Elementum {Tome 5}

By Alice_univers

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Quand le Tournoi des Trois Sorciers sonne la mort de Cedric Diggory, c'est tout l'univers de Mélody qui se bo... More

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XV
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XXX
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XXXII
XXXIV
Annonce et remerciements

XXXIII

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By Alice_univers

- C'est vraiment bizarre ! dit Ron.

- De quoi ? demandai-je, les mains dans les poches, en volant sur le dos à côté de son Sombral. De ne pas voir ce qui t'aide à atteindre un Ministère de la Magie corrompu ou de me voir voltiger comme un rossignol ?

  Le deuxième point est réaliste : contrairement aux autres qui eux ont besoin de Sombrals, moi j'ai un don qui me permet de voler librement sans ressentir énormément de fatigue. Je n'ai qu'à laisser le vent me porter, vu qu'en utilisant mon pouvoir de l'air je suis aussi légère qu'une plume. Un peu comme Peter Pan, maintenant que j'y pense.

- Les deux, répond Ron en se cramponnant davantage à la crinière du Sombral.

  Je pouffe de rire en passant au-dessus de lui pour lui ébouriffer les cheveux et vole jusqu'à Harry qui se trouve en première ligne, à guider les autres.

- Ça va, mon Vieux ? lui lançai-je.

  Harry fronce les sourcils en me dévisageant.

- Tu comptes voler comme ça jusqu'au ministère ? Tu ne risques pas de te fatiguer ?

- Pas tant que je ne me sers pas de mon don, dis-je en lui adressant un clin d'œil.

- Que tu ne te sers pas de ton don !? répète Hermione, abasourdie (elle non plus n'a pas l'air de se sentir bien, ainsi installée sur le dos du Sombral). Comment tu tiens dans les airs, alors ?

  Je me penche légèrement à droite pour me diriger vers elle et arrivée à son niveau, je lui fais un grand sourire.

- Mon esprit et le vent.

- La lévitation, tu veux dire ?

- En quelque sorte. Je me sers du Tout et du Rien en général. Ou sinon, lorsque ça ne demande que quelques minutes de voltige, là, j'utilise mes pouvoirs. Sinon... Ce n'est que par mon esprit. En fait, vous pourriez le faire, toi et les autres. Seulement, pour ça, il faudrait arrêter de penser par le mental ego.

  Je finis par la laisser pour me propulser avec des rafales de vent afin d'aller plus vite, émettant un cri de joie. J'adore cette sensation ! Cette sensation de liberté, de légèreté... qui me fait un peu oublier ce pourquoi je suis en train de voler, à me faire emmêler les cheveux par le vent.
  Sublimix passe soudain devant moi en volant majestueusement, accompagné de Selìni alors métamorphosée en aigle. Je ne m'étonne même pas de ne pas le voir en loup, je sais que c'est un Métamorphe Spirituel pouvant vivre dans différentes Dimensions et Espace-Temps, capable de faire toutes sortes de choses étonnantes grâce à ses douze brins d'ADN parfaitement alignés et activés. C'est assez impressionnant quand on y pense, et j'avoue que ça me plairait bien de pouvoir me métamorphoser ainsi, sans besoin d'être un Animagus.

  — La bataille approche, Emma. Sois prête, me dit-il par télépathie.

  — Je le sais, je suis prête, répondis-je.

  L'aigle vole à ma hauteur. Je sens son regard perdurer sur moi avant qu'il ne s'envole plus loin. Au même moment qu'il me dépasse, et avant qu'il disparaisse, je l'entends me dire :

  — Qui te dis que c'est réellement de celle-ci que je te parle ?

  Je fronce mes sourcils et réfléchie un instant.
  De quelle autre bataille peut-il bien pouvoir parler ? À part si, comme il le dit, il y en a une autre que celle qui va avoir lieu et qu'il la visualise dans le continuum Espace-Temps, mais dans bien plus loin qu'aujourd'hui ? J'ignore, mais je ne peux pas continuer à lui parler par télépathie. Je dois me concentrer sur la trajectoire pour arriver droit sur le ministère de la Magie et sauver Sirius !
  Le soleil disparait : le ciel est d'un violet sombre, parsemé de minuscules étoiles d'argent, et bientôt, seules les lumières des villes Moldues nous donnent une idée de notre altitude ou de notre vitesse. Grâce à ma vision de nyctalope et mon contact avec les animaux, j'encourage les Sombrals à aller encore plus vite. Je me demande combien de temps il s'est passé depuis le moment où Harry a vu Sirius étendu sur le sol, dans l'immense salle de Département des mystères... Combien de temps va-t-il encore résister à Voldemort ? Tout ce dont je suis sûre, c'est que mon grand-cousin ne s'est pas soumis à la volonté de son bourreau et qu'il est toujours vivant. Je le sens, je le sais. Sans savoir comment. Peut-être l'instinct qui m'est offert par mon empathie...
  On continue à voler ainsi dans l'obscurité qui s'épaissie. J'avoue commencer à fatiguer, ou plutôt mon mental commence à vouloir se relâcher à cause du froid qui engourdi chacun de mes muscles, chacun de mes os... L'air qui siffle à mes oreilles me rend sourde, ma bouche est sèche, glacée par le vent nocturne. Je ne sais depuis combien de temps je guide les Sombrals, j'ai perdu un peu le sens de la distance mais les autres comptent sur moi.
  Et si on arrivait trop tard ?
  Et si Voldemort se rend compte que Sirius ne cédera jamais ?
  Mes pensées s'arrêtent quand je me sens commencée à tomber de fatigue. Je secoue ma tête pour rester éveillée et me rends compte que Londres est juste sous nous. Je laisse alors mon esprit arrêter de fonctionner, mon corps se met à piquer du nez, comme lorsque les Détraqueurs ont tenté d'aspirer mon Âme en troisième année. J'ai l'impression que mon cœur vient de se soulever et mon laissé-allé incite les Sombrals à descendre à ma suite. J'entends un cri aigu derrière moi, je ne me doute pas que tous les autres ont subi le choc du changement de direction.
  À présent, des lumières orangées grandissent de toutes parts, rondes et brillantes. On distingue les sommets des immeubles, les traînées des phares, semblables à des insectes lumineux, et les lueurs jaune pâle qui filtrent à travers les fenêtres. Je fonce droit vers le trottoir et ralentie ma descente en projetant à cinq mètres des volutes de fumée blanches sous moi, me posant avec la douceur d'une ombre. Particulièrement essoufflée, je m'appuie contre un mur à ma droite pour reprendre de l'air dans mes poumons, une main sur mes genoux, l'autre recoiffant la broussaille qui me sert actuellement de cheveux.
  Les autres ne tardent pas à atterrir et Ron tombe à la renverse sur le trottoir.

- Plus jamais, dit-il en se relevant à grand-peine.

  Il espère s'éloigner du Sombral mais, incapable de le voir, il heurte sa croupe de plein fouet et faillit tomber à nouveau.

- Plus jamais, jamais... Pire que tout...

  Les Sombrals d'Hermione et de Ginny se posent à ses côtés. Toutes trois en descendent avec un peu plus de grâce que Ron mais ont la même expression de soulagement. Neville saute de sa monture en tremblant de tout son corps et Luna et Amy mettent pied à terre avec douceur.

- Est-ce que ça va ? me demande Harry.

- À par que je me sens brusquement lessivée par cette atmosphère de gens ordinaires, ça va, dis-je avec sarcasme.

  Il me présente sa main avec laquelle il me redresse aussi facilement que si j'étais une plume - d'ailleurs, il en semble stupéfait - et rétorque :

- Non, je parlais plutôt du fait que tu viens de faire Poudlard-Londres juste avec ton don.

- Oui, bon, d'accord, ce n'était peut-être pas ma meilleure des idées mais au moins, je sais ce qu'il en advient si je dois passer de l'Angleterre à la Roumanie à la seule force de mon esprit.

- Pourquoi aurais-tu besoin d'aller en Roumanie ? me questionne Amy, perplexe.

- J'en sais rien, j'ai toujours rêvé d'y aller.

- Je ne voudrais pas tout gâcher mais maintenant, où va-t-on ? nous demande Luna d'une voix polie et intéressée, comme s'il s'agit d'une agréable excursion.

- Là-bas, répond Harry alors que je câline les Sombrals et leur fais apparaitre à chacun un seau rempli d'eau pour qu'ils se désaltèrent.

  Je suis ensuite Harry jusqu'à la cabine téléphonique aux vitres cassées qui sert d'entrée aux visiteurs.

- Venez, entrez ici ! Vite ! dit-il d'un ton pressant en nous voyant hésiter.

  Ron et Ginny s'avancent docilement à l'intérieur de la cabine. Hermione, Neville, Amy et Luna se tassent derrière eux. J'ai alors un soudain pressentiment. Un mauvais, pas un bon qui pourrait me rassurer. Le souvenir du ministère reste ouvert dans ma mémoire, à un tel point où mes mains se mettent d'elles-mêmes à trembler à l'idée de me retrouver encore sous terre. « Vous ne sortirez jamais d'ici », c'est ce que m'a dit Ombrage une semaine après qu'ils m'aient enfermé. Et aujourd'hui, me voilà prête à m'introduire au Département des Mystères pour y sauver Sirius. Quoi de plus ironique ?

- Mélo, t'es sûre que ça va ? s'inquiète Harry.

  Je cligne des yeux et souffle d'un air maussade :

- Oui, ça va. Allons-y et grouillons-nous de sauver le cul de Sirius, j'ai déjà hâte de rentrer à Poudlard, ajoutai-je froidement.

  J'entre à sa suite dans la cabine téléphonique. Étant plus petite que tous les autres, ça ne m'est pas utile de me serrer contre eux.

- Celui ou celle qui est le plus près du téléphone compose six, deux, quatre, quatre, deux, dit Harry.

  Je tente par tous les moyens de calmer mon rythme cardiaque, me sentant déjà sur le point de faire une crise d'angoisse par ma claustrophobie.
  Ron, le bras bizarrement tordu, appuie sur les numéros. Lorsque le cadran circulaire se remet en place, je me mets à sursauter à cause de cette voix féminine froide et distante qui résonne dans l'appareil :

- Bienvenue au ministère de la Magie. Veuillez indiquer votre nom et l'objet de votre visite. 

- Skye, Gally, Barry, Don, Herlonne, Ginevra, Naveen et Léna, répondis-je nonchalamment sans laisser le temps à Harry de le faire. Nous sommes venus déposer une plainte contre le purgatoire qui enferme des innocents !

  Tout le monde me regarde avec des yeux ronds. Je leur fais un clin d'œil.

- Quoi ? Vous ne vous attendiez sûrement pas à ce que j'utilise les prénoms de nos personnes juridiques ? leur lançai-je par télépathie.

  À part Amy, ils grimacent tous en se massant les tempes.

- Merci, dit la voix féminine. Les visiteurs sont priés de prendre les badges et de les attacher bien en vue sur leurs robes.

  Une demi-douzaine de badges glissent dans le réceptacle habituellement destiné aux pièces inutilisées. Hermione les ramasse et me les donne sans un mot par-dessus la tête de Ginny. Je jette un coup d'œil au premier de la pile : « Skye, dépôt de plainte ».

- Les visiteurs sont priés de se soumettre à une fouille et de présenter leurs baguettes magiques pour enregistrement au comptoir de la sécurité situé au fond de l'atrium.

- On sait, on connait, répliquai-je sèchement. 

  Le plancher de la cabine téléphonique se met alors à vibrer et le trottoir s'élève devant les fenêtres. Les Sombrals, en train de boire, disparaissent de notre champ de vision, l'obscurité se referme sur nous et, avec un grondement sourd, on s'enfonce dans les profondeurs du lieu où j'avais pourtant juré de ne plus retourner.

- T'es vraiment infréquentable, pouffe Ginny.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'on m'accuse d'avoir fait ce que j'ai pas fait ?

- Tu plaisantes ? dit Hermione. Ils vont nous reconnaître, et avoir menti sur son identité est passable d'un tour en prison.

- Non, c'est ta personne juridique qui y est envoyé, pas ton Être à proprement parlé. Je n'ai utilisé que des noms fictifs.

- C'est du pareil au même, Mélody.

- Non, cela fait justement toute la différence ; une personne, ce n'est qu'un nom sur un papier, ce n'est qu'une marchandise pour qu'ils s'accolent tous les droits sur toi. À partir du moment où tu ne reconnais pas le nom de famille qu'ils t'ont apposé, tu es libre. Hum... en quelque sorte, achevai-je.

  J'entends Ron murmurer à Hermione :

- Elle en connait quand même un bout grâce à sa tante.

- Pas qu'un bout, Ron, je connais les textes de lois et tous ces trucs à la noix, répondis-je en m'humectant la lèvre. Le Ministère de la Magie, comme les Gouvernements Moldus, ont adhéré à une charte de droits civiques. Le seul problème est que généralement, dans la plupart des cas comme ça l'est en France, ils misent tout sur ta personne juridique qui est en fait l'acte de naissance. L'acte de naissance appartenant au Vatican dès sa mise en circulation, ils en concluent que tu leur appartiens. Or, comme je l'ai dit, si tu ne reconnais pas ce morceau de papier... (J'ai une exclamation de dédain.) ils ne peuvent rien contre toi. C'est pourquoi j'ai préféré mentir sur nos identités ! Comme ça, s'ils veulent nous jeter en prison pour intrusion - je pense que ce sera le cas - on n'aura rien à se reprocher...

  Je finis sur un sourire malicieux et les regarde par-dessus mon épaule. Ils sont tous autant stupéfaits les uns que les autres et me dévisagent comme si j'étais la septième merveille du monde.

- T'es incroyable, souffle Neville en rougissant, impressionné.

- Non, plutôt impressionnante, rétorque Amy.

- Je dirais plutôt flippante, commente Ron avec sarcasme.

- Merci mais, honnêtement, tout le monde est capable de faire ça.

- Il suffit d'avoir assez de culot et le tour est joué ! rigole Ginny.

  Je ricane.
  Un rai de lumière dorée tombe sur nos pieds et s'élargit jusqu'à éclairer nos corps tout entiers. Je laisse glisser la poignée d'une de mes dagues dans ma paume en la serrant délicatement, prête à intervenir s'il le faut. À travers la vitre, je scrute l'atrium pour voir si quelqu'un nous attend, mais l'endroit est désert. La lumière est moins vive qu'en plein jour et aucun feu ne brûle dans les cheminées, mais lorsque la cabine s'arrête en douceur, on voit bien que les symboles dorés continuent de décrire des courbes sinueuses sur le plafond bleu. L'atmosphère est lourde, pesante, comme une centaine de kilos sur une poupée pour enfant.

- Le ministère de la Magie vous souhaite une agréable soirée, dit la voix féminine.

  La porte de la cabine téléphonique s'ouvre à la volée et j'en sors tranquillement tandis que les autres en trébuchent légèrement. On n'entend dans tout l'atrium que l'écoulement régulier des jets d'eau qui sortent des baguettes magiques de la Sorcière et du Sorcier, de la flèche du centaure, du chapeau du gobelin et des oreilles de l'Elfe de Maison pour retomber dans le bassin, autour de la fontaine d'or. Je fixe cette fontaine avec un cœur qui se serre de minute en minute, si oppressé que je me demande s'il ne va pas se faire écraser.
  Je déteste cette endroit. Je déteste ces dalles noirs aux murs et au sol, cette gigantesque affiche de Fudge regardant vers le ciel d'un air important et dictatorial. Je déteste ces cinq centaines de bureaux qui ne montrent qu'une chose : le règne d'un tyran que tout le monde croit bon, les règnes successifs d'abrutis profitant du Pouvoir pour leurs propres profits... En somme, je hais ce système politique et ce lieu en lui-même. Ce lieu qui m'a retenu captive pendant presque deux mois entiers. Et qui restera à tout jamais graver dans ma mémoire comme le fer rouge qui m'a marqué la peau.

- Venez, dit Harry à voix basse.

  J'inspire profondément et le suis avec les autres. On se hâte en courant de traverser le hall, passant devant la fontaine en direction du bureau où un vigile s'y tient normalement. Ce soir, cependant, il est vide.
  Je fronce les sourcils. Amy pose la question à ma place :

- Il n'est pas sensé être à son boulot, le mec de l'enregistrement magiquement juridique ?

  Malgré que je porte plusieurs soupçons sur la magie Noire qui se sent dans ce lieu, la réponse de ma meilleure amie m'octroie un certain rictus. Elle apprend vite, dis donc.
  Mon mauvais pressentiment s'aggrave lorsqu'on franchit les portes dorées qui permettent d'accéder aux ascenseurs. Harry appuie sur le bouton « Descente » le plus proche et une cabine apparait presque immédiatement dans un grincement. La grille dorée coulisse avec un grand bruit métallique...

