Elementum {Tome 5}

By Alice_univers

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Quand le Tournoi des Trois Sorciers sonne la mort de Cedric Diggory, c'est tout l'univers de Mélody qui se bo... More

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XVI
XVII
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XXXIII
XXXIV
Annonce et remerciements

XXXI

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By Alice_univers

 - Tu en as parlé !? m'égosillai-je. À elle ? Sais-tu au moins tout ce qu'elle nous a fait endurer l'année dernière ?

- Si déjà tu pourrais te calmer, ce ne serait pas mal... marmonne-t-il avec embarra. Ensuite, c'est Hermione qui a eu l'idée.

  Je me plaque la main à mon front avant de me pincer la base du nez en soufflant d'exaspération. George et moi venons à peine de rentrer à Poudlard, par l'intermédiaire du même portail que pour rejoindre le Royaume de Narnia, comme l'a dit la Nymphe des bois. Si voir une telle contrée et passer une telle Sant Valentin m'ont revigoré d'énergie et de bonne humeur, ce que Harry vient de m'annoncer a littéralement amené un nuage noir juste au-dessus de ma tête - cela n'étant qu'une façon de parler. Car il se trouve que Hermione et Luna ont attendu Harry aux Trois Balais, pour que ce dernier puisse délivrer une interview à Rita Skeeter - cette abominable ex-journaliste à La Gazette du Sorcier et que j'ai toujours hais -, afin qu'elle publie leur conversation sur Le Chicaneur, pour appuyer encore plus le sujet que j'ai déjà abordé pour aider l'Ordre du Phénix.

- Et donc ? J'imagine que Rita Skeeter en a été ravi, d'utiliser sa Plume à Papote ? dis-je avec dédain.

- Pas tellement, Hermione lui a dit qu'elle ne serait pas payée et que si elle refusait, elle irait informer les autorités qu'elle est un Animagus non déclaré.

  J'hausse un sourcil.

- Un Animagus non déclaré ?

  Harry écarquille des yeux.

- Tu ne le savais pas ? Hermione nous l'a appris après la troisième...

  Il ne finit pas sa phrase, se rendant compte de sa boulette.

- Pour ton information, après la troisième tâche, j'ai été amené au fin fond du ministère de la Magie pour deux mois d'été particulièrement pénibles, persifflai-je d'un ton glacial.

  Ma colère s'anime en calcinant le peigne en bois que j'ai dans les mains et je soupire d'agacement en voyant les cendres tomber à même le sol.

- Merci, Harry, maintenant je dois m'en racheter un autre !

- Mais tu sais matérialiser les choses avec ta pensée, fait-il remarquer, décontenancé.

- Évidemment, idiot ! (Ma gifle s'abat dans sa nuque.) C'était une façon de parler !

  Il siffle de douleur en se massant les cervicales et achève :

- Désolé. J'avais oublié pour... pour... enfin tu vois, quoi. Ce que je voulais dire c'est que Rita Skeeter peut se transformer en scarabée, c'est comme ça qu'elle avait toutes ces informations sans même qu'on le lui dise.

- Je comprends mieux. Je veux dire... il fallait s'en douter. Et donc ? L'interview a fonctionné ?

- Tellement que je me demande comment vont réagir les lecteurs.

- Pourquoi ?

- L'article va paraître juste à côté des idioties concernant les Ronflaks Cornus.

- On s'en fiche.

  Ma réponse a cinglé l'air comme un fouet. Cette allusion m'est très désagréable et m'octroie des frissons d'effroi, mais je ne laisse paraître qu'un fin sourire amusé.

- Ombrage va péter un câble quand elle verra que tu as parlé publiquement et- Mais attends... jure-moi que tu n'as pas parlé du ministère et de ce qu'ils m'ont fait.

- J'aurai bien voulu mais il y a eu un truc... Comme si que même si j'ouvrais la bouche, ma voix s'éteignait chaque fois que je voulais parler de toi.

  Je souffle de soulagement.

- Tu ne saurais pas pourquoi, d'ailleurs ?

- Moi ? Bien sûr que non, voyons...

- Mélody... me menace-t-il.

- Juste peut-être un sortilège de ma création qui bloque votre possibilité de répondre à certaines questions si vous avez promis de ne rien dire sur le sujet, répondis-je d'un ton désinvolte en le regardant dans les yeux, satisfaite. Et honnêtement, je suis ravie que ça fonctionne autant !

  Harry est aussi choqué que stupéfait et agacé. Et je sais pourquoi. Car je suis...

- Irrécupérable ! lâche-t-il. T'es vraiment irrécupérable !

- Je préfère astucieuse, rusée et admirable. Au moins, je suis certaine que tout le monde tienne ses promesses.

  Je lui fais un dernier sourire et pars rejoindre George et Fred à la Grande Salle. Mais finalement, ce sont eux qui me retrouvent. Ou plutôt... par l'intermédiaire de Amy qui est en train de pourchasser... je ne sais quoi, d'ailleurs.

- Et on peut me dire pourquoi on court actuellement ? demandai-je.

- Un septième année lui a volé son cupcake à cause d'un pari qu'elle a perdu, répond Fred avec amusement.

- Juste pour ça !? Amy, attends, laisse tomber !

  Trop tard. Elle s'est déjà jetée toutes griffes dehors sur le septième année. Les deux tombent lourdement par terre et le temps d'arriver à leur niveau, elle se trouve à califourchon sur son dos, à lui faire une prise de soumission qui me rappelle d'étranges souvenirs : c'est la même que j'ai faite à Drago en deuxième année, après qu'il ait insulté Hermione de Sang-de-Bourbe.

- Ça, c'est à moi, pas touche ! s'exclame-t-elle en lui arrachant de la main le gros cupcake au chocolat.

  Le septième année siffle de douleur et elle descend de son dos en lui marchant volontiers dessus. D'un geste perdu d'avance, elle passe ses doigts dans ses longs cheveux maintenant ébouriffés en respirant profondément pour calmer son essoufflement et croque un bon bout dans la patisserie.

- La prochaine fois, évite de perdre le pari alors ! grogne le septième année en se relevant tant bien que de mal.

- Je ne l'ai pas perdu, tu as triché, Baka !

  Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire en voyant son air décrépi. Qui que soit Adam Pevensie, ce gars est un Poufsouffle pas très commun qui arrive toujours à se mettre dans des problèmes sans pareil à cause de sa manie un peu trop habituelle à faire des défis - défis qu'il ne parvient que rarement à perdre, c'est vrai. Mais quand le défi en question est Amy... C'est plus difficile.

- Triché ? s'offusque-t-il. Triché ! Ça, c'est la meilleure !

- C'était quoi le défi au juste ? intervenai-je sans cacher mon sourire.

- Le gagnant au pouce-pouce chinois.

  C'est trop pour moi. Son sérieux est indéniablement la transition entre mon moment d'incompréhension et cet instant qui me tord le ventre.
  J'explose de rire sans retenue, amenant les jumeaux à me suivre sur cette idée et bientôt à Amy et Adam.

- Oh nan, sérieusement ? Juste pour ça ? pouffai-je en essuyant les larmes qui ont perlé au coin de mes yeux.

- Mais oui ! Le « juste pour ça » détermine la souplesse de notre pouce, ce n'est pas rien !

- Aah, Amy... Si seulement les super vilains s'en tenaient aussi à votre jeu...

- C'est vrai que ça retirerait tout le côté cliché du méchant, approuve George en hochant la tête.

- Euh... okay... Le but était de rigoler et là, ça divague sur Vous-Savez-Qui... vous êtes effrayants, souffle Adam d'un air effaré.

- Pas plus qu'Amy quand elle ne mange pas le matin, rigole Fred.

- En parlant de ça...

  Amy m'attrape par le bras en m'invitant à la suivre dans une marche rapide à travers le château.

- Devine qui s'est enfin décidé à me dire vraiment le mot magique qui fait tout ?

- Non, qui ? dis-je exagérément. Je le connais ? Il ne serait pas roux, grand comme une perche et essentiellement concentré à montrer que le monde entier tourne autour de complots plus vieux que le temps - et qui, en plus, serait l'heureux frère jumeau d'un magnifique garçon qui m'a amené dans une forêt spectaculaire d'une autre Dimension nommée Narnia ? Oh et je suis persuadée aussi que son prénom est Frederick.

- Beuah... Nan, je préfère Fredinounnet, pouffe-t-elle.

- Alors là, il a pris cher, heureusement qu'il ne t'a pas entendu.

- Non, justement, c'est dommage... Mais ce qui compte vraiment est qu'il m'a ENFIN dit : je t'aime ! Je suis tellement folle de joie, je crois que je pourrais sauter partout !

- Non, évite, tu vas abîmer ton uniforme de Samouraï, dis-je avec sarcasme. En tout cas... Je suis contente pour toi !

  J'appuie avec un sourire et elle sautille joyeusement en dansant légèrement.

- Finalement, dit-elle en se tournant vers moi, marchant à reculons ; tout ça... c'est grâce à toi et George. C'est vous qui nous avez poussé à avouer nos... comment tu as dit ça, déjà ?

- Inclinaisons ? hasardai-je.

- Mouais, ça peut le faire aussi.

  On se met à rire toutes les deux. Au même moment où elle se fait percuter par l'épaule par deux abrutis à la suite : Crabbe et Goyle. Pour la première fois, mon frère n'est pas présent. Ils se mettent à ricaner avec des rires gras, me rappelant les potes de Dudley Dursley. À peine commencent-ils à partir dans le couloir qu'une impulsion fait surface, à la manière de Michael Jackson face à Tatiana.

- Heyyy !

  Mon cri soudain les fait brusquement retourner dans un sursaut, et mon regard assombrit semble les réduire en purée. Ils s'échangent une œillade inquiète, sachant pertinemment que Drago a été très sérieux (il me l'a dit lui même) : s'ils nous prennent, moi et Amy, pour cible de leur brutalité, ça va mal se passer.  Bon, entre nous, c'est moi qui ai posé la condition pour Amy car pour lui, une Née-Moldue n'est pas importante. Mais comme il est forcé d'accepter ma meilleure amie pour que j'accepte au moins de lui parler... il a dû faire une exception.
  D'un signe de main, je lance silencieusement à Crabbe et Goyle : « Vous venez de faire quoi, là ? ». Ils déglutissent difficilement alors que je les regarde à tour de rôle. Amy a un rictus, savant que j'ai juste envie de rire. De ma mine très sérieuse, je marche droit vers eux sans une seule hésitation. Pour m'arrêter à un mètre d'eux, juste histoire de pouvoir les regarder dans les yeux sans me décrédibiliser.

- Quand on veut emmerder quelqu'un, il faut s'assurer que la personne derrière ne sache pas répliquer.

