Winnie

By Mellyturtle

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À trois semaines de la saint Valentin, Winnie, la rédactrice en chef de Lukas toujours célibataire, est oblig... More

Winnie

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By Mellyturtle

Voici Winnie, la petite soeur de Lukas telle qu'elle a été publié pour la première fois en 2018. Je vous laisse (ré)apprécier cette histoire. xoxo.

***

Je suis certain que chez vous, Saint Valentin rime avec joie, avec bonheur, avec amour. Lorsque votre esprit songe à ce moment, vous voyez des petits cœurs, et du rouge, beaucoup de rouge.

Pas chez moi.

Non.

Chez moi Saint Valentin rime avec stress, rime avec cri, rime avec dépenses inconsidérées pour réussir à mettre une fille qui s'est épilée dans mon lit. Ne vous faites pas d'illusion surtout, mesdames, si votre petit-ami vous emmène au restaurant, qu'il accepte de briser son PEL pour vos pousses de betteraves, c'est uniquement parce qu'il sait qu'au bout se trouve la récompense de temps d'effort, de sa quête.

Le Saint Graal. Votre Saint Graal, jalousement gardé et que vous n'offrez, théoriquement, qu'à peu d'entre nous, sauf si vous êtes une pute.

Je vous entends déjà me traiter de sale connard misogyne et vous avez presque raison. Je suis un sale connard, mais j'aime les femmes autant que je hais la Saint Valentin.

— Okay Luk'. C'est non. Tu ne peux pas me demander de publier ça.

— Tu voulais mon avis, si je ne m'abuse, mon avis sincère, soupire-t-il

— Tu ne peux pas traiter nos lectrices de pute ! C'est impossible. Okay tu écris bien mais tu as été trop loin cette fois.

Je le regarde, légèrement agacée. Est-il sérieux ? Il sait très bien pourtant que je ne peux pas publier ça. Je risquerai de le faire assassiner par les actionnaires et par mes lectrices. J'ai une entreprise à tenir. Il tapote son genou et finit par sourire, amusé.

— Winifred. Si tu ne veux pas de mon avis sincère, dis moi ce que je peux faire... pour te rendre heureuse. Je ferai n'importe quoi pour te contenter.

Il est gentil, je le sais, mais parfois, il déconne totalement. Je ne sais pas trop ce qu'il essaye de faire, mais, il est beau comme ça. Je finis même par sourire mais quand je me rends compte de ce que je suis en train de faire, je préfère baisser les yeux et je frôle mon oreille gauche, gênée. Ça fait trop longtemps que tu as pas tiré ton coup ma vieille. Je me lève souplement pour aller à la fenêtre. Je n'ai pas touché un homme nu depuis trop longtemps. Je sens mon corps qui brûle et personne n'est là pour éteindre cette flamme dévorante. Je n'intéresse plus personne.

— Recommence et cette fois, sois un peu plus...

— Commercial et lisse. J'ai compris.

Ce n'est pas ce que je voulais dire mais tant pis. S'il pouvait ne pas traiter les lectrices de putes, ce serait une avancée spectaculaire. Je regarde par la fenêtre l'agitation de la rue. Pourquoi suis-je la seule à ne plus avoir cette euphorie de la première rencontre ? Est-ce que mon temps est déjà passé ? Je n'ai pas entendu la porte se fermer et je vois que Lukas est toujours là.

— Tu es encore là ? demandé-je.

— Tu serais dispo pour aller boire un verre ce soir ? lance-t-il soudainement.

— Avec... toi ? balbutié-je.

— Ça te pose un souci ?

— Je voulais juste savoir si c'était tous les deux ou entre collègues. Dans tous les cas, c'est okay, mais c'est toi qui paye. Ferme la porte en sortant.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Au moins, il me distraira un peu et me coupera de mon quotidien. Je ne peux pas que travailler, même si mon boulot de rédactrice en chef chez Cora's Magazine me plait énormément. J'entends déjà les critiques de ma mère sur ce sujet. Merde, ma mère. Je compulse mon agenda à grande vitesse et je vois l'inévitable. Elle a organisé un brunch demain. Je dois y aller ce soir. Je passe la tête dans l'open space, mais je le vois concentré sur son travail. Je ne veux pas le déranger pendant que son génie est à l'œuvre. Il a une capacité de travail assez impressionnante et c'est pour ça que je l'ai pris dans mes locaux alors qu'il est le seul homme pratiquement. Je finis par me lever et lui faire signe de venir. Je le préviens du fait que nous devions décaler cette sortie et en bon gentleman, il répond qu'il n'y a pas de soucis.