- C'est parti pour une descente aux Enfers, commentai-je amèrement.

  ... et on se précipite à l'intérieur. Harry presse le niveau neuf, qu'il faut plutôt lire à l'envers comme étant celui du six pour le mal qui s'oppère ici, et la grille claque en se refermant. L'ascenseur entame sa descente, grinçant et cliquetant. 

- C'est bizarre, ce foutu boucan devrait alerter la sécurité, pestai-je, déçue de ne pas pouvoir leur mettre une raclée.

  La cabine s'arrête, et l'habituelle voix féminine annonce normalement :

- Département des mystères.

  Et la grille se rouvre sur un de ces longs couloirs que je hais autant que je déteste Kristine. Je reconnais en une millième de seconde la porte au loin. C'est elle qui mène à la Salle des Prophéties, c'est elle d'où me parvient d'étranges murmures que je suis la seule à entendre. Malgré ça, j'ai un frisson d'effroi qui me traverse l'échine. Ma mémoire est tellement intacte en ce jour que je me souviens parfaitement de toutes les tortures que j'y ai subi.
  De longs couloirs froids, dénués de toute chaleur humaine qui pourrait provenir d'une personne. D'épais murs qui permettent d'étouffer les probables hurlements que je poussais quand j'étais sous l'emprise du Doloris et de bien d'autres sortilèges plus horribles les uns que les autres. Une ignoble pensée me traverse l'esprit ; et si Fudge tenait prisonnier d'autres adolescents aux pouvoirs extraordinaires ? Mes semblables par exemple ? Cette idée n'est pas impossible, elle est même très probable vu le passé de Tante Éléona.

- Pourquoi à chaque fin d'année, on va toujours dans des lieux morbides qui foutent les jetons et qui promettent de nous faire crever au plus vite ? ironisai-je pour calmer mon angoisse. 

  Ils me regardent tous avec cette commune culpabilité qui compatie et se dit la même chose : pauvre de Mélody, elle se souvient des horreurs de son passé. Navrée de les décevoir, c'est plus compliqué qu'on peut le croire.

- Arrêtez avec vos regards remplis de peine, marmonai-je en avançant en première, les talons hauts de mes bottes de combat comme seuls échos. On est juste là pour sauver Sirius et après on déguerpit de cet endroit craignos.

- Oui, pas de quoi t'inquiéter, on sortira dans pas plus de quinze minutes, je suppose.

- Toi aussi ce n'est pas ton fort, la certitude.

- J'essaie juste de te rassurer.

- Inutile, Harry. Je suis plus forte que de simples souvenirs, dis-je sèchement.

  Malheureusement, la porte du bout franchie ne donne que sur une douzaine d'autres portes, toutes positionnées dans un ordre parfaitement circulaire. Tout, ici, est encore plus noir que dehors. Identiques, sans aucune marque les portes sont dépourvues de poignées, alignées à intervalles réguliers. Des chandeliers fixés entre les portes éclairent la pièce de flammes bleues dont la lueur froide, vacillante, se reflète dans le marbre brillant du sol en lui donnant l'aspect d'une eau sombre.

- Non ! 

  Neville s'arrête dans son mouvement de fermer la porte par laquelle on est venus. Ils me regardent tous, incrédules, ne connaissant pas la raison de mon comportement soudain.

- Ne ferme pas la porte, Neville, appuyai-je.

- Pourquoi ?

  Je ne réponds pas et préfère observer la surface des murs. En y collant mon œil, et rien qu'en y passant ma main, je sais que cette pièce est enchantée par un sortilège qui va nous empêcher de sortir.

- C'est un piège, dis-je en revenant vers les autres. La pièce a été ensorcelée pour que quiconque n'y ayant pas été invité ne reconnaisse plus par quelle porte il ou elle est entrée. Je présume que c'est une tactique pour dissuader les voleurs.

- Mais ça ne t'arrêtera pas, hein ? devine Amy.

- Exactement, dis-je lentement.

  Je sors une fiole de ma poche et la frotte contre le mur. Aussitôt, la magie opère. Ou plutôt se fait aspirer par la mienne plus forte. On voit plusieurs filaments rouge s'échapper des murs soudain en sueur et rentrer dans la fiole que je referme immédiatement en la brandissant fièrement, un sourire satisfait collé aux lèvres.

- Et on peut savoir ce que tu viens de faire, au juste ? me questionne Ron.

- J'ignore quel est leur sortilège. C'est pourquoi je l'ai récupéré pour l'étudier de près une fois que je serais au château de Éléona et Daniel. Et, d'un autre côté, j'ai donc privé cette pièce de sa magie.

  En effet. Car maintenant, chacune des portes à une forme gravée sur son bois.

- Reste à savoir ce que tous ces signes signifient, dit Amy alors que je fais disparaitre la fiole (elle doit être réapparue dans mon armoire, au château).

  Je marque la porte d'une encoche et la referme. Privée de la lumière provenant des torches du couloir, la pièce circulaire devient si obscure que, pendant un moment, seules les flammes qui tremblotent sur les murs et leurs reflets fantomatiques dans le marbre du sol restent visibles.
  Dans mon rêve, je marche toujours vers la porte située face à l'entrée. Mais je ne vois à présent qu'une douzaine d'autres portes devant moi. Tandis que je les observe pour essayer de déterminer laquelle on doit franchir, un grondement sonore retentit et les chandeliers se déplacent latéralement. Le mur circulaire est en train de tourner sur lui-même. Pendant quelques secondes, emportées par le mur qui tourne de plus en plus vite, les flammes bleues deviennent floues, traçant des lignes lumineuses semblables à des néons. Puis aussi soudainement qu'il a commencé, le grondement s'interrompt et la pièce retrouve sa stabilité.

- Je vous l'avais dit.

- Heureusement que tu as marqué la porte, murmure Ron, effrayé.

- De toute façon, nous n'aurons pas besoin de sortir avant d'avoir retrouvé-

- Sniffle, on sait.

  Le fait que je coupe la parole à Harry fait froncer les sourcils à ce dernier.

- Bon, allez, quoi ! Je ne suis pas venue ici pour rester cloitrer entre quatre murs ! m'emportai-je en ouvrant d'un coup d'air la porte juste en face de moi.

  Après l'obscurité de la première pièce, les lampes suspendues à de longues chaînes d'argent fixées au plafond donnent l'impression que cette longue salle rectangulaire est beaucoup mieux éclairée. Mais ce n'est pas la salle des Prophéties. L'endroit est vide, à l'exception de quelques bureaux, d'une gigantesque armoire et d'un énorme réservoir aux parois de verre, si grand qu'on pourrait y nager tous ensemble. Il occupe le centre de la pièce et contient un liquide vert foncé dans lequel flottent paresseusement des objets d'un blanc nacré qui me donnent envie de vomir.

- Génial, on est tombés dans la pièce nourricière de Kristine, marmonnai-je avec dégoût.

- Qu'est-ce que c'est que ces machins-là ? murmure Ron sans m'avoir entendu.

- Sais pas, dit Harry.

- Tu crois que ce sont des poissons ? chuchote Ginny.

- Ça ne m'en a pas l'air, répond Amy.

- Des larves d'Aquavirius ! s'exclame Luna avec enthousiasme. Papa dit que le ministère élève...

- Non, coupe Hermione d'un ton étrange.

  Tandis qu'elle s'avance vers le réservoir et regarde à travers la paroi transparente, je marche vers cette armoire gigantesque.

- Ce sont des cerveaux, dit Hermione.

- Des cerveaux ?

- Oui... Je me demande ce qu'ils en font.

- Et comment ils en récoltent, surtout, fait remarquer Amy.

- Ils égorgent des humains qu'ils kidnappent en prétextant que ce sont les Mangemorts, ils font des expériences dessus puis leurs prennent leurs organes pour s'en rassasier lors de sacrifices, dis-je nonchalamment.

- N'importe quoi, réplique aussitôt Hermione.

  Je me tourne vers eux et ne prends même pas en compte leurs airs horrifiés.

- Oh, Hermione, avec tout le respect que je te dois, moi, je connais la magie Noire. Et en plus, j'ai été forcé de passer la moitié de mon enfance dans un château en France où trainaient des cinglés de satanistes, je sais ce qu'il en advient. Ce liquide que vous voyez est un mélange de liquide amniotique et de liquide céphalo-rachidien. L'un entoure le foetus des bébés et est gobé lors de sacrifices, l'autre est une substance dans lequel baignent le cerveau et la moelle spinale. Dans tous les cas, ça doit être Kristine qui leur a passé le tuyau. Cela dit, on peut être optimismes, ils ont sûrement réfléchi à un autre moyen que des sacrifices, hein, ironisai-je.

  Je ne m'importe pas de leurs réactions horrifiées, dégoûtées, effrayées. J'ouvre les pans de l'armoire et sens mon regard s'assombrir. Des tonnes de fioles rouge sang, d'autres dorées, argentées ou encore bleues, sont répertoriées, classées et nommées. J'en déduis rapidement que ce sont tous les Elementum qu'ils ont séquestrés ici rien qu'à l'intitulation de la fiche accolée à l'intérieur de la porte droite. Mais au milieu des fioles se trouvent une boite en verre avec une bouteille pas plus longue que ma main (fraichement, incroyablement !, appelé « Sérum de Conditionnement »), accompagnée d'un livre interdit au touché. Je ne me gêne pas pour le fouiller et me mets à jurer :

- Fudge, espèce d'enfoiré de mes deux, tu vas me le payer.

- Qu'est-ce que c'est ? me demande Amy.

- Rien. C'est entre moi, Fudge et Kristine. Et probablement aussi tous les Ministres qui ont existé.

  Je récupère hâtivement toutes les fioles de sang, le Sérum de Conditionnement que l'Ordre n'a jamais pu récupérer et le livre, et les glisse dans ma sacoche à Extension Indétectable. Tantine va être contente de voir ça.

- Bon, allons nous-en, tranchai-je en les voyant rester planter là, à fixer l'aquarium à cerveaux.

- Ici aussi, il y a des portes, dit Ron en montrant les murs.

- J'éviterai d'y aller, si j'étais toi.

- Pourquoi ?

- Bah parce que si j'en crois cet aquarium, ils collectionnent les cerveaux. Qui sait ce qui pourrait se cacher derrière ces portes, à ton avis ?

- Je pense qu'il vaut mieux retourner là-bas et faire une nouvelle tentative, propose Harry, n'étant sûrement pas ravi de découvrir autre chose de glauque.

  On se hâte de revenir dans la pièce circulaire et d'un dernier regard vers l'armoire, je finis par refermer la porte qu'Hermione grave d'un X enflammé avec sa baguette magique. On essaie deux autres portes qui ne nous mènent qu'à la pièce du Temps, avec plein de Retourneurs de Temps et d'horloges, et celle de l'Espace, avec divers objets d'Astrologie et tout ce qui va avec... Finalement, après dix minutes, on trouve enfin la salle qu'on cherche.

- C'est celle-ci ! s'écrie Harry.

  Aussi vaste qu'une église et rempli d'immenses étagères sur lesquelles s'alignent de petits globes de verre poussiéreux, j'y reconnais la salle de mes rêves. On voit les boules de cristal luire faiblement à la lueur des chandeliers fixés à intervalles réguliers le long des rayons. Tout comme ceux de la pièce circulaire, ils brûlent d'une flamme bleue. Un froid intense règne ici. Un froid qui, pourtant, me frappe comme la réalité : je n'ai pas l'impression que Sirius ait au moins été une fois ici. Sans savoir pourquoi, je me mets brusquement à douter. Et si Voldemort avait donné cette Vision à Harry, comme Kristine l'a déjà fait maintes et maintes fois avec moi ? Et si... on se jetait dans la gueule du loup sans s'en rendre compte ?... Un frisson me parcoure la nuque. Je regarde aussitôt Harry avec une respiration sifflante mais il est déjà en train de courir à moitié en passant d'étagère en étagère. On le suit de près pour éviter de le perdre de vue.

- Quatre vingt douze... Quatre vingt treize... Quatre vingt quatorze... Quatre vingt quinze... énumère-t-il en courant jusqu'au milieu en regardant le sol, puis il s'arrête et se tourne vers nous. Il devrait être ici !

  Je me rends immédiatement compte qu'on a agit comme des idiots et que Harry vient juste de donner satisfaction à l'ennemi.

- Harry, commençai-je avec un ton qui espère le faire changer d'avis, je crois que Sirius n'a jamais été ici.

- Si, je l'ai vu, Mélody, dit-il d'une voix acérée.

- Non, tout ce que tu as vu c'est Voldemort en train de le torturer. Voldemort ! Si ce dernier aurait été là, il aurait pris les prophéties et aurait ménagé un plan plus adéquate pour nous attirer dans ses filets. Ou même pas !... il aurait chargé l'un de ses larbins comme Lucius ou Dolohov de les récupérer à notre place.

- Tu veux me dire que tu crois que tout est dans ma tête ? Je ne l'ai pas imaginé, Mélody, je l'ai vu ! Je l'ai vu, il... il était là. Sirius était là, il...

  Sa voix s'éteint quand il me voit secouer la tête de gauche à droite dans un « non » entêté.

- Tu ne me crois pas, c'est ça ?

  C'est Neville qui nous coupe dans notre altercation.

- Harry, Mélody !

- QUOI ? nous emportons-nous en cœur en se tournant vers lui.

- Il y a vos noms, juste là.

- Et ici, il y a celui de Kristine, ajoute Ginny, alors trois étagères plus loin.

  Comme si qu'avoir dit son nom l'a fait bouger, la boule de cristal s'élève brusquement de son socle pour rejoindre mes mains. Je fronce les sourcils et finis par hausser les épaules.

- Tant mieux, je pourrais avoir des réponses sur cette garce, dis-je en plongeant la prophétie dans mon sac sous les airs étonnés des autres.

- Comment tu as fait pour-

- Kristine est un peu comme qui dirait mon Double-Maléfique, répondis-je. Tout ce qui la concerne me concerne, Hermione.

- Tu as ton nom aussi, Mélody, me fait remarquer Ron.

- Je sais. Mais qu'est-ce que vous voulez que ça dise ? Que Drago perdra sa fierté et que Nagini bouffera une chèvre ?

  Ils me dévisagent de manière à ce que je comprenne qu'ils n'ont strictement rien compris à ce que je viens de dire. Amy me dit :

- Prends-la.

- Pourquoi devrais-je être la première à prendre un truc pareil ?

- Parce que c'est toi la plus puissante, mais aussi la plus en danger, me dit Ron avec évidence.

- Si je fais un infarctus en apprenant que Drago arrêtera d'être une tête de con, il ne faudra pas vous étonner, dis-je en levant mon bras.

  J'essaie de l'attraper mais ma foi, je suis trop petite.

- Non mais sérieux, à la fin !

  Ce que je dis les fait légèrement rire. Pourtant, ils n'ont jamais paru aussi stressé.

- Je crois qu'il ne faut pas y toucher, me dit Hermione.

- Au Diable vos appréhensions, je compte bien découvrir ce qu'on veut me cacher depuis si longtemps.

- Ne fais pas ça, Mélody, dit soudain Neville.

  Je me tourne vers lui. Le visage lunaire de Neville luit de sueur. Il semble ne plus pouvoir supporter ce surcroît d'angoisse.

- Oh pitié, je n'ai jamais eu peur d'une boule de cristal.

  Je lévite dans les airs et une fois à la hauteur de la boule de cristal, l'attrape en refermant mes doigts sur sa forme poussiéreuse. Amy et Ron m'aident à redescendre en empoignant chacun un de mes pieds et une fois sur le sol, une magnifique lumière brille dans la sphère. La fumée à l'intérieur se transforme en ouragan multicolore. Une femme apparait. Les cheveux noirs, ondulés, le visage fin, le faciès des Espagnols... Elle me donne l'impression d'un lien qu'on aurait toutes les deux. Une voix claire et douce résonne alors.

Le jour du Bien, elle naîtra par l'Espoir des planètes...
Celle sur quoi et qui tout repose naîtra d'un mensonge...Mais son don et ses pouvoirs seront invincibles à l'aube de ses paroles, et par elle, l'Incarnation du Mal disparaîtra...
Êtres de l'Ombre, faites attention...
Car qui voudra la tuer, sera empêché...
Par la Protection qui fera mur, sa mort sera vaine car de seulement sa main, elle périra...
Être du Mal, prenez garde...
Quand minuit sera, tout danger ne l'arrêtera...
Sa destinée, prédite depuis la Nuit du Changement, modifiera le Sort...
Celle aux tous pouvoirs, puissante elle sera, Guerrière elle se verra,
Être du Mal, sera votre lit de mort...

