WARNING ! Cet OS est la cinquième partie du Défi Dofiris. Assurez-vous d'avoir lu les précédentes parties avant de continuer.
Bonne lecture !
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Isiris resta sans voix. Elle était stupéfaite... Doflamingo, un Dragon Céleste ? Ce n'était pourtant pas possible... Les Dragons Célestes étaient orgueilleux, égocentriques, égoïstes, sans aucun respect pour les autres humains. Ils se croyaient supérieurs à tous, et en droit d'avoir des esclaves, droit de décider de la vie ou de la mort des autres ainsi que beaucoup d'autres choses plus immondes les unes que les autres. L'ex-marine les haïssait du plus profond de son coeur, comme elle détestait le Gouvernement qui leur donnait des privilèges au mépris des autres, dans une totale absence de Justice. Doflamingo ne pouvait pas être l'un d'eux, cela paraissait invraisemblable et pourtant... Trafalgar semblait tout à fait sincère, tout à fait grave, tout à fait sérieux. Il dévisageai avec attention son interlocutrice, scrutant la moindre petite réaction qu'elle pourrait bien avoir.
Elle n'arrivait pas à y croire...Quelque chose était forcément vrai dans ce que lui avaient dit Fujitora, le prétendu roi Riku, et Trafalgar, il ne pouvait s'agir d'un simple complot. C'est vrai que Doflamingo ne lui avait jamais parlé de son passé ou tout simplement de lui-même, il avait toujours détourné la conversation pour qu'elle soit orientée vers son épouse. Il savait tout d'elle, mais elle ne connaissait pas tout de lui.
- Doflamingo veut la suprématie sur tout et lorsque quelque chose l'intéresse, il ne s'arrêtera pas avant de l'avoir.
Trafalgar garda un regard ardent sur la reine, alors que celle-ci s'était immobilisée, prenant le temps d'assimiler. Elle sentait que son coeur se serrait douloureusement, comme étranglé. Elle n'avait pas envie de croire ce qu'elle entendait, elle voulait de toute son âme faire confiance à son mari, mais, au fond d'elle, elle ne pouvait empêcher le doute de la frapper de plein fouet. Ce prétendu stratagème pour prendre le trône, puis cette nouvelle de Dragon Céleste et cette partie sombre qui serait en Doffy... Tout ceci était beaucoup trop pour n'être qu'une coïncidence. La partie d'épouse qu'elle était était stupéfaite et aimait trop son mari pour y croire, mais son esprit d'ancienne marine lui poussait à étudier cette piste. Elle devait absolument se calmer et avoir les pensées claires, elle devait garder tout cela en tête et enquêter elle-même de son côté, sans pour autant condamner qui que ce soit, et quelle que soit la finalité de tout cela, elle respecterait ce qu'elle a toujours voulu suivre : la Voie de la Justice.
La jeune femme se gifla intérieurement pour se ramener à la réalité. Elle s'aperçut que le pirate enchaîné au trône ne l'avait pas quitté des yeux et lui jetait un regard attentif, comme si il cherchait à l'analyser. Elle resta silencieuse, soutenant le regard de son interlocuteur avec cependant du mal. L'ex-Shichibukai finit par soupirer en fermant brièvement les yeux.
- Tu n'es pas la seule à te tromper sur son compte.
Elle fronça les sourcils et voulut répliquer, mais elle eût à peine le temps d'ouvrir la bouche que le fracas de la porte s'ouvrant la coupa dans son action. Elle tourna la tête et fit face à son époux. Il venait d'entrer, seul. Il souriait de toutes ses dents mais semblait aussi surpris qu'elle.
- Ma reine... Que viens-tu faire ici ?
Elle resta bouche-bée, le souffle coupé. Prise sur le fait, elle ne savait que répondre, et face aux soudains doutes qu'elle avait eu envers son époux, elle resta muette face à lui. Sa confusion devait ressortir sur son visage, car son mari perdit son sourire, il s'approcha d'elle et posa une main sur sa joue.
- Tu n'as pas à t'en faire, très chère. Comme tu peux le voir, Trafalgar Law est hors d'état de nuire. Toi et le royaume ne craigniez rien.
