Elementum {Tome 5}

By Alice_univers

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Quand le Tournoi des Trois Sorciers sonne la mort de Cedric Diggory, c'est tout l'univers de Mélody qui se bo... More

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XXXI
XXXII
XXXIII
XXXIV
Annonce et remerciements

XXVIII

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By Alice_univers

  L'air pensive, je regarde les autres se préparer pour aller à Ste Mangouste ; nos bagages sont arrivés de Poudlard pendant le déjeuner tout à l'heure. J'aurais bien voulu y aller mais j'ai quelques petites choses à voir avec Sirius par rapport à l'Ordre du Phénix, et plus particulièrement les prophéties. Tout le monde, sauf Harry, bavarde et rit dans un joyeux tapage en revêtant les jeans et les pulls qui doivent leur permettre de passer inaperçus. Le fait que mon meilleur ami à lunettes ait l'air dans sa bulle me fait me demander ce qu'il se passe.
  Je m'approche vers lui en tapotant son épaule. Il sursaute et se retourne à peine avant de souffler de soulagement.

- Oh, c'est toi...

  Je fronce les sourcils.

- Harry... Tu es sûr que ça va ?

- Très bien, pourquoi ?

  Il essaie de faire sa cravate mais son nœud ressemble plus à un brouillis de tissus qu'autre chose.

- Laisse, dis-je en lui retirant sa cravate avant de l'observer entre mes doigts, songeuse. Pourquoi tu en mets une ?

- Euh... Bah... J'ai pensé que...

  Harry ne trouve pas la fin de sa phrase.

- C'est vrai que c'est ridicule...

  Il commence à la ranger en boule mais je le devance : en un clin d'œil, par ma pensée, la cravate se noue autour de sa gorge de façon parfaite. Les yeux écarquillés, Harry me dévisage avec stupeur.

- Mais comment as-tu fait ça !?

- Secret du chef, pouffai-je. Je te le dirais un jour si tu me dis ce qui te tracasse, John Wick.

  Mon meilleur ami se fige un instant. Il finit par se diriger vers le salon où je le suis en sentant mon pouls s'accélerrer d'inquiètude. Puis, il me raconte tous les détails de la vision qu'il a eue, y compris le fait que c'était lui, dans la peau du serpent, qui a attaqué Mr Weasley.
  Lorsqu'il s'interrompe pour reprendre son souffle, à attendre que je dise ce que j'en pense, je lui demande simplement :

- Tu en as parlé à Sirius ? Ou à Dumbledore ?

- Oui, répond Harry, contrarié. Mais Dumbledore ne m'a pas dit que ça signifiait, et Sirius est certain que c'est un état de choc.

- Évidemment... murmurai-je.

  Je me sens énervée. Autant pour la réaction du directeur que de celle de mon grand-cousin. L'un espère garder Harry à distance pour lui éviter plus de problèmes avec Voldemort, l'autre ne voit pas plus loin que son bout du nez car, même s'il est un excellent Sorcier et le meilleur ami de Tantine, ça ne fait pas de lui un véritable connaisseur en la matière.

- Et... et ce n'est pas tout, reprend Harry d'une voix à peine plus forte qu'un murmure. Mélo, je... je crois que je deviens fou. Dans le bureau de Dumbledore, juste avant que Rogue arrive... pendant un instant, j'ai cru que j'étais un serpent. Je me sentais serpent... Ma cicatrice m'a vraiment fait mal quand j'ai regardé Dumbledore... Mélody, j'ai eu envie de l'attaquer, lui !

- Ça m'arrive aussi, même très souvent... J'ai envie de lui coller une raclée parce qu'il m'énerve, ce genre de choses... C'est tout à fait normal, affirmai-je avec sarcasme.

- Non, mais je veux dire... je veux dire vraiment ! Comme si... comme si que... comme si que quelque chose s'était soudain dressé en moi, comme s'il y avait eu un serpent dans mon corps.

  Mes yeux fixent les siens à la manière d'un faucon. Le fait qu'il soit aussi anxieux, la respiration aussi précipitée, n'est pas surprenant... Au contraire. Il n'est pas habitué à avoir des Visions.

- Écoute, Harry...

- Tu vas me dire que je suis idiot, c'est ça ? Mélody, je t'en supplie, il faut que tu me crois ! Tu es la seule qui- Aïe !

  Je viens de lui donner un petit coup sur la tête, exaspérée de son caractère.

- Mais bien sûr que je te crois ! répondis-je alors qu'il se masse le bord de la tempe. C'est simplement que... ça me surprend. Ce n'est pas tous les jours que je t'entends me dire un truc pareil, même si ça commence à frôler l'habitude.

- Alors tu... tu crois que c'est normal ? Ou que je deviens cinglé ? s'angoisse-t-il.

- En fait, je pourrais dire que tu es déboussolé, complètement illuminé et un peu fou - comme tous ces idiots qui ne t'ont jamais réellement compris... Mais, je vais te dire un secret qui ne tient qu'à moi : la plupart des gens bien le sont.

  Harry a un petit rire et baisse la tête dans un sourire soufflé, soulagé de m'entendre dire ça.

- Et en tant que championne dans le genre, poursuivis-je en posant mes mains sur ses épaules, le faisant me regarder dans les yeux ; je te conseille de ne pas trop t'en inquiéter. Les Visions sont une autre manière de voir ce qui nous échappe. Dans ton cas, être le serpent n'est que la traduction du lien qu'il y a entre toi et l'autre trou du cul qui me sert d'arrière-arrière-grand-cousin, j'ai nommé le Boss Mangemort du-con nommé Voldemort.

  Ma façon de parler le fait sourire.

- Tu n'as vraiment pas peur de lui... souffle-t-il, impressionné.

- Pourquoi ? Toi si ?

- Non. Pas le moins du monde mais... en fait, un peu, si. Parce qu'il pourrait tous vous tuer à cause de moi.

  Je me rends compte que dans cette histoire, il n'y a pas que moi qui doute et qui a un ennemi menaçant mes proches : Harry, c'est Voldemort, moi, c'est Kristine. Je sais maintenant ce que peut ressentir George et tous les autres, quand je leur dis que j'ai peur pour eux.

- Hey ! Qu'est-ce que je devrais dire, moi ? J'ai sa gouvernante en cheffe sur le dos depuis que je suis née, et elle est beaucoup moins cool que lui. Ce qu'il fait, ce crétin... Ce n'est que joué au sous-chef, exactement comme Percy qui est asservi à Fudge.

- Mais pour m'atteindre, il est prêt à tout, Mélo ! Je ne crois pas que ce soit un sujet sur lequel il est facile de rire ! Tu... tu ne te rends pas compte...

- Bien sûr que si, je me rends compte, sifflai-je, agacée qu'il me voit comme ça. C'est mon quotidien, que des grands méchants machiavéliques nous pourrissent la vie et essaient constamment de s'en prendre à ma famille, à mes amis et... et à tous ceux que j'aime plus que tout. Tu... tu crois que tu es le seul à vivre un enfer, là-dedans ? Et encore, toi, ce n'est qu'une cicatrice et un petit imbécile qui se prend pour un roi... Ce n'est même pas un véritable Reptilien ! Alors, par Merlin, arrête donc avec ton foutu nombril et écoute-moi.

  Je prends son visage entre mes mains pour qu'il ne détourne par le regard. Et étant sûr d'avoir toute son attention, je continue en le regardant droit dans les yeux :

- Ce n'est pas parce que tu as cette cicatrice qu'il faut en déduire que toi et Voldemort êtes pareils. Tu as simplement incarné Nagini - son serpent - parce que tu es connecté à lui, exactement comme je le suis avec Kristine qui n'est rien d'autre que mon Double-Maléfique... C'est tout et ça s'arrête là, okay ?

- Mais tu as entendu Sirius : la guerre se prépare ! réplique Harry en serrant les poings. J'ai l'impression que tu ne saisies pas bien qu'on est tous en danger de morts !

- Harry... 

  Je relâche son visage en soupirant.

- On a subi beaucoup d'épreuves... J'ai été habituée à voir des Reptiliens et leurs Ombres, et à avoir l'Âme d'une Guerrière... et toi, tu as eu des parents qui ont fait parti d'un Ordre Rebelle, et tu as combattu par trois fois Voldemort en t'en sortant toujours vivant !... Toutes ces épreuves, toutes ces étapes dans nos vies... elles ont été faites pour qu'on affronte le danger avec les doigts dans le nez, pour qu'on sache se défendre au cas où... Alors sincèrement... Il n'y a aucune inquiétude à avoir. S'il doit y avoir la guerre, et il y en aura une... On est prêts, on est parés au combat. D'accord ?

  C'est sûrement en voyant mon air déterminé que Harry parvient à hocher de la tête, un peu fébrile.

- Ouais... soufflai-je en acquiesçant à mon tour. On est prêts et ce ne sont pas deux personnes des Forces du Mal qui vont nous en faire douter. Allez... Vas rejoindre les autres, ils doivent t'attendre.

  Je le suis du regard pendant qu'il sort du salon et entends la voix de Tantine dans mon dos :

- Tu ne lui as pas tout dit... n'est-ce pas ?

  Je me tourne vers elle en soupirant.

- Je déteste lui mentir mais j'ai juré à Dumbledore de garder le silence jusqu'à ce qu'il soit prêt.

  Ma tante s'approche de moi et me prend dans ses bras. Même si Harry occupe beaucoup mes pensées à cause de son état psychologique (qui est loin d'être stable), je suis heureuse de voir qu'Éléona ne se morfonde plus comme avant. Elle s'est d'ailleurs retournée vers la couleur blanche, à notre grand soulagement pour David et moi. David qui, d'ailleurs, a voulu rendre visite à Mr Weasley.

- Parfois, il vaut mieux cacher une partie de vérités à certaines personnes, plutôt que les exposer à une dure réalité qui pourrait leur être insurmontable, me chuchote Tantine en me caressant les cheveux.

- Je me demande justement si ce n'est pas la solution la plus facile...

  Éléona se décale légèrement pour m'embrasser tendrement sur le front. Elle croise mon regard incertain et soupire à son tour.

- Je sais ce que tu penses, et... oui, je te l'accorde, c'est peut-être une certaine facilité. Autant pour toi, que pour lui.

- Alors ça l'est aussi, pour l'Orbe ?

  Cette fois-ci, je l'ai relâché et mon regard s'est assombri. Le sien brille d'une étrange lueur que je peine à déchiffrer. Quant à son sourire, ce dernier s'est affaissé. Mais avant qu'elle ait pu me dire quoi que ce soit, une voix retentie derrière moi :

- Et je ne l'ai même pas fait exprès, là, c'était juste pour te dire au-revoir !

  Je baisse la tête en soufflant un sourire exaspéré et me retourne vers George, qui se tient dans l'entrebaillement de la porte. Je le dévisage de haut en bas - autant dire que je le reluque, ce sera peut-être plus rapide - et ne peux me retenir de pouffer en plaquant ma main contre ma bouche pour éviter que mon rire résonne.

- Alors, comment suis-je ? me demande George en se montrant avec sa main de la tête aux pieds.

- Ça, c'est difficile à dire...

  Il est habillé comme au temps du charleston, avec un pull over vert bouteille par-dessus une chemise blanche au nœud-papillon noir. Son pantalon gris est en coupe droite et ses derbies vieillies accentuent son habitus vintage.
  Éléona a un sourire amusé, et un soit peu moqueur, il faut se l'avouer.

- Voyons, George... Sais-tu que nous sommes en 1995 ? pouffe-t-elle.

- Bah quoi ?

  Il me demande de l'aide par son regard, ne savant ce qui cloche. Pour moi qui suis à l'affût de la mode Moldue des plus grands créateurs, son look me fait retourner au temps des années folles auxquelles j'aurai adoré participer.

- Je n'ai rien contre le vintage, répondis-je théâtralement, les années 20 étaient sublimes... pleines de jazz, de jin et de charleston... Coco Chanel elle-même en fait le plus beau siècle !

- Mais ?

- Mais ça ne va pas du tout... À moins que tu prévois clairement de revisiter « Retour vers le futur », là, je te donne un dix.

- Cette référence est ironique, Daniel m'a accusé une fois de le tromper avec Marty McFly, commente Tantine.

  Je la regarde bizarrement, ne m'attendant pas à cette vanne, elle pour qui le sujet « Daniel » est encore très délicat.

- Quand je lui ai parlé du futur, explique-t-elle vaguement.

  Je ne retiens pas un petit rire malicieux et regarde George avant de lui imaginer un costume bien plus moderne, bien plus luxueux.
  Je songe à... une chemise blanche, surmontée d'un chaud manteau en tweed bleu marine et long, assortie à une cravate rayée, avec un pantalon taille haute en coupe droite entourée d'une ceinture en cuir aussi noir que des derbies montantes à ses pieds. À son poignet droit, une montre en or signé Chanel. À son pouce, une chevalière dorée à tête de lion tenant entre ses crocs un beau rubis, de chez Gucci cette fois. Et ses cheveux roux... ramenés un peu en arrière comme Leonardo DiCaprio.
  Ma pensée se réalise et en un clin d'œil, ses vêtements se métamorphosent comme je les ai imaginé. George a une exclamation de stupeur impressionnée et s'observe sous tous les angles.

- Wow ! Par Merlin ! s'exclame-t-il, les yeux exorbités. Mais comment c'est possible !?

- Je savais que le look Giorgio Armani tirait comme un gant ! dis-je, fière de moi. En parlant de ça, il ne manque plus que...

  Des gants en cuir noir enveloppent soudain ses mains.

- Oh putain ! lâche George.

- Langage ! le réprimande Tantine.

- Mais ce... C'est toi qui fais ça, ma Belle ?

- Évidemment.

  Rien n'a d'étonnant face à sa réaction, Harry a eu la même quand sa cravate s'est nouée toute seule avec mon aide.
  Après un chaste baisé qui a fait sourire Tantine, George rejoint les autres et ils partent tous pour Ste Mangouste, sous la protection de Fol Oeil et de Tonks. Je suis certaine que Mr Weasley va s'en sortir et qu'il sera là pour Yule. La preuve le 25 décembre... mais pour l'instant, en ce jour, il est l'heure pour moi de rejoindre Sirius dans la salle à manger pour discuter des prophéties.
  Mais en y arrivant, je m'aperçois qu'il n'est pas seul : Remus est là, lui aussi, et ils semblent tous deux penchés sur plusieurs parchemins superposés. Tantine étant remontée ranger quelques petits trucs dont je ne connais pas l'origine, c'est ma curiosité qui me pousse à me cacher derrière le mur pour épier leur conversation.

- Je ne pense pas qu'elle lui ait dit, songe Remus. Avec le décès de Daniel, je crois même qu'elle n'y a pas songé une seconde.

- Dans ce cas, on le devrait, nous, rétorque Sirius.

- Ah non, non, non, Sirius, ne m'embarque pas là-dedans. 

- Oui mais imagine qu'elle ne lui dise jamais, ça nous fera un problème en plus.

  Le fait qu'ils se parlent de la sorte me fait froncer les sourcils. J'ai compris qu'ils parlent de Éléona, et je me doute que la deuxième personne, c'est moi. Malheureusement.

- Ce n'est pas à nous de décider de tout lui dire, Patmol, tu le sais très bien !

  Pourquoi Remus semble en colère, peut-être exaspéré ? Et qu'est-ce que ça signifie « tout me dire » ? Je sais qu'ils me cachent des choses, notamment Tantine, mais ça commence à peser.

- Allons, Remus, s'il te plait... soupire Sirius, le ton légèrement suppliant. Toi et moi, on connait parfaitement comment Mélody pourrait réagir, et avec tout ce qui est en train de se passer, tout ce qui se prépare, et tous les risques allant avec... On devrait avancer Clairdaile, au risque que ça finisse mal.

  Je jette un discret coup d'œil à la scène, cachée par l'entrebaillement de la porte. Remus secoue négativement la tête.

- Tu sais autant que moi que Leo n'accepterait pas et... et il y aurait aussi un risque pour nous qu'elle nous en veuille à un point inimaginable.

  Il semble vraiment angoisser à cette idée, à voir comment il se frotte les mains d'une manière soucieuse. Un instant, j'ai l'impression de voir un ado qui craint que sa mère découvre son bulletin scolaire.

