Café Noir et Sucrette [Tome 2]

Por Daloriia

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Quelques mois après l'histoire racontée par Olivia Lawford, l'assistante d'un grand dirigeant d'une entrepris... Más

Chapitre 1 : La touche E
Chapitre 2 : Bad Day
Chapitre 3 : Os brisés
Chapitre 4 : Fin de soirée
Chapitre 5 : « You've got mail »
Chapitre 6 : La proposition qui en valait plus que 1000 autres
Chapitre 7 : Le Sacro-saint
Chapitre 8 : Ce genre de dîner de famille Partie N°1
Chapitre 9 : Ce genre de dîner de famille Partie N°2
Chapitre 10 : [insérer première journée de travail ici]
Chapitre 11 : Likes + Millions de vues = Journalisme 2.0
Chapitre 12 : New York City
Chapitre 13 : La conférence de presse
Chapitre 14 : Une grande histoire d'amitié compliquée
Chapitre 15 : Et puis il fallait que tout dérape...
Chapitre 16 : Oublier et faire comme si de rien n'était
Chapitre 17 : Petite histoire de famille
Chapitre 18 : Tendres mœurs et retour à l'envoyeur
Chapitre 19 : On n'est jamais aussi bien que lorsqu'on est chez soi
Chapitre 20 : Problèmes de confiance
Chapitre 21 : Haut les cœurs !
Chapitre 22 : Nuit sans étoiles dans un diner miteux
Chapitre 23 : De grands fracas
Chapitre 24 : Les riches ont un goût particuliers pour le drame organisé
Chapitre 25 : Les petites sauteries en grand comité
Chapitre 26 : Des lumières dans des lanternes
Chapitre 27 : Changements de perspective
Chapitre 28 : Le poids de la culpabilité
Chapitre 29 : Le point de non retour
Chapitre 30 : Et puis tout explosa
Chapitre 31 : Portland ne m'a jamais paru aussi hostile
Chapitre 32 : Être honnête n'est pas si simple
Chapitre 33 : Panser et soigner les blessures
Chapitre 34 : Bienvenue chez les Cobb
Chapitre 35 : Brutal retour aux affaires
Chapitre 36 : Ce sera sans moi
Chapitre 37 : Loin des yeux, loin du cœur
Chapitre 38 : Rendre le monde plus juste
Chapitre 39 : Le temps file et les mots restent
Chapitre 40 : Une fresque de la triste réalité
Chapitre 42 : Reste, même si ça me tue de le dire
Chapitre 43 : Pourparlers dans le couloir
Chapitre 44 : Un arbre à fruits pourris
Chapitre 45 : Savoir s'arrêter avant de dépasser les bornes
Chapitre 46 : Alcool sans filtre
Chapitre 47 : Requiert tout ton courage
Chapitre 48 : Des murs couleur vert arsenic
Chapitre 49 : Deux voies pour deux voix
Épilogue : Une margarita et une rondelle de citron vert
Remerciements

Chapitre 41 : L'explosion d'un matin d'été

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Por Daloriia

New York, jeudi

Il est 10 heures lorsque j'atterris enfin. Mes jambes sont engourdies par le temps infini que j'ai mis pour traverser le pays. Je craque mon cou doucement en marchant, ma valise cabine roulant dans mon sillage. Plus je me rapproche de la sortie et des taxis, plus une boule grandit dans le creux de mon ventre. La fine équipe du Maine a dû arriver hier soir ou ce matin, très tôt et je ne m'attends à aucun petit panneau avec écrit au marqueur mon nom. La tête baissée et les écouteurs enfoncés dans les oreilles, je traverse les couloirs afin d'atteindre les taxis et autres VTC qui attendent à la file. Plus vite je pars, plus vite je pourrais... Je pourrais le voir. Le défier du regard, lui faire comprendre que je suis capable de passer à autre chose, comme lui. Mais en serais-je seulement capable ? Brusquement, je sens une main attrapée avec force celle qui tient la poignée de mon bagage. Je me retourne, prête à en coller une à mon agresseur, sans le regarder dans les yeux. Il tient une paire de lunettes de soleil que je pourrais reconnaître entre mille et je sens l'air se vider plus précipitamment de mes poumons.

