Until I Found You T2 [Sous Co...

By WildOsmosis

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Bientôt édité - RDV le 17 JUIN 2022 ! Instagram : WildOsmosis / Emmy Wild 22/07/2020 - 1k - reads 27/08/2020... More

Avenir sur Wattpad et dégout, ce titre n'est pas rose (mais long).
✔2... Bouleversées.
✔3. Détresse.
✔4. Rancœur.

✔1.Les habitudes...

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By WildOsmosis

Je l'aime.

Tout ce que j'avais toujours voulu : une vie rangée, des études terminées, mes amis, ma famille, un quotidien normal pour une vie normale... Voilà ce que j'avais réussi à trouver, et rien ne pourrait me rendre plus heureuse. Enfin, c'est ce dont on essaie tous de se convaincre, pour continuer d'exister comme s'il ne s'était jamais rien passé, et pourtant...

L'été s'achève bientôt, pensai-je en terminant de ranger la pile de livres que le vieux Jean Duriez m'avait demandé de trier avant de quitter la boutique. Sa santé ne lui permettant plus de rester jusqu'au bout de la journée pour fermer les portes de sa petite librairie, La Page Colorée, je conservais précieusement le double des clés, chargée de lever et d'abaisser les stores tagués matin et soir. Heureusement, la grasse matinée m'attendait dès demain, dernier dimanche du mois d'aout.

Seule dans les rayons, tenant en équilibre sur un tabouret pour ranger un livre arborant une couverture rouge et à la typographie dorée, le tintement de la clochette à l'entrée m'extirpa de mes songes. Me hissant un peu plus haut pour jeter un œil au-dessus des étagères, j'aperçus une jeune femme à l'accueil. Immédiatement, je sautai de mon perchoir pour me précipiter derrière le comptoir en la saluant. Une grande blonde, vêtue d'une robe verte légère avec un ruban de la même couleur dans les cheveux, m'adressait un large sourire. Son visage m'était familier.

— Bonjour, je viens rapporter un livre.

Elle déposa l'ouvrage sur la bordure de bois vernie. Intriguée, j'en inspectai le titre : L'Homme qui rit, de Victor Hugo. Un classique. Je souris en sortant le cahier des emprunts.

— Qu'en avez-vous pensé ?

— Une lecture assez difficile au début, mais finalement excellente, à couper le souffle. J'adore le sarcasme permanent de Hugo.

— Complètement d'accord. Vous devriez peut-être essayer Notre-Dame de Paris dans ce cas, ça devrait vous plaire.

Elle sortit un petit carnet pour prendre note de mon conseil. Puis, en relevant son regard brun vers moi, la blonde se figea, comme si elle avait remarqué un détail troublant sur mon visage. Mais son sourire réapparut bien rapidement.

— J'y songerai.

Et, quelques minutes plus tard, j'étais de nouveau seule. Je ne cessais de me remémorer son air peiné. Étrangement, cela ne me dérangeait plus, même lorsque j'entendais des mères gronder leurs enfants dans les rues pour m'avoir dévisagée. Pourquoi me braquer ? Alors que, cachée, j'évitais les œillades de curiosité malsaine. Machinalement, je dénouai mon chignon pour mieux rabattre mes cheveux sur le côté droit ; je limiterais ainsi les mines choquées et embarrassantes pour aujourd'hui.

J'avais bien conscience que cette marque de quelques centimètres, scarifiant ma joue, était indélébile, m'obligeant à me souvenir chaque jour de ce qui appartenait désormais au passé, mais qui hantait toujours mon présent.

Les souvenirs sont plus importants que tout. Qu'ils soient bons ou mauvais, ils forment ce que nous sommes aujourd'hui, ils nous rappellent ce que nous étions hier et ils forgeront nos lendemains. Pour ma part, mes souvenirs ne me quittaient pas : je les revivais constamment en fermant les yeux, les meilleurs comme les pires.

