Une vraie comique cette Linda, voilà qu’elle me gonfle la tête déjà que j’ai des courbatures partout. Les quelques heures que j’ai passées avec James ont été torrides. Je sors du lit en souriant, je suis enfin arrivée dans le pays de mes rêves, il faut que je m’installe.
Je fais une deuxième fois le tour de la maison, elle est parfaite. Elle est grande, bien meuble, il y a de quoi tenir des jours dans le frigo, j’ai tout ce qu’il me faut. Il n’y a pas grande chose à faire juste apporter ma petite touche féminine.
J’ai reçu le coup de fil de mon gars, il passera après le boulot. J’ai tout le temps de me familiariser avec mon nouvel appart et même faire la cuisine. Il faut aussi appeler les parents pour les informer que je suis bien arrivée.
Ce n’est pas ma mère qui va décrocher un numéro du Ghana, elle sait déjà que c’est moi. J’ai eu mon père, il se chargera d’en informer ma mère. J’ai aussi passé un peu de temps avec Linda, à défaut d’aller vivre avec ses parents, il faut que j’aille les voir pour signaler ma présence.
James est arrivé en fin de journée, j’ai beaucoup récupéré de ma fatigue, je suis de nouveau apte pour une partie de jambes s’il me le demande. Il a été surpris lorsque je suis sortie de la cuisine pour lui servir à manger.
Il croyait que j’avais passé la journée à grignoter ou même faire une commande, ce qu’il ignore est que je ne suis pas seulement bonne au lit, je sais aussi faire la cuisine pour mon homme. Il s’est bien régalé avant que je ne lui demande de m’accompagner voir les parents de Linda.
Trois jours que je suis revenue à Accra, je connais cette ville plus la capitale de mon pays. Je ne vais pas rester dans mon appart comme une prisonnière et James le sait aussi. Je m’exprime bien en anglais, trouver du travail ne me fera pas du mal.
Les jours suivants, j’ai commencé à sortir. Je vais souvent saluer les parents de James et ceux de Linda mais franchement je ne me sens toujours pas à l’aise quand je vais là-bas et ça depuis que nos deux familles se fréquentaient.
Papa Linda est un pasteur, sa mère est la vice-présidente des femmes de son église. Les paroles de Dieu et ceux de moralité envahissent cette famille. Après ma première visite avec James, la deuxième fois que je suis allée toute seule, j’ai passé plus de deux heures avec sa maman.
Elle a appris ce qui s’est passé entre ma mère et moi d’où ma présence à Accra et elle ne me l’a pas caché. Elle m’a parlé de Dieu, de la famille de la désobéissance et tout ce qui va avec. Vous voyez un peu ce que ça fait pour une personne comme moi qui ai débuté avec un service xxl?
J’ai bouclé le premier mois en attendant qu’une des entreprises dans lesquelles j’ai postulé m’appelle. Ma vie est partagée entre mes coups de fil à Linda, mes parents, la grande partie est consacrée à James et mes heures de repos.
Pour ne pas à chaque fois traîner en ville ou rester à la maison, je vais passer ma journée dans une pâtisserie non loin de mon appart. J’offre mon service par jour en échange d’une somme que je ne considère même pas. Le plus important pour moi c’est les relations.
J’ai commencé par le service à table avant de commencer à faire des livraisons. On livre des gâteaux d’anniversaire, de mariage et même pour des fêtes d’entreprises et autres. J’y ai pris goût et je me sentais bien dans ce travail.
Trois mois que je travaille dans cette pâtisserie, avec mes pourboires, mon petit salaire et ce que James me donne, je m’offre mes trucs de femmes. Je ne paie pas le loyer et la nourriture qui est à la charge de mon homme mais ce n’est pas la vie tellement rêvée pour moi.
Je ne suis pas une fille qui se contente des miettes, tout ce que j’ai en ce moment, je pouvais l’avoir chez moi. Bien vrai que je suis venue dans ce pays pour échapper aux chaines prématurées de la vie de couple mais je vaux mieux que ça.