Je n'ai absolument pas envie d'y aller. La Saint Valentin est dans trois semaines et notre numéro spécial n'est pas terminé. Pourtant, je sais que si je ne m'y rends pas, ma vie deviendra un véritable enfer. Quand je rentre chez moi, je prends quelques habits que je jette dans mon sac de voyage et je file sur la route. Avec qui va-t-elle essayer de me caser cette fois ? Avoir une fille de 33 ans qui n'est pas mariée, qui n'a pas d'enfant et qui n'a pas de petit copain, ça a de quoi la rendre folle. Ma petite sœur m'appelle à ce moment là.

— Tu es en route ? Je crois que je vais péter un câble.

— J'ai refusé d'aller boire un verre avec mon collègue pour ça. Alors ? Il s'appelle comment ?

— Pedro.

Je roule vers un piège rondement mené.

— Je veux son pedigree.

— Je ne suis pas sûre qu'on dise ça pour un humain, s'esclaffe ma sœur. Il est avocat et c'est le fils de Carmen.

Ben voyons. Ma sœur continue en listant une à une ses tares. Elle le connait apparemment, il était en étude avec elle.

— Donc Maman essaye de me caser avec un homme qui est suffisant et qui avait la réputation à la fac d'avoir une petite bite. Merci Maman. Je retiens.

Ma sœur n'en peut plus de rire et finalement un sourire me gagne. Je suis à deux heures de route et toutes les deux, nous pouvons bavasser durant longtemps, nos discussions du week-end le montrent suffisamment. Je sais qu'elle est un peu amoureuse de Lukas Littman, lui qui a une tête de gendre idéal. Cependant mon instinct et l'échec de toutes mes relations me l'ont prouvé, les gendres idéaux peuvent être de sacrés pervers. Il n'y a pas grand monde sur la route et j'arrive rapidement dans la demeure familiale. Ma petite sœur se trouve dans le jardin devant, son téléphone à la main et tremble de froid.

— Rentre, idiote ! Tu vas mourir de froid !

Elle pousse un cri et me saute au cou. Nous avons six ans d'écart mais j'ai parfois l'impression qu'elle est ma jumelle tant nous nous ressemblons.

— Je viens juste de sortir.

Je passe la maison familiale et je vois que toutes mes tantes sont là. Bien sûr. C'était l'évènement de l'année le brunch de demain, le moment que tout le monde chaque année, attend : celui où je tomberai potentiellement amoureuse du prétendant qu'on me présente. Je les embrasse toutes et je file voir mon père dans son atelier dans le fond du jardin. Il adore son métier d'ébéniste et il est doué à ça.

— Le fils de Carmen ? Tu crois pas qu'elle aurait pu trouver mieux ? Elle est désespérée ou quoi ? lancé-je en guise de bonjour.

— Tu sais que ta mère adore se mêler de votre vie. C'est son plus grand passe-temps. Il n'est pas méchant ce garçon. Accepte un rendez-vous avec lui, elle sera contente et elle te lâchera jusqu'à l'année prochaine.

Je ris, je ne peux pas m'en empêcher, et je me fourre dans les bras de mon père. Il a toujours raison et je sais qu'il est mon allié dans cette histoire. Ma mère me briefe durant tout le repas sur le fils avocat de son amie. Je souris alors que je n'en ai que faire, tout en enregistrant un maximum d'informations. C'est comme ça tous les ans après tout et mon père a raison. Elle veut juste un premier rendez-vous. Je peux bien l'accorder non ?

Seulement, quand je vois le fameux Pedro, je vois que toutes les rumeurs que ma sœur m'a racontée son vrai. Il est pédant, je n'ai pas d'autres mots pour le décrire. Sa voix m'horripile en plus. Alors que nous sommes en train de discuter tous les deux avec un verre à la main, je finis par l'interrompre.

— Voilà comment ça va se passer. Tout à l'heure, bien fort, devant tout le monde, tu vas me demander si j'ai envie d'aller au cinéma ce soir. Je vais te répondre que oui, bien évidemment. Nos mères seront contentes comme ça. Nous irons au cinéma, éventuellement on mangera dans un restaurant du coin et en rentrant, on leur expliquera que toi et moi, ça ne marchera jamais. Ça te va ?

— Absolument, je te trouve pas attirante non plus.

Camouflet. Je souris pourtant et je retourne voir ma sœur. L'idée du cinéma m'est venue d'un coup et pourtant, pour ne pas le voir, ce serait sûrement la meilleure chose à faire. Avant de partir avec cet énergumène, le soir venu, ma mère me regarde droit dans les yeux.

— Fais moi honneur.