  Un silence pesant règne autour de nous alors que je continue de fixer la boule de cristal. Je me rappelle alors d'une chose... De ce qu'à dit Tantine à Kristine, le jour où Daniel est tombé dans le coma. « La Transmutation s'est accomplie il y a plus de quatorze ans maintenant, au cours de la Nuit du Changement ». La Transmutation... La Nuit du Changement... Il y a plus de quatorze ans... D'étranges frissons me parcourent le corps, et je me demande si je ne suis pas liée à toute cette histoire d'Orbe du Faucon. Après tout... Éléona est capable de se métamorphoser en faucon, et c'est ma tante biologique...

- Okay, j'aime pas ça ! fis-je brusquement. J'aime pas ça du tout !

- La Nuit du Changement... marmonne Amy. Ça veut dire quoi, ça ? Et l'Espoir des planètes ?

- Qui est l'Être du Mal ? demande Neville, effrayée.

- Kristine, cinglai-je. Ou Voldemort. Ou Ombrage. Dans les deux cas, ce truc à la sauce epic ne me plait pas.

- Peut-être mais... l'Ordre a raison, dit Hermione avec effarement. Tu es plus puissante que Voldemort et que Kristine, tu réussiras même à les battre.

  Je secoue négativement la tête.

- Je ne peux pas battre Kristine, ou du moins... je ne peux pas la tuer.

- C'est pourtant ce que tu veux, me fait remarquer Amy.

- Même si je le veux, je ne le peux pas.

- Pourquoi ?

- Pour rien. Ça ne regarde que moi et... et mon passé, dis-je dans un souffle. Tout ce qu'on peut dire est que la voyante qui a soi-disant vu mon avenir n'a pas chômé, au contraire, elle m'a imposé davantage de questions. Fais-le, ajoutai-je en me tournant vers Harry après avoir rangé la prophétie dans ma sacoche. À ton tour d'entendre ta prophétie.

  Harry hoche de la tête en remplaçant sa mine effarée par un regard déterminé et retire la boule de cristal de son socle. Tout comme moi, dans la brume se dévoile le visage tant connu de la professeure Trelawney, dont la voix éthérée ne tarde pas à résonner.

Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche...
 Le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore...
et l'un devra mourir de la main de l'autre
car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit...

- Harry ! Mélody ! s'écrie soudain Hermione.

  On se tourne vers elle. Son doigt est pointé vers la pénombre lointaine d'où en sort une silhouette tout aussi noire, au visage méconnaissable à cause du masque qu'elle porte.

- Enfin un peu d'action, me réjouis-je en jouant avec ma dague.

  Harry et les autres, par contre, ne semblent pas aussi enthousiasmes. Je les vois glisser leurs baguettes dans leurs paumes, pour se préparer comme on se l'est dit tout à l'heure avant de rejoindre les Sombrals. Quand l'on était encore à Poudlard. Mais l'école est bien loin, maintenant. Et les Mangemorts sont déjà là, je sens leur puanteur de magie Noire me piquer les nasaux.

- Où est Sirius ? demande Harry.

  Je le dévisage une seconde, exaspérée qu'il n'ait toujours pas compris, et remets aussitôt mon attention sur le Mangemort auquel je devine vite l'identité.

- Il faudrait que tu apprennes à faire la différence entre les rêves... 

  Il dégaine sa baguette et la passe sur son masque qui disparait aussitôt pour dévoiler des cheveux mi-longs d'un blond pâle.

- ... et la réalité, achève-t-il de sa véritable voix.

  Mon regard s'assombrit alors que des frissons m'ébouriffent les poils de la nuque. Je resserre mes doigts sur mon poignard.

- Sache que si l'on ne peut avoir la réalité, un rêve vaut tout autant, cher père, persifflai-je. Seulement, ça nous prévient aussi d'à quel point on peut être un véritable crétin prit par ses sentiments, ajoutai-je en jetant une œillade perçante à Harry.

  Ce dernier contracte la mâchoire mais n'a pas le temps de me répondre que Lucius reprend :

- Il a vu ce que le Seigneur des Ténèbres voulait qu'il voit et bien entendu, ma progéniture n'a eu que l'idiotie de te suivre, Potter.

- Oh non, bien sûr que je ne suis pas sotte, j'ai compris le stratagème de Jedusor bien assez tôt, répliquai-je. Seulement, je me voyais mal laisser un de mes proches souffrir... Mais tu es bien placé pour le savoir.

- J'aurai aimé connaître la raison d'une telle insinuation, mais hélas, le temps m'est compté. Maintenant, donnez-moi les prophéties.

- Pour ça, il faudrait que tu sois un peu plus convaincant, ironisai-je.

  Les respirations des autres s'accélèrent quand mon père biologique se prend à l'envie d'être plus menaçant.

- Donnez-moi... les prophéties.

- Sache que si tu fais ça, tu perdras davantage ta fille qu'avant. Ce n'est pas étonnant, tu as toujours préféré la facilité à la véritable liberté.

  Je parviens à déceler une certaine culpabilité dans son regard, mais aussi de la peine. Malheureusement, cette lueur disparaît aussitôt qu'elle est apparue.

- Tu n'as qu'à choisir ton camp, me dit-il. Allons, les autres seraient ravis de te voir parmi nous...

- Dans tes rêves... répliquai-je mielleusement. J'ai passé ce cap où tu réussissais à me manipuler.

- L'opportunité te sera redonnée, n'aies aucune crainte là-dessus. Pour le moment, il me suffit juste de me donner les prophéties. Ce sera... disons... un bon début.

  Harry échange un regard avec moi, il sait combien le sujet de mon père est encore assez vif pour moi.

- Si vous faites quelque chose, on les casse, prévient-il. 

- Et dommage pour toi, car Voldemort et Kristine vont sûrement être ravi de te donner ce que tu mérites, telle la pauvre petite larve inutile que tu es, ajoutai-je.

  C'est là qu'un rire à glacer le sang résonne en échos dans la salle, juste derrière Lucius. Un rire aigu, froid et démentiel... Il est clair que Tata Lestrange ne me manquait clairement pas.

- Ils savent se défendre ! dit-elle en sortant de l'ombre avec une démarche saccadée, presque démembrée. Les tout... petits... bébés !...

  Elle vient cogner le bras de Lucius. J'ai un rictus amer au coin de ma bouche.
  Aussi grande que lui, ses paupières lourdes et sa mâchoire forte contrastent avec ses lèvres minces sur lesquelles s'étale son éternel sourire arrogant et dédaigneux. Ses longs et épais cheveux noirs sont brillants, décoiffés et négligés, et son regard pétille d'une lueur fanatique et maléfique. Si je ne connaissais pas Kristine, je dirais que Bellatrix Lestrange est de loin la Mangemort la plus cinglée qui existe. Et la plus lointaine dans le satanisme après Voldemort.

- Bellatrix Lestrange... souffle Neville.

- Neville Londubat, n'est-ce pas ? Comment vont tes parents ?

- Mieux maintenant qu'ils vont être vengés ! 

  J'arrête aussitôt son poignet de se lever et le force à ne pas lancer un sortilège qui pourrait lui être fatale. À la place, je me mets devant lui pour faire face à Lestrange dont le bras ne tremble pas une seule seconde, prête à contre-attaquer.

- Je te conseillerais d'abaisser ta baguette, Lestrange, car un coup de dague dans l'estomac, crois-en mon expérience, c'est très douloureux.

  En me voyant jouer avec ma dague, Lucius lève aussitôt ses mains en face de lui, comme s'il tente d'être le plus préventif possible.

- Essayons... de conserver... notre calme... D'accord ? Il est inutile de s'énerver...

- Dommage, j'aurai adoré écharper vos jolis minois, surtout celui de la sociopathe cinglée du ciboulot qui te sert de belle-sœur et - oh ! j'ai failli les oublier ! - toute ta secte de fanatiques maléfiques. Qui, d'ailleurs, fait vraiment peine à voir. Surtout si vous croyez possible de nous corrompre pour une cause perdue.

  Lestrange écarquille des yeux.

- Elle a osé me traiter de folle, chuchote-t-elle à Lucius, alors qu'elle n'a pas le courage de suivre le Seigneur des Ténèbres ! Moi qui pensais qu'elle s'agenouillerait face à nous...

- Ne te mêles pas de ça, persiffle Lucius.

- De toute façon, qu'elle s'en mêle ou pas, rejoindre votre secte, ça se fera sans moi, le coupai-je. Je fais déjà partie d'un clan, et c'est le mien.

  Agacé en premier lieu, il semble aussi soulagé, avant de reprendre son air indifférent.

- Tout ce que nous voulons, ce sont ces prophéties.

  Je me demande soudain si mon père biologique n'est pas bipolaire ; d'un côté, il espère m'avoir dans les Forces du Mal, de l'autre il tente de me protéger d'eux. Est-il donc aussi idiot que ça ? Il n'y a pas d'entre-deux pour les gens de son espèce.

- Pourquoi Voldemort avait besoin de nous pour les avoir ? demande Harry.

- Tu oses prononcer son nom... murmure Lestrange. INFÂME SANG-MÊLÉ !

  Son éclat de voix rugit en échos dans la salle, m'octroyant un rictus qui me fait défendre Harry :

- J'ose espérer que tu saches que Voldemort aussi est un Sang-Mêlé, vu que sa mère était une Sorcière mais son père un Moldu... Finalement, Papa, nous aussi on est des Sang-Mêlé par ce mélange de parentés ! Incroyable, pas vrai ?

- Ne sois pas sotte, Mélody, réplique Lucius. Notre sang est Pur, tu le sais mieux que personne.

- Pur comment ? Nan parce qu'aux dernières nouvelles, tout le monde a au moins un Moldu dans sa famille, même toi, Lestrange.

- Toi ! s'égosille-t-elle. SALE TRAITRE À TON SANG ! Comment oses-tu ?!

  Lucius l'empêche d'avancer en posant sa main sur son biceps. Il s'apprête à dire quelque chose mais je le coupe bien assez vite.

- Comment j'ose ? Non, comment toi, tu oses ? Prétendre être la perfection alors qu'on a déjà du mal à se coiffer, c'est un blasphème absolument regrettable, dis-je d'un ton ironique.

- Oh, toi, tu vas voir quand je t'aurai torturé jusqu'à ce que tu deviennes folle alliée et que ta pauvre petite tante Éléona n'aura que ses yeux pour pleurer...

- Navrée de te l'apprendre, mais ma préférence va à Kristine. Elle est meilleure pour les menaces courtes et énigmatiques. Voldemort devrait le savoir mieux que personne.

  Ses globes oculaires ont l'air de vouloir sortir de leurs orbites tellement ses yeux sont écarquillés de fureur.

- Ils ont osé... Elle a osé... ! hurle Lestrange, dans une suite de mots incohérents. Elle reste là à... Répugnante BÂTARDE !...

- Ce n'est rien ! la coupe Lucius d'une vive voix, l'arrêtant dans sa folie. Mélody adore défier ce qui la dépasse... Et de toute évidence, elle ignore, tout comme Potter, qu'une prophétie ne peut être retirée que par celui qui fait l'objet de cette prophétie. Ce qui est une chance pour vous, vraiment...

  C'est alors que des silhouettes noires surgissent de partout, bloquant le passage des quatre côtés. Des yeux brillent à travers les fentes des masques et une douzaine de baguettes magiques allumées sont pointées vers nous. Ginny étouffe une exclamation d'horreur, au contraire d'Amy qui appuie sur le bouton de son stylo, dévoilant aussitôt sa véritable nature dans un « shligh ! » si particulier, en provenance de sa lame japonaise capable de trancher dans l'acier comme dans du beurre. Certains des Mangemorts ont l'air de s'en moquer, d'autres semblent comprendre que ce n'est pas un katana ordinaire.

- Ne t'es-tu jamais demandé quelle était la raison de la connexion entre toi et le Seigneur des Ténèbres, Potter ? Pourquoi n'a-t-il pas réussi à te tuer alors que tu n'étais qu'un nourrisson ? Ne veux-tu pas connaître le secret de ta cicatrice, hum ? minaude Lucius en s'approchant avec Lestrange. Et toi, Mélody, ne t'es-tu jamais demandée pourquoi tu étais aussi différente ? Pourquoi le Seigneur des Ténèbres n'a jamais réussi entièrement à prendre le contrôle sur toi ? Et pourquoi, malgré toutes les tentatives de Kristine Astor, tu as toujours demeuré vivante ? Toutes les réponses sont là... Mélody, Harry, elles sont là, entre vos mains... Tout ce que vous avez à faire, c'est de me les donner. Et je pourrais tout vous révéler...

  Il oublie que malgré sa voix doucereuse pour nous amadouer, sa demande ne sera jamais acquise. Il a beau être mon père, il ne me connait pas aussi bien que ça, je peux même dire que Éléona me connait mieux. C'est peut-être pour cela que je m'éprends d'un ricanement mielleux.

- Alors moi aussi, je dois te confier quelque chose... m'enhardis-je. Je sais déjà ce qui a été révélé, je sais déjà tous ces pourquoi... Je n'ai donc pas besoin d'un idiot comme toi pour découvrir ce qui me manque malgré tous les souvenirs que tu as bien pu m'enlever. Et je suppose que Harry va te dire exactement la même chose. N'est-ce pas, mon Vieux ?

  Ce dernier fixe sa boule de cristal, l'air perdu.

- Tu as raison, Mélody. Et je n'aurai pas de seconde chance, j'ai déjà attendu quatorze ans...

- Je le sais... conçoit Lucius.

- Je peux attendre encore un peu... MAINTENANT !

  Aussitôt, un puissant dôme de feu froid traverse mes amis pour s'entrechoquer aux Mangemorts. Ces derniers se protègent de justesse en disparaissant, ce qui me fait hurler :

- Allez... On y va, on y va, ON Y VA !

  Les autres se bougent enfin à mon cri et nous courons dans les allées aussi rapidement que nous le pouvons. À mesure qu'ils me suivent - car, j'ignore pourquoi, mais ils ont décidé que je serais la meneuse de notre fuite -, je balance des volutes de fumée qui heurtent de plein fouet les étagères alentour. Les hautes structures vacillent tandis qu'une bonne centaine de sphères explosent, de sorte à semer le trouble au-près des Mangemorts.
  Je prends à gauche mais me rends vite compte que c'est une mauvaise idée. Lucius apparait à travers un nuage de poussière noire, nous empêchant d'aller plus loin. Il tend sa main pour qu'on lui donne les prophéties.

- Continuez à courir, je m'occupe de lui ! Amy ! (Elle se retourne.) Protège-les.

  Elle hoche franchement de la tête et court rejoindre les autres. J'entends déjà des cris, de douleurs parfois, qui retentissent dans le tonnerre des étagères qui s'effondrent les unes sur les autres, en laissant échapper les échos fragmentés des paroles de prophètes fantomatiques libérés de leurs sphères.
  Je fais face à Lucius, on se regarde dans le blanc des yeux pendant un long moment, tournant tous deux sur une ligne de cercle invisible, se défiant mutuellement. L'un est le père, dans la magie Noire et prêt à tout pour se garantir une vie parfaite même s'il doit se corrompre, l'autre est sa fille, une Guerrière jouant de magie Blanche et au penchant extrême pour le combat contre le clan opposé. Un père et une fille en désaccord, toujours éternellement opposés malgré leurs ressemblances... Quoi de mieux comme balance qui tangue dangereusement ?

- Alors comme ça, tu crois être capable de m'affronter seule ? me lance Lucius.

- Oh non, ce serait plutôt à toi d'avoir peur de ce que je pourrais te faire, Père.

- Ne sois pas idiote, tu sais tout comme moi que l'unique moyen pour sauver tes amis est que tu me donnes les prophéties.

  J'ai un rictus jaune et fais apparaitre une boule de feu dans le creux de ma paume. Un sourire sadique apparait sur mes lèvres alors qu'il regarde ma magie avec effarement. Et peut-être même beaucoup d'angoisse.

- J'attendais ce moment depuis longtemps, si tu savais. Ce moment où tu verrais à quel point tu as eu tort pendant de si longues années... où tu m'interdisais d'utiliser ma magie parce que tu étais terrifié de ce que je pourrais te faire... J'attendais une occasion de te montrer les effets de ta lâcheté... Et justement : j'en ai l'occasion.

  Je lui balance ma boule de feu en plein visage. Il s'en protège de justesse et avant qu'il ait eu le temps de riposter, je lui assène un violent coup de pied retourné qui le projette contre une étagère. 

- Ça c'est pour ton incompétence en tant que père.