Des moments de doute, je ne savais même plus si je suis sur la bonne voie mais que faire qu’attendre qu’une opportunité s’offre à moi. James qui est toujours là et qui m’épaule dans mes moments de détresses et ça c’était sans compter sur la vie avec son lot de surprises.
Cinq mois que je suis revenue au Ghana, cinq mois que je vis une sorte de vie de couple avec James, je n’ai pas su maitriser les choses. Si je ne me suis pas trompée, je devrais voir mes règles depuis une semaine mais l’eau n’a pas coulé sous le pont.
Ça ne m’étonne pas du tout parce que j’ai fait l’amour avec James au moment où il ne fallait pas. Je ne suis même pas surprise et je n’ai non plus pas été étonnée d’apprendre que je suis enceinte. C’est un effet de déjà vécu au mauvais moment et c’est encore le cas.
Je viens à peine d’arriver, comment vais-je faire avec une grossesse surtout d’un homme qui ne m’a pas encore demandé en mariage ? Bien vrai qu’il soit l’homme parfait qui me couvre d’amour mais qu’est-ce qui me prouve qu’il ne changera pas une fois qu’il aura apprise que je porte un enfant dans mon ventre ?
Il n’y a pas que lui le problème, mes parents et ceux de Linda. Comment j’ai pu tomber enceinte d’un homme qui ne m’a pas encore épousé sinon ce n’est pas en refusant de me marier que j’ai quitté mon pays ?
Je peux peut-être rectifier le tir en acceptant le mariage si l’occasion se présente mais pas un enfant avant le mariage. Non pas ça, il est hors de question que cette grossesse voit le jour. Trop d’incertitudes planent sur cette nouvelle.
Trois jours après avoir appris que je suis enceinte, comme par hasard, James est venu m’annoncer que sa mère veut me voir. Elle n’avait jamais demandé à me parler, c’est quoi cette histoire ? Est-elle une voyante ou quoi ?
Derrière James, je suis rentrée dans le séjour des parents de mon homme pour trouver sa mère assise sur le canapé. Je ne sais pas si elle l’a remarqué mais je commençais à trembler comme une feuille.
James : On est là maman
La mère : Ah ok, bonne arrivée ma fille, prend place. Merci James, c’est bon.
Je croyais qu’il allait rester avec nous mais à ma grande surprise, il retourne le pas et me laisse seule avec sa mère. C’est fripant, jamais je n’avais eu peur de la sorte devant cette dame.
La mère : Alors ma fille, comment ça va
Moi : Bien maman, tout va bien.
La mère : Très bien. J’ai demandé à te parler c’est à propos de ce que toi et mon fils vous vivez. Excuse-moi, c’est à mon fils que je devrais poser la question mais tu connais un peu les hommes. Il est capable de me mentir mais toi par contre tu ne le ferras pas. N’est-ce pas ?
Moi : Non maman.
La mère : Alors dis-moi ma fille, c’est quoi le fond ou c’est quel nom vous donnez à votre relation ?
Moi : Eh… je ne sais pas quoi répondre.
La mère : Et pourtant vous vivez ensemble et ça ne date pas d’aujourd’hui si j’ai bonne mémoire. Tu es revenue de ton pays, tu vis dans une maison qu’il a louée, vous ne vous cachez pas, tu viens ici nous saluer, je veux que tu me parles à cœur ouvert.
Moi : Oui c’est vrai maman, c’est la vérité tout ce que vous venez de dire.
Avec son petit-fils qui se forme dans mon ventre, j’ai énuméré en quelques points ma relation avec son fils. Je me suis appuyée sur le fait que si je suis revenue c’est seulement à cause de lui et que je l’aime.
La mère : Je comprends et où en êtes-vous ?
Moi : Nulle part, il prend soin de moi, je cherche du travail d’ici là.
La mère : C’est bien pensé ma fille, une femme qui travaille est une femme libre et selon tes dires, jusque-là vous n’avez rien décidé pour le moment.