- Qu'est-ce que tu peux vraiment nous faire ? pouffe Goyle.

  Pourtant, il n'a pas l'air à l'aise avec le fait de me provoquer.

- Ce n'est pas moi qui vous ferais quelque chose, je déteste me salir les mains pour de l'inutilité. Non... Celui que vous devriez craindre, c'est Drago.

  Aussitôt, c'est comme un déclic.

- Non ! Non, pas la peine de lui dire ! gémit Goyle.

- Oui. Inutile, appuie Crabbe en se renfrognant.

  J'ai un rictus amer, me souvenant pertinemment que leurs parents sont des partisans de Voldemort. Cette pensée me fait contracter la mâchoire et les fusiller du regard. 

- Je me demande si vos parents sont bien au chaud là où ils sont.

  Goyle fait craquer ses énormes poings et je me félicite intérieurement : j'adore personnellement provoquer ces deux abrutis.

- Ne parle pas de ce que tu ne sais pas, grogne Crabbe.

- Et vous, arrêtez donc d'être aussi bête et réfléchissez bien à ce qui vous arrivera si Voldemort est au pouvoir (Ils sont frappés d'horreur à l'entente de son nom.). Les insignifiants dans votre genre n'ont aucun espoir de vie à ses côtés, vu que vous lui êtes complètement inutiles.

  En réalité, même si je les déteste, je les associe un peu à Dudley. Lui aussi est un pauvre gosse qui subit seulement la mauvaise éducation de ses parents. J'essaie donc, ma foi, de leur faire prendre conscience qu'ils sont sur le mauvais chemin. Seulement... ils sont dans le déni.

- Pff... Tu peux parler, le Seigneur des Ténèbres t'anéantira la seconde où il te verra.

- Comme tes parents, Goyle, tu oublies précisément que cette tâche n'est que l'ombre d'un véritable tableau. Vous avez déjà participé à des rituels ?

- Des... rituels ? répète Crabbe, l'air idiot.

- Oui, ce genre de choses horrible que les partisans du Mal sont obligés de faire pour vraiment monter en grade.

  On se demande d'ailleurs comment les célébrités font pour être aussi riches, pensais-je avant que Crabbe secoue négativement la tête. Je suis alors assurée que même Drago n'en est pas au courant malgré tout ce qu'il prétend, or encore une fois... mes pensées vont à mes parents biologiques. Je n'y avais pas songé avant mais maintenant, j'en prends conscience : si mon père a réussi à être comme un Bras droit pour Voldemort, c'est qu'il a dû participer à des rituels sataniques, lui aussi. Comme Kristine peut en faire chaque jour seulement pour son bon plaisir.
  Mon cœur se serre douloureusement dans ma poitrine et un poids pèse sur mes épaules comme s'il s'agissait de cent kilos d'un coup. La réalité peut être dure, cruelle, surtout quand elle passe devant tes yeux pour te narguer car tu ne peux rien faire. C'est comme une poupée prisonnière d'un marionnettiste ; la vie te guide sur un étroit chemin de souffrances cuisantes et d'expériences précoces, dans l'unique but de savoir si ton mental est assez puissant et ton cœur assez courageux.
  Les horreurs te frappent sans t'y attendre. Elles te consument jusqu'à ce que tu te demandes l'unique question que la plupart des Éveillés se pose : quand l'on connait la vérité sur ce qui nous entoure, comment continuer à faire comme si de rien n'était ?

- Vous ne saviez donc pas ? demandai-je avec innocence.

- C'est toi qui sais pas, réplique Goyle dans un reniflement porcin. 

- Je ne sais pas quoi ? Que vous vous êtes déjà fait faire le tatouage des cinglés ? Vous savez... la tête de mort qui vomi un serpent comme les licornes vomissent des arcs-en-ciel dans My Little Pony.

  Ils froncent tous deux les sourcils et je lève les yeux au ciel. Mais à peine ai-je touché l'avant-bras de Crabbe pour vérifier s'ils ont la marque des Ténèbres - seulement pour me rassurer que Drago ne l'a pas encore - je suis brusquement frappée par la foudre d'une Vision.
  Les visages sont flous, mais je discerne... une espèce d'arche gigantesque, faite de pierres et luisant d'une sorte de voile. Des frissons me glacent les vertèbres à mesure que je regarde autour de moi. Mes amis... Ils sont tous maintenus par des Mangemorts. J'y discerne Bellatrix Lestrange tenant Neville, et Antoine Crabbe renforcer sa poigne sur Ron. La respiration sifflante, Harry me fixe d'un air inquiet. Ce que je remarque, moi, c'est plutôt cette boule de cristal qu'il tient dans la main...

- Hey, qu'est-ce qui t'arrive, espèce de cinglée ?

  La réalité revient comme un coup de massue. Je sursaute et secoue la tête avant de froncer les sourcils, la menton penchée sur le côté, le regard dans le vide.
  Puis je dévisage Crabbe en reculant d'un pas, stupéfaite de ma Vision. Crabbe et Goyle me fixent comme si que j'étais folle avant de prendre la fuite. Amy arrive alors vers moi en me secouant pas les épaules.

- Passe-Partout ? Passe-Partout !... Mélody !

- Hm ? Quoi ? dis-je en relevant mes yeux dans les siens.

- Tu es sûre que ça va ? Tu étais étrange tout d'un coup, comme si que... tu avais une absence.

- Non, ce n'est pas ça, c'est... ce n'est rien, achevai-je dans un souffle.

  J'ignore pourquoi j'ai eu cette Vision rien qu'en touchant l'avant-bras de Crabbe, mais je ne veux pas l'inquiéter avec ça. Après tout, même moi j'ai du mal encore à réaliser ce que je viens de voir alors... ça se trouve seulement que ce n'était que mon imagination. Cela dit, ça m'avait l'air très réel pour quelque chose que j'aurai imaginé...
  Le lundi suivant, si le match de Quidditch a été une incroyable déception pour la plupart d'entre nous parce que l'équipe de cette année est complètement nulle (seule Ginny apporte son lot de chances), il n'en est pas moins que tout le monde est impatient de voir si l'interview de Harry a donné ses fruits. Et j'arrive au bon moment dans la Grande Salle pour voir cela car Ombrage a l'air particulièrement... énervée qu'il puisse avoir eu le culot de faire ça.

- Quand avez-vous fait cela ? l'interroge-t-elle d'une voix légèrement chevrotante.

- Pendant la dernière sortie à Pré-au-Lard, répond Harry.

  Elle doit certainement lui lancer un regard brûlant de rage, car le magazine tremble entre ses doigts boudinés. Mon avantage, contrairement à Harry qui ne sait véritablement pas être discret, c'est que Ombrage ne m'a même pas entendu arriver. Elle ignore même que je me trouve juste derrière elle, à attendre le bon moment.

- Il n'y aura plus d'autres sorties à Pré-au-Lard pour vous, Mr Potter, murmure-t-elle. Comment avez-vous osé... ? Comment avez-vous pu... ?

- Comme moi je peux faire ça ! chantonnai-je en lui arrachant Le Chicaneur des mains.

  Ombrage se retourne vers moi, la paupière inférieure de son œil droit tressautant légèrement par la colère.

- Miss Malefoy... commence-t-elle.

- Chut ! Attendez, vous entendez ?

- Quoi donc, Miss Malefoy ?

  Elle est de plus en plus énervée à mesure que je fais mine de tendre l'oreille, l'index levé. Les autres me fixent avec des sourcils froncés par l'incompréhension, George et Fred se préparent au cas où que Ombrage voudrait faire une scène et Amy tente de percevoir mon idée.

- Vous n'entendez pas ?

- Mais quoi, à la fin ? s'exaspère Ombrage.

- La satisfaction que votre petite et ridicule mise en scène commence à s'ébranler.

  Je frisonne exagérément et lui offre un sourire diablotin dans un ricanement insupportable. Je comprends mieux l'idée de Kristine quand elle fait ça, vu que ça tend sur les nerfs.
  Ombrage tente de me reprendre Le Chicaneur mais je le serre contre ma poitrine, la moue offusquée.

- Oh non, malheur, vous essayez de cacher l'inévitable ! À mes aïeux, quelle triste nouvelle, vous m'en voyez complètement touchée de votre tErrrrrible dilemme, articulai-je.

  Mon jeu d'actrice la rend soudain rageuse, je ne sais pas pourquoi. Ce que je remarque, par contre, c'est les rires que retiennent mes meilleurs amis. Notamment les jumeaux ; George ne cesse de me regarder comme si que j'étais une merveille du monde, aussi impressionné qu'amusé.

- Miss Malefoy, comme Mr Potter, votre attitude est très désobligeante. J'ai pourtant essayé de vous apprendre à ne pas dire de mensonges ni à vous moquer de moi mais, apparemment, le message n'a pas pénétré. 

- Comme celui-là par hasard ? 

  Dans une volute de fumée violette, je fais apparaitre la lettre qui a disparu de sa poche il y a... trois jours et qu'elle n'a sans doute pas arrêté de chercher, et que j'ai pris soin de lire. Elle le remarque car son regard s'assombrit aussitôt par la haine.

- Miss Malefoy, où avez-vous eu ça ? siffle-t-elle.

- À votre avis ?

  Je balaye mon regard dans la Grande Salle avec un sourire épais de satisfaction personnelle. Ombrage comprend aussitôt l'enjeux.

- Alors... J'en informe tout Poudlard ou vous laissez tomber votre numéro de menaces que vous faites peser sur Harry ? Parce que, de toute évidence, si vous voulez aussi vous venger sur moi, il y a un risque plus ou moins grave de vérités exposées au monde entier. Et je crois qu'entre vous et moi, personne n'a vraiment envie de savoir ce qui se trame dans les coulisses du ministère - oh, et, évidemment, inutile d'ajouter que ça ne s'arrête pas qu'au Nouvel Ordre Mondial, vu tous les réseaux qui doivent s'y attenir et que Kristine doit se faire un plaisir de vous transmettre... Donc à vous de choisir, comme on dit.

  Mon regard imperturbable me récolte le sien assassin, rempli de fureur et de haine que j'apprécie venant d'elle. C'est en soit la continuité de ma vengeance... et je crois que ça, elle l'a bien comprise.

- Miss Malefoy, une élève de votre âge n'a pas à menacer un adulte de la sorte, dit-elle en prenant sur elle.

- Un adulte âgé d'un syndrome de petite fille née d'une mère Moldue, donc, autrement dit... vous ne valez pas mieux que nous tous réunis. 

  Je crois qu'elle a atteint un summum d'incapacité à garder son calme.

- Je suis une Sang-pur, Miss Malefoy !

- Ah oui, largement... ironisai-je.