Ce n'était pas plus mal. Nombreux étaient ceux qui proclamaient qu'il fallait oublier pour avancer, mais je ne me voilais pas derrière cette opinion car, en fin de compte, c'est en vivant avec ses souvenirs que l'on apprend à ne pas faire les mêmes choix, à ne pas reproduire les mêmes erreurs. Cependant, je demeurais d'accord sur le fait qu'il ne fallait pas rester bloqué dans le passé, et explorer ce que tous les recoins de ce monde pouvaient offrir, pour finalement mieux savourer chaque instant et renouveler sans cesse son stock de souvenirs.

Soulagée, je scrutai ma montre. Le soleil commençait à décliner, l'heure de fermer était arrivée. J'abaissai les stores, rangeai les derniers livres, puis je verrouillai la porte en bois dont la peinture verte s'écaillait. J'aimais tellement cet endroit. En quatre ans, je n'avais jamais pu me résoudre à dire au revoir ni à M. Duriez, ni à cette ambiance chaleureuse, ces vieux livres, cette douce odeur, ces bons souvenirs...

Dos à la boutique, je faisais face à la place Bellecour, au bout de la rue, toujours aussi animée. D'un côté, de la musique près de la statue de Louis XIV sur son cheval. De l'autre, des femmes promenant leurs chiens, ou encore des enfants s'amusant sur l'aire de jeux.

Souvent, à ma sortie du boulot, j'apercevais ce gamin, la vingtaine tout au plus, qui me scrutait – enfin, je ne sais pas si c'était La Page Colorée ou bien moi qu'il lorgnait. Ce métis semblait cacher quelque chose d'intrigant. Son regard noisette était parfois insistant, pour autant, il n'approchait jamais. Et, dès que nos yeux se croisaient, il se détournait immédiatement. Peut-être qu'il hésitait à entrer dans la librairie ? Peut-être que ma face le terrifiait ? Quoi qu'il en fût, je commençais à m'habituer à cette présence timide depuis déjà quelques semaines, souvent à l'heure de la sortie des écoles. Ses motivations à rester sur cette place pendant des heures à contempler notre petite boutique demeuraient inconnues.

Mes talons claquaient contre le trottoir, tandis que je regagnais mon appartement, situé à cinq minutes de là. Une grande partie de ma vie se déroulait dans le 2e arrondissement, même si ma famille résidait encore à Paris. Nous nous voyions beaucoup plus régulièrement, depuis ces deux dernières années : pas seulement pendant les fêtes ou lors des anniversaires, mais aussi pour d'autres occasions. J'avais notamment passé deux semaines à la montagne avec eux, au début de l'été. Et mes parents ayant décidé de s'offrir une seconde lune de miel en accomplissant le tour de la France, il ne serait pas étonnant de les voir débarquer chez moi d'ici peu.

J'avançai jusqu'à la rue Émile Zola, passai par la grande porte en bois, puis je traversai un couloir étroit pour enfin arriver au pied des escaliers. Au cours de mon ascension vers le cinquième étage, je croisai Mme Martin, une vieille femme que l'âge ne semblait pas atteindre tant elle débordait d'énergie.

Enfin, je poussai la porte de mon petit appartement, accueillie, comme d'habitude par mes deux chats, Osiris et Anubis. Mais à peine eus-je le temps de fermer derrière moi que mon téléphone se mit à sonner. C'était Justine :

— Madi, Madi, Madi ! Samedi soir, tu sais avec quoi ça rime ? 

— Surement avec soirée, non ?

— Exactement ! Tiens-toi prête, je passe te chercher dans moins d'une heure !

Elle ne me laissa pas placer un mot de plus et raccrocha. Depuis un certain temps, nous avions pour habitude de sortir les week-ends, soit en boite soit sur les quais. Généralement, on se rejoignait sur la place Carnot entre amis, chaque samedi représentant une nouvelle occasion de se retrouver, de se raconter notre semaine, de rigoler, et de se mettre d'accord quant à notre destination pour la nuit.

