Je lance la balle de tennis dans l'eau de l'océan et quelques secondes après, Donatello me la ramène dans sa gueule. Ce chien ne se fatigue jamais !
À chaque fois, alors que je suis sur le sable assis sur ma serviette et en tentant de lire un livre, il me demande de lui jeter la baballe. Comment s'y prend-il ? Facile ! Il s'assoit et me fixe de ses yeux tristounets pour me faire culpabiliser, puis de temps à autres, il me donne un léger coup de patte pour que je fasse attention à lui.
Lily et Ty trainent dans l'eau, c'est au moins la deuxième fois qu'ils vont nager. Moi, je me contente de rester sur la rive. Tous deux ont fait le pari de nager jusqu'à une petite île, minuscule à vrai dire, qui se trouve au large. Lily était vraiment très enthousiaste, puis elle a mis au défi Tyrone qui au début n'était pas très chaud pour l'accompagner. Ça a suffi à le titiller et à le pousser à aller avec elle.
Voilà pourquoi je me retrouve avec ce pot de colle avec moi.
J'adore les chiens, là n'est pas le problème, c'est juste que ça fait près d'une heure qu'il n'arrête pas de m'interrompre dans ma lecture et que j'ai de plus en plus de mal à me concentrer. Je le surveille de près, mais il pourrait se contenter de se coucher sur ma serviette avec moi. Au début, je pensais qu'en l'ignorant, il se fatiguerait et laisserait tomber, mais que nenni ! Cette boule de poile ne devient que plus insistante.
Après avoir terminé notre petit-déjeuner, payé la note au diner et réservé nos chambres au motel pour une nuit supplémentaire, nous nous sommes séparés. Lily, Tyrone, Donnie et moi sommes allés à la plage directement, tandis que Jack, Sarah, Rory et River sont partis pour l'aquarium, même s'il n'ouvrait pas dans l'immédiat. Lorsqu'ils sortiront, ils nous rejoindront.
Même si je m'étais retrouvé tout seul, je n'aurais pas mis un sous pour aller voir cet endroit. J'ai checké des photos sur Google et ça laisse vraiment à désirer. J'ai tout de même très envie d'entendre leur récit, je suis certain qu'ils me diront – surtout Sarah et Rory – que j'ai raté quelque chose de merveilleux, même si elles ont détesté la visite. Je les connais comme si je les avais faites ces deux-là.
Au bout d'un certain temps, Donatello se calme et se couche à mes flancs, me donnant ainsi un peu de répit et me permettant de poursuivre ma lecture. Je n'ai pas emmené de livres avec moi, mais j'ai acheté celui-ci en cours de route, peu avant de franchir la frontière de l'état de Californie. Jack a fait un arrêt dans une station de service et lorsqu'on est entrés dans le magasin afin d'acheter deux-trois trucs – surtout des gourmandises –, ce bouquin m'a fait de l'œil. Il s'agit de Six of Crows, de Leigh Bardugo. J'ai déjà reçu des reproches de la part de ma cousine, me disant que je ne peux pas passer quelques jours sans toucher un livre, et pour le coup, je dois vraiment plaider coupable.
— Tu as mis ta crème solaire, poussin ? me demande Rory.
J'ôte mes lunettes de soleil et place une main en visière au-dessus de ma tête afin d'apercevoir les quatre nouveaux arrivants. Lorsque Donnie voit Jack, il se lève, saute au-dessus de moi et va le rejoindre. On peut dire qu'il lui fait sa fête.
— Je vais t'en donner du « poussin », marmonné-je.
Mais oui, effectivement, j'en ai mis, même si je porte actuellement un t-shirt pour me protéger.
Tous retirent leurs vêtements, mettent en place leurs serviettes et se couchent dessus, tout en contemplant la mer qui se dresse devant nous. Donatello reprend sa balle et commence cette fois à embêter son maître, qui lui, n'hésite pas une seconde à se lever et à aller avec lui dans l'eau. Puis River enlève son t-shirt, dévoilant au passage son torse diablement parfait avec de légères tablettes de chocolat au niveau des abdomens et des pectoraux plus que fermes, – je dis ça, je dis rien, mais bon, j'ai des yeux – et suit son ami, avant d'entrer dans la mer en éclaboussant partout autour de lui. Il plonge finalement, disparaissant de ma vue pendant quelques instants pour réapparaître quelques mètres plus loin.