  Sans attendre plus longtemps, je me propulse aussitôt dans les airs avec un arrière goût d'amertume en bouche. Un Mangemort arrive vers moi dans une bourrasque de poussière noire pour tenter de me prendre la sacoche, je le renvoie à terre d'une simple volute de fumée.
  J'entends le bruit familier d'une arme rentrant dans l'épaule d'un homme et me guide jusqu'à Amy. Je la vois défendre Ginny en bloquant un sort avec sa lame. J'atterri juste derrière elle pour balancer une dague au milieu du front d'un mage Noir qui s'écroule aussitôt. Sans que les filles aient le temps de me regarder, je retourne dans les airs ; d'en haut, j'ai une meilleure vue. Je peux donc attaquer plus aisément les Mangemorts. Dont deux qui me poursuivent sans relâche depuis cinq minutes.

- Plus collant, tu meurs, m'écriai-je en me retournant subitement, dégainant mon arc en fils d'or.

  L'énergie froide dégagée par les deux flèches consécutives les percutent dans l'estomac si brutalement qu'ils en chutent d'une dizaine de mètres. Je pouffe de rire et continue de voler mais ma distraction me fait percuter un torse musclé et dur comme de la roche. Le choc me déstabilise si brusquement que je me sens happée par la gravité.

- Nan... NAN-NAN-NAN-NAN-NANNN !

  Par chance, je parviens à me réceptionner de justesse, le nez à quelques centimètres du sol. Je souffle de soulagement avant d'atterrir brutalement à terre. Le souffle court, je roule sur le flanc et vois le visage de Lucius juste au-dessus de moi.

- Incroyable démonstration de vol, je suis époustouflé, me dit-il avec sarcasme.

  Je lui adresse un regard noir et mon pied vient rencontrer son nez. Il lâche une exclamation de douleur tandis que je me relève aisément dans un saut carpé. Mes chevilles tremblotent légèrement mais j'arrive à me stabiliser sur mes talons hauts ; ça fait plus mal quand on veut envoyer un coup de pied là où ça fait mal chez les hommes.

- Es-tu donc incapable de te battre sans magie ? lui lançai-je alors qu'il essuie le sang coulant de son nez d'un revers de main.

- Et toi, es-tu donc sotte à ce point-là ? Ta force est ridicule comparée à la mienne, Mélody.

- Tu crois ça ?

  Il s'humecte les lèvres d'un geste identique à celui de Drago quand il est furieux.

- Mélody, allons, réfléchie une seconde ! J'ai besoin de ces prophéties, et te battre avec moi ne rime à rien. N'en as-tu pas conscience, pauvre idiote ?

- C'est toi qui ne te rends pas compte d'à quel point j'ai envie de te refaire la face pour me venger de toute ta lâcheté et de ton incompétence en tant que père.

- Tout ce que j'ai fait et tout ce que je fais, c'est pour assurer votre protection, à toi et Drago ! 

  J'ai une exclamation dédaigneuse.

- Tu causes, tu causes, et tu causes encore ! Comme toujours ! Mais tu es incapable de prendre de bonnes décisions, ça va de soit ! m'écriai-je.

- Je n'ai pas de conseils à recevoir de ma fille, tranche-t-il sèchement. Alors donne-moi les prophéties ou-

- À une seule condition : tu te bats comme un homme et non pas comme un lâche.

  Lucius semble excéder de ma demande. On entend de très loin des lancés de sort de la part de mes amis, ainsi que les Mangemorts qui, à mon avis, les attaquent sans scrupule. Le temps nous est compté pour tous les deux. Si lui doit récupérer les prophéties avant le dernier grain de sable, moi je dois sauver mes amis de la dangerosité que pourrait représenter les ténèbres face à eux. Mais en voyant le regard de Lucius, je commence à comprendre quelque chose.

- Oooh... Tu ne sais donc pas te battre à mains nues, n'est-ce pas ?

- Je sais très bien me battre à mains nues, mais tu ne serais plus en état pour te prosterner face au Seigneur des Ténèbres si je devrais user de la force.

- Si tu ne le fais pas, moi, je vais pas gêner.

  Je lui adresse une droite dans le plexus solaire qu'il bloque avec son bras en m'attrapant le poignet fermement, le regard flamboyant.

- Mélody, je crois que tu as oublié qui je suis !

- Tu as beau être mon père, tu n'es pour moi pas plus qu'un sombre abruti de mes deux, un type qui n'est qu'une pauvre larve, qu'un pauvre insecte à écraser, tellement imbibé de magie Noire qu'il en est devenu complètement rouillé...

  Je finis sur un sourire provoquant qui percute gravement son ego et sa fierté d'homme. Mais sa claque ne me fait absolument rien si ne serait-ce qu'une simple chatouillis. Mon visage n'a même pas bougé. Son rictus assuré disparait aussitôt alors que le mien s'agrandit de plus belle et que ma mâchoire se contracte.

- Quelle force ! ironisai-je exagérément. Je crois que tes muscles sont un peu bouillis, mais tant pis, c'était très amusant.

  Sans plus de démonstration, je tords sa main qui me tenait jusque là et envoie un premier coup de genou dans ses parties intimes qui le courbe de douleur, puis un deuxième qui le fait s'effondrer à terre dans un gémissement de môme.

- Pas la peine de le prendre personnellement, je suis une Malefoy après tout, dis-je avant de me propulser dans les airs.

  Quand j'atterris au sol, je sens des gens buter dans mon dos. J'étouffe un cri essoufflé en tombant brutalement la tête la première et remarque que ce sont les autres quand je roule sur le flanc. Amy replie immédiatement son katana pour m'aider à me relever avec Luna.

- Mélody, comment...

- Plus tard !

  Au même moment, une espèce de rafale de vent résonne bruyamment. Face à nous, de grandes fumées noires arrivent pour nous attaquer.

- Euh... Je suis la seule à penser qu'on ressemble à des quilles de bowling face à la boule ? lance Amy.

  Heureusement pour elle, les Mangemorts n'ont pas le temps d'arriver que Ginny lance un sortilège de Réduction. Une éblouissante lumière bleue provoque un puissant courant d'air qui heurte chacune des étagères. Les boules de cristal se mettent à chuter, percutant la tête de certains des Mages Noirs. Le sol se met à trembler et une seule idée me vient en tête pour tenter de nous sauver de là.

- Attrapez mon bras !

  Sans poser de question, Harry prend mon bras, Ginny attrape le sien, amenant les autres à former une chaine plus ou moins grande. Je fronce les sourcils par la concentration et pousse sur mes jambes ; ils hurlent tous de surprise. Mais ils ne sont les seuls, car l'étonnement me gagne lorsque je me rends compte que mes pouvoirs, ou plus précisément mes Artefacts, les rendent aussi légers qu'une plume.

- La porte ! me crie Harry.

  Je la vois au loin et redouble ma vitesse. Sous nos pieds, les étagères se brisent une à une. Mon cœur bat plus rapidement, je crains ne pas arriver à temps pour nous sortir de là. Mais l'espoir vient me saluer et le soulagement m'envelopper ; je parviens de justesse à donner un puissant coup de pied dans la porte et à y glisser tout le monde.
  Je ne contrôle plus rien dès lors qu'une chose invisible nous tire vers le sol. Ce dernier se rapproche inexorablement. Trop vite pour qu'on aperçoive où l'on est tombés, mais assez lent pour que je réussisse à protéger les autres par un « Arresto momentum » et m'éviter une belle entorse au poignet en projetant sous moi des volutes de fumée blanches qui me font atterrir sur mes deux pieds. Contrairement aux autres qui s'arrêtent de chuter à seulement quelques millimètres du sol.

- Mélo... Tu... Tu peux nous... nous poser au sol... dit Hermione d'une voix tremblante. S'il te plait ?

  Je fais bien mieux en utilisant mon pouvoir de l'air pour tous les redresser debout. Ils soufflent de soulagement, je fais de même en constatant que Harry a bien gardé sa boule de cristal - je sens la mienne et celle de Kristine à travers ma sacoche.
  Le souffle court, je me laisse tomber en étoile au sol, juste pour récupérer un instant. Mais aussi pour éliminer ce mal de crâne qui me tambourine le front à cause de tout ce brusque amoncellement de magie. La dernière fois que j'ai fait autant d'efforts, c'est quand j'ai combattu Kristine, le jour où cette dernière a plongé Daniel dans le coma. Alors autant dire que pour le moment, je préfère prendre une seconde pour respirer. Malheureusement, une minute plus tard Amy et Neville m'aident à me relever. Je les remercie quand même, et Hermione me demande :

- Comment...

- Tu as l'exemple même de l'expression « aussi légère qu'une plume » dorénavant, dis-je avec sarcasme.

- C'était incroyable, souffle Ron.

  Ils acquiescent tous en continuant de me féliciter.

- Si vous pourriez arrêter de me prendre pour la réincarnation de Peter Pan et regarder où on a atterri, s'il vous plait ? peut-être qu'on pourrait sortir plus vite de cet endroit de malheur, lançai-je avec exaspération.

  Cette pièce-là - ou plutôt cette salle-ci - est aussi vaste que celle des boules de cristal ; circulaire et faiblement éclairée, elle accueille directement par de hauts gradins en pierre. Au centre, dans une fosse de six mètres, se dresse une gigantesque arcade, également en pierre, qui parait si antique, lézardée, croulante, qu'on peut s'estimer heureux de la voir encore debout. Sans aucun mur pour la soutenir, elle encadre un rideau noir en lambeaux, ou plutôt un voile qui, malgré la totale immobilité de l'air, ondule légèrement, comme si quelqu'un ne cesse de l'effleurer.
  Mon cœur semble soudain opprimé d'angoisse, alors que des murmures étranges résonnent à mes oreilles. Cette arcade... ou plutôt cette arche qui semble mener à une Dimension parallèle... me parle. D'une certaine façon, j'ai l'impression d'être déjà venue ici. Et pas qu'une fois.

- Vous comprenez ce que disent ces voix ? demande Harry en s'approchant à son tour.

- Il n'y a aucune voix, Harry, rétorque Hermione. Sortons d'ici.

  Elle parait effrayée, plus encore que dans la salle des Cerveaux.

- Si, je les entends, dis-je. Mais ils parlent tous en même temps, c'est incompréhensible.

- Tu as raison... murmure Amy, l'air d'avoir reçu un seau d'eau glacé dans le dos. Mais ça n'augure rien de bon, si tu veux mon avis.

- Je les entends moi aussi... dit Luna en regardant l'arcade de pierre.

  Je m'y approche, les sourcils froncés par la concentration et l'incompréhension.

- Mélody, allons-nous-en, d'accord ? répète Hermione avec insistance.

- Pas tant que je ne les ai pas aidé, répondis-je vaguement.

  Je viens de comprendre. Ce sont des Âmes qu'il y a l'intérieur, ce Voile mène à leur monde.

- De quoi tu parles ? demande Ron.

- Mélody, il n'y a personne, c'est une simple arcade. Alors arrêtez ça, sortons d'ici...

  Hermione me saisit le bras et veut m'entraîner mais je la repousse en lui adressant un regard noir.

- Tu ne peux pas comprendre, tu es trop terre-à-terre.

  Je m'approche davantage. Cette fois-ci, c'est Harry qui veut intervenir :

- Fais attention, quand même. On ne sait pas ce que c'est.

- Moi si... murmurai-je.

  Je laisse ma main passer sur l'un des socles en pierre, comme hypnotisée. Soudain, une séquence d'images me parvient. Je vois une femme aux poignets menottés poussée de force à l'intérieur par deux Aurors. Puis c'est un enfant, âgé d'à peine treize ans, jugé par un Magenmagot des années 50 assit sur les gradins. Ils l'obligent à traverser le voile. D'autres personnes incriminés d'être des Elementum y sont jetés, comme des innocents inculpés d'être des Mangemorts... Le retour à la réalité est brusque quand quelqu'un me tapote l'épaule. Je me tourne vers Amy, les larmes aux yeux.

- Ça va ? me demande-t-elle.

- Je n'aime pas cet endroit, répondis-je simplement.

  J'inspire profondément et me mets juste devant le voile.

- Ils sont tous innocents. Mais l'Humain en lui-même a peur de la différence. C'est pour ça qu'on les a forcé à aller dedans...

- De qui tu parles ?

- Amy, tu ne comprends pas ? La plupart des Elementum découverts ces derniers siècles ont été jetés dans ce voile, pour les tuer directement sans les juger. Ma foi, ils sont partis pour un monde meilleur mais... Des gosses, putain ! Ils ont tué des gosses et ça n'a gêné personne tant que ce n'était pas divulgué !

  Mes Artefacts ont du mal à calmer le feu qu'il y a en moi mais je me concentre assez pour qu'il n'enflamme pas mes poings. Je lève ma main pour toucher le voile. Subitement, j'ai une impression de flottement et vois qu'il s'ouvre à moi avant de me projeter une autre Vision. Cette fois-ci sur un cauchemar d'antan qui hante pourtant mes nuits chaque fois que je ferme les yeux.
  Je recule brusquement, la respiration accélérée, prise d'horreur.

- Il faut sortir, et vite ! m'écriai-je, ce qui fait sursauter les autres.

- Quoi ? demande Harry. Qu'est-ce que...

  Il n'a pas le temps de finir qu'on entend le même vent de tout à l'heure, celui des Mangemorts. Je les sens qui nous guettent et qui ne vont pas tarder à se jeter sur nous.

- Derrière moi tout le monde ! Toi aussi, Harry !

  Ils se mettent tous précipitamment derrière moi, murmurant l'incompréhension que je viens de créer.

- Préparez-vous à lancer n'importe quel sort de défense, ajoutai-je.

  S'ils brandissent leurs baguettes magiques, de mon côté je créé une boule de feu dans chacune de mes paumes. En une millième de seconde, une rafale de fumées noires nous attaque de tous les côtés. Si rapidement que je n'ai pas le temps d'agir, ni de les contrôler. Ils fondent sur nous, à la manière de rapaces face à leurs proies. Je me laisse glisser à terre en me créant un dôme de protection pour qu'ils ne m'atteignent pas, ma sacoche fermement serrée contre moi. De lourdes masses percutent mon champ de force à mesure que les secondes passent et que les murmures s'éteignent. La culpabilité me broie le ventre en songeant à tous mes amis que j'ai incité à suivre en croyant sur mots la Vision de Harry.
  Les fumées noires disparaissent brusquement.
  J'ouvre un oeil, puis le second, constatant que les Mangemorts ont disparu, et me relève vivement. Ma barrière de protection se fait aspirer dans mes Artefacts alors qu'une sueur froide me coule dans la nuque ; les Mangemorts, placés à deux mètres d'intervalles à chaque fois, nous entourent tous et tiennent en otage tous nos amis. Ces derniers se débattent comme ils le peuvent, geignant de douleur. Seule Amy reste silencieuse, le menton haut, la mâchoire contractée, et le regard fixé sur moi, à m'affirmer que ça va. Pourtant, je reconnais d'ici Dolohov qui sourit de toutes ses dents, prêt à l'égorger de son katana qu'il a réussi à lui prendre. Lestrange tient Neville par les cheveux en le menaçant de sa baguette, tel un couteau sous la gorge.
  La pression me monte brusquement alors qu'une flambée de rage vient faire briller mes veines des mains d'un rouge surnaturel. Riez, mes chers ennemis, les relents de l'Enfer sont réservés aux traitres et aux satanistes, me mets-je à penser en les entendant ricaner.
  Un « Tac ! » régulier émit par sa canne à pommeau accompagne les pas de Lucius qui s'approche lentement de nous, l'air autant fier que rempli de mépris.

- Comment avez-vous pu croire... Comment avez-vous pu être assez naïfs pour penser que des enfants et que ma fille, avaient une chance... contre nous ou même contre moi ? nous demande-t-il avec un sourire narquois.

- L'erreur est humaine, ça ne t'en dispense pas non plus, persifflai-je en gardant mon sang froid alors qu'il s'arrête face à nous, dos à l'arche.

- Ah oui ?

  Je préfère rester muette. Car face à un idiot, rien de mieux que le silence pour lui répondre. Il tend alors sa main face à lui, toujours en réclamation des prophéties.

- Le choix va être simple pour vous, les enfants... Vous me donnez les prophéties maintenant ou vous regardez vos amis mourir.

  Je jette un regard dédaigneux aux alentours. Je sais très bien que mon père bluffe, et je pourrais facilement sauver tous mes amis de l'emprise des Mangemorts. Mais pour ça, il faut qu'à mon tour je sois très stratégique. Je prends alors un air dramatique, accablée par la tristesse. Harry, par contre, est véritablement sous la pression de son angoisse personnelle. Son angoisse et sa culpabilité dont il en est rongé.

- Ne lui donnez pas ! nous supplie Neville.

  Lestrange lui tire encore plus les cheveux pour qu'il se taise. Ma mâchoire se contracte d'elle-même. Je sais que je vais pouvoir le faire. Je veux dire... je sais que je peux tous les protéger en projetant un dôme qui ne percutera que les Mangemorts. Sauf que je dois attendre encore un peu.