Avec le temps, j'aurais dû nourrir une certaine crainte à l'idée de sortir en soirée, les images de cette nuit à Winnipeg me revenant fréquemment en mémoire, mais je les oubliais vite. Ce genre d'évènement ne risquait pas de se reproduire, surtout à Lyon : cette ville étant mon terrain de jeu. Et puis, beaucoup de choses avaient changé en deux ans...

Mes petits talons délaissés à l'entrée, je troquai mon short contre un jean ainsi qu'une veste plus chaude, les nuits commençant de nouveau à se rafraichir. Dans la salle de bain, ma boule de poils noire se tortillait entre mes jambes, alors que je repassais un léger trait d'eye-liner au ras de mes cils. En farfouillant dans ma trousse, à la recherche de mon collier favori, je retombai sur cette chevalière dorée et noire qui prenait la poussière. Je ne trouvais pas un doigt à sa taille.

« Qui sait, vous y trouverez peut-être une utilité un jour. »

Les paroles de Bran me revenaient encore très clairement à l'esprit mais, visiblement, ce jour n'était pas près d'arriver. Plus de nouvelles, rien. Pas un signe... depuis deux ans. En même temps, à quoi m'attendais-je ? Je les avais cherchés pourtant, que ce soit Evy, Steven, même Friedrich, et lui... Mais en vain. Cette promesse qui m'avait longtemps animée, celle de nous retrouver, n'était plus d'actualité. Je l'avais attendu pendant presque un an. Il hantait mes pensées, le jour comme la nuit. Je l'avais détesté, aimé, et aujourd'hui, je l'avais simplement oublié.

Je chassai donc le passé en rangeant la bague à sa place habituelle, c'est-à-dire dans les limbes de ma trousse bleue. J'ajustai mes longues ondulations, rabattues avec insistance pour camoufler cette cicatrice, une bonne dose de maquillage ne suffisant pas à couvrir une telle laideur. Enfin, je regardai rapidement mon téléphone avant de m'écrouler sur mon canapé. Comme d'habitude, Justine risquait d'arriver en retard, probablement toujours occupée à se pomponner. Lasse, j'allumai la télévision. Rien de bien varié, malheureusement : de vieilles séries interminables et le journal de vingt heures. Surement le seul programme intéressant à cette heure-ci.

« ... Rappelons que les manifestations pour la marche contre le climat ont rassemblé beaucoup de militants, principalement dans la capitale et dans d'autres grandes villes telles que Lyon, Toulouse ou encore Bordeaux... »

Rien d'étonnant : déjà des années que cette marche existait. Pourtant, il avait fallu attendre le dernier moment pour que le monde ouvre enfin les yeux.

« ... De nouveaux détails ont été fournis au sujet de la fusillade qui a éclaté la nuit dernière dans le 8e arrondissement. L'altercation a eu lieu entre trois individus, l'un se trouve actuellement en soins intensifs, les deux autres... »

Pourquoi, de nos jours, plus rien ne me consternait ? Nombreux étaient ceux qui craignaient d'entendre ce genre d'information, ne se sentant plus en sécurité. Ils n'avaient pas conscience que ce genre d'évènements se produisait tous les jours dans le monde. En vérité, nous étions tous ignorants de la terrible réalité.

Trois coups hâtifs contre ma porte me poussèrent à éteindre le téléviseur et à bondir jusqu'à l'entrée pour retrouver Justine qui, comme à son habitude, me sauta dessus. Elle portait un débardeur accompagné d'une jupe, sans oublier ses fidèles Dr. Martens. Depuis des années maintenant, ce style grunge lui seyait à merveille.

— Alors, comment va ma petite Mad ?

— Ça va et toi ? demandai-je en me détachant d'elle.

— Moi, on s'en fout., Yolanda et Roxi nous attendent déjà, elles ont acheté de quoi commencer la soirée. Antony et Stéphane sont en route.

