Elementum {Tome 5}

By Alice_univers

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Quand le Tournoi des Trois Sorciers sonne la mort de Cedric Diggory, c'est tout l'univers de Mélody qui se bo... More

I
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VII
VIII
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XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XIX
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XXIV
XXV
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XXIX
XXX
XXXI
XXXII
XXXIII
XXXIV
Annonce et remerciements

XVIII

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By Alice_univers

- Alors ? se précipite George dès que je sors du bureau de Dumbledore.

- Qu'est-ce qu'il a dit ? me demande Fred.

- Assez de choses pour que je comprenne que toute cette histoire avec Ombrage n'est pas anodine, répondis-je seulement alors qu'on descend les escaliers, moi en première, les jumeaux à ma suite.

  Une fois le dernier tour de la statue d'aigle bouclée, on se dirige vers la salle commune - là où Amy nous attend pour qu'on commence à faire les essaies des boites à Flemme.

- Et c'est tout ce que tu as à nous dire ? s'étonne Fred.

- C'est tout ce que j'ai envie de dire, rectifiai-je.

- Tu ne peux pas nous laisser sur cette touche, on doit au moins savoir pour Ombrage ! dit George.

  Je soupire. Il a raison, lui aussi a subi les foudres de l'autre Sous-secrétaire quand on était enfermés au ministère de la Magie, tous les deux.

- Je me demande si je suis bien la mieux placée pour vous le raconter.

- C'est toi la concernée, réplique Fred.

  Et il n'a pas tort. Ombrage est autant mon combat que Kristine, comme Voldemort l'est pour Harry.

- Très bien... C'est aussi simple que très idiot : c'était un deal entre Dumbledore et Fudge. Si Dumbledore ne réussissait pas à trouver de candidat pour un poste d'enseignant, le Ministre devait choisir la personne « qualifiée »...

- ... et c'est bien sûr tombé sur la seule personne qui nous a fait du tort à tous les deux...

- ... la pétasse la plus incroyable après Kristine et ses larbins...

- ... Dolores Ombrage, termine George avec dégoût.

  J'hausse les sourcils en hochant de la tête :

- Ouais ! lâchai-je dans un souffle amer. Resté fidèle à lui-même, Dumbledore a évidemment respecté ce pacte et voici le désastre.

- Et donc ? dit Fred. Il ne fera rien après ce qu'il a risqué d'arriver ?

- Oh si, il m'a juré protection. Il parlera de ce détail lors d'une convocation avec Fudge dès demain soir. Bien sûr, je ne lui ai rien informé du moyen de torture que Ombrage se met à exercer.

- Mais pourquoi ? s'égosille George, pour qui entendre qu'on me fait souffrir est insupportable et le met dans une colère noire.

- Pour voir jusqu'où elle pourrait aller vu que, étant sous la protection officielle de Dumbledore, je n'ai aucun risque d'être expulsée de Poudlard malgré toutes les infractions passables que je pourrais faire - et donc, je vais provoquer de toutes les manières possibles Ombrage. Et comme je sais qu'elle va riposter, cela n'en sera que plus amusant.

  Les jumeaux s'échangent un regard en fronçant les sourcils.

- Alors tu ne vas rien dire de tes scarifications au poignet juste par... commence George avant que je le coupe ; Par pur désir de vengeance, c'est exactement ça, Joy.

- J'aurai plutôt dit par pure connerie de ta part.

- En gros, tu tends le fouet pour te faire fouetter, renchérit Fred.

- Non, ça, c'est Rodriguez qui le tenait après la dose d'électrochocs envoyée par Ombrage, corrigeai-je, ce qui me vaut leurs regards sombres de culpabilité et de tristesse. Ensuite, je vous le dis, les gars ; je veux voir où elle et le ministère pourront aller.

  Ils soupirent de désapprobation et on monte l'escalier qui accède à la partie des Gryffondor.

- Et donc, c'est quoi le plan au final ? me demande George.

- Enfin, s'il y en a, commente son frère.

  J'ai un sourire rempli de vengeance et me tourne vers eux, le menton haut, le regard assombri mais le cœur bondissant d'excitation.

- Quelque chose me dit qu'un soulèvement de rebelles est en marche, articulai-je d'une voix rauque.

  Malgré leurs refus d'il y a quelques minutes, les bouches des jumeaux finissent par se fendre en sourires malicieux et potentiellement sournois.

- On joigne Amy ? propose Fred.

- Quelle question, j'accepte volontiers !

  On sursaute et nous rendons compte que le portrait de la Grosse Dame vient de basculer, laissant voir Amy qui a un immense sourire.

- Par contre, je vous préviens : je regarde juste le spectacle, je ne participe pas spécialement aux coups bas.

  On pouffe de rire en hochant de la tête et bientôt, nous voici dans la salle commune ; un vinyle rock tourne sur le gramophone, les élèves de première année sont prêts à tester les bonbons des boites à Flemme. Pour moi qui ai besoin de me changer les idées, car j'essaie d'éviter à mes pensées le temps de songer à la mort de Daniel, et à l'inquiétude de me gagner pour ce que peuvent ressentir Tantine et David en ce moment - aider avec Amy, George et Fred, c'est le meilleur moyen.
  J'ouvre l'une des valises où le premier logo simple que j'ai dessiné pour les jumeaux est appliqué, et six grandes boites oranges se présentent à moi. J'en sors une et déplie les nombreux tiroirs en carton qui les compose. Il y a de tout : des Berlingots de Fièvres, en passant par les Nougats Néansang (que j'ai interdiction formelle par George de goûter), les Pastilles de Gerbes et pour finir, les Petits-fours Tourndelœils. Les jumeaux voulaient y intégrer mes Bonbecs-Extras mais comme je n'ai pas eu le temps de me concentrer à leurs conceptions, ils m'ont dit avec une certaine excitation qu'on les ajouterait aux essaies dès qu'ils seront finis.