  Je lui offre un sourire éclatant et m'installe à table pour manger, sans lui jeter un regard. Je veux lui montrer que j'ai du pouvoir moi aussi, mais contrairement à elle... moi, je reste fidèle à moi-même et je n'ai pas de sang sur les mains. Enfin... Pas depuis ces sept dernières années...

- Aah... Ça fait du bien du thé.

  Je me réchauffe les mains autour de mon mug et aperçois Ombrage quitter la Grande Salle en laissant derrière elle une poudrée de fureur.

- Dis donc, elle est d'une humeur massacrante aujourd'hui ! pouffai-je.

  Je sens alors les regards des autres continuer à perdurer sur moi. Je relève mes yeux vers eux pour tous les regarder, haussant un sourcil.

- Quoi ?

- T'es pas croyable, lâche seulement George, ébahi.

- De quoi ?

- De quoi ? s'enquit Fred, comme si qu'il y avait un scoop. Tu viens de remettre Ombrage à sa place sans qu'elle ne parvienne à ajouter de son petit piment de garce sur le feu, ce n'est pas rien.

- Mais ça aura sans doute des conséquences, marmonne Hermione d'inquiétude.

- Qu'elle les mette en place, ces conséquences, j'en n'ai plus rien à faire, répondis-je nonchalamment avant de survoler les quelques lignes du Chicaneur. Très bon article, Luna.

  Elle hoche de la tête alors que Amy approuve en levant un pouce et un clin d'œil en sa direction.

- Merci. Il est sorti hier. J'ai demandé à papa de vous envoyer un exemplaire gratuit.

- Je comprends mieux le journal que j'ai trouvé sur mon lit ce matin, je te remercie, Luna. Vraiment... C'est énorme ce que ton père et toi avez fait.

- Tout le plaisir est pour nous.

  On s'échange un sourire.
  Vers le milieu de la matinée, d'énormes écriteaux ont été placardés partout dans l'école, pas seulement sur les tableaux d'affichages mais également dans les couloirs et les salles de classe... Pour faire bref, Ombrage a mis en place la menace que tous les élèves qui auraient un Chicaneur dans leur poche seraient aussitôt renvoyés. Ce qui, bien sûr, a eu l'effet inverse : tout le monde lit maintenant l'interview de Harry. Et comme la plupart sait que je suis l'une des plus rebelles d'étudiantes, ils ont copié sur moi. Ou plutôt... je leur ai donné une idée qui s'est vite partagée : il a seulement fallu ensorceler les pages de l'interview qui se transforment en innocentes pages de manuel lorsque quiconque d'autre y pose les yeux ou deviennent blanches dès qu'ils en interrompent eux-même la lecture. Bientôt, il semble que tout le monde dans l'école a lu l'article.
  Mais si on ne prend pas en compte la soi-disant montée en Pouvoir d'Ombrage, ni même la soirée qui s'en est suivie, lancée par George et Fred, pour fêter l'évènement dans la salle commune, c'est lors d'un matin de mars que Harry et Ron me donnent rendez-vous dans le coin habituel de la cour balayée par le vent froid. Quand je les retrouve, Hermione est déjà là.

- Mélody, enfin ! s'exclame Harry.

- Désolée du retard, j'avais un peu autre chose à faire pour le moment mais ce n'est pas grave, persifflai-je.

  Ron fronce les sourcils.

- T'es sûr que ça va ?

- Si je vous disais que oui, vous me croiriez ?

  Mon croisement de bras leur signifie que je suis parfaitement agacée.

- Qu'est-ce qu'il y a ? me demande Hermione.

- Ce qu'il y a ? (J'ai un rire amer.) Ce qu'il y a, Hermione, c'est que depuis que Harry a lancé dans le Chicaneur que Lucius Malefoy était un Mangemort, je me reçois de nouvelles critiques chaque jour.

- Vraiment ? dit Harry, déconcerté. Je... Je n'y avais pas fait attention.

- C'est pour ça que tu es distante depuis quelques temps, comprend Ron dans un soupir.

- Quoi ? Je devrais aussi remercier l'Univers d'être sortie des ovaires d'une mère qui a épousé un type satanique ?

- Satanique ? répète Hermione dans un souffle.

- Tu veux qu'un Mangemort soit quoi d'autre ? Du coup, depuis que Harry a balancé son nom, je me retrouve à être traitée de Mangemort à mon tour. C'est aussi pathétique que fatigant sachant tout ce que je dois gérer par-derrière.

- Qu'est-ce que tu en as affaire des critiques ? lâche Ron. Tu envoies tout le monde balader à chaque fois...

- Bah, on va dire que ton frère est mon petit-ami et que du coup ça le touche aussi. Si ça le touche, ça ralenti son ambition de farces et attrapes et avec ça, il y a aussi Drago qui ne m'adresse plus la parole, plus tout un tas de Visions que je peine à déchiffrer. Donc... non ! je ne peux pas faire autrement qu'être fatiguée d'écouter tous leurs petits maux et les vôtres. Parce que... j'imagine que ce n'est pas pour parler chocolat chaud et boule de glace que je suis ici avec vous ?

  Harry soupire légèrement, embarrassé.

- Quoi ? lâchai-je.

- Bah... (Il se passe la main dans la nuque.) On pense que ton père a ensorcelé Sturgis Podmore par Impérium et que c'est de sa faute s'il est enfermé à Azkaban.

- Je n'aurai pas dit ça comme ça, marmonne Hermione, effarée de son manque de tact.

  Je reste interdite, ne me sentant pas visée. Je sais bien que Sturgis Podmore y a été enfermé par mon père, je l'ai su deux semaines après que l'article ait paru dans La Gazette du Sorcier, par une autre Vision sans queue ni tête. Double raison pour laquelle c'est Éléona qui l'a fait sortir d'Azkaban, elle aussi l'a vu dans ses rêves.

- Et alors ? dis-je.

- Ce... c'est tout ? Tu n'es même pas révoltée ? s'étonne Ron.

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Mon père biologique est un Mangemort, et comme pour le reste de sa mafia magique qui essaie de s'en prendre aux Prophéties, tu veux que j'y fasse quoi ?

  Il ne sait pas quoi répondre et mon ton brut ne l'aide pas non plus.

- Mais en fait, tu n'aurais dû voir ça, Harry, lance soudain Hermione.

- Quoi ? s'exclame-t-il, interloqué.

- Tu es censé apprendre comment fermer ton esprit à ce genre de choses, dit Hermione, brusquement sévère.

- Elle n'a pas tort, où en est ton Occlumancie là-dedans ? m'étonnai-je faussement. Dis donc, Mr Potter, vous êtes particulièrement idiot, n'en avez-vous pas pensé autrement ?

  Hermione m'adresse un regard insistant, exaspérée de mon humour.

- Harry, je suis sérieuse, reprend-elle.

- Je sais, répond-il, mais...

- Je crois que nous devrions essayer d'oublier ce que tu as vu. Et il faudrait que tu fasses un peu plus d'efforts dans tes cours d'Occlumancie, à partir de maintenant.

  Je manque de m'éprendre d'un fou rire ironique. Harry ? Réussir en Occlumancie ?

- C'est un véritable échec et cela ne m'étonne pas, dit froidement Severus quand je lui demande, après un cours de potions, si Harry fait des miracles.

- À qui le dis-tu, j'avais prévenu Dumbledore, répondis-je nonchalamment. Il n'empêche... c'est peut-être pour ça qu'il m'a demandé de l'aider... ajoutai-je pour moi-même.

- Tiens, cela tombe très bien, je pourrais donc arrêter de sacrifier mes soirées à ce travail fastidieux, dit-il avec son sarcasme aussi froid que de la glace.

- Je préfèrerais encore manger des brocolis plutôt que de l'aider sur quelque chose qu'il ne parviendra jamais à réussir.

  Il y a un certain silence où Severus me dévisage en hochant de la tête, approuvant ma référence. Puis, il me demande :

- Et toi ?

- Quoi, moi ?

- Pourquoi tiens-tu tant à savoir s'il parvient à faire des progrès ?

  Je soupire.

- Écoute, je n'en sais rien, d'accord ? (Il hausse un sourcil, ne me croyant pas.) Je... C'est vrai, quoi... C'est mon meilleur ami et... je m'inquiète un peu pour lui, dis-je en m'appuyant contre mon propre pupitre, les mains jointes sur mes genoux. Ou plutôt pour les Visions qu'il a eu en rêve. Il m'a dit avoir vu Avery donner de faux renseignements à Voldemort, que ce dernier était très en colère mais que Rookwood va s'en occuper, qu'il est à nouveau sur la bonne piste grâce essentiellement à Kristine... Il m'a dit aussi que Rookwood avait dit que Moroz ne serait jamais parvenu à faire sortir les Prophéties, parce que mon père biologique Lucius l'avait soumis au sortilège de l'Impérium... En bref, je crois que toute cette affaire de Mangemorts commence vraiment trop à le dépasser et c'est pour ça que je voulais savoir ce qu'il en était, parce que... parce que je crois que Voldemort et lui lisent dans les pensées de l'un et de l'autre, achevai-je. Je sais que Harry n'est pas Legilimens ! repris-je vivement en le voyant s'apprêter à répondre. Mais le lien entre eux est plus puissant que ça, tu le sais mieux que moi.

  Severus me dévisage longuement, savant pertinemment que j'ai raison sur toute la ligne.

- Évidemment que je le sais, répond-il froidement. 

- C'est pour ça que tu es le mieux placé pour lui enseigner l'Occlumancie, parce que c'est toi qui m'as tout appris.

  Il soupire légèrement et range frénétiquement en un tas parfait les parchemins d'aujourd'hui.

- Le seul problème est que Potter ne sait ni faire le vide dans son esprit, ni même cacher ses émotions.

- Ça me pose aussi beaucoup de problèmes, rétorquai-je. Mes émotions déraillent même plus que les siennes par moment, tu l'as bien vu lorsque Daniel est... Enfin bref. Je suis sûre que tu vas parvenir à l'aider.

- Je n'en ai pas douté, mais cela va s'en dire que c'est extrêmement mal partie pour lui, même après deux mois.

- Personne n'a dit que ce serait facile aussi.