J'enfilai un manteau, attrapai mon sac à dos ainsi que quelques affaires utiles, telles que mon carnet de notes, une veste de secours, une bouteille d'eau, mon chargeur de téléphone, mon portefeuille...

— T'en as pas marre de te charger pour rien ?

— Ça peut toujours servir, me défendis-je en fermant la porte à clé.

Nous marchions, paisibles, sous le ciel virant au rose et à l'orange, dégagé de tout nuage. Ce soir, je voulais avant tout m'amuser, profiter des dernières grosses soirées qui se déroulaient en ville car, passé l'été, tout se calmerait bien vite, mes amis retourneraient au travail et je ne les reverrais pas de sitôt.

— J'ai découvert un bar génialissime près de Perrache, m'apprit Justine. En plus, un des serveurs est carrément canon, je suis sure qu'il te plaira.

— Non merci, répondis-je, embarrassée. Ça ne m'intéresse pas pour le moment...

— Tu penses encore à Nathan ?

— Oui...

Quel gros mensonge qui trompait tout mon entourage : Nathan ne constituait plus qu'un lointain et exécrable souvenir. Je ne pensais plus à personne, aujourd'hui. Je m'épanouissais seule, même si parfois, un peu de compagnie autre que celle de mes matous n'était pas de refus.

— Et ce Yoan ? reprit-elle non sans un petit sourire bourré de sous-entendus.

— Il n'y a rien, c'était juste un baiser, mais monsieur s'imagine déjà que je suis son grand amour. Non, mais sérieux, il a même glissé une lettre sous ma porte avec des cookies sur mon paillasson, le week-end dernier. Je préfère l'ignorer, désormais.

Malgré la nuit tombée, les rues restaient animées. La délicieuse odeur émanant des restaurants me donnait envie de m'y arrêter pour grignoter un bout, mais ils n'égalaient certainement pas les restaurants du Vieux Lyon, entre la gare Saint-Paul et la cathédrale Saint-Jean. Les ruelles de la tentation, voilà comment je les nommais, là où régnait constamment une odeur de confiserie et de la meilleure gastronomie du pays. Et, bien que ce quartier soit un énorme attrape-touristes, il n'en demeurait pas moins merveilleux.

Je reportai mon regard sur Justine, qui gardait les yeux rivés sur son téléphone ; son sourire niais ne m'échappa pas.

— À qui tu parles ?

— Tu sais, la fille que j'ai rencontrée la semaine dernière ? Il se trouve qu'on a plus de points communs que je ne le pensais. On va surement se revoir.

— C'est une bonne nouvelle. Tu me la présenteras ?

— Du calme, rien de concret pour l'instant, gloussa-t-elle en rangeant son téléphone.

Nous arrivâmes rapidement à la place Carnot, bien moins peuplée que Bellecour. Sur notre banc habituel se trouvait une partie de nos amis. Yolanda ne tarda pas à me sauter dessus, tout comme Roxane. Prenant place sur le banc, j'attrapai une bière dans la boite en carton. Sur ma droite se trouvait Stéphane, un grand brun, un poil plus vieux que moi que j'avais rencontré à la fac, un peu comme tous les autres, finalement... À l'exception de Justine.

J'avalai une gorgée d'alcool, tout en écoutant mes proches débattre du programme de la soirée.

— Il y a un truc pas mal ce soir à l'Usine.

— Oui, mais c'est trop loin, et il va encore falloir attendre l'ouverture du métro à quatre heures du matin.

— Le Razzerz reste un bon compromis, et l'entrée est gratuite avant minuit.

— Ça me va le Razzerz, intervint Elina qui venait d'arrive.

C'était petite blonde aux allures de garçon manqué avec ses pulls trois fois trop larges.

La majorité du groupe décidée, je m'abstins de donner mon avis. De toute façon, où qu'ils choisissent d'aller, je les suivrais.

— Alors, c'est parti ? 

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