. Accompagnée par maman, on a fait quelques magasins.
Je veux amener aux membres de ma famille au pays des souvenirs du Ghana. Rien ne peut m’empêcher de prendre l’avion, ma santé n’est plus menacée. Papa a pris le billet, maman m’a aidé à faire ma valise, c’est elle et la petite de la famille qui m’ont déposée à l’aéroport.
L’enregistrement a été vite fait, j’ai embarqué après avoir appelé Linda et papa. Ma famille m’a souhaité un bon voyage les larmes aux yeux. L’avion vient de décoller, il survole la ville d’accra.
Dans les airs, je regarde par la fenêtre, je vois la ville d’Accra sous nos pieds jusqu'à ce qu’elle devienne un minuscule point avant de disparaitre dans le brouillard. Perdue dans mes pensées, les paroles de Linda me reviennent en tête :
« Est-ce que voyagé en ce moment est la solution ma chérie ? Et si mon rêve n’était qu’une prémonition ? Jodie, je t’ai vu disparaitre devant moi dans cette obscurité sans que je ne puisse t’arrêter. »
Je sors ma Bible que je dépose sur mes pieds, je ferme les yeux. Mes mains croisées, je plonge dans une prière. L’avion le nez pointé vers mon pays, l’appareil monte en altitude et prend de la vitesse.
À Suivre ..........