Elementum {Tome 5}

By Alice_univers

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Quand le Tournoi des Trois Sorciers sonne la mort de Cedric Diggory, c'est tout l'univers de Mélody qui se bo... More

I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XVIII
XX
XXI
XXII
XXIII
XXIV
XXV
XXVI
XXVII
XXVIII
XXIX
XXX
XXXI
XXXII
XXXIII
XXXIV
Annonce et remerciements

XIX

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By Alice_univers

  La cornemuse résonne, comme un grondement qui pourrait faire trembler terre et arbres. Un frisson se dégage dans ma nuque, puis partout sur mon corps.
  Ces sentiments de peine et de chagrin réunis ne sont que de vaines tentatives d'expliquer mon cœur meurtri par la douleur, à l'idée que cette cornemuse est le signal de laisser partir le corps de Daniel. Je sens les petits bras musclés de David se resserrer autour de ma taille. Ses épaules tressautent alors que j'y renforce mon étreinte d'une main, lui caressant doucement les cheveux de l'autre. Éléona, dont les doigts sont entrelacés aux miens de façon maternelle, retient assez bien sa tristesse. Mais sa mâchoire tremblante et ses yeux voilés la trompent. 
  Un vent nocturne passe dans mes cheveux, faisant voleter les pans bleus de ma robe inspirée des guerrières vikings ; Daniel détestait le noir et l'enterrement de son corps physique ne doit pas nous amener à en porter. Même Estella, en ce jour et cette nuit étoilée, est vêtue exceptionnellement de couleurs que mon père adoptif adorait. Car ce n'est pas un adieu, mais un accueil dans l'Au-delà.
  Le cercueil de verre, placé dans un drakkar, arrive, flottant à mi-hauteur de la fine rivière, dont on voit les reflets de la Lune et des torches bouger au rythme de ses ondulations. J'ai un léger sourire. Daniel était un passionné de viking et son testament le disait : il voulait être enterré comme il se doit.
  David me regarde en pleurant et j'hoche de la tête, sentant la main de George caresser mon épaule. Dans des pas lourds, la vue embrumée à laquelle je ravale péniblement mes larmes, je marche jusqu'au petit drakkar, accompagnée par Éléona, puis Sirius, Remus et Severus. Pour la première fois, il n'y a aucune querelle entre mon grand-cousin et le frère de Daniel ; le décès d'un Être cher laisse place à une vague compassion silencieuse qu'ils partagent en ce jour unique.
  Après quelques minutes d'une marche pesante, attisée de tristesse, Éléona et moi posons une main chacune sur le drakkar, faisant des adieux silencieux. J'observe le corps de Daniel qui repose à l'intérieur du cercueil, vêtue de ses habits de dragonnier, entourés de ses objets les plus précieux, gravant son image à jamais dans mon esprit. Quand j'étais petite, je le croyais imbattable, car c'était l'un des plus grands esprits guerriers que je connaissais. Mais maintenant... je me dis qu'il a mérité son repos. Bien que ce soit trop tôt... Beaucoup trop tôt.
  Avec regret, et lourd chagrin, on laisse le drakkar continuer sa route jusqu'aux chutes d'eau qui coulent derrière le château. Inspirant profondément, d'un mouvement commun avec Éléona, on crée toutes les deux un arc par la pensée et y plaçons une flèche enflammée avant de lever nos bras et souffler lentement... Sous les regards des centaines de personnes tenant à Daniel, je décoche la mienne en murmurant :

- Je t'aime, Papa.

  Nos flèches réunies sifflent l'air dans une si belle harmonie qu'il me parait passer des heures jusqu'à ce qu'elles atteignent le drakkar. Celui-ci s'embrase dans d'ardentes flammes éternelles : flammes que jamais je n'oublierais.
  Tandis que d'autres flèches accompagnent les nôtres, pour les meilleurs tireurs, le bateau viking continue sa route... avant que les flammes ne deviennent une énergie lumineuse qui se sépare en mille poussières étincelantes. Elles s'envolent par le vent, tel du pollen de pissenlit, atteignant les cieux où elles se dispersent en étoile, se définissant en une toute nouvelle constellation qui brille intensément : celle du Yang. Malgré que je lâche un sourire, je ne peux empêcher une larme de couler sur ma joue. Je sais aussitôt... je comprends immédiatement... que lorsque Éléona nous quittera à son tour, elle finira la constellation pour devenir le Yin. 
  Même dans et après la mort, ils continueront d'être à deux cet équilibre sacré.
  Je sens les doigts de George s'entrelacer aux miens alors que mon arc disparait. Je resserre l'étreinte de sa main et prends celle de Tantine de l'autre. Éléona relève sa tête pour me regarder, affichant un sourire maternel mais totalement dérisoire face à son regard brisé. 
  Elle inspire profondément et tend sa main à David, qui continue en donnant la sienne à Severus... et ce, jusqu'à ce que même Fol Oeil, après Remus, Sirius, Tonks et Eileen, le fasse aussi. Alors que Fred met sa main sur l'épaule de son frère jumeau, les doigts entrelacés à ceux de Amy, Estella pose la sienne sur celle de Horace, qui fait de même à Jasper. S'en suit une chaîne humaine, tous solidaires dans cette perte si importante. 
  C'est ce que voulait Daniel. Que le monde soit en paix et qu'on s'aime les uns, les autres. Et aujourd'hui, en ce jour d'au-revoir, c'est ce qui se passe.
  Nos cœurs réunis, des sanglots s'entendant de par et d'autre, la tristesse et le chagrin étant nos alliés pour cette épreuve à surmonter, provoquent plusieurs lumières venant de chacun et chacune d'entre nous... Des boules de lumière chaleureuses qui montent jusque dans les nuages, comme des centaines et des centaines de lanternes.
  Mon cœur se serre douloureusement quand, brusquement, l'insupportable vérité me submerge, plus absolue, plus horrible encore qu'avant : Daniel est mort, il est parti à jamais... Je serre à m'en faire mal le pendentif qu'il m'avait offert, quand j'étais petite. Pourtant, je me refuse de pleurer. Car je l'aperçois. Son Âme est là, à quelques mètres. Posé contre un arbre, il nous regarde en souriant doucement. David, qui pleurait jusque là, écarquille des yeux en le voyant et un sourire s'étale sur ses lèvres alors qu'il lève sa tête vers moi. J'hoche de la tête, lui confirmant que c'est bien lui et qu'on attendra la fin des funérailles pour aller le voir. Mais Daniel disparaît au même moment, me remplissant d'encore plus de chagrin.
  Plus rien ne sera comme avant, maintenant.