- Oh je t'en prie, Lunard, on n'a plus quinze ans ! s'exaspère Sirius. Je suis persuadé qu'elle comprendrait qu'on n'avait pas eu le choix...

- De quel choix parlez-vous ?

  Ils sursautent soudain en se figeant brusquement. Je remarque alors que Tantine a transplané juste devant la cheminée. 

- Leo ! dit Remus d'une voix la plus enjouée possible en se tournant vers elle, arborant un immense sourire.

  Son ton ne trompe évidemment pas ma tante.

- Saviez-vous que les murs sont très fins dans cette maison ?

  Sirius a une grimace alors que Remus se renfrogne sur lui-même en baissant la tête.

- Non, je l'ignorais, soupire Sirius malgré lui.

  Il a un sourire crispé en regardant Éléona qui le foudroie du regard. Cette œillade a un effet déconcertant car on a l'impression qu'elle vient actuellement de les désarmer. J'en ai un rictus, constatant que, décidément... Tantine est vraiment une femme badass, qui peut rendre docile ou complètement faibles deux hommes qui la dépassent d'une tête et demie - deux têtes pour Remus.

- Okay, on n'avait pas à parler de ça dans ton dos, conçoit Sirius, mais...

- Mais tu l'as tout de même fait parce que tu estimes que je suis incapable de m'en occuper seule... achève Éléona dans un petit soupir amusé. Je n'ai jamais remarqué à quel point je vous connais bien, ajoute-t-elle dans un murmure.

- Ce... Ce n'est pas ça, dit Remus, anxieux.

- Si ce n'est pas ça, alors qu'est-ce que c'est ?

- On pensait que... Enfin Sirius pensait !... que c'était peut-être le bon moment pour lui dire.

  Aucune émotion ne traverse le visage de Tantine. Elle continue de fixer Remus, les sourcils froncés, le regard peint d'une lueur que je peinerais toujours à déchiffrer.

- Ça n'a plus d'importance aujourd'hui, parvient-elle à dire.

- Mais enfin, Leo ! s'offusque Sirius. Tu dois lui dire !

- Pourrais-je savoir pourquoi tu t'obstines à ce point à ce qu'elle sache tout ? 

- Tout simplement parce qu'elle est ta-

- Je sais pertinemment qui elle est, mais elle a déjà assez souffert comme ça, Sirius ! le coupe froidement Éléona, si froidement que j'en ai des frissons. Et je doute sincèrement que cela pourrait l'aider à aller mieux, surtout pendant cette période.

  Sirius la dévisage un instant en secouant négativement la tête alors que Remus reste en retrait, la tête baissée.

- C'est justement pour ça que tu devrais le lui dire ! À moins que... à moins que tu refuses de lui dire parce que tu as toujours peur de sa réaction... C'est ça ?

  Le fait que Sirius dise cela me refroidie davantage. Si elle a toujours peur de ma réaction, ça signifie qu'elle ne me le cache pas depuis peu.
  Tantine inspire profondément, essayant de masquer ses larmes aux yeux en se pinçant les lèvres.

- Sirius, ça suffit, intervient Remus en s'avançant pour poser sa paume sur l'épaule osseuse d' Éléona. On en a discuté, maintenant on arrête : Leo est la seule en capacité à déterminer si elle veut lui dire ou non, nous n'avons pas à nous en mêler.

- Moi, je ne vais pas me gêner, intervenai-je alors en sortant de ma cachette pour me tenir dans l'entrebaillement de la porte, les bras croisés sur ma poitrine.

  Les trois adultes se tournent aussitôt vers moi et la respiration des deux hommes s'accélèrent légèrement alors que Tantine fusille Sirius du regard.

- Mélody, dit-elle en se tournant vers moi, recouvrant son regard doux, les mains en avant, appréhendant mes gestes. Ma Chérie, laisse-nous le temps de t'expliquer, d'accord...

- Vous laissez le temps ? répètai-je avec amertume. Oh, mais bien sûr, c'est vous qui allez le prendre pour tout m'expliquer et en face cette fois-ci !

- On n'avait pas l'intention de te cacher des choses, c'est simplement que...

- Simplement quoi ? C'est ce que tu as fait la première ! crachai-je en pointant un doigt accusateur vers elle. C'est ce que vous faites tous à chaque fois : me cacher des choses, comme si je n'étais pas apte à les comprendre ! Et ne me sortez pas l'excuse débile que c'est pour ma protection. Ça ne l'est pas pour moi, mais pour la vôtre, parce que vous craigniez soi-disant ma réaction. Tu m'étonnes ! C'est TELLEMENT évident que s'en est presque risible !

  Tantine expire difficilement, Sirius est mal à l'aise, honteux, et Remus semble se contenir pour ne pas m'exposer sa diplomatie incroyable.

- Alors vous allez tout me dire et maintenant !

- Très bien ! lâche Tantine, à mon plus grand étonnement et à la stupeur de ses meilleurs amis. Très bien. Je ne voulais pas t'en parler jusque là, mais tu n'abandonneras pas l'affaire alors... assieds-toi, s'il te plait.

  Une fois tous assis, moi à califourchon sur ma chaise, le dossier devant moi, Tantine me tend les parchemins posés sur la table. Je les prends et les examine un instant en fronçant les sourcils à chaque ligne écrite, à chaque schéma dessiné. À la fin, je dois forcer ma respiration pour qu'elle reste zen malgré les tremblements incessants de mes mains et la haine qui me ronge.

- Et vous alliez me le dire quand ?

- Quand tu serais prête, répond Tantine avec un soupir difficile.

- Tu serais très forte pour écrire des oracles.

- C'est la vérité, dit Remus. On se doutait que tu réagirais mal...

- Et comment devrais-je réagir à l'annonce que des Elementum ont été et sont massacrés pour leurs dons depuis des décennies sans que personne ne le sache ? Comment devrais-je réagir en découvrant que les Albinos sont persécutés parce que les satanistes utilisent leurs énergies spéciales afin d'être plus puissant ? Comment devrais-je réagir en sachant que mon sang a été récupéré pour soit être bu lors de rites sataniques, soit donné en offrande à Satan, soit être transmis à des hommes et des femmes corrompus pour servir d'arme à Kristine ?

- Aucun d'eux n'a survécu, m'informe Sirius.

- Comment vous le savez ?

- Parce qu'elle ne te pourchasserait plus si elle avait réussi.

- Non, elle me pourchasse uniquement parce qu'elle veut me pourrir la vie et elle le réussit brillamment depuis que Lucius m'a amené en France quand j'étais encore gosse !

  Ils s'échangent tous les trois un regard qui ne m'échappe pas.

- Quoi ? Qu'est-ce que vous me cachez encore ?

- Rien qui te concerne, dit Tantine en se levant, allant ranger les parchemins dans une boîte qui disparait quelques secondes plus tard.

- S'il s'agit de Kristine, tu dois me le dire.

- Il ne s'agit pas d'elle mais d'une action que j'ai faite dans le passé que je dois réparer, et je ne crois pas que ce soit utile pour le moment, tranche-t-elle froidement.

- Au contraire, vous étiez bien partis pour tous me dire ce que vous refusiez de m'avouer. Mais je comprends, ne t'en fais pas, chacun a ses petits secrets.

  Je me lève à mon tour, les poings serrés, et passe devant elle en lui adressant un regard assassin.

- Mélody...

  Je m'arrête immédiatement pour lui faire face.

- Je pensais que toi et Lucius étiez différents, mais en réalité, je m'aperçois que c'est tout le contraire : l'une me cache peut-être bien l'entierté d'une vie, et l'autre m'a supprimé des souvenirs ! Et dans le lot, vous pensez chacun que c'est pour ma protection.

  Une exclamation amer cloue ma parole.

- Ce n'est pas ça, ma Chérie. Alors si tu prenais juste le temps de m'écouter ne serait-ce qu'une secon...

- Inutile de perdre de ta salive ! Je ne suis pas idiote, je connais que trop bien que même tes secrets ont des secrets. Finalement, comme l'aurait peut-être dit Daniel : tu étais une manipulatrice et une petite menteuse à l'époque. Je ne vois aucune différence de maintenant. Et je ne compte pas non plus m'excuser ! Par contre, je regrette véritablement avoir cru en chacune de vos douces foutaises... « Aies confiance en toi, tout se passe bien tant que tu y crois »... On dirait un remix de Peter Pan.

- C'est la vérité, on ne t'a pas raconté d'histoire.

- Ouais, et Dumbledore est aveugle aussi ?

  Je commence à vouloir sortir de la salle à manger mais elle m'arrête en attrapant mon biceps. Je regarde sa main puis lui lance par-dessus mon épaule :

- Je te conseille vivement de me lâcher, surtout maintenant que tu m'as mise en colère.

- S'il te plait, essayons de parler calmement, il n'y a pas à s'énerver.

- Pas à s'énerver ? m'exclamai-je en faisant volte-face. Tu te fous de moi ?

  Elle relâche mon bras délicatement, le regard rempli de regrets.

- Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, je suis désolée, d'accord ?

- Pas d'accord. Tu sais toujours ce que tu fais, pourquoi serait-ce différent aujourd'hui ? Parce que tu crois que tu peux, comme avec Sirius et Remus, faire comme si que tu étais la cheffe de tout le monde ? Eh bah tu vois, ça ne prend pas avec moi ! Je ne suis ni sous tes ordres, si sous ceux de quiconque veut m'imposer sa façon de faire. Toi, tu es capable d'être aussi douce que l'eau dormante, et je te tire mon chapeau parce que j'en suis incapable... Mais on en reste là. Tu me caches des choses ? Je fais pareil, comme ça tu vois ce que ça fait. Et ça concerne Kristine mais tu ne veux rien me dire ? Très bien, j'en ferais autant sur des sujets comme Daniel.

- Comment ça, sur Daniel ? me demande Remus, le souffle court.

  Je remarque qui lui et Sirius se sont levés. J'étire alors un rictus dégoûté.

- Oh mais rien qui vous concerne.

  Avec un bref sourire amer et glacial, je leur fais dos et sors de la salle à manger, avec l'unique pensée que je n'aurais pas dû aider Éléona à aller autant mieux. Après tout, elle me cache des choses non ? Et je suis même prête à parier que Daniel aussi.
  Les larmes me montent aux yeux à cette idée et je contracte ma mâchoire pour les ravaler, regardant un point invisible en face de moi alors que je monte les marches de l'escalier.
Moi qui croyais qu'ils seraient différents de Lucius et Narcissa... D'un côté, oui, ils m'ont aidé, ils m'ont chéri et adoré, ils m'ont offert l'amour parental que je recherchais... mais ce n'était en réalité qu'une surface qui cachait un flot de mensonges diverses... Je crois que c'est ça qui vient de mettre fin à cette illusion que je me faisais.
  Je ne peux finalement que compter sur moi-même.
  Ma colère est telle qu'une fois à l'intérieur de ma chambre, je ne prends pas la peine d'enfiler mes gants que je donne un violent coup dans mon sac de frappe. Ce dernier vient se décrocher subitement pour tomber au sol en un bruit sourd qui a dû se faire entendre au rez-de-chaussé. Je sens mes Artefacts me brûler la peau, alors qu'ils canalisent ma fureur. Quelques minutes plus tard, me voici assise sur le faîtage de la maison, les coudes sur mes genoux rapprochés à ma poitrine, le regard porté au loin.
  Comment décrire mon sentiment en ce moment ? Il mêle... fureur, tristesse, trahison et amertume... Et j'ai beau réfléchir pourquoi, j'ai beau me demander si c'est moi qui cloche ou si c'est juste la vie qui s'acharne sur moi pour me faire payer mon comportement rebelle... je ne trouve aucune réponse pour justifier tout ce qui m'arrive. Kristine me l'a pourrit assez comme ça, il faut en plus que les autres me cachent des choses, me font oublier des souvenirs sans mon autorisation ou menacent de s'en prendre à mes proches tout en me voulant du mal. Pour quelle raison je suis ici alors, si c'est pour entendre toujours les mêmes conneries ? Si c'est pour souffrir toujours autant ?

- Pour ma protection... murmurai-je. C'est vraiment du foutage de gueule.

  Un orage tonne au-dessus de ma tête mais je n'en ai que faire. Je ne cesse de continuer à ruminer, de chercher des réponses intérieures, de fouiller ma mémoire en quête de souvenirs perdus... mais rien. C'est le néant.
  Je perçois un coup de vent à ma droite. Je ne prends même pas le temps de tourner ma tête vers elle que je persiffle d'une voix rauque :

- J'ai pas envie de parler. Et encore moins à toi, alors tu peux redescendre.

- Mélody...

- Laisse-moi tranquille.

- S'il te plait...

- Je t'ai dit de me laisser tranquille, répètai-je en prenant sur moi.

- Et moi je t'ai dit de me laisser te parler.

- Ce n'est pas parce que tu me dis quelque chose que je dois le faire.

- Ma Chérie, s'il te plait, écoute-moi...

  Je me tourne brusquement vers elle en l'attrapant par le col, plus qu'énervée. Ne s'attendant pas à ça, Tantine se fige. En un instant, j'ai une envie irrésistible de la fracasser en deux.

- Éléona, dégage tout de suite ou je te jure que je vais prendre plaisir à t'exploser toutes les veines de ton foutu cerveau !

  À peine mes paroles sont-elles sorties de ma gorge que mes veines se colorent de noir.
Je la relâche aussitôt, les yeux écarquillés d'effroi, les mains tremblantes. Mon pouls s'emballe alors que je les fixe avec horreur :

- N-non... Non !

  Mon regard s'embrume et je colle mon visage contre mes genoux en me prenant les cheveux, les doigts couverts de givre. Je l'ai menacé... J'ai menacé Tantine... Ma respiration ne fait que s'accélérer davantage. Mon cœur semble tambouriner dans ma poitrine.
  C'est alors que je les sens, ses bras qui m'entourent pour m'offrir une longue étreinte maternelle. Un sanglot silencieux s'échappe de ma voix lorsque je me rends compte de ce que je viens de faire, et de ce qui se passe à chaque fois que je me sens trop en colère.

- Je suis désolée... murmurai-je, catastrophée. Je suis désolée... je suis désolée... je suis désolée... J-je ne voulais pas... je...

- Hey... Je sais ce que c'est, ma Chérie, alors n'aies aucune excuse pour ça, d'accord ? Ce n'était que passager, Mélody, que passager...

  Elle me serre doucement contre elle en me caressant les cheveux, tandis que je secoue négativement la tête.

- Non... Ce... C'est tout le temps... Dès que je suis en colère, ça revient, c'est... c'est toujours là... Et je ne sais même pas comment me le retirer de la tête...

- Ne te culpabilise pas, ma Chérie... Jamais. Car ça va peut-être mettre du temps mais tu vas y parvenir, Mélody... Tu arriveras à retirer leur sérum de ton esprit, avec beaucoup de patience et de persévérance...

- Mais c'est incontrôlable, Maman ! J'ai beau... tout faire pour ne plus y penser, ça revient toujours... J'ai l'impression de ne plus être moi-même.

- Oh si, que tu l'es, je peux te l'assurer... Tu as toujours été forte tête et ton cœur autant que ton corps est issu d'un esprit Guerrier, d'un esprit au mental d'acier... Tu es simplement en phase de changement entre ce qu'ils t'ont fait endurer, et celle que tu étais avant... Tu finiras par te sentir totalement libre de tes pensées avec le temps, et avec l'aide des autres.

- Des autres qui me cachent des choses, crachai-je. Alors à quoi bon demander de l'aide si on apprend par derrière qu'on ne nous dit pas tout ? demandai-je en relevant ma tête pour la regarder.

  Tantine me regarde tristement, éprise d'une certaine douleur. Les larmes lui montent aux yeux.

- Je ne te dis pas tout parce que j'ai... j'ai toujours cette connexion avec celle que j'étais avant... et malgré tout le travail que je fais sur moi, je n'arrive pas à changer complètement...

  Elle soupire difficilement. J'ai une vague exclamation mêlant dédain et regret.

- Alors on est dans le même bateau, toi et moi... soufflai-je en me forçant à ne pas pleurer.

  Malgré tout ce que j'ai pensé auparavant, Tantine n'est pas exactement comme Lucius. Elle au moins admet ses erreurs.

- On a toutes les deux vécues des choses difficiles, douloureuses, horribles. Et... et je fais d'immenses efforts pour être celle que tu veux que je sois... Alors je comprends tout à fait que tu m'en veuilles autant...