L'objet de toutes mes pensées se tient en face de moi, les joues rougies et le souffle saccadé par ce qui semble avoir été une course de me suivre. Ses cheveux blonds sont en bataille et il y a une lueur que je n'ai jamais vue dans ses yeux lorsqu'il retire ses lunettes. Le voir, le sentir si proche de moi me retire tous les mots que j'aurais pu dire. Mon cœur s'emballe et je suis sûre que Luke peut sentir les pulsations sous ses doigts. Nous restons en silence à nous regarder un très long moment avant que ne nous demande de nous décaler du passage. Luke lâche délicatement mon poignet et met sa main incriminée dans sa poche de jean, la tête enfoncée dans les épaules. L'un comme l'autre, nous sommes si gênés de nous voir en vrai. C'est comme si ces deux dernières semaines étaient devenues de longs mois, si ce n'est des années... Il m'a tant manqué.

   " Je-..., faisons nous en coeur, ce qui nous arrache un rire. Toi d'abord, dit Luke.

   - Je ne m'attendais pas à te voir ici, maintenant...

   - Tu peux constater que je voulais être ici pour t'accueillir en ville.

   - Tu voulais ? Je fronce les sourcils, décontenancée. Tu aurais très bien pu te passer de cet effort, je sais me débrouiller seule, réponds-je une manière assez rêche."

L'homme qui me fait face perd son sourire. Il est tout aussi surpris que moi du ton que j'ai employé. Il faut que je me protège dès à présent, que je coupe court à cette attirance qui ne va que dans un sens. Je secoue la tête de gauche à droite, épuisée par le voyage de nuit et par le stress de ce qui m'arrive dans quelques heures.

   " Ça Elie, j'en doute pas une seule seconde, mon prénom dans sa bouche est prononcé aussi sèchement que le geste qu'il effectue pour me prendre ma valise des mains."

Les choses vont changer, les cartes seront redistribuées et je me languis déjà de le faire avec Luke à mes côtés. Il avance, ma valise derrière lui, sans vérifier si je le suis ou pas. Je trottine derrière lui, agacée par sa réaction qui, je dois l'avouer, est bien faite pour moi. Je n'aurais pas dû dire ça. C'était gentil de sa part d'être venu faire le comité d'accueil. Je n'arrive jamais à trouver le juste milieu dans tout ce que je fais de tout façon.

   " Luke, attends-moi ! Tu vas trop vite, m'égosillé-je tandis qu'il franchit les portes coulissantes menant à l'extérieur sans même me regarder ! Hoffman, merde ! "

J'ai l'impression que malgré le temps ensoleillé de New York en ce dernier jour d'août, il y a des nuages qui embrument mon esprit, des orages prêts à éclater en plein flux des arrivées de Newark. Et le pire, c'est que je ne suis pas sûre de vouloir arrêter cette tempête. Je passe les portes tandis qu'il attend nonchalamment sur le bord du trottoir, les yeux rivés sur son écran de téléphone. Je bouillonne en arrachant la valise de sa main et en le confrontant en face à face:

   " T'es vraiment un con quand tu le veux Hoffman !

   - Putain mais c'est l'hôpital qui se fout de la charité ! C'est moi qui me déplace pour t'accueillir alors que tu t'es volontairement mise à part à l'autre bout du pays, et tu as le culot de venir me gueuler dessus ? Navré d'avoir voulu être agréable Cobb ! La prochaine fois, tu pourras t'asseoir sur ma générosité et juste l'envie que j'ai de te voir ! Il lâche un soupir agacé. Tu sais quoi ? Laisse tomber."

Il reprend son chemin, en étant absorbé par son petit téléphone, ma valise, qu'il a repris entre mes mains, toujours derrière lui. Je reste pantoise en prenant conscience du flux de paroles qu'il vient de me servir. Comment ça l'envie de me voir ? Ce n'est pas lui qui me vantait toutes les joies et le bonheur de la remise à zéro de sa vie, il n'y a même pas deux jours ? Ça y est je fulmine, je passe des heures à me disséquer l'esprit, à me tapper une nuit d'avion, à faire mille et un plans pour me sortir cet homme de ma tête pour que la première fois que je le rencontre, depuis ce qui m'a semblé être une éternité, il me sorte ça ? Non, ça ne se passera pas comme ça !