  Lorsque le mois d'octobre arrive, et qu'on est tous retournés à Poudlard, à rattraper les cours qu'on avait manqué pendant une dizaine de jours pour les obsèques de Daniel, je me retrouve dans la forêt de Poudlard. Dès que j'ai un moment de libre, à vrai dire, je reste ici, à profiter du silence, me vider la tête en méditant ou en m'entrainant aux arts martiaux. Mon état n'a de cesse d'inquiéter George et les autres, mais je n'en tiens pas rigueur ; si je ne prendrais pas ce temps pour moi, je crois qu'il s'apercevrait vite de mon irritabilité. Eh puis, ça m'évite aussi d'affonter les regards compatissants et attristés qu'ils me font tous.
  Concentrée, l'esprit vidé, je laisse l'énergie de la terre remontée par mes pieds nus, suivre le cheminement de mes jambes et de mes bras (mon corps alors recouvert de ma tenue de kung-fu blanche), avant de caresser mon cou puis d'envelopper mon front pour accentuer la force de mes chakras et les aligner davantage. Je dois être plus forte et pour ça, j'ai besoin de l'Équilibre. Pour me préparer. Car, mine de rien, je suis sûre que Kristine attend le bon moment pour surgir et faire encore d'autres dégâts inévitables auxquels je serais impuissante. Le sort qu'elle a réservé à Daniel m'a suffisamment convaincu pour y croire, du moins. 
  Je centre l'Énergie en mon cœur et ouvre soudain mes yeux qui brillent d'un vert d'émeraude surnaturel. Déterminée, avec un vague sourire apaisé aux lèvres, je canalise mon pouvoir et ouvre mes bras comme lorsqu'on engage un combat au karaté. Je les ramène à moi, avançant mon pied, reculant l'autre en pliant le genou, les mains écartées. Puis je m'entraine sans m'arrêter, retraçant les mêmes gestes de tai-chi et de wushu, combinant mes compétences d'artiste martiales et mon contrôle d'aérokinésie pour faire flotter les feuilles autour de moi, décuplant ma force de frappe sur le vide. Je m'invente, dans mon esprit, un adversaire qui tenterait de m'attaquer et fais comme si qu'il était réel en esquivant des coups invisibles, la respiration calme et le mental éteint. 
  Je tourne sur moi-même dans un vertigineux saut vertical, mais circulaire, déployant deux piques de glace qui atterrissent dans la souche d'un arbre mort. Les feuilles que je manipules par ma magie se mettent sous mes pieds, de quoi ralentir ma chute. À peine mes pieds ont-ils touché le sol que j'évite une balayette imaginaire d'un bond costal, les jambes tendues, et créé par la pensée mon arc aux fils d'or, lâchant une flèche. Cette dernière cingle l'air et atteint ma cible : une planche de bois circulaire accrochée à un arbre à cinquante mètres, et où le visage de Ombrage partagé à celui de Kristine sont dessinés - ça m'encourage !. Je poursuis l'entrainement en visant la planche à coups de dague et de pieux glacés qui finissent bientôt par la briser. Elle tombe en fracas à terre, sonnant la fin de mes exercices hebdomadaires qui viennent de durer une heure trente ; heure prise sur mon déjeuner du midi vu que je ne ressens pratiquement plus le besoin de manger. 
  Essoufflée, le front baigné de sueur, je m'assois à terre, contre la souche d'arbre de tout à l'heure à laquelle je fais disparaitre mes piques de glace. Mon regard vaque aux alentours, et à ce vent frais qui m'ébouriffe les cheveux. Je souris. J'aime ce calme. Ce silence qui m'éprend l'envie de me couper de plus en plus du monde extérieur, et des problèmes qui vont avec. Car, combien Daniel est décédé et que je suis encore en plein deuil, ça ne change en rien que Ombrage persévère pour nous mettre en retenue Harry et moi ; elle trouve même toutes sortes de prétexte pour nous infliger ses idiotes de punition à la plume siphonneuse-de-sang. Cela dit, comme elle ne peut plus rien vraiment contre moi grâce à la protection de Dumbledore, je ne me prive pas pour en faire autant... En seulement l'espace d'une semaine, elle a déjà été trois fois à l'infirmerie à cause de Peeves - qui est, comme qui dirait, sous mes ordres. Les pistes n'ont toujours pas remonté jusqu'à moi, mais ça ne se ferait que tarder. J'en ai même hâte.
  De ma pensée, je remplace mon kimono de combat pour une tenue plus décontractée ; une longue robe évasée trainant à terre, blanche et aux épaules dénudés, mais attachée à ma nuque. Cintrée à la taille par des ornements en or qui montent sur le bustier à armature comme les ramifications d'un arbre, seules les manches sont libres, ainsi fendues en deux en glissant sur le sol comme la cape translucide en dentelle qui recouvre bien vite mes omoplates. Elfique et mystique, deux atouts qui font bon ménage.
  Je contracte mes orteils sur la rare herbe fraiche qui accompagne une terre foulée et automnale, et des frissons me parcourent soudain la nuque. Fronçant les sourcils, je relève aussitôt ma tête et regarde vivement les alentours.
  Ma bouche s'ouvre seule quand je le vois. Ce magnifique loup blanc, imposant et distingué, qui m'observe avec des yeux d'un bleu translucide. Il n'est qu'à un mètre de moi, me permettant de distinguer ses oreilles dressées aux aguets et sa queue qui balaye le sol avec grâce.