Moi : Non maman.
La mère : C’est compris mais dis-moi ma fille. Qu’est-ce que ça fait de vivre sous le toit d’un homme qui ne t’a rien promis. Je ne sais pas, il ne t’arrive pas de penser qu’un jour il peut décider ne plus rien à voir avec toi et te foutre à la porte ? Tu sais que tu peux tomber enceinte à tout moment.
Et boummm !! En plein dans le mille. Êtes-vous sûre que cette femme n’est pas une voyante ? Elle me parle comme si elle avait lu dans mon fond intérieur.
Moi : Si maman, il m’arrive de le penser mais je ne pense pas que James peut se donner tout ce mal pour me faire ça.
La mère : Tu as vraiment confiance en lui hein. C’est bien d’avoir la confiance n’empêche que tout le monde peut changer du jour au lendemain. Je ne le dis pas seulement pour James mais c’est aussi valable pour toi.
Moi : Je ne crois pas pouvoir un jour lui faire du mal.
La mère : Tu es sûr ?
Moi : Oui maman.
La mère : Très bien, j’ai ma petite idée parce qu’il fallait que je sache ce qui se passe entre vous. Merci d’être venue, tu peux rester pour la nuit si tu veux.
Si c’est un piège je ne vais pas tomber dedans. J’ai d’abord attendu le retour de James avant de donner suite à sa demande. Mon homme connaît sa mère, il a accepté, je resterai cette nuit avec elle.
Ma toute première nuit que je vais passer sous le toit des parents de James. Je croyais voir un petit monde dans la maison mais on était que quatre. Le père, la mère, James et son petit frère. Les autres que j’ai connus n’étaient plus dans la famille. Ils sont tous les deux à l’étranger.
Après avoir aidé leur bonne et resté un peu avec la mère, j’ai été seule dans la chambre des invités et croyez-moi je n’ai pas fermé l’œil. La mère de James m’a fait peur. Je ne suis plus préoccupé par ma relation avec son fils mais la grossesse de son petit-fils qui commence à se former.
A-t-elle vu ce qui se passe en moi ? J’ai passé la nuit à retourner sur le lit sans trouver le sommeil jusqu’au lever du soleil. Je suis sortie du lit avec une mauvaise mine. Je travaille ce matin, James m’a déposé chez moi avant de continuer à son service. Quel sens donné à tout ce qui s’est passé la veille ?
Totalement perdue, j’ai refusé de dire à James la conversation que j’ai eue avec sa mère. Il est inquiet mais je l’ai rassuré. C’était juste une conversation entre mère et fille, on n’a parlé que des choses de femmes.
Avec tout ce que la maman de James a eu à me dire, c’est la panique. L’homme n’est pas digne de confiance et c’est ce que je disais. James peut changer du jour au lendemain, il me faut l’avis de ma copine.
C’est depuis chez moi après mon service à la pâtisserie que j’ai lancé l’appel vers le numéro de Linda. Je suis prête, je sais que son bâton va me tomber dessus mais est-ce que j’ai le choix ? Il faut qu’elle le sache.
Linda: « Hi »
Moi: (how are you?) Comment tu vas?
Linda: « (Fine) Bien. Quelles sont les nouvelles ? Ça bouge un peu côté travail ? »
Moi : Pas trop mais je suis toujours à l’écoute.
Linda : « Alors, raconte, c’est comment avec James. »
Moi : C’est la sécheresse.
Linda: « (What !! What did you just say? ) Quoi!!! Qu’est-ce que tu viens de dire?
Moi : (Yeah !) Eh oui !
Linda : « Shirt !!! Jodie, qu’est-ce que tu as encore foutue ? »
Moi : C'est la question que je me pose aussi. Qu’est-ce que j’ai encore foutue ?
Linda : Jodie, quand est-ce que tu vas penser à te protéger ? Vas-tu un jour le faire ?