  Je la regarde dans les yeux.

- C'est moi qui ne fais aucun effort, m'en voulais-je. La mort de Daniel nous a tous chamboulée, toi la première... et je ne t'arrange rien du tout... J'ai un caractère de merde, achevai-je.

- Je crois que c'est un caractère qu'on partage à deux...

  Malgré la situation, j'ai un rire clandestin qui traverse ma voix brisée.

- Je remporte la coupe, répliquai-je.

  Tantine a un sourire et m'ébouriffe les cheveux avant de déposer un baiser maternel sur mon front.

- Seuls les autres pourront déterminer le classement.

- Alors attendons qu'ils rentrent, on aura le tableau.

  On se sourit mutuellement. Un sentiment soulagé m'éprend le cœur.

- Je suis désolée pour ma colère, je n'arrive jamais à la contrôler, m'excusai-je d'une petite voix.

- Je vais te dire un secret, Petite rose : on obtient le contrôle dès qu'on refuse d'avoir le contrôle.

- Ça n'a aucun sens...

- Il n'est pas obligé qu'il y en est un.

  Je la dévisage longuement avant de la voir frissonner à cause d'un vent d'hiver qui passe dans ses cheveux.

- Tu vas attraper froid, il vaudrait mieux pour toi que tu rentres.

- Pas sans toi, répond-elle en me montrant sa main aux ongles longs.

  Je l'accepte malgré moi, n'ayant envie qu'une chose : aller me blottir dans les couvertures de mon lit et dormir. C'est mon seul réconfort. Ça et aussi la boite de loukoums qu'elle fait apparaitre par la pensée.

- C'est moi ou tu espères m'acheter avec des sucreries russes ?

  Tantine pouffe de rire.

- Non, je me disais simplement qu'on pourrait en grignoter avant de nous entrainer ensemble à la danse.

- Quelles chansons ? demandai-je, suspicieuse, tout en n'arrivant pas à cacher mon sourire à l'idée de reprendre la danse classique (c'est toujours passionnant quand elle est à mes côtés pour me transmettre tout ce qu'elle a appris).

- Que dirais-tu de Casse-Noisette ?

- C'est bien ce que je me dis, tu es en train de m'acheter !

  On se met à rigoler toutes les deux. Finalement... je crois que je préfère quand l'on ne se dispute pas. J'ai à peine cette pensée qu'un souffle de soulagement me vient, quand j'entends l'habituel juron que lâche Tonks lorsqu'elle percute le porte-manteau aux pieds de troll. Sans plus attendre, je dévale les escaliers, Tantine à ma suite. En descendant les marches, on rencontre Harry qui les monte mais il ne nous adresse aucun regard ; il s'est déjà enfermé dans sa chambre. Je fronce mes sourcils. Qu'est-ce qui lui arrive ? Je n'ai pas le temps de me le demander que j'entends George dire à Fred :

- Il a du croire que lui et Voldemort sont liés.

- De quoi vous parlez ? demandai-je, étant descendue vers eux.

  George a un sourire, toujours autant heureux de me voir à chaque fois, et passe un bras autour de mon dos, sa main à ma taille, pour me serrer contre lui. Je souris à son contact.

- Mr Weasley pense que Voldemort a envoyé Nagini en éclaireur, et Fol Oeil a supposé que Voldemort a pris possession de Harry, me répond David.

  J'ai un rire soufflé.

- C'est complètement absurde.

- Mais c'est ce qu'à dû croire Harry, rétorque Tantine en soupirant, sûrement lassée qu'on se ressemble lui et moi sur le plan caractère - à toujours chercher le pourquoi du comment. Bien sûr, je suppose que vous avez entendu tout ça en utilisant vos Oreilles à Rallonge ? ajoute-t-elle pour George et Fred.

  Les deux pâlissent par cette accusation.

- Ils n'ont rien voulu nous dire ! se défend Fred.

- Ce n'est pas une raison, réplique paisiblement Tantine. Mais c'est compréhensible. Toutes fois, je tiens à vous rappeler que si l'on estime ne pas vous transmettre ce genre d'informations, c'est pour éviter toute supposition ou...

- Ou plutôt dis directement que c'est pour leur sécurité, c'est la marque déposée des adultes, persifflai-je en plongeant mon regard dans le sien.

  Éléona me regarde d'une certaine façon, ne s'attendant pas à ce que je sois à nouveau contre elle.

- Mélody...

- C'est bon, arrête... Je vais aller parler à Harry tout à l'heure, laissons-le pour l'instant ruminer dans son coin comme un enfant de cinq ans.

  Mais je me doute sans savoir comment que Harry va faire une bêtise. Je sais ce que ça fait, de se sentir contrôler. De sentir comme si... qu'on est un danger pour tout le monde. Je ne veux pas qu'il ait à ressentir ça. C'est pourquoi je ne tarde pas à monter jusqu'à sa chambre. Mais au moment où je m'apprête à toquer à sa porte, j'entends sa voix résonner, suivie de celle de Phineas Nigellus.

- J'ai un message pour vous de la part de Dumbledore, dit ce dernier.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Restez où vous êtes.

- Je n'ai pas bougé ! Alors, c'est quoi, ce message ?

- Je viens de vous le donner, jeune sot, répond Phineas d'une voix doucereuse. Dumbledore vous dit : « Restez où vous êtes. »

- Et pourquoi ? demande Harry avec impatience.

  J'entends un lourd fracas, semblable à une valise qu'on laisserait tomber. Et je comprends aussitôt son ambition à ce moment précis.

- Pourquoi veut-il que je reste ? Qu'est-ce qu'il a dit d'autre ?

- Rien du tout, dit le tableau, comme si qu'il trouve Harry impertinent.

  Je grimace :

- Ouuwh... Je m'aurai abstenu de dire ça, murmurai-je.

  La preuve une seconde plus tard lorsque Harry lance d'une voix forte :

- Alors, c'est tout ? « Restez où vous êtes. » ? C'est aussi tout ce qu'on a trouvé à me dire après l'attaque des Détraqueurs ! Tiens-toi tranquille pendant que les adultes s'occupent des choses sérieuses ! On ne prendra pas la peine de te dire quoi que ce soit parce que ton minuscule petit cerveau ne saurait pas comment réagir !

- Voilà précisément pourquoi j'ai toujours détesté être professeur ! réplique Phineas d'une voix encore plus forte que celle de Harry. Les jeunes gens ont toujours l'infernale certitude d'avoir raison en toutes choses. Vous est-il jamais venu à l'esprit, mon pauvre petit jacasseur tout boursouflé d'importance, que le directeur de Poudlard pourrait avoir une excellente raison de ne pas vous confier dans leurs plus infimes détails les projets qu'il a en tête ? Avez-vous jamais pris le temps de remarquer que, malgré votre sentiment d'être si durement traité, vous n'avez jamais eu à souffrir d'avoir suivi les ordres de Dumbledore ? Non. Non, comme tous les jeunes gens, vous êtes convaincu que vous êtes seul à ressentir, seul à réfléchir, que vous seul savez reconnaître le danger, que vous seul êtes assez intelligent pour comprendre ce que le Seigneur des Ténèbres prépare...

- Il prépare quelque chose qui me concerne, alors ? demande précipitamment Harry.

- Ai-je dit cela ? répond Phineas d'un air nonchalant. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai autre chose à faire que prêter l'oreille aux tourments d'un adolescent... Je vous souhaite le bonjour.

- Très bien, allez-vous-en !

  J'ouvre discrètement la porte de la chambre de Harry qui ne le remarque même pas, préférant s'adresser au cadre maintenant vide du tableau. Je m'appuie contre l'entrebaillement de l'entrée, les bras croisés, et continue de l'observer, attendant qu'il termine son monologue.

- Et inutile de remercier Dumbledore, il n'y a aucune raison pour ça !

  La toile reste silencieuse. Rageur, Harry ramène sa valise au pied de son lit puis se jette à plat ventre sur les couvertures mangées aux mites, les yeux fermés et probablement en proie à quelques douleurs d'injustice que je comprends tout à fait.
  Plusieurs minutes de silence passent où mon meilleur ami semble être tourmenté par une multitude de questions. Finalement, avec un rictus amusé, je décide de prendre une petite inspiration pour lui dire quelques mots.

- Je déteins vraiment trop sur toi.

  Harry roule sur le flanc en sursautant et son regard orageux se pose sur moi.

- Qu'est-ce que tu fais là ? demande-t-il froidement.

- J'ai entendu crier, je pensais que tu t'entrainais à chanter, je ne voulais pas manquer ça, répondis-je avec sarcasme.

- Très drôle.

  Les coudes sur les genoux, assit sur son lit, il se met à fixer le parquet noir, le regard orageux. Je me contente de le dévisager encore, écoutant la merveilleuse mélodie que me procure son fil de pensées indélicates.

- Qu'est-ce que tu me veux, Mélody ? Tu n'entres pas ? Suis-je bête, les autres t'ont peut-être raconté ce qu'on a entendu à Sainte Mangouste, tu ne veux sûrement plus rester seule avec moi.

- Je risque une contamination, tu n'as pas tort ! Après tout... c'est bien de broyer du noir, je ferais mieux de te laisser cogiter tout seul, apeuré que tu puisses faire du mal à quelqu'un en croyant Voldemort capable de te posséder, en proie à des sentiments d'injustice et d'envie de bottage de cul version Dumby... (Je me retourne pour commencer à partir.) Au fait ! Quand tu seras de retour chez les Dursley, passe le bonjour à Dudley de la part de Skye Walker.

  3... 2... 1...

- Non, s'il te plait, reste !

  Je me retourne en arborant ce même sourire malicieux, la main contre l'entrebaillement.

- L'Élu aurait-il peur que je l'abandonne à son triste sort ?

- L'Élu de quoi ? proteste-t-il, déjà debout, les poings serrés, la mâchoire crispée. Pourquoi vous n'arrêtez pas de dire ça ? Je ne suis pas l'Élu ! Je... Je ne suis que... que moi. Je n'ai rien d'un sauveur, ni même d'un gosse qui ne comprend rien à ce qui se passe, okay ?

  Je fais un pas vers lui, continuant dans ma lancée :

- Wahou... Et tu es arrivé à survivre aussi longtemps juste en étant un pauvre looseur capable de compter deux plus deux ?

  Harry se renfrogne en grognant de fureur.

- Laisse tomber, tu ne comprends rien.

  Il part s'asseoir sur le renforcement de fenêtre, les mains dans les poches, le regard tiré vers l'extérieur.

- Mon vieux, commençai-je en m'asseyant face à lui, tu parles de ça à une personne têtue qui a un don incontrôlable et une grande gueule au caractère de merde, qui combat l'injustice chaque jour et qui est pourchassée par son Double-Maléfique qui a voulu l'a conditionné pour en faire un toutou prêt à tout - alors désolée, mais il te faudra trouver plus qu'un simple « laisse tomber » pour me faire fuir.

  Harry soupire difficilement, encore ciblé de colère et de culpabilité.

- Comment j'ai pu me transformer en serpent ? murmure-t-il.

- Pardon ?

- Je ne suis pas un Animagus, mais Voldemort peut-être. C'est lui qui se transforme en serpent... Et quand Voldemort prend possession de moi, alors nous nous transformons tous les deux... Et... et c'est sûrement lui qui m'a fait transplaner le jour où Mr Weasley a été attaqué... Je l'ai attaqué.

  Je fronce mes sourcils, hésitant entre rire ou lui donner une claque par sa stupidité.

- Je suis donc en train de lui donner une vue parfaitement claire du Q.G de l'Ordre ! s'écrie-t-il soudain en se levant. Il doit donc savoir que j'en fais partie et où se trouve Sirius ! Et... et tu m'as même dit des choses que je n'étais pas sensé savoir !... Si je reste ici comme me l'a demandé Dumbledore, je vous mets tous en danger !

  Harry continue de s'angoisser, partant dans un délire que même à Poudlard, il pourrait être dangereux pour les autres.

- Harry, calme-toi, dis-je quand il commence à faire les cents pas.

- Je te mets aussi en danger alors ! Parce que Voldemort veut t'atteindre autant que moi !

- Harry, tu pars trop loin. Approche...

- Non, non, ça ne va pas du tout... (« Approche... ») Je crois qu'il faut que je me coupe entièrement du monde des Sorciers, (« Approche... ») il n'y a que comme ça que...

  Dès qu'il est suffisamment près, je lui donne une claque si forte qu'elle résonne dans toute la pièce... et si puissante qu'elle lui a tourné la tête à quatre-vingt-dix degrés. Choqué de mon geste, il plaque sa main contre sa joue rouge douloureuse et me fixe avec des yeux ronds.

- Tu crois que c'est réellement ça !? m'exaspérai-je, l'impatience tendant sur une colère furibonde. Ma parole, mais tu es vraiment stupide ! Voldemort ne pourrait jamais envisager de te faire transplaner car c'est impossible à Poudlard, ni pour y venir, ni pour en sortir. Et c'est complètement absurde de penser que tu es un danger pour les autres, car Voldemort est une poule mouillée ! Alors maintenant tu arrêtes de jouer les incompris, parce que tu n'es pas seul sur le coup, ça, je peux te l'assurer !

  Harry me fixe un instant, autant perturbé par ce que je lui ai dit et de ce qu'il pense intérieurement.

- Comment tu fais ? me demande-t-il d'un ton plus calme en se passant une main dans les cheveux, histoire de se remettre les idées en place.

- Comment je fais quoi ?

- Faire comme si de rien n'était en sachant tous les risques que Kristine Astor représente ?

  J'hausse les épaules. Le regard perdu dans le vide, je me rends compte à quel point je suis moi-même épuisante. En entendant Harry, je me vois comme dans une glace : on a tous les deux cette habitude à toujours nous lamenter sur notre vie, à toujours se monter un plan en tête par l'angoisse... à toujours avoir peur pour nos proches.

- La question n'est pas de savoir comment, mais plutôt de se demander à nous-mêmes pourquoi on ressent ce besoin de constamment craindre un adversaire, répondis-je.

- Mais elle est pire que Voldemort, plus dangereuse, plus forte... Elle...

- Je sais pertinemment qui elle est - oh que oui, crois-moi sur parole, j'en ai fait l'expérience à de nombreuses reprises... Et je sais aussi ce qu'elle a fait et ce qu'elle menace de nous faire, à vous et à moi. Mais... dans le fond... se faire moultes schémas est inutile quand on sait qu'on n'a aucun contrôle.

  Harry secoue négativement la tête en soupirant.

- Je sais que tu ne me crois pas, repris-je. Mais te faire des nœuds au cerveau ne réglera rien. La preuve : je pourrais toujours chercher à comprendre Kristine, pourquoi elle m'a fait tout ça, pourquoi elle cherche à me faire souffrir... Or, si je ferais ça, je crois que je tomberais bien vite en dépression. Tout comme toi, tu es sur le point de tout lâcher...

- Pas de tout lâcher mais...

- Tu veux quitter le QG pour rejoindre des gens qui t'ont toujours maltraité, tu as le désir d'abandonner tout le monde à cause de ta peur et le pire, c'est que tu veux le faire dans notre dos... Je suis la seule qui ai eu assez de culot pour venir te voir... Et tu appelles ça « ne rien lâcher » ?

- C'est ma décision, pourquoi tu ressens le besoin de me juger ? s'irrite-t-il.

- Non, je ressens l'unique besoin de te dire que tout ça ne sert à rien. On n'a pas le droit d'abandonner ceux qu'on aime uniquement parce qu'on est terrorisé ! C'est totalement égoïste ! Ça revient à les laisser patauger dans la bouse !

- Non, ça revient à les protéger de tout danger !

  Je fronce davantage les sourcils, exaspérée de sa naïveté.

- C'est justement ce qu'il attend, Harry ! Que tu prennes la fuite comme un lâche, même si tu crois bien faire !

- Ah, parce que tu me trouves lâche ?!

  Je soutiens son regard quelques longues secondes avant de fermer les yeux en soupirant, la tête baissée. Il y a des fois où mes mots dépassent ma parole. Et que je ne pense jamais à réfléchir à ce que je vais bien pouvoir dire.

- Je dis simplement que l'option de facilité n'est peut-être pas la meilleure solution, achevai-je à mi-voix en plongeant mon regard dans le sien.