- Mais d'où viens-tu, toi ? murmurai-je en plissant le regard.

  Le loup semble sourire.
  Il s'approche davantage de moi, et je me rends alors compte de qui est en face de moi. Il est peut-être métamorphosé en animal, mais je reconnais ce regard : c'est Selìni.
  Rassurée, j'ai un grand sourire en le voyant s'asseoir, le dos droit, derrière moi. Je sens son museau me caresser l'épaule quand sa gueule se pose dessus. Je laisse mes yeux se fermer de leurs propres chefs et me mets à écouter les bruits du vent passant dans les branches d'arbre, soulevant les feuilles mortes. Le chant des oiseaux apporte quelque chose de magique au lieu. Quelque chose qui me ressource, qui me fait oublier Kristine, les heures de cours avec Ombrage, le basculement qui commence petit à petit à se faire à cause de Voldemort... Mais il me fait souvenir combien le deuil de Tantine, et celui de David, doivent être extrêmement difficile à gérer. Même si j'ai bon espoir que David y arrive mieux, lui qui voit les Esprits.

  — Ne t'en fais pas pour eux, ils réussiront à accepter. 

  Je regarde Selìni, dont la tête de loup est proche de ma carotide, et réponds par télépathie :

  — Ça ne va pas être facile justement. 

  Comme pour me réconforter, il pose sa tête sur mon épaule en me faisant un clin d'oeil.
  Ça m'a toujours fait sourire de voir les animaux nous réconforter, un peu comme Indy la dernière fois que j'ai eu une migraine d'enfer et que j'ai été obligée de m'asseoir rapidement par un vertige. Éléona s'était absentée avec Daniel, alors Indy a été là pour moi en me faisant des câlins. 

  — Il suffit juste qu'ils comprennent, comme toi, qu'il a simplement quitté son enveloppe matérielle, répond-il.

  Il émet un léger aboiement pour m'encourager et je souris doucement en caressant son pelage au niveau de la nuque. C'est quand je sens un souffle sur la mienne que j'ai un frisson aux cervicales. Les animaux autour de moi prennent leurs jambes à leur cou, et Selìni se dresse sur ses quatre pattes, la tête en l'air, alors que je me lève vivement. Avant de sursauter par la stupeur.
  L'imposant Sombral me regarde dans le blanc des yeux en hennissant, secouant une crinière invisible. Le souffle court, la bouche entrouverte, les sourcils froncés par la curiosité, je commence à tendre délicatement ma main aux veines étincelantes de vert devant moi quand une voix résonne derrière lui.

- Toi aussi, tu les vois ?

  Je n'ai pas de sursaut, cette fois-ci, et ai à la place un sourire amusé qui s'étale sur mes lèvres. 

- Je te retourne l'étonnement, Luna, répondis-je en contournant le Sombral.

  Je fais quelques pas silencieux, aussi gracieux que ceux d'un cygne mais aussi déterminés qu'un militaire, et me retrouve nez-à-nez avec la Serdaigle - dont le sourire est toujours aussi bienveillant. Quand elle remarque le loup qui m'accompagne, elle s'exclame :

- Il est magnifique, ton ami !

  Je baisse mon regard vers Selìni, qui redresse fièrement sa tête.

- Merci... souriai-je.

- C'est ton Ange gardien ?

  Étonnée de sa question, j'hausse les sourcils, un instant prise au dépourvu.

- Euh... Si on veut ? hasardai-je. C'est... C'est quelqu'un qui veille sur moi depuis longtemps... Très longtemps...