Moi : Tu me demandes comme si tu ne me connaissais pas. Tu sais très bien que je déteste ces produites et que je ne suis pas préservatif une fois que j’ai confiance. Le comble est que je n’ai rien fait pour l’éviter.
Linda : « (Here's the result) Et voici le résultat. Alors, c’est quoi la suite ? »
Moi : Il n’y aura pas de suite.
Linda : « Non, pas ça, pas cette fois. »
Moi : Qu’est-ce que tu feras à ma place ? Ça va seulement faire cinq mois que je suis là, ne me dit pas que la meilleure solution c’est de garder cette grossesse. (How will i make my dreams come true) comment vais-je réaliser mes rêves?
Linda : « (You talk about dreams) Tu parles de rêves. Et tu crois que cet enfant ne pourra pas faire partir de tes rêves ? S’il te plaît Jodie, ne fais pas ça. Il est là James, il sera heureux de l’apprendre et tu peux compter sur mes parents. Si tu veux je les appelle. »
Moi : Non non Linda, surtout pas ça. Ton papa est un pasteur, tu sais combien tes parents sont engagés sur la voie de la religion. Tu crois qu’ils vont accepter d’aider une fille qui vit sous le toit d’un homme qui ne l’a pas épousé et qui porte un bâtard dans son ventre ?
Linda : « Bâtard ? Tu parles déjà de lui comme s’il n’avait pas de père et pour ton info, mes parents sont avant tout des gens normaux. Bien qu’ils soient impliqués dans la religion n’empêche qu’ils sont comme tous les autres parents. »
Moi : (Thank you sister but I prefer alone to manage this situation) Merci petite sœur mais je préfère gérer seule cette situation.
Linda : « Et qu’est-ce que tu appelles par gérer cette situation toute seule ? Comme si tu avais une autre idée derrière la tête hormis mettre fin à la vie de ce petit être. »
Moi : Et qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Que feras-tu à ma place ? Dis-moi, toi qui es à l’étranger, si aujourd’hui tu apprends être enceinte, qu’est-ce que tu feras ?
Linda : « (I will assume) Je vais assumer. Mais merde Jodie, qu'est qui cloche chez toi? »
Moi : Tu vas arrêter pour toi Linda, arrête de me faire la morale de fille de pasteur et tu n’as pas à me crier dessus.
Linda : « Et quoi encore ? Tu vas me sortir ta chanson comme quoi tu es la grande sœur et c’est toi qui as toujours le dernier mot ? Ecoute-moi bien Linda, être la grande sœur ne signifie rien si tu n’arrives pas à t’assumer et me montrer le bon exemple. Tu veux mettre terme à cette grossesse, eh bien vas-y mais saches une chose, ce n’est pas à chaque fois que la vie nous donne ce qu’on désire. Ne l’oublie pas. »
Moi : Et quoi donc, toi qui me conseilles de toujours prendre la pilule ou autres contraceptifs en quoi c’est différent si je tombe enceinte et que je décide de ne pas la garder ?
Linda : « Oh !! Rassure-moi que c’est moi la mauvaise fille.»
Moi : (I'm going to hang up) Je vais raccrocher.
Linda : « Oui fait donc ça et s’il te plaît, reviens-moi vite quand tu auras fini. »
C’est quoi son problème à elle ? Elle me parle comme si elle était ma mère ou si c’est elle qui allait porter ce ventre pendant neuf mois. Blablabla et après ? Que je gâche ma vie pour une chose que je pourrais avoir quand je le veux ?
Vous avez tous entendu la mère de James, un homme peut changer à tout moment surtout un avec qui je n’ai aucun engagement. Je l’aime oui mais est-ce que suffisant ? Je ne vais pas prendre ce risque.
Je suis venue ici pas pour m’encombrer la vie avec une grossesse hors mariage. Je n’ai pas gardé la première ce n’est pas celle-là que je vais garder. Rien ne m’oblige à m’encombrer de ce qui me gêne.
Je l’enlève et on en parlera plus, ma vie suivra tout bonnement son chemin.
À Suivre ..........