Je ne sais pas ce que ça veut dire et dans le fond, je préfère ne pas le savoir. C'est toujours la même chose avec elle, il vaut mieux acquiescer et passer son chemin. Pedro et moi nous sommes donnés rendez-vous devant le cinéma et je suis la première arrivée. L'heure du film approche à grand pas, et il n'est toujours pas là. Je finis par prendre mon téléphone et je lui envoies un message : Alors ce ciné :) ? Il me répond immédiatement. Regarde le programme et choisis un film, on dira à nos mères que c'était génial. Merci d'être mon alibi en tout cas. Connard. Je resserre mon écharpe et je m'avance vers la file. Je prends un ticket pour le premier film que je vois et je m'installe dans le fond de la salle. Il n'y a pas grand monde, c'est un film en noir et blanc. Il n'a même pas voulu faire l'effort de venir et il voulait que je sois son alibi ? Aucune chance. Je vais le balancer à sa mère, je pouvais être une bonne actrice quand je voulais. Mes yeux se plissent et je sens des larmes couler. Je te trouve pas attirante non plus. Merci d'être mon alibi. Était-ce cela mon rôle maintenant ? Être un alibi ? Je commence à renifler de manière inélégante et je me maudis d'être aussi sotte. Je vois soudainement une main devant mes yeux. Elle tient un mouchoir.

— Tenez..

Je dévisage l'homme qui me tend son mouchoir et je le saisis pour m'essuyer les yeux. Il est en tissu. Un tissu doux. Comme son regard.

— Merci.

Il me tend son bac de popcorn et me fait signe d'en prendre si j'en veux. Il en profite pour s'asseoir juste à côté de moi et je lui rends son mouchoir.

— Je vous en prie. Gardez-le, j'en ai d'autres.

— Vous avez des mouchoirs en rab pour toutes les femmes que vous voyez pleurer ?

— Toujours.

Ça me fait rire étrangement et son murmure me fait penser au vent dans les arbres près de la maison de ma grand-mère. Je pioche dans son bac de popcorn et je frôle sa main. Je le regarde encore une fois et il esquisse un petit sourire. Je me replonge dans le film et nous sommes les seuls à rire à certains moments. Quand les lumières se rallument, je sais qu'il est temps pour moi de rentrer chez ma mère. Je me tourne et je vois un regard bleu très doux me scruter.

— Merci beaucoup pour m'avoir tenu compagnie, c'était très aimable de votre part, dis-je en sortant de la salle de cinéma.

— Je vous en prie. Ça vous dit d'aller voir une autre séance ? Il y en a une qui commence dans 25 minutes. Je vous paye la place. Ou alors vous préférez aller manger quelque chose ?

Je souris et je vois son alliance. Ça me perturbe et je reste bloquée dessus un moment. Il commence à jouer avec et je suis sur le point de répondre mais il parle à ma place.

— C'est un souvenir.

— Je ne suis pas certaine que votre femme apprécierait de savoir que vous en invitez une autre pour le cinéma ou pour manger.

Il a un petit sourire désabusé et je vois alors une tristesse incommensurable dans son regard.

— Ma femme est morte il y a deux ans. Jour pour jour d'ailleurs, ajoute-t-il comme s'il venait d'en prendre conscience.

— Je suis bête. Excusez-moi. Je suis...

— C'est rien vous ne pouviez pas savoir...

Je me sens idiote. Il a l'air vraiment gentil et cette douceur dans son regard...

— Vous savez quoi ? J'ai bien envie d'aller voir un second film et je vous dois un pot de popcorn en plus de ça. Je vais le chercher, prenez les places.

Nous nous asseyons dans le fond de la salle et je vois qu'il a choisi un vieux film. Je le connais par cœur et je ris très souvent. À défaut d'avoir passé ma soirée avec Pedro, je la passe en bonne compagnie. Il est tard lorsque nous sortons du cinéma et il m'emmène vers un food truck. Une fois servi, nous partons à l'exploration du petit parc, pas très loin.

— Est-ce trop indiscret de vous demander...

— Leucémie. Ça l'a emportée en un an et demi à peine. Je pourrais vous dire qu'on s'y fait avec le temps mais elle me manque parfois. Au moins j'ai eu le temps de lui dire au revoir.

Je touche sa main alors que nous sommes assis sur un banc. Elle est chaude et il sourit. Il finit sa barquette de frites et la lance dans la poubelle en face de nous.

— Coup de chance.

— Non, c'est du talent, hum...

— Winnie. Enfin Winifred, mais tout le monde m'appelle Winnie.

— Eliott. Et je n'ai pas vraiment de surnom. On marche un peu, Winnie ?

Il me tend la main et je la saisis pour me redresser. Winnie. Rien que sa façon de dire mon prénom, j'en frissonne encore. Nous marchons dans la rue, en silence, comme si nous n'avions pas vraiment besoin de parler. Il finit par s'arrêter et sort son téléphone, il le tend devant lui et je vois qu'il est sur le point de prendre une photo.

— La luminosité est extraordinaire !