- Je sais. Ça se voit à ses yeux... Il est très beau.

  J'entends Selìni rigoler par télépathie, me faisant davantage sourire en le regardant avec amusement.

- Il te remercie, affirmai-je.

- Ta communication avec les animaux est merveilleuse ! J'aimerai bien moi aussi leur parler comme tu le fais... Oh, évidemment, tous les animaux nous parlent...

- ... excepté le perroquet qui parle, achevai-je pensivement.

  Ses yeux pétillent.

- Jules Renard - dix-neuvième siècles, continuai-je sans m'en rendre compte.

  Je me surprends à avoir dit une chose pareille, mais Luna, contrairement à d'autres élèves qui ne comprendraient rien, se met à sourire de toutes ses dents.

- Tu sais, dit-elle doucement, je crois qu'il te serait très facile d'atteindre la salle commune des Serdaigle.

- Pourquoi ?

- Le heurtoir en forme d'aigle demande connaissance et créativité... Si tu espères l'emprunter, il te faut la bonne clé, récite-t-elle comme un poème providentielle.

  Cela me donne un rictus en coin des lèvres. Alors il ne faut qu'une simple réponse à une énigme ? Intéressant...

- Tu crois que je serais mieux à Serdaigle ? devinai-je.

- Je crois que tout le monde a sa place à Serdaigle, il suffit juste de ne pas perdre le fil de ses pensées et amasser chance et opportunité... Mais j'ai entendu une fois que tu avais été un Choixpeau flou.

- Oui, ce jour-là, il a risqué de devenir dingue, lui accordai-je en me remémorant les choix infinis que j'avais d'aller à toutes les maisons.

  Luna pouffe doucement de rire.

- Que fais-tu ici, dans la forêt ? demandai-je après quelques minutes de silence.

- J'aime bien être en leurs présences... répond-elle en désignant le Sombral d'un coup de menton. Comment les trouves-tu, toi ?

- Étrange et mystique, je dirais. Ils ont l'air d'être des créatures apaisées.

- Oh oui, la plupart du temps ils sont très doux. Mais beaucoup de monde n'aime pas s'en approcher, parce qu'ils sont un peu...

- Différents ? Oui, je sais ce qu'ils ressentent là-dessus...

  Son sourire angélique s'aggrandit et elle me dit :

- Tu ne portes pas de chaussures, toi aussi les Nargoles les ont pris ?

- J'aime bien être pieds nus, ça me rapproche de la Terre Mère... Dis-moi, Luna, que sont les Nargoles ?

  Tandis que nous discutons tranquillement, je la suis me mener jusqu'à atteindre le nid des Sombrals. Selìni reste à mes côtés, très près de moi, comme mon ombre.

- Ce sont des créatures qui se cachent dans le gui... m'explique Luna. Ils sont assez cachottiers mais je les trouve plutôt amusant - quand ils ne cachent pas tes chaussures... 

  Elle exprime un faible rire. 

- Tu sais, j'ai remarqué à quel point tu es différente de ta famille, ce qui est assez... étrange. Tu es beaucoup plus bienveillante, et apaisée...

  — Ça pour être calme, tu l'es spirituellement parlant.

  J'étire un sourire en me retenant de rire face à la remarque de Selìni, et réponds :

- Oui... Généralement, ils m'en sont rancuniers. 

- Je pense que c'est parce que tu es comme les Sombrals... Unique en ton genre... Tu es en grande partie ce que tu as au fond de toi.

  Luna m'impressionnera toujours ; elle est capable de formuler des phrases philosophiques déconcertantes, mais très parlantes.

- Si tu arrives à les voir, c'est que tu as déjà vu quelqu'un mourir, pas vrai ? demandai-je.

- Ma maman. C'était une Sorcière extraordinaire, mais bien souvent, elle avait tendance à pratiquer des expériences, et un jour, l'une d'elle a mal tournée... J'avais neuf ans.

  Deux Sombrals s'approchent vers nous, dont un plus jeune.

- Je suis vraiment désolée pour ta Maman... dis-je à mi-voix, culpabilisant de mon manque de tact. Je sais ce que tu peux ressentir et... je te présente toutes mes plus sincères condoléances... Cela a dû être tellement affreux...

- Oui, ça me rend parfois triste quand j'y repense, mais mon père est toujours là... D'ailleurs, j'ai vu Harry Potter tout à l'heure, il avait l'air très triste...

- Très triste ? Comment ça ?

- Oui... Il se sent quelque peu seul, mais... je lui ai dit ce que je vais aussi te dire à toi aussi ; mon père et moi nous vous croyons... 

- Sur Voldemort ?

- Oui. Et aussi que vous l'avez combattu, que tu as subis les deux sorts impardonnables, que le ministère conspire contre vous deux et Dumbledore... Et aussi qu'ils t'ont fait toutes sortes de choses inimaginables.

  Mon regard s'assombrit et mes sourcils se froncent, tandis que mon sourire disparaît en fumée.

- Comment sais-tu ça ? demandai-je plus froidement que je ne l'aurai voulu.

- Le ministère t'a emmené alors que tu n'avais rien fait, je ne pense pas que ça ait un rapport avec Cedric Diggory... Et tu as changé physiquement et dans ta façon de parler, de voir les choses... J'ai bien vu comment tu regardais la professeure Ombrage. C'est elle qui t'a fait du mal, n'est-ce pas ?

