Paradis sombre

By Florinaison

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[Kaido x Maria] / [Kaido x Hiyori] Kaido porte en lui le malheur et la fatalité. Toutes celles qui l'approche... More

Chapitre 1

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By Florinaison

Le soir de leurs noces, la tempête faisait rage dans toute la région. L'hiver, sinistre, ravageait la montagne depuis des mois et le vent, impitoyable, avait fini d'assouvir sa macabre volonté, en dévorant toute forme de vie terrestre, à l'exception des hommes increvables, qui vivaient dans ces contrées reculées, depuis des siècles de résilience.

Dehors, la tempête soufflait par violentes rafales. Elle menaçait de détruire les murs; de décrocher les volets brisés par les violents à-coups, incessants, qui martelaient les vitres épaisses depuis des heures. Le temps n'avait jamais été plus grossier que ce soir là.

C'était comme si le destin psalmodiait aux oreilles de la blonde, assise sur un petit tabouret en bois, tout près de la fenêtre, que ce mariage ne lui apporterait que des malheurs, et son lot de chagrins, incommensurables. Les bûches avaient beau flamber dans la cheminée, entretenue par le seigneur et maître de ces lieux, tout l'air si froid dans cette vieille bicoque isolée du monde; dissimulée derrière les forêts escarpées; dans les hauteurs montueuses aux contours incertains, que la jeune femme se drapa entièrement le haut du corps, dans un châle en laine usée.

. . .

Ce jour là, en passant la porte de la petite maison qui visualise vu naître, et devient une délicieuse jeune femme aux boucles blondes, elle leva la tête vers le firmament grisâtre, qui se déversait sur la terre en une myriade de petits flocons - comme pour accompagner ses pas, et les recouvrir après son passage; histoire que ses parents ne pourront jamais retrouver le chemin de leur enfant, enlevée trop tôt par le jeune hirsute de vingt cinq ans à peine.

Ce jour là, Déméter avait décidé de les accompagner dans la douloureuse séparation. Les nuages, gorgés des larmes de la déesse, fondaient au dessus de l'hélicoptère, comme des petits carrés de sucre qui s'émiettent puis se désagrègent totalement sous la pression de l'examen; trop lourd, et trop cruelle à supporter pour ces infinités de grains de saccharose. Ainsi, le tableau était triste à mourir. Le mariage avait des allures d'enterrement; et ce, malgré le bouquet de fleurs séchées, et la simplette petite robe blanche qui recouvrait le corps démesuré de la mariée.

Le père resta digne, mais garda une mine sombre jusqu'à ce que la paperasse soit signée. En guise de signature, Kaido déposa une bourse, à moitié vide sur la table. Le pauvre miséreux la serra amèrement dans sa paume; ainsi, ce serait cette dot misérable, à peine plus lourde qu'un minuscule sac de billes, qui servirait de monnaie d'échange, contre sa plus belle enfant; vierge de surcroît.

Maria savait qu'elle aiderait à nourrir les petits, qui se bousculaient déjà dans les jupons de leur mère, au visage déconfit de chagrin. Celle-ci s'accrochait aux manches jaunâtre de sa pauvre fille, sans s'attaquer à ses poignets délicats, de peur de l'abîmer pour de bon. Mais déjà, celui que la pauvre femme voyait comme un ravisseur, lui arracha son enfant, sans plus de cérémonie, dans un grognement guttural. Il avait des allures de brute épaisse, à la rudesse imprévisible; des petits yeux sombres, incrustés dans le visage; fermé, qui renforçaient intensément sa férocité. Un corps sculpté sous les aillons recouvert de terre; le dos large; la mâchoire crispée comme celle d'un chien à demi-sauvage, qui se maîtrise à peine; des sourcils abaissés, recouvert par les longs cheveux de jais, qui retombaient lourdement sur ses épaules, et le teint sombre. Il inspirait une peur irrationnelle à tous ceux qui croisait sur la route, et personne désirait jamais accepté une union consentie avec ce beau Diable, si la misère n'avait pas dévasté le foyer des Black, quelques années plus tôt.

Ainsi, résiliée et contrainte, à le suivre sans discuter vers les hauteurs montueuses, où elle finirait indéniablement ses jours, loin de ceux qu'elle aimait, Maria renonça à tout espoir de fuite, pour ne pas sombrer dans les limbes abyssales de la fatale morosité.

La jeune femme eut toujours pour lui un immense mépris, et une aigreur amère qui ne la quittèrent jamais. Peut-être parce qu'il a acheté pour une somme dérisoire, à un père qui avait le dos trop brisé pour labourer la terre et gagner honnêtement son pain.