Elle hocha la tête sans parler. Les traits de Doflamingo, auparavant adoucis pour sa femme, se crispèrent alors soudainement et il reprit son grand sourire carnassier en se tournant vers le plus jeune de ses prisonniers.
- Je croyais t'avoir bien amoché et pourtant tu as vite repris conscience. Tu es toujours aussi surprenant, Law.
Trafalgar le fixait sans rien dire, se contentant de lui lancer un regard noir qui ne semblait pas déstabiliser l'intéressé, toujours aussi souriant.
- Tu devrais nous laisser, ma reine.
Entendant qu'on s'adressait à elle, elle leva la tête pour regarder le visage de son mari. Un éclair de surprise l'avait traversé, elle ne comprenait pas pourquoi il lui demandait une telle chose. Depuis leur mariage, ils avaient toujours réglé les affaires du royaume ensemble. Trafalgar était un prisonnier du royaume, et en tant que tel, elle, la reine, avait le droit et le devoir de rester et l'interroger avec son mari. À moins qu'il n'y aie autre chose...
Un sourire en coin avait naquit sur les lèvres de la Supernova. D'une voix acide, Law répliqua :
- Les autres ne sont donc que des marionnettes pour toi, même ta femme.
Une veine se contracta sur le front du Shichibukai. Son sourire avait laissé place à un rictus affreux et terrifiant, qui fit même sursauter intérieurement la jeune reine. Le Flamand Rose se pencha vers son prisonnier et murmura difficilement entre ses dents :
- Ne dis pas quelque chose que tu pourrais regretter.
Isiris leva la main et la posa sur le bras de son mari. Elle voulut le calmer, mais elle n'eût pas le temps d'essayer, car son bébé Den Den Mushi s'était mis à sonner. Les têtes de Trafalgar et de Doflamingo s'étaient tournées vers elle, alertés soudainement par le bruit. Elle lâcha le roi, sortit l'escargophone et décrocha, laissant échapper à l'escargot la voix tonnante d'un soldat :
- Ici l'entrée principale de la tour des remparts ! Des intrus ! C'est Luffy au Chapeau de Paille !
Doffy se redressa vivement. Son visage, redevenu imperturbable, s'était tourné vers les images du Colisée émises par le visio-escargophone.
- Quelque chose ne va pas ici...
La voix de Baby 5 s'éleva alors du petit appareil, comme pour affirmer les dires de son capitaine pirate :
- Vous devez vous tromper ! Mugiwara est actuellement en train de combattre dans le Colisée déguisé en Lucy !
Lucy... Isiris se tourna vers la vidéo projetée. Si elle en croyait les commentaires de Gatz, Lucy était cet homme aux lunettes de soleil, portant un casque doré et une cape rouge. Elle fronça les sourcils. Pourtant, elle était sûre qu'il ne s'agissait de Mugiwara. Monkey D. Luffy n'avait pas les cheveux blonds et le visage bien que dissimulé du combattant semblait plus âgé que celui du troubleur de la Guerre au Sommet.
Comme pour lui donner confirmation, de nouvelles voix s'échappèrent de l'escargophone, affirmant l'intrusion du Chapeau de Paille au Palais, accompagné de Zoro le Chasseur de Pirates et de Violet. La souveraine tourna brusquement la tête vers le petit objet posé dans sa main lorsqu'elle entendit les soldats prononcer le nom de la danseuse. En deux ans, les deux femmes s'étaient beaucoup rapprochées, devenant de bonnes amies, et à présent, l'ex-marine ne voulait pas croire ce qu'elle venait d'entendre. Violet, semblait-il, les avaient trahi... Pourquoi condamner le royaume en permettant à des pirates de s'introduire dans le palais ?
Sous le choc, elle fût soudainement ramenée à la réalité quand son mari lui arracha le Den Den Mushi des mains, pour hurler dans celui-ci de toutes ses forces, demandant qui était l'enfoiré qui courait dans tous les sens dans le Colisée, demandant ce qu'il se passait.