  Il le relâche bien vite en détournant son attention de moi, préférant s'attarder sur l'obscurité hivernale qu'on voit par la fenêtre.

- Je n'ai seulement pas envie que quelqu'un soit blessé par ma faute... marmonne-t-il. Comme Cedric, par exemple. Je n'ai rien pu faire pour le sauver...

  Le souvenir de la mort de Diggory me revient, et des frissons de tristesse et d'amertume me parcourent le corps.

- Moi non plus, tu sais...

- Toi, c'est différent. Kristine t'a empêché d'agir. Moi... J'ai été incapable de le secourir...

  Les larmes me montent aux yeux mais je les retiens suffisamment, préférant me poster juste derrière Harry en entourant son torse de mes bras, posant ma joue contre son omoplate.

- On a tous les deux été incapable de le secourir, rectifiai-je. 

  Harry baisse la tête en se retournant vers moi. Naturellement, il passe ses mains autour de mon dos et me serre contre lui dans une étreinte qui n'a rien d'autre que de l'amour fraternel. Et on reste là, blottie l'un contre l'autre, son menton posé sur le haut de mon crâne... Si n'importe qui nous verrait, surtout George, il se poserait des questions. Mais... en réalité... il y a toujours eu un espèce de lien incompréhensible entre Harry et moi, comme si... qu'on se connaissait depuis toujours. Comme si qu'on était des frères et sœurs... En tout cas, c'est ce qu'il représente pour moi : un frère qui a besoin d'être épaulé par sa frangine.

- Mais on n'a pas le droit de se lamenter de ce qui lui est arrivé, continuai-je. Il est peut-être mort, mais son Âme existe toujours, et... et peut-être que, justement, ce sacrifice nous a aidé d'une certaine manière. Il nous a fait comprendre que rien ne dure jamais et qu'on était prêts à tout pour sauver nos proches... Maintenant, ajoutai-je en reculant d'un pas pour prendre son visage entre mes mains, l'obligeant à me regarder dans les yeux ; toujours faut-il que tu puisses arriver à supporter ça, à supporter ce poids d'être là où on a besoin de toi. Et je ne te parle pas de fuir en croyant sauver les autres, Harry, mais de te battre jusqu'au bout pour montrer que même face à la peur, tu es un gars courageux, qui sait protéger les siens tout en sachant sur quel chemin aller... Tu crois pouvoir en être capable ?

  Harry a un soupir nostalgique, me donnant l'impression de voir un gars tout simplement paumé.

- Tu as réussi, toi, à passer à autre chose après la mort de Cedric ?

- On ne parle pas de moi, là, dis-je avec un ricanement nerveux en me détachant totalement de lui.

- Si, c'est important.

- Pas pour t'aider à avancer, rétorquai-je en croisant les bras. Tu peux très bien t'en passer.

  Il secoue négativement la tête.

- Tu es la seule qui me paraisse sensée entre tous les autres, la seule qui peut savoir ce que je ressens... Alors non, je ne peux pas m'en passer, Mélody.

  Je prends conscience de ses paroles, évidemment, mais je continue à faire la sourde oreille, gardant mon mur.

- Très bien... Dans ce cas, je te le dis sincèrement : j'ai réussi à passer à autre chose. Tout comme je l'ai fait lorsqu'Angyalita est... morte, achevai-je difficilement.

- Tout comme... Daniel ? me demande-t-il à voix basse, appréhendant ma réaction.

  Mon regard s'assombrit.

- Là, tu vas trop loin, Harry ! dis-je froidement. L'importance, aujourd'hui, c'est toi, pas moi. Et j'espère que tu as compris que fuir ne sert à rien, parce que je ne suis pas prête à me répéter.

  Je lui offre un bref sourire et fais volte-face pour sortir en fermant la porte dans un claquement sec. Je sais que ça ne sert à rien de s'énerver, mais le sujet de Daniel m'est encore un peu trop frais pour que j'en parle de vive voix avec quelqu'un qui ignore qui est réellement Kristine et ce qu'elle m'a fait par le passé. À cette pensée, des souvenirs recommencent à faire surface mais je les bloque en les enfouissant bien plus profond dans mon esprit.
  Ça ne sert à rien d'y penser.

  Quelques jours plus tard, le plaisir qu'éprouve Sirius à voir sa maison à nouveau pleine, et surtout Harry et moi de retour sous son toit, semble être contagieux pour les autres. Ce n'est plus l'hôte renfrogné qu'on a connu l'été dernier. À présent, au contraire, il a l'air décidé à ce qu'on s'amuse autant, sinon plus, que si nous étions restés à Poudlard. Avec notre aide, il travaille sans relâche au nettoyage et à la décoration et lorsqu'on part se coucher à la veille de Noël, la maison est à peine reconnaissable. Sur les lustres ternis, des guirlandes or et argent entremêlées de branches de houx ont remplacé les toiles d'araignée. Et je crois qu'ils se sont un peu emportés par les festivités car, lorsqu'ils m'ont tous demandé la même chose insensée, je n'ai pas pu refuser : dorénavant, une neige magique scintille en couches épaisses sur les tapis usés, tout en dégringolant du plafond comme mille étoiles. Mondingus s'est procuré un grand sapin de Noël, décoré de sucres d'orge (tellement qu'on doit en surveiller Ron, Amy et David), qui cache avantageusement l'arbre généalogique de la famille Black. Même les têtes d'elfes empaillées, sur le mur du hall, portent des barbes et des chapeaux de père Noël. Tantine et moi en étions contre par ce que le père Noël représente en vérité, mais on s'est bien gardées de leur dire : nous ne voulions pas gâcher leur joie.
  Le matin de Noël, tout le monde reste dans sa chambre - chacun espère cacher à l'autre ce qu'il lui fera comme cadeaux. C'est pour ça que je me retrouve assise à même le sol, encore en pyjama d'hiver molletonné, les pieds enveloppés dans des chaussons-bottes polaires. Un crayon entre les lèvres, les sourcils froncés, je continue de réfléchir à ce qu'il me manque comme cadeaux...

- Tantine, David, Amy, Sirius, Remus, Harry...

  Et je ne manque pas de prononcer chacun des prénoms de mes proches dans l'espoir de trouver une personne qui manque. J'ai déjà songé à Estella-Cruella, Artie, Horace et Jasper, ainsi que même Neville, Luna et Lee...

- Bien sûr ! Mais bien sûr, ça tombe sous le sens !

  Je jure contre moi-même : c'est Drago que j'ai oublié ! Oh, évidemment, on ne fête pas Noël ensemble, mais je trouverais bien le moyen de le lui envoyer.

- Bon... qu'est-ce qui lui ferait plaisir ? Réfléchie, Mélody, réfléchie...

  Une ampoule s'allume au-dessus de ma tête et mon regard s'illumine. J'ai le cadeau parfait !
  Présentant mes mains face à moi, un pli se forme sur mon front par la concentration alors que je ferme les yeux pour tout visualiser. En un instant, une volute de fumée épaisse se forme et bientôt, la réplique du Vif d'or apparait entre mes doigts. Mais pas que... Je le mets sous une cloche en verre, aux gravures en argent - comme celle qui garde la rose magique dans la Belle et la bête. L'une d'elle est gravée en or en une phrase que je trouve particulièrement drôle : « Pour toi qui ne parviens jamais à attraper le Vif d'or, je t'offre cette réplique. Ta sœur qui t'aime, Dragonnounet ! » Vive mon imagination. Avec ça, il va adorer !
  J'embale le tout dans une boite, que j'embale à son tour d'un papier-cadeau vert émeraude. J'y rajoute un beau nœud en soie gris et l'accroche à la patte de Sublimix, qui se met à hululer, offensé de devoir voler par le froid extérieur.

- Allons... Tu peux bien faire ça pour moi, mon pote... S'il te plait...

  Sublimix secoue la tête, désespéré, et se décide à prendre finalement son envole. Son retour est plus rapide que je l'aurais pensé, car il revient le soir-même. J'ouvre ma fenêtre en la retenant avec force pour éviter qu'elle se fasse casser par les secousses du vent et mon hiboux se faufile à l'intérieur dans un cri mélodieux.

- Déjà de retour ? m'étonnai-je en refermant la fenêtre.

- Pourquoi ? Il était parti ? s'étonne à son tour Amy.

  Cette dernière a une exclamation offensée lorsque David lui signale qu'il vient de la battre aux échecs.

- Par ce temps ? ajoute Fred.

- Il est courageux, affirme George.

- Contrairement à Amy qui perd à chaque fois, pouffe David.

- Tu as triché, j'ai été distraite !

- Comme les demi-douzaines de fois où il t'a battu ? raille Fred.

  Amy lève les yeux au ciel en exigeant une nouvelle partie de jeu, et j'étire un sourire : elle avait bien garantie qu'elle ne laisserait pas de côté ses grenouillères fantasques. Je reviens à la réalité lorsqu'une douleur me vrille le doigt.

- Aïeeuux ! Hé, ça fait mal, Sublimix !

  Il me regarde de façon à ce que je comprenne que je le mérite.

- D'accord, je suis désolée de t'avoir obligé à voler par ce temps mais j'ai une bonne excuse : c'était pour mon frère.

- En parlant de ça, je crois qu'il a un truc à la patte, me fait observer George.

  En remerciant Sublimix, je détache la boite de sa patte et il s'envole aussitôt pour se poser sur son perchoir et boire de longues gorgées d'eau.

- Dis-moi si je me trompe, mais tu ne détestais pas ton frère, Blondinette ?

- Aux dernières nouvelles, Fred, on s'est réconciliés depuis... notre troisième année.

- Sérieux ? s'étonne à son tour George. On a raté un épisode, ajoute-t-il en échangeant un regard avec son frère.

  Je soupire d'amusement.

- Que voulez-vous ? C'est ça, d'être frère et sœur.

  Je retire le papier cadeau bleu, ouvre la boite et tombe sur un mot écrit de la main de Drago :

Pour toi qui as toujours été minuscule, je crois qu'ils te vont encore. Ton frère qui t'aime, Minimoy !

  Sous le papier, je tombe sur ma toute première paire de chausson de pointes qui sont évidemment trop petits pour moi. Mais il m'est impossible de ne pas rire quand je me souviens de cette fois-là, où Drago les avait essayé...

FLASH-BACK, point de vue Omniscient

- Mais qu'est-ce que c'est que ces... choses ? demanda Drago avec des yeux ronds.

  Il avait dix ans, et était toujours aussi impétueux.

- DES POINNNNTES ! hurla d'hystérie sa sœur, un sourire aux lèvres.

  Drago se tint soudain le tympan dans une grimace horrifiée.

- Rah... Étais-tu obligée d'hurler comme ça ?

- Mais ce sont des pointes, Dray, des pointes !

- Des quoi ?

- Des pointes, répondit leur père avec un sourire crispé qui montrait bien son regret. C'est ce qu'avait votre stupide tante dans sa jeunesse... Disons qu'il s'agit là d'un moyen de torture mais en plus doux.

  Drago fronça le nez alors que Narcissa haussait déjà un sourcil avant de se pencher vers sa fille.

- J'imagine que tu sais comment les mettre, ma Chérie ?

- Évidemment ! Tantine me les a montré, quand... quand j'allais encore chez elle, ajouta-t-elle d'une petite voix.

  Puis elle s'empressa d'enlever ses chaussons et glissa ceux de danse à ses pieds, avant de croiser les deux rubans blancs en même temps devant la cheville, faisant de même derrière, puis recommença devant. On avait l'impression qu'elle avait fait ça toute sa vie, ce qui déplut intérieurement à son père. La voilà qui ressemblait maintenant comme deux gouttes d'eau à Éléona ! Pourtant, Lucius ne put s'empêcher un rictus en voyant les yeux de Mélody s'émerveiller. Narcissa était aux anges et Drago... ignorait pour quoi une telle réaction. Surtout quand il vit sa sœur ramener les deux rubans derrière son mollet et les nouer avec un double nœud un peu maladroit.

- Hmmm... fit Mélody, les sourcils froncés par la réflexion, en admirant ses pointes. C'est étrange, sur Tantine, ça faisait plus beau.

- Peut-être parce qu'elle se mettait ses protections plantaires, puis qu'elle était debout, soupira Lucius, au bord de l'exaspération.

  Narcissa présenta ses mains à sa fille mais cette dernière les refusa.

- Non merci, Maman, une danseuse se doit de se débrouiller toute seule, protesta-t-elle d'une voix déterminée. Je mettrais les protections après, esseyons sans.

  Sous les yeux interrogatifs de Drago, elle se releva gracieusement et une fois debout, souffla doucement, appréhendant.
  Une main appuyée sur le bord de la cheminée, elle se mit sur la pointe des pieds avant de monter sur ses orteils. Une grimace de douleur passa sur son visage d'ange et elle se reposa aussitôt au sol.

- Est-ce que ça va ? s'inquiéta aussitôt sa mère.

- C'est que... ça fait beaucoup plus mal que je le pensais...

  Drago se mit soudain à pouffer de rire.

- Tu trouves cela drôle ? persiffla Mélody en enlevant délicatement ses chaussons. Tiens, essaye et on verra si tu y arrives.

  Il blêmit brusquement.

- Drago ne va pas perdre son temps à...

  Mais Mélody coupa sans y faire attention la parole à son père.

- Aurais-tu peur, mon frère ?

- Moi ? Peur ? Pffrt... Jamais !

  Et il attrapa les chaussons de danse en les observant de plus près.

- Donc... si je comprends bien... tu les mets, puis tu te mets sur la pointe des pieds ?

- Non, les orteils. Et plus particulièrement les ongles.

  Narcissa sembla se décomposer par l'horreur.

- Ces Moldus sont complètement fous ! s'offusqua-t-elle. Lucius, mon Chéri, j'ignorais qu'il s'agissait de ça.

- Ne me reproche rien, siffla-t-il avec froideur. Mélody a voulu ces chaussons de danse pour, encore une fois, empruntée le même chemin que sa tante. Il est inutile de m'en vouloir pour cela.

  Inutile de préciser que voir son fils essayer ces chaussons de malheur fracturait son ego ; la danse était réservée aux filles, pas aux garçons. La preuve avec Éléona dans sa jeunesse. Jamais, en dépit de toutes les tentatives qu'elle avait fait preuve, il ne lui était venu à l'idée de faire la même chose qu'elle.

- Euh... Non, c'est dans l'autre sens, pouffa Mélody en observant la maladresse de son frère.

- C'est vraiment inconfortable et beaucoup trop petits ! dit Drago en se mettant debout.

- Normal, Einstein, j'ai des pieds plus petits que toi.

- Einstein ? C'est qui encore, celui-là ?

- Un homme de science.

- Un Sorcier ? demanda Lucius, les sourcils froncés. Je n'ai jamais entendu parlé d'un quelconque personnage.

- Il n'y a rien d'étonnant, car c'est un homme Moldu, répondit fièrement Mélody. C'est un physicien théoricien expert en mécanique quantique. Il est d'ailleurs l'heureux inventeur de la formule E=mc2, une équation, qui démontre que même un corps quelconque de molécule ou de néant rayonne d'énergie. 

  Les trois la regardèrent comme si qu'elle était une extra-terrestre.

- Je n'ai rien compris, lâcha Drago.

- C'est de la science Moldue.

- Donc, cela ne sert pas à grands choses, définit Lucius avec agacement.

  Même si, au fond, il était étonné qu'elle sache autant de choses à son âge. 

- En fait, je trouve toutes ces choses passionnantes, répondit Mélody d'un ton amusé. Enfin... pour le moment, ce qui me passionne, c'est toi, ajouta-t-elle pour Drago. Aller... Tu n'as plus qu'à monter sur tes orteils, Princesse.

  Drago fronça les sourcils, lui adressant un regard noir, en la tenant par les épaules et se mit sur la pointe des pieds.

- Plus haut, exigea Mélody.

- Bah... J'y suis déjà, non ?

- Non.

  Il soupira et Narcissa et Lucius observèrent leurs enfants avec dépit. Ces chaussons étaient la pire idée du siècle... notamment quand Drago se mit à sautiller comme une puce par la douleur de ses orteils. Il retomba sur les fesses.

- Mais ça fait super mal, comment notre tante peut supporter ce... cet objet de... de torture !

- Tu n'exagèrerais pas un peu ? pouffa Mélody en lui retirant doucement les pointes.

- Bien sûr que non !

