"Plus les jours passaient, plus je goûtais aux plaisirs de la vie normale, les plaisirs de la liberté. Plus je m'épanouissais et j'étais sincèrement heureux. Mais je n'oublierai pas mon but : Sauver les enfants encore présents au CRDMA et tuer Zao de mes mains."
-Vous n'allez pas me dénoncer ?
Interrogea le blanc en en observant attentivement son interlocutrice. Ses airs de sadomasochistes en effrayaient plus d'un, mais en la voyant, lui il ne ressentait rien d'autre qu'un étrange sentiment qu'il n'avait alors jusqu'ici jamais ressenti depuis bien trop longtemps : De l'admiration. Il venait à peine de la rencontrer, mais elle avait décidé d'ignorer la hiérarchie.
-Bien sûr que non. Tu es encore un jeune puceau c'est normal d'agir avec impulsivité, tu as tout d'un apprenti héros.
Ces mots l'avaient touché. Lui, une machine à tuer ? Être un héros ? Il voulait être un héros oh ça oui. Mais il voulait surtout être un héros de l'ombre, qui sauverait les gens comme lui. La police commençait à s'agiter un peu partout, faisant circuler tout le monde. Un grand homme à la tête de chien s'approcha alors de Harumi et Midnight. Cette dernière se tourna vers le nouveau venu.
-Commissaire ?!
-Jeune homme, veux-tu bien me suivre s'il te plait. Midnight, wouf aussi je vous prie. Wouf allons devoir parler sérieusement.
Ils suivirent alors tous les deux le commissaire jusqu'à un endroit isolé. L'homme se frotta le front d'un air embêté et inspira profondément avant de relâcher l'oxygène accumulé d'un air las.
-Quel métier je vous jure... Il n'y a pas si longtemps j'ai passé un savon à trois apprentis héros pour absolument les mêmes raisons, et wouf avez refait exactement la même chose.
-Si c'est par rapport à l'utilisation d'Alter monsieur le commissaire, je lui ai assuré qu'il n'aurait rien. Je me porte garante de ce jeune homme. J'ai déjà étouffé l'affaire auprès des civils en prenant quelques précautions.
Le coupa Midnight en regardant le commissaire droit dans les yeux. L'adolescent posa sa main sur l'épaule de l'héroïne interdite aux moins de dix-huit ans, et déclara.
-Le débat et tout ce qui touche à la juridiction faisaient parti intégrante de ma formation. Laissez-moi faire s'il vous plait.
-Toi tu te tais, n'aggrave pas ton cas.
Rétorqua Midnight en lui faisant signe de se taire.
-Même si vous avez étouffé l'affaire il a tout de même fait usage de son alter, ce qui je le rappelle est un crime dans notre société.
-Si je puis me permettre monsieur le chien policier, si je n'étais pas intervenu, l'incapable à la sécurité serait mort. Alors je l'ai sauvé en bloquant la balle de justesse. Ensuite le braqueur m'a remarqué alors je n'ai eu d'autre choix que de le maitriser pour qu'il ne me fasse pas de mal, c'était de la légitime défense. Hors il me semble qu'en cas de légitime défense, il est clairement écrit que l'utilisation de l'alter est autorisé dans la limite du raisonnable.
Le commissaire n'avait plus les mots, il lui avait cloué le bec sur son propre terrain. D'où sortait donc ce jeune homme capable d'user des failles de la justice pour en jouer ? Dans tous les cas il n'avait pas tort. Et puis le punir dans ces conditions aurait été réellement injuste dans ce contexte. Le chien policier soupira à nouveau avant de froncer les sourcils, visiblement plongé dans une intense réflexion, un débat mouvementé à l'intérieur de son esprit. Il releva alors la tête et plongea son regard canin dans le regard rubis du garçon albinos.
-Tu as raison, je n'ai absolument rien contre toi judiciairement, et même moralement je n'avais aucune envie de wouf punir. Tu es libre, je vais te reconduire chez tes parents.
Le garçon baissa alors le regard avant de regarder Midnight pour attraper son avant bras. Pourquoi il avait fait ça ? Il n'en avait aucune idée. Il avait simplement ressenti une certaine sympathie envers cette héroïne qui se moquait éperdument des codes. Sa présence semblait le rassurer légèrement, dans ce monde il n'y avait pas que des lâches finalement.