  Severus a un rictus et je finis par sortir de la salle de classe pour me hâter à la salle commune.
  La colère que j'ai ressenti après la parution de l'interview de Harry dans Le Chicaneur s'est depuis longtemps dissipée. Tandis qu'un mois de mars maussade laisse place à un avril venteux, ma vie semble soudain se transformer en lenteur exaspérante.
  Si Ombrage a continué d'assister à tous les cours de Soins aux créatures magiques, les professeurs et Hermione, eux, ne cessent de nous répéter que les B.U.S.E. s'approchent de plus en plus. À part moi, pratiquement tous les cinquième année souffrent de stress à un degré plus ou moins élevé mais Hannah Abbot est la première à se voir administrer un philtre Calmant par Mrs Pomfresh après qu'elle ait fondu en larmes pendant le cours de botanique en disant qu'elle était trop stupide pour réussir ses examens, prévoyant même de quitter l'école à l'instant même. Ce qui est particulièrement exaspérant : on a la preuve que l'école est un vrai puits d'idioties et de formatage.
  Sans les plaisanteries des jumeaux et les leçons de l'A.D., que j'ai insisté vivement de reprendre, j'aurai vraiment pété un câble face à une telle monotonie. Je ne vis plus que pour les heures passées à regarder les jumeaux vendre leurs farces et attrapes, le moment où je reçois les lettres cryptées de David et de Éléona, et surtout les heures passées dans la Salle sur Demande où je ne cesse de m'entrainer davantage, tout en veillant évidemment à me reposer ; de toute façon, George est sur mon dos ces derniers temps parce qu'il tient à veiller sur moi pour que je ne fasse pas la même chose que la dernière fois. Sans savoir réellement pourquoi, je me sens rempli de fierté en voyant à quel point tout le monde a progressé. Et pourtant, ce n'était pas spécialement mon idée de faire une sorte d'armée clandestine. Par contre, le point positif est qu'on a enfin commencé à travailler sur les Patronus. Ce que tout le monde a attendu avec impatience.

- Que ce soit un souvenir extrêmement puissant, un de vos plus heureux moments, laissez-vous être complètement envouté par lui et oubliez tout le reste ! leur dit Harry d'un ton joyeux en passant parmi la foule des élèves. Lâche pas, Seamus !

- Sentez-vous à l'aise dans ce que vous faites, dis-je en admirant le Patronus en forme de grenouille argenté de Lizzy sauter autour de la salle pendant la leçon qui précède les vacances de Pâques. Bien joué, Lizzy, magnifique !

  Son Patronus disparait quand elle me parle par langue des cygnes : « Ils sont magnifiques ».

- « C'est une Énergie de Lumière, elle est créé par une pensée positive », répondis-je de la même façon.

  Elle me sourit et se concentre à son sortilège informulé. Ces derniers, je les ai appris en avant-première pour elle car étant muette de naissance, la magie orale est impossible pour elle.
  En voyant un filet de fumée argentée sortir de la baguette de George, je fronce un peu les sourcils en regardant l'intéressé avec une légère grimace. Son essaie au Patronus me rappelle le jour où, au ministère, un Détraqueur a risqué d'avaler son Âme. Évidemment, j'ai été là pour le secourir mais... j'ai l'impression que c'était encore hier où c'est arrivé. Je chasse cette pensée de mon esprit et m'approche de lui en touchant son épaule.
  Aussitôt, une magnifique pie à tête de chouette bat des ailes en voltigeant autour de nous.

- Wow ! s'exclame George avec des yeux ronds.

  Il m'adresse un regard ébahi, me faisant sourire. J'aime le voir si joyeux. Fred fait la moue et brandit sa baguette magique à son tour.

- Expecto Patronum !

  Le résultat est un peu plus différent, il n'a qu'une vague forme de pie, comme son frère jumeau. À l'inverse, ce n'est pas une tête de chouette mais... des oreilles de panda. Il écarquille des yeux avec un éclat de rire (son début de Patronus disparait aussitôt) et son regard tombe sur Amy. Cette dernière a réussi à déployer le sien : c'est un panda géant doté d'ailes de pie. La forme de nos Patronus à tous les quatre est tellement spéciale que j'en ai une exclamation amusée.

- Bravo, Amy, continue comme ça ! dis-je alors que Fred et elle s'échangent un regard amoureux.

- Produire un Patronus à sa forme complète est très difficile, dit Harry. La grandeur de ce dernier peut aussi vous protéger contre plusieurs grands adversaires.

  Tandis que Ginny réussit le sien - un grand cheval argenté -, je me dirige vers Harry pour lui dire :

- Ce qu'il nous faudrait, c'est un Détraqueur sous la main. Il n'y a qu'avec ça qu'ils pourront vraiment s'exercer.

- Un Détraqueur ?! Tu as perdu la tête !?! s'exclame-t-il aussitôt.

- On ne fait pas d'omelette sans casser des œuf, Harry.

- Je le sais, mais... un Détraqueur. Mélody ! C'est à la fois horrible et beaucoup trop poussé ! Même pour moi...

- Arrête, on a combattu de véritables Détraqueurs...

- Toi plutôt que moi.

  Je lève les yeux au ciel par l'exaspération.

- Ce que je veux dire par-là est que... euh... ce n'est pas une mauvaise idée mais on devrait faire ça avec quelque chose de moins dangereux, un Épouvantard, par exemple. Ou quelque chose dans ce genre-là, c'est comme ça que j'ai appris.

- Pas moi. Ta peur est la peur en elle-même, moi j'ai affronté un Détraqueur dès mon premier entrainement parce que Remus savait que ça ne me ferait aucun effet sinon.

- Toi, c'est différent.

  J'hausse un sourcil.

- Toi, tu avais déjà affronté pire avant, comme Kristine, à ce que tu m'as dit. En plus, je crois me souvenir que même en troisième année, tu étais déjà très forte en magie.

- À cause de mon don... soupirai-je. Mais, mon Vieux... Il faut parfois savoir courir avant de savoir marcher.

- Je t'ai dit ce que j'en pensais, c'est nul et non avenue. Après... si tu me trouves un Épouvantard...

- Ça, ce serait vraiment effrayant ! dit Lavande Brown qui projette des bouffées de vapeur argentée au bout de sa baguette. Et moi, je n'y arrive toujours pas ! ajoute-t-elle avec colère.

  Neville aussi a des difficultés. Son visage est crispé par la concentration mais seuls de faibles lambeaux de fumée argentée sortent de sa baguette magique.

- Il faut penser à quelque chose d'heureux, lui rappelle Harry.

- J'essaye, répond Neville d'une petite voix misérable en déployant de si grands efforts que son visage luit de sueur.

  Je pourrais l'aider par ma télépathie et mes sortilèges informulés, lui faire ressortir des souvenirs enfouies dans sa mémoire mais... ce n'est pas en étant materné de la sorte qu'il réussira. Ça doit venir de l'intérieur de lui.

- Harry, je crois que j'y arrive ! s'écrie Dean. Regarde... Oh, il a disparu... Mais c'était quelque chose de très velu !

  Le Patronus d'Hermione représente une loutre argentée qui gambade autour d'elle.

- C'est vrai que c'est joli, dit-elle en la regardant avec tendresse.

  Plusieurs Patronus suivent le mouvement, celui de Luna, par exemple ; un lapin qui me rappelle étrangement Alice au pays des Merveilles. Je suis alors émerveillée par un tel spectacle.

- Génial, vous êtes sur la bonne voie ! se réjouit Harry.

- Continuez comme ça ! renchéris-je. Et après que tout le monde aura réussit les Patronus, on passera aux sortilèges informulés.

  Je m'approche de George et Fred. Les deux s'amusent à lancer de faibles fumées de Patronus sans résultat convenable. Cette fois-ci, pas question d'aider George, il va se débrouiller seul.

- Pensez à un souvenir réellement puissant, leur dis-je, qui vous apporte comme une bouffée de bonheur, une bouffée d'oxygène.

  Ils s'échangent un regard entendu et froncent les sourcils par la concentration.

- Expecto Patronum ! s'écrient-ils en cœur.

  Leurs Patronus jaillissent en deux pies qui se séparent l'une de l'autre ; la première a une tête de chouette, la seconde des oreilles de panda. Les jumeaux éclatent de rire.

- Matte ça, George ! Une pie avec des écoutilles de panda !

- Hey, moi la mienne, c'est une piette !

  Je ris de bon cœur avec eux quand un panda géant saute soudain sur la pie de Fred. Celle de George se joint à eux deux et les trois Patronus semblent jouer ensemble. Amy a un grand sourire jusqu'aux oreilles, toujours en se concentrant. Amusée par cette vision, je ferme un instant les yeux pour me concentrer et ressentir toutes les émotions des pensées positives, des souvenirs heureux que j'aie eu.
  Ce n'est alors pas difficile pour moi de créer un Patronus sans baguette magique, seulement avec mes mains et mon esprit. J'envoie la boule lumineuse vers les animaux protecteurs et en un instant, une magnifique chouette à tête de pie passe en volant tout autour de la salle. Tous les regards viennent sur moi, émerveillés, alors que l'immense chouette bat des ailes ; aussitôt, ceux qui n'avaient pas réussi à créer de Patronus en font jaillir de leur baguette et un plus beau spectacle s'offre à nous. On a tous un « Wahooooo ! » collectif car mon Patronus ne fait pas qu'aider les autres à apparaître et rester même si la personne n'a pas assez de concentration, il semble même déverser sur tous les élèves plus d'émotions de joie et de bonheur qu'auparavant...
  Je sens la main de George se passer à ma taille et croise son regard. On dirait le même que celui d'un enfant le jour de Noël.
  Mais alors que mon Patronus bat une énième fois des ailes, un tremblement fait trembler le lustre. Ma déconcentration fait disparaitre ma chouette, amenant les autres animaux protecteurs à faire de même.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? dis-je pour moi-même en fronçant les sourcils.

  On s'approche de la double-porte - les tremblements y sont plus forts. George prend ma main dans la sienne, Fred fait de même avec celle de Amy. Comme un automatisme, on échange tous les quatre un regard interloqué. Le miroir d'en face se fissure soudain avant de se briser en million de petits morceaux, laissant apparaître un trou dans la pierre. Si les jumeaux dégainent leur baguette magique en nous plaçant, Amy et moi, derrière eux pour nous protéger, je ne les laisse personnellement pas faire. Je n'ai pas besoin d'un garçon pour ça !
  Je lâche George et créé une boule de feu dans ma paume, la deuxième serrant une dague au cas où, on ne sait jamais. Je sens Harry juste derrière moi et Nigel à ma droite. Je fais disparaitre ma lame pour le mettre derrière moi, sentant une soudaine énergie négative nous menacer. De l'autre côté du trou apparait alors la tête de garce d'Ombrage.

- Et bingo... murmurai-je pour moi-même, dépitée qu'elle l'ait découverte.

- Je vais régler ça tout de suite ! dit-elle au même instant.