- Mélody, Harry... commence Lucius. Allons... Les enfants... Vous ne voudriez pas que vos amis soient torturés par votre faute...

  J'ai un rictus amer et décide de gagner du temps.

- Si on te les donne, ces... stupides prophéties, jures-tu de garder parole ?

- Je vous le promets...

  Je sais qu'il ment, et c'est pour ça que j'envoie par télépathie un message à Selìni pour qu'il porte la demande d'aide à l'Ordre du Phénix. Et de mon expérience, j'ai réussi car Selìni est comme Elazia ; tous deux sont mes Anges gardiens, où qu'ils soient, où que je me trouve... Ils savent entendre mes appels à l'aide que je peux leur transmettre par la pensée.

- Comment puis-je être sûre que tu ne nous mens pas juste pour ton profit personnel ? demandai-je alors que Harry commence à vouloir lui donner sa prophétie.

  Quelques Mangemorts éclatent de rire.

- Tu n'es pas en position de marchander, Mélody, dit Lucius, son visage blafard rougissant de plaisir. Vois-tu, nous sommes onze et vous êtes deux... Dumbledore et Éléona ne t'ont-ils pas appris à compter ?

- Oh si, mais... j'ai survécu à beaucoup plus pires, et ma confiance en toi était déjà limitée auparavant mais aujourd'hui, elle a agit comme une gomme ; elle devenue si petite que j'ai du mal à effacer tout ce qui fait de toi... bah... celui que tu es. Alors, sincèrement, explique-moi pourquoi - Merlin ! - je pourrais réellement te faire confiance ?

- Oh mais tu n'as pas le choix, au risque que Dolohov tue dans les pires souffrances la Sang-de-Bourbe qui te sert de complice.

  Il commence à lever sa main pour ordonner au Mangemort de torturer Amy, je réplique aussitôt :

- Non, ça va aller, merci ! J'ai compris...

  Lucius sourit davantage. Harry ne perd pas son temps pour lui donner sa prophétie, la tête baissée, les larmes aux yeux. La prophétie en main, Lucius la regarde avec une fierté indescriptible, inspirant à pleins poumons par le nez pour s'en délecter...

  ... avant de me regarder fixement, l'autre main tendue vers moi.

- J'ai compris d'à quel point tu es mentalement atteint et que tu n'as toujours pas mémorisé tes erreurs passées. C'est vrai, après tout... vous êtes onze. Donc à l'évidence, vous vous croyez invincibles. Seulement... Voilà... Il y a ce petit, hum... détail, que tu as oublié.

  Il ne me prend évidemment pas au sérieux.

- Ah oui, lequel ? dit-il d'un rictus jaune.

- Papa... minaudai-je en faisant un pas vers lui. Je suis une Elementis... Ça te va ?

  Au même moment, la lumière blanche et éclatante d'un transplanage s'ouvre juste derrière lui, laissant place à Sirius et Éléona en personne. Si Harry est surpris, mon sourire à moi se renforce aussitôt. Lucius fait volte-face, ne s'attendant pas à leurs présences.

- Éloignes-toi de ma fille...

- ... et de mon filleul !

  Le poing de Sirius s'enfonce violemment dans la mâchoire de Lucius qui n'a pas le temps de reculer que Tantine lui a déjà envoyé une volute d'air dans le ventre, le catapultant si loin qu'il percute durement les gradins. Éléona a une grimace.

- Oups, trop fort.

  Tout se passe soudain trop vite. De par et d'autre, les membres de l'Ordre apparaissent dans des éclats de lumière. Les Mages Noirs sont complètement désemparés face à cette attaque si soudaine. Tonks, Fol Oeil, Shacklebolt, Remus, Emeline Vance... Chacun des adultes fait pleuvoir sur eux un déluge de sortilèges en sautant de gradin en gradin. Je n'ai le temps que de voir George et Fred apparaître à leur tour, l'air révolté, baguettes dégainées, que je sens quelqu'un me tirer par le bras. Ce quelqu'un n'est rien d'autre que Éléona qui m'abaisse de sorte à ce qu'on soit toutes les deux protégées contre le socle gauche de l'arche.

- Comment... comment vous nous avez trouvé ? dis-je, le souffle court.

- Oh, c'est très simple : Severus qui nous envoie son Patronus, puis une Entité qui m'alerte davantage en recevant un message de ta part, répond-elle nonchalamment en lançant un trio de jets de lumière qui touche deux Mangemorts d'un coup. La prochaine fois que tu veux suivre Harry là où tu n'es pas sensée aller, préviens-moi ! ajoute-t-elle en s'abaissant à nouveau

  Elle m'évite d'être touchée par un sort grâce à un de ses Tao Mandalas générés par son Double-Anneau, et réplique d'une boule de feu sortie de sa baguette.

- Je retiendrais à l'avenir ! répondis-je hâtivement.

  Je me risque à jeter un oeil aux membres de l'Ordre du Phénix mais me retiens en apercevant Sirius et Harry de l'autre côté de l'arche, au pied du socle droit. Harry m'a remarqué aussi. Sa respiration s'accélère.

- Il faut qu'on rejoigne Sirius ! s'écrie soudain Tantine.

  Elle me tire par le bras, garantissant notre protection à toutes les deux avec ses boucliers énergétiques, et on se jette aux côtés de Sirius et Harry. Au même moment, un jet de lumière verte nous manque de peu.

- Combien, à ton avis ? demande Sirius à Éléona en se plaquant contre la roche.

- J'en compte dix ! répond-elle.

  Elle jette un sort par dessus son épaule, sans même prendre le temps de viser. J'ai une exclamation époustouflée en remarquant que ça a atteint Dolohov.

- Plus que neuf.

- Non, il y en a toujours dix, rétorquai-je.

  Éléona m'interroge du regard.

- Il y en avait onze tout à l'heure.

- C'est bien ce que je me disais.

- Ou plutôt ce que tu pensais, rétorque Sirius.

- Toi, contente-toi de faire sortir les enfants, s'il te plait, tu ne dois plus te trouver ici dans cinq minutes.

  Sa parole accélérée me fait froncer les sourcils et mon cœur bat plus rapidement.

- Toi non plus, répliquai-je.

  Elle me dévisage, dans l'incompréhension, mais les sorts s'acharnent sur nous, ne la laissant pas répliquer. De l'autre côté de la salle, Tonks jette des sorts à Bellatrix. Shacklebolt affronte deux adversaires en même temps. Fol Oeil combat Antonin Dolohov. Par contre, nous, on reste bloqué au même endroit. Je grogne de frustration, excédée, et sors à découvert.

- Non, Mélody !

  Sans les entendre, je frappe mes avants-bras ensemble et pousse sur un mur invisible, paumes déployées. Le champ de force percute les deux Mangemorts qui s'entrechoquent l'un et l'autre en tombant évanouis contre une des parois.
  Je me sens brusquement tirée au sol. Éléona s'écrie :

- Ne refais plus ça !

- Ils allaient nous tuer !

  Ne trouvant pas ses mots, elle me serre juste contre elle avant de me relâcher.

- Maintenant écoutez moi bien, tous les deux ! dit Sirius. Vous récupérez les autres, et vous sortez d'ici, que j'aide Leo à affronter ces abrutis !

- Quoi !? Non, on reste avec vous ! refuse Harry.

- Pas question de vous laisser ! ajoutai-je.

- Vous vous êtes admirablement conduits, conçoit Sirius.

- Et on est extrêmement fiers de toi, Mélody, de vous deux, appuie Éléona.

- Mais maintenant, laissez-nous prendre le relais.

- Non, Patmol, reste avec eux, tu-

- On s'est mis d'accord, non ?

  J'ignore de quoi ils parlent. Je n'ai pas le temps de m'en questionner ; Éléona m'embrasse affectueusement sur le front. Ce doit être la bataille qui fait rage autour de nous qui me donne l'impression que c'est la dernière fois qu'elle m'embrasse. Sauf que je sais que j'arriverai à empêcher que cela se produise.

- Je ne compte pas rester les bras croisés, je vous accompagne, répliquai-je catégoriquement.

- Mélody, je t'ai dit de...

- J'ai dit non, Maman ! Pas question sachant ce qu'il pourrait se passer ! 

   Elle en a conscience, et le pire c'est qu'elle ne veut pas se l'avouer.

- Black ! 

- Rogue !

  Nous nous levons tous les quatre dans un même mouvement pour voir Alecto Carrow, une autre Mangemort, se tenir près de Lucius. Les deux ont l'air de vouloir engager le combat, je les comprends là-dessus. Moi aussi j'ai du mal à tenir en place face à des ennemis.

- Alecto Carrow, ça faisait bien longtemps, répond Tantine d'un air majestueux.

  Si Lucius tente de stupéfixer Harry, Alecto, elle, essaie carrément de me torturer à coup de Doloris. Mais je ne laisse pas Éléona et Sirius nous protéger, mes flèches à énergie froide ont déjà fait leur travail en percutant leurs baguettes magiques qui se désintègrent sous le coup. Lucius et Alecto écarquillent des yeux et me fixent avec stupeur. Je vois même la fureur dans leurs regards.

- Ça va faire mal.

  Ils sont brusquement éjectés du sol par mes volutes de fumée et atterrissent douloureusement contre les gradins - à nouveau pour Lucius, quelle ironie. 

- Beaux progrès ! commente Éléona.

- Je sais !

  Je sursaute quand un vent glacial m'effleure la nuque ; on fait toutes les deux volte-face pour voir que Sirius nous a protégé alors que quatre Mangemorts ont déjà dégainé leurs baguettes magiques. L'un pour chacun d'entre nous. Je serre les poings, satisfaite d'avoir enfin de l'action. Alentour, les feux du combat résonnent ; hurlements et sorts sont au rendez-vous, les silhouettes filent en tous sens et les éclairs affluent, incessants. Le sol de pierre explose dans mon dos, frappé par un sortilège qui creuse un cratère à l'endroit où j'ai fait expulsé Lucius et Alecto Carrow. 
  On ne tarde pas à nous engager dans un duel si acharné que personne n'arrive plus à distinguer nos baguettes. Ces dernières flamboient comme des épées, dans un jaillissement d'étincelles.
  Une nouvelle fois, je provoque des volutes de fumée qui percute le Mangemort me faisant face - Macnair, je crois - et l'éjecte du sol. J'ignore où je l'ai envoyé mais il me semble qu'il a percuté un de ses congénères.
  Brusquement, une poigne brutale m'attrape l'épaule. Je me retourne aussitôt et plante ma dague dans l'articulation coudière de mon agresseur. Rookwood hurle de douleur en titubant en arrière et se retire le poignard dans un giclement de sang écœurant. Il m'adresse un regard noir, je lève les mains en l'air, innocente.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'on m'accuse encore d'avoir fait c'que j'ai fait ?

  Mon rictus le rend plus que furieux. Mais avant qu'il ait eu le temps de lever sa baguette magique, il se hâte de disparaître dans un nuage de poussière pour voler de l'autre côté de la pièce. Ce n'est pas étonnant, Amy s'apprêtait à lui faire un trou dans le ventre avec son katana.

- Tu l'as récupéré ? m'étonnai-je faussement.

- T'as vu ça ?

  On se baisse en même temps. Un jet de lumière rouge la manqué de peu. J'entends une exclamation de douleur et fais volte-face en constatant que Tantine a reçu un sort dans le bras qui fait saigner celui-ci abondamment. Aussitôt, ma colère revient faire surface. Je me lève immédiatement et créé une boule d'énergie qui ricochent dans les adversaires d'Éléona, de Harry et de Sirius. Ils se voient alors désarmés. Les deux adultes sourient fièrement et s'avancent tous les deux avec leurs baguettes tendues. Dans un dernier sort, ma mère adoptive et mon grand-cousin les font expulser à quelques mètres dans la fosse.

- AVADA KEDAVRA !

  Je n'ai pas le temps de créer une parois de protection. Un filet de lumière vert touche ma mère adoptive qui s'est placée devant Sirius pour le protéger. À ce moment là, tout se passe au ralentie. Exactement comme pour Daniel. Ma Vision me revient en mémoire, dans le même passage que la réalité. Mes poumons semblent s'arrêter de respirer lorsque Éléona cesse tout mouvement.
  Mes yeux s'écarquillent d'effroi, d'horreur, en la voyant me lancer un regard. Ce regard brisant signifiant qu'une seule émotion ; qu'elle m'a toujours aimée. Mes yeux lisent sur ses lèvres deux uniques mots. Des mots qui resteront à jamais graver dans ma mémoire : « reste forte » et le pire se produit... Elle se fait aspirée par le voile déchiré suspendu à l'arcade.
  Mon cœur se fracture en mille morceaux, brisé, anéanti. L'horreur me gagne peu à peu et la tristesse ne s'en fait pas prier. Une larme tombe sur ma joue brûlante. Les centaines d'autres ne tardent pas à la suivre, à couler sans que je ne les arrête, alors qu'un hurlement d'effroi vrille mes cordes vocales. Trop détruite, je ne me rends pas compte qu'un second sortilège de la Mort touche Sirius, dont les yeux étaient suffisamment écarquillés par l'épouvante à la vision de Éléona. Il bascule à son tour dans le voile, n'ayant même pas le temps d'émir quoique ce soit d'autre qu'un regard rempli d'affection envers Harry et moi.

- Non... Pas eux... Pas elle... Tout mais pas ça... par pitié...

  Je me sens chutée en arrière mais parviens à m'y retenir par je ne sais quel miracle. Poussée par le désespoir, je cours pour essayer de les rattraper mais deux bras encerclent ma taille. Je sais que c'est George, mais je me débats. Les hurlements sortent alors seuls, d'une voix brisée, anéantie de tristesse et d'effroi.

- Non, lâches-moi ! Lâches-moi ! Non, ça ne peut pas être vrai, ÇA NE PEUT PAS ! NON... Non ça ne peut pas être vrai... 

  Plusieurs sanglots sortent de mes tripes tandis que je me débats toujours. Il faut qu'on aille les chercher ! Il le faut, ils... ils sont toujours là, ils ne peuvent pas...
  Je lui donne des coups pour qu'il me lâche, mais Fred arrive pour l'aider à me retenir par les bras. Amy est au sol, en proie à des larmes sans fin, sous le choc par ce qu'il s'est passé.

- NON ! Je vous en supplie ! NON PITIÉ ! Lâchez-moi ! Laissez-moi aller les rechercher ! Ils ne sont pas morts, c'est impossible ! NON ! Je vous en supplie, tout mais pas ça ! N-non... Par pitié...

- Non, Mélody, ne fais pas ça ! 

- Arrêtes !

  Je tente de me débattre.
  Mes mains, l'air... Tout change soudainement... Je ne ressens que de la tristesse, de la culpabilité, de la colère... D'autres sentiments plus horribles les uns que les autres s'emparent de moi. Des sentiments que jusqu'à lors, je n'avais jamais ressenti. Pas même pour Daniel. Du givre couvre immédiatement mes doigts tandis que je me débats pour partir rechercher ma mère adoptive et Sirius en hurlant d'une voix brisée et secouée par des milliers de sanglots. C'est comme si que je suis un miroir fracturé, un miroir qui tombe peu à peu dans un vide sans fond.
  Pourquoi a-t-il fallut que ça arrive ? Pourquoi à elle ? Pourquoi à eux ? Par ma faute ! Je le savais, j'ai vu en rêve leurs morts, et je n'ai rien fait pour l'en empêcher... Je n'ai rien fait... Comme Daniel... Comme Angyalita...
  Au loin, Bellatrix Lestrange se met à rire. À jubiler de satisfaction. Les éclairs de sort continuent à jaillir de par et d'autres, à passer au-dessus de ma tête. Mais c'est comme si qu'ils n'existent pas. Une rage folle noircie mon cœur, une haine viscérale monte au creux même de mon Âme, amenant mes veines à scintiller d'une couleur rouge plus perçante que d'ordinaire.
  J'envoie aussitôt deux volutes de fumée puissantes dans les abdomens de George et de Fred. Ma puissance de magie les éjecte à terre. Je cours à toutes jambes après Lestrange. Cet Être maléfique qui, sous les ordres d'un Double qui réussi toujours à me briser davantage, m'a enlevée les personnes à qui je tenais le plus.
  J'entends les voix réunies de George et de Fred. Ils me supplient de revenir. Je fais le contraire.
  Les larmes me brouillent la vue, mais la colère est plus présente que mon mal-être. Je m'élance dans les airs et percute de mon pied la porte qui donne dans la salle circulaire. Au même moment, Lestrange disparait par l'entrée située de l'autre côté. Je m'y engouffre immédiatement, ne laissant pas le mur circulaire le temps de se mettre à tourner sur lui-même. Je ne prends pas la peine d'attendre l'ascenseur ; sans savoir comment, mon esprit visualise de son propre chef Lestrange et en un éclair, je me suis déjà jetée sur elle dans un hoquet de rage.
  Elle sursaute en tombant à terre et roule sur le flanc en écarquillant ses yeux noirs, alors que je me remets debout en pointant vers elle une lance en argent, matérialisée par ma pensée. Autour de nous, l'atrium est silencieux. Seul l'écoulement d'eau de la fontaine retentit dans ce hall dépourvu de présences humaines à par moi et cette crevarde qui ne va pas tarder à mourir dans les pires souffrances.
  Lestrange se met alors à rire.