-Je n'ai pas de parents. Enfin, je n'en ai plus depuis que je suis en bas âge.
Déclara le garçon d'une voix froide et vide. Les yeux des deux adultes dans la pièce s'étaient écarquillés. Ils ne savaient pas quoi répondre et encore moins quoi en penser.
-Tu vis où depuis que tu es petit ? Ne me dis pas que tu as grandi dans la rue ?
-Voyons commissaire ce n'est pas si choquant. J'imagine qu'il y a plein de gosses comme moi laissés à l'abandon. Je suis seul, j'ai toujours été seul et livré à moi-même.
Répondit le blanc en le regardant, vide de toute expression comme un robot. Elle ne savait pas si c'était son expression ou les mots qu'il avait prononcés, mais la phrase du garçon avait provoqué comme un pincement au cœur de la jeune femme. Même la sadomaso en elle ne pouvait trouver du plaisir dans ces mots dénués d'âme et de tout bonheur.
-Abandonné tu dis ? Nous allons vérifier cela dans ton dossier. Comment tu t'appelles ?
Le blanc haussa les épaules.
-Je ne sais pas. Je me fais appeler Harumi parce qu'un ami m'a nommé ainsi.
Mentir sur l'origine de son nom lui donnait presque envie de vomir. Même si dans un sens c'était vrai, c'était bel et bien un ami qui l'avait nommé ainsi. Le commissaire se pinça l'arrête du nez, enfin de la truffe dans son cas.
-Je vais faire venir DNA, je ne vois que lui pour nous aider. C'est un homme de la police scientifique dont l'alter lui permet d'analyser l'ADN plus rapidement qu'un ordinateur, il n'aura ensuite qu'à nous fournir le numéro de ton dossier. Es-tu d'accord ?
-Faites comme bon vous semble...
Le garçon lâcha l'héroïne qui ne savait pas où se mettre. Elle espérait au plus haut point que c'était un mensonge, qu'il avait une petite famille dans un endroit tranquille. Mais ce n'était pas le cas. Harumi lui, n'avait pas peur. S'ils voulaient le renvoyer au C.R.D.M.A, ils devront lui passer sur le corps, et il était sûr que Midnight l'aiderait. Après un rapide coup de fil, un homme au visage remplacé par un écran d'ordinateur entra dans la pièce. Il salua le commissaire et s'approcha de Harumi.
-C'est lui ?
-Oui.
-Tu permets jeune homme ? Je vais devoir te faire un tout petit peu mal.
L'homme arracha l'un des cheveux blancs du garçon. L'écran n'affichait rien, à part deux autres dossiers nommés respectivement : "Azusa Kuro" et "Seth Mitarashi".
-Étrange, c'est comme si son dossier n'existait pas. Comme s'il avait été effacé. Tout ce que je peux voir c'est qu'il a 16 ans, qu'il est né le 26 septembre, et qu'il est O positif.
Bien sûr, le C.R.D.M.A ne faisait pas les choses à moitié, ils avaient complètement effacé toute trace de son existence dans les archives. En revanche les liens parentaux n'étaient pas effaçables car effacer toute une famille était plus suspect que d'effacer un seul dossier.
-Son père s'appelait Seth Mitarashi, il est mort il y a 15 ans à cause d'une mauvaise chute. Quant à sa mère elle se nommait Azusa Kuro, elle est morte il y a quelques années en se suicidant après avoir essuyé une grosse période de dépression. On a retrouvé son corps au beau milieu de son salon elle avait ingurgité des médicaments pour mettre fin à ses jours.
-Tu aurais pu faire preuve d'un peu plus de tact.
Le sermonna le chien policier. Les espoirs du garçon s'étaient complètement brisés avec cette nouvelle. Il n'avait donc plus de chez lui ? Plus de mère pour l'accueillir en pleurant de joie ? Plus personne à qui se raccrocher ? La nouvelle lui avait retourné l'estomac, il en perdit presque l'équilibre mais s'était vite ressaisi. Maintenant, il était vraiment seul. Ça ne changerait rien à son quotidien de vagabond, de toute manière c'était mieux que de retourner là-bas. Et puis dans un sens, il se doutait bien qu'elle n'était plus de ce monde, même s'il avait plutôt imaginé que le C.R.D.M.A l'avait fait taire à tout jamais.
-Tu es un mineur, par conséquent je vais devoir te placer dans un centre d'accueil pour les jeunes défavorisés.