Doflamingo n'avait plus rien de calme, plus rien de doux ni même son sourire. Ses veines étaient toutes ressorties sur son front et son visage livide semblait sortir de l'Enfer. Il était tout à fait hors de lui, menaçant au point qu'il donnait l'impression de vouloir tuer quelqu'un dans l'instant. Isiris se jeta sur lui. De la sueur perlait sur son front, craignant que son mari ne s'emporte trop. Le voir ainsi ne la rassurait pas, mais elle savait qu'il ne lui ferait jamais aucun mal et que si quelqu'un pouvait le calmer, c'était bien elle. Elle était trop petite face à lui pour poser ses mains sur ses joues et le forcer à la regarder, alors elle lui saisit les mains et les étreignit d'une forte poigne, tout en levant les yeux vers lui.
- Doffy ! Calme-toi ! Tu n'arriveras à rien si tu t'énerves !
Le roi baissa son visage contracté par la fureur vers sa femme et celle-ci, inconsciemment, se figea face à cet air menaçant qui lui faisait si peur chez son mari. Ils se dévisagèrent de longues secondes qui parurent à la jeune femme interminables, mais les traits du Shichibukai finirent par se relâcher. Ses muscles se détendirent et ses veines disparurent sous la peau de son front. Lorsque Doffy retrouva son calme, sa femme, au même moment, se détendit, soulagée que cet excès de colère ne soit pas allé trop loin.
Leur répit ne fût que de courte durée. Bientôt, Baby 5, Buffalo et quelques soldats les rejoignirent dans la salle des trônes et Doffy, après s'être assis face au siège du coeur et sans prêter attention à la présence de sa femme, se mit à questionner Trafalgar Law très précisément, lui parlant d'usine de SMILE, de nains de Green Bit, de Sugar, de coeur des ténèbres de Dressrosa, des paroles incohérentes pour l'ex-marine. Hormis Sugar, qui pour elle était une petite fille adorable, elle n'avait jamais entendu parler d'usine ou de nains, mais le regard que lui jetait le gladiateur prisonnier lui fit rapidement comprendre qu'il ne s'agissait pas de propos à prendre à la légère.
La conversation avec Law ne s'arrêta pas là. Bientôt, elle apprit que le Chirurgien de la Mort avait rompu son alliance avec Mugiwara, et que l'homme enchaîné contre le pilier était bel et bien le roi Riku. Le sang se glaça dans ses veines. Et si tout le récit de cet ancien roi était vrai ? Et si Doffy méritait bel et bien son titre de Démon Céleste ? Et si c'était bien un Dragon Céleste ? Et si... Le coeur des ténèbres de Dressrosa... Commençait-il avec la prétendue prise de pouvoir de Doflamingo, qui selon les dires de Riku avait eu lieu il y a 10 ans ?
Les questions se bousculaient dans la tête de la jeune épouse, et plus elle y réfléchissait, plus elle y trouvait de la cohérence. Tout ceci expliquerait comment Doffy avait réussi à transmettre à travers le monde la fausse information de sa démission, ou pourquoi il s'absentait si souvent, lui laissant gérer le trône seule... Parce qu'il était un Dragon Céleste, parce que cette usine de SMILE était son commerce... Et cela expliquerait tout le mystère autour de son passé, la mise en garde de Kuzan et celle de Fujitora, l'air si attristé du roi Riku et la haine meurtrière de Trafalgar...
- C'est une blague ?!
L'exclamation déchaînée de son mari la fit sursauter et revenir à la réalité. Il avait retrouvé son visage furieux, proche d'un courroux sans bornes qu'il parvenait à peine à contrôler. La voix larmoyante de Trébol s'éleva alors du Den Den Mushi.
- Tous ces gens que nous avons asservis durant ces dix dernières années ont retrouvé leur forme humaine !
Leur forme humaine... Ce pourrait-il que les jouets vivants soient en réalité des humains ? Isiris couvra sa bouche de sa main en ouvrant des yeux écarquillés. Son coeur se mit à battre à tout rompre. Doflamingo paraissait totalement hors de lui et Trafalgar souriait triomphalement, mais elle n'y accorda pas d'importance. Tout lui semblait flou, comme si elle était en dehors du temps. Elle n'avait conscience que d'elle et de son désarroi. Merde, qu'est ce qu'il se passait à Dressrosa ? Qu'est ce qu'il se passait aujourd'hui, pourquoi tout d'un coup toutes ses révélations appuyées par les cris de rage des habitants qui parvenaient à ses oreilles depuis l'extérieur? Qu'était vraiment ce royaume ? Qu'était vraiment Doflamingo ?