  Je contracte ma mâchoire, les lèvres pincées. Je revois encore son sourire de plaisir malsain qu'elle arborait dès qu'on me torturait.

- Ouais, répondis-je sèchement. C'est bien elle. Et encore une fois, qu'est-ce qui a bien pu me trahir ?

- Si tu as coupé tes cheveux, c'est parce que tu voulais certainement tirer un trait sur le passé... Et tu es devenue beaucoup plus froide, plus en colère... Tu as cette lueur dans le regard... Ce que tu as vécu pendant ces deux mois de vacances ont dû être horrible.

  Elle me fait un sourire doux et conciliant alors que je la fixe, interdite. Luna a deviné si facilement... Elle est très intelligente. Même un peu trop à mon goût car elle a visé juste.

- Ne m'en parle pas, dis-je avec amertume. C'est une sacrée garce, cette femme.

  J'inspire profondément.

- Mais merci. De bien vouloir nous croire avec ton père.

  Elle m'offre un deuxième sourire puis sort de son sac un morceau de viande qu'elle lance au bébé Sombral. Je m'attendais bien à ce que Luna nous croit, elle qui voit des choses que d'autres ne voient pas, comme les Joncheruines qui sont en réalité des Ombres sous forme d'insecte.

  — Tu vois, Emma, c'est ça qu'il faut que tu retiennes. Il y aura toujours des gens qui croirons en toi, me dit Selìni.

  Il émet un petit et très léger aboiement, signifiant l'insistance sur le sujet, et j'étire un petit sourire.
  Je sais qu'il a raison, de toute façon, quoiqu'il arrive, il dit toujours vrai. Par contre, c'est le fait que lui et Elazia m'appellent sans cesse « Emma » sans jamais me dire pourquoi - qui me fait continuellement me demander pourquoi.
  Mais en attendant, c'est à Luna que je dois compléter mon remerciement.

- En fait, à part toi et ton père, je crois qu'il y a peu de monde qui se rend compte que le monde magique sombre de plus en plus dans la guerre.

- En réalité, je n'en suis pas sûre. Tu as des amis et un petit ami qui te soutiennent tous... Et ça, c'est une bonne chose. Enfin, pour toi, par pour eux.

  Je sens l'exaspération monter. Il y a très peu de différences entre elle, les adultes dont je suis proche et les Entités Galactiques comme Selìni, car chacun des trois parle toujours comme si qu'on sait ce dont ils parlent.

- En disant « eux », de qui veux-tu parler ?

- J'ai entendu parlé de ton Double-maléfique par Ginny. Cette Kristine Astor... Elle est alliée à Tu-Sais-Qui, et tous les deux veulent t'avoir dans leur camp. Alors, pour y parvenir, si j'étais eux, je voudrais que tu te sentes seule, que tu sois désespérée, pour que tu rejoignes les Forces du Mal.

  La colère s'associe à l'amertume. Ginny lui a dit quelque chose qui était sensé être secret ! Remarque, je ne lui ai demandé de faire aucune promesse... Mais tout de même ! Répéter qui est réellement Kristine donne une information en plus sur moi qui peut très bien servir pour marchander quelque chose... me rendre vulnérable. Et je crois bien que je devrais toucher deux mots à Ginny en retournant au château. L'ennui est que je ne peux pas vraiment en vouloir à Luna, elle n'est qu'innocente dans cette histoire.

- Tu omets une erreur, Luna, dis-je, m'attirant son regard curieux. Kristine ne veut pas m'avoir dans son camp, mais uniquement me tuer pour récupérer mes pouvoirs. Elle a simplement chargé Voldemort du sale boulot pour qu'il tente de me rallier à lui.

  Luna fronce les sourcils d'un air songueur, les yeux en l'air, sur le côté, avant d'hocher doucement de la tête.

- Mais heureusement pour toi, tu n'es pas seule, affirme-t-elle. Tu es même tellement entourée que tu ne pourras jamais perdre espoir comme ils le désirent...

  Elle prend ma main et la serre dans une étreinte fraternelle. Je regarde ses doigts recouvrir les miens, n'aimant pas le contact tactile avec d'autres que George et mes véritables proches, et relève mon regard dans le sien.

- Nous ne sommes jamais seules, Mélody, parce qu'il y a toujours quelqu'un pour te comprendre.

  Elle me fait un sourire chaleureux, que je m'oblige à lui rendre malgré moi. Je me répète les mots qu'elle a utilisé et qui ont plus ou moins confirmé ce que je pensais d'elle ; c'est une fille remplie de sagesse, de créativité, d'originalité et de curiosité. Elle a aussi un grand cœur. Mais pourtant, ma méfiance légendaire ne cesse de toujours refaire surface. Je me demande si elle cacherait quelque chose, elle aussi...
  Selìni aboie soudain, me montrant qu'il lui fait confiance. J'inspire profondément. Si c'est le cas, ça veut dire que je peux le faire aussi... Luna pouffe doucement de rire.

- Je crois que ton ami est d'accord.

- Oui, je crois aussi. 

[...]

