« D'accord... » murmura Nick à Rivel.
Dès qu'il entendit ces mots, Rordian se précipita sur Nick pour le téléporter ailleurs. Tout le long de l'échange il était resté branché sur les pensées d'Harrgos qui n'était pas assez concentré pour les bloquer : que son fils accepte de céder l'antidote ne faisait pas parti du plan. Il était là pour les retenir quand Nick aurait choisi sa mère. Mais il ne l'a pas fait.
Le chef des Ombres avait été étonné que Lidonna vienne seule, et contrarié. Il voulait des témoins. Il voulait qu'ils soient plusieurs à assister, impuissants, à leur échec de récupérer l'antidote et voir l'espoir de sauver Loïs réduit à néant. Mais peu importe, le plus important avait été que Lidonna vienne parce qu'il savait qu'elle ne serait pas capable de trouver les mots justes pour convaincre Nick. Elle ne connaissait pas le poison. Elle ne savait pas non plus l'état dans lequel se trouvait la mère du garçon. Il savait que peu importe ce qu'il se passerait, Nick choisirait sa mère, et les Papillons devraient accuser un nouveau coup de massue.
Mais Rivel est apparu. De tous ceux qu'Harrgos pensait voir aux côtés de Lidonna, son aîné était bien le dernier sur sa liste. C'est à ce moment là que tout avait basculé. Il avait longuement hésité à intervenir parce qu'il savait que Rivel avait la capacité de convaincre son frère et il avait eu raison.
Dans l'ombre, Rordian avait alors veillé au grain pour être sûr que, peu importe la réponse, ils repartiraient avec l'antidote ; et d'autant plus que la réponse de Nick avait été positive.
Le Liseur ne s'était pas inquiété pour Rivel et Lidonna. Il savait qu'ils s'en sortiraient. Et Nick était leur unique chance de sauver Loïs, il ne pouvait pas la laisser passer.
L'Analyseur resta figé quelques instants dans les bras de Rordian. Le Liseur le repoussa sèchement, alors Nick fit un pas en arrière mais il était perdu dans ses pensées. Plus précisément, dans sa tête résonnait sa décision. Son acquiescement à Rivel... Il avait condamné sa mère.
Tout son être se brisa. Comme l'accompagnant dans sa décision, la pluie commença à se faire sentir. Nick resserra son poing sur la fiole. Il avait condamné sa mère...
Une main se posa délicatement sur son poignet. Il releva les yeux et croisa ceux de son frère. Il était de nouveau là... Rivel attrapa délicatement l'antidote. Mais Nick garda ses doigts serrés dessus. Alors avec douceur, l'Auditeur lui fit ouvrir le poing. Dès l'instant où sa dernière parcelle de peau ne toucha plus le verre, Nick recula en chancelant. Puis il s'effondra à genoux au sol. Un éclair s'abattit sur le sol et le tonnerre ne tarda pas résonner dans l'air. Le temps faisait rage de ses douleurs, et écho à toute sa souffrance.
Nick explosa d'un coup. Il se mit à hurler qu'il venait d'assassiner sa mère. Il répéta qu'il n'était qu'un abruti. Un mouton. Une personne sans volonté et sans intérêt. Un meurtrier.
Il ne sentit pas les regards de pitié se poser sur lui.
L'Analyseur ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il ne reverrait plus jamais le visage de sa mère. Harrgos refuserait de lui rendre le corps sans vie. Il ne pourrait jamais lui dire au revoir. Dans sa mort elle penserait pour toujours qu'il l'avait abandonnée. Et elle aurait raison.
Il avait mal. Il avait tellement mal.
La pluie tombait en trombe et se mêlait à ses cheveux et ses vêtements. Une flaque se créa autour de lui alors avec ses coups de poings il envoyait voler l'eau. La transparence de l'eau vira rapidement au rouge. A force de frapper le sol goudronneux, Nick s'ouvrait la peau.