-Dans ce cas, je retournerai vivre dans la rue. Plutôt crever que d'être privé de ma liberté avec un groupe de jeunes comme moi.
-Tu n'as pas le choix mon garçon, tu n'as pas de famille et personne comme tuteur, tu n'existes même pas socialement parlant, je ne peux pas te laisser vagabonder dans la rue sans tuteur légal alors je dois au moins t'emmener dans un orphelinat le temps qu'on t'adopte ou que tu sois majeur.
L'albinos sentait son cœur battre la chamade, il jeta un regard désespéré à Midnight, priant pour qu'elle l'aide à s'en aller et qu'il puisse reprendre son quotidien de solitude et de haine. La tristesse gagnait de plus en plus le cœur de l'héroïne, elle l'envahissait de plus en plus. Elle ne pouvait ignorer la détresse du garçon qui avait tout pour être un héros de grande envergure. En fait, elle était si peinée pour lui, qu'une idée étrange avait germé dans son esprit.
-Je peux m'occuper de lui.
Avait-elle lâché soudainement sans aucune hésitation.
-Mais... Midnight tu es sûre de pouvoir t'occuper seule d'un adolescent de 16 ans ?
Oui, Midnight, l'héroïne perverse interdite aux moins de dix-huit ans, celle-là même qui avait pour habitude de se pavaner en ville avec son costume moulant et provocant, avec des manières de détraquée sexuelle, elle allait adopter un adolescent à la rue. À vrai dire, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle tenait tant à l'adopter, un centre aurait sans doute été bien plus efficace et bien mieux placé qu'elle pour s'occuper de lui. Mais elle l'avait senti, ce garçon possédait un avenir prometteur, bien plus que n'importe quel autre héros. Il était le détenteur d'un alter dont les capacités dépassaient de loin la moyenne. Ce serait du gâchis de laisser ce garçon dans la rue. Oui, plus elle réfléchissait, plus elle était convaincue d'avoir fait le meilleur choix. Après tout elle n'était pas seulement perverse, elle était aussi très soucieuse concernant l'avenir des plus jeunes, et extrêmement bienveillante avec eux.
-Oui, je suis sûre de mon choix.
Répondit-elle en fronçant les sourcils d'un air déterminé. Le garçon lui, posa son regard impassible sur Midnight. Il paraissait stoïque mais il était tout aussi étonné que le chien policier dans la salle.
-Enfin, si tu es d'accord bien sûr, après tout il vaut mieux ça que de gâcher ton potentiel à la rue. Alors, qu'en penses-tu ?
Dit-elle en regardant l'adolescent avec un grand sourire bienveillant et chaleureux. Un très mince sourire commença à se dessiner sur les lèvres du garçon, un sourire si mince qu'il fallait se concentrer un maximum pour l'apercevoir, comme une très légère fente dans un mur qu'on aurait creusée avec la pointe d'un compas. Il hocha la tête en regardant la femme dans les yeux.
-Je suis d'accord.
-Midnight... Tu es au courant qu'on parle bien d'élever un adolescent de seize ans, pas de ramener un adulte le coup d'un soir ? Wouf.
-Pour qui est-ce que tu me prends ? J'exerce aussi le métier de professeur à Yuei je te rappelle, l'éducation est une de mes spécialités.
-Bon... Puisque vous semblez sur la même longueur d'onde et que tu es une héroïne de confiance, je ne vois aucune objection à ce que tu adoptes cet enfant. Toutefois il devra suivre une scolarité comme tous les autres jeunes, j'imagine que tu feras ce que tu pourras pour le faire intégrer Yuei en cours de route. Nous allons faire le nécessaire des papiers rapidement afin que d'ici ce soir tu puisses être chez elle. Pour ce qui est de la scolarité, cela devra attendre que toutes les démarches administratives soient effectuées. Je vous prie de bien vouloir m'accompagner au poste de police.
Fit le policier en s'éloignant, leur jetant un regard leur indiquant de le suivre. Allait-il vraiment pouvoir rester avec elle ? Avec cette femme qui semblait être une personne atypique mais profondément bienveillante. La jeune femme se mit alors à marcher afin de rattraper l'homme, rapidement suivie par l'adolescent. Telle une nouvelle famille improvisée ils se dirigeaient vers un nouvel avenir plein de promesses et d'espoir pour Harumi.