— T'avais tort, me dit Rory. L'endroit était super sympa et les guides super accueillants.
Cependant, je vois Sarah – qui se trouve derrière elle – lever les yeux au ciel. Ça a dû être barbant au possible à ce que je constate, mais si mon amie veut soutenir le contraire, ce n'est pas moi qui vais la contredire.
Je replonge dans les rues de Ketterdam et tente de me concentrer sur ma lecture, afin de pouvoir l'apprécier, car pour le moment avec tellement d'interruptions, ce n'est pas gagné.
Les filles commencent à parler, ce qui en soit, ne me dérange pas, tant qu'elles ne s'adressent pas directement à moi, sinon, je perds le fil de ma lecture.
C'est ainsi que se déroulent les trente minutes suivantes, tandis que Jack, River et Donnie font trempette et s'amusent. Ty et Lily ne semblent pas être près de rentrer, ils doivent être en train de se dorer la pilule au soleil sur les rochers. Si ça n'avait pas été à cause de Donatello, je les aurais bien accompagnés.
J'aime nager, j'adore ça à vrai dire, mais pour le moment, je n'en ai tout simplement pas envie. Je suis bien sur le sable avec mon bouquin, même si je n'arrive pas à avancer à la vitesse que j'aurais souhaité. On ne peut pas tout avoir comme on dit.
Soudain, je relève le regard et vois River sortir de l'eau. La manière dont il s'y prend me coupe le souffle bien malgré moi. J'ai l'impression que la scène se déroule au ralenti. L'eau dégouline sur son torse parfait en même temps qu'il passe ses mains dans ses cheveux pour les rabattre en arrière. Je me retrouve comme un pauvre abruti en train de le couver du regard, comme si c'était la première fois que je voyais un mec torse-nu. Ce qu'il a, je l'ai également. Pourtant, ça arrive quand même à me surprendre.
Il le fait exprès, j'en suis certain.
Bordel, il se prend pour une Bond Girl ou quoi ? ne puis-je m'empêcher de penser.
Mes yeux descendent sur son corps et je me retrouve dans de beaux draps lorsqu'il se retourne, je remarque alors que son bermuda trempé lui colle aux fesses. Je dois avouer qu'il en a une belle paire, bien ferme. C'est bien la première fois que je fais attention à ce genre de détails chez lui, mais autant de lacrosse a moulé son boule à la perfection.
Son boule ? J'ai vraiment pensé ça ? meurs-je de honte intérieurement pendant que mes joues s'empourprent de la pire des façons.
Il avance vers nous et je m'efforce de replonger dans les pages de mon livre, puis surtout, de ne plus le regarder. Je serais capable de compter chaque gouttelette qui coure sur son torse.
Franchement, je me foutrais des baffes simplement pour avoir pensé une chose pareille.
Il attrape sa serviette et la place à côté de la mienne, puis vient s'y asseoir, m'éclaboussant légèrement. L'eau perle sur ses cheveux et je serre les dents en m'efforçant de ne surtout pas le fixer. Je ne suis pas du genre voyeur, je sais me contrôler lorsqu'un mec se trouve torse nu à côté de moi. La preuve, Jack ou Ty ne m'ont fait ni chaud ni froid, mais contrairement à River, ils n'ont pas fait une sortie de l'eau digne d'un film James Bond. Puis surtout, ils ne se sont pas pavanés devant moi. Quoi que... même s'ils l'avaient fait, je n'aurais sans doute rien remarqué. Avec River, c'est différent, j'observe ses moindres faits et gestes sans même en être conscient, sans aucun doute à cause de Rory. Je ne veux pas qu'il lui fasse une nouvelle fois du mal.
Certes, mon amie est grande pour prendre soin d'elle, mais cela ne veut pas dire pour autant que je vais la laisser se débrouiller toute seule. Non, même si elle m'agace, je reste à ses côtés en toute circonstance. Après tout, c'est à ça que servent les amis, non ?