— Photographe ?

— À mes heures perdues. Je n'ai pas mon appareil sur moi, il est dans ma chambre d'hôtel.

— Oh, vous n'habitez pas ici ?

— Du tout, je suis venu pour le boulot et j'ai prolongé mon séjour, d'où le cinéma. Et vous ?

— Ma mère pense que je suis vieille et que je dois me marier, elle m'a organisé un rendez-vous avec un goujat qui veut que je lui serve d'alibi pour que sa propre mère le lâche aussi.

Il s'arrête, me dévisage et se met à rire. Cet éclat est chaud et communicatif.

— Arrêtez, je ne vous crois pas ? Comment vous pouvez être considérée comme vieille ? Vous avez à peine la trentaine !

— Je l'ai dépassé vous savez.

— Je ne vous crois pas, et je suis content que vous vous soyez retrouvée toute seule. Sinon, je n'aurais jamais osé venir vous voir. Et je n'aurais pas passé ma meilleure soirée depuis longtemps.

— Pareil pour moi... Je passe vraiment un bon moment Eliott.

Je lui rends son sourire mais il le cesse tout à coup, m'attrape dans ses bras et presse ses lèvres contre les miennes. Sa langue cherche la mienne, la caresse et l'entraine dans une danse que je ne peux contrôler. Arrête de réfléchir Winnie. Je finis par fermer les yeux et lui rendre son baiser. Il se détache de moi au bout d'un long moment et j'imagine que j'ai les yeux aussi brillants que l'homme blond en face de moi. Il caresse ma lèvre de son pouce, très délicatement.

— Vous voulez venir boire un verre ? me demande-t-il près de ma bouche.

— Oui, je murmure un peu essoufflée.

Il garde sa main autour de ma hanche et il m'emmène au bar de son hôtel. Le feu en moi semble s'agrandir depuis son baiser. J'ai une envie dévorante de cet homme. Il est drôle et il me fait limite pleurer de rire dans le bar. Il semble très fier de lui et cette tristesse au fond de ses yeux semble peu à peu s'estomper je dois bien l'admettre.

— Quand je pense que vous vous êtes habillée comme ça pour lui et qu'il n'a pas pu en profiter. Pourquoi votre mère vous l'a présenté ?

— Fils de son amie qui essaye de le refourguer à toutes ses connaissances, comme on essaye de refourguer une vieille conserve défraichie.

Il s'étouffe de rire dans son verre de whisky. Il reprend un peu contenance et me scrute, soudain timide.

— Ça va vous paraitre super étrange mais... vous avez déjà pensé à être modèle photo ? Parce que vous avez un visage tout à fait épatant. Très photogénique.

— Non, pas vraiment ? Je me suis jamais trouvée spéciale.

— Quelle idée. Des traits comme les vôtres, on en voit peu. J'ai mon appareil dans ma chambre, est-ce que ça vous dit ?

— D'être votre modèle ? J'ai pas assez bu pour ça. Vous pouvez m'apporter un autre Gin Tonic ? j'interpelle un serveur.

C'est mon troisième de la soirée. Je vais finir totalement saoule. Il me suit et prend un autre whisky. Quand il pose ses yeux sur moi, j'ai l'impression d'être la femme la plus intéressante de la planète.

— Est-ce que je peux vous embrasser ?

— Il ne me semble pas que vous m'ayez demandé la permission tout à l'heure et qui ne dit mot... consent, non ?

Il s'approche de moi dans la petite alcôve où nous sommes installés et il m'embrasse encore une fois. Sa main se perd du côté de ma cuisse. Ça me bouleverse et je perds tous mes moyens. Est-ce qu'il ressent le fait que je suis en manque ? Et que s'il proposait de me prendre là, tout de suite, j'accepterai ? Mon souffle commence à se faire plus court alors que sa caresse, s'adoucit. Il se lève tout à coup, va au bar et revient vers moi. Il me tend juste la main et m'entraine vers l'ascenseur. Nous ne sommes pas seuls mais nous sommes sûrement les plus saouls. Sa main est posée dans le creux de mes hanches et nous sommes serrés l'un contre l'autre.

— Vous êtes mariés depuis longtemps ? demande une vieille dame près de nous.

— Trois mois, deux semaines et 4 jours exactement répond-il en me serrant un peu plus.

— Vous êtes tellement mignons tous les deux.

Je vois que la dame cherche mon alliance et commence à tiquer. Je ne veux pas rire aussi je le laisse se débrouiller en faisant celle qui n'a pas vu. Il fronce les sourcils ce qui lui donne un air plutôt charmant.

— Chérie.. Tu n'as pas l'impression d'avoir oublié quelque chose aujourd'hui ?