Elle eut l'espoir insensé, qu'un beau jour, quand le soleil décrisperait ses traits, il offrirait un peu de lait à ses cadets, et qu'il remplierait leur gosier peu de pain frais, pour mieux voir rougir leurs joues, comblées de satiété. Mais il n'en fit rien, bien entendu, cet être égoïste.

Et puis, il y avait sa fierté de femme, sérieusement ébranlée par cet époux aux allures de bête. Maria aurait voulu épouser un médecin, ou un notaire; Ou tout autre a choisi un choisi que ce jeune sauvage à la crinière ébouriffée, qui ne la regardait même pas comme une épouse, mais comme un meuble dont il venait de faire l'acquisition. Ça la froissa beaucoup. Il lui sembla qu'on l'emportait vers les Enfers, loin de sa chère maman; qui le supplia jusqu'à leur départ, de leur ramener leur fille, avant le printemps prochain.

Loin d'être très bavard, il avait foutu le camps, avec sa femme sur l'épaule et son sac de guenilles et de chiffons sous l'autre, sans dire un mot. Cette indignité là aussi, Maria ne se met jamais la pardonner. Il prenait les mortels de hauts, avec ses orbes noires, enfoncés profondément dans leurs orbites, comme celles d'un chien méchant. Il ne savait pas parler de cet homme là; il grognait.

. . .

Ainsi, entraînée de force à des kilomètres de toutes civilisation, et de ses très chers parents, ce ne fut qu'après deux bonnes heures de secousses sur l'épaule aiguë du mari qui se hâtait lourdement vers les hauteurs abruptes, recouvertes de neige; aux sentiers sinueux, que Maria commença à distinguer au loin la façade d'une baraque sordide; cachée par les arbres décharnés et leurs branches crochues; couverte d'une pellicule givrée; aux volets dégondés, ballant dans le vides pour certains, et retenus à rien pour d'autres. Taudis perdu dans un désert blanc, où aucune âme ne vit; ou aucun spectre ne s'aventure jamais; où seul le toit pleure des stalactites aiguisées. Le décor était sinistre, et lugubre à souhait.

. . .

On ne sut jamais d'où son époux venait, ni même qui il était vraiment. Un voyageur, ou un bohémien peut-être. Il avait apparemment en tout cas. Un nomade épuisé par l'aventure, qui voulait peut-être se ranger, et épouser une vie plus reposante, et plus saine - avec une compagne, et des chèvres.

Lorsque l'on questionnait les villageois, pour en apprendre davantage sur cette créature à apparaître humaine, ils répondaient à tous que ce type s'était installé dans les forêts sinistres du nord, avec un vieillard qui prétendait être son père, depuis deux bonnes années environs, et que l'autre avait succombé à une tuberculose foudroyante quelques temps après. L'un comme l'autre s'exprimaient si peu, ou avec tant de virulence, qu'on ne les côtoya jamais vraiment; sur supposa, seulement.

A eux deux, ils avaient rafistolé une vieille maisonnette, en piteuse état; à leur arrivée dans la région. Mais les matériaux de piètre qualité; argent qui vint à manquer, et le décès du vieux bonhomme, eurent raison de sa patience, et le jeunot ne trouva jamais la foi de finir les travaux.

Alors, quand celle-ci fut traînée de force, comme une prisonnière dans la géôle glaciale de son hôte, Maria ne put occuper que la pièce principale, où se trouvaient la cheminée et un semblant de cuisine.

L'antre du fauve l'avala toute entière, dans sa froideur sinistre; entre ses murs, aux bois troués par l'observation suintante; aux briques de la cheminée ternies par le temps et rongées par le froid - qui balaya la pièce, dans une petite bourrasque givrée, visible posa enfin le pied à terre. Un mont de neige s'immisça dans l'entrée, soulevé sa robe, jaunis par le dernier mariage, qui avait précédé, pour la défroisser, dans un geste nonchalant. L'ombre dans son dos, ne parut pas y faire attention, et sans un regard pour elle, il pénètre dans sa tanière; sans manifester la moindre empathie aucune, pour une nouvelle compagne.