- De toute façon, les gars sont tous des bébés, maugréa Mélody.

- Aucun homme n'est une fillette, dit sèchement Lucius. Drago, relève-toi immédiatement.

- Oui, Père.

  Mais il grimaça quand même à cause de la douleur de ses pieds.

- Il n'aurait plus que manquer un beau tutu du Lac des cygnes, avec un chignon et des collants, et tu aurais été parfait, le nargua Mélody en rangeant soigneusement ses chaussons de danse dans la boite. Et que ce jour reste dans nos mémoires ! Le jour où tu as vainement essayé d'être aussi fort que ta sœur !

FIN FLASH-BACK, retour au présent, point de vue Mélody

  Et ça... c'est vrai que je n'avais pas eu tort ce jour-là. La preuve : je m'en souviens encore.

- C'était ta paire de chaussons quand tu étais petite ? pouffe George.

  Je me retourne vers lui et les vois, lui et son frère, rire de bons cœurs.

- Je ne savais même pas que Drago l'avait gardé, j'ai cru comprendre de Tantine que mon père avait jeté toutes mes affaires... Mon frère a dû en prendre quelques unes pour les mettre dans sa chambre.

- C'est dingue quand même, souffle Amy. Il te déteste, tu lui tapes dessus et pourtant... vous restez toujours inséparables...

- Ils sont jumeaux en même temps, rétorque David avec un grand sourire.

- Jumeaux, jumeaux... Je ne crois pas qu'il a des pieds aussi petits, ricane Fred en observant mes chaussons de danse.

- Par contre, il n'a pas tort pour une fois, renchérit George en lisant le papier. C'est clair que petite comme tu es, tu pourrais encore rentrer dedans.

- C'est vous que je vais faire rentrer dedans en catogan si vous continuez à vous moquer de ma taille de Lilliputienne ! menaçai-je - bon, techniquement, 1m40 c'est loin d'être lilliputienne mais quand même.

- Ça fait encore moins peur, commente Fred.

  Et il part dans un fou rire incontrôlable avec George. David les accompagne, Amy aussi... et moi également. De toute façon, il vaut mieux prendre ça pour de l'humour qu'en pleurer.
  Trente minutes plus tard, me voici en train de déposer silencieusement sous le sapin tous les cadeaux que j'ai préparé pour eux. Mentalement, je me fais un récapitulatif très sérieux.
  Pour les jumeaux, de nouveaux instruments pour leurs Farces et Attrapes. Ainsi que quelques suppléments pour George ; un nouveau parfum de chez Paco Rabanne de cette année 1995, le fameux XS, et une chevalière formée par une aile d'aigle en argent, avec nos initiales gravées à l'intérieur. Pour Hermione, un livre que j'ai longtemps cherché : le Premier Folio, de William Shakespeare. Pour Tantine, un collier en diamant dix-huit carats au pendentif en forme d'anneau que j'ai ensorcelé avec ma magie - il fait apparaitre le visage de Daniel, de David et le mien. J'ai d'ailleurs décelé un magnifique ouvrage sur le Quantique que je compte offrir à mon petit frère adoptif, lui qui m'en parle déjà malgré son âge. À Sirius, je compte offrir une montre Gucci à cadran fin plaqué en or, au bracelet en cuir noir. Pour Mr et Mrs Weasley, j'espère que mon dessin réaliste de eux deux les rendra heureux... en plus des boucles d'oreilles en or blanc en forme de goutte comblé d'un rubis flamboyant que je compte offrir à Mrs Weasley, et un long manteau en laine vert bouteille de Dior pour son mari, lui qui est un adepte des choses Moldues. Amy étant une grande fan de l'univers Kawaii, j'ai décidé de lui offrir un collier en diamant avec un panda qui se balance dans le pendentif en forme de cœur. Pour Harry, une broche avec un mini éclair de feu et à Ron, une statuette du blason de son équipe de Quidditch préférée faite en chocolat venu directement de la Côte d'Ivoire, lorsqu'on y est allés avec mes parents adoptifs pour y aider les gens souffrant de malnutrition. On y a rapporté le meilleur cacao que je n'ai jamais goûté et j'en ai utilisé quelques fèves pour faire la sculpture qu'il va pouvoir prendre du temps à manger ; le chocolat que j'ai ensorcelé ne fondra jamais. Pour Ginny, j'ai pensé à une belle robe de chez Valentino, évasée, dans les tons bleus marines. Et enfin, le reste des cadeaux est tellement nombreux... mais je pense qu'ils vont tous adorer, surtout Estella-Cruella. J'attends même leurs réponses avec impatience.
  En attendant, c'est en respectant la tradition qu'Amy et moi on se retrouve dans notre chambre, à s'habiller pour le réveillon. Pour chacune de nous deux, Noël - ou plutôt Yule me concernant - est un moment de fête où on se doit d'être bien vêtues.

- Je pense que je vais tâcher cette robe magnifique de chocolat dès qu'on passera au dessert, pouffai-je en m'admirant sous toutes les coutures devant le miroir.

  Faite en tulles qui partent évasés, incrusté d'un corset intérieur pour le bustier, m'arrivant aux genoux tout en respectant une certaine découpe harmonieuse, elle est aussi légère que chaude malgré ses manches longues transparentes et flottantes. Les paillettes brillent comme des étoiles à la lumière du chandelier et ma taille est vraiment bien définie, c'est hallucinant.

- Le rouge et le noir se marient souvent ensemble, rigole Amy.

  Je me tourne vers elle tout en accrochant mes boucles d'oreille en forme de Lune, avec des cristaux de Swarovski. Amy est toujours si belle, et ses longs cheveux noirs lâchés dans son dos sont assortis par un cache-oreilles à oreilles de chat qu'elle garde précieusement dès qu'elle a trop froid. Seulement... ça va bien avec son ensemble de chemisier blanc dentelé sous sa robe salopette sans manches, rouge pétante et ornée de quelques rosaces dorées. Le plus amusant sont ces chaussettes hautes blanches qu'elle a monté jusque sous ses genoux, contrastant avec ses escarpins Lolita de style rococo, aux perles sublimant leurs sangles fines et au petit nœud rouge en satin décorant leurs bouts ronds. Je reconnais bien la Amy que je connais depuis tant d'années - le Kawaii n'est pas qu'un code vestimentaire, c'est aussi un mode de vie qu'elle adopte tous les jours sans s'en rendre compte.

- C'est drôle, toi tu n'as même pas besoin de chemisier blanc, remarque-t-elle.

- Eh oui, ça fait partie de la joie d'être Albinos.

  On se met à rire toutes les deux lorsqu'on est interrompus par une frappe énergique.

- Plait-il ? dis-je.

- C'est moi, Hermione.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? m'étonnai-je en ouvrant la porte d'un courant d'air avec ma main.

- C'est vrai, on croyait que tu étais partie faire du ski avec tes parents ? dit Amy.

- Pour vous avouez la vérité, je n'aime pas vraiment le ski, répond Hermione. Alors, je suis venue passer Noël ici. Très belles robes, d'ailleurs, elles vous vont bien.

- Euh... merci...

  C'est seulement maintenant que je me rends compte de la neige dans ses cheveux. Ses joues sont aussi rosies par le froid.

- ... mais ça m'étonne de toi, achevai-je.

- Ne le répétez pas à Ron. Je lui ai dit que le ski était un sport merveilleux parce qu'il n'arrêtait pas d'en rire. Mes parents sont un peu déçus mais je leur ai expliqué que tous ceux qui préparent sérieusement leurs examens restent à Poudlard pour travailler. Et comme ils veulent que je réussisse, ils comprendront.

  Amy la dévisage à travers son miroir à elle, les sourcils froncés.

- Tu sais, comme le dirait un proverbe russe : mieux vaut une amère vérité qu'un doux mensonge.

- Oh, euh... Ce n'est pas un mensonge, bredouille Hermione, mal à l'aise. Je voulais juste m'éviter du ski.

- Hermione, il vaut mieux oser dire la vérité car rien ne mérite un mensonge, pas même tes parents. Si tu commences comme ça... tu vas finir comme Mélody.

  Je la regarde, passablement outrée.

- Ça veut dire quoi ça ?

- Crevette, tu es bien des choses, mais ton talent le plus fou est ta facilité à mentir quand tu le souhaites pour éviter qu'on connaisse ton passé. Alors... je te le redis, Hermione, tu devrais penser à le dire à tes parents.

  Hermione soupire avant d'obtempérer et de s'installer à mon bureau où elle attrape une de mes plumes et un parchemin. Pendant que je suis toujours dans l'observation excessive de Amy pour qu'elle comprenne que ce qu'elle dit est faux... enfin, à moitié, mais ça, c'est un autre détail.

- Ne me regarde pas comme ça, tu sais très bien que j'ai raison, me dit-elle en se passant une légère poudre sur les joues, afin de leur donner un peu d'éclat.

- Alors... techniquement - et premièrement - je ne mens jamais, dis-je en levant mon index en face de moi ; je dis la vérité uniquement quand j'estime que c'est le bon moment. Et deuxièmement... tu ne peux pas t'arrêter avec ta sagesse de moine qui se couche à vingt heures ?

- Pense ce que tu veux, ça m'est égal car je sais pertinemment que j'ai raison.

  Elle m'offre un sourire radieux qui me fait lever les yeux au ciel dans un grognement d'exaspération.

- En fait, tu sais quoi ? Je préférerais la Amy d'avant qui ne remarquait rien...

- Peut-être, mais la « Amy d'avant » comme tu le dis est partie séjourner en vacances. Elle a juste donné quelques conseils à sa suivante pour lui éviter des problèmes de communication, pouffe-t-elle.

- Es-tu sérieusement en train de parler de toi à la troisième personne ?

- Même à la quatrième, marmonne Hermione, concentrée à sa lettre.

  Je lui note un point en acquiesçant de la tête, puis regarde ma meilleure amie avec évidence.

- Ce n'est pas très Samouraï, ça...

- Ah, ah... Je suis morte de rire.

- Oh non, arrête, tes paroles et tes pensées façonnent la réalité ! dis-je avec un sourire.

  Je commence à mettre mes bottines légèrement en plateforme à talons aiguilles, aussi rouge bordeaux que ma robe et aux chevilles entourées d'une fourrure blanche - quand j'entends une pensée filée :

- Si mes pensées façonneraient la réalité, il y a longtemps que Fred m'aurait embrassé.

  Je relève aussitôt ma tête en regardant Amy avec des yeux écarquillés.

- T'as dis quoi ?

- Que... j'étais morte de rire ?

- Non, après...

- Bah rien.

  Elle hausse les épaules. Je secoue négativement la tête, un sourire naissant aux lèvres.

- Non... Je te parle... dans ton esprit, tu as pensé à quelque chose de... croustillant.

  Amy se fige aussitôt et le rouge commence à lui monter aux joues. Bientôt, c'est tout son visage de porcelaine qui s'empourpre jusqu'aux oreilles. Elle fait volte-face vers moi, sa gorge secouée d'un rire nerveux.

- Ah oui, et... et à quoi ai-je pensé ?

- Oh... rien d'intéressant. Je me disais juste... que comme c'est le soir de Noël, tu pourrais - peut-être - essayer de l'embrasser s'il n'a toujours pas fait le premier pas.

  Cette fois-ci, son regard est flamboyant.

- Arrête de lire dans les pensées des autres, c'est irrespectueux, Mélody !

- Oh, je t'en prie, on sait toutes les deux que je n'ai pas besoin d'y avoir recourt tellement ça se voit autant.

- Tout de même ! s'offusque-t-elle. Il y a des limites !

- À quoi ? demande Hermione en laissant partir son hiboux portant la lettre destinée à ses parents.

  Amy me menace de son regard si je dis quoi que ce soit. Mais bien sûr, ne craignant rien, voulant me venger de la fois où elle a dit à Hermione mon secret pour George et moi, je me tourne vers la Née-Moldue :

- À l'Amour qui plane entre elle et Fred.

  Hermione a un immense sourire. Mais ce n'est pas le cas de Amy :

- Méfies-toi que je ne t'étrangle pas dans ton sommeil, toi !

- Oh, avec toi, aucun risque. Dès que tu t'allonges, c'est la garantie d'un sommeil en moins de cinq minutes.

  Elle me fusille du regard avant de se détourner vivement pour finir de se préparer. Je croise les yeux amusés de Hermione et lui offre un clin d'œil qui la fait pouffer de rire. J'adore embêter Amy, c'est ma spécialité.
  C'est après environ une heure qu'on se retrouve tous debout, autour de la table dans la cuisine. Un petit père Noël qui vole comme par magie passe tout autour de nous avant de se poser dans le sapin en souhaitant un « Joyeux Noël », accompagné de son fameux « Oh ! Oh ! Oh ! » à la voix grave. J'ai toujours trouvé cela particulièrement ridicule, mais ma foi, ça a l'air d'amuser tout le monde. C'est alors que Mrs Weasley arrive avec son mari. Ce dernier est en fauteuil roulant, a encore des plaies visibles qui sont en train de cicatriser, mais on voit apparaitre un sourire sur ses lèvres gonflées.

- Et voilà, Papa est de retour ! chantonne Mrs Weasley, ce qui nous encourage à applaudir par la joie de le revoir parmi nous. Oh, allez, asseyez-vous, asseyez-vous !

  Nous nous hâtons de nous asseoir au même moment où George prend ma main dans la sienne en souriant. Je lui rends son sourire, heureuse de le voir si joyeux.

- Très bien, les cadeaux maintenant ! s'enthousiasme sa maman.

  En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle a déjà commencé à distribuer tous les paquets, le mien étant recouvert d'un tissu bleuté.

- Une boite pour Ron, constate Mr Weasley.

- Une grosse boite pour Ron ! appuie sa femme.

  Elle tend deux paquets mous aux jumeaux, mais hésite quelques secondes à qui le donner. Sous mon hochement de tête, elle finit par trouver :

- Oh voilà ! C'est celui-ci pour George, et l'autre pour Fred ! Merci, Mélody.

  Les deux regardent avec joie leurs cadeaux et les déballent à la vitesse de l'éclair.

- Ouvrez-les vite, j'ai hâte de voir votre tête !

  J'ouvre le mien ; c'est un bonnet de couleur noire et bleue, avec un pompon de la même couleur, qui se mariera parfaitement avec le gilet cardigan qu'elle m'avait tricoté il y a trois ans.

- Merci beaucoup, Mrs Weasley, m'enquis-je.

- Trop mignon ! s'exclame en même temps Amy en découvrant son cadeau (un gros pull molletonneux d'un rose cendré).

- Oh mais il n'y a pas de quoi, les filles, je suis heureuse que vous les aimiez.

  Ses fils aussi la remercient en cœur, me faisant regarder ce qui leur plait autant.
  Ce sont deux écharpes tricotés mains, à l'effigie de leurs couleurs préférées. Mon sourire s'étire en voyant à quel point ils sont aux anges. Soudain, c'est comme si qu'on me ramenait à la réalité : j'ai moi aussi des cadeaux à leur donner !
  En me voyant me lever subitement, Amy pouffe de rire.

- Mrs Weasley ! Tenez, j'ai quelque chose pour vous...

  Elle regarde d'abord le dessin et sourit de toutes ses dents.

- Oh merci, ma Chérie !... Regarde, Arthur !

- Wahou ! Il est... incroyable, dit ce dernier, impressionné. Vraiment... je n'ai pas les mots tellement il est très bien réussit.

- Merci, mais ce n'est pas le seul. Tenez... Je me suis dit que ça vous plairait.

  En récupérant leur cadeau respectif, Mrs Weasley a les larmes aux yeux en voyant que ce sont les boucles d'oreilles qu'elle voulait s'offrir depuis son enfance.

- Oh... Mélody, c'est... souffle-t-elle en plaquant une main sur sa bouche, émue. C'est très gentil, merci, ma Chérie !

  Elle me serre dans ses bras avec tellement de force que je crois un moment qu'elle veut m'écraser.

- Madame, pas trop fort, vous allez me déboîter l'épaule, pouffai-je.

  Elle rigole avec moi.

- Si tu mangeais plus aussi !

  Je souris avec innocence tandis que Mr Weasley me dit, des étoiles pleins les yeux :

- Ça alors... Un manteau Moldu, c'est fantastique ! Merci, Mélody, vraiment adorable...