  Comme si que je l'avais déjà fait, je tape mes deux avants-bras ensemble, suivis de mes poings serrés. Mes Artefacts se chargent d'eux-même de créer une grande barrière de protection au même moment où le sortilège d'Ombrage fait exploser le mur dans une détonation digne d'une bombe. 
  Mon bouclier étincelant de magie Blanche nous protège tous assez pour éviter un débris, mais pas la poussière. Il disparait dès que ma colère refait surface.
  Le trou béant a laissé place à la B.I, la Brigade Inquisitoriale aussi stupide que ridicule. En premiers, il y a évidemment Rusard et Ombrage, dont le sourire est ravi. Puis, derrière eux, leur petite milice. Drago apparaît au même moment, tout souriant, en tirant vers lui Cho Chang par le haut de la cape. Mon frère perd son rictus en voyant mon regard assombrit.

- Attrapez-les ! ordonne Ombrage avec des yeux exorbités.

- Aucune chance, répondis-je.

- Ah oui, vous croyez ?

  Elle commence à faire un pas vers nous. Mon regard dérive à mes poignets, où mon bracelet et ma bague scintillent, l'air de dire : « On est prêts, plutôt combattre que d'avouer défaite ». J'ai un rictus mauvais et relève mes yeux vers Ombrage.

- Fuyez, dis-je simplement aux autres.

  Ils se précipitent tous en même temps vers la deuxième sortie qui vient d'apparaître. En voyant la Brigade Inquisitoriale commencer à les poursuivre, je leur lance un sortilège démultiplié qui colle tous leurs pieds au sol. Ils tirent sur leurs jambes, brusquement angoissés, mais rien ne les fait céder. Ombrage me regarde avec une certaine haine qui me fait rire.

- Si vous saviez comme j'ai attendu ce moment où vous découvriez tout ce qu'on a fait sous votre nez !

  Le malheur est que Harry, les jumeaux et Amy sont restés, eux.

- Qu'est-ce que vous faites ? Dégagez de là maintenant, je vous rejoins après !

  Mon simple regard les persuade - et oui, c'est dur de résister quand on utilise un sortilège informulé - mais seul Harry l'évite avec soin, empêchant donc ma magie d'agir.

- Harry... commençai-je.

- Je reste avec toi, dit-il alors que George, Fred et Amy sortent par la deuxième porte.

  Je contracte ma mâchoire et tourne mon attention sur Ombrage.

- Qu'est-ce que vous attendez ? lui lançai-je. Mais entrez donc, je ne vous ferais rien... En tout cas, pas maintenant.

  Je sais qu'elle a prévenu le Ministre, car je sens la présence de cette pourriture pas loin. Et je n'ai pas tort. Car dix minutes plus tard, une fois dans le bureau du directeur, je me suis déjà faite menottée par deux gardes du ministère qui me tiennent sans broncher. Percy, lui, c'est Harry et Cho qu'il maintient par le haut de la cape. Tandis qu'on fait face au Ministre de la Magie, ce foutu Cornelius Fudge, devant Dumbledore. Kingsley est là aussi, en compagnie d'un autre Sorcier au regard conditionné que je n'ai jamais vu de ma vie.
  Les portraits des anciens directeurs et directrices de Poudlard ne font pas semblant de dormir, cette fois. Tous ont l'air grave et attentif, regardant ce qui se passe sous leurs yeux, ne cessant de me fixer comme s'ils veulent me protéger. 
  De son côté, Cornelius Fudge m'observe d'un œil flamboyant avec une expression de satisfaction plus que perverse. Une sueur froide me coule dans le dos mais je garde le menton levé, rempli d'insolence. Hors de question de montrer ma peur, qu'il aille brûler en Enfer.

- Eh bien, dit-il. Eh bien, eh bien...

  Pour toute réplique, je lui lance le regard le plus féroce que je puisse avoir en stock. Je peux sentir mon cœur battre à un rythme démentiel, car, il est vrai, je crains qu'il m'oblige à retourner au fin fond du ministère. Pour m'y enfermer le restant de mes jours. L'ennui est que par-dessus ça, il y a quelque chose qui m'empêche d'angoisser ; cette fois-ci, j'userais de moyens macabres pour éviter d'y retourner.
  Il semble pris de frissons de peur. Il vient de comprendre que je n'hésiterais pas à le tuer.

- Eh bien, Malefoy, Potter... J'imagine que vous savez pourquoi vous êtes ici ? dit-il pourtant.

  J'adresse un regard insistant à Harry qui ne pipe aucun mot. Puis je dévisage Fudge avec toute mon insolence légendaire. J'ai envie de répondre « oui » sur un ton de défi, mais me ravise au même moment.

- Ou... non.

- Je vous demande pardon ?

- Non, je n'ai rien à me reprocher, articulai-je. Par contre, je ne parierais pas là-dessus pour vous... n'est-ce pas, Fudge ?

  L'air incrédule, il nous observe successivement Harry, Ombrage et moi. Je profite d'ailleurs de ce moment pour poursuivre :

- Au fait, quoiqu'il t'a promis, Percy, sache que tu es remplaçable pour Fudge. Il attend juste le moment où tu ne lui seras plus d'aucune utilité, puis il te jettera comme une pauvre petite merde.

- Je te demanderais un peu plus de respect pour Monsieur le Ministre, Malefoy, persiffle Percy avec des yeux flamboyants.

  Je me mets alors à ricaner d'un air sombre.

- Oh mais regardez qui a oublié d'où il vient... Qui a oublié que malgré tous ses efforts, il n'est pas plus qu'un ridicule abruti qui a vendu son Âme pour arriver à ce poste.

- Je t'aurai prévenu, Malefoy...

- Cela suffit, Weasley, réplique Fudge d'un ton autoritaire.

  Percy range aussitôt sa baguette en m'adressant un regard noir et reprend Harry et Cho par la cape.

- C'est vrai ça, Percy, sois un bon petit chien-chien, va donc à la niche rapporter ton os. 

  Je me mets à aboyer pour le provoquer mais cet acte me vaut la menace d'une gifle par l'un des gardes qui me maintiennent. Mon regard se porte sur Kingsley. Il semble faire tout son possible pour ne pas intervenir. Dumbledore pareil, il a les yeux flamboyants, prêt à réagir.

- Vous n'avez donc aucune idée, reprend Fudge, la voix déformée par le sarcasme, de la raison pour laquelle la professeure Ombrage-

- Sous-secrétaire, elle n'a aucun diplôme dans l'enseignement et il y a eut un billet glissé sous la table, le coupai-je sèchement.

  Pourtant, qu'est-ce que je m'amuse actuellement.

- Taisez-vous, Malefoy, vous ne savez rien ! aboie Fudge avant de continuer plus calmement ; vous ignorez pourquoi Dolores Ombrage vous a amené dans ce bureau ? Vous n'êtes pas conscients, vous et Potter, d'avoir violé le règlement de l'école ?

- Le règlement de l'école ? dit Harry en croisant mon regard. Non.

- Ou plutôt les décrets du Ministre ? rectifie Fudge avec colère.

- Pas qu'on sache, répond Harry d'un ton aimable.

  Fudge me fixe aussitôt d'un œil perçant. Je lui fais un grand sourire innocent. En fait, quoiqu'il va advenir, je crois que je ne prendrais plus jamais autant de plaisir à faire monter sa tension artérielle que si j'étais derrière mes barreaux au ministère, attachée à un fauteuil à attendre d'être Conditionnée. C'est peut-être pour ça que je renchéris avec tout mon art :

- Mais peut-être que cela ne sert à rien, vu que vous avez décidé de nous proclamer coupable d'être non coupable.

- C'est assez ironique, dit Fudge, la voix à présent chargée de fureur. Une organisation illégale d'élèves a été découverte dans cette école et vous ne savez rien ?

- Oh je sais juste que votre système corrompu grille vos neurones, commentai-je.

  Il adresse un regard à Harry, comme pour avoir sa version des faits. Mais bien sûr, Harry joue dans le même jeu que moi, il est au courant des risques que j'ai couru à mener l'A.D.

- Non, je ne suis au courant de rien, répond-il en affichant un piteux air de stupeur innocente.

- Je crois, Monsieur le Ministre, dit la voix veloutée d'Ombrage à côté de lui, que nous progresserions davantage si nous interrogerions l'élève qui m'a donné l'information.

- Oui, oui, c'est ce que nous allons faire, dit Fudge en approuvant d'un signe de tête avant de regarder Cho.

  Je remarque seulement à ce moment-là que son visage a eu une poussée de furoncles douloureux. Mon regard s'assombrit et ma colère augmente, avant que la raison ne l'emporte : c'était évident, prévisible. Car les Humains, tous autant qu'ils sont, sont tous pareils : ils finissent toujours par trahir leurs prochains.
  Mais comme Cho est dans l'incapacité à parler, trop honteuse, c'est Ombrage qui se charge de raconter, en bref, comment Cho nous a balancé par l'intermédiaire d'une explication radicale pour rejoindre la Salle sur Demande. D'où le sortilège a fait son effet.

- Vous avez fait exactement ce qu'il fallait, dit Fudge.

- Évidemment, vu que comme ça, vous pourrez toujours prétendre contrôler les moutons dans son genre, persifflai-je.

  Il ne prend pas en compte ma remarque, il continu :

- Maintenant, dites-moi donc ce qui s'est passé au cours de cette réunion ? Quel était son objet ? Qui y participait ?

  Mais Cho refuse de parler. Elle se contente de hocher la tête en ouvrant de grands yeux terrorisés.

- N'avons-nous pas de contre-maléfice pour ce genre de chose ? demande Fudge à Ombrage d'un ton agacé en montrant d'un geste de la main le visage de la Vendue. Qu'elle puisse parler librement ?

- Je n'ai pas encore réussi à en trouver un, admet Ombrage à contrecœur.

  Je me mets à pouffer de rire. Nos sortilèges, à Hermione et moi, sont infaillibles ! Puis, évidemment, Ombrage expose à sa place son plan de nous avoir fait surveiller par un type à La Tête de Sanglier, qu'il s'est hâté de venir à l'école le lui répéter, etc... Après plusieurs autres répliques de la part de Dumbledore qui a laissé Percy sur le cul, ainsi que par la même occasion, Ombrage et Fudge réunis, je ne peux m'empêcher de m'exclamer :

- C'est pas bientôt fini ? Non, parce que je suis sensée être ailleurs qu'ici, en train de supporter vos simagrées sur quelque chose qui vous a échappé durant si longtemps... J'ai autre chose à faire.

- Pour le moment, il vaudrait mieux que vous vous taisiez, Malefoy, siffle Fudge.

- Ah oui, et pourquoi ça ? Parce que je dis la vérité ?

- Parce que vous êtes plus coupable qu'une simple organisation d'élèves.

  Son ton froid fait assombrir mon regard.

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, répondis-je froidement.

- Bien sûr que si, ces simples Artefacts qui étaient sensés rester hors de votre portée le prouve amplement !