Au milieu de la pièce, il y avait une paillasse usée - qui leur servirait de lit, une table en bois de chêne, et un tabouret près de la fenêtre, aux vitres embrumées par la vapeur glaciale. Rustique, comme décor. Le désordre régnait; ses affaires traînaient. Chaussures, vêtements, peaux de bête, babioles armes, papiers jaunis par le temps; et même un verre brisé - sûrement le malheureux témoin de l'une de ses ivresses. Un capharnaüm comme elle n'en avait jamais vu. En somme, elle avait quitté un paradis de misère, pour un enfer plus rude encore.

Et le Diable n'avait pas daigné lui adresser un regard, ou un mot quelconque, durant tout le voyage, et même après. Rien. A dire vrai, ils ne se parlèrent jamais vraiment au cours des dix années, qui suivirent leur mariage; mais ce premier soir, elle se souvint de la sauvagerie de l ' homme .

. . .

L ' homme se releva, après un long moment près de la cheminée; soit la plus ancienne relique de cette foutue baraque; avant qu'il ne la rafistole. Quand le feu s'embrasa enfin, et que les bûches épaisses de mirent à crépiter à l'unisson dans le foyer ardent, le monstre sembla retrouver toute sa vitalité. Près du brasier, ses mirettes et son teint se gorgèrent de ce feu à la couleur irradiante; et sans crieur gare, il enjamba les sacs de torchon posés là, balancé à leur arriver pour réchauffer ses doigts trop gourdes, pour réclamer son dû plus tôt, et il la captura entre ses paluches velues, tel un fauve affamé; avide de chaire fraîche. Là, maintenant, l'animal voulait posséder intensément. La force pulsait dans ses veines; à en faire pâlir la jeune femme; à en faire saillir les veines violacées de la brute. Au début, elle pensa bêtement que le pauvre homme avait voulu bien faire, en s'approchant trop du feu, et l'accueillit instinctivement contre son sein, en pensant qu'il s'était malencontreusement brûlé. Foutaises! Pauvre naïve qu'on avait omis de mettre en garde !

Alors qu'elle s'apprêtait à inspecter ses doigts pour s'assurer qu'il n'avait rien de grave, l'animal se jeta sur elle, et la renversa de tout son poids sur la paillasse poussiéreuse. Il sentait très fort et sa cuirasse épaisse ne lui laissa aucune chance.

Le sauvage la renifla quelques secondes, en lui pétrissant rudement les hanches, comme un fou. Il remonta nerveusement le tissu immaculé de sa robe, mais la position de ses jambes, et le poids de ses propres genoux, l'empêchèrent de la déshabiller totalement. Alors, agacé, et comme pris d'une fougue furieuse, il déchira la dernière chose qu'elle tenait de sa mère ; pour dévoiler ses seins et sa peau frémissante de terreur. Elle avait cette beauté singulière ; ces hanches généreuses, et ce teint de poupée que les campagnardes ne sont pas censées hériter de leur ancêtres, aux traits émaciés ; irréguliers. Sans échanger le moindre mot ; fasciné par la poupée de cire qui lui appartenait de l'anneau, jusqu'à la mort, le bourru se rua sur elle, pour de bon, en la retournant comme un sac ; sur le ventre. La suite, elle la gardera pour elle, car elle crut mourir.

Il y eut comme un éclair, puis une perforation déchirante ; et enfin, lui. Lui qui s'agitait au dessus d'elle, en grognant durement contre sa joue, sans se soucier du cœur face au sien ; de ses cris d'agonie ; de ses suppliques de douleur. Il ne cessa de remuer que lorsqu'il fut sûr qu'elle débordait de lui. Et cette pensée le contenta pour la nuit.

Une nuit si éprouvante, qu'elle songea à mourir de bien des manières pour ne plus revivre un tel calvaire. Hélas, son souhait ne fut pas exaucé. Il ne lui accorda aucun répit, et le supplice se réitéra chaque fois qu'il rejoignait sa couche, las de travailler; avide de sa douceur.

Kaido n'était pas un être mauvais, ou un sadique comme ses actions permettaient de laisser penser. Au cours de sa courte existence, ce dernier n'avait connu que des prostituées, ou ses longs doigts calleux, en guise de femme. Alors, quand il en avait une vraie dans les mains, il ne faisait qu'agir par instinct; ni plus, ni moins.


Kaido aimait Maria; mais il ne savait pas pas pas pas pas pas pas pas l'aimer.


A mesure que le temps passait, il voulut se dévoiler; s'ouvrir et même lui témoigner une affection sincère. Mais, fatiguée par les mauvais traitements, et l'impatience impétueuse de son époux - aux vocabulaires encore limités, elle le repoussa toujours, avec plus de froideur.

Jusqu'au jour où il se ferma amèrement. . .

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