Les minutes s'écoulent sans que rien ne me vienne à l'esprit. Je dois deviner cette énigme. Hors de question d'échouer le test pour une petite devinette non résolue! Je me lève de ma chaise et me mets à tourner en rond dans la classe.
Une question à un gardien. Seulement, comment puis-je savoir lequel des deux est le menteur? J'ai toujours été nulle en énigme. Nulle. Pourrie. Exécrable. Je sais, je me répète, mais c'est vrai! J'étais le genre d'enfant qui n'essayait même pas de résoudre la devinette et qui demandait immédiatement la réponse.
Cette énigme me donne du fil à retordre. Comme toutes les énigmes, d'ailleurs.
Je dois me concentrer. Bon... Deux gardiens: un menteur et un qui ne ment jamais, deux portes: une pour l'Enfer, l'autre pour le Paradis. On veut celle du Paradis, mais pour savoir laquelle des portes est la bonne, il n'y a qu'une question à un seul gardien. Une question, un seul gardien... C'est impossible, non? Pour réussir à deviner la porte, je devrais poser une question aux deux, sinon c'est juste impossible...
Je viens de comprendre. Je réfléchis à toute allure. Les deux... je dois introduire les deux dans la question! Et puis... négatif plus négatif égal positif! Tandis que... Je ne comprends même plus ce à quoi je pense moi-même, mais je sais que j'ai trouvé. Oh, ça y est! Je suis toute énervée. Je me mets à débiter très rapidement ma réponse.
- La question à poser est: "Est-ce que l'autre gardien me dirait que je suis devant la porte du Paradis?" Si le gardien répond "oui", je dois aller à l'autre porte, et "non", je rentre dans sa porte. Par exemple, si le gardien me répond: "Oui, il te dira que tu es devant la porte du Paradis", c'est soit un mensonge ou la vérité. Mais ce n'est pas important de savoir s'il ment ou non, car on sait qu'un des deux gardiens dit la vérité de toute façon...
Est-ce que ce que je viens de raconter fait du sens? Pour moi, comprendre un truc et l'expliquer sont deux choses complètement différents. Enfin bref. Je sais ce que je veux dire par là. Je me comprends. Je sais que j'ai la bonne réponse. Je n'ai donc pas été étonnée d'entendre la voix robotique me répondre positivement.
- Énigme: résolue. Temps: dix-huit minutes vingt-trois secondes.
Je me mors nerveusement l'intérieur de la joue. J'ai pris près de vingt minutes pour résoudre cette devinette, vraiment? Est-ce un bon temps? Le Conseil trouvera probablement une façon de me faire échouer tout cela de toute façon, n'est-ce pas? À moins que je...? Ah et puis, on s'en fiche un peu. Je l'ai résolue, au moins, cette énigme. C'est ce qui compte pour l'instant...
- Prochaine question.
Je sursaute. Je m'étais égarée dans mes pensées, encore. Je ferme les yeux et me ressaisis. Je dois me concentrer un peu. Garder les pieds sur terre. J'ai réussi à me battre contre des guerriers d'Alteran, ce ne sont pas des devinettes qui vont me causer des problèmes de concentrations.
Lorsque je rouvre les yeux, je me trouve face au tableau blanc qui représente maintenant... Oh, non. Ce n'est pas vrai.
Le tableau est rempli de calculs mathématiques à effectuer. J'ai envie de me tuer, là. Je déteste les math. Je suis terrible en math. Néanmoins, je me retrousse les manches et m'avance au tableau. Je saisis le crayon qui repose sur le rebord et me lance.
Les calculs sont pour la plupart plutôt faciles. Le plus difficile, j'ai l'impression, est de gérer le stress. Je suis chronométrée. Je dois tout effectuer le plus vite possible, en ne faisant aucune erreur. Ma main tremble sous la pression.
Cinq minutes s'écoulent. Dix. Vingt. Il me semble qu'il y a des calculs à l'infini! J'ai le front perlé de sueur, la mâchoire fermée solidement. Qui aurait cru que d'effectuer des fichus calculs mathématiques serait plus essoufflant que de sa battre à l'épée?
Je réalise que, de calculs en calculs, les choses se compliquent. Les chaînes d'opérations s'allongent, les résolutions deviennent plus techniques. Je commence franchement à avoir de la difficulté. Je ne cesse de perdre le fil de mes pensées, d'avoir à recommencer mes calculs. Je ne sais même pas ce que je fais. Je suis mon instinct. (Je ne sais pas trop si c'est une bonne ou une mauvaise chose, mon instinct étant un peu douteux par moment...)
C'est après près d'une heure que j'achève la dernière opération. Je suis à bout de souffle. Le tableau vire à nouveau à son état initial.