Il ne voyait pas les quatre corps autour de lui réfléchir à une approche. Il pensait qu'ils étaient parti, qu'ils l'avaient laissé seul. Il était sûr qu'il ne s'intéressait qu'à l'antidote. Mais comment leur en vouloir ?
Alors il eut un mouvement panique de recul quand une main se posa sur son dos.
Il se tourna vers cette personne qui s'était approché de lui. Firân lui offrit un faible sourire et murmura :
« Merci. »
Mais Nick n'avait pas l'impression de mériter les remerciements de qui que ce soit. Si Rivel n'était pas arrivé il aurait laissé Loïs mourir, il aurait choisi sa mère. Alors il serra les poings de honte, ses ongles s'enfonçant dans la paume. Il voulait souffrir, il voulait se punir.
Firân s'agenouilla à ses côtés et passa son bras par dessus son épaule. Mais Nick le rejeta brutalement.
« Laisse-moi ! J'étais prêt à laisser ta sœur mourir ! lui hurla-t-il.
— Mais tu ne l'as pas fait.
—Sauf que c'est ma mère que je laisse mourir... Je suis un monstre.
— Non c'est faux. Tu n'es pas un monstre. Tu as dû faire face à un choix cornélien où aucune des solutions n'étaient bonnes. Ce que t'a fait subir ton père est cruel. Le monstre c'est lui. Ce n'est pas toi. »
Nick était fatigué de lutter. Il avait envie de croire les belles paroles de Firân. Alors il se laissa faire. Le Localisateur l'obligea donc à se relever.
« Je suis vraiment désolé pour ta mère. » lui murmura-t-il.
L'Analyseur leva ses yeux violets vers Firân. Et soudain, il laissa des torrents de larmes s'échapper en s'effondrant sur le torse du garçon.
« Je déteste mon père ! » hurla Nick d'un coup.
C'était la première fois que le garçon l'exprimait, et qu'est-ce que ça faisait du bien !
« Nous aussi...
— Bon Firân, bien heureux que tu nous aies retrouvé, mais il est temps d'aller sauver ta sœur.
— Allons-y. »
Nick et Firân s'approchèrent alors doucement du reste du groupe mais Rordian les interrompit :
« Qu'est-ce tu fais là ? grogna-t-il.
— Eh bien j'arrive pour qu'on se téléporte.
— Tu ne l'approches pas de nous !
— S'il te plaît, murmura Lidonna à son oreille.
— Merde non, c'est un putain de traître !
— Rordian ! Il nous a cédé l'antidote ! répliqua Lidonna outrée.
— Je ne l'abandonnerai pas, ajouta Firân. C'est grâce à lui qu'on va sauver Loïs.
— ça on ne le sait pas encore. Qui nous dit que ce n'est pas encore une de leur ruse ?
— Une ruse ? s'offusqua Rivel à son tour. Mon frère est brisé et tu oses dire que c'est une ruse ?
— Je suis donc le seul lucide ici ?
— Non Rordian. Tu es aveuglé par ta jalousie. » souffla Lidonna froidement.
Il n'insista pas mais lança un regard assassin au garçon.
« Il ne peut pas entrer au Cocon, fit remarquer Firân. Personne ne l'a ajouté au sort.
— J'y vais, rouspéta Rordian. Mais il va directement en prison. »
Rordian se téléporta immédiatement.
« Il n'est pas possible... soupira Firân.
— Non. Il a raison. Je suis un traître et je mérite d'aller dans vos prisons.
— Arrête Nick. Je te connais j'ai grandis avec toi. Tu es une bonne personne. Tu n'as juste pas eu de chance d'avoir été dans le plan de notre père. »
Le garçon n'eut pas le temps de se désoler une nouvelle fois. Rordian apparut et disparut en quelques secondes en agrippant le col de Nick.
Alors Firân le suivit en compagnie de Rivel et Lidonna. Ils virent le Liseur balancer leur nouveau prisonnier dans sa cellule.