- Aller, aller, tues-moi, ma petite Mélody ! dit-elle en imitant une voix de bébé qui résonne en écho sur le parquet verni. Sinon, à quoi ça sert de m'avoir couru après ? Je croyais que tu étais là pour venger mon cher cousin et sa copine de classe, ta chère...

  Elle a une exclamation de suffocation quand la pointe de ma lance commence à s'enfoncer dans sa trachée. Une légère coulée de sang commence à gouliner, son sourire disparait aussitôt. Sa main cherche à tâtons sa baguette magique. Cette dernière apparaît aussitôt dans un éclat de lumière rouge entre mes doigts.

- C'est ça que tu cherches ?

  Son regard s'assombrit.

- Comment tu as fait ça ?

  Elle a renoncé à sa voix de bébé et semble parfaitement stupéfaite.

- Rien qui te sera utile dans l'Enfer.

  À deux mains, je commence à vouloir enfoncer ma lance mais une voix dans un lointain souvenir m'en empêche. La voix de Éléona qui dit « Nous ne sommes pas des tueurs »... Mais tu l'es déjà. Oui, je le suis déjà. Par toutes les vies des satanistes que j'ai prit pour me défendre et uniquement pour me défendre, moi ou un de mes proches. Mais aujourd'hui... Je veux tuer Lestrange uniquement par vengeance... uniquement pour... pour venger la mort de ma mère adoptive et de mon grand-cousin, des gens admirables, qui ne méritaient pas ce sort. Malheureusement, si je tue Lestrange pour ça, je serais officiellement comme elle. À tuer par envie, non pas par simple défense.
   Le doute s'installe subitement en moi. Mais je le raille aussitôt de la carte : si je la tue, j'empêche au moins un psychopathe de sévir et de faire du mal à des innocents. Quitte à ce que mon Âme soit noircie, je préfère sauver des millions de vie que la mienne.

- Vas-y, qu'est-ce que tu attends ? minaude Lestrange en recouvrant son sourire. Tu ne sais pas comment faire ? Je peux tout à fait te le montrer...

  Elle tend sa main pour récupérer sa baguette, j'appuie mon pied sur son poignet et pointe ma lance vers elle dans un grognement de rage. Au même moment, quelqu'un me tape dans le bras. Ce quelqu'un n'est rien d'autre que Harry. Qui est aussi détruit que je le suis. 

- Vas-y, tues-la ! me dit-il, la voix emprise de haine. Tues-la, Mélody, elle le mérite !

  Ma mâchoire se contracte tandis que le sourire de Lestrange s'agrandit.

- J'ai été et je reste la plus loyale servante du Maître des Ténèbres, dit-elle. C'est lui qui m'a appris à maîtriser les Forces du Mal et je connais des sortilèges d'une telle puissance que vous ne serez jamais de taille à rivaliser avec moi, pauvres petits-

  Elle pousse un cri quand je lui plante une dague dans la cuisse. J'appuie brutalement ave mon pied, un sourire amer sur les lèvres, en menaçant de l'égorger avec ma lance sans trembler une seule seconde.

- Tu mériterais de crever maintenant, mais je préfère te voir souffrir autant que tu en as fait pour des innocents, dis-je d'une voix rauque. Tu mériterais de saigner, de crever lentement, plus lentement encore que le temps ne s'écoule... Tu dis connaître des sortilèges plus puissants, mais tu ne m'as jamais eu en face. J'ai fait des choses horribles par le passé, des choses que tu ne peux même à imaginer parce que tu n'es que la servante du toutou qui lèche les bottes de la plus noire des Sorcières, de la plus noire des Âmes... au-près de qui j'ai appris et j'ai fait énormément de choses pour lesquels je me dégoûte encore à ce jour. Mais à ta différence, je sais que ce que j'ai fait était mal, je m'en suis rendue compte bien plus tôt que la plus normale des personnes... Alors tes vaines tentatives de m'effrayer sont inutiles. Car plus rien ne me fait plus peur à ce jour que de redevenir faible comme toi, ou comme les autres Mangemorts qui voudront s'en prendre à ceux que j'aime.

  J'ai un petit rire démentiel digne de Kristine mais fronce aussitôt les sourcils, prise d'un frisson d'effroi. Foutu Conditionnement ! Mais je ne peux pas mettre entièrement la faute là-dessus. Parce que mes actes demeurent inéluctables, à tout jamais. Et malgré sa haine, sa rage, Harry est horrifié par mes mots. Il me regarde comme s'il ne me connaissait pas. Avant qu'il ait pu répliquer quelque chose, la voix de Voldemort résonne dans nos deux esprits.

- Mélody... Harry... Il faut le vouloir...

  Sa présence tout autour de moi essaie de prendre le contrôle de mon corps, comme Kristine a pu le faire par le passé. Je le sens, son souffle près de mon oreille.

- Elle les a tué... Elle le mérite... Vous savez ce qu'ils vous restent à faire...

  Il s'approche de moi. Son murmure frôle mon cou.

- Fais-le !

  Je reste interdite, immobile, mais pas Harry. Harry lui adresse un sort. Voldemort, je le sais, l'évite sans difficulté. Il va même jusqu'à éjecter sa baguette magique au loin.

- Tu es faible, Harry... Mais pas ta jeune amie dont le cœur fonctionne sur une balance prête à flancher du meilleur côté.

  Je sens sa puanteur du Mal me piquer les nasaux, et son souffle de reptile me refroidir la carotide. Mon pouls ne s'accélèrre pas, mais mon cœur, lui, se serre si fort qu'il en vient à me piquer comme des aiguilles.

- Allons, Mélody, tu sais ce que tu dois faire... me murmure-t-il. Tu sais qu'il est temps...

- Temps de quoi ? répondis-je alors que mes lèvres se mettent à trembler d'elles-mêmes.

- De me la donner et de nous rejoindre... Ne sois pas faible... comme l'a été Éléona.

  À peine ai-je senti sa main squelettique effleurée ma sacoche que mon regard s'assombrit.

- Faible comme l'a été Éléona... répètai-je lentement avec une exclamation dédaigneuse. C'est la seule chose qu'il n'aurait mieux pas fallu me dire...

  Je me retourne si brusquement qu'il n'a pas le temps de reculer, la lame de ma lance l'entaille à la joue. Voldemort se redresse en y passant un de ses longs doigts blanchâtres et écarquille des yeux en constatant qu'une traînée de sang rouge vient d'y couler. Son regard assassin fond sur moi, je ne cille pas et lance sans même regarder à nouveau une seconde dague dans l'épaule de Lestrange. Elle émet un second cri.

- Ne bouge pas, Bella, j'en n'ai pas fini avec toi, dis-je en fixant toujours Voldemort. Kristine ne t'a-t-elle donc rien appris à mon sujet, Jedusor ? Si une personne espère me manipuler, il faut qu'elle le fasse avec une certaine... hmmmm... élégance. Et si en plus, juste avant ça, on a commit la pire des erreurs... c'est perdu d'avance.

  Voldemort a alors un étrange rictus.

- C'est justement pour ça que c'est si facile avec toi.

  Je me retrouve brusquement envahie d'une noirceur à laquelle je n'ai jamais fait face. Mon cœur, mon Âme, semblent soudain devenir un passage entre colère et tristesse. Mille douleurs me brûlent la chair jusqu'à l'os, alors qu'on sonde ma mémoire sans que mon Occlumancie ait le temps de répliquer.
  « S'il te plait, Daniel, reste avec nous, d'accord ? ». La tristesse me tord le ventre à la minute où je revis ce souvenir, à la minute où je revis l'impuissance face à la mort d'Angyalita, face à la mort de Cedric et de Sirius. Mais le chagrin est plus fort lorsque je vois Éléona se jeter juste devant lui. L'éclair vert la transperce... comme il poignarde mon cœur brisé.

Tu vois, tu les as vu, mais tu n'as rien fait...

  Cette fois-ci, ce sont toutes les disputes, tous les désaccords avec mon père, avec Drago. Elles m'assènent une colère monstre, tout simplement parce que durant toutes ces années, j'ai été faible.

Oui, FAIBLE. Tu l'as toujours été.
Mais en te joignant à moi, tu seras libérée de tout ce poids qui te pèse...

  Tout ce qu'il y a de plus sombre dans mon passé ressurgit. Les crimes que j'ai commis pour Kristine, le sang que j'y ai versé, notre Pacte de Sang... « Tu te battras à mes côtés, alors ? » Je m'entends lui dire encore une fois : oui. Un simple « oui ». L'histoire se déchaine à nouveau sur moi. Ses poignets sont à nouveau attachés alors que la fillette se met à hurler. Je veux fermer les yeux, mais je n'y arrive pas. C'est comme si qu'on me forçait à regarder, à ressentir encore toutes ses douleurs. « Arrêtez, je vous en supplie ! ». Les mêmes supplications perdurent jusqu'au ministère... jusqu'à ce Billard à injections...

  Supplié est un comportement faible. Tu n'en aurais pas besoin à mes côtés...
Tu pourras régner, te venger... sans que personne ne t'en empêche...
Tu seras enfin à ta place, enfin libre.

Ne l'écoute pas, Emma, il essaie de te faire douter ! s'écrie soudain une voix.

Je n'essaie pas de te faire douter, et tu le sais. Tu es anéantie, détruite. On t'a toujours vu comme une menace pour ce tu étais. La vie ne t'a jamais donné ce que tu souhaitais, elle t'a toujours rit au nez.

Non, Emma, tu es plus forte que ça !

  C'est comme si que mon crâne se broie de plus en plus, que mon cœur bat plus rapidement, tel un cheval galopant plus vite que son esprit le lui permet. Des Visions, par centaines, apparaissent brusquement devant mes yeux. Le sourire de Daniel. L'étreinte de Éléona. David qui me dit avoir confiance en moi. George qui prend mon visage entre ses mains, qui me regarde avec l'amour le plus pur qui puisse exister. 

Regarde-le ! Regarde-les ! Tu n'as jamais été seule !

  Leurs sourires me réchauffent le cœur. Leurs rires sont comme une mélodie, m'acceuillant à bras ouverts dans une bouffée de joie. 

Il ment ! Tes amis se servent de toi, ils te manipulent... Avec toi dans leur camp, ils sont puissants... Moi je peux t'offrir plus... Je peux t'offrir l'Éternité.

  Une éclatante lumière m'éblouie les yeux. Assise sur un trône, je regarde le monde sombrer dans un chaos. À mes côtés, des rires et des quolibets. Des hommes par centaine à mes pieds, prêt à exécuter tous mes ordres. Si j'ai toujours réfuté ça, j'ai l'impression que c'est le seul échappatoire à tout ce qui me poursuit. À tout ce que je veux oublier. Je me vois courir avec des loups squelettiques et affamés, mais libres.

Non, il veut se servir de toi ! Allons, je t'en supplie, reviens à toi ! Tu n'as jamais été seule, on a toujours été là ! George, Fred, les Weasley... Ton frère a changé, grâce à toi !

   Les souvenirs me reviennent. Je les vois, ceux qui m'ont toujours soutenu. Drago me serre dans ses bras, un sourire aux lèvres. Amy rigole avec moi, on se sourit mutuellement, remplie de complicité. J'ai alors un rictus.

Tu vois ! Ils sont ta famille ! 

  Une autre Vision m'arrive. Je suis vêtue d'une armure futuriste, j'ai retrouvé ce que je crois être ma vie Antérieure favorite, ou mon apparence originelle. Je suis étrangement bien, libérée de tout poids, et me sens... moi-même. Pas comme Mélody Malefoy, mais comme Nhemmaria, une Guerrière figée dans mon esprit.

Tu ne t'en souviens peut-être pas, mais c'est celle que tu es. Celle que tu as toujours été.

Ne l'écoute pas ! Ils se servent uniquement de toi !

  Un nuage de noirceur m'enveloppe. Je ressens ce désespoir comme un coup de couteau invisible aux creux de mes entrailles. Je revois ce même instant qui m'a mis dans une rage la plus intense que je n'ai jamais connu ; la mort d'Éléona et de Sirius. J'entends encore leurs discussions qui m'ont fait sentir exclue.

Ils t'ont caché des choses, ils t'ont menti... Je ne serais pas surpris de voir quels autres mensonges se cachent derrière tout ça...

Non, ne l'écoute pas ! Souviens-toi ! Ils ont toujours été là, et qu'importe ce qu'ils ont évité de te dire pour te protéger ! Il n'y a pas eu que les moments atroces dans ta vie, il y a eu aussi l'Amour et l'Amitié !

  L'image de George me revient en tête. Ses paroles d'amour, la confiance qu'il en moi... Non... Il a toujours été là, lui, il ne m'a jamais abandonné ! Par tous les moments, comme mes amis et mes parents adoptifs, ils m'ont soutenu !
  Voldemort essaie à nouveau d'intervenir, mais je décide de ne plus me laisser faire. Selìni a raison ! Je dois arrêter de douter !

« Non... Je ne suis pas faible, et encore moins seule. Parce que j'ai eu un passé qui m'a fait devenir celle que je suis aujourd'hui, je remettrai la faute sur des innocents ? Jamais. »

  Avec l'aide de Selìni, suivi par celle d'Elazia, je revois tous les meilleures moments de ma vie ; les moments avec Éléona et Daniel qui ont toujours été de véritables parents adoptifs ; l'ambiance qui régnait au château ; George et Fred, Amy et David, le début d'une grande amitié avec Remus et Tonks, mes réconciliations avec Drago... Absolument tout.

« Ma vie, c'est aussi celle de George. Nos cœurs sont liés d'une manière que tu ne pourras jamais comprendre, Jedusor. Parce que George me fait vivre, il me donne l'espoir que j'ai besoin chaque jour, le rayon de soleil qui m'aime plus que personne ne pourra jamais m'aimer. Tous mes proches sont là pour moi et me soutiennent sans que je ne leur demande. Ce que toi tu ne pourras jamais comprendre. Le serviteur du Mal, c'est ce que tu es. Et je ne vendrai pas mon âme à toi ou à Kristine... La prophétie dit vrai ; j'ignore quand, ni comment, mais je finirai par te battre et libérer l'emprise du Mal sur le Bien ! Je jure de le faire ! Je jure de le faire, quoiqu'il m'en coûte ! »

  Il est désormais incapable de rester dans ma tête à cause d'une force invisible qui semble décidée à l'obliger de me laisser tranquille. Malheureusement, c'est sans compter l'aide de Kristine dont la présence agit comme mille ombres me rasant la peau, me piquant chaque parcelle de pores avec leurs auras destructrices. Telles des centaines et des centaines de brûlures à la fois. Mon corps est crispé de douleurs plus que d'émotions destructrices. Parmi mes gémissements de souffrance, j'entends la voix de Harry au loin qui s'angoisse.

- Non... murmurai-je en me tenant la tête, affaiblie par une migraine atroce. Lâche-moi, laisse-moi tranquille !

  Des sifflements de serpent et des craquements résonnent dans le creux de mes oreilles.
  L'image surplantée de visages reptiliens aux traits humains me fait contracter la mâchoire. Je sursaute en sentant une présence juste derrière moi. Ou plutôt trois immondes et gigantesques langues flottantes vouloir m'immobiliser par le cou. Les Ombres entourent mes jambes comme des lianes, perçant mes cuisses de la même manière que des aiguilles chauffées à blanc.

- Non... Non ! Pas ça !

- Mélody ! s'écrie Harry.

  Je ne le vois pas, prise d'un tournis dans cette sphère de noirceur qui commence peu à peu à se refermer sur moi.

- Harry ! m'écriai-je. Aide-moi, je t'en supplie, elles recommencent ! Harry !

  La panique me gagne à mesure qu'elles enserrent mes poignets. Et l'angoisse devient rapidement un sentiment de terreur. Pétrifiée par l'horreur, je les sens qui veulent me prendre à la carotide pour entrer dans ma bouche. Je me plaque les mains à la gorge, commençant brusquement à étouffer. Non, ça ne peut pas se terminer comme ça ! Pas encore ! Pas à nouveau ! Elles ne peuvent pas prendre le contrôle ! C'est comme si que des Détraqueurs ont fait de moi leur diner le plus luxueux. Je sens des mains putréfiées m'écarter les lèvres de force, m'obligeant à aspirer leur décomposition spectral. Soudain, une image me vient en tête : Daniel. Son visage se plante dans mon esprit et son courage de guerrier me revient comme si qu'il vient de m'offrir son énergie pour m'aider à combattre et repousser ces infâmes créatures.
  Kristine l'a comprise, elle essaie de m'immobiliser - invisible aux yeux de tout le monde sauf de moi. Je la vois, à travers mes yeux plissés de douleur, qu'elle me fait face sous sa forme Sépulcreuse.

