Aurore
-Qui a-t-il Lucien ?
-Elle est à moi, et je crois qu'elle est en état de choc.
Etat de choc ? C'est une blague ! Je ne suis pas en état de choc, si j'avais l'usage de mon corps j'aurai défoncé la moitié des hommes qui sont présents dans cette putain de pièce en commençant par cet imbécile de George.
-En état de choc. Répète George.
-Oui, elle n'a pas l'habitude de se retrouver dans des situations...complexes.
Même moi je n'y crois pas merde ! Mais qu'est-ce qu'il raconte ?
Je retente ma chance en essayant de bouger mais rien, je n'y arrive pas.
-Le genre de fille qui ne nous posera pas de problème je présume. Constate ce George avec un ton sarcastique.
-Exactement, elle ne te causera aucun problème. Rétorque Lucien.
George tousse, puis il reprend la parole d'un air autoritaire.
-C'est bon, tu peux l'emmener. Mais n'oublies pas le dîner ce soir dans la grande salle, tu sais combien Damon a horreur du retard.
-Oui bien sûr, après tout on est ici pour le servir. Répond Lucien d'un air moqueur.
-Je ne rigole pas Lucien, pas de conneries !
-Oui, c'est bon, j'ai compris. Rétorque ce dernier en s'abaissant vers moi, je sens ses mains me soulever de terre pour me plaquer contre son torse.
Ensuite il se dirige vers la sortie, dans cette position je peux avoir un aperçu de l'endroit où je me trouve, ça ressemble à une grange abandonnée, une quinzaine de filles se trouvent parterre en mal état, il y'a celles qui pleurent, celles qui semblent avoir perdu connaissance et puis celles qui sont blessées, les marques de sang prouve cela.
Des hommes sont debout devant cette scène misérable. J'ai l'impression de revenir au moyen-âge, le temps où les femmes étaient traitées comme des moins que rien.
Une fois dehors un léger vent vient caresser mon corps. Je n'arrive toujours pas à bouger, à croire que je suis paralysée pour l'éternité.
Dehors je remarque des petites maisons en très mal état, une route remplie de boue, et puis un grand édifice, on dirait une église. Une sensation froide et mélancolique me prend, j'ai l'impression de me retrouver dans une ville fantôme.
Lucien commence à grimper des escaliers, puis on se retrouve devant une porte en bois qu'il ouvre avec des clefs.
Une fois à l'intérieur, je sens une odeur de moisie pas très agréable. Lucien continue de marcher jusqu'à ce que je sente qu'il me dépose sur un matelas dur.
Mes yeux le fixent instinctivement, enfin je peux voir mon ravisseur, il est grand, musclé, ses cheveux sont très blonds, et ses yeux sont gris. Il porte un t-shirt noir et un jean.
-Je sais que tu te demandes ce que tu fais ici Aurore.
C'est dingue, tout le monde se demande ça, mais personne ne veut répondre clairement de ce que je fiche dans cet endroit bizarre et pas commun.
J'essaie de parler ou plutôt de jurer, mais je n'y arrive toujours pas. Il a de la chance, beaucoup de chance.
-Je t'ai administré un sérum pour te paralyser. Il le fallait, sinon ils nous auront tués tous les deux.
Je ne comprends pas où il veut en venir. Pourquoi est-ce que ces gens veulent nous tuer ? Je suis sure que mon père est dans le coup ! Ces gens sont surement ses ennemis ou ses concurrents. Sinon pour quelle autre raison voudraient-ils me tuer ?
-Tu as une dette envers moi Aurore, et aujourd'hui je viens réclamer mon dû.
Il fait le tour du lit en me fixant. Il s'approche de moi avec une seringue qu'il vient de sortir de sa poche. Il prend mon avant-bras et me pique pour m'injecter le produit.
Une fois fait, je commence à sentir une sensation de froid au niveau de ma tête, puis des fourmillements dans mes pieds ainsi que mes mains. Quelques minutes plus tard je retrouve ma voix, je tousse plusieurs fois. Lorsque j'essaie de bouger, j'y arrive.
Je fixe Lucien en sentant ma respiration s'accélérer.
-Vous voulez quoi ? C'est quoi cet endroit ? Et pourquoi je suis ici ? Je demande en le fixant durement. Je ne vais pas me laisser impressionner par lui.