- Votre temps: cinquante-trois minutes et sept secondes. Résultat: 78%.
J'ai envie de faire la danse de la joie. 78%? Je n'ai jamais eu un tel pointage à un examen de mathématique de toute ma vie! Je veux dire, je suis acceptable à l'école en général, mais les mathématiques: juste nan.
Puis, la surface blanche du tableau se recouvre de quatre dessins séparés: une grenouille, une salamandre, un crocodile et un crapaud. Je fronce les sourcils, sceptique. Qu'est-ce que c'est que cela?
- Trouvez l'intrus, m'informe la voix.
J'éclate presque de rire. C'est très facile, comparé à la devinette et aux calculs!
- Le crocodile, n'étant pas un amphibien, est l'intrus, déclaré-je en me méfiant néanmoins de la facilité de la question.
Les images changent: une carotte, un radis, une pomme de terre et une tomate.
- La tomate, dis-je. Elle n'est pas un légume.
Qu'est-ce que c'est que ça signifie? C'est beaucoup trop facile. Ce ne doit être que l'échauffement. Ensuite viennent les images suivantes: je reconnais le visage de Shakespeare, Molière et de Racine, mais il y a un quatrième type dont le visage ne me dit rien. Oups.
Je soupire. Allons, je dois réfléchir un peu... Bon, les trois hommes dont je reconnais le visage sont de grands auteurs. Peut-être que le quatrième n'en est pas un, et c'est lui l'intrus...? Non, peut-être que le quatrième visage est un grand auteur français comme Molière et Racine et que c'est Shakespeare l'intrus. Je suis vraiment confuse. Comment suis-je censée deviner qui est l'intrus si je ne reconnais même pas l'autre image? Je tente le tout pour le tout:
- L'intrus, c'est le... hum, monsieur en-haut à gauche, car il n'est pas un grand auteur européen...
Je me sens ridicule. J'ai intérêt à avoir eu la bonne réponse.
- Précisez, exige la voix.
- I-il est Asiatique!
Qu'est-ce que je viens de raconter là? J'ai envie de me frapper la tête sur le mur. Je suis vraiment idiote. C'est sûre que ce n'est pas ça, la réponse. Rongée par le remord, je regarde les quatre images changer.
Néon, Argon, Astate et Radon. Des éléments du tableau périodique... Je me remémore à toute vitesse les leçons de science de l'année passée.
- L'Astate est l'intrus, dis-je en tentant tant bien que mal de me rapeller pourquoi. Car il fait partie de la famille des halogènes, alors que les trois autres sont des gaz inertes.
C'était la dernière question. La voix m'annonce mon score:
- Temps: huit minutes et quarante-deux secondes. Résultat: 100%.
Je sautillerais sur place si je le pouvais. Je n'arrive pas à y croire! J'ai plutôt bien réussi la première partie de ce test, non? L'énigme résolue, les calculs en majorité réussis, et les intrus démasqués parfaitement. Je gagne en assurance. Je me demande ce à quoi va ressembler la deuxième partie de ce test de logique.
Je sors de la salle de classe, puis je regarde partout autour de moi, ne sachant pas trop quoi faire. Je suis seule. Inquiète, je m'engage dans le couloir sombre de cette aile de l'École à la recherche de personnes pouvant m'expliquer la suite des évènements. Je tourne à gauche au bout du corridor. Personne. Je retourne sur mes pas et vais vérifier si les autres classes sont toujours utilisées. La majorité des portes sont ouvertes, alors ça signifie que nous avons presque tous fini. Alors, où sont donc les autres?
Je m'installe sur les bancs en bois qui longent les murs du corridor et me mets à fixer songeusement le plafond de pierres noires traversé par de grands tuyaux de métal. La plomberie, sans doute. Ces tuyaux sont étrangement positionnés, comme si on les avait changé de direction, et j'ignore pourquoi. Enfin bref. Ce n'est pas le moment de penser aux tuyaux du plafond. La question est: pourquoi suis-je seule? Ce n'est pas normal, n'est-ce pas? Je réfléchis quelques instants, mais je finis par simplement me relever pour poursuivre mes recherches, ne trouvant aucune explication logique à tout cela.
À ce moment-là, un cri strident parvient jusqu'à moi. Ça vient de l'étage supérieure! Sans plus attendre, je fonce vers les escaliers et les gravit à toute vitesse. Je suis à nouveau aveuglée par la luminosité frappante qui règne dans le reste de l'établissement, et je suis forcée de m'arrêter pour laisser le temps à mes yeux nocturnes de s'adapter. Un nouveau hurlement. Je reprends mon ascension, de plus en plus anxieuse en pensant à ce que je vais trouver une fois en-haut.