- À force de dessiner, tu n'as pas des crampes aux doigts ? plaisante Fred avec un rire.

  Je le regarde avec évidence.
  Nous voici dans la Grande Salle. Même si je ne mange pas, j'ai décidé de passer mon moment de pause pour être avec George, Fred et Amy. Car mon entre-vue avec Luna m'a un peu éclairci, surtout sur le côté d'avoir des gens qui me soutiennent. Ce n'est pas parce que leurs regards inquiets et conciliants sont là, rempli de peine et tout ce qui va avec, que je dois me comporter égoistement. Par contre, je n'ai pas pour autant digéré les excuses de Ginny sur la dispersion des informations me rendant vulnérable aux yeux de n'importe qui. Dans un sens, le Conditionnement a approfondi mon objection à la miséricorde. Je crois d'ailleurs que jamais je ne pourrais me faire à l'idée de pardonner aux autres. Tout comme à Drago, qui n'a toujours pas pris l'opportunité de venir s'excuser de son comportement à la sortie du Poudlard Express. Ça non plus, je ne crois pas ressentir une quelconque envie de pardon.

- Carotte, ça fait combien de temps qu'on se connait ? dis-je à Fred par rapport aux crampes que je pourrais avoir en dessinnant.

- Hmmmm... Je dirais... cinq ans, deux mois et trois jours ? hasarde-t-il.

- En cinq ans, m'as-tu vu une seule fois avec des crampes ou des ampoules ?

- Aux pieds, oui, commente Amy avec amusement.

- Non, ça, c'est par rapport à la danse, ça n'a rien à voir à de l'art. Même si, après mûre réflexion, les deux sont compatibles.

- Compatibles comme toi et moi, approuve George, qui a son bras posé sur mes épaules.

  Il prend de l'autre mon dessin et lâche une exclamation de stupeur.

- Euh... C'est sensé représenter quelle créature ? me demande George avec une grimace objecte.

- Non, je n'y crois pas... souffle Amy, les yeux écarquillés, en regardant le dessin par-dessus son épaule. Tu as réussi à dessiner un Sombral ?

- On a une colonie de Sombrals dans la Forêt Interdite et tu t'étonnes que j'en ai dessiné un ?

  Fred hausse un sourcil, signifiant « Tu es sérieuse ? ».

- Alors ça ressemble à ça, un Sombral ? s'étonne-t-il.

- De près, ils sont comme ça...

  Je leur tends une autre feuille de dessin apparu par la pensée dans ma main et ils sont tous trois stupéfaits.

- Magnifique ! murmure Amy, estomaquée.

- Elles sont démentes, ces créatures ! s'exclame George, les yeux étincelants.

  Je pouffe de rire, mais suis tout de même assez étonnée que les jumeaux n'en aient pas vraiment peur. C'est vrai... Harry, lui, m'a bien dit qu'elles étaient spécialement repoussantes.

- Luna Lovegood les trouve très uniques, dis-je en souriant.

- Luna ? répète George. La fille avec qui Ginny s'entend super bien ?

- Oui, elle les voit depuis que sa maman est décédée.

- Oh... fait Amy, attristée.

  Une dispute éclate soudain devant la Grande Salle. Une dispute où on décèle les voix d'Ombrage et de McGonagall.

- Ah, ça y est, ça commence à se crêper le chignon ? m'enthousiasmai-je.

  Étant trop curieuse de savoir ce que peuvent bien parler les deux femmes, je me lève en faisant disparaître mes affaires de dessin par la pensée et prends le chemin de la sortie de la Grande Salle. Les jumeaux et Amy ne tardent pas à me rejoindre en bas de l'escalier où a lieu l'altercation. Bientôt, tout un regroupement d'élèves arrive à nos côtés, attirés par les éclats de voix.

-... tout ce que je vous demande, c'est d'utiliser les méthodes déjà prescrites ! dit McGonagall.

- Je ne suis pas sotte, on dirait que vous contestez mon autorité dans ma propre salle de cours... (Elle monte d'une marche.) Minerva, renchérit Ombrage.

  Ce qu'elle dit provoque une flambée de murmures indiscrets.

- Est-ce que McGonagall participe au mouvement rebelle ? minaudai-je à George, ses doigts gauches déjà entrelacés aux miens droits.

- Je crois que tu déteins un peu trop sur elle, justement, pouffe-t-il.

  J'ai un sourire en l'entendant dire ça.

- Ce n'est pas le cas, Dolores, réplique la professeure de métamorphoses en montant une marche. Seulement vos méthodes moyenâgeuse, oui !

- Je vous demande pardon ? Mais contester mes méthodes, c'est contester le ministère, et par évidence, le Ministre en personne.

  McGonagall la foudroie du regard.

- J'ai été plutôt gentille jusqu'à aujourd'hui, mais il y a une chose que je ne saurai tolérer, c'est la déloyauté, persiffle Ombrage en la regardant d'un de ces airs durcis qui me donnent plutôt envie de rire.

  Ce n'est pas le cas de McGonagall qui, par la stupeur, descend d'une marche. De quoi me faire flamboyer intérieurement. Son geste signifique qu'elle se laisse faire. Par la peur, ou par le choc, les deux sont les mêmes et me révoltent.