— Hum... j'ai commandé les fleurs pour la Bar Mitzva de ton neveu, j'ai...

— Oublié ton alliance dans ton casier à l'hôpital.

Je me dégage et je joue la femme catastrophée.

— Quelle idiote ! Je savais qu'il me manquait quelque chose en repartant, mais j'étais tellement fatiguée après ce triple pontage...

— Je la récupèrerai demain matin pour toi. J'ai une opération de dernière minute.

— Vous êtes chirurgiens ?

— Oui tout à fait, je suis le docteur Eliott Washington et voici mon épouse Winnie. Nous avions deux opérations et nous repartons demain...

Elle semble contente mais avant qu'elle ne puisse continuer à papoter, la porte de l'ascenseur s'ouvre sur notre étage.

— Passez une bonne fin de soirée madame.

Il m'entraine avec lui et marche rapidement vers sa chambre, sa suite, devrais-je dire. Une fois là-bas, nous éclatons de rire. Je m'évente presque mais il ne me laisse pas le temps de m'en remettre qu'il m'attrape déjà et m'embrasse en se débarrassant de mon manteau. Je fais tomber le sien au sol et il m'entraine vers le lit qui trône sur une petite estrade.

— Est-ce que c'est ton vrai nom ? murmuré-je alors qu'il m'embrasse dans le cou. Eliott Washington ?

— Absolument.

Je le repousse et je vois dans ses yeux une certaine impatience, mêlée à de la crainte.

— Et bien, Docteur Washington, j'ai vraiment hâte que vous m'auscultiez.

Son regard est soudainement troublé et il remonte délicatement ma robe sans me quitter des yeux. Il retire sa chemise, me laissant admirer son torse où une douce toison de la même couleur que ses cheveux souligne ses muscles. Alors qu'il est désormais en caleçon, Il retire mon sous-vêtement et un sourire taquin se profile sur son visage.. Il disparait de ma vison mais je le sens de manière exacerbée. Oh putain. Il a à peine posé sa langue sur moi que mon corps répond. Il semble savoir parfaitement ce dont j'ai besoin au moment où j'en ai besoin. Mes yeux ont du mal à rester ouvert tant l'exaltation est à son comble. Mes ongles ripent contre la couette moelleuse et la véritable moi sort enfin alors qu'un cri de jouissance sauvage franchit mes lèvres. Il me redresse et retire ma robe avant d'envoyer valser mon soutien-gorge. Son érection encore contenue dans son caleçon m'attire et son corps tout entier me crie de le libérer de ses entraves. Je le repousse sur le lit et le surplombe. Dans ses yeux, je lis la découverte, je lis le plaisir, je lis l'émerveillement.

Je me sens belle pour la première fois depuis des lustres. J'en oublie mes seins que mon ex avait qualifié de tombant, mon ventre, mes hanches « démesurées » que ma mère a essayé de me faire perdre toute mon adolescence et mes kilos en trop. Je vois l'enthousiasme dans ses yeux, comme s'il n'avait jamais vu de corps de femme nu. Je l'embrasse comme si c'était le premier homme à me voir, moi. Je retire son caleçon et parsème son torse de petits baisers. Un homme comme ça ne sortait pas avec une fille comme moi d'ordinaire. Un homme comme ça, regardait les filles plus jeunes, les bombasses sans un pet de graisse. Mais ce soir, j'ai de la chance parce qu'il me voit moi. Avec toutes mes imperfections. Avec tous mes défauts que je haïssais au quotidien... et je ne vois aucun jugement dans ses yeux.

Je le surplombe et je le guide en moi. J'allais sûrement me traiter d'idiote de ne pas mettre de préservatif mais ce moment allait venir plus tard. Là, j'ai juste envie de me sentir bien et de me sentir vivante. Il agrippe mes cheveux et les tire en arrière pour dégager mon cou. Je pensais naïvement que je menais la danse, mais c'est lui qui me dirige. Nous sommes devenus le feu, nous sommes l'ardeur, la puissance, nous ne formons qu'un. Le plaisir me frappe de nouveau de plein fouet comme une violente tempête et je manque de m'écrouler sur lui, mais il est là. Eliott. Me tenant de ses mains puissantes et douces, sans cesser de s'agiter en moi. Je tire sa tête en arrière, l'embrasse et son corps se détend quelques secondes plus tard. Nous tombons tous les deux sur le lit, essoufflés. Il ramène son visage près du mien et je vois une grande émotion dans ses yeux.

— Winnie.

Il m'embrasse encore une fois et me reprend dans ses bras. Ma peau est d'une sensibilité folle et quand sa bouche vient embrasser mes seins, je souris. Cette nuit est loin d'être terminée.

Lorsque je me réveille après une courte nuit, je le vois, déjà habillé une tasse à la main ; son bagage est prêt dans un coin.. Il se tourne vers moi et l'océan dans ses yeux serre mon cœur.