  Je le remercie en souriant davantage et pars offrir le reste des cadeaux aux autres. Hermione se jette presque dans mes bras.

- Comment tu as fait !? C'est l'un des livres les plus rares !

- Secret, 'Mione, profite seulement du cadeau. De toute façon, je te connais, dans une semaine tu l'auras dévoré.

  Elle rigole et m'offre un beau gilet en satin pour dormir. Je la remercie et les autres ne se privent pas d'en faire d'eux-mêmes pour moi.
  David m'a donné un beau dessin nous représentant lui et moi, et Remus et Tonks (envoyé par hiboux puisque l'un est en pleine période de lycanthropie, l'autre est Auror) m'ont offert une série d'excellents livres intitulés La magie Blanche ou comment pousser sa maîtrise au plan Astral. Je feuillete avidement le premier tome et vois tout de suite qu'il me sera très utile pour pousser mes pouvoirs à leur maximum même pendant le sommeil, de sorte que Kristine ne puisse plus profiter de mes instants de faiblesse. Hagrid m'a envoyé une flûte de pan qu'il a taillé lui-même, et lorsque je découvre le cadeau de Estella-Cruella, je reste bouche-bée.

- Nom d'une licorne qui pète des p'tits cœurs...

- Qu'est-ce qu'il y a ? me demande David.

  Incapable de répondre, sous le choc, je sors délicatement cette veste blanche incrustée d'une centaine de perles. Cette veste... qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celle de Michael Jackson. Ce dernier en avait porté une semblable en 1993, pour les 35ème Grammy Awards, avec laquelle il a reçu des mains de sa sœur Janet le fameux Grammy Legend Award. Sa veste a été surnommée « The Pearl Jacket », ça a fait le tour du monde... Et aujourd'hui, Estella-Cruella a réussi dans ce que Michael Bush a excellé !
  J'effleure le tissu blanc neige avec mes doigts, ressentant des frissons de plaisir juste par la vue d'une beauté pareille.

- Oh la vache... souffle Amy, les yeux écarquillés. C'est... C'est Cruella qui t'a offerte ça ?

- C'est incroyable, le talent qu'elle a ! ajoute David, émerveillé.

- Je ne te le fais pas dire, approuvai-je. En plus, elle est parfaitement à ma taille et... et... je l'adore !

  Je ne peux m'empêcher de sourire davantage par ce merveilleux cadeau.

- Et il va aller droit dans ma collection Michael Jackson ! surenchéris-je.

- Je la mettrais si j'étais toi, ça te va bien, me dit Hermione.

  Je l'enfile et résiste face à la tentation d'hurler de joie. C'est... c'est tellement somptueux que je pourrais sauter partout.
  La suite des cadeaux est plus minime, mais peu importe : la seule chose que j'aime c'est voir tous leurs sourires. En plus d'une boîte entière de divers chocolats, Ron m'a offert une rose enchantée blanche - qui va étrangement bien avec la veste - et Amy a eu l'excellente idée de rapporter du Japon un kimono en satin rouge, avec des fleurs de cerisier brodées dessus, ainsi qu'une peluche géante en forme d'ours brun portant un gilet. Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire à la vue du nounours.

- Oh merci, Blondinette ! s'exclament les jumeaux quand je leur offre leurs cadeaux.

  Fred semble excité car il me met dans les mains deux paquets.

- Qu'est-ce que c'est ? demandai-je inutilement.

- Moi je sais, dit George.

- Chut ! Dis pas ! s'offusque Fred. Toi, tu vas lui offrir aussi les tiens et pourtant je ne vais rien dire ! Alors ferme-la !

  Je lève les yeux au ciel avec un rire amusé et ouvre la première boite. À nouveau, j'ai l'envie de bondir de joie.
  Des chaussons-pointes tout neufs de danse classique : recouvert de satin bleu aux tracées orientaux faits de perles argentées, semblables à des flocons de neige. 

- Wow... murmurai-je, estomaquée par la délicatesse et la beauté de ces chaussons.

  J'en avais déjà eu des semblables dans ma vie mais venant de Fred, ça me touche.

- Merci, Carotte, c'est... Je n'ai pas les mots. Ils sont... ils sont magnifiques !

- On dit merci Amy ! lance la dénommée de loin, attardée à découvrir le cadeau que lui a fait Ron.

- Et on peut savoir pourquoi ? demande Fred en ne cachant pas son sourire.

- Parce que c'est moi qui t'aies aidé sur lesquels choisir, Banane !

- Du gland !

  Je rigole avec George face à leur petite dispute hebdomadaire qui cache une tension amoureuse... et les remercie tous les deux avant d'ouvrir le deuxième cadeau - une grosse boite avec les principaux Farces et Attrapes que les jumeaux ont inventé. De quoi leur valoir un remerciement de ma part et un grand sourire.

- Franchement, c'est trop, les gars... Vous me gâtez... Tout ça en avant-première... 

- Tu as été la meilleure des meilleures amies, dit Fred.

- Il fallait qu'on marque le coup, enchaine George.

- Et moi je suis invisible, c'est ça ? lance Amy en faisant mine de bouder.

- Toi, c'est différent, t'es une tête à claques, répond Fred avec amusement.

  Mais il déglutit soudain quand Amy le fusille du regard.

- Maintenant à mon tour, ma Belle ! intervient George.

  Avant que j'ai eu le temps de dire quoique ce soit, il m'a déjà mis en mains une petite boite carrée de couleur orange auquel je m'empresse de retirer le ruban noir pour l'ouvrir devant son air excité. Mon cœur semble prêt à fondre par la mignonerrie de son présent : un collier à la chaîne en diamant, avec le prénom « Geordy » en guise de pendentif.

- J'aurai aussi pu mettre « Mélorge » mais je trouvais ça bizarre... Mais, euh... hum... J'ai choisi Geordy, à moins que tu préfères Mélorge ?

- Oh, euh... non... J'aime bien comme...

- Tu préfères Mélorge ?

- Non, c'est très bien, il est parfait...

- Mais c'est pas grave, sourit-il avant de me reprendre délicatement le collier. Tu sais quoi ? Je vais le refaire, ce sera mieux, je vais le refaire...

- Non, George, l'arrêtai-je en posant ma main sur son avant-bras, le faisant me regarder dans les yeux. Il est parfait, souriai-je.

  Son sourire est autant rassuré qu'apaiser et pour rajouter à ma réponse, je me retourne en poussant mes cheveux sur le côté. George a un petit rire soulagé. Après me l'avoir accroché, il m'embrasse sur la tempe en prenant mes doigts délicatement dans les siens, de sorte à mettre une bague argentée dans ma paume.

- On a vraiment eu la même idée sur ce coup là, dit-il en rigolant.

  Je sais pourquoi il dit ça ; nos initiales sont inscrites à l'intérieur de l'anneau, dont l'extérieur a de minis saphirs bleus incrustés. J'ignore comment il a réussi à acheter une chose pareille (sûrement avec tout l'argent que lui et son frère ont eu), mais en tout cas, mon sourire s'agrandit plus qu'il ne l'est déjà.

- Elle est magnifique... soufflai-je.

  Il se penche vers moi en prenant mon visage en coupe avant de m'embrasser sur les lèvres, me faisant pouffer doucement en répondant à son baisé toujours aussi réconfortant. Je peux sentir ses doigts glisser l'anneau à mon index. Cela provoque un rire de ma part. Alors qu'on se sépare, il me fait son fameux clin d'œil menaçant de me faire rougir.

- Et attends, ce n'est pas finis !

- Oh non, Joy... Tu me gâtes, là...

- Si, si, j'en ai un dernier. Et ça, personne n'a eu heureusement l'idée, bien que j'ai eu du mal à trouver.

  Il sort de sous la table une boite recouvert d'un tissu bleu métallique et me tends le fil que je tire doucement vers moi. Le papier se retire tout seul.
  Pour la troisième fois en une soirée, je reste sans voix.
  C'est une boite en bois sculptée de dragons chinois, avec une fermeture en métal aux deux billes bleues formant les yeux des deux dragons. L'ouvrant, j'y découvre tout un attirail de peinture ; acrylique, aquarelle, encaustique, gouache, tempera, à base de coquillages et de résine, à l'eau, à l'huile... Il y a même de nouveaux pinceaux, des flacons par dizaines avec des craies, des feutres, des stylos à calligraphie et des crayons magnifiques de toutes les couleurs. Sans oublier les multiples pinces à dessin, gommes de tailles différentes, fusains, encre de Chine, aérographes, calames, canet, et pointes d'argent... Rien n'a été oublié et c'est du matériel tout neuf en plus !

- Alors, ça te plais ?

- George, évidemment ! Est-ce qu'on demande à Peeves s'il aime faire des farces ? dis-je en regardant la boite avec des étoiles pleins les yeux. Ils sont magnifiques ! Et tous neufs... C'est... Je n'ai pas de mot, c'est fabuleux ! Ils ont dû te coûter une fortune...

- C'est le moins que l'on puisse dire ! pouffe Fred.

  George lui donne un coup avec son coude en plein dans les côtes, et je rigole légèrement avant de le regarder, toujours ébahie.

- George, vraiment... Merci !

  Je me blottis dans ses bras en le serrant fort contre moi, mes bras autour de sa taille, ma tête nichée contre son torse pour humecter son parfum que j'adore (en même temps, quelle idée de s'en mettre sur le pull !). Il resserre l'étreinte en me caressant les cheveux qui recouvrent ma nuque, sa seconde main dans le creux de mes reins en me serrant contre lui.

- Je suis heureux que ça te plaise, ma Belle.

  Je souris en levant ma tête à m'en déboiter les cervicales, et lui dis en le regardant dans les yeux :

- Jamais je ne pourrai te remercier autant... Je t'aime.

- Moi aussi, et plus que toi, dit-il en m'embrassant le bout du nez.

  Je pouffe de rire et on finit par se détacher afin de me laisser l'opportunité d'aller vers ma tante. Elle n'a de cesse de m'observer avec un sourire amusé :

- J'espère que tu prendras ton temps, je n'ai pas envie d'être mamie à mon âge.

  Je sens mes joues chauffées brusquement alors que je manque de m'étouffer par ma salive.

- Non, mais n'importe quoi ! On n'en est pas encore à ce stade !

  J'entends les gloussements de rire de George et Fred.

- Oh bah vu comment vous êtes partis ! 

- Fred ! s'offusque sa mère (et je deviens davantage rouge comme une pivoine).

  David, au contraire, a une exclamation dégoûtée en nous fixant à tour de rôle.

- Je comprendrais quand je serais plus grand, c'est ça ? devine-t-il face au regard de Tantine.

- Oh non, tu pourrais le comprendre dès maintenant mais ça raillerait ton enfance de la carte, répondis-je avec un sourire crispé. 

  Je finis par me tourner vers notre mère adoptive en soufflant, recouvrant mon rictus habituel.

- Tiens, c'est pour toi.

  Sous mon excitation cachée, Éléona ouvre la pochette et son sourire se fait plus grand. Elle serre le collier en fermant un instant les yeux, comme si que c'était la chose la plus précieuse qu'elle avait, et rouvre ses pupilles :

- Merci beaucoup, ma Chérie, ça me touche énormément... J'y prendrais grands soins, je te le promets. En échange, j'ai ça pour toi - même si je pense que ce sera un peu ressemblant, pouffe-t-elle.

  Je prends la petite boite rectangulaire qu'elle me tend et l'ouvre sous ses yeux maternelles. J'y découvre un écrin blanc comme neige et la joie augmente d'altitude quand je remarque qu'il s'agit d'un magnifique collier en diamant, avec un pendentif en forme de cœur. Ce dernier renferme deux photos - la première, David et moi, et la seconde, Éléona et Daniel. Tout ça recouvert d'ornements légers en or scintillant. J'ai les larmes aux yeux en voyant l'immense sourire arrogant de mon père adoptif et mon cœur se serre autant qu'il se réchauffe. Ils seront toujours avec moi, quoiqu'il arrive.
  Sans dire un seul mot, je serre Tantine contre moi. Elle semble sourire car ses bras recouvrent mon dos. Ses lèvres déposent un doux baisé sur mon front et elle me dit :

- Contente que ça te fasse plaisir, j'en étais sûre et certaine que ça te plairait ! Mais je t'avoue que je ne m'attendais pas à ce qu'on ait les mêmes idées.

  Elle finit par rire, et je fais de même en souriant encore plus. On rigole davantage en voyant nos larmes aux yeux de bonheur qu'on accumule toutes les deux.

- J'en ai un autre aussi, pour toi.

  Curieuse de voir apparaitre dans mon champ de vision un paquet cadeau pourpre aux tracés orientaux, je me hâte de retirer le papier et ouvre le boitier sous son regard bienveillant.

- Wahou... C'est vraiment... Non... C'est... C'est bien ce que je crois ?

- Hm-hmm, affirme-t-elle. Alors, ça te plait ?

- Comment ne pas être heureuse !

  C'est une chose que je désirais depuis... très longtemps : la réplique parfaite de la boite à musique dans Anastasia.
  En métal d'or, décorée de véritables perles blanches et de pierres précieuses, aux magnifiques ornements en diamant... il n'y a pas plus belle boite à musique, ça, c'est sûre.
  Éléona me tend le collier qui va avec - une chaîne en or au pendentif orné d'émeraudes, au centre incrusté d'un petit rubis - et je le prends précautionneusement pour le retourner, curieuse de savoir si c'est l'originale. Il l'est, à quelques petites choses près... À la place de la fameuse phrase « Ensemble à Paris », il y est gravé « Ensemble à jamais ». Et ces tous petits détails... En tournant le pendentif dans la serrure de la boite à musique, le couvercle de celle-ci s'ouvre et la fameuse mélodie instrumental « Once upon a December » résonne agréablement, tandis que le couple à l'intérieur surgit et se met à tourner au son de la mélodie. La musique est celle qu'Éléona me chantait en berceuse quand j'allais chez elle, lorsque je n'avais pas plus de deux ans, et j'ai toujours adorée cette musique pour une raison que j'ignore encore à présent. Alors quand j'ai vu qu'elle était dans Anastasia... j'ai encore plus aimée. Je remarque alors qu'il ne s'agit pas de Alexandra et Nicholas II qui valsent, mais bien d'Éléona et de Daniel en miniature qui tournoient au rythme de la chanson. Ce qui est sûre c'est qu'elle n'a pas fait les choses à moitié.

- Oh, Maman... murmurai-je en souriant, légèrement émue. C'est magnifique, merci !

  Elle passe le collier autour de mon cou et je la serre contre moi. Elle fait de même, m'embrassant sur le haut de la tête en me souhaitant un joyeux Yule. La boite à musique d'Anastasia était une boite à musique que je rêvais d'avoir depuis que j'ai vu le dessin animé Moldu, et ça, Éléona a dû le retenir. Mais comme elle ne fait jamais les choses à moitié, elle a remplacé Nicholas et Alexandra par elle et Daniel, puisqu'ils sont mes parents adoptifs... On se relâche elle et moi et je ne peux m'empêcher de sourire.
  Je pense soudain à Sirius et Harry que je n'ai toujours pas vu.
  Quand on parle du loup ! les voilà qui arrivent dans la salle à manger. Mon grand-cousin me sourit tandis que je range la boite à musique dans ma poche. Les jumeaux et Hermione se lèvent pour servir des verres de Bièraubeurre à tout le monde.

- Harry ! Harry ! s'exclame Mrs Weasley. Voilà pour toi ! (Elle prend un cadeau, et le lui donne.) Joyeux Noël ! Je suis ravie que tu sois là !

  Elle le serre dans ses bras et Harry l'a à peine remercier que j'arrive à mon tour vers lui.

- Hey, Ryry ! Tiens un petit cadeau de ma part, Vieux !

- Merci, Mélo, me remercit-il en réceptionnant le cadeau de justesse. Tiens, j'en ai un pour toi, moi aussi.

  Il me tend une rose lilas, sous le regard d'un George encore une fois vérificateur de ce qu'il se passe, et je remercie Harry avec un grand sourire avant de partir vers Sirius qui est dans l'entrebâillement de la porte.

- Si tu n'étais pas avec George, j'aurai pensé que toi et Harry sortiez ensemble.

  Je mime un vomissement, le faisant rigoler. Pourtant...

- Je suis sérieux, Mélody, il y a quelque chose que je n'explique pas entre toi et Harry.