- La déloyauté ? répète-t-elle à mi-voix.

  Ayant remarqué le regroupement, Ombrage monte une marche de plus en nous regardant de haut.

- Les choses à Poudlard sont bien pires que je ne l'imaginais. Fudge va exiger des mesures sans tarder. 

  Elle me regarde avec un léger sourire plat qui me fait lâcher à voix haute :

- Des mesures sans tarder ?

  Tout le monde se tourne subitement vers moi, me laissant un rictus. Pire quand je vois du coin de l'œil Drago me regarder en haussant les sourcils, bouche-bée par tant d'ardeur de ma part.

- Vous voulez dire des mesures qui vont rabaisser Poudlard encore plus par un décret, n'est-ce pas ? poursuivis-je sans interruption.

  Ombrage me fusille du regard, bien que pour les autres (qui chuchotent), elle donne l'air de rester de marbre. Or, ce n'est pas mon cas ; je la fixe avec provocation, le menton haut, un sourire glacé aux lèvres.

- Vous osez remettre en cause les décisions du ministère ?

  La voyant rester où elle est, je décide de la rejoindre rapidement alors que tous les regards effarés me suivent. Même George et Fred sont stupéfaits de mon intervention. 

- Je ne remets pas en cause les décisions à la limite du ridicule, mais les perçois telles qu'elles sont, rétorquai-je sèchement. Déjà que les cours de Défense Contre les Forces du Mal sont tombés en disgrâce depuis le mois de Septembre, je n'imagine même pas la chute qui va suivre Poudlard si votre « Ministre » adoré joue les magiciens en sortant des règles plus illégales les unes que les autres.

- Ce sont avec ces lois que nous essayons de sauver Poudlard, justement. 

- Car, pour vous, punir un élève en lui ordonnant d'écrire des lignes avec une plume qui siffone le sang, c'est sauver Poudlard ? m'étonnai-je faussement, provoquant des murmures choqués. 

- Vous osez également remettre en cause mes méthodes ? dit-elle avec son rire aigu, mais qui cache probablement une envie de m'étrangler.

- Remettre en cause, peut-être. Les désapprouver, hmmm... totalement. D'autant plus quand l'on sait que vous travaillez pour un ministère dont le système pénal est basé sur le mensonge et, aussi, mais pas étrangement, sur la corruption des lois. Qui sont, d'ailleurs, tout autant illégales que vos décrets qui poursuivront cette discussion.

- C'est une punition parmi tant d'autres, je ne vois pas en quoi cela s'oppose à vous, très Chère, me méprise-t-elle.

- Ah oui ? Vous voulez que je vous montre si ça ne s'oppose pas à moi ? lançai-je avec sarcasme. 

- Miss Malefoy...

  Je lève ma main devant les yeux de McGonagall, l'intimant de me laisser terminer.

- Vous êtes au-dessus de vos droits, et vous vous permettez de vous placer comme dirigeante de Poudlard tout entier ? repris-je. 

- Vous n'avez rien à dire sur les décisions que peut prendre Fudge, ni à répondre sur un ton aussi peu approprié. Restez à votre place !

  Je lâche un rire amer.

- Le problème c'est... que je sois une élève ou non, ce n'est pas interdit d'ouvrir les yeux sur vos tentatives de faire tomber Poudlard en disgrâce.

  Elle commence à être à court de répliques et j'étire un sourire fier en la regardant avec provocation. J'ai juré de ne plus jamais me laisser faire par cette garce qui se croit tout permise, alors quoi de mieux que de l'afficher devant tout le monde ?

- Les décisions ne vous regardent pas, alors pour la dernière fois, taisez-vous, Malefoy, et restez à votre place !

- Parce que dire ce que l'on pense est forcément un acte inapproprié ? Ne sommes-nous pas libre de penser ce que l'on veut, Ombrage ? Parce que la liberté d'expression n'est pas prohibée. Alors je vous le dis, vos actes vont rabaisser Poudlard ! 

  Sa main se resserre sur sa baguette magique (très petite, d'ailleurs) et ses narines agissent comme un buffle en rogne.

- Une retenue tous les jours pendant deux mois, Miss Malefoy !

- Dolores, il n'y aura pas de retenue, intervient McGonagall.

  J'étire un sourire en voyant que la rébellion commence. 

- Ce n'est pas à vous de décider. Cette élève outrepasse ses droits, elle mérite une correction !

- Correction de torture à la plume moyenâgeuse, je présume ? me moquai-je.

- Miss Malefoy !

  Ombrage se tourne vers la voix en question et je remarque qu'il s'agit de Severus. Il a toujours son masque de glace, et je me demande s'il ne vient pas me sauver la mise.

- Ah ! Rogue ! Où étiez-vous ? dit Ombrage d'un ton impérial.

- Dolores, ne vous préoccupez pas de Miss Malefoy, dit-il de sa voix monotone en s'approchant. Inutile de la punir pour cela, je me charge moi-même de lui parler...

  Je sens mon regard s'assombrir. Il va me faire la morale. Je le sais rien qu'au regard qu'il m'adresse.

- Miss Malefoy, suivez-moi.

