Trois jours que je suis en lune de miel avec mon James, on a décidé de ne pas faire de voyage. Il a loué un appartement luxueux où on restera une semaine. Je suis habillée en blanc de la tête aux pieds, je ne sors même pas de la maison.
Je suis la patronne, c’est Linda qui est à mes côtés, c’est elle qui fait mes petites corvées et pour tout dire c’est ce qui est bien avec elle. Regardez comment elle m’a fait pleureur le jour de mon mariage et devant tout le monde.
Chaque fois que je repense à la scène, revoir Linda à genoux devant moi, les paroles qui sortent de ma bouche, mes larmes coulent sans que je ne me rende compte. Ce fut le plus beau de tous les cadeaux de mariage.
A la fin de la messe, j’avais le maquillage défait par mes larmes. Je ne ressemblais plus à rien, je ne pouvais pas sortir de l’église comme ça. Je ne suis pas belle à voir, je serai moche sur les photos, il faut que Linda fasse quelque chose.
Plus de 15minutes qu’on attend sur les bancs de l’église, elle a envoyé une de ses sœurs prendre son maquillage à la maison. Quelques retouches par-ci par-là, Linda m’a retapé le plus vite possible, je suis revenue au top.
C’est ainsi qu’on est sorti de l’église, faire les photos avec les parents. On a été dans plusieurs familles pour saluer, c’est aux environs de 14h qu’on est revenu dans la belle-famille où aura lieu le repas de la fête.
Deux artistes sont sur place sans compter les griottes, après le repas, place à l’ambiance. Je suis assise à côté de James, le faro des femmes de la famille de James et de mes parents aussi, la fête est belle.
Durant toute la cérémonie, j’ai pensé à Shevonne juste au moment où j’ai vu sa chaise vide. J’ai entre-temps pensé qu’elle allait apparaitre et gâcher mon mariage mais ce ne fut pas le cas, elle n’était nulle part.
Tout s’est bien passé et voilà qu’elle se pointe au moment où je ne m’attendais pas. C’est Linda qui a été la première à la voir de loin.
Linda : Ta copine est là.
Moi : Quelle copine.
Linda : Shevonne
Je suis surprise et pas du tout enchantée de la voir. Elle n’a pas été à mon mariage, qu’est-ce qu’elle vient chercher ici au moment de la fête ? Je suis un peu furieuse, je ne réponds plus à Linda. Shevonne a traversé le petit monde pour venir se présenter devant nous.
Je suis assise, elle se baisse et me prend dans ses bras tout en me chuchotant « félicitation » à l’oreille. Elle fait de même avec James qui semble content de la voir, ce n’est pas le cas de Linda a qui elle a donné la main.
Aujourd’hui c’est un jour de fête, il faut enterrer la hache de guerre. Linda, bien qu’elle n’aime pas Shevonne, elle lui a tout de même cédé sa place. Mon mécontentement se lit sur mon visage et Shevonne le voit bien. Elle sait que je ne suis pas contente d’elle.
On est resté ensemble jusqu’à 17h passée, elle a faire ce qu’elle sait faire de mieux c'est-à-dire distribuer quelques billets de banque. Au moment de partir, j’ai pris la peine de la raccompagner devant sa voiture.
Shevonne : Excuse-moi Jodie.
Moi : Ce n’est pas grave et merci d’être venue.
Shevonne : Tu es fâchée ?
Moi : Et pourquoi je le serai ? Tu avais peut-être une bonne raison.
Shevonne : Essaie un peu de me comprendre, le moment est mal choisi, on aura l’occasion de parler de tout ça. Je suis contente pour toi, je suis sérieuse.
Elle ouvre son sac à main et sort une enveloppe grise bien bombée. Il n’y a rien de surprenant, je sais déjà que c’est de l’argent.
Shevonne : Tiens, je voulais te le donner avant mais bon.
Moi : Shevonne, ce n’est…
Shevonne : Ne voit pas ça autrement, c’est mon cadeau.
Je n’ai pas refusé les cadeaux des autres, c’est celui de Shevonne que je vais refuser en plus je sais qu’elle ne va plus remettre cette enveloppe dans son sac ? J’ai accepté l’enveloppe que j’ai prise de sa main et ensuite la cacher sous ma robe.