Elle n'était sûre que d'une chose. Dressrosa était beaucoup plus sombre qu'elle ne le pensait. Son mari lui avait caché, il lui avait menti, et à son insu, elle avait participé à toute cette mascarade... Elle commençait à penser que Riku avait dit toute la vérité, et que Trafalgar avait eu raison sur un point. Comme pour ce pays et ces habitants, elle avait été la marionnette de Doflamingo, l'aidant à asservir la population, l'aidant dans son crime...Elle, qui voulait tant suivre sa propre Justice, voilà qu'à cause d'un amour et d'une confiance aveugles, elle était devenue criminelle.
Une larme roula sur sa joue.
- Votre Majesté, attention !!
Elle se sentit brusquement attrapée et tirée sur le côté. Elle papillonna les yeux, le souffle coupé, surprise par cette soudaine intervention de Baby 5. La jeune soubrette fixait un point, les pupilles rétractés, et en regardant dans la même direction, Isiris comprit pourquoi.
Un homme de grande taille était entré. Il avait la peau bronzée, les cheveux noirs et une cicatrice sur le front, mais le plus surprenant chez lui était son handicap : il lui manquait une jambe. Il semblait avoir esquissé une attaque avec son épée et devant lui se tenait un corps recouvert d'un manteau de plumes roses, sans tête...
À la vue du corps décapité de son mari, la reine poussa un hurlement. Son corps se déroba sous elle et elle tomba à genoux à même le sol. Elle n'arrivait pas à détourner le regard. Des larmes obstruèrent sa vue, des sanglots la secouaient sans relâchement. Son coeur battait à tout rompre, donnant l'impression à chaque seconde qu'il allait exploser dans sa poitrine. Elle n'en pouvait plus. Elle avait toujours eu les nerfs solides mais tout ceci avait été beaucoup trop en quelques heures. Elle n'arrivait qu'à pleurer, sans pouvoir avoir les idées claires, sans pouvoir chasser de son esprit cette pensée affreuse à ses yeux : Doflamingo, l'amour de sa vie, était mort.
Une large main se posa sur son épaule. Surprise, elle tourna précipitamment la tête, assez pour voir un bref instant le visage de son mari lui sourire avant que celui-ci ne disparaisse. Elle resta immobile, saisie de surprise. Avait-elle rêvé ? Était-elle assez sous le choc pour voir des illusions ? Elle secoua la tête pour reprendre ses esprits. Non, ce n'était pas ça, ce n'était ni une illusion ni un rêve, elle avait bien vu son époux se déplacer à grande vitesse, comme si il usait de la technique de l'Incision.
Elle sentit le rythme de son coeur se calmer. Ses pensées s'apaisèrent et elle retrouva son sang froid. Doflamingo était encore vivant, et bientôt elle en eût la confirmation, car celui-ci réapparût, la tête bien fixée à son corps, et s'attaquant à celui qui avait tenté de l'assassiner.
Isiris se releva et échangea avec Baby 5 un regard. Doflamingo et le clone de fils décapité avaient levé la jambe et tout en coupant le bâtiment du palais dans lequel ils étaient tous, il avait tenté de tuer son assaillant, mais un jeune garçon arborant un chapeau de paille s'était interposé, forçant l'homme à la jambe manquante à se baisser, évitant ainsi l'attaque. Face à la scène, elle écarquilla les yeux. Monkey D. Luffy s'était donc bien introduit ici.
Soudainement alertée par son Haki de l'Observation, l'ex-marine tourna la tête vers le trône de coeur, y découvrant auprès de Trafalgar une jeune femme aux longs cheveux bruns. C'était donc vrai, Violet s'était alliée aux deux Supernovas et à présent, elle essayait de libérer Law de ses chaînes tandis que Mugiwara se battait contre Doffy.