- Dégage... commençai-je difficilement.

- Non ! ricane-t-elle dans mon esprit. Non ! Je les veux et tu ne m'en empêcheras pas.

  Ses trois langues scindés en deux passent autour de ma gorge pour m'attirer vers elle, mais le courage de Daniel actionne mon cœur. Je me concentre de toutes mes forces en faisant le vide dans mon esprit, imaginant que les Ombres et Kristine ne sont pas là, imaginant que je dois protéger David et George... Une exclamation de haine m'éprend à l'instant où je parviens à reprendre le contrôle. La boule de lumière se déploie d'elle-même. Les Ombres se mettent à hurler d'effroi et leur sphère de noirceur se déchire brusquement, semblable à une bombe qui exploserait.
  Je me sens violemment atterrir à terre et suis prise d'une quinte de toux dans laquelle je crache toute la magie Noire que Kristine a commencé à faire entrer en moi. Je passe vivement et à plusieurs reprises mes doigts sur ma trachée, dans l'espoir de défaire toute cette emprise. Ce goût atroce de fer brûlé et de souffre menace de me faire vomir mais je me retiens en inspirant à grandes goulées, malgré le feu qui me brûle les poumons.

- Mélody !

  Je me redresse aussitôt et vois que Harry est aux mains de Voldemort. Kristine a disparu, tout comme les Ombres et Lestrange.

- Alors comme ça, tu crois pouvoir combattre les Ténèbres ? grogne Voldemort, furieux, en brandissant sa baguette magique vers Harry. Hein ? Alors cette fois-ci, rien ne m'empêchera de le tuer ! Avad-

  Sans attendre, je balance une dague dans son poignet qui le fait relâcher Harry. J'adresse une volute de fumée dans son torse pour l'éloigner et parcourue pourtant de douleurs atroces de par et d'autres, me mets sur mes deux pieds en faisant face à Voldemort.

- Très peu pour moi cette idée... lançai-je dans un souffle difficile, la main plaquée à mon plexus solaire.

  Je me sens épuisée, lessivée, et mes poumons ont l'air contracter de partout. Mais je ne compte pas laisser tomber. Ou du moins, pas jusqu'à ce que cet abruti disparaisse de ma vue et abandonne son idée de vouloir tuer Harry. De vouloir tuer mon meilleur ami.
  Voldemort me dévisage longuement, l'air impérieux et malveillant, son regard implacable rivé sur moi.

- Mais si tu t'en prends encore à Harry, là, je jure que je vais vraiment te faire la peau, m'enhardis-je alors que mes Artefacts me redonnent toute l'énergie que j'ai perdu.

- J'aimerai bien voir ça, mais tu m'as exaspéré trop souvent et trop longtemps. AVADA KEDAVRA !

  Je frappe mes deux bras ensemble, suivis de mes poings serrés. Un bouclier énergétique se déploie aussitôt, faisant ricocher le sort pour l'envoyer dans la fontaine. Une oreille de gobelin en traverse la pièce dans un incroyable vol plané. Mon bouclier disparait à l'instant même où je regarde ma Bague et mon Bracelet avec un sourire soulagé. Malgré leurs puissances de noirceur, les Ombres n'ont heureusement pas pu les atteindre.

- Quoi ? s'écrie Voldemort, plein de stupeur. C'est impossible ! dit-il dans un souffle.

- Seulement si tu crois que ça l'est, alors maintenant, prouve-moi ton incompétence, vas-y.

  Sans attendre, vexé, il tente à nouveau de m'envoyer son sortilège signature qui fini cette fois-ci dans la tête du Sorcier. Elle s'éjecte de sa statue pour détruire une fenêtre du deuxième étage. Je lâche un soupir agacé en dégageant une mèche devant mes yeux et m'humecte la lèvre.

- Si tu m'envoies un autre Kadavra, je vais sérieusement m'énerver.

  Voldemort me fixe avec une haine non dissimulée. D'un regard vers Harry, je peux en juger que celui-ci est en plein moment de tristesse, son regard vide et ses bras pantelants le prouvent amplement. Mais le deuil viendra après pour moi, je n'ai pas le temps de m'y attarder.

- Ton esprit méprisable a tort, Mélody, siffle Voldemort en serrant les dents. Rejoins-moi, allies-toi à ma cause. Tu verras, cela te plaira.

- Oh non, ce qui me plairait c'est que tu dégages de ma vue et que toi et Kristine ne vous en preniez plus aux innocents.

  Le regard de Voldemort divague légèrement sur Harry. Ce dernier s'en rend compte car il semble figé de stupeur, incapable de faire un geste. Il me regarde, la respiration sifflante, l'air de s'angoisser pour moi. En réalité, de mon côté, c'est pour lui que je m'inquiète. Harry n'a pas la force mentale pour pouvoir réellement affronter Voldemort à travers son esprit. Le concerné a un vague sourire dégoûté sur ses lèvres émaciées.

- Ainsi, tu as peur pour tes amis ? dit-il en se tournant vers moi. Es-tu donc aussi sotte que ça ? L'Amour est une faiblesse, Mélody...

- Non, c'est une force !

  À peine ai-je lâché ces mots que je lui balance une boule de feu aussi grosse qu'une balle de yoga. Il l'évite aussitôt en disparaissant. Je fronce les sourcils et tourne sur moi-même pour retrouver cet abruti. Il n'est pas dans mon champ de vision, ça, je le sais.

- Aller... Amène-toi, Jedusor, que je puisse t'arracher en personne le caillou qui te sert de cœur.

  Soudain, un feu vert se met à brûler dans l'une des cheminées et Dumbledore apparaît, faisant quelques pas qui suffisent amplement à me faire me demander ce qu'il vient faire là.

- Mélody !

  Je n'ai le temps que d'entendre ça. Je me mets à hurler comme une aliénée lorsqu'un Doloris m'atteint en plein dans le dos. L'éclair, égale à trois sorts réunis, vrille ma colonne vertébrale de la même façon que si Voldemort s'amuserait à retracer les marques du fouet. Je tombe à terre en tressaillant sans m'arrêter, prise de convulsions plus horribles les unes que les autres. Les larmes viennent d'elles-mêmes, coulant sur mes joues brûlantes.

- C'est douloureux, n'est-ce pas ? lance Voldemort en me surplombant de toute sa hauteur. La douleur de ton erreur ? Endoloris !

  Cette fois-ci, je contracte la mâchoire en me concentrant pour ne pas hurler, ressentant cette même sensation d'une trentaine de lames qui me rentreraient toutes ensembles dans le corps.
  Mon souffle est coupé par son coup de pied dans mon visage, me faisant perdre ma concentration. Un long cri strident sort de mes entrailles au moment où sa voûte plantaire s'abat sur ma cheville droite. Je contracte mes abdominaux par la douleur et porte ma main à mon pied pour retirer le sien. Ma force est insuffisante sur le moment et son sourire de démon me fait le hair de toute mon Âme. La voix de Dumbledore résonne brusquement.

- Ça suffit comme ça, Tom ! Laisse la tranquille !

  Il parait furieux.

- Oh... Comme c'est exaltant... Une nouvelle petite protégée, comme Harry Potter ? Endoloris !

  Une énième douleur me fait hurler. Une douleur commune à un liquide brûlant qu'on m'injecterait et qui me consumerait de l'intérieur. Ma tête tourne... Mes membres endoloris me font terriblement souffrir... Ma vue est semblable à un champ de mines ; plusieurs éclats de lumière m'apparaissent, comme si j'aurai longtemps fixé le Soleil.
  Tremblante, je sanglote de douleur et de rage, alors qu'un nouveau coup de pied beaucoup plus brutal atterrit dans mes côtes, me faisant faire un rouler-boulet au sol dans un cri étouffé. Mon front percute une colonne, m'ouvrant douloureusement la tempe. Je geins à terre, le nez en sang et une migraine en guise de félicitation pour mon audace. Je tente de prendre une bouffée d'air. La seule chose que j'obtiens est la douleur familière de côtes cassées et celle lancinante d'une cheville brisée.

- Espèce d'ordure de Reptilien de mes deux... me mis-je à jurer en laissant l'arrière de mon crâne retomber lamentablement au sol.

  Je suis fatiguée, tant mentalement que physiquement. Mon corps ne réclame qu'une chose : se reposer.

- J'ai dit que cela suffisait ! Laisse Mélody en dehors de tout ça ! crie Dumbledore avec une certaine colère que je ne lui reconnais pas. En contrepartie, Tom, je pense devoir t'informer que c'était idiot de ta part de venir ici. Les Aurors sont en route... continu-t-il plus calmement.

- Mélody ! s'écrie Harry à mi-voix en se jetant à mes côtés. Mélody !

  Il secoue ma tête entre ses mains, j'ouvre difficilement les yeux dans un souffle difficile. Ma vue est troublée de larmes qui semblent le briser. Pourtant, il a l'air rassuré.

- Quoi ? Tu croyais que j'étais morte ? lâchai-je dans une grimace, préférant rester au sol que de m'octroyer plus de souffrances aux côtes.

  Dumbledore nous protège, ça va de soit.

- Non, je... je... je m'inquiétais ! Tu... tu as failli te faire tuer...

- Oh, crois-moi, ce n'est pas à lui que j'accorderais le droit de m'achever.

  Prise de tremblements à cause du Doloris, je le laisse me prendre dans ses bras pour m'aider à me relever. Mais sous mon injure de douleur, il m'est impossible de tenir debout ; ma faiblesse physique se révèle très vive.

- Harry... murmurai-je difficilement. Je ne peux pas... Je ne peux pas... Mes côtes et ma cheville... Je... Je n'arrive pas...

  Essoufflée plus que de moyenne, je peine à bien respirer et me mords la lèvre inférieure par la douleur horrible qui me parcoure la cage thoracique et le pied.

- Peut-être que tu ne peux pas, mais je suis là. Je... T'en fais pas.

- Harry... Tu n'es pas en sécurité ici, va-t-en... Vas rejoindre les autres...

  Il secoue négativement la tête, effaré de mes propos.

- Non, dit-il à mi-voix. Non, je ne te laisserai pas.

- Harry...

- Non, Mélody ! Sirius m'a déjà quitté, je ne veux pas te perdre, je... je reste avec toi !

- Tu risques la mort, Harry, il faut que tu t'en ailles et vite !

- Tu ne te rappelles pas ? On l'a déjà frôlé plusieurs fois, la mort, et on est toujours vivants. Parce qu'on est restés ensemble. Tu... tu es comme une sœur pour moi, Mélody, je ne peux pas t'abandonner. Alors tu vas t'appuyer sur moi.

  Je contracte la mâchoire, les yeux baissés à cause de la honte que je ressens. Je suis sensée être une guerrière, je n'ai pas besoin d'être assistée ! Pourtant, en ce moment, la dernière chose que je peux faire est tenir debout.
  Harry passe ses bras autour de moi - évitant tout contact avec mes côtes - et me serre doucement contre lui pour me soutenir. Épuisée, un pied gardé à hauteur des genoux, je laisse pour le moment ma tête reposée contre son buste alors qu'il me caresse maladroitement les cheveux, savant pertinemment, tout comme peut bien le savoir Amy, que ce geste apaise généralement mes tensions. Et le pire, c'est que ça fonctionne.

- Quand ils seront là, je serai partis ! assure Voldemort à Dumbledore. Et toi, tu seras mort...

  D'un geste de sa baguette magique, Dumbledore nous écarte Harry et moi pour nous éloigner du combat. Voldemort lance un sortilège mortel à Dumbledore mais ce dernier riposte d'un éclair rouge.
  Harry m'aide à m'asseoir contre un mur sous mes grimaces de douleurs et s'installe à mes côtés en me gardant dans ses bras.

- Ça va aller ? s'inquiète-t-il.

- Oh, oui... murmurai-je difficilement. Mais... mais je crois que je suis hors jeu pour le moment... Mes côtes... Cet abruti me les a... il me les a fêlée - cassé pour ma cheville - avec ses coups... J'ai mal au-aussi à cause de tous ses Endoloris... Ça ne m'était plus arrivée depuis... depuis le ministère à part tout à l'heure, dans... dans l-le bureau d'Ombrage...

  Mon souffle devient de plus en plus compliqué à mesure que je parle, et mes tremblements incessants ne m'aident pas. Et malgré qu'un combat fait rage juste devant nos yeux, c'est comme si qu'il y a un écran noir sur ma vue. Je ne m'importe plus des douleurs, je ne fais que songer à Éléona et Sirius. Les larmes ne me viennent pas pour la simple raison que j'en suis incapable pour le moment, mais... je n'arrive pas à croire qu'ils soient morts si subitement. Je n'arrive pas à croire que je ne reverrai plus Tantine et Sirius comme je ne vois plus Daniel sauf en Esprit... Que vais-je dire à David ? Que vais-je bien pouvoir lui déverser comme flot de vérités ? Que j'ai vu notre mère adoptive se faire tuer devant mes yeux, impuissante alors que je savais que c'était aujourd'hui ? Que j'avais eu une Vision au préalable par toutes les fois où je l'ai vu en cauchemars ? 
  Ce sont des éclairs venant des baguettes, jaillissant juste au-dessus de nos têtes, qui me sortent de mes pensées si brusquement que j'agis comme un vieux réflexe ; un champ de force s'agrandit immédiatement pour nous protéger Harry et moi. Un champ de force violet par mes émotions mélangées. 

- Mélo, tu n'as pas la force ! s'écrie Harry en me reprenant dans ses bras.

- Remercie-moi, tu serais mort à l'heure qu'il est, grognai-je, le souffle court.

  Je grimace en me tenant les côtes, quand l'on voit Voldemort provoquer un gigantesque serpent de feu qui se dresse, semblable au Basilic, prêt à frapper... Dumbledore recule de plusieurs pas et lève sa baguette pour tenter de le contrôler. Je secoue négativement la tête.

- Il va se faire tuer, murmurai-je.

- Mélo, non !

  Je n'écoute pas Harry que je trouve la force intérieure pour me relever sans me soucier de mes côtes douloureuses. Je titube à cause de ma cheville mais utilise mon don pour léviter et pousse Dumbledore pour le protéger des gerbes de flamme. Confiante, déterminée, je tends mes mains face à moi, de la même façon que quelqu'un voulant parler en haut parleur, et aspire à grande goulée le feu comme de l'air.
  Les flammes entrent dans mes poumons, agissant identiquement à un gain d'énergie qui guérie instantanément mes côtes pour m'offrir un bien-être incroyable. Je sens même l'os de ma cheville se ressouder douloureusement. Mais se ressouder, garantissant donc qu'elle n'est plus brisée. Je parviens à remettre mon pied à terre, aider de ma régénération cellulaire.
  La salle est soudain plongée dans un silence absolu. Le regard de Voldemort, de Dumbledore et de Harry sont figés sur moi, interdits, stupéfaits. Car les veines visibles de mon corps sont devenues brusquement éclatantes, d'un rouge flamboyant, fluorescent. On dirait... une sorte d'électricité passant dans chacun de mes pores pour m'offrir guérison et énergie.

- C'est impossible... murmure Voldemort pour la deuxième fois, prit d'une sombre rage.

- Et pourtant, je n'ai qu'une seule chose à dire : piquantes ces p'tites merguez !

  Je ressens alors un cruel besoin d'extériorer tout ce feu. Mes Artefacts s'en chargent sans problème ; dans mes paumes, se créent seules des boules d'énergie qui grandissent de plus en plus à mesure que je les rapproche toutes les deux pour en façonner une bien plus imposante qui provoque une longue rafale de vent. Jusqu'à ce que l'électricité qui me parcoure les doigts commencent à tellement peser que d'un simple mouvement de bras, j'en expulse la totalité en champ d'énergie scalaire. Les ondes que je suis la seule en capacité à voir traversent Dumbledore pour venir percuter Voldemort. Ce dernier se protège juste assez pour ne recevoir que des débris. Malheureusement, l'énergie quantique finit par s'écraser contre les fenêtres des nombreux bureaux du ministère. Les carreaux explosent dans un son semblable à celui d'un souffle dans une bouteille et les débris atterrissent au sol dans un bruit aigu à faire mal aux oreilles. Essoufflée, je me retourne en sentant des regards perdurés sur moi. Dumbledore et Harry me dévisagent, l'un avec une certaine allégresse de stupeur, l'autre avec grande inquiétude. Je n'ai le temps d'apercevoir que ça car Harry se met à hurler :

- Attention !