  Je le suis à contrecœur, faisant la moue, alors que de nombreux chuchotements s'entendent face à ma réaction. Les regards de George et de mes meilleurs amis me suivent de près avant que je ne les sente plus à cause d'un tournant qu'on prend, Severus et moi.

- Merci pour m'avoir sorti de ce mauvais pas, mais crois-moi, je m'en sortais très bien, lui dis-je une fois que nous sommes seuls.

- Tu t'en sortais très bien ? répète-t-il, non sans un rictus ironique. Mélody, je crois que tu n'as pas bien saisi le prix de ta provocation.

  J'hausse un sourcil.

- Vas-tu réellement me dire que ce n'était mérité ? Sincèrement, ne me fait pas la morale, on sait autant que l'autre que toi non plus, tu ne l'as supporte pas et que tu préfèrais largement la tuer à coup d'un de tes sortilèges maléfiques qui trainent dans ton bouquin du Prince de Sang-Mêlé. D'ailleurs, je serais toi, je le sortirais des étagères avant qu'un élève ne tombe dessus. Enfin, évidemment, un élève autre que moi.

- Ce n'est pas une question de plaisanterie, Mélody ! siffle-t-il en s'arrêtant aussitôt, posant une main ferme sur mon épaule pour que je fasse de même.

  Je vois bien sa stupeur cachée au fait que j'ai trouvé son ancien livre de potions dans lequel il a inscrit, du temps où il était élève, plusieurs annotations afin de rendre les recettes magiques plus simples. C'est notamment de lui que je tiens l'idée d'inventer mes propres sorts (lui, Tantine et Titonc'). Oh, c'est sans aucun doute que je l'ai remise là où il était dès que je suis tombée dessus par hasard en première année - du moins, dès que j'ai acquise toute la connaissance qu'il possédait.

- C'est même bien plus sérieux que ça, poursuit Severus. J'ai juré à Éléona et Daniel de garder un œil sur toi depuis qu'ils...

  Sa voix s'éteint brusquement dans sa gorge.

- Depuis qu'ils ?...

- Depuis qu'ils me l'ont demandé dès ta troisième année, continu-t-il vivement, me faisant froncer les sourcils ; mais à chaque fois, ton comportement met en péril cette promesse.

  Son air réprobateur m'agace, tout en m'amusant. Que c'est ridicule, j'ai l'impression d'entendre un père avec sa fille ! Cette pensée me répugne étant donné qu'il n'y a que Daniel qui pourrait remplacer volontiers Lucius.

- Mais j'en n'ai rien à faire de ta promesse ! tranchai-je. C'est toi qui t'es mis ça sur le dos, je ne vous ai rien demandé ! Et même sans ça, jamais je ne fermerais les yeux sur une injustice phénoménale. Car le ministère va faire chuter Poudlard tout entier par l'intermédiaire d'Ombrage, et tu sais autant que moi Ô combien qui dirige toute l'opération : elle a un nom, c'est une pure garce, je nomme Kristine Astor aux Oscar.

  Severus a un soupir traitre.

- Ce n'est pas une raison, dit-il plus calmement. Tu dois faire profil bas. Et répondre à un professeur devant toute une assemblée d'élèves n'est pas le bon moyen pour t'éviter les ennuies.

  Je sors un juron en serrant les poings.

- Alors il faut tout laisser passer ?

- Je te dis juste d'éviter les situations comme celles de tout à l'heure. Ne comprends-tu pas ce que tu risques ?! s'emporte-t-il.

- Non, répondis-je d'un ton ingénu. Quel risque ai-je maintenant que Dumbledore assure ma protection ? - bien que, je le conçois, c'est totalement idiot vu que je sais très bien me défendre toute seule, mais que veux-tu faire contre votre inquiétude à tous ?

  Severus me foudroie du regard.

- Je plaisante, continuai-je plus sérieusement. Je sais très bien l'enjeu. Pourquoi crois-tu que je réponde autant ? Ombrage m'a malmené, m'a torturé sans sourciller, a joué de ma faiblesse... À mon tour de faire de sa vie un enfer.

- Si tu continues comme ça...

- Non, ne t'adresse pas à moi comme si que je n'avais rien prévu, Oncle Severus ! m'agaçai-je en levant un doigt vers lui. Je sais ce qu'il peut se passer, mais, s'il te plait, laisse-moi gérer ça toute seule. Je te promets, je serais plus méticuleuse maintenant.

  Il soupire de nouveau en contractant sa mâchoire, me regardant en secouant négativement la tête.
  Je sais qu'il désapprouve totalement le fait que je fasse ça. Je sais aussi qu'il se sent extrêmement coupable et responsable de moi depuis ce qu'il s'est passé avec le ministère, puis le décès de Daniel. Sans compter la promesse que ce dernier et Éléona font peser sur ses épaules. Mais je suis assez grande maintenant. J'ai vécu plus de choses que même Harry ne pourrait imaginer. Et j'ai des pouvoirs qu'aucun autre ne possède, pas même David qui lui n'a qu'un tier. Alors même si dans ce monde Magique je risque mon enfermement au ministère, je ne peux laisser, en toute conscience, laisser l'injustice traîner comme une poudre qui risque de nous exploser au visage à tout moment. Et après tout, n'ai-je pas déjà dit que je tenais toujours mes promesses ?

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