- Il est comme un frère pour moi, Sirius, et George est le seul à mes yeux alors...

- Peut-être, mais en ce qui concerne Harry, tu devrais te méfier de comment tu te comportes en sa présence.

  Je fronce les sourcils.

- Qu'est-ce que tu veux dire par-là ? Tu crois qu'à cause de ses coups de colère ponctuelles, je devrais couper les ponts ? dis-je sèchement.

- Non... Bien sûr que non, ce n'est pas ça... dit-il avec un petit sourire. Je dis juste qu'il se pourrait que pour lui, tu ne sois pas qu'une amie.

  J'ai un ricanement nerveux.

- Tu me fais peur, là...

- En fait, c'est simplement que tu ressembles énormément à Léo dans sa jeunesse.

- Et ?

- James est tombé amoureux d'elle quand on était jeunes...

- Je croyais qu'il n'avait d'yeux que pour Lily ?

- Il était partagé entre les deux à vrai dire, avoue-t-il en observant furtivement Harry. Et...

- Et tu crois que Harry pourrait être pareil que son père avant lui ? Je suis d'accord qu'il lui ressemble, mais mentalement... Je ne pense pas que c'était ça. Et puis... il le sait.

- Toi, tu le sais, rétorque Sirius en posant ses mains sur mes épaules. Ce n'est peut-être pas le cas de Harry, c'est pourquoi j'aimerai que tu évites tout contact trop physique avec lui - comme le serrer dans tes bras. Léo avait la même habitude envers James et... et quand on voit comment ça s'est fini, et comment il a été déçu... Je ne veux pas que ça arrive aussi à mon filleul, tu comprends ?

  Je me dégage de sa prise à mes épaules en reculant légèrement.

- Évidemment mais tu oublies une chose ; peut-être qu'on ressemble lui et moi à un membre de notre famille qui ont tous les deux été amis d'enfance, ce n'est pas pour ça qu'on agit comme eux. Leurs histoires, leurs souvenirs... Ça n'appartient qu'à James et Tantine. Il serait donc temps de voir la vérité en face, que nous ne sommes pas une copie des adultes et qu'on peut très bien être amis sans pour autant qu'on ressente d'Amour avec un grand A.

  Je l'ai peut-être un peu envoyer balader mais il y en a assez de son illusion. James était James, Harry est Harry. Et Tantine est Tantine. Moi, je suis moi, tout simplement. Il n'y a aucun lien, aucune chose, aucun évènement qui pourrait nous faire devenir un de leurs doubles. Et ça, Sirius a du mal à l'enregistrer.

- Je comprends tout à fait mais... songe-y quand même, s'il te plait, me dit-il.

  Je lève les yeux au ciel en soufflant d'exaspération.

- Très bien, mais ne revenons plus sur ce sujet, c'est malaisant, d'accord ? (Il hoche de la tête.) Tiens, c'est pour toi, ajoutai-je en lui tendant l'écrin.

- Merci, dit-il en l'ouvrant. Elle est très belle, je pense d'ailleurs que je vais la mettre autour de mon poignet maintenant.

  En la réglant à son poignet, il a un vague sourire pensif et la regarde d'un air fier.

- J'y pense... j'ai quelque chose pour toi moi aussi.

  Il met sa main dans son dos et en sort une boite rectangulaire qu'il me met dans la paume. Fronçant les sourcils de curiosité, je l'ouvre alors avec douceur et peux y découvrir un miroir de poche enchanté, dans lequel on voit sept personnes : Sirius, Remus, mes parents adoptifs, James et Lily qui porte Harry et puis moi. Tous les deux ne devions pas avoir plus de un an. Daniel me porte sur ses épaules, et les personnages bougent tout seuls, riant aux éclats.

  Mon sourire s'agrandit.

- Ça, vois-tu, c'est Severus qui l'a prise quand toi et Harry aviez un an tout pile, deux semaines avant que James et Lily... deux semaines avant qu'ils... Enfin, tu vois, achève-t-il, me faisant hocher la tête, alors qu'on entend Mrs Weasley demander si tout le monde est servit. Comme tu le sais, James, Remus, moi et Rogue 1 n'étions pas les plus amis du monde, surtout James et Rogue 1, qui se détestaient. Mais le fait est que Léo était et continue d'être très têtue - moins que toi, certes (Je rigole à ce qu'il me dit.) - mais par le passé, elle nous a aidé à mettre nos différences de côté et ça a été grace à elle et Daniel qu'on a pu tous nous réunir sans nous...

- Sans vous foutre sur la gueule ? finissai-je, amusée.

- Je n'aurai pas dit ça comme ça, mais oui, en effet.

  Je pouffe de rire.

- J'adore cette photo, on ressent toute la joie de ce moment là. Merci, Sirius.

  Il me serre dans ses bras et je fronce les sourcils. J'ignorais qu'il était fan de l'eau de cologne mais ce parfum est étrange sur lui. 
  Après quelques secondes, Sirius me relâche en arborant un plus grand sourire - sourire partagé.

- Comme ça, tu penseras à moi pendant que tu seras à Poudlard, me dit-il.

- Je veux porter deux toasts, intervient la voix de Mr Weasley.

  On se tourne vers lui au même moment où Harry me donne un verre que je donne à Sirius avant de récupérer le mien, et le brun le sien. 

- À Miss Mélody Malefoy et Monsieur Harry Potter ! dit Mr Weasley en levant son verre. Sans lesquels, je ne serais pas ici... À Mélody et Harry !

- À Mélody et Harry ! disent les autres en cœur.

  J'aperçois le clin d'œil que me fait George et me force à sourire. En réalité, le fait que Sirius m'ait dit tout ça à propos de Harry et de ce qu'il croit que ce dernier ressent à mon égard... ça m'a un peu plomber le moral, je l'avoue.

- À Mélody et Harry ! appuie l'intéressé d'une voix plus calme.

  Il envoit à Harry un clin d'œil, puis bois une gorgée de son verre. Je reviens rapidement m'asseoir près de George. Il ne manque pas de m'embrasser sur la joue en me chuchotant à l'oreille :

- À ma Belle Blondi-nette Love des Birdy.

  J'ai un éclat de rire et le regarde de façon à ce qu'il comprenne que je ne m'attendais pas à ça.

- Finalement, c'est plutôt facile de faire une phrase avec tous tes surnoms, commente-t-il.

  S'il me fait davantage rigoler, et que le repas commence sa petite ascension gourmette en joie, bonne humeur et mets délicieux, je suis personnellement un peu plus silencieuse, plongée dans mes pensées, plongée dans ce que m'a dit Sirius plus tôt, plongée dans les réflexions de d'habitude... Car avoir revu le visage de Daniel en photo m'a fait penser que je suis très loin de pouvoir anticiper les prochaines actions de Kristine. Et... je ne cesse de songer à ce que cette garce fait en ce moment. Sûrement un rite satanique ou quelque chose de la sorte, les périodes festives sont les plus ciblées par les gens de son espèce de cinglés. Principalement Halloween et Noël, sans que je ne comprenne pourquoi... Toujours est-il que personne ne semble vraiment remarquer mon état à ne pas vouloir faire la fête, peut-être parce que je suis bonne actrice pour afficher ce sourire forcé de tous les jours. Personne... sauf Tantine et David. La première aussi semble se forcer à être joyeuse, elle doit songer à Daniel et au fait qu'il ne soit plus là. Et le second... m'en parle au moment où je vais le mettre au lit.

- Tu vas me dire ce qui ne va pas ? me dit-il alors que je rabats sur ses épaules sa première couette en satin jaune molletonnée.

- Qu'est-ce que tu veux dire par-là ?

  Tout en étant assise à son chevet, je le borde avec ma télékinésie, lui rajoutant sa couette confortable à imprimée lunes et étoiles, mais David n'est pas idiot ; au contraire, il est très intelligent et me le fait très bien savoir quand il prend ma main dans la sienne.
  Je relève mon regard dans le sien avant de rapidement soupirer face à l'air évident qu'il vient d'arborer.

- J'ai bien vu que ça n'allait pas. Et franchement, je ne comprends pas, c'est Yule. Tu devrais être contente !... mais tu ne l'es pas. Si tu ne l'es pas, je ne le suis pas.

  Il croise ses bras sur son torse d'enfant, la mine boudeuse. Même là, il parait beaucoup trop jeune pour s'inquiéter de mon cas. Pourtant, c'est de lui dont je suis le plus proche... c'est donc peut-être pour ça que je lui dis :

- Boude pas, Loulou...

  Il me fait un petit sourire, m'incitant à lui dire ce que je ressens.

- Si tu veux tout savoir, Sirius m'a dit que Harry pourrait être amoureux de moi.

  David fait une drôle de grimace.

- Ouais, moi aussi j'ai été dégoûtée.

- Et c'est pour ça que tu étais silencieuse ? J'ai du mal à le croire... Il y a forcément autre chose.

- T'es un p'tit malin, toi, dis-je en lui ébouriffant les cheveux. C'est vrai que en réalité, c'est un peu plus compliqué que ça... Kristine est toujours là dans les parages, à vous menacer tous, principalement toi, et... et le fait d'avoir revu le visage de Daniel par le cadeau que m'a offerte Maman, je... je me suis rendue compte que je n'avais jamais vraiment réussi à tous vous sauver. Il y a toujours eu des conséquences horribles derrière mes actes : Angyalita, Cedric, les grands-parents d'Amy, l'accident de Daniel... J'ai beau faire de mon mieux, j'ai beau... me battre jusqu'au bout, ça n'est jamais suffisant. Alors... oui, soufflai-je d'une voix tremblante, il y a toujours autre chose avec moi mais je refuse que tu t'en fasses pour ça. Tu as déjà assez souffert, je ne veux pas que ça devienne une habitude.

  David m'observe d'un air curieux, les sourcils froncés, jouant distraitement avec les doigts de ma main droite.

- Ce n'était pas de ta faute, dit-il d'une petite voix. Angyalita m'a protégé, tu es arrivée au même moment. Tu... tu as été là pour moi. Et même si tu n'as pas réussi à la sauver, elle est toujours là, par sa présence Astrale... Je n'ai pas connu Cedric, ni les grands-parents de Looneytune... mais Daniel était et reste encore à ce jour mon véritable papa...

  Son menton tremblote et pourtant, il semble assez bien le cacher en inspirant profondément.

- Mais en aucun cas c'est de ta faute. 

- David, je ne crois pas que tu saisies bien la chose...

- Bien sûr que si, tout le monde fini par partir un jour au l'autre ! proteste-t-il. Ce n'est qu'une question de temps...

  Je le regarde longuement, savant pertinemment qu'il a raison. Oui... tout le monde finit par nous quitter. Seul le Temps est maître de l'heure où ça arrive.

- Alors... s'il te plait, Grande sœur... Ne te culpabilise pas, murmure David en entourant ses petits bras à ma taille pour me serrer fort contre lui, comme un doudou.

  Je resserre son étreinte en sentant mes yeux me piquer par les larmes qui y luisent. David est un petit garçon courageux, il affronte la Mort avec tant de facilité... Il m'impressionne.

- Je vais faire de mon mieux, Chouchou, je te le promets, répondis-je en lui caressant ses beaux cheveux vénitiens.

  David semble sourire et petit à petit, à mesure que je me balance doucement d'avant en arrière pour le bercer, il finit par s'endormir, ses bras me relâchant mollement. Délicatement, je le remets correctement dans ses couvertures et le recoiffe un peu. Sa veilleuse projetant un ciel étoilé bleu indigo éclaire le plafond et baigne sa peau laiteuse de la même couleur que l'océan. Je ne peux m'empêcher de sourire, attendrie par cette vision, et l'embrasse sur le front.

- Je t'aime, David, lui chuchotai-je.

  Je sors de sa chambre en parcourant le couloir silencieux de la maison et redescends les escaliers jusque dans le salon où George m'attend depuis dix minutes.

- Alors ? dit-il en me voyant - et m'entendant - arriver.

- Il s'est endormi après l'histoire du soir, pouffai-je en recouvrant mon sourire.

- Tu m'étonnes, tu as dû lui raconter l'histoire de la Guerrière implacable !

- Hm... Pas faux... répondis-je en songeant à notre discussion plus tôt. Cette soirée de Noël a été... vraiment merveilleuse, ajoutai-je.

- Surtout le repas ! renchérit George en s'asseyant près de moi sur le sofa.

- Tu dis ça aussi pour la Bièraubeurre.

- Hm... Pas faux, dit-il en glissant son bras autour de ma taille pour me serrer contre lui. Par contre, Fred, lui, c'est plutôt Amy qui lui a plu pendant le repas.

  On pouffe tous les deux de rire.

- C'est clair qu'il la lorgne sans même qu'elle s'en rende compte, approuvai-je.

- Comme toi envers moi avant qu'on soit ensemble.

  Je fronce mes sourcils en relevant vers lui des yeux choqués.

- Tu me reluquais en plus de ça ? m'offusquai-je avec un sourire.

- Moi ? J'ai jamais dit ça...

  Il me fait un clin d'œil qui provoque toujours chez moi cette même réaction idiote : le rougissement. Pourquoi, je n'en sais rien, mais ça a tendance à m'énerver. Enfin... je suis seule sur le coup, George préfère en rire.

- Et si on en revenait à Fred et Amy ? dis-je pour changer de sujet. Parce que... c'est l'Amour fou entre les deux, quand même, il serait peut-être temps qu'ils s'en rendent compte.

- J'ai justement laissé sous-entendre à Fred que tu m'avais dit, qu'Amy t'avait dit, que cette dernière été folle amoureuse de lui et qu'il fallait qu'il essaie au moins de lui dire ce qu'il ressentait.

- En gros, tu as forcé la chose, raccourcis-je.

- Non, je lui ai donné un coup de pouce.

- C'est du pareil au même.

- Pas du tout.

- Ah si, c'est exactement la même chose qu'à fait Fred. Il t'a poussé vers moi.

- Et Amy t'a poussé vers moi... constate-t-il, les sourcils froncés par la réflexion. Hey mais ils ont tout manigancé !

- Personnellement, jamais je ne regretterais qu'ils l'aient fait.

  Je me redresse et pose délicatement mes lèvres sur les siennes. Il sourit, laissant sa main glisser sous ma mâchoire pour la relever davantage. Ses doigts dans le creux de mon dos, et la chaleur de son contact, font remonter des frissons sur ma peau. Ce qui a le don de le faire rire.

- T'es pas croyable, pouffe-t-il juste avant de déposer un bisou sur le bout de mon nez. Je t'aime, Love.

- Et moi donc, je t'aime plus que toi, répondis-je.

- Hmm... J'en doute.

  Ses yeux pétillent soudain et lorsqu'il prend mes doigts dans les siens pour me lever avec lui, je l'interroge du regard.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je.

- Il me semble que Noël a sonné sa fin, et je ne crois pas que vous m'ayez offerte une danse, Mademoiselle Malefoy, répond-il avec son éternel sourire malicieux.

- Mais vous ne l'avez pas souhaité de vive voix, Monsieur Weasley, rétorquai-je en jouant dans son jeu.

- Alors maintenant que c'est fait, acceptez-vous de vous joindre à moi pour un slow de dernières minutes ?...