J'aboutis finalement au prochain étage. J'ouvre la porte qui mène au couloir à la volée, de plus en plus angoissée. Je me mets à courir, suivant les cris et les exclamations qui proviennent du fond du couloir. Après à peine cinq pas faits au pas de course, je glisse et tombe sur le plancher de marbre blanc. Je suis à présent toute trempée. Pourquoi? Non, attendez...
Le couloir est inondé d'eau. Son niveau commence à être plutôt élevé: j'en ai environ jusqu'aux chevilles. Je me relève piteusement, les fesses trempées, et poursuis mon chemin. Plus je me rapproche du fond du corridor, plus les voix et les cris s'amplifient.
- Fabien? Amé? Anna? hurlé-je en espérant une réponse.
La seule réponse que j'obtiens est celle de mon écho. Je ne perds pas espoir pour autant: j'empresse le pas pour découvrir le plus vite possible les auteurs de ces cris.
Je tourne au bout du couloir. Là, je trouve les autres Nouveaux: ils sont tous entassés dans cette partie du corridor, et tentent désespérément d'arrêter les jets d'eau qui sortent d'un grand tuyau au plafond. C'est donc ça, la cause de l'inondation... Je vais rejoindre ma première amie qui s'offre à ma vue, Amé. Elle est en train de transporter des sceaux, et je ne sais pas trop pourquoi, en fait.
- Qu'est-ce que vous faîtes tous ici? hurlé-je en tentant de couvrir le chahut causé par les échappements du tuyau.
- J'sais pas, me répond-elle sur le même ton. Nous avons tous été conduits ici d'une façon ou d'une autre. Faut qu'on empêche ce corridor de s'inonder complètement, je suppose.
- Pourquoi c'est à nous de faire ça?
- Aucune idée! Je me demandais la même chose...
Tous les Nouveaux sont affairés à boucher les trous du tuyau - sans succès - ou à tenter de réduire le plus possible le niveau de l'eau. Je suis un peu confuse: ne sommes-nous pas censé faire la deuxième partie du test de logique? À moins que... ce soit ça, la deuxième partie du test? Il faut résoudre le problème des tuyaux? Je balaie l'endroit du regard et repère une petite caméra de surveillance identique à celle des autres tests. Oui, c'est pratiquement certain que ceci est la suite du test. Ça ferait totalement du sens. Alors, déterminée, en laissant ma timidité de côté, je lève le ton pour me faire entendre malgré la cacophonie:
- Écoutez-moi tout le monde! (Les voix s'éteignent peu à peu, me laissant continuer mon discours.) Je ne crois pas que ce soit ça qu'il faut faire. Ceci est presque sans aucun doute la deuxième partie du test de logique. Nous devons trouver la solution à ce problème. M'est d'avis que nous devrions trouver un moyen d'empêcher l'eau de circuler dans les tuyaux troués.
Les autres Nouveaux se mettent à murmurer entre eux. Puis, la voix de Fabien s'élève.
- Ouais, t'as sûrement raison, mais par où commencer?
- Il faudrait trouver l'endroit où l'eau est gérée, ici, réponds-je avec une certaine conviction.
Tout le monde se met à discuter sur un moyen de dénicher la sorte de centrale de plomberie, mais ce sera plutôt compliqué, car les systèmes d'eau courante alterans sont bien différents de ceux qu'on retrouve chez les humains. En effet, chaque bâtiment alteran est doté d'une pièce appelée centrale où sont gérées la plomberie et l'électricité, le tout étant connectés aux réseaux de la surface.
Il faut trouver cette salle pour faire cesser la circulation de l'eau. Au lieu de prendre part aux discussions à ce sujet, je m'assois sur le banc, dans mon coin, et réfléchis seule. Le meilleur moyen de trouver la centrale de l'École serait de suivre le chemin d'un tuyau. Or, celui qui est en train d'inonder le corridor est à moitié incrusté dans le mur et ne mène nul part. Puis je me rappelle.
À l'étage juste en-bas, j'avais constaté un tuyau au plafond qui semblait mener quelque part: sûrement à la centrale! Je me lève d'un bond et quitte les autres. Je me fais intercepter par Anna au moment où je m'apprête à emprunter le prochain couloir.
- Où vas-tu donc? me lance-t-elle.
- Je crois que j'ai trouvé une partie de la solution, réponds-je avec conviction. Je dois vraiment y aller!