- Eh bah allez-y, retirez-les moi, le mis-je à l'épreuve. Essayez donc.

- Je commence à en avoir assez de votre insolence ! s'écrie Fudge en levant sa main.

  Je ne baisse pas la tête, car sa claque, aussi forte soit-elle, n'est aussi douloureuse qu'une vulgaire pichenette. Je ne grimace donc pas malgré mon visage tourné à quatre-vingt dix degrés.
  Pourtant, une fraction de seconde plus tard, Dumbledore a bondi, sa baguette levée. Kingsley s'avance et Fudge fait un saut en arrière. 

- Je ne puis tolérer que vous malmeniez mes élèves, Cornelius ! dit Dumbledore.

  Pour la première fois, il semble en proie à une fureur sans pareille. J'ai un rictus arrogant, provocateur, en direction de Fudge, ne prenant pas en compte le regard angoissé de Harry qui a vainement essayé de se débattre pour intervenir. Mais Percy le tient trop fort, évidemment. Je sais dès lors quel risque peut s'imposer si je continue dans ma lancée. De toute façon... quand la potion est tirée, il faut la boire.
  Je ne compte donc pas me laisser faire et ils le savent très bien. 

- Monsieur le Ministre, peut-être devriez-vous vous calmer un peu, dit Kingsley de sa voix grave et profonde. 

- Oui, je le crains aussi, répond-il sans lui adresser un regard. Dolores, parlons de cette réunion de ce soir - celle dont nous savons qu'elle a bel et bien eu lieu...

- Inutile, lâchai-je avec une idée derrière la tête. Vous voulez une preuve, regardez donc dans ma poche. De toute manière, vous l'aurez découvert avec ou sans mon aide... Alors qu'on en finisse maintenant.

  Fudge est d'abord stupéfait de ma coopération et le regard de Harry est soudain horrifié. Je lui adresse cependant un clin d'œil tellement discret que seuls lui et Dumbledore le remarquent. L'un des gardes tirent de ma poche arrière la feuille de papier et la tends à Fudge, qui a une exclamation offusquée.

  Évidemment que je ne lui aurais pas donné de véritable preuve, celle-là est amplement suffisante (un dessin que j'ai fait il y a bien longtemps, lorsque l'Entité que j'y ai dessiné m'a parlé en rêve). Et comme je sais que Fudge a HORREUR de tout ce qui sort du lot, parce qu'un Gris est beaucoup plus différent que nous, j'ai pensé que ça lui ferait plaisir de le voir. Heureusement que l'Entité ne m'a jamais tenu rigueur d'un tel dessin, je crois même qu'elle en rigolerait, le connaissant...

- Mais... mais... ce n'est pas une preuve ! s'offusque Fudge.

- Si, c'est une preuve que vous pouvez aller vous faire voir.

  Je lui fais un sourire d'ange alors que Ombrage voit rouge quand il lui donne le dessin. Dessin que Kingsley semble avoir du mal à ne pas rire. Dumbledore n'en cache pas son petit rictus amusé.

- Bref. Quoiqu'il en soit, il n'y a aucune preuve tangible qu'on a mené un combat contre la vaine ascension d'une Sous-secrètaire inutile, alors si nous pourrions abréger votre-

- Si, nous en avons une, me coupe Cho.

  Mais son regard est étrangement vitreux, comme si... J'ai un éclairci de réflexion.
  Ils lui ont injecté du Veritaserum ! Je le sais, au nombre de fois où Severus m'en a montré les effets. Et comme elle a ce sérum de Vérité dans la peau, elle ne peut que continuer :

- Dans la poche de Harry, il y a tous les noms.

  Harry est vraiment pris d'effroi et la fusille du regard.

- Excellent, approuve Fudge avec un large sourire. Excellent, Dolores. Et... Mille tonnerres...

  Il lève les yeux vers Dumbledore qui se tient toujours debout, sa baguette pendant au bout de son bras.

- Vous avez vu le nom qu'ils se sont donné ? murmure Fudge. L'armée de Dumbledore.

  Mon regard s'assombrit aussitôt.

- Non... dis-je d'un rire nerveux. Ce... c'est un nom fictif, on a juste donné ce nom pour... pour... euh, pour... pour...

  Je ne trouve pas vraiment de mensonge à déverser et fronce les sourcils, en lançant à Harry :

- C'est vrai, ça, pourquoi on s'est donnés un nom pareil ?

- Euh, bah...

  Il a l'air de se rendre compte à son tour que c'était parfaitement stupide de notre part. Dumbledore, de son côté, tend le bras et prend la liste des mains de Fudge avant de remonter vers son bureau pour s'y appuyer. Il contemple l'en-tête qu'Hermione a griffonné des mois auparavant et, pendant un instant, semble incapable de parler. Puis il relève la tête, souriant. Mais Ombrage, au contraire, dit d'un ton ravi :

- Ça fait des semaines que je les observe, et vous voyiez, l'Armée de Dumbledore ! C'est la preuve de ce que vous ai dit dès le début, Cornelius ! Vos propos alarmistes sur Vous-Savez-Qui n'ont abusé personne, nous avons pris vos mensonges pour ce qui était : un écran de fumée pendant que vous tentiez de vous emparez du ministère ! dit Ombrage à Dumbledore, en regardant Fudge.

- Non, Professeure ! Il n'a rien avoir là-dedans, c'était nous ! s'écrie aussitôt Harry.

- C'est très noble de votre part de me protéger, mais comme vous avez pu le voir, le parchemin dit clairement : « l'Armée de Dumbledore », pas de Potter ou de Miss Malefoy. J'ai chargé Mélody et Harry de créer cette organisation, moi et moi seul suis responsable de ses activités, achève-t-il.

- Des activités que l'on a mené sans que vous nous le demandiez, répliquai-je avec évidence en tentant de me dépêtrer de la poigne de ces gardes de malheur. Si telle aurait été le cas, j'aurai immédiatement refusé, vous le savez très bien.

- Miss Malefoy, pas maintenant, tranche Dumbledore.

  Étrangement, il a l'air de savoir ce qu'il fait. Cependant, il n'y a pas plus inquiétant que d'entendre dire de sa part qu'il serait prêt à payer pour nos erreurs. Enfin... erreurs... je dirais plutôt « tentation pour dégommer Ombrage ». Dans tous les cas, Kingsley me jette un regard d'avertissement plus profond que celui qu'il lance à Harry, dont les yeux sont bordés d'horreur quand il comprend ce que Dumbledore s'apprête à faire.

- Envoyez un hibou à La Gazette du Sorcier, Weasley, ordonne Fudge. En faisant vite, ça paraîtra dans l'édition du matin !

  Percy lâche Harry et Cho, les laissant à un garde du ministère que je n'avais pas vu jusque là, et se rue hors du bureau en claquant la porte derrière lui.

- Dawlish, Shacklebolt, vous conduirez Dumbledore à Azkaban, où il attendra d'être jugé pour conspiration... et sédition.

- Oh oui, c'est sûr, commentai-je avec ironie. Une sédition qui n'a fondement que votre propre idéologie fasciste qui tend à priver la liberté d'un tiers uniquement à cause de la peur que vous inspirent les Hors-Systèmes, c'est vrai qu'il y a là un mouvement conspirationniste.

- Fermez-la, Malefoy, où je vais devoir sévir ! aboie Fudge qui continue de contempler Dumbledore avec un sentiment de délice horrifiée.

- Sous quel ordre ? Un code pénal basé sur la terreur ? m'enhardis-je avec sarcasme. J'applaudirais bien fort mais je suis un peu raide.

  Cette fois-ci, Fudge détourne son attention de Dumbledore pour me dévisager avec un air qui aurait pu me donner la chair de poule si je n'avais pas connu Kristine.

- Dois-je vous rappeler ce qu'il s'est passé au ministère ?

- Aucunement, répondis-je sèchement, parcourue d'un frisson d'effroi.

- Bien... Car vous n'avez aucun droit et privilège de liberté de faire ce que vous souhaitez, rappelez vous-en !

- Ah oui ? Et vous croyez que me menacer va me faire peur ? J'ai vécu plus de choses que ça et je pourrais bien user de manières pas très jolies pour vous montrer à quel point il vous sera impossible de me séquestrer à nouveau, à des fins totalement grotesques pour régner par l'anarchie et la terreur. Remarque... c'est peut-être ce que vous faites déjà, ajoutai-je.

  Kingsley semble me prévenir de son regard que je suis sur une pente glissante. Mais contrairement à Dumbledore et moi, personne n'a remarqué ce faucon pèlerin Albinos, perché à une haute fenêtre de la pièce, qui nous surveille de son regard perçant, prêt à intervenir.
  J'ai un rictus. Tantine est là pour me protéger, je ne risque rien d'inquiétant.

- Vous devriez pourtant savoir qu'il vaut mieux fermer son clapet lorsqu'on s'adresse à un membre de l'ordre public, alors bouclez-la, Malefoy ! siffle Fudge, ayant un peu perdu de sa superbe. Maintenant, Messieurs les Aurors, emmenez Dumbledore.

- Ah oui, bien sûr, dit Dumbledore avec douceur, je pensais bien que nous allions tous en arriver à ces deux petites difficultés qui lient l'affaire de Miss Malefoy à la mienne.

- Des difficultés ? s'étonne Fudge, la voix vibrante de bonheur. Je ne vois aucune difficulté là-dedans, Dumbledore !

- Eh bien, moi, si, je le crains, répond Dumbledore sur un ton d'excuse. 

- Ah, vraiment ?

- Voilà... Il semble que vous entreteniez l'illusion selon laquelle Miss Malefoy et moi serions disposés à obéir... Quelle est la formule, déjà ? Ah, oui... sans opposer de résistance. Or je crois bien que nous allons vous en opposer tous deux, justement. Car, voyez-vous, Cornelius, Miss Malefoy est très protégée et l'agresser pourrait avoir des répercussions très graves. Je m'en voudrais que l'hôpital Sainte Mangouste ait à vous soigner... Quant à moi, je n'ai aucune intention de me laisser envoyer à Azkaban. Oh, bien sûr, je pourrais m'en évader, mais quelle perte de temps et, très franchement, il y a tant de choses plus utiles que j'aimerais mieux faire à la place.

  Le teint d'Ombrage devient de plus en plus rouge. On dirait même que quelqu'un la remplit peu à peu d'eau bouillante. Fudge fixe Dumbledore d'un air particulièrement stupide comme s'il vient de recevoir un coup qui l'a à moitié assommé. Il ne parvient pas à croire ce qui se passe sous ses yeux. Il émet une sorte d'éructation puis se tourne vers Kingsley et Dawlish, qui est le seul à n'avoir pas dit un mot jusqu'à maintenant. Puis, c'est Ombrage qui siffle :

- C'en est assez... EMMENEZ-LE !