  Je tourne ma tête aussi vite que mes cervicales me le permettent.
  Voldemort réapparaît brusquement juste devant la statue et brandie sa baguette de telles sortes à ce que tous les débris se soulèvent du sol.

- Oh non.

  C'est tout ce que j'ai pu dire.
  Les débris volent par centaines, comme s'ils sont aimantés vers nous. J'écarquille des yeux par la maîtrise de son sort, plus qu'effarée, avant qu'une paroi de protection surgisse juste devant moi. Je fais volte-face et remarque sans stupeur qu'il s'agit de Dumbledore, baguette levée et sourcils légèrement froncés. Un nuage de poussières me fait me protéger immédiatement le visage de ma main alors que je détourne la tête, et je ne peux que féliciter Dumbledore de son ingéniosité soudaine ; la paroi magique a transformé les résidus de verre en sable. 

- Miss Malefoy, vous allez bien ? me demande Dumbledore.

  Je sors un juron en voyant Voldemort disparaître dans une tornade de sable noir.

- Ça pourrait aller mieux, merci pour votre aide, Professeur, répondis-je distraitement.

  Les sourcils froncés, je me concentre pour capter le moindre son qui sortirait de l'ordinaire. Dumbledore l'a comprit aussi, il s'écrie brusquement :

- Restez tous les deux où vous êtes !

  Pour la première fois, il parait effrayé. Et le pire, c'est que je sais pourquoi...

- Voldemort est encore dans les parages, lâchai-je à mi-voix. Ça m'étonnerait qu'il soit parti comme ça, lui qui adore se donner en spectacle morbide.

  C'est comme si qu'on vient d'en claquer des doigts ; Harry s'effondre brusquement au sol.

- Harry ! m'écriai-je en me jetant à ses côtés.

  J'épargne à mon corps la préoccupation de ma cheville douloureuse, je prends vivement sa tête entre mes mains pour le regarder dans les yeux.

- Harry ! Harry, surtout, ne te laisse pas faire par cet ordure !

  Mais c'est trop tard. Si un seul touché me suffit en général pour ressentir les douleurs de l'autre, cette fois-ci, la sensation est démultipliée ; je vois à travers les yeux de Harry. Je vois et je sens la bataille intérieure qui fait rage en lui. Pire que lorsqu'il m'en a fait subir, Voldemort trouve aisément toutes les failles chez Harry, toutes ses faiblesses. Il le possède de sorte à pouvoir parler à travers lui.

- Tu as perdu, Vieillard, dit-il à Dumbledore d'une voix rauque.

  Harry hurle de douleur. Je contracte la mâchoire, les larmes aux yeux.

- Non, je peux l'aider... murmurai-je. Je... je peux...

  Mais Dumbledore m'en empêche en posant ses mains sur mes poignets alors que je m'apprêtais à plaquer mes doigts contre ses tempes. Je le regarde, la respiration accélérée. Le directeur secoue négativement la tête.

- Il faut qu'il le fasse, dit-il doucement. Sans ça, il n'arrivera jamais à lutter.

  Le pire, c'est qu'il a raison.
  Impuissante, je fixe Harry se tordre de douleurs et affronter ses propres démons. Les larmes se mettent d'elles-mêmes à couler par cette vision. Je déteste ça. Je déteste voir ceux que j'aime souffrir. Encore et encore, sans rien pouvoir faire.

- Harry, dit Dumbledore, ce ne sont pas vos ressemblances qui comptent... Ce sont vos différences.

  Mon cœur semble pouvoir se broyer en l'entendant crier de douleurs.

- Harry, penses à Hermione, à... à Ron, dis-je d'une voix tremblante. Tu n'es pas seul, on est tous avec toi. Alors résistes-lui. Résistes-lui, Harry, tu en es capable !

  Des voix se mettent à résonner dans le hall. Je n'ai pas besoin de les regarder, je sais que ce sont nos amis. Je sens le regard de George, de Fred et de Amy nous fixer avec inquiétude.

- Harry... Regardes, ils sont là, tout le monde est là... murmurai-je. Tu n'es pas seul.

  Harry se tord de douleurs et alors que je crois possible qu'il n'y parvienne pas, il réussit à résister.

- C'est vous qui êtes faible... dit-il à mi-voix. Vous ne connaîtrez jamais l'amour ou l'amitié... je vous plains sincèrement...

- Oui, c'est bien, Harry, continus comme ça ! m'exclamai-je aussitôt. Continus à lui tenir tête !

  Brusquement, Harry roule sur le flanc, étendu à présent sur le dos dans une exclamation de souffrance, et tout un filet de noirceur sort de son thorax, me faisant avoir un sursaut de recule. La tête levée, je sens mon regard s'assombrir et mes larmes disparaitre lorsque Voldemort se penche au-dessus de Harry. Ce dernier, incapable de répondre, ne constate pas l'espèce de sphère qui nous entoure et nous sépare de Dumbledore.

- Tu es un idiot, Harry Potter... dit-il mielleusement. Et tu vas perdre... Tout perdre...

- Pas si je t'en empêche, persifflai-je sèchement.

  Voldemort se tourne vers moi. Ses yeux brillent soudain d'une lueur bleue, nacrée comme un coquillage. C'est alors la voix rauque de Kristine qui retentit à travers ses lèvres.

- Tu pourras empêcher cet idiot, mais pas un Double créé par un Pacte.

  Son ricanement est le dernier des ramparts entre le moment où Voldemort reprend contrôle de la situation et l'instant où l'on entend le bruit des cheminées qui font apparaitre, une à une, les centaines d'Aurors que je n'ai malheureusement pas mis encore au tapis lors de mon séjour au ministère. Voldemort disparait à l'instant même alors que Fudge est frappé d'horreur.

- Il est revenu ! murmure-t-il.

- Un peu qu'il est revenu, ironisai-je en serrant les dents.

  Je prends Harry dans mes bras alors qu'il commence à tomber dans l'insconscience. D'un élan protecteur, je pose mes doigts droits sur l'une de ses tempes et sens mon regard briller d'une lueur dorée.

- Plonge dans un sommeil long et profond, tout va aller maintenant, tu peux me faire confiance, Harry, murmurai-je.

  « Je reste à tes côtés », ajoutai-je par la pensée au coin de son oreille. Sa respiration s'apaise et ses muscles crispés se décontractent. Je le serre contre moi en le recoiffant légèrement, sans prendre en compte les frayeurs de Fudge.

- Par la barbe de Merlin... Ici... Ici même ! Au ministère de la Magie ! Par tous les dieux du ciel ! Comment est-ce possible... ma parole... comment cela a-t-il pu... ?

- Allez donc faire un tour au Département des mystères, Cornelius, dit Dumbledore.

  Assuré de me savoir aux côtés de Harry, prête à veiller sur lui, il se relève et s'avance ostensiblement afin que les nouveaux venus s'aperçoivent pleinement de sa présence (quelques-uns d'entre eux lèvent leur baguette, d'autres paraissent simplement stupéfaits).

- Vous trouverez dans la chambre de la Mort plusieurs des Mangemorts évadés, immobilisés par un maléfice Antitransplanage, en attendant de savoir ce que vous comptez faire d'eux.

- Dumbledore ! bredouille Fudge, médusé. Vous... Ici... Je... Je... Et... Et Malefoy, présente, aux côtés de Harry Potter...

  Il lance des regards frénétiques aux Aurors qui l'accompagnent. De toute évidence, il est à deux doigts de s'écrier : « Saisissez-vous d'eux ! ». Comme mes meilleurs amis, George a suivi son regard. Ils se précipitent tous à mes côtés, les yeux lançant des éclairs. Je pose ma main sur celle de George, dont les bras m'entourent déjà pour me serrer contre lui. Son étreinte me donne envie de pleurer à en évacuer toute l'eau de mon corps, mais je ne peux pas ; pas devant les autres et encore moins face à Fudge et ses larbins. Pas maintenant alors que Harry a encore besoin de moi... Pas... Pas après tout ce qu'il vient de se passer. Et même si je suis totalement brisée par la mort de Éléona et de Sirius, je... je ne dois pas prendre cette excuse.

- Cornelius, je suis prêt à affronter vos hommes - et à la vaincre une fois de plus ! tonne Dumbledore. Mais, il y a quelques minutes, vous avez eu devant les yeux la preuve que, depuis un an, Miss Malefoy et moi-même vous disions la vérité. Lord Voldemort est revenu, vous avez recherché pendant douze mois un homme qui n'était pas coupable et il serait temps que vous redeveniez raisonnable !

- Je... Ne... Bon... bégaye Fudge.

  Il jette un coup d'œil autour de lui comme s'il espère que quelqu'un lui dise ce qu'il doit faire. Voyant que personne ne réagit, il poursuit :

- Très bien... Dawlish ! Williamson ! Descendez au Département des Mystères et voyez ce qu'il en est... Dumbledore, il... il va falloir que vous m'expliquiez exactement... La fontaine de la Fraternité magique... Qu'est-ce qui s'est passé ? ajoute-t-il dans une sorte de gémissement en contemplant les débris des statues de la Sorcière, du Sorcier et du centaure, éparpillés sur le sol.

- Ça, ce n'est pas lui, mais moi, dis-je d'un ton glacial. Et j'en suis fière.

- Nous parlerons de tout ça lorsque j'aurai renvoyé Harry et ses amis à Poudlard, et Miss Malefoy chez elle, intervient Dumbledore en voyant que Fudge s'apprête à poser des questions.

- Chez moi ? murmurai-je.

  Je secoue négativement la tête.

- Mais où est-ce que vous voulez que j'aille, maintenant ? Et... et je ne peux pas partir de l'école comme ça... bégayai-je d'une voix faible, ressentant brusquement tous les effets négatifs des horreurs précédentes.

- Miss Malefoy, je vous assure que Poudlard et ses examens - finis qui plus est - n'ont plus d'importance pour le moment avec ce que vous venez de vivre, assure Dumbledore d'un ton rassurant. Et je crois que Fred et George ne verront aucun inconvénient à vous ramenez avec eux, ajoute-t-il en adressant un regard inquisiteur aux jumeaux.

- Évidemment, affirme Fred.

- Totalement, appuie George en me serrant davantage contre lui.

  Dumbledore s'éloigne du bassin et s'approche de l'endroit où se trouve la tête arrachée du sorcier d'or. Sa baguette pointée, il murmure :

- Portus.

  La tête brille d'une lueur bleue et se met à vibrer bruyamment contre le sol pendant quelques secondes avant de redevenir inerte.

- Attendez un peu ! dit Fudge alors que Dumbledore ramasse la tête d'or pour l'apporter à mes meilleurs amis - dont Ron et Neville passent déjà les bras de Harry autour de leur nuque. Vous n'avez aucune autorisation pour ce Portoloin ! Vous ne pouvez pas faire des choses comme ça sous les yeux du Ministre de la Magie, vous... vous...

  Sa voix s'étouffe sous le regard impérieux de Dumbledore qui le fixe par-dessus ses lunettes en demi-lune.

- Vous allez donner l'ordre de mettre fin aux fonctions de Dolores Ombrage à Poudlard, déclare-t-il. Vous allez dire à vos Aurors d'arrêter de rechercher mon professeur de Soins aux créatures magiques afin qu'il puisse reprendre son travail. Je vais vous accorder... (Dumbledore tire de sa poche une montre à douze aiguilles qu'il consulte d'un bref coup d'œil.) une demi-heure de mon temps, au cours de laquelle je vous résumerai l'essentiel de ce qui s'est passé ici. Après cela, il faudra retourner à mon école. Si vous avez encore besoin de mon aide, je serai ravi de vous l'apporter, il vous suffira de me contacter à Poudlard. Les lettres adressées au directeur me parviendront.

  Fudge, les yeux exorbités, reste bouche bée, son visage rond rosissant à vue d'œil sous ses cheveux gris.

- Je... Vous...

  Dumbledore lui tourne le dos.

- Prenez ce Portoloin, les enfants, et amenez ensuite Harry à l'infirmerie, des soins sont requis. Autant pour lui que pour vous.

  Il leur tend la tête d'or de la statue et après un regard inquiet vers moi, Amy, Hermione, Luna, Neville et Ron - portant Harry - posent leurs mains dessus.

- Je vous retrouverai dans une demi-heure, dit Dumbledore à voix basse. Et n'ayez crainte, Miss Malefoy sera dans son état lorsque vous la reverrez - du moins, je l'espère du fond du cœur. Un... deux... trois...

  On les voit disparaitre aussi vite que Remus et Emmeline Vance s'approchent de nous. Dumbledore leur fait un sourire conciliant, les sourcils un peu froncés en me regardant un instant, puis se tourne vers Fudge et la ribambelle d'Aurors qui me fixent depuis bien trop longtemps à mon goût. Mais c'est comme si qu'ils n'existent pas pour moi. Je suis là, le regard fixe et voilé, incapable de réellement trouver une pensée qui m'éloignerait du résultat final. Le résultat qui mène aux seules personnes qui restaient pour moi des adultes auxquels je tenais plus qu'à la moitié de mes proches...

- Si nous allions discuter autour d'une tasse de thé, Cornelius ? dit Dumbledore.

  Si la foule de la police magique se dissipe, Remus, quant à lui, s'agenouille à ma taille pour essayer de me regarder dans les yeux.

- Mélody... commence-t-il.

  Je ne l'entends pas. Je m'y refuse. Car je sais ce qu'il va me dire.

- Où sont Tonks et Shacklebolt ? demandai-je simplement d'une voix dépourvue d'émotion.

- Encore au Département des Mystères avec Alastor, ce sont eux qui ont bouclé la plupart des Mangemorts, répond Emmeline Vance.

  Je sais qu'ils sont dans un mauvais état. Ma vision a beau être floue, elle ne me trompe pas pour autant : du sang séché coule de la lèvre inférieure de Remus, il parait d'ailleurs plus fatigué que d'ordinaire, et Emmeline Vance a un début d'œil au beurre noir qui se marque davantage quand ses yeux se plissent de façon presque maternelle. 

- Mélody, écoute-moi... dit Remus.

- Il n'y a rien que j'ai envie d'écouter à présent, répondis-je dans un murmure.

  « Je n'ai même plus envie de rien », que je me garde bien d'ajouter.

- Ma Belle, on... on devrait rentrer. Tu... tu ne vas pas bien - et tu as toutes les raisons de ne pas l'être, ajoute précipitamment George. Mais tu serais quand même mieux-

- Mieux où ? soufflai-je à mi-voix en tournant ma tête vers lui, l'air perdu.

  Il semble se briser face à mon regard.

- Je n'ai plus nul part où aller, Voldemort et Kristine sont loin et la seule personne qui me paraissait la plus proche de moi va me détester dès l'instant où je vais devoir lui dire que... que...

  Je déglutis et me recroqueville sur moi-même, les larmes menaçant de tomber. J'inspire profondément pour les retenir du plus possible en recouvrant mentalement de pierre mon cœur, afin d'éloigner au mieux ces sentiments d'amertume, de haine et de chagrin qui me paraissent être les émotions les plus proches, les plus normales... J'ai envie d'être laissée là, d'être laissée seule. J'ai envie que chacun d'entre eux déguerpissent en courant, m'oublient et surtout arrêtent de me regarder avec ce genre de regards qui te prouvent à quel point on a pitié de toi. Pitié ou désolé, les deux ramènent à la même chose.

- Mélody... rentrons, dit Remus d'une voix ferme mais tremblante.

  Je ne fais rien pour empêcher George de passer un bras autour de mon dos, l'autre sous mes genoux, et de me soulever du sol pour transplaner en même temps que Fred, Remus et Emmeline. La seule chose que je fais c'est fermer les yeux et prier pour que tout disparaisse. Autant mes émotions que ce que je suis actuellement. Que tout s'arrête. Car sans Éléona, sans ce rayon de Soleil qui a fait de moi celle que je suis, comment retrouver l'envie de vivre ?

#Anecdote : Quand on m'a demandé une fois comment j'arrivais à me décider à tuer un personnage, j'ai répondu simplement « Il n'y a pas de feu, sans fumée, il n'y a pas de joie, sans larmes. ». Parce que la vie donne constamment des leçons, celle du deuil est l'une des plus importantes : savoir se relever malgré ce qui peut arriver, et apprendre à continuer de vivre même si la perte nous est douloureuse.

L'Auteure ❤️

⚠ PS : La suite étant en réécriture, il est parfaitement normal que vous soyez complètement perdus/étonnés en lisant les tomes suivants (y compris le tome 8). Encore désolée pour l'attente de cette correction hypeeeeeer importante (notamment car David n'est apparue que dans la réécriture actuelle, hé hé)

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