   " Tu te fous de ma gueule Hoffman ? Il poursuit sa route sans vouloir m'écouter, je hausse le ton : Retourne toi quand je te parle ! C'est important là !

  - C'est toujours important avec toi ! Mais est-ce que j'ai envie de traiter ça là, tout de suite, maintenant, à la sortie d'un aéroport, devant absolument la Terre entière ? Non. Il s'arrête et consulte l'horizon, les sourcils froncés. Sur ce, notre Uber nous attend et je pense que si on le laisse patienter trop longtemps, il va plomber ma note client et je ne suis pas prêt de perdre mes étoiles en plus de ma dignité entre deux taxis et une poubelle.

   - Waw on sent le focus et ton besoin indispensable de passer pour un bon citoyen. Uber te remercie de tes services. Je récupère ma valise et m'en vais pour partir dans le sens inverse, je vais prendre un taxi.

   - Je t'emmerde Cobb ! J'entends au loin sa voix qui s'éloigne à mesure où j'avance vers les voitures jaunes.

   - Ravie de savoir que je t'ai manqué Hoffman, et bonne journée à toi aussi. Un taxi arrive à mon niveau et je grimpe dedans sans un regard pour Luke qui fait de la vapeur à son tour. Entre la... Je réalise mon erreur en m'adressant au chauffeur, je ne connais pas l'adresse de mon hôtel et je n'ai plus de batterie dans mon téléphone.

   - 25 Elm Street, Elizabeth, énonce Luke en entrant dans la voiture sans un regard pour moi. La voiture se met en marche tandis que je m'enfonce dans ma siège, consternée.

   - Elizabeth, New Jersey ? Pourquoi on ne va pas à New York ?

   - La réservation qui a été faite à ton nom a mystérieusement disparue, il prend un air innocent, ça ou je ne l'ai tout simplement pas faite. C'est con n'est-ce pas ? Du coup se sera la maison familiale pour toi. Et une aspirine pour moi.

   - Tu es un monstre.

   - Merci."

———

Elizabeth, New Jersey

Luke tourne la poignée en métal oxydé puis pousse la porte pour m'inviter à entrer en première. La fameuse maison de famille est toute sobre, et n'a rien à voir avec celle de mes parents qui paraît tellement plus grande. L'intérieur est plus proche d'un voyage dans les années 90/2000 qu'autre chose. Il y a le fameux fauteuil élimé de papa qui se passe en position allongée à volonté qui trône dans le salon, à côté d'un canapé deux places presque éventré en cuir. Contre le mur, un vieil écran plat minuscule est posé sur un meuble TV où il reste des traces de décoloration du bois vernis. Mais enfin, juste au-dessus, pleins de petits cadres en pêle-mêle avec des photos si petites depuis l'entrée que je suis incapable de savoir de qui il s'agit. Luke monte les escaliers en embarquant ma valise dans son sillage, sans demander son reste. Je me retourne seule au milieu de nulle part, dans une maison que je connais pas avec l'homme qui m'obsède qui m'évite comme si j'avais la peste.

Je suis ravie de ce nouveau séjour qui s'avère être encore plus compliqué que je ne m'y attendais.

Doucement, je me rapproche des cadres pour observer leur contenu. Des photos de familles, celles de Luke petit, enfant et ado rencontrent celles de sa demi-sœur mais aussi celles de leur père. Mais il y en a une qui me touche tout particulièrement puisque j'ai la même chez moi. Luke, il avait l'air d'être juste après l'université lorsque cette photo a été prise, tenant dans ses mains un cadre avec une coupure de  journal encadrée dedans. Je sais ce que cela veut dire. C'était son premier article. Le premier moment d'exaltation, l'euphorie qu'il m'a décrite. Le premier article d'une longue carrière qui est, lui aussi, exposé sur le mur. Je ne peux m'empêcher de sourire.

   " Les vieux souvenirs, n'est-ce-pas, commente Luke qui s'est joint à moi ?

   - Tu as l'air si heureux sur cette photo.

   - Je l'étais. Vraiment. Mais c'était tout juste avant que tout s'effondre autour de moi."