— Tu peux dormir un peu plus. J'ai un avion à prendre dans une heure et demie, je suis déjà en retard. La chambre est payée jusqu'à midi, tu as encore du temps.

— Merci. Mais je vais y aller, c'est mieux.

Il s'approche de moi mais je ne veux pas rendre les choses plus difficiles, je lui demande où est la salle de bain et je m'y précipite. Je me sens presque mal de le laisser partir celui-là. Mais je sais que je dois le faire. Il ne tape pas dans ma catégorie. Il avait besoin de réconfort et j'avais envie d'un homme. Je ne serai jamais rien de plus pour lui. Je prends une douche et une fois qu'il est certain que je sois prête, nous reprenons l'ascenseur. Il tient ma main dans la sienne, comme si nous étions un véritable couple. Nous sortons à la lumière du jour et je regarde son visage fatigué et heureux. Je ne le reverrai plus jamais. Son taxi l'attend visiblement mais il a l'air de s'en moquer éperdument. Il n'a pas besoin de parler. Nous allons reprendre le cours de notre existence, il le sait aussi bien que moi.

— Pourris bien le goujat, dit-il après avoir posé son sac dans la voiture.

— Je pensais que tu allais oublier.

— Jamais. Je ne vous oublierai jamais, nos discussions et toi.

Il m'embrasse une dernière fois et prends son taxi. Je tourne les talons et je ne me retourne pas. Est-ce que lui se retourne dans sa voiture ? Je ne pense pas. Je rentre chez ma mère et elle me regarde avec de grands yeux.

— Tu as passé une bonne soirée avec Pedro ?

— Pas du tout, il n'est pas venu, et il m'a demandé d'être son alibi pour sa mère. Écoute Maman, je vais rentrer, j'ai du travail.

Elle est déçu mais je l'embrasse et lui promet de revenir bientôt pour un dîner. Je n'attends pas ma sœur, c'est une pipelette et je veux garder cette histoire pour moi. Je rentre chez moi et je sais que je vais reprendre le cours de ma vie.

C'est d'ailleurs ce que je fais. Je retourne bosser dès le lundi matin et je me sens mieux étrangement. Plus vivante, plus légère. Je booste mes équipes chaque jour, règle les petits problèmes et nous avançons bien sur le projet. Sauf Lukas. J'ai l'impression que ce dernier stagne un peu depuis quelques temps.

— Luk' ? tout va bien ? C'est à cause de Marjorie ?

— Qui ? non non, tout va bien. Dis-moi.. tu es toujours okay pour aller prendre ce verre ? Les filles sont d'accord pour venir.

J'acquiesce et le soir-même, nous sortons avec tous nos collègues. Lukas se penche vers moi et je m'avance encore un peu vers lui.

— J'ai échoué, me dit-il alors alors que la musique de la boîte de nuit pulsait dans nos oreilles.

— Ton article sur l'expo est...

— Je parle pas de ça. Je serai pas à temps pour celui sur la Saint-Valentin, pour le magazine papier.

— Tu as jusqu'au 14 et tu le posteras sur le site directement.

— T'es sûre ?

— Exactement, je veux un papier parfait. Tu as donc... 4 jours exactement.

Il m'embrasse sur la joue et je file dans la boite de nuit pour danser. Être libre. Encore. Ça fait trois semaines que j'ai eu cette expérience totalement incroyable et je me suis jamais sentie aussi bien, que ce soit dans mon travail ou autre. Mes idées sont claires. Je ferme les yeux et je me déhanche comme une folle. Je sens une main sur moi et je continue à danser en rythme avec la personne qui me tient. Je ne sais pas qui elle est et je m'en moque. Je me retourne brusquement et tout s'arrête. La musique, mes pas, les battements de mon cœur. Il est là. Devant moi. Il me sourit très largement.

— Salut Winnie.

Je suis choquée. Vraiment. Je n'arrive plus à parler ou à bouger. Il prend ma main et le souvenir de cette nuit m'envahit. Mon corps se rappelle parfaitement de toutes les caresses, de tous les baisers.

— Eliott ?!

On l'interpelle et il ne se retourne pas. Il ne daigne bouger et décaler son regard du mien que lorsqu'on lui prend le bras. On regarde tous les deux l'intrus.

— On y va... tu viens ?

— On arrive dans une minute, on va chercher ses affaires.

Il ne lâche pas ma main et je retourne vers l'endroit où se trouve mes collègues. Ils me regardent tous, intrigués.

— Je vais vous laisser, c'était vraiment une bonne idée de venir ici, on devrait faire ça plus souvent. Je vous souhaite un bon week-end.