  Je souris pour accepter, et il glisse sa main dans la poche de ma robe pour en sortir la boite à musique que m'a offerte Tantine. Sous mon regard curieux, il prend délicatement mon pendentif entre ses doigts et l'insère dans la serrure de la serinette en la tournant plus d'une dizaine de fois. Le couvercle ne tarde pas à s'ouvrir et la musique à se jouer. Mon cœur se serre étrangement et j'inspire profondément. C'est exactement sur cette chanson que j'ai apprise à danser, et c'est sur cette chanson que George veut clôturer Noël le temps d'un slow... Il n'y a rien de tel pour me remonter des émotions à la fois de tristesse à l'idée que c'était Daniel mon professeur de danse improvisé, et de joie à la seule allusion que j'aime encore plus George chaque jour qui passe.
  Il pose la boîte à musique sur le manteau de la cheminée, puis me prend par la taille alors qu'envoûtée par ses yeux, je finis par le serrer dans mes bras. Son étreinte à lui a le don de me détendre et oublier tous les maux qui comblent mon esprit pour profiter... seulement profiter... de ce moment présent.
  La chanson entame son refrain, mais j'ai depuis longtemps fermé les yeux. Quand l'on est ainsi l'un contre l'autre, plongés dans de quelques minutes idylliques, tout disparait autour de nous. Comme si qu'il n'y a plus rien qui importe que nos deux corps serrés l'un contre l'autre, dans une danse amoureuse, apaisante... qui n'offre que du bonheur... Soupirant d'aise, je resserre mes mains dans son dos, la tête posée contre son torse, l'esprit vide de toutes pensées sauf d'une seule : mon Amour pour lui.
  La musique se jouant dans notre dos, il prend mes mains pour me faire tourner doucement sur moi-même. En plus que ce soit un miracle que mes hauts talons ne lui écrasent pas les pieds, c'est la première fois que je le vois aussi calme... Mon sourire s'en étire alors qu'il colle mon dos à son torse, m'emprisonnant dans ses bras pour une étreinte à la fois douce et forte ; le parfait équilibre de ce qu'on ressent l'un pour l'autre. Ses lèvres déposent un baisé sur le haut de ma tête tandis que je le laisse me guider pour les trois minutes restantes.
  Quand la musique s'achève, le couvercle se referme. Pourtant, aucun de nous n'a envie d'être séparé... comme ils nous arrivent bien souvent de ne pas le vouloir.
  Je me retourne cependant vers lui en arborant un grand sourire. Je dois avouer que pour ne plus se soucier des problèmes de sa vie, c'est un bon moyen.

- Merci, lui murmurai-je. Merci... pour tout. D'être là pour moi, de m'aimer, de m'accepter telle que je suis... de m'offrir les plus belles danses que je ne puisse imaginer...

- N'exagérons rien, on a déjà dansé l'année dernière aussi, pouffe-t-il, le regard amoureux.

- Peut-être, mais je ne te remercie pas assez souvent, Darling.

  George hausse un sourcil.

- Darling ? Ça t'est venu tout seul ?

- T'aime pas ? dis-je en faisant la moue.

- Je dirais que tu peux trouver mieux.

- C'est difficile de trouver des surnoms qui ne paraissent pas ridicules, souriai-je.

- Tant que tu ne m'appelles pas « Doudou », ou encore « Georgeounet »...

  Je pouffe de rire, le visage plongé dans son pull à la délicieuse odeur de son parfum, et minaude :

- Je t'aime, mon Doudou Georgeounet...

- Sérieusement ? souffle George, désespéré.

  Je ricane malicieusement et il ajoute d'une voix d'aristocrate :

- C'est le style d'Amy de trouver des surnoms aussi périles.

  Je relève ma tête aussitôt que j'entends le prénom de ma meilleure amie.

- D'ailleurs, où sont-ils, Fred et elle ?

- Si Fred a suivi mes conseils, ils doivent être dans la cuisine.

  Aucune parole ne suit. Seuls nos regards qui se croisent comprennent. On étire un sourire entendu et sortons du salon main dans la main. J'espère que c'est ce que je crois !

Point de vue Extérieur

- Non mais ce n'est pas vrai !

  Amy sursauta, sortant la tête du placard à gâteaux. Fred se tenait dans l'entrebâillement de la porte de la cuisine, le regard accusateur et l'air choqué.

- Quoi ? fit Amy d'un ton innocent.

- On a fini de manger il y a à peine quinze minutes !

  Amy haussa les épaules et replongea sa tête dans le placard. Le rouquin ne put alors s'empêcher de rire en voyant qu'elle devait carrément se mettre debout sur le plan de travail pour atteindre les placards du haut. De son côté, la Japonaise faisait danser ses jambes, à la recherche de la pépite idéale pour terminer ce repas de Noël.

- Pff... Pourquoi je ne peux pas matérialiser les trucs comme Passe-Partout ! soupira-t-elle, démoralisée.

- Qu'est ce que tu cherches comme ça, la P'tite ? demanda Fred.

  Aussitôt, Amy ressortit la tête du placard pour le fusiller du regard. Encore une fois, le Weasley ne se gêna pas pour le regarder de haut en bas. Malgré son kimono polaire rouge cousue d'or en lequel elle venait de se changer, il voyait bien ses belles courbes japonaises, belles et raffinées. Avant, il aurait dit « boudinées ». Mais maintenant... Elle incarnait grâce et beauté, douceur et sérénité. Ses cheveux noirs d'ébène dansaient aux creux de ses reins, ramenés en arrière par une broche dorée représentant un dragon chinois. Ses joues rondes, par contre, étaient toujours autant à croquer que ses lèvres semblaient vouloir attendre d'être dominées. Et son regard vairon le captivait comme sa personnalité l'intriguait. Fred pensait souvent qu'elle cachait son jeu, tout en la connaissant suffisamment pour savoir à quoi s'attendre avec elle... comme ses trips kawaii, mais ça, c'était autre chose. Et il peinait même à croire qu'elle soit vraiment devenue cette apprentie Samouraï comme elle leur avait précisé.

- T'as pas bientôt fini de me fixer comme ça, le Psychopathe ? lança Amy avec amusement.

  Fred fut ramené à la réalité. Il cligna des yeux en se raclant nerveusement la gorge. La jeune fille le dévisagea avec curiosité et descendit du plan de travail, abandonnant sa collecte de biscuits.

- Je sais que je suis belle, mais à ce point...

- Ne laisse pas tes chevilles gonflées, tu ne pourras plus marcher sinon, répliqua Fred.

  Amy fit la moue.

- Comment tu fais, toi, pour toujours rester sur tes deux pieds, alors ?

- Mais ça c'est parce que je suis naturellement beau, Panda.

- Ne prends pas tes rêves pour la réalité, Citrouille, toi et moi on sait pertinemment que le miroir se casse en te voyant.

  Amy finit par pouffer de rire en se détournant de lui. Évidemment que c'était faux. Fred avait toujours eu un physique doublement attractif, et même son caractère, combien exaspérant et insupportable, n'avait égal qu'à lui-même. Mais si elle lui dirait à quel point il avait réussi à la charmer dès sa deuxième année, elle était sûre qu'il se moquerait d'elle.

- Les autres sont déjà tous parti se coucher, dit Fred. On a qu'à... Je ne sais pas moi... discuter ?

  Amy se retourna vers lui en haussant un sourcil.

- Ce n'est pas ce qu'on fait déjà ?

- Si mais... C'est que... Euh... Beh euh... Je...

  Il n'arrivait qu'à balbutier, trop absorbé par le regard vairon de la jeune Samouraï pour réussir à formuler une phrase parfaite. Ses yeux pétillaient... Ses paupières papillonnaient... Ses douces et fines lèvres formaient un sourire magnifique, accentués par une voix envoûtante au fort accent japonais...

- Je... Euh... Je...

- Tu ? l'encouragea Amy, se rapprochant un peu plus.

- Tu... Tu... Tu es plutôt... très propre... Euh non ! Je voulais dire très trott- euh... très proche ! Oui, c'est ça ! Euh...

  Ses joues rosirent comme un soleil d'été lorsqu'elle pouffa de rire. Quel idiot ! C'était un idiot ! Il commençait à perdre tous ses moyens face à une seule fille ! Mais pas n'importe laquelle... Il eut alors une idée folle. Elle était assez proche pour qu'il puisse la plaquer contre le mur et l'embrasser mais... Elle allait le repousser. Il le savait. C'est ça qui lui brisait le cœur.

- Frédéric Weasley, allô la terre, ici Amisaki no Senshi Miyamoto, vous me recevez ? Pschit... Crickkkk... Mayday... Mayday... On va se scratcher !... Youhou !

  Fred sortit de sa stupeur quand elle passa sa main devant ses yeux.

- Hein ?

  Il secoua la tête et la jeune fille eut un petit sourire moqueur.

- Tu me reçois, ça y est ?

- Non, ma boussole a été désorientée par ta douce voix, Chouchoute, rigola Fred.

  Amy se pinça les lèvres. Était-il sérieux ou la prenait-il encore pour une quiche ? C'est alors qu'elle eut une envie toute particulière... Et une pensée saugrenue... Est-ce que, comme elle, il la rejetait parce qu'il avait peur d'être déçu ? Ce dernier point fut la goutte de trop. Et puis tant pis, elle n'avait rien à perdre !
  Sans réfléchir, elle attrapa Fred par le col de son pull et l'abaissa de force pour plaquer ses lèvres contre les siennes. Fred écarquilla des yeux et son cœur manqua un battement alors que son cerveau se mit en alerte rouge. Avant qu'il comprenne vraiment ce qu'il venait de se passer, Amy se décolla de lui, le visage aussi rouge qu'une écrevisse, en plaquant ses mains à sa bouche.

- P-Pardon ! Je... Je...

  Les larmes lui montèrent aux yeux, alors qu'ils brillaient d'une lueur blessée.

- Je... Je savais que ce n'était pas réciproque...

  Elle détourna la tête tout en la baissant, les poings serrés. Il n'avait pas répondu à son baisé, il était resté les bras ballants... Elle eut l'immonde envie de pleurer tellement cette sensation était horriblement douloureuse.
  En la voyant prête à partir en courant, Fred comprit sa gaffe, tout en comprenant que ses sentiments étaient réciproques.

- Qui te dis que ce n'est pas réciproque ? dit-il.

  Amy releva aussitôt sa tête, les yeux larmoyants.

- Quoi ?

  Avant qu'elle puisse parler, Fred passa une main à sa taille, l'autre prenant son visage en coupe, et la rapprocha de lui en posant ses lèvres sur les siennes. Il y eut comme un feu d'artifice qui explosait dans leur cœur à tous les deux. Ils battaient la chamade mais pourtant... ils sautaient de joie.
  Amy sanglota de bonheur et passa ses bras autour de sa nuque pour s'y accrocher alors qu'il la serrait contre lui de toutes ses forces. Il ne pouvait pas la lâcher, il ne voulait pas la laisser... Il n'y arrivait pas, très clairement, ça lui était trop dur. Leurs lèvres s'emboitaient ensemble dans un rythme effréné et passionné, où régnait force et besoin l'un de l'autre. Leurs langues dansaient, s'enlaçaient, s'entremêlaient, dans une cadence fougueuse. Fred sentait ses doigts s'enrouler autour de ses mèches rousses pour les lui tirer, approfondissant le baisé. Amy sentait ses mains renforcés leur prise dans un message que tous les deux connaissaient dorénavant : ils étaient fou amoureux.

Point de vue Mélody


  Arrivés à la cuisine, nous nous immobilisons juste devant l'entrée. J'échange un regard complice avec George avant de le tirer par le bras pour nous cacher derrière le mur, où nous observons discrètement la scène. Cette scène pas du tout surprenante qui nous fait découvrir Fred et Amy, collés l'un à l'autre, en train de s'embrasser fougueusement.

- Tu crois qu'ils vont mourir par manque de souffle ? me chuchote George avec sarcasme.

  J'étouffe un rire.

- Vu comment ils sont partis, peut-être.

- On les interrompt ?

  Je relève aussitôt ma tête vers lui. Et je me rappelle de ce moment où Fred nous a interrompu lui et moi, lorsqu'on s'embrassait pour la première fois. C'était dans la salle commune, les jumeaux avaient l'espoir de passer la barrière de la Coupe de Feu à l'aide d'une potion de Vieillissement. Fred avait migoté un plan pour nous laisser tous les deux seuls, et on en voit le résultat aujourd'hui, mais...

- Une revanche se présente à nous, mon beau roux.

  Je commence à y aller furtivement, quand...

- T'as trouvé que ce surnom pour faire une rime ?

  Je lève les yeux au ciel en revenant me cacher, plongée dans une fausse réflexion.

- Hmmmm... Non, ça te va bien.

- Tu m'étonnes, c'est sûr que je suis beau comme un dieu.

- T'as finis ? m'exaspérai-je.

- Quoi ? c'est vrai. Nies-le que je suis beau gosse ?

  Je lève les yeux au ciel.

- Très bien, t'as gagné. Eh oui, d'un autre côté véridique, t'es craquant.

- J'en étais sûr ! 

  Il jette un œil à la scène des amoureux.

- Ils sont toujours à se bécoter, les deux.

- Qui m'a empêché d'aller les voir à cause de son cas narcissique ?

- Moi.

- Bah voilà.

- Je te pari ce que tu veux qu'ils vont être gênés.

- Non... Moi je dirais plutôt : effrayés.

- Une Mornille ?

- Pari tenu ! Aller viens, dis-je en lui gratifiant d'une petite tape au coude.

  Silencieusement, à pas de loups, on vient jusqu'à Fred et Amy qui ne nous remarquent pas, trop concentrés à s'échanger des inclinaisons baveuses. George me fait signe de la main en direction d'Amy, puis il part juste derrière son frère. Trois... deux... un...

- Enfin, c'est pas trop tôt ! nous exclamons-nous en posant chacun nos mains sur chacune de leurs épaules.

  Ils font un bond par la peur et se séparent d'un bon mètre de l'un et de l'autre en s'essuyant la bouche.

- Que... Quoi !? Mais vous... vous... commence Amy en cherchant ses mots.

  Elle cache son visage par ses mains, aussi rouge qu'une pivoine, aussi rouge que Fred à vrai dire. Mais ce dernier est d'autant plus gêné qu'exaspéré de nos attitudes.

- Sérieusement ? Vous nous observiez depuis quand ?! dit-il, le ton montant de fureur.

- Tu veux vraiment le savoir ? pouffai-je.

- Mais je suis ravi que tu m'aies écouté ! s'exclame George. Ah, d'ailleurs, tu devrais me remercier : grâce à moi, tu as ENFIN déclaré ta flamme à Sushi !

  Amy relève aussitôt sa tête avec des yeux aussi ronds que des soucoupes.

- J'hallucine... souffle-t-elle.

  Fred déglutit, savant pertinemment que ce genre de cachotteries énerve Amy. Pourtant, elle est plus choquée qu'autre chose - et un poil furieuse, évidemment.

- Depuis quand ?

- Euh... T'énerves pas, toi non plus tu n'es pas tout à fait innocente...

- Hey, moi, contrairement à toi, j'ai fait le premier pas. Tu n'as même pas réagi tout à l'heure !

- Excuse moi d'avoir été choqué que tu étais folle de moi, aux nombres de fois où tu m'as envoyé balader !

- J'ai préféré préserver notre amitié au lieu de me planter, répond-elle en soupirant.

- Cherchez pas, vous êtes tous les deux en tort... marmonnai-je avec amusement.

- Il n'empêche... Tu me dois une Mornille, ma Belle, commente George.

  Exaspérée, je soupire et lui lance la monnaie qu'il récupère aisément avec un immense sourire.

- Attendez, vous avez parié sur quoi ? grogne Amy.

- Oh rien, laisse tomber, répliquai-je.

- Je pense par contre qu'on a déjà l'avenir tracé, rigole George.

  En voyant les têtes dépitées de nos deux tourtereaux, il est difficile de contenir nos ricanements.

- C'est du grand n'importe quoi de nous espionner comme ça ! s'offense Fred.

- C'est toi qui dis ça ? répliquai-je. Ce n'est pas toi qui - par exemple - nous a interrompu lorsque Joy et moi nous nous embrassions pour la première fois dans la salle commune de Gryffondor, le soir, pendant que vous fabriquiez votre potion de Vieillissement, qui, par ailleurs, n'a... A : pas servi à grands choses, qui... B : vous a rendu les cheveux blancs, qui... C : vous a envoyé à l'infirmerie ?

  Fred écarquille des yeux alors que Amy a un ricanement.

- Je n'y crois pas que tu aies enregistré tous ces détails... murmure le premier, effrayé.

- C'était du passé, fait remarquer la seconde. Et c'était pour rire qu'il a fait ça, sinon c'était du violon à la Belle et la Bête.

  Dans un geste similaire, George et moi secouons négativement la tête.

- Non, non, ça compte aussi.

  Les deux tourtereaux soufflent d'exaspération, nous faisant davantage rire. Je regarde ma montre à gousset et coupe court à notre discussion :

- Bon, c'est rigolo tout ça, mais c'est l'heure d'aller dormir, les enfants.

- Okay, mais avant, une dernière chose : ne faites plus jamais ça, exige Fred.

- Oh ne t'inquiète pas là-dessus, répond George. Le nouveau plan consiste maintenant à informer tout le monde de votre béguin.

  Il leur fait la danse des sourcils, à laquelle Amy répond dans un soupir exaspéré :

- Le plus tôt sera le mieux, je pense...

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