Après cette confession, je préfère garder le silence, pour une fois. Il s'éloigne et m'invite à le suivre dans la salle à manger ouverte sur le salon. À la table, un verre à moitié vide et des petites miettes de pain traînent.

   " Il n'y a personne à part toi ici ?

   -  Ma sœur est en Oregon pour quelques temps mais elle revient dans la région avant la fin de l'année. Elle a le mal du pays. Je souris. Quant à mon père, il doit être parti pour un long week-end pour le Labor Day avec ses potes je suppose. Personne n'a envie de rester chez lui avec un temps pareil, surtout lorsqu'on vit seul et que toute ta famille est à 8 heures d'avion minimum."

J'acquiesce en silence tandis qu'il me sert en verre d'alcool fort.

   " C'est pour tenir la barre pour les prochains jours, déclame-t-il en portant son verre aux lèvres. Nelson va poster dans moins d'une, je pense qu'il est temps de-...

   - Non.

   - Comment ça non ? Il hausse les sourcils au-dessus de son verre intrigué.

- Non, je n'ai pas envie de parler de ça, je repousse la boisson sans même en goûter une goutte. L'alcool ne me sera d'aucun secours cette fois.

- De quoi mademoiselle Elie Cobb a-t-elle envie de parler alors ?

- De ça, je balaie ma main entre lui et moi, un peu trop vite comme paniquée parce que signifie ce geste même."

  - Il n'y a rien à dire. Il croise les bras contre son torse, comme un bouclier. Tu ne veux rien de sérieux, et moi je prévois de partir à D.C, je pense que c'est clair sur l'avenir du "nous" dont tu fais mention.

  - Je... Je n'ai jamais dit que je ne voulais rien de sérieux, je commence à argumenter incertaine.

  - Tu n'as pas non plus dit le contraire, Luke me coupe en posant un peu trop fort son verre sur la table après l'avoir terminé. Écoute Elie, je ne sais pas ce que tu veux. Un coup je te vois aussi froide qu'un iceberg et une seconde plus tard, tu laisses échapper une larme quand je t'annonce que je pars, pour pouvoir t'oublier en paix !

  - Je n'ai, je nie...

  - Pas à moi, Elie. Pas après tout ce qui s'est passé entre nous et encore moins maintenant, il s'approche, près, trop près. Je sens la panique monter. Dis-le, je le regarde sans comprendre alors qu'il s'impatiente, dis-le ce "nous" et surtout argumente bien sur tout ce qu'il vaut pour toi. Ça m'intéresserait bien de te voir un peu franche avec moi, et surtout avec toi-même je dois dire. À moins que tu en sois incapable ?"

Le silence retombe, je suis pétrifiée face à toutes les paroles qu'il vient de me balancer à la gueule. Au fond, je m'y attendais. Mais là maintenant tout de suite je n'ai qu'une envie, disparaître loin de sa vue.

  " Allez Elie merde, il me presse, dis-le que tu ne veux pas que je parte à Washington D.C !

- Je.. Je ne.."

Je bégaie malgré moi sans parvenir à articuler clairement cette phrase que je meurs d'envie de lui dire. Mais j'en suis incapable. Ma gorge est complètement nouée et mon esprit ne parvient plus à fonctionner correctement.

" C'est bien ce que je pensais. Le regard froid de Luke me jauge cette fois sans la moindre expression. Je l'ai perdu."

Une vibration dans ma poche fait cesser notre échange de regards désespérés, mes yeux se brouillent soudainement. Non. Il ne faut pas. Alors je sors mon téléphone comme prétexte pour détourner mon regard, et lis le message de Nelson. Ça y est j'ai la confirmation que la machine est en marche, il ne reste plus qu'aux gens de passer le message. Cela me fait un bien fou mais aussi me fait apparaître une boule dans gorge qui me compresse. Je déglutis longuement avant de parler, pesant chaque mot:

" L'article est lancé. Ça fait le buzz, je finis par dire à Luke, qui s'est détourné de moi pour regarder dehors."

Mon premier vrai article est enfin publié. Je m'attendais à autant d'excitation que m'avait décrit Luke, pourtant le cœur n'est pas. Même ça, j'aurais réussi à le pourrir.

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