— Lukas, je suis un ami de Winifred et vous êtes ?

Je reconnais ce ton, mon père avait le même avec mes petits-amis. Je lance un regard noir à mon collègue, mais il ne semble pas le voir. Il se lève même pour lui serrer la main.

— Eliott Washington.

Je vois les yeux de Lukas s'écarquiller.

— Comme... le Docteur Eliott Washington ? De la méthode Washington ?

— Oui, c'est moi. Je ne crois pas vous avoir déjà vu ?

— Non du tout, mais vous avez travaillé avec mon Grand-Père. Herbert Littman. Et vous étiez son étudiant préféré, il m'en parle encore.

Je suis abasourdie alors que je vois un doux sourire s'afficher sur le visage d'Eliott.

— Vous lui transmettrez mes salutations les plus sincères et profondes quand vous le verrez. Winnie, on doit y aller, nous sommes attendus. Je serai ravi de faire plus amples connaissances avec vous une autre fois.

Je le tire par la main et nous nous éloignons vers ses deux amis qui nous regardent étrangement. À les regarder de plus près, je ne suis pas certaine que ce soient ses amis. Ils se ressemblent. Une fois dehors, le plus petit en taille se tourne vers moi.

— On a pas eu l'occasion d'être présenté. Yaël et voici mon frère Noah. On est les cousins de l'autre grand dadet.

— Elle c'est Winnie, répond Eliott d'un ton assuré.

Ils me regardent alors avec un œil attendri. Je ne sais pas pourquoi.

— Et elle vient au cinéma avec nous, continue l'homme qui me serre la main.

— À ce qu'il parait c'est votre truc le cinéma, répond Noah.

Eliott le frappe derrière la tête et resserre son emprise sur moi. Aurait-il parlé de moi à ses cousins ? Je me laisse porter par le vent, et par eux. Alors qu'il paye ma place de cinéma, je remarque qu'il n'a plus son alliance. Nous nous installons dans le fond de la salle, il y a deux places libres, et ses cousins se placent devant nous. Je suis à sa gauche et alors que je veux prendre un peu de popcorn que j'ai placé entre nous deux, je lui pose la question qui me brûle les lèvres depuis un moment.

— Où est ton alliance, Eliott ?

Il plonge son regard dans le mien et mon cœur chavire lorsque je constate que la tristesse semble être reléguée au second plan.

— Quand Rachel est morte, mon monde a implosé. Je n'avais aimé qu'elle depuis l'école de médecine. Nous étions ensemble depuis quatre ans quand je l'ai demandé en mariage. Elle est morte trois ans plus tard. J'ai été avec elle jusqu'au bout. Elle a expiré dans mes bras. Pendant un an, j'ai erré, j'ai cessé la médecine même, j'ai voulu chercher un sens à ma vie sans elle. J'ai repris une vie normale petit à petit, j'ai repris mon poste, mais j'avais la certitude que je ne pourrais jamais retrouver un esprit qui s'accorderait avec le mien. Mais tu vois, il y a trois semaines, alors que j'étais parti faire une opération, j'ai rencontré une femme fascinante au cinéma. Elle pleurait à cause d'un goujat qui lui avait posé un lapin. Alors, je lui ai offert mon mouchoir, on a partagé du popcorn et on a regardé un film, puis un second. On a parlé longtemps, on a marché dans les rues, et on a fini dans le bar de mon hôtel. Elle était drôle, magnifique. Je l'ai ramenée dans ma chambre d'hôtel et là, j'ai compris qu'elle était unique.

Eliott serre un peu plus ma main et il caresse mon visage. Je ne sais pas si une autre personne peut l'entendre mais je m'en moque éperdument.

— Elle était un buisson ardent et je n'ai plus eu peur, continue-t-il. Le lieu où j'étais avec elle était comme une Terre Sainte. Dans ses yeux, je voyais la Terre Promise, celle qui ruisselle de lait et de miel, celle dont on m'a rabâché les oreilles toute ma vie. Je n'avais pas connu de femme depuis la mienne. J'en avais aucunement envie... jusqu'à ce que je la rencontre, jusqu'à ce que je te rencontre Winifred. Je suis rentré chez moi, avec un petit bonheur au fond du cœur et tu as été avec moi tous les jours de ces trois dernières semaines. Tous les matins, je me réveillai en espérant te voir auprès de moi. Y'a une semaine, en reprenant mon alliance après mon opération, je n'ai pas pu la remettre, parce que Rachel n'a plus une place prépondérante dans mon cœur. Non, depuis trois semaines, mon cœur me crie un seul prénom. Winnie. Winnie. Winnie. J'ai jamais vraiment cru à la Divine providence tu sais, mais tu vis dans ma ville et je ne veux pas te laisser filer. Je ne veux plus te laisser filer. J'aurais jamais dû monter dans ce taxi. Jamais.