— Tu as toujours le nez plongé dans un livre, remarque-t-il en m'interrompant dans cette lecture que je ne suis pas près de reprendre tant qu'il sera à mes côtés.
Je vais l'admettre : sa présence aussi proche me met mal à l'aise.
Je tourne mon regard vers lui et constate qu'il est couché sur un flanc, faisant ressortir la musculature de ses pectoraux et ses biceps tandis qu'il m'observe d'un air curieux. Une lueur étrange traverse ses iris brun-miel et un léger sourire esquisse le coin de ses stupides lèvres si bien dessinées. La nature a gâté River Park, cela ne fait aucun doute, il arrive à être agaçant et fascinant à la fois.
— Tu devrais tenter, lui réponds-je finalement.
J'ai envie de lui dire qu'il ferait mieux de plonger le sien là plutôt qu'entre les cuisses des filles, mais je garde cette provocation pour moi. Ce qu'il fait de sa sexualité ne regarde que lui, même si je n'approuve en rien son comportement de Don Juan.
Puis d'ailleurs, en y repensant de plus près, c'est la première fois que j'attrape un bouquin depuis que le voyage a débuté. Pourquoi dit-il ça ?
Voyant mon air perdu, il esquisse à nouveau ce sale petit sourire qui me met tellement les nerfs à fleur de peau. Franchement, ce genre de geste venant de sa part devrait être interdit. Je comprends parfaitement pourquoi toutes les filles sont raides dingues de lui, ce sourire damnerait même un saint.
— Je t'ai vu à plusieurs reprises dans la bibliothèque du campus. Tu t'assois toujours à l'écart des autres, près des fenêtres.
Je fronce les sourcils. Comment est-ce qu'il peut savoir ce genre de choses ? Jamais je n'aurais imaginé qu'il mettrait les pieds dans un endroit pareil.
— Oui, c'est à ça que sert une bibliothèque principalement, à lire, ironisé-je pour cacher ma surprise. Culbuter des filles entre les rayons est une activité secondaire réservée à ces lieux.
Au lieu de prendre ma remarque comme une baffe en pleine face, il opte pour écarquiller les yeux et finalement, éclater de rire. Ce son est cristallin, sincère et quelque chose se retord à l'intérieur de moi, me prenant au ventre et me nouant la gorge.
C'est ainsi que je me retrouve à l'observer droit dans les yeux et il ne déjoue à un aucun moment le regard, me défiant de le faire en premier.
— Ça vous dit de jouer un peu au beach volley ? propose Sarah en mettant fin à ce moment étrange entre River et moi.
Ce dernier se lève et part les rejoindre pendant que ma cousine sort un ballon de son sac.
— Je suis pour, accepte le coréano-américain.
Bien évidemment, la suivante à accepter, c'est bel et bien Rory. Elle s'est levée de sa serviette comme si elle avait un ressort sous les fesses.
— On continue par couples ? Toi et moi contre Jack et Sarah ?
C'est sympa, elle ne compte même pas sur moi, pensé-je, un peu énervé.
Je ne suis pas du genre jaloux, mais je dois avouer que son comportement depuis que River s'est incrusté parmi nous m'agace pas mal. J'ai l'impression d'être devenu invisible à ses yeux, à croire qu'il n'y en a que pour lui. Elle le suit partout comme un petit chienchien à sa mémère et c'est vraiment pathétique. J'ignore si elle sait à quel point se comporter de cette manière est bas.
Cependant, le dragueur invétéré ne fait pas attention à elle lorsqu'elle dévoile sa proposition et il se tourne vers moi.
— Et toi, Theodore, tu veux jouer ?
— Continue à m'appeler comme ça et je te fais mordre la poussière, dis-je entre mes dents en même temps que je tourne une page de mon livre.
Je ne sais vraiment pas ce qu'il a avec mon prénom. Pourquoi ne peut-il donc pas m'appeler « Theo » comme tout le monde ? À moins qu'il le fasse parce qu'il sait pertinemment que je n'aime pas, il a déjà dû le sentir, il n'est pas aveugle.