  Dumbledore nous offre à Harry et moi un clin d'œil et je devine à lire ses pensées qu'il a un plan déjà tout fait. J'hoche alors la tête discrètement.
  Dans un cri aigu, Fumseck arrive en déployant ses ailes de feu et un éclair de lumière illumine la pièce. Il y a une détonation, un bouclier énergétique nous traverse à tous le ventre, et le sol tremble. Au même moment où Dumbledore disparait dans un flash de lumière ardente, je sens les gardes derrière moi me lâcher brusquement en s'effondrant au sol, tandis que je baisse vivement la tête pour éviter de la poussière dans mes yeux. Cette dernière se dissipe bien vite, nous laissant admirer Harry et moi le départ théâtrale de Dumbledore et Fumseck (tous deux ont disparu) : Fudge, Ombrage, Kingsley et Dawlish, ainsi que les gardes, allongés par terre, demeurent immobiles. De quoi me faire étirer un rictus et lever mon pouce en l'air en direction du faucon pèlerin.

- Ne t'en fais pas, il ne m'arrivera rien, Tantine !

  Pourtant, elle reste là. Mais je discerne un rictus en coin du bec de l'oiseau.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? me demande Harry alors que Cho est silencieuse, le regard dans le vide. Où est Dumbledore ?

- Parti. Mais il reviendra vite, sois-en sûr. En attendant... on va devoir survivre quelques temps, dis-je en observant les adultes se relever péniblement.

- Où est-il ? hurle Fudge. Où est-il ?

- Il ne peut pas avoir transplané ! s'exclame Ombrage. C'est impossible dans l'enceinte de cette école...

- Sauf si l'on s'appelle Dumbledore, souffle Kingsley. Apparemment, son phénix est très puissant.

  Le Ministre se tourne vers lui, la mine désapprobatrice.

- Voyez-vous, Fudge, je suis souvent en désaccord avec Dumbledore... Mais reconnaissez au moins que, contrairement à vous, il ne manque pas de style, pouffai-je.

  Il fait aussitôt volte-face en pointant vers moi un doigt menaçant.

- Vous... Tout est à cause de vous et de... de votre magie !

- Sérieusement, il va falloir préciser, répondis-je avec amusement, jubilant presque, en montant les marches pour me poser près du bureau de Dumbledore.

  Je ramasse au sol la plume qui est tombée des ailes de Fumseck.
  Je sens rien qu'en la touchant, qu'en l'observant, la puissance magique qu'elle détient. Avec ceci en ma possession... je pourrais sûrement concocter une potion spécifique, ou alors la conserver soigneusement pour soigner quelqu'un en danger de mort. Avec Kristine dans les parages, il vaut mieux que je la garde précieusement... Par contre, les cendres qui sont sous son perchoir... Ça, c'est plus particulier.

- Vous avez sûrement dû transmettre une goutte de votre sang à Dumbledore pour qu'il puisse transplaner hors de cette école. Avec votre magie dans la sienne... Il peut faire des miracles !

- Oh, je vous en prie, trouvez autre chose comme prétexte de votre incompétence : nous savons tous que Dumbledore n'est pas limité pas un minable champ de force lancé pas des mages ancestrales.

  Une fiole apparue entre mon index et mon pouce, je la remplie des cendres de Fumseck. Comme j'ai pu le lire dans un des livres privés de Tantine, je fais légèrement tournoyer le flacon en me concentrant... En un instant, la poussière se réunie en une flamme ardente qui ne produit aucune fumée, étant assez magique pour que je puisse refermer la fiole de son bouchon en cristal et l'admirer avec un élan de fierté pour moi-même. Voilà ce qui manquait à mon armoire de potions, au château : l'Immortalité en bouteille. Oh, bien sûr, je ne l'utiliserais jamais. C'est seulement au cas où, disons... que le temps tourne à l'orage. Et aussi pour la beauté de cette cette magie si particulière, évidemment.

- Pourtant, je peine à croire que vous n'y êtes pas pour rien ! persiffle Fudge avec des yeux exorbités. Et votre insolence le prouve bien !

- Non, mon insolence ne prouve que ce qu'elle a à montrer.

  Je me tourne vers lui en rangeant fiole et plume dans ma poche, et m'appuie nonchalamment contre le bureau de Dumbledore, le dos droit, le menton haut.

- Et vous, mon cher, vous êtes vexé parce que vous ne tenez ni Dumbledore ni - par la même occasion - la possibilité de me faire quoi que ce soit.

  Fudge recouvre soudain un sourire malsain, pervers, avec un regard bercé d'un désir fou de me savoir enfermer à nouveau.

- Oh, bien sûr que si, dit-il en commençant à monter, avec ses larbins, les marches de l'escalier. Dumbledore n'étant plus là, il va m'être facile d'ordonner votre enfermement à vie. Vous n'avez que quinze ans, après tout. Mâture, trop mâture, certes, mais vous n'êtes qu'une enfant.

  J'ai un ricanement qui n'a pas l'air de rassurer Harry.

- L'ancêtre... Je suis, comme vous l'appelez tous à chaque fois, plus puissante que Voldemort et Dumbledore réunis... Ça vous va ?

- Ainsi donc, ricane Fudge, vous avez l'intention d'affronter Dawlish, Shacklebolt, Clark, Bennet, Dolores et moi-même à vous toute seule, Malefoy ? Ne soyez pas stupide, vous en êtes incapable.

  J'hausse un sourcil puis adresse un sourire rassurant à Tantine, toujours en sa forme d'oiseau, perchée en haut de la fenêtre. Elle semble commencer à s'inquiéter, un peu comme Harry... mais lui est plus angoissé et prépare sa baguette magique au cas où. Mon signe de main l'en dissuade.
  Je remets mon attention sur Fudge, qui a observé chacun de mes faits et gestes. Lui et les autres adultes se sont certes rapprochés, j'ai l'impression qu'ils veulent aussi se tenir à distance. Que c'est ironique !

- Ne me sous-estimez pas, Fudge, répondis-je en me redressant avec un sourire. Vous n'avez aucune idée de ce que MOI je suis capable de faire.

- Oui, oui, c'est cela... Saisissez-la.

  Pourtant... Aucun des Aurors n'a bougé, tout simplement car ils fixent tous avec grande crainte les volutes de fumée qui sont apparues entre mes doigts, et avec lesquelles je suis en train de m'amuser.

- Je me vois obliger de vous faire une confidence... minaudai-je ; ce serait une erreur de me sous-estimer. Et croire que vous pourriez me contrôler est un obstacle que vous vous imposez... S'interroger davantage sur la façon de me faire plier, ça, c'est se pendre à une corde. Si Kristine Astor s'en serait interrogée, elle aurait perdu du temps face à son but ultime, contrairement à tant d'autres abrutis tel que Voldemort, dont les tiroirs débordent d'idées lamentables et le cœur de fureur et de lâcheté... Vous avez le talent pour vous embarquez dans des ennuis mortels... Mais avez-vous l'instinct de tueur, c'est une question primordiale, achevai-je en le dévisageant avec arrogance.

  J'aime le mettre au défi, pour le simple plaisir de le voir incapable de me répondre. Surtout à cause de ma magie que je suis prête à leur balancer.

- Non, en réalité, cela est impossible, nous gagnerons à nous défaire de cette idée, articulai-je sous le regard hargneux de Ombrage. Nous savons tous - Harry et Chang y compris - combien vous ne pouvez envisager de... hum... comment Kristine l'a-t-elle dit, déjà ? Ah oui, ça me revient... de me supprimer. (Ma légère boule de lumière s'épaissit.) Puisque de toute évidence, vous avez toujours besoin de quelqu'un d'assez puissant sous la main pour vous assurer une protection confortable. Cela dit, l'on pourrait qualifier votre soucis d'un dilemme particulièrement agaçant : choisir de me tuer en dépend de votre vie ou préférer mettre en place une vaine tentative de m'enfermer à nouveau. Or, cette deuxième solution est aussi pathétique qu'idiote, et vous le savez. Alors à vous de choisir, Fudge.

  Lui et les autres me regardent avec un air abruti collé au visage. Même Ombrage, elle qui, pourtant, parvient à formuler des phrases qui embaument l'esprit. Fudge reste immobile, la bouche ouverte, donnant l'impression d'avoir reçu en pleine figure un pot rempli de bouse de dragon. 
  Kingsley, dont le regard envers moi est impressionné, est le premier à se ressaisir.

- Monsieur le Ministre, peut-être pourrions-nous la laisser en liberté conditionnelle pour cette fois-ci, je ne voudrais pas vous savoir en danger.

- C'est hors de question ! s'offusque sitôt Ombrage. Sept mois ont passé depuis l'application de sa liberté provisoire. Si nous avons directement posé les limites de ce qu'elle pouvait ou non faire, il est évident que cette adolescente écervelée s'est moquée de toute interdiction mise en place. Et donc, son comportement est allé contre les ordres donnés !

- Alors vous avouez vous-même que cette soi-disant liberté conditionnée n'était rien de plus qu'un moyen illégal d'exercer encore des pouvoirs tout aussi illégaux sur ma personne - que je cite n'étant que juridique, la coupai-je sèchement. Et ce, au sens propre du terme car « Malefoy » est lié à un simple morceau de papier, pas à mon Être Vivant. Cet accord est donc non-avenu et non convenu, car vous même ne l'avez pas respecté. D'autant plus que pour prouver que ce contrat - et son prédécédeur de me séquestrer sans mon accord - est légal, il vous faudrait un contrat signé de MA main. Mais comme vous ne l'avez pas en votre possession, je ne vois donc pas pourquoi je consentirais à accepter vos conditions.

  L'effet de mon sourire malicieux est immédiat : Ombrage a le regard assassin et les narines de Fudge, ainsi que sa respiration, s'agitent comme un Éruptif en colère. D'un coup d'œil discret à Tantine en faucon, je remarque que son regard brille de fierté. Mon cœur s'en réchauffe.
  De son côté, Harry a tellement froncé les sourcils que je me demande s'il n'est pas en train de se demander ce que je raconte. Car le juridique, c'est étonnant, mais ça me connais. Peut-être parce que j'ai un père biologique Aristocrate et une tante paternelle ex-Cheffe-des-Aurors... Quoiqu'il en soit, mes répliques sont suffisantes pour tromper l'esprit de Fudge.
  Enfin, c'est ce que je crois jusqu'à ce qu'il persiffle avec un air carnassier :

- Tout ça est sur-fait ! Les lois peuvent être changées, les conditions également et comme les Elementum n'ont jamais eu de Droits dans le monde Magique, vous n'êtes pas plus qu'une chose insignifiante !