Je l'attrape par le col et je l'embrasse alors que la lumière s'éteint petit à petit et que les rideaux du cinéma s'ouvrent. Je fourre mon nez contre lui et il me prend dans ses bras, tout simplement. À la fin de la séance, nous partons rapidement, il murmure quelque chose à l'oreille de ses cousins et il m'emmène avec lui dans les rues de notre ville. Elle est doucement illuminée mais je n'arrive pas à la regarder. Je ne peux détacher mon regard de l'homme qui ne me lâche pas la main.

— Pourquoi moi Eliott ? Je ne suis pas unique ou si je le suis, ce n'est pas dans le bon sens. Les gars comme toi, ça ne regarde pas les filles comme moi.

— Les filles comme toi ?

— Tu ne me vois pas ? Regarde-moi. Je suis petite, je suis grosse, je suis...

— Je n'ai jamais aimé les filles filiformes et je te vois. Je vois une femme qui m'a redonné goût à la vie. Tu es plus petite que moi, et alors ? Je pourrais te soulever et t'emmener partout avec moi. Où vois-tu de la grosseur ? Dans tes seins ? Dans tes fesses ? Qui n'aimerait pas avoir des seins et des fesses comme les tiennes. Si tu m'en laisses l'occasion... Je te le jure Winifred, tu les aimeras autant que moi je les aime. Et je suis prêt à te les faire aimer dès ce soir s'il faut.

Il m'embrasse une fois.

— Demain aussi..

Il m'embrasse une seconde fois.

— Et tous les autres jours si tu m'en laisses l'occasion.

Je sens des larmes me monter aux yeux et je me redresse pour atteindre ses lèvres. Il me soulève dans ses bras et je sens que je vais passer un très bon moment avec lui.

Le lendemain matin, je suis légèrement engourdie et je sens le bras d'Eliott sur moi. Il dort encore profondément. Je me dégage doucement de ses bras. Il grogne mais je l'embrasse et il se retourne sur le côté. J'attrape mon peignoir en soie, mon ordinateur portable et je me rends dans mon salon. Je souris et je tape mon édito. Une fois terminé, je retourne dans la chambre et me glisse dans les draps, les mots que je viens d'écrire, dansant devant mes yeux...

La Saint Valentin... Fête de l'Amour, avec un grand A. Nous adorons la détester lorsque nous sommes célibataires, mais je dois vous avouer qu'elle réjouit mon cœur cette année. L'auriez-vous cru ? Pendant dix ans, j'ai réussi à y échapper avec habilité au grand damn de ma mère, entremetteuse professionnelle en ce qui concerne ses filles. Et aussi clichée que peut être cette fête, il fallait que tout me tombe dessus. Et oui, les prémices de l'Amour m'ont frappée au moment où je m'y attendais le moins... dans une salle sombre de cinéma.

On dit souvent que le meilleur moyen d'accéder au cœur d'un homme c'est par la nourriture, aujourd'hui, je peux vous le dire, un simple paquet de popcorn, deux trois larmes et beaucoup de rire sont des moyens aussi efficaces.

Ces trois dernières semaines, j'ai appris plus sur moi-même et sur la vie que durant mes trois décennies et des cacahuètes d'existence. L'amour et le respect sont essentiels dans la vie. Et voilà pourquoi nous devons tous aimer la Saint-Valentin. Ce jour-là, les querelles n'ont pas lieu, ce jour-là, l'Amour triomphe de tout. Alors profitez-en pour dire à chaque personne que vous avez dans votre cœur : je t'aime et sans toi ma vie serait triste à en mourir.

Sur ce, passez-une belle fête de l'Amour, je vous embrasse bien fort,

W.

***

Salut mes petits chatons !

J'espère que vous avez adoré ce petit texte de la Saint-Valentin et je remercie Maëlle d'avoir accepté que je publie mon texte chez elle (et de m'avoir inspiré le thème) ! Danke Honey :)

N'hésitez pas une seule seconde à participer à son beau projet qui je suis sûre pourra permettre de dénicher des perles et j'ai hâte de lire vos courtes histoires !

J'en profite aussi pour vous annoncer qu'une courte histoire, celle de Lukas, est en cours d'écriture au moment où je vous parle, mais celle-ci sera publiée sur mon profil dès... demain :)

Je vous embrasse et vous souhaite une joyeuse Saint Valentin,

xoxo.

Mellyturtle.

PS : il reste peut-être des fautes, j'ai eu, comme à mon habitude la monumentale flemme de me relire, la propriétaire de ce livre peut en témoigner aisément. Ne m'en tenez pas rigueur, je regardais The Crown en même temps.

À Wonderland, le 25 janvier 2018

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