Ça doit être une grosse somme, je la montre à Linda ou même à mon mari, je ne sais pas ce qui sera la suite. J’ai gardé l’enveloppe sur moi jusqu’au moment où je me suis excusée pour rentrer au petit coin.
Oui, je ne me suis pas trompée, c’est une grosse somme que Shevonne vient de me donner comme cadeau de mariage. Le reste de la journée a été sans encombre, 19h, les nouveaux mariés ont été conduits dans l’appart pour débuter leur lune de miel.
Mes parents sont retournés au pays deux jours après la fête, ce fut un grand mariage, ils ont amené avec eux pas mal de souvenirs. On est le troisième jour, il faut que la vie reprenne. James a le droit d’aller au boulot mais pas encore moi.
Je suis entre la chambre et le salon, toujours habillée en blanc de la tête aux pieds et ça pour un bon nombre de jours avant ma sortie. J’ai avec moi une vieille de la famille de James et bien sûre ma petite Linda.
Elle a quitté le Canada rien que pour venir assister à mon mariage. Maintenant que c’est fait, n’est-ce pas qu’elle va y retourner et ça sera encore la grande séparation ? Je ne sais pas combien de fois j’ai repoussé cette pensée de ma tête mais il n’y a rien à faire. C’est ce qui va arriver.
Moi : Merci petite sœur, merci pour tout.
Linda : Est-ce que ça va ?
Moi : Si je vais bien et pourquoi cette question ?
Linda : tout simplement que j’ai du mal à te comprendre. Tu me remercies pourquoi ?
Moi : Laisse-moi faire ça parce que tu m’as vraiment surpris, je ne m’attendais vraiment pas à ça. En plus tu vas retourner dans ton pays, tu vois que ce n’est pas facile à accepter comme situation. Si seulement je pouvais te retenir ici et que tu ne puisses plus jamais repartir.
Linda : Ohh Ne te fais même pas de soucis. En moins d’un mois ça va te passer et crois-moi. Tu n’auras même pas le temps de dire ouff que tout sera déjà entré dans l’ordre. Tu verras
Moi : J’aimerais un jour avoir ton courage et la simplicité que voire dans certaines choses même si elles sont plus que compliquées. Je suis fière de toi mais ne crois pas que je vais te laisser t’en sortir comme ça.
Linda : Hein, parce que j’ai fait quelque chose que je ne devrais pas ?
Moi : Oui et depuis je ne sais quand. Parle-moi de toi, de tes relations, je n’ai rien à faire de tous tes blablas au téléphone, je veux que tu me racontes le tout depuis que tu es partie là-bas.
Linda : Quoi ?
Moi : Comment tu peux bien le voir, je n’ai rien à faire. J’ai toute la journée ma chérie, je t’écoute seulement.
Linda : Qu’est-ce que tu es lourde Jodie.
Moi : Seul James connaît mon poids.
Elle marque une pause, me regarde un peu surprise avant de se lever et me prendre par la main. On est que deux, la vieille est sortie pour une course et James n’est pas encore rentré du travail. On s’est rendu dans le salon où on a pris place.
Linda : Comme tu tiens tant à ce que je te répète ce que tu as déjà entendu, je vais te faire plaisir.
Moi : Tu as intérêt à ne même pas sauter un point.
Linda : Comme je te l’ai dit, j’ai eu l’opportunité d’aller au Canada grâce aux partenaires de mon père. A l’époque, ils étaient venus pour une conférence de la communauté des Églises du pays. Avec mon père ils se connaissaient parce que lui aussi a eu à faire le voyage au canada pour la même raison par le passé et voilà un peu comment ils m’ont connu et m’ont proposé de partir avec eux.
Moi : Ouaiss…
Linda : Je n’étais pas trop enchantée par la nouvelle et je crois que mon père aussi parce que lui il voyait la place que j’occupais dans la chorale de notre église et pas la chorale seulement, pour lui je représentais une grande figure de son église.
Moi : ça ce n’est pas faux, avec ce que tu as fait vivre tout le monde le dimanche passé par ta voix, tu es à toi toute seule une chorale.