« Allons donner l'antidote à Loïs. »
Firân et Lidonna hochèrent la tête. La rouquine promit à son ami de revenir le voir sous les regards noirs du Liseur.
« Je préfère rester avec mon frère. » déclara l'Auditeur.
Rordian soupira, réellement agacé mais il ne dit rien. Ils avaient autre chose à faire que se disputer. Il attrapa donc les mains de Lidonna et Firân et il les amena dans la salle des pierres. Ils avaient l'antidote. Pourtant le doute persistait...
« Et si tu avais raison et que c'était une ruse d'Harrgos... Que l'antidote était dans tous les cas un faux ? s'inquiéta Lidonna avant de sortir de la pièce.
— Non ce n'est pas le cas... murmura-t-il. J'ai lu les pensées d'Harrgos et l'antidote est vrai.
— Mais tu as utilisé cet argument contre Nick tout à l'heure ! »
Il ne répondit rien.
« Rordian. » grogna alors Lidonna en colère.
Il murmura un faible désolé avant d'ouvrir la porte pour tenter de s'enfuir mais ses ennuis étaient loin d'être finis...
« VOUS ÊTES PARTIS SEULS SANS MÊME N'AVOIR INFORMÉ QUI QUE CE SOIT ?! QU'EST-CE QU'IL NE VA PAS BIEN CHEZ VOUS ?!
— On a fait ce que vous nous aviez laissé la liberté de faire, répliqua Rordian étrangement calme ce qui déstabilisa grandement son père, et face à son silence le Liseur s'expliqua. Vous nous avez donné une semaine pour aider Loïs. Vous avez décidé que Lidonna devait faire son choix elle-même. Le sort de notre amie ne vous intéressait pas. J'ai cru que savoir quand on partait ne vous intéresserait pas non plus. Et je suppose que savoir que l'on a l'antidote ne vous intéresse pas davantage. Alors si vous permettez, vous avez un prisonnier à aller voir et nous une personne à sauver. »
Pour la première fois, Careil ne trouva rien à redire face au calme de son fils, alors il s'écarta pour les laisser passer. Rordian ne traîna pas et reprit sa marche d'un pas rapide et déterminé.
« Rordian... »
Firân et Lidonna tentaient de suivre son rythme.
« Rordian s'il te plaît ?
— Quoi ?! » hurla-t-il en se retournant vers Lidonna.
Il était crispé, agacé, il avait juste envie qu'on le laisse tranquille. Lidonna se mordit la lèvre inférieure pour éviter de laisser quelques larmes s'échapper.
« Rordian... murmura Firân presque moralisateur.
— Je suis désolé ! explosa-t-il. Je suis désolé mais j'ai eu tellement peur pour toi Lidonna ! Tu sais à quel point ça me détruit de l'intérieur et tu continues à le faire ! Et tant que tu continueras à me provoquer de l'angoisse comme ça, je ne pourrais pas arrêter d'être irrité comme je le suis en ce moment !
— Sans parler de Nick. » plaisanta Firân.
Le regard noir que lui lança son meilleur ami lui fit perdre tout sourire.
« Trop tôt, murmura-t-il. Désolé. »
Lidonna s'approcha alors sans un mot de Rordian et glissa délicatement sa main dans la sienne.
« Merci d'avoir menti à ton père pour moi, murmura-t-elle.
— C'était agréable de le voir perdre ses moyens, sourit alors le Liseur. Allons à l'infirmerie maintenant. Loïs a assez attendu. »
Cette fois c'est Firân qui prit la tête du groupe. Il était impatient mais la boule dans son estomac ne s'était pas dissipée. Loin de là. Tout pouvait encore se passer extrêmement mal. Tout. Alors il ne se réjouissait pas trop vite, tout comme ses deux compagnons avec lui.