- Majesté ! Ne vous éloignez pas !
Baby 5 s'égosillait, mais Isiris ne lui accorda aucun attention. Les poings serrés, elle s'avançait vers Violet et Trafalgar. La danseuse, voyant son amie arriver vers eux, se figea dans ses mouvements.
- Isiris...
L'intéressée se figea. Ses yeux se plongèrent dans ceux de Violet, qui n'arrivait pas à prononcer une parole face à elle. Elle ne savait comment lui expliquer brièvement ses actions, ses objectifs, elle avait conscience de l'avoir trahi en tant qu'amie pour lui avoir caché tous ces secrets, mais elle l'avait aussi trahi en tant que subordonnée de Doflamingo. Elle avait conscience que ce genre de trahison pouvait lui valoir la mort.
Isiris soutint son regard un long moment sans rien dire. Elle était perdue face à ce qu'elle devait faire. Devait-elle être loyale à son époux et empêcher ces deux-là de s'en sortir, ou devait-elle les aider à tuer l'homme qu'elle aimait ? Ce dilemme, pourtant si neuf, n'était qu'un tiraillement sans fin pour son coeur. Elle ne voulait pas faire un tel choix, elle ne pouvait pas trahir son bien-aimé ni aller à l'encontre de ses principes, mais elle devait faire un choix. Elle devait prendre ses responsabilités en main. Un soupir lui échappa.
- Dépêche-toi, Violet. Avant que vous finissiez en dommage collatéral.
Les yeux de son interlocutrice s'écarquillèrent. Elle resta face à son amie, surprise, sans voix, avant de finalement prononcer un mot :
- Pourquoi ?...
La jeune reine eût un faible sourire et haussa les épaules.
- Justice doit être faite. Si tu fais confiance à Trafalgar et Mugiwara, alors moi-aussi. Partez tous les trois, vite.
- Mais ton mari...
- Je reste avec lui, il me doit quelques explications. Ensuite... Je ne sais pas, j'aviserai.
Violet laissa échapper un souffle soulagé. Elle quitta Trafalgar et prit soudainement son amie dans ses bras, lui offrant une forte étreinte traduisant toute sa gratitude.
- Si ce monstre te fait le moindre mal, je le tuerai.
- Pense d'abord à toi.
Les deux amies échangèrent un sourire complice avant de se séparer. Isiris tourna son visage vers Trafalgar et le fixa sans traduire d'émotion. Le pirate de la Génération Terrible finit par avoir un léger signe de la tête, en guise de remerciement.
- Princesse-ya.
- Toubib.
Les deux jeunes gens furent soudainement interrompus par le voix souriante de Doflamingo, nuancée d'un ton dur, sadique, menaçant, une tonalité violente que la jeune épouse n'avait entendu qu'une seule fois, il y a deux ans, lorsque le Shichibukai avait décapité un à un les pirates qui s'en était prise à elle et son équipage.
- Ce n'était rien comparé à la tragédie sur le point d'arriver maintenant...
Trafalgar écarquilla les yeux d'horreur. Il s'était soudainement figé, en proie à une terreur sans nom dont l'ex-marine ne sut identifier la cause. Tout à coup, elle se sentit attrapée. Ses pieds quittèrent le sol et sa tête se retrouva contre le torse de son mari. Dans un saut, celui-ci les écarta, laissant la place à Pica, qui, en usant des capacités de son Fruit du Démon, chassa les indésirables, emportant dans une vague de pierre Mugiwara, Trafalgar toujours enchaîné au trône, le roi Riku, Violet et le guerrier inconnu. Tout se passa ensuite très vite et Isiris eût à peine le temps de sentir le bâtiment trembler avant que tout le palais, par Pica, ne soit retiré du plateau sur lequel il était, pour être déplacé et planté directement sur le Champ de Fleurs.