Linda : Papa ne voulait pas, la dame chez qui je vis actuellement a été obligée de faire le déplacement rien que pour convaincre mon père qui a finalement accepté. Je dirais même que la proposition est tombée au bon moment parce qu’à ce moment précis, les choses commençaient à se pencher entre les parents et moi. Problème d’adolescence avec le jeune dont tu avais déjà connaissance et avec qui je n’ai jamais couché, autorité parentale.
Moi : Oui.
Linda : Maman croyait que j’étais trop pourrie pour vivre chez les gens, elle m’a supplié de ne pas mettre la honte sur mon père car c’est un homme de Dieu. Voilà comment je suis partie de chez moi dans une atmosphère plus ou moins tendue et c’est en partant que je lui fais la promesse.
Moi : Donc tu es sérieuse quand tu me parles de cette histoire comme quoi tu es toujours vierge.
Linda : Ce n’est pas une histoire Jodie, je le suis vraiment.
Moi : Attend, doucement ma jolie. Donc tu veux me dire qu’avec tous ses hommes que tu as eu la chance de croiser, que ce soit blanc, noir, il n’y a pas un seul a qui tu as fait confiance et dont tu t’es dit qu’il est le bon et qu’il mérite le sacré ? Ne reste qu’une seule fois ?
Linda : Non
Moi : Non ?
Linda : Si tu veux la vérité, vient avec moi voir un gynéco.
Moi : Mais comment tu fais ? Comment tu fais pour ne pas avoir un homme dans ta vie ?
Linda : Tu fais express ou quoi ?
Moi : Oui, oui d’accord, le jeune dont tu m’as parlé mais franchement Linda. Vous vous voyez dans le cadre du travail, d’après ce que tu m’as dit vous sortez une ou deux fois par mois, en tout sincérité ce n’est pas ce que moi j’appelle une relation.
Linda : Je ne dis pas non mais ça me laisse le temps de voir qui je suis. J’ai pu me concentrer sur mes études, je prends beaucoup part aux activés de l’église la première raison pour laquelle la dame m’a fait venir au Canada. Dois-je renoncer à tout ça et décevoir les miens en courant derrière une relation dont j’ignore l’issue ?
Moi : Mais tu sais que tu ne vas pas rester vierge toute ta vie ? Un jour ou l’autre, tu vas devoir le faire et tu le sais très bien.
Linda : Oui, avec mon mari s’il plaît à Dieu.
Moi : C’est le meilleur que je puisse te souhaiter ma chérie. Je souhaite que tu rencontres cet homme qui fera de toi sa charmante épouse et vivement que ce calvaire s’arrête.
Linda : Toi tu parles de quel calvaire même ?
Moi : Ne joue pas à l’ignorante, c’est un besoin naturel et tout le monde a souvent cette envie qu’on le veut ou pas.
Linda : On a envie d’une chose qu’on a déjà expérimentée ou déjà goûtée. Tel n’est pas mon cas donc je ne sais pas de quelle envie tu parles.
On a toujours été franches l’une envers l’autre, cette fois s’étais comme une sorte de confession à cœur ouvert. J’avais toujours vu la fille sérieuse à Linda mais pas a ce point. Une fille de son âge et de surcroit à l’étranger et qui est encore vierge, de quoi est faite cette Linda ? En tout cas pas de chaire et d’os.
Moi j’ai déjà à mon actif des relations non abouties, des avortements, Dieu merci que j’ai enfin pu me marier mais la relation que j’entretienne avec Shevonne est la pire de toute celle que j’ai connue.
Franchement Linda et moi nous ne sommes pas nées sur la même planète. Je suis le contraire de ce qu’elle est à croire que c’est elle qui a grandi auprès des parents et moi à l’étranger sans aucun encadrement.
Ça va faire six jours que je suis enfermée, dans deux ou trois jours je vais enfin sortir. Linda ne m’a pas encore parlé de son retour mais nous connaissons déjà toutes les deux la date. Je suis sous la douche, j’entends mon téléphone sonner.
Linda est partie faire un tour en famille, je me suis dit que c’est peut-être elle ou James, je me suis précité hors de la salle de bain toute nue en plus hein. Je regarde l’appel en absence, je suis un peu surprises de voir : Shevonne.