-J'ai besoin que vous tuez quelqu'un pour moi.
Je ris nerveusement en me levant du lit pour lui faire face. J'évite de justesse de tomber. Mes pieds ont étés trop longtemps paralysés. Lorsqu'il essaie de me rattraper je refuse son aide.
-Je vous rappelle que dans mon couple, c'est mon mari le tueur à gage !
-Amener un homme ici n'aurez servi à rien. Tu es une femme, ils ne te verront jamais venir, tu es parfaite pour cette mission.
Oh seigneur ! J'ai l'impression que ma tête va exploser.
-Nous avons passé un marché Aurore, il est temps de l'honorer.
Je me mords l'intérieur de ma joue en essayant de réfléchir.
-N'essaies pas de réfléchir à comment t'enfuir, tu n'y arriveras pas.
Je le fixe durement.
-Et pourquoi pas ? Vous croyez que je ne peux pas m'enfuir ? Vous voulez parier ? Je le défi en croisant mes bras. Mon corps semble encore sous l'effet du produit paralysant qu'il m'a injecté.
Il s'approche de moi, puis il incline sa tête sur le côté en affichant un demi-sourire.
-Non, pas ici, cette organisation existe depuis des siècles. Ici, le mot fuir représente le rêve imaginaire de chaque femme.
Je plisse les yeux et serre les poings. Si cette organisation existait vraiment, j'en aurais entendu parler.
-Qu'est-ce que c'est cette organisation en fait ? Du trafic d'être humain ?
Son regard gris s'assombrit, il s'approche de moi, je jure voir une nuance de tristesse dans son regard.
-C'est l'enfer, pour les femmes, ainsi que pour quelques hommes...
-Quelques hommes ? Vous parlez de vous, pas vrai ?
Il hausse ses épaules.
-Pas que moi, il existe d'autre hommes qui veulent voir cette putain d'organisation disparaitre, car ici, ce n'est pas le monde réel et pourtant ça l'est en même temps, ici ça craint Aurore. Les femmes sont soumises à des monstres, elles se font kidnappées, martyrisées, violées, et elles n'ont personne pour les sauver.
Mon cœur se serre, je n'ai jamais accepté ce genre de pratique, une femme ou un homme, a droit à sa liberté, personne n'a le droit de leur enlever leur identité, liberté ou leur vie.
La réalité me frappe, je suis ici pour tuer quelqu'un mais qui ? Et pourquoi ?
-Lucien...c'est quoi mon rôle dans cette histoire ? Qui je dois tuer ?
-Il y'a six mois de cela j'ai sauvé Liam ton frère, aujourd'hui je te demande de m'aider à sauver ma demi sœur.
Je le fixe en me demandant qu'est-ce que j'ai pu faire dans ma putain de vie pour me retrouver régulièrement dans des situations pareilles, et puis où est Elias ? Pourquoi ne m'a-t-il pas encore trouver ?
-Allez, qu'on en finisse, j'ai des trucs à faire après. Qui je dois tuer ?
Il sourit encore. Je lève les paupières pour l'inviter à faire vite et à me dire qui je dois éliminer pour sortir d'ici.
-Doucement, ce n'est pas aussi simple que ça, cette histoire peut prendre plusieurs semaines.
-Euh...je n'ai vraiment pas le temps avec ces conneries...
Avant que je puisse terminer ma phrase la porte d'entrer s'ouvre. Georges entre en nous fixant.
-Je vois qu'elle commence à s'accoutumer. Constate-t-il en me regardant perversement.
-Oui, je lui explique les règles. Sinon tu veux quoi Georges ?
Son regard s'attarde sur moi, puis il me quitte des yeux pour fixer Lucien.
-Damon a demandé à te voir.
-D'accords je...
-Maintenant. Informe George d'une voix sans appel.
Lucien le tue littéralement du regard. Puis il dirige son regard vers moi.
-Aurore ! Prend ta douche, habilles-toi avec les vêtements qui sont dans l'armoire, une fille viendra vers toi pour te faire visiter les lieux. Dit-il d'une voix menaçante. J'avale ma fierté lorsque je me rends compte que je dois jouer le jeu de la parfaite soumise à son maitre.
Sur ce, George et lui quitte la maison en me laissant seule ici.