Ils atteignirent rapidement l'infirmerie, mais ils ne trouvèrent pas Camaé ni aucun autre médecin. Ils ne pouvaient pas se permettre de donner eux-mêmes l'antidote à Loïs puisqu'ils n'avaient aucune compétence en la matière. Alors Firân et Lidonna restèrent aux côtés de l'Empathe tandis que Rordian attenfait la grand-mère de Xander dans le couloir. Elle était dans un état lamentable. Le teint verdâtre, la peau sur les os. Elle respirait à peine toute seule. S'il n'y avait pas toutes les machines mesurant son pouls, on pourrait la croire morte.
« Ne t'inquiète pas, murmura Firân en prenant délicatement la main de sa sœur. Très bientôt tout sera fini et tu seras sur pied. »
Le Localisateur releva la tête vers Rordian. Il était posé sur le mur face à la porte de la chambre de Loïs, dans le couloir de l'infirmerie. Il le vit soudain se redresser sur ses pieds et décroiser ses bras.
« Camaé... ça va ? s'inquiéta-t-il soudain.
— Oui. Bien sûr que ça va. Qu'est-ce que vous faites ici ? Qu'est-ce que vous faites tous ici ? ajouta-t-elle en voyant les visiteurs dans la chambre de sa patiente.
— On a le remède.
— Quoi ? Vous n'auriez pas pu le dire tout de suite. »
Rordian haussa les sourcils en lui tendant la fiole qu'elle lui arracha des mains. Elle enleva le bouchon et analysa le contenu à l'aide de son pouvoir de Guérisseuse.
« C'est le bon antidote... » murmura-t-elle.
Alors elle poussa Firân pour faire ingérer le remède à la malade. Elle maintint la tête de Loïs en arrière avec la bouche fermée. Soudain, le corps de l'Empathe fut pris de violente convulsion. Puis quelques minutes plus tard, un liquide violet foncé, presque noir se mit à suinter par tous les pores de sa peau, sa bouche, ses narines, ses yeux... Le spectacle était terriblement effrayant. Lidonna écarquilla les yeux de stupeur mais prise par la sidération elle ne réussit pas à faire un mouvement.
Camaé avait pourtant dit que l'antidote était le bon ! Pourquoi la rouquine avait-elle l'impression que son amie était en train de mourir ?
« Camaé ?! hurla Firân terrifié. Qu'est-ce qu'il se passe ?!
— Ne t'inquiète pas. C'est simplement le poison qui quitte son corps... Dans quelques minutes tout sera fini. »
Alors ils n'eurent pas d'autre choix que d'attendre. Firân et Lidonna se détendirent légèrement quand les soubresauts de Loïs s'arrêtèrent complètement. Son visage avait beau avoir prix une couleur noire à cause du poison, il semblait totalement apaisé.
« Maintenant il faut attendre que son corps se remette. En attendant je vais la nettoyer alors allez vous en. »
Ils tentèrent de protester, mais la vieille dame les mis à la porte. Mais avant qu'elle ferme, Rordian lui attrapa le bras.
« Tu es sûre que tout va bien ?
— Mais oui, lâchez-moi maintenant, j'ai un boulot à faire. »
Le Liseur obtempéra, alors Camaé lui ferma la porte au nez.
Il sentait que quelque chose n'allait pas. Sa démarche semblait encore plus fatiguée que d'habitude et il l'avait vu essuyer un liquide provenant de sa bouche en entrant dans l'infirmerie. Elle avait tenté de lui caché ce geste, en vain.
Il aurait aimé lire ses pensées. Comprendre ce qu'il se passait. Malheureusement il n'en avait pas le droit. Mais comment faire avouer à une vieille tête de mule qu'on va mal ? Rordian était particulièrement inquiet alors il se promit d'en toucher deux mots à Xander.
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Fin de chapitre 🥰
Ça y est Loïs est sauvé ! Soulagé•es ? 😁
Par contre Nick s'en veut énormément... Que pensez vous de lui, et de sa réaction par rapport à lui même ?
Toute petite NDA cette fois ci 😂😂
J'espère que ce chapitre vous aura plu et on ce retrouve la semaine prochaine ! 🥰
Bisouilles 😘🦋