- Une marchandise, appuie Ombrage en le regardant.

- Vous allez donc nous suivre ou nous userons de la force.

  Les gardes et Dawlish font un pas de plus.
  J'ai un rictus amer...

- Je savais que vous diriez ça.

  ... et en un instant, mes volutes de fumée, alors transformées en boules d'énergies rouges, explosent dans leurs poitrines. Ils sont alors tous les six expulsés en bas des marches et tombent à la renverse. Kingsley également, car il doit rester notre Taupe.
  Je perds mon sourire que je me suis forcée à garder depuis le début, par simple jeu d'actrice, et me propulse légèrement dans les airs pour atterrir juste devant Fudge, appuyant avec force mon pied sur sa poitrine pour l'empêcher de se relever. La terreur se lie dans son regard.

- Vous croyez sincèrement pouvoir resté indemne après tout ce que vous m'avez fait ? dis-je en faisant apparaitre une boule de feu dans ma main. Non... Vous n'êtes qu'une petite sous-merde qui mérite amplement qu'on lui fasse autant de mal que vous l'avez fait à des innocents, à ma tante Éléona et au monde Magique. Vous allez payé... payé si cher que le Diable sera là pour vous accueillir à bras ouverts...

  Je suis soudain tirée en arrière par deux mains à mes biceps.

- Mélo, non !

- Harry, lâche-moi ! m'écriai-je en me tournant vers lui.

  Mais son simple regard me fait lâcher une exclamation de fureur.

- Quoi ?

- Ne fais pas ça ! Il y a une autre alternative !

- Ah oui ? Laquelle ?

  Il n'a pas le temps de parler que Fudge, à nouveau debout, me fait déjà face avec un regard noir.

- La seule alternative qu'il y a, Mr Potter, est que vous soyez renvoyé et que votre amie soit ramenée au ministère. Là où est sa véritable place !

  Soudain, je me sens tombée à genoux et mes poignets sont liés par une brutale paire de menottes. 
  Du fer.
  J'ai une exclamation de douleur, la respiration compliquée, brusquement affaiblie.

- Mélody ! s'écrie Harry en se jetant à mes côtés.

  Au même moment, un cri mélodieux résonne dans la pièce.
  Je parviens à apercevoir le faucon pèlerin descendre en rappel. Il décrit une courbe majestueuse, rasant les murs de ses ailes magnifiques, avant d'atterrir dans une tornade de fumée blanchâtre entre moi et Fudge, retrouvant aussitôt sa forme humaine. D'un simple coup de magie sortie de ses mains, Tantine fait disparaitre mes menottes et désarme les gardes et les Aurors, arborant un air à la fois paisible et guerrier. Son simple regard assombrit et rempli de défi donne l'air d'une mère-lionne prête à montrer les crocs.
  Fudge lâche une exclamation de stupeur alors que Ombrage a fait un bond en arrière.

- Faites encore une fois du mal à ma fille et vous trouverez tous votre place dans une tombe, siffle Tantine d'une voix si menaçante que je ne la connais pas.

  Je veux prendre la parole en me relevant aussitôt mais elle m'empêche de passer en mettant son bras en travers, nous obligeant Harry, Cho et moi à rester derrière elle dans un instinct de protection.

- Vous ? murmure Fudge, piétinant sa cape fumante à cause de ma magie.

- Je pourrais vous souhaiter le bonjour, Monsieur le Ministre, mais cela serait mentir, siffle Tantine.

- Vous... vous protégez cette...

- Je ne m'aventurerais pas sur ce chemin glissant, Cornelius, car vous seriez amené à regretter les quelques paroles que vous lâcherez, répond-elle d'un regard assassin.

  C'est la première fois que je la vois si protectrice envers moi.

- Eh bien, eh bien, eh bien... souffle Fudge en se ressaisissant, contemplant Tantine comme s'il vient de voir le Saint Graal. Je m'apprêtais à renvoyer Potter et à ordonner l'enfermement de Miss Malefoy, et au lieu de ça...

- Au lieu de ça, vous allez me reprendre au ministère, coupe Éléona avec un sourire glacial. C'est comme si vous aviez perdu une Noise pour trouver un Gallion, n'est-ce pas ? Mais en échange, vous vous engagez à laisser Mélody en paix et à garder Harry à Poudlard. 

- Quoi ? dis-je, un frisson d'horreur me parcourant l'échine, la respiration accélérée. Non... Non, hors de question !

  Je me retrouve soudain immobilisée en plein mouvement, comme si l'on m'avait pétrifié d'un sort.

- Tantine, je refuse que tu payes ce prix ! m'écriai-je, sitôt énervée qu'elle utilise sa magie sur moi.

- Il suffit seulement de signer en bas du parchemin, continue-t-elle sans m'écouter, en faisant apparaitre le dit parchemin dans sa main.

  Il est tellement long qu'il lui arrive jusqu'aux genoux. Fudge fronce les sourcils en la dévisageant longuement, alors que Ombrage a un sourire épais de satisfaction viscérale et Kingsley, une expression de peur sur le visage.

- Vous acceptez de vous faire Conditionner à nouveau à sa place, alors que vous en avez réchappé il y a deux ans... Pourquoi ? dit froidement Fudge.

  Éléona se tourne vers moi pour caresser ma joue avec sa main, les larmes aux yeux de culpabilité et d'amour maternel. Mon cœur semble se briser à son contact et je secoue négativement la tête, toujours incapable de bouger mes autres membres de mon corps.

- Parce qu'une mère se sacrifie pour son enfant, répond-elle, les yeux et le sourire attendri.

- Non, Tantine, je t'en supplie... murmurai-je.

  Je suis comme prise au piège entre cauchemar et réalité, en train de me dire qu'encore une fois, quelqu'un va payer à ma place sans que j'ai mon mot à dire.

- Non, je t'en conjure, ne fais pas ça ! J'ai déjà perdu Daniel, je... je ne veux pas te perdre aussi... Pense à David, à Remus, à...

  Mais elle me fait un soudain clin d'œil appuyé d'un magnifique sourire. Je suis alors soulagée : elle ne fait que jouer le jeu, rien de plus. Harry, quant à lui, reste inerte, incapable de savoir quoi dire... ou quoi faire.

- En tant que parent, on fait des sacrifices, ma Chérie... Et je les ai toujours payé jusque là, ajoute-t-elle en se retournant vers Fudge, arborant à nouveau cet air défensif. Alors... vous signez, Monsieur le Ministre ? appuie-t-elle en lui présentant le parchemin.

- Très bien ! dit Fudge, radieux, en frémissant littéralement d'allégresse. Mais vous concevez que vous appartiendrez définitivement au ministère, dorénavant ?

- Évidemment... Et vous pourrez souhaiter de moi la plus exemplaire des servitudes... Alors... conquis ?

  Elle fait apparaître une plume dans sa main, une plume rouge comme le sang. Fudge se hâte de signer le parchemin sans même le lire. Mais à peine le bout de la rémige finit de toucher le papier que son corps se recouvre d'une épaisse lumière indigo, comme une Aura, incapable de bouger. Les adultes font un pas en arrière pas la peur, Ombrage a même échappé un cri aigu.

- Mais qu'est-ce donc que ce maléfice !?! s'écrie Fudge, soudain terrorisé et paralysé.

- De la simple encre de seiche, répond Tantine avec amusement. Une encre provisoirement paralysante, très rare mais qui porte ses fruits, notamment quand l'on écrit avec.

  Je me retrouve soudain capable de bouger et me rus immédiatement dans ses bras en la serrant fort contre moi, soulagée. Elle passe ses bras autour de mon dos en soufflant légèrement.

- Ils ne t'emmèneront pas, ma Chérie, sois rassurée.

- C'est plutôt toi qui m'as inquiété.

- Pourquoi avoir fait ça, Madame ? murmure Harry, qui a été choqué de tout ce qu'il vient de se passer.

- Parce que c'est l'unique moyen de protéger Mélody ; par l'intermédiaire d'une magie comme la mienne, et l'ignorance des autres face à la ruse, on peut tout accomplir.

- N'en soyez pas si sûre ! s'écrie Ombrage en levant sa baguette, sitôt suivie par les Aurors et les deux gardes, sauf Kingsley, qui semble plus que rassuré.

- J'éviterais à votre place, grogne une voix juste à côté de nous.

  Fol Œil vient d'apparaître dans une blancheur éclatante, suivie de plusieurs autres membres de l'Ordre du Phénix qui forment une garde rapprochée tout autour de Harry, Cho, Tantine et moi. Ombrage est stupéfaite et recule d'un pas, imitée par les autres Aurors alors que Fudge s'exclame :

- Alastor Maugrey !? 

- En chair et en os, grogne Fol Œil. Un peu rouillé mais toujours capable d'être actif.

  Les tableaux du bureau applaudissent bruyamment. Sous les airs horrifiés des membres du ministère qui savent qu'ils ne peuvent plus rien pour m'enfermer maintenant. Harry observe chacun d'entre eux, frappé de stupeur.

- Mais... mais... c'est impossible de transplaner à-

- Sauf par l'intermédiaire d'une magie comme celle de Éléona, réplique Emmeline Vance, sa baguette dégainée.

- Mais... mais...

  Fudge est pris au dépourvu, toujours immobile.

- Vous... vous... Dumbledore...

- Il vous avait prévenu, répondis-je à mi-voix alors que Tantine me serre davantage, une main me caressant les cheveux, la seconde me tenant contre elle.

  Son étreinte et sa douceur apaisent les battements de mon cœur.

- Vous prendrez bien des risques à vouloir vous en prendre à cette fillette ! aboie Fol Œil. Et j'espère que vous noterez notre arrivée, car nous pourrions revenir plus nombreux que jamais si vous espèreriez l'enfermer à nouveau !

  Sa réplique achève de sceller cette idée d'un autre séjour au ministère et la réalité rattrape Fudge : le contrat qu'il a signé en est la preuve, car il ne comportait aucun paragraphe sur le retour de Éléona au ministère. Seulement des multiples textes de loi et de mots pour clore cette liberté conditionnée sous laquelle on m'a mise. C'est donc définitif.
  Malgré que, dorénavant, je dois me montrer un peu plus discrète : même si tout cela est désormais derrière nous, Tantine ne sera pas toujours là pour me surveiller de près, Poudlard étant très loin du centre de Londres et la sécurité de David étant mise en danger par ma faute. Ce qui m'amène à penser à la même chose... Plus que deux mois, et Ombrage retourne faire son boulot de Sous-secrétaireJe le sais sans savoir pourquoi. Peut-être parce que, d'une certaine manière, j'ai confiance en Dumbledore et que je sais qu'il ne laisserait pas l'école tomber trop bas... 

Il faut juste tenir suffisamment de temps.

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