- C'est fantastique, tu ne trouves pas ? me lance George.

  Il glisse ses grandes mains autour de ma taille, assez fine pour permettre à ses doigts de l'entourer parfaitement. 

- Principalement grâce à la vitesse incroyable à laquelle vous les avez confectionné, affirmai-je avec un sourire.

- Rappelles-toi que tu nous aides, toi aussi. Et puis bientôt, il y aura aussi les Bonbecs-Extras dans le lot, ça va faire une explosion des prix, pouffe-t-il en m'embrassant dans le cou.

  J'exprime un rire à sa remarque, et il fait de même mais pour une toute autre raison : des frissons m'ont parcouru l'échine et le rouge m'ait monté aux joues par la sensation de ses lèvres sur ma carotide. Arborant un plus grand sourire, je me retourne vers lui.

- Oui, bientôt. Ce ne sera sûrement pas pour le moment avec tous les devoirs que j'ai à faire dès le premier jour, répondis-je en faisant la moue.

- Tu rigoles ? Je suis sûr que tu as soudoyé les profs pour qu'ils te donnent les devoirs du mois prochain.

- Au moins, je m'avance.

  Il hausse les sourcils par la stupeur.

- Non, tu l'as vraiment fait ? Ho, oh... Eh, ma Belle, si tu continues comme ça, bientôt, tu n'auras plus rien à faire, ricane-t-il.

- Justement, ça m'arrangerai, j'aurai tout mon temps pour la confection des Bonbecs-Extras. Ah, et en parlant de ça...

  Je lui tends le carton de bonbons et son rictus s'accentue alors qu'il se penche pour me déposer un chaste baisé sur les lèvres, me prenant la boîte en même temps. Je rigole face à sa tentative, comme s'il était un voleur. Puis il part s'assoir à côté de Nigel, un élève de seconde année et lui présente la boite.

- La Boîte à Flemme, des bonbons qui rendent malades ! vente Fred.

- Qui t'évite des heures de cours... continu George.

- Et qui t'offre de quoi te rendre heureux pendant au moins une bonne heure ! ajoutai-je en lui donnant le remède tandis que Nigel me donne cinq Mornilles.

  Je range l'argent dans la sacoche signée Weasley que j'ai crée par la pensée spécialement pour ranger la monnaie que gagnent les jumeaux. Ils feront le compte à la fin de la soirée, je suppose.
Fred se tourne vers un autre enfant, au menton grandissant tellement vite qu'il atteint son buste, et lui propose d'autres bonbons.

- Ne t'inquiète pas, Gamin, c'est sans danger, le rassurai-je en lui donnant l'antidote.

  Il le récupère de justesse, manquant de peu de le faire tomber, et par mon ouïe surhumaine j'entends un soudain fracas venu de derrière moi. En me retournant, je remarque que, un par un, comme si on les a assommés avec un maillet invisible, les premières années s'effondrent, inconscients, sur leurs sièges. Certains glissent par terre, d'autres restent penchés par-dessus le bras de leur fauteuil, la langue pendante. Les autres élèves assistent au spectacle en éclantant de rire et mon sourire s'accentue.

- Je crois que les Petits-fours Tourndelœil fonctionnent à merveille, il faudrait tester ça sur Ombrage un de ces quatre.

- Là-dessus, tu n'as pas tort, rigole Lee qui est debout, un bloc-notes à la main, et observe attentivement les cobayes évanouis.

- Je pense justement que c'est peut-être un peu trop fort, constate Amy.

  Soudain, Hermione arrive vers nous et s'écrie avec force :

- Ça suffit !

  George, Fred, Lee, Amy et moi la regardont d'un air légèrement surpris et je me rends seulement compte que Harry vient d'entrer dans la salle commune, l'air totalement lessivé.

- Oui, Amy a raison, répond George avec un hochement de tête, ce dosage me semble assez puissant.

- Je vous ai dit ce matin que vous n'aviez pas le droit de vous servir des élèves pour tester vos cochonneries !

- Mais on les paye ! s'indigne Fred.

- Je m'en fiche, ça peut être dangereux !

- Tu dis n'importe quoi ! s'exaspère George.

- Calme-toi, Hermione, ils sont en pleine forme ! déclare Lee d'un ton rassurant.

  Il glisse à présent des bonbons violets dans la bouche ouverte de chacun des élèves.

- Regarde, ils reprennent connaissance, dit Amy.

  Certains commencent en effet à bouger. La plupart semblent stupéfaits de se retrouver allongés par terre ou penchés par-dessus le bras de leur fauteuil. Évidemment, les jumeaux ont certainement oublié de les avertir des effets que les bonbons auraient sur eux. Je me détache de la scène quand j'entends George demander si ça va à une fillette aux cheveux bruns étendue à ses pieds, et assurée que tout ce beau petit monde va bien, je me tourne enfin vers Harry qui semble désirer remonter au plus vite dans son dortoir. Je commence à m'avancer vers lui avant de faire volte-face quand j'entends Hermione menacer les jumeaux d'écrire à leur mère.