Je regarde le téléphone un petit moment, je ne sais plus quoi penser de cette femme, on dirait qu’elle joue avec mes nerfs à chaque fois. Le temps que je décide de jeter mon phone sur le lit et que je retourne sous la douche, son autre appel entre.
Je me suis plus posé de questions, j’ai décroché dans la colère.
Moi : Allo
Shevonne : Bonjour Jodie comment ça va ? J’espère que ça se passe en merveille ta lune de miel.
Moi : Oui, ça va bien avec la grâce de Dieu.
Shevonne : Écoute Jodie, avant que tu ne penses du pourquoi c’est aujourd’hui que je t’appelle, je tiens à t’informer que j’étais en voyage. Je suis partie le lendemain même de ton mariage et c’est la nuit que je suis rentrée.
Moi : Ah ok, ça s’est bien passé ce voyage ?
Shevonne : Oui très bien, ça te dit que je passe te voir ?
Moi : Eh… Je sors dans deux jours, ne te donne pas toute cette peine. Tu pourras passer me voir chez moi une fois que j’aurai rejoint mon foyer.
Shevonne : Dis-moi Jodie, tu veux que je te supplie pour chaque chose que je veux faire pour toi ?
Moi : Non, non pas du tout.
Shevonne : Alors dis-moi pourquoi tu refuses ma bonne volonté que toi-même tu ne me proposes pas en retour ?
Moi : Ne dramatise pas Shevonne, s’il te plaît. Je ne savais pas que c’est ainsi que tu allais le prendre sinon moi je ne voyais rien de grave en ce que j’ai dit. Excuse-moi, je te demande pardon.
Shevonne : Ne te sens pas obliger Jodie, tu sais que je te comprends malgré tout.
Moi : Viens s’il te plaît Shevonne, je te file l’adresse.
Je ne lui ai pas laissé le temps de rajouter aux pensées, j’ai coupé l’appelé suivi de l’adresse de l’appart que je lui ai envoyé par sms. Il faut reprendre la douche, je regarde l’heure, il est presque 10h.
Après avoir donné mon accord à Shevonne, je me suis rappelé que Linda va bientôt revenir. Pourquoi ne suis-je pas restée ferme sur ma position sur le fait que je ne reçois pas de visite avant ma sortie ? Elle m’a juste dit qu’elle viendra une fois qu’elle sera libre donc peut être dans l’après-midi.
Que vais-je dire ç Linda une fois qu’elle sera de retour ? Pour une fois, j’ai peur de me confier à elle parce qu’elle ne voit en Shevonne qu’une femme de problèmes. Que faire ? Pas le temps d’avoir la réponse
Linda : Coucou, c’est moi, suis de retour.
Moi : Suis par là, qu’est-ce que tu foutais depuis tout ce temps ?
Linda : Que c’est moi James pour veiller sur toi matin midi soir ?
Moi : Hee c’est bon, tu as bien fait de vite revenir, il faut qu’on parle
Linda : Quoi encore ? Tu veux que je t’invente une autre histoire de moi ?
Moi : Non, il ne s’agit pas de ça,
Linda : Et quoi donc…
Moi : Ehh… Shevonne a appelé
Linda : Shevonne a appelé ? Et alors ?
Moi : Je lui ai donné l’adresse et je lui ai dit de passer. C’est juste pour saluer.
Linda : Quoi ???? Juste pour saluer ? Tu permets à cette femme de venir te voir dans ta chambre nuptiale ? Ça ne te gêne pas d’être avec une femme comme cette Shevonne ?
Moi : S’il te plaît Linda, en quoi c’est gênant d’être copine avec une personne ? Tu parles d’elle comme si elle était le monstre en personne.
Linda : Et je parie que tu es la seule à ne pas voir le monstre en elle ?
Moi : On a tous nos petits défauts et ça ne fait pas de nous des monstres pour au temps. Apprend au moins à la connaitre avant de la juger. Toi aussi.
Linda : D’accord, tu veux que j’apprenne à la connaitre avant de la juger, eh bien ça ne peut pas tomber mal. Comme elle arrive, je vais lui toucher deux mots
Moi : Linda
Linda : Toi tu me laisses tranquille, c’est avec Shevonne que je vais avoir une vraie conversation.
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