La salle du trône était à présent devenue comme une terrasse, donnant vue sur tout Dressrosa. Doflamingo souriait de toutes ses dents. Avec délicatesse, il fit revenir sa femme à terre, puis il s'écarta, allant voir ses sbires tandis que son clone de fils se défaisait, envoyant tous ses fils vers le ciel. Isiris courut jusqu'à être au bord de la salle et découvrit avec horreur que ces fils déployés ne présentaient aucune pitié, aucun échappatoire. Ils formaient une cage qui emprisonnait tout le royaume, ne permettant à personne de s'échapper. La jeune femme resta figée, les yeux écarquillés, respirant à peine. La terreur régnait en ville, les saccages, les cris des innocents résonnaient comme une mélodie affreuse pour ses oreilles. Derrière elle, alors qu'elle souffrait intérieurement le martyre, elle entendit Doflamingo s'adresser aux habitants, les menaçant de mort, les manipulant, se réjouissant de leur peine, les privant d'espoir, hormis celui de tuer ceux qui s'étaient dressé contre lui. Doflamingo se montrait enfin sous son vrai jour. Il était donc bien méritant de son épithète, comme disait l'amiral Fujitora. C'était un vrai monstre, un Démon Céleste.
Elle se mordit la lèvre, étouffant un sanglot. Elle sentait son coeur brisé, son moral réduit en poussière et tout ce chagrin, cette impression de trahison, avait eu raison d'elle. Elle s'appuya contre le mur découpé et ferma les yeux, retenant de toutes ses forces ses pleurs.
- Isiris ...
Comme auparavant, elle sentit la main du Shichibukai venir se poser sur son épaule. Elle tremblait, mais se risqua à tourner la tête, faisant face au visage sans sourire et orné de cette tension que Doflamingo usait pour manifester son inquiétude. Malgré elle, son coeur se déchira d'autant plus, mais elle tâcha de rester fière et sérieuse.
- Tu as des choses à me dire, il me semble.
Ce ton se voulant fort, cette expression de peine profonde, ces tremblements, tous étaient de trop aux yeux du Démon Céleste. Son poing libre se serra, faisant blanchir ses phalanges. Il haïssait par-dessus tout de la voir ainsi, et le plus douloureux et détestable, à ses yeux, était qu'il en était la cause. D'un mouvement sec, il tourna la tête et d'un simple regard jeté vers ses subordonnés, il leur fit comprendre de rapidement déguerpir.
Lorsqu'il furent enfin seuls, Doflamingo lâcha sa femme et s'éloigna, patientant, le temps qu'elle puisse s'apaiser et s'exprimer un peu plus calmement. Isiris s'obligea à ravaler son chagrin, son sentiment de trahison, pour faire face à son mari. L'intéressé la fixait sans sourire, sans trace de sa quelconque malice habituelle. Il avait pris conscience que cette fois-ci, le rideau était tombé et le jeu révélé. Il ne pouvait plus rien lui cacher. Il alla s'asseoir au rebord du bâtiment et retira ses lunettes, avant de relever les yeux vers celle qu'il aimait. Qu'il aimait, oui... Il l'aimait profondément, sans arrière pensée, et le jour de leur mariage, il lui avait juré fidélité et sincérité. Il était temps pour lui de respecter la deuxième partie de son engagement.
- Je crois te devoir quelques explications.
Elle hocha la tête. Elle essayait de s'affirmer et de prendre ce visage stoïque qu'elle avait de si nombreuses fois revêtu pour ses activités professionnelles, mais elle semblait plus perdue qu'autre chose. Aux yeux de son mari, c'en aurait presque été mignon, mais il n'avait pas la tête à être distrait. Tout allait sûrement basculer, dans quelques instants. Que le monde entier le déteste au point de vouloir sa mort, il ne s'en souciait pas, mais elle... C'était bien pour cela qu'il avait décidé de la garder dans l'ignorance. Lorsqu'il lui aurait tout expliqué, qui sait ce qu'il se passera ? Peut être ne l'aimera-t'elle plus, peut être ne voudra-t'elle plus le voir, ou au contraire, le tuer ou le capturer. Peut être qu'elle le verra comme un monstre... Non, non. Il n'en était pas question. Elle est sa femme, et la mère de son futur fils. Il l'aime au point de tuer pour elle et il est bien décidé à la garder auprès de lui. Même après tout ce qu'il comptait lui dire.
----- Fin de la Cinquième Partie -----