- Ma Belle, tu ne voudrais pas faire quelque chose ? me supplie presque George, abasourdi.

- Hey, 'Mione !

- Non, Mélody, dit-elle en se tournant vers moi, je ne t'écouterais pas, c'est dangereux ce qu'ils font !

- Oh si, que tu vas m'écouter... répliquai-je en posant une main sur son épaule, la regardant bien dans les yeux ; Tu ne vas plus faire attention à cette histoire de farces et attrapes, et tu vas laisser George, Fred, Lee et Amy tranquille.

  Les pupilles de Hermione se dilatent, puis rétrécissent, avant de revenir à la normale. Une fois bien hypnotisée par mon sortilège informulé que je contrôle à la perfection sans baguette magique, le rat de bibliothèque secoue la tête avant de se retourner. Sous les regards écarquillés de stupeur de tous, elle se met à sourire.

- Finalement, je vous laisse carte blanche. Après tout, Mélody a raison : vous savez ce que vous faites.

  Puis elle prend son sac et en sort deux morceaux de laine informes qu'elle pose soigneusement sur une table devant la cheminée, les recouvre de bouts de parchemin déchirés et d'une plume cassée, puis recule d'un pas pour admirer le résultat. Je me demande bien ce qu'elle fabrique, et d'ailleurs, Ron le lui demande mais je ne m'importe pas de la réponse vu que George lâche avec effarement :

- Par Merlin, ma Belle, tu es impressionnante !

- Comment tu...

- Fred, c'est l'un de mes propres sortilèges.

- Es-tu au moins sûre que ce n'est pas une capacité des cinq Éléments ? me lance Amy.

- Je n'en sais rien, avouai-je brusquement. Je reviens, je dois... aller réviser.

  Ils sont tous les quatre étonnés étant donné que jamais je ne trahirais un temps avec les jumeaux pour les devoirs, mais je ne leur laisse pas le temps de me demander quoique ce soit que je monte l'escalier en colimaçon menant au dortoir mais au lieu de me diriger vers la partie des filles, je m'en vais vers celle des garçons où je connais parfaitement celui dans lequel dort Harry avec Dean, Finnigan et Ron. Remarquant que la porte est restée ouverte, je m'appuie nonchalamment contre le dormant et observe mon meilleur ami qui semble être rongé par la colère. Il ne cesse de ruminer, la tête contre sa main, regardant la paume de l'autre en serrant les poings.
  J'ai un faible sourire rempli de compassion mais aussi moqueur ; s'il se met dans un état pareil pour une chose si minime, qu'est-ce que ça aurait été s'il avait été autant torturé que moi ? ; et toque à la porte dans une rythmique musicale :

- Toc, toc ! 

  Harry sursaute en se redressant immédiatement et souffle de soulagement en me voyant.

- Oh, c'est toi...

- Ça respire la joie de vivre ici, c'est quoi, un enterrement de vie de garçon ? lançai-je avec sarcasme. Non, sérieux, mon Vieux, moi qui pensais que tu serais heureux de me voir... Je ferais mieux de repartir, qu'est-ce que tu en dis ?

  Je commence à rebrousser chemin, mais comme prévu, Harry m'arrête.

- Non !

  Je me retourne vers lui, un sourire malicieux aux lèvres, la main contre l'entrebaillement de porte. Il s'est levé, la main et le bras tendu vers moi. Se rendant compte que je l'observe avec un air curieux, il baisse son bras, serrant le poing, honteux.

- Je... Je veux dire... Tu... Tu peux rester. S'il te plait ?... Je ne savais pas que c'était toi, j'ai cru que...

- C'était Ron ? compris-je en foulant le paillasson dans des pas doux mais pourtant, à la résonnance si guerrière. Ou Dean ? Ou mieux encore... le timbré qui a joué l'hypocrite nommé Finnigan ?

  Harry a un léger rire et je m'affale sur son lit alors qu'il s'y rassoie. Une main derrière ma nuque, l'autre sur mon ventre, je lui demande avec le plus de détachement possible :

- Sinon, cette retenue ?

- Si tu veux savoir si j'ai réussi à y survivre... Ombrage a dit qu'elle n'avait pas encore réussi à faire grande impression, répond Harry. Elle a dit que je n'aurais plus qu'à recommencer demain soir et que si tu ne venais pas, elle en parlerait à Fudge, qui en parlerait à Dumbledore...

  Je pouffe de rire en faisant « non » de la tête.

- Elle est tellement prévisible... ricanai-je. Le truc c'est que, après m'être enfuie et avoir retrouvé les jumeaux, ces derniers ont insisté pour que j'aille voir Dumbledore. Je suis comme qui dirait sa protégée maintenant, donc je suis plus ou moins intouchable.

  Harry fronce les sourcils et une lueur flamboyante brille dans ses prunelles vertes.

- Mais pourquoi il ne fait rien pour la renvoyer ? Pourquoi il n'est pas intervenu pour...

- Il ne sait rien de la retenue, dis-je paisiblement en levant ma main pour l'interrompre. Ou, en tout cas, je ne lui ai rien dit de la méthode de torture discrète à laquelle Ombrage avait recourt.