— Theo ? Jouer au volley ? se moque Rory. Autant attendre que les poules aient des dents.
Je ferme mon bouquin et lui lance un regard noir. Je ne sais pas ce qu'elle prétend, mais c'est loin de me plaire, surtout, parce qu'elle sait parfaitement que je suis très doué en sport. Je ne suis pas doté de deux pieds gauches contrairement à elle. Une fois, elle a tenté de shooter dans un ballon et elle s'est ramassée par terre. Et ce dernier était statique, elle devait simplement le lancer dans la cage de but.
— Il peut toujours faire l'arbitre, continue Sarah, un peu perplexe par le comportement de notre amie.
Elle sait tout autant que moi que je ne suis pas un rat de bibliothèque conventionnel. J'aime les livres, tout comme les activités sportives, une chose n'annule pas l'autre. D'ailleurs, penser le croire est d'un cliché sans nom.
— Non, interviens-je en me relevant.
J'enlève mon t-shirt et le jette sur ma serviette, en ayant marre de ses remarques. Je vais lui faire ravaler sa joie, elle a besoin d'une belle leçon pour redescendre sur terre.
— On va faire un match garçons contre filles et tu vas te prendre la branlée de ta vie, Santos.
Ceci n'est pas une promesse, mais un fait. Je vais l'éclater.
Je ne suis pas un gringalet, je suis un type élancé, assez musclé. Après tout, je n'ai pas fait de l'athlétisme pendant toute mon adolescence pour rien. Je suis sportif et je suis doué dans un peu-près tous les sports auxquels j'ai eu l'occasion de jouer. Lorsque je fais quelque chose, je le fais à fond. Comme là, elle va regretter ses petites remarques. À croire qu'elle se sent obligée de me rabaisser dans le but de se mettre en valeur. J'adore mon amie, mais là, j'ai juste envie de lui mettre des baffes.
— Ça te va ? demandé-je à River sans même le regarder.
Sa réponse se fait attendre, c'est alors que je remarque qu'il me fixe, d'un air surpris. Il a quoi maintenant ? C'est quoi son problème exactement ? Ma question n'était-elle donc pas claire ?
Bien entendu, il existe la possibilité qu'il ne veuille pas de peur d'avoir un certain contact physique avec moi. Oui, selon certains, les gays n'ont pas le droit de jouer à des sports de contact, car nous serions incapables de garder nos mains dans nos poches. Ridicule !
— Je veux jouer dans l'équipe de River, insiste Rory tandis que ce dernier ne réagit toujours pas.
Cependant, en entendant sa voix, il semble se reprendre et lance le ballon dans ma direction puis finit par hocher la tête. Bien, nous sommes dans la même équipe et il n'est pas homophobe, c'est déjà ça de pris.
— Faut croire que ce sera pour une autre fois, nargué-je mon amie. Tu vas en morfler, ma cocotte.
Après avoir tracé une ligne au niveau du sable pour limiter nos parties du terrain, nous nous mettons en place et River me laisse commencer le jeu, sans doute pour voir comment je compte me débrouiller, mais il n'a pas à s'en faire, je suis très doué.
C'est ainsi que je lance le ballon dans les airs et le frappe ensuite de toutes mes forces avec ma main droite pour l'envoyer directement sur la partie du terrain adverse.
🏳🌈🏳🌈🏳🌈🏳🌈🏳🌈🏳🌈🏳🌈🏳🌈🏳🌈🏳🌈🏳🌈
Hey ! Ce chapitre n'a donc que deux parties, j'espère qu'elles vous ont plues et que vous avez hâte de connaître la suite !
N'hésitez pas à vous manifester et à me dire ce que vous pensez de l'histoire jusqu'à maintenant, comme vous le savez c'est toujours très encourageant pour un auteur de savoir ce que le lecteur pense, surtout s'il publie sur wattpad, c'est le but premier de cette plateforme après tout !
On se retrouve la semaine prochaine pour la suite qui comportera elle aussi deux parties !
Bonne semaine !