Et je m'en vais. Je redescends les escaliers et retourne au couloir sombre décerné aux tests dans lequel je me trouvais juste avant. Je repère le tuyau au plafond que j'avais remarqué avant de monter en-haut et je suis la direction de laquelle il vient. Je traverse quelques couloirs, monte plusieurs escaliers, inlassablement. J'ai la très forte impression que je suis en train de résoudre une partie de ce mystère. Une fois rendue à la central, il ne restera plus qu'à trouver comment arrêter l'eau, et le tour est joué. Oh! Le Conseil ne pourra pas me faire échouer! Je vais être celle qui va avoir en grande partie résolu le problème de groupe, après tout. Je continue à suivre le tuyau pendant une bonne dizaine de minutes.
Puis vient le moment que j'espérais tant. Je suis toute énervée. Au bout de ce corridor-ci se dresse deux grandes portes métalliques, et au-dessus, il y a une plaque de métal étant gravée de l'indication suivante: "CENTRAL".
Je cours le plus vite possible pour atteindre la central. Je saisis les poignées et les tourne. Elles ne sont pas barrées, heureusement. J'ouvre les grandes portes et pénètre dans la central. C'est une grande salle, chargée de tuyaux, de fils, de machines quelconque. Par où commencer mes recherches? Je dois trouver un moyen d'arrêter la circulation de l'eau...
- Quel plaisir de te retrouver là, Jennifer!
Je sursaute et fais volte-face. C'est Daphné qui se trouve là, les poings sur les hanches, me regardant d'un air supérieur.
- Non mais, tu croyais vraiment que j'allais te laisser résoudre ce test par toi-même? râle-t-elle en s'approchant de moi avec un sourire mauvais.
- Q-qu'est-ce que tu fiches ici? bredouillé-je, déstabilisée.
- D'après toi? ricane-t-elle.
Je sais très bien ce qu'elle veut faire: elle veut se faire passer pour celle qui aura résolu ce problème, celle qui sera considérée comme la plus brillante. Je serre les poings.
- Essaie donc un peu de m'empêcher de réussir ce test, sifflé-je entre mes dents.
- Avec plaisir.
Elle se précipite sur moi à une vitesse fulgurante et tente de m'atteindre d'un uppercut. J'esquive son coup et lui assène un coup de genou dans le ventre. Elle hurle de douleur et m'envoie une gifle dans la figure. Je ne sens absolument rien, évidemment. Je saisis le poignet de la main avec laquelle elle m'a frappé et le tourne dans son dos. Elle gémit de douleur et de rage et tente désespérément de se défaire de mon emprise. Je m'empare de son deuxième poignet et le rapporte près de l'autre. Daphné tente de me déstabiliser en me donnant des coups de pieds dans les genoux, mais je ne réagis pas du tout à ses attaques. Me délectant de ce petit moment de vengeance, je lui souffle dans l'oreille:
- N'as-tu donc rien appris, au premier test?
- Lâche-moi! hurle Daphné en se débattant de toutes ses forces.
Je resserre mon emprise, ce qui la fait grogner de colère.
- À une seule condition, chuchoté-je d'une voix faussement douce.
- Je ne veux pas de tes conditions! rage-t-elle.
- Bon, très bien, dans ce cas...
Daphné s'énerve et cri, effrayée:
- D'accord, qu'est-ce tu veux de moi? C'est quoi, cette condition?
- Que tu partes, et que tu ne viennes plus m'embêter. Je ne serai pas aussi gentille avec toi, la prochaine f...
Ma phrase est coupée par une douleur vive dans ma nuque. Je vois des étoiles, puis je sens mon corps s'affaisser sur le sol. C'est le noir.
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Hééééé les macarons!! :D
Je tiens à m'excuser, ce chapitre a été très long à écrire... Trouver toutes les devinettes et tout, ç'a prit beaucoup de temps --' Et puis il y a eu Noël, disons que j'ai été plutôt occupée!
Bref, je tiens à souhaiter une joyeuse année 2015, plein de santé, de bonheur, de livres, de chocolats,... :P parce qu'on a jamais assez de chocolat. Mais malheureusement, ma résolution cette année, c'est de couper un peu sur les sucreries, car franchement c'est devenu une dépendance XD
Bonbonbon, de retour à Underground... Vous aimez l'histoire jusqu'à maintenant? N'oubliez pas de me le faire savoir en cliquant sur la petite étoile vote (elle devient jaune quand on clique dessus, et jaune c'est ma couleur préférée wooooow *-* ) Aussi, si vous avez des avis sur l'histoire, n'hésitez pas à commenter, ça me fait toujours plaisir de lire vos avis :D Et puis, si vous voulez demeurer à jour sur tous les nouveaux chapitres d'Underground, n'oubliez pas de vous abonner à moi pour devenir un petit macaron officiel!!!
En tout cas, sur ce, à très bientôt pour le prochain chapitre d'Underground!!
Lau'XX