  Mon meilleur ami est abasourdi.

- Pourquoi ne rien lui dire ? Cette bonne femme n'a pas le droit de faire ça, c'est injuste !

  Je me redresse en ayant un sourire amusé.

- Harry, l'injustice a fait le monde depuis... depuis le Commencement. Depuis la première création humaine, depuis que les Humains sont apparus sur Terre, il n'y a jamais eu rien de juste. Car on court nous-mêmes à notre perte, par nos propres erreurs - on récolte ce que l'on sème et cela se retourne contre nous à chaque fois, sois en certain.

- Tu veux dire que le fait de parler de Voldemort, c'est injuste aussi ? persiffle-t-il sèchement.

- Injuste, non, totalement irréfléchi face à une personne corrompue qui est en réalité un Reptilien sous forme humaine et qui aime la torture sur les autres - oui. On a parlé de ça devant elle, elle nous a mise en retenue, c'est tout à fait normal venant d'elle. Par contre, le coup de la torture qu'on n'a pas vu venir, ça, ça va se retourner comme une veste. Car aucune injustice ne reste impuni bien longtemps.

  Harry me regarde un instant, la mine sombre, semblant réfléchir à mes paroles.

- Tu veux dire qu'elle va être renvoyée ? me demande-t-il, plein d'espoirs.

- Pff... Non. Elle va justement monter en grade.

- Comment tu peux le savoir ?

- Parce que c'est comme ça que le monde tourne. Moldu ou Sorcier, tu peux être sûr que chaque personne étant haut gradé, ou qui monte les échelons ou qui est célèbre très rapidement, fait du Mal dans l'envers du décor. Tout le monde pense que c'est impensable, impossible, que ça sauterait aux yeux, mais là, encore, mon Cher, il faut savoir inverser les choses ; le Bien est discrédité, annihilé, le Mal est récompensé et on les étiquette comme les gentils. À ton avis, pourquoi commencent-ils à reprocher tout plein de choses à Michael Jackson ? Parce que ce dernier est au courant de choses qu'il ne devrait pas. Aux yeux de l'industrie Hollywoodienne, Michael devient de jour en jour un élément dérangeant qu'il faut détester. Tout, absolument tout, est fait pour tromper, duper, nous faire douter. La preuve aujourd'hui et la preuve dans peu de temps : le Ministre de notre monde magique va sûrement faire un décret pour mettre Ombrage au pouvoir. Et qui dit pouvoir, dit aussi injustice et mensonge. On fait passer cette garce pour la gentille, la sauveuse de tout Poudlard... alors que c'est juste de la contre-vérité pour garantir au ministère un Contrôle planétaire sur le peuple mit en servitude total. Eh oui, Harry... Les mondes Moldu et Sorcier que tu croyais connaître sont en réalité bien plus sombres qu'il n'y parait. Ce ne sont que... des illusions, achevai-je avec un frisson.

  Je l'ai regardé dans les yeux en disant ça. Harry m'a l'air... perturbé, chamboulé. Comme si qu'il vient de se réveiller d'un rêve. Je vois même l'apparition de quelques frissons d'effroi sur sa nuque.

- Tu ne vas pas me faire une syncope, tout de même ? dis-je tout naturellement.

  Harry secoue sa tête, sortant de sa stupeur.

- Tu... Tout ce que tu as dit... Ça m'a donné... comme un vertige. Tu... Tu as parfaitement raison et... et ça me fait bizarre.

- De quoi ? Que j'ai raison ?

- Non que... tu me dises tout ça. C'est comme si que...

- Tu sortais d'un rêve ?

  Il hoche de la tête, me faisant sourire alors que je pose ma main sur la sienne. Je comprends alors que je ne l'ai pas laissé indifférent.

- C'est normal, tu viens de te Réveiller. Tu viens de comprendre qu'on t'a menti depuis tout petit, même si tu es loin de tout savoir et par Merlin ! heureusement, parce que tu prendrais tes jambes en courant avant même d'avoir abordé les sujets les plus importants.

  Je lui souris de toutes mes dents et me lève, voulant lui laisser le temps de digérer.

- Allez... Repose-toi, avec toutes tes dernières émotions, tu as bien besoin d'une bonne nuit de sommeil. Surtout avec ce que je viens de te dire.

  Je lui ébouriffe les cheveux en l'embrassant sur le haut de la tête. J'ai l'impression des fois d'être sa grande sœur !
  Puis je sors du dortoir en fermant la porte, ne lui laissant pas le temps de me dire quelque chose en plus et trace ma route jusqu'à mon dortoir où je m'enferme à mon tour. Prenant tous les manuels nécessaires aux devoirs du mois prochain, je m'installe sur mon lit.

- Quand il faut commencer, il faut commencer ! me dis-je pour m'encourager.

Trois minutes quarante-trois plus tard

  Je me laisse tomber en arrière, allongée en étoile, faisant bouger les rideaux des baldaquins de mon lit, et lâche un soupir exaspéré. Réviser est tellement ennuyant ! Pourquoi l'ai-je choisi, au lieu de m'occuper des boites à Flemme avec les jumeaux, à m'amuser et rire aux éclats ? ça, je n'en sais rien, et je me dis que c'était une bien belle erreur ; je me suis rendue compte que j'avais déjà acquisse la plus grande partie des sujets qu'on va aborder au B.U.S.E, grâce à tout ce que j'ai pu lire dans les manuels de sixième et septième année. La poisse ! Du coup, je n'ai rien de particulier à travailler, c'est ennuyant et doublement agaçant. Je ne comprends même pas pourquoi je me travaille l'esprit avec ça, d'ailleurs.

- Oh, eh puis merde ! lâchai-je tout haut.

  D'une mini tornade de vent, je fais léviter mes grimoires et manuels de cours jusqu'à ma valise déjà ouverte que je boucle avec ma télékinésie.
  En réalité, tout ce que j'ai apprise ne vient pas essentiellement des livres de la bibliothèque ; mes connaissances ont été poussé principalement grâce à Éléona et Daniel. La première était la cheffe des Aurors, et a réussi ses B.U.S.E comme ses A.S.P.I.C haut la main, c'était même la première de sa classe à chaque fois ! Et le second est un spécialiste des animaux et d ela magie élémentaire... À eux deux, ils m'ont appris plus de choses que le niveau scolaire d'un sixième année avant même que je rentre à Poudlard. Je crois donc que les B.U.S.E ne seront qu'un examen comme les autres, contrairement à ce que prétendent les jumeaux. Même si ces derniers ont bien précisé que je faisais exception à la règle.
  Restant en étoile sur mon lit, mes pensées commencent à divaguer vers Daniel mais je les en empêche ; pas de sentiment négatif, je n'en veux pas. 
  Il faut que je me trouve quelque chose à faire. Maintenant, sinon je crois que je vais déprimer.
  Je laisse mon regard dériver sur le dessin encadré que m'a fait David, lorsqu'on était au QG de l'Ordre. Ce n'est pas encore au point, c'est toujours très limité au niveau de l'esthetic, mais il est assez parfait pour moi pour me faire avoir un sourire. Il y a dessiné, très grossièrement mais en de magnifiques couleurs, un arbre aux branches partant en tout sens. Chacune d'entre elle a un animal spécifique représentant toutes les personnes qui comptent pour lui ; un gentil dragon rouge pour Daniel, un soleil qui sourit pour Éléona, un lion qui rugit avec, sur son dos, un renard, nous désignant lui et moi, et bien d'autres animaux... Au milieu de l'arbre, qui se trouve dans un jardin comme au château de Tantine et Titonc', est dessiné un grand cœur rouge. Preuve que la famille est pour lui ce qu'il y a de plus important. Et je me demande comment il doit se sentir, après avoir perdu Daniel - si tantôt ma Vision était vraiment réelle.
  J'ai alors une idée de ce que je pourrais faire. J'avais promis à David de lui continuer sa chanson, celle que mes parents adoptifs m'ont crée uniquement pour moi. Mais j'ai envie de lui écrire sa propre musique. Qu'elle lui soit dédiée rien qu'à lui... Oh, bien sûr, je reste sur les mêmes paroles du début et le même timbre de voix, mais je crois que je vais changer un peu le couplet.

- Dans le vent clair, loin du temps... chantonnai-je pour me souvenir des paroles. Une lumière d'or... hum... brille chaleureusement ? Oui, c'est ça ! Et après, c'était... Prends ma main, ne crains plus rien. Le soleil brille, jusqu'au lendemain. Dans le bel arbre, grand et fort... Mère nature guide, un espoir pour nous. Si tu la regardes bien, elle te montre le bon chemin... Eh bah voilà, je l'ai ! dis-je pour moi-même en prenant un calepin pour y noter les paroles. Et maintenant... Ça pourrait faire... 

  Mais au même moment, Sublimix passe par la fenêtre ouverte pour se poser à mes pieds, sur le matelas. Il me tend sa patte où est accroché une étrange lettre à la forme ovale. Il n'y a ni nom, ni adresse. Seulement un mot : « Ouvre ». Je fronce les sourcils et la détache, puis l'ouvre précautionneusement.

  Elle danse, de ses années passées
Pour montrer, une magie cachée
On doit, nos cœurs, tant rassembler
Pour trouver, l'Orbe caché
Dans le vent clair, loin du temps
Un cœur bat, d'Amour effréné 
Éveille toi, montre-le leur 
Les étoiles dansent, au près des cieux

  Mes sourcils se froncent davantage. Les paroles sonnent juste, elles sont d'ailleurs parfaites, mais... Qui me l'a envoyé ? Je ne connais nullement l'écriture de cette personne, si ce ne serait-ce que ce n'est pas une langue qui vient d'ici car les mots sont inscrits en des Runes que j'ai déchiffré sans savoir comment. Je remarque alors une dernière note au bas de la lettre :

Même si tu le feras sûrement, ne te pose pas de questions 
Signée - une amie des étoiles 

- Une amie des étoiles ? répètai-je, dubitative.

  Je finis par hausser les épaules. Il y a des fois comme celle-là où je ne dois pas chercher à comprendre - recevoir une lettre anonime m'est déjà arrivée par le passé, et il s'avère que c'était toujours vrai.

- Bon, eh bien... Au moins, je n'ai plus à chercher.

  Je me rends compte d'une partie de chanson qui parle d'une orbe. Est-ce celle que Kristine voulait parler, le soir où elle et ses sbires nous ont attaqué et mis Daniel dans le coma ?

- Mais c'est quoi, cette Orbe ! m'exaspérai-je, presque désespérée.

  Ça, par contre, je n'ai aucune réponse. Et c'est bien frustrant. Kristine l'a demandé, Éléona et Daniel ont refusé de la lui donner. Mais qu'est-ce que c'est, au juste ? Une arme ? Un parchemin ancestrale ? Un bijou ? Un couteau ? Un poulet ? - avec Kristine, on ne sait jamais, elle peut tout transformer avec sa magie Noire.
  Soufflant, râlant, sortant un juron, je finis par refermer le calepin où j'ai retranscris toutes les paroles que cette « amie des étoiles » m'a aidé à terminer, et le range dans ma valise avant de me changer par la pensée en pyjama. Il n'est peut-être que dix-neuf heures, je ne vais sans doute pas trouver le sommeil, mais je n'ai étrangement pas envie de rejoindre les autres ; avec les songes sur Daniel, j'ai bien l'envie de pleurer et je préfère être seule plutôt qu'en compagnie de personnes qui verraient l'une de mes faiblesses. 
  Je me glisse donc dans mes couvertures chaudes avec l'unique pensée d'une infime espérance que mon père adoptif puisse contrer la magie Noire de Kristine même dans la mort. Car il est fort. Puissant. Et je suis persuadée qu'il va réussir à s'en sortir...

- Mélody ! 

 C'est un murmure tout près de mon oreille qui me tire d'un de mes rares sommeils convenables.

- Amy... grognai-je. Laisse-moi dormir, vas méditer toute seule...

  Je me retourne dans mes couvertures quand le chuchotement se fait plus fort. Il se répète davantage quand je plonge ma tête sous mon oreiller.

- Mais quoi à la fin ! 

  Je n'ai aucune réponse si ce ne serait-ce que mon prénom répété. Je soupire et ouvre un œil, puis l'autre. Encore ensommeillée, je dois cligner des yeux pour que ma vue de nyctalope fasse son effet. En me redressant, la voix se tait et je remarque qu'aucune des filles n'ait réveillée. Il n'y a que des ronflements, jusqu'à...

- Mélody !

  Un frisson me parcoure l'échine et je sens mon cœur battre davantage. Tirant mes draps, je pose mes pieds nus sur le sol glacé et me revêtue par la pensée d'une chemise de nuit blanche au style victorien, chaussant mes demi-pointes qui me servent de chausson, avant de me lever et sortir du dortoir. Je ferme la porte délicatement et tends l'oreille. L'écho de la voix continue de résonner, me menant jusqu'au bas de l'escalier en colimaçon. Là, seul le feu de la cheminée illumine la pièce, se dessinant doucement sur chacun des meubles aux ombres qui paraissent soudain angoissantes. Mais pourtant, un froid ardent accompagne les recoins de la salle commune.

- Il y a quelqu'un ?

  Ceci est stupide, car la personne ne répond pas. J'abandonne après quelques secondes, me convaincant que ce n'est là qu'un des effets secondaires de mon imagination sans limite, et me retourne dans l'espoir d'aller me recoucher. Soudain, un vent glacial traverse la pièce, éteignant sur le coup le feu. 
  Je sursaute, faisant volte-face, le cœur battant la chamade.
  L'obscurité est aussi angoissante que le silence poignant qui s'en suit juste après. Comme si... qu'une main glacée vient d'envelopper la salle commune toute entière.
  Je sens alors une odeur étrange, mêlant un souffre nauséabond à la senteur d'un feu sorti de l'abdomen d'un dragon.

- Kristine ? dis-je lentement, d'un ton lourd de menaces. Si c'est toi, inutile de te cacher, on sait toutes les deux que ta puanteur Reptilienne se sent à des kilomètres d'ici.

  Ce ne sont que des murmures qui me répondent, comme une centaine d'abeilles bourdonnant. Je tourne sur moi-même, essayant d'en comprendre le sens. Essayant de les voir. Et surtout, essayant de savoir qui sont ces personnes. Le doute que ce soit des défunts n'est pas pointillé ; il y a là des Âmes en perdition, des Esprits tourmentés et en demande d'aide.

- Je ne suis pas d'humeur ce soir, dis-je sèchement. Alors partez, et revenez un autre jour, s'il vous plait.

  Je fais un pas vers l'escalier quand, tout à coup, le silence revient comme une gifle. Le froid devient vite mordant et j'ai du mal à respirer sereinement. L'atmosphère n'est que pesanteur et angoisse meurtrière. 
  Si je n'avais pas l'habitude à essayer d'aider des Défunts en recueillement, j'aurai pu défaillir.

- Je voulais juste te voir.

  Je lâche un cri dans un sursaut qui m'a fait me retourner. C'est là que je la remarque, cette imposante silhouette qui fait rater un battement à mon cœur.

- Daniel ? murmurai-je.

  Mes sourcils se froncent d'eux-même et mes larmes me montent aux yeux quand je le vois sortir de la pénombre. Ma main se plaque d'elle-même contre ma bouche et mon cœur se brise, aussi éternellement que le monde semble s'écrouler autour de moi.
  Éclairé par la Lune, les cheveux noirs de Daniel brillent mais sa peau moite n'égale aucunement la partie droite de son visage baigné de sang. L'œil du même côté reste fermé, lacéré, tandis que l'autre est bien ouvert mais luisant de douleur. Des veines noires apparaissent sur chacune de ses joues meurtries qui suintent sous la lueur nocturne, telles des ondulations de sang interne. Des parcelles de ses vêtement tombent en lambeaux, laissant voir des plaies profondes ruisselantes qui contractent mon estomac.

- Par Merlin... soufflai-je en sentant mes larmes menacer de tomber.

- Je sais, j'ai habitué à mieux... répond Daniel en grimaçant de douleurs.

  Il s'avance de quelques pas boiteux pour arriver devant moi et m'observer avec ce même regard doux. Mais je secoue négativement la tête, la respiration difficile.

- Non... Non... Ce... C'est impossible. Tu n'es pas là, tu... Je ne veux pas... Pas comme ça... Pas te voir en... en Esprit...

  Ma lèvre tremble alors que je peine à garder le sang froid.

- Ma Puce...

  Je le repousse, trop sous le choc pour pouvoir accepter ça. Avoir appris en cauchemar que mon père adoptif était mort est une chose, le voir est complètement différent.

- Ma Puce, s'il te plait... S'il te plait, ne me tourne pas le dos. Pas maintenant, me dit Daniel d'une voix suppliante en posant une main glacée sur ma joue pour relever mon visage.

  Je la sens, mais j'ai un frisson d'effroi en constatant que c'est bien son Esprit.

- J'ai besoin de toi, ma Puce, j'ai besoin de la Guerrière qui est en toi...

- Pour quoi faire ? dis-je dans un souffle à peine audible.

- Pour m'aider.

  Il se redresse difficilement, se tenant les côtes, en regardant autour de lui, la respiration saccadée, comme s'il s'attend à se faire attaquer dans la seconde qui suit.

- Elles ne vont pas tarder... grogne-t-il avec horreur.

- Qui ? Qui ne vont pas tarder ?

  Je me rends compte de ce que je viens de lui demander et écarquille des yeux, ayant déjà la réponse.

- Les Ombres, c'est ça ?

  Mon pouls s'accélerre à cette pensée.

- C'est elles qui...

- Elles sont coriaces, mais ce n'est pas ça qui doit t'arrêter, ma Puce.

- Mais je... je ne sais même pas comment faire ! m'écriai-je, commençant à paniquer. Je... Je... La dernière fois que je les ai affronté, Tantine et Dumbledore étaient là, ce sont eux qui...

  Daniel pose ses mains sur mes épaules en me regardant droit dans les yeux. Ce regard... Autrefois, il brillait d'amusement. Maintenant, il est rempli de douleurs et de souffrances qui me donnent envie de pleurer. Mais il luit toujours de courage éternel d'un Guerrier qui aurait trop vite abandonné le combat.

- La dernière fois, tu n'avais pas toute ton énergie, dit-il avec une détermination teintée d'espoir.

- Mais je...

- Tu vas y arriver, ma Puce, j'ai confiance en toi... Souviens-toi que tu es une Guerrière, rien n'est impossible.

  Les sourcils froncés par la tristesse, j'hoche de la tête, les larmes aux yeux. Je ne dois pas laisser mes émotions m'affaiblir. Je ne dois pas laisser le décès de Daniel m'anéantir alors qu'il a besoin de moi.
  Les dernières torches restantes s'éteignent d'un seul coup par un vent glacial. De lointains murmures rauques résonnent au creux de mes oreilles. J'entends mon cœur battre dans mes tympans, dès que je sens cette immonde odeur de souffre et de corps en décompositions. Les Damnés. Un véritable filet de noirceur, tels d'épais traits de fumée, commence à s'apaissir, emplissant la pièce, comme une gigantesque toile d'araignée qui se balade de par et d'autres, grimpant aux murs et remplissant le plafond.
  Mes mains se mettent à trembler. Ma respiration à s'accélerer. 
  Je déglutis difficilement quand leurs yeux rouges coulant de sang me regardent. Leurs souffles rauques se transforment en grognement qui fait soudain courber Daniel de douleur. 

- Papa ! m'écriai-je en me précipitant vers lui.

  Une main blanche aux doigts noirs le prend brusquement à la carotide, me faisant faire un pas en arrière par l'angoisse. Ses ongles acérés comme les serres d'un aigle se plantent dans la peau de Daniel. Il s'écroule à genoux à terre, la tête levée, incapable de produire le moindre son à part un manque de souffle considérable. 
  Un ricanement résonne et une langue de serpent siffle tout près de son oreille. Kristine sort de la pénombre, me faisant contracter la mâchoire. Elle a sa forme humaine mais pourtant, ses yeux sont aussi noirs que les abysses et son teint aussi blafard que lorsqu'elle est une Sépulcreuse.

- Laisse-le tranquille, sifflai-je en contractant mes poings, contrôlant mes émotions comme me l'a appris Daniel.

  Ses lèvres d'un rouge pourpre s'étirent en un sourire à glacer le sang.

- Non... dit-elle de sa voix rauque. Il est à nous, maintenant...

  Je sens la haine monter en voyant son plaisir à affaiblir et faire souffrir Daniel, qui semble ne plus pouvoir bouger. Une larme lui coule lentement à l'œil, me brisant le cœur.

- Il est à nous et tu ne pourras rien faire contre, continue Kristine. C'est tellement jouissif... Ça me donne presque envie de...

  Elle plonge son nez dans son cou et inspire longuement. Je sens un feu m'enflammer. La panique se remplace en déchirement poignant quand je vois des volutes de fumée arc-en-ciel translucide sortir du corps de Daniel. Elle va lui aspirer son Énergie !
  Sans réfléchir un seul instant, je créé par la pensée une arc à énergies froides et décoche une flèche droit dans son œil. Elle se recule aussitôt en échappant une exclamation de douleur et à mon grand soulagement, l'Énergie revient à Daniel qui semble reprendre une respiration. Kristine, quant à elle, se redresse en se tenant l'œil et me regarde en grognant de fureur. Je suis ravie de voir que ma flèche lui a laissé une trace dorée qui se referme petit à petit.

- De te nourrir de lui ? achevai-je d'un ton glacial. Essaies à nouveau pour voir !

  Je brandis une nouvelle flèche que je tiens droite vers Kristine, sans même trembler de la main. Mon père adoptif est peut-être mort dans le monde Physique, ça ne veut pas dire qu'il n'est plus vivant pour autant. Son Âme est toujours là. Et je me refuse de le voir se faire anéantir par le Mal et ses disciples. Ces derniers, d'ailleurs, en Ombres, se sont regroupés autour de nous, essayant de m'atteindre avec leurs mauvaises Énergies pour me donner de la peur, de l'angoisse ou même mieux, de la terreur. Mais je n'ai aucun des trois ; ma Lumière va aider Daniel, je le sais.

- Tu ne peux rien pour lui, il est prisonnier de l'En-dessous depuis son coma, répond Kristine de sa voix rauque. C'est notre nourriture première. Sa culpabilité et sa tristesse sont... Hummm... C'est un pur mélange de délices.

  Mon regard s'assombrit et je sens un dégoût monstre me tordre l'estomac mais je ne perds pas face pour autant. Je regarde Daniel qui est en proie aux pires douleurs ; il est plié en deux et ses plaies se font davantage ruisselantes de sang. 
  Le temps presse.

- Sauf que tu connais la différence entre les chauves-souris et le monde de l'En-dessous ? dis-je froidement.

- Ton cher papa adoptif est en perdition et tu préfères les sarcasmes au lieu de le sauver ? ricane Kristine. Tu ne cesseras donc jamais de m'étonner, Petit puceron.

- Et pourtant, les deux détestent la lumière, dis-je d'un ton lourd de menaces.

  Aussitôt, sous son regard assassin, toute l'Énergie que je me suis concentrée à réunir pendant notre échange éclaire mes veines d'une couleur dorée. Les ondes me traversent le cœur jusqu'à mes bras, atterrissant entre mes mains sous l'aspect d'une grande boule de Lumière éclatante. La salle commune est immédiatement éclairée, faisant fuir les Ombres qui se mettent à se regrouper dans un coin de l'obscurité.
  Je fixe Kristine avec une envie de vengeance cinétique, et la vois blêmir. Elle sait tout comme moi que cette boule d'énergie fera beaucoup de mal, et seulement de son côté.

- À toi de choisir, Kristine ! criai-je, commençant à m'impatienter. Tu laisses l'Âme de Daniel aller vers la Lumière ou c'est toi qui grilles !

  Elle a une exclamation de dédain avec un air signifiant : « J'aimerai bien voir ça ». J'ai alors un sourire et inspire profondément pour capter plus d'Énergies lumineuses, m'enhardissant de minute en minute, de mouvement de tai-chi en mouvement de tai-chi... jusqu'à ce que la boule de Lumière soit si grande que je sens plusieurs Ondes d'Amour me venir. Les Entités de Lumière m'entourent, chassant aussitôt les Ombres qui disparaissent. 
  Kristine perd son sourire et me regarde en grognant de rage.
  Je souris intérieurement, tout en me souciant de l'état de Daniel, mais ne me laisse pas atteindre par les émotions ; d'un geste méticuleux, comme si que je roulais une bille avec mes doigts, je lâche la boule de Lumière en sa direction. Kristine est projetée en arrière mais il n'y a aucun bruit de chute car elle a disparu, libérant donc l'atmosphère de sa présence toxique et principalement Daniel. Sous mes yeux ébahis et soulagés, ma Lumière l'entoure comme un tourbillon intense, et je vois toutes ses plaies, tout son sang, toutes ses douleurs... s'envoler miraculeusement, créant une poussière d'étoiles qui crée une barrière de protection sur toute la surface de sa peau, laissant un halo doré briller tout autour de lui.
  Comme si qu'il se serait noyé, Daniel, enfin remit sur ses deux pieds, redevenu aussi beau et séduisant qu'avant - prend une grande inspiration en se redressant totalement, fixant ses mains et ses bras avec des yeux écarquillés.
  Les miens se remplissent de larmes que je retiens en mettant une main à mon cœur tellement je suis soulagée. 
  Mon père adoptif relève son regard vers moi et son sourire devient immense.

- J'en étais sûr, souffle-t-il.

  Il accoure vers moi mais au même moment, un tournis m'éprend par l'énergie dégagée et je me sens obligée de m'asseoir sur l'un des sofas qui se trouve non loin de la cheminée - cette dernière s'étant rallumée après la disparition de Kristine et compagnie.
  Daniel s'assoit à côté de moi en me regardant comme s'il me découvrait pour la première fois. Le cœur lourd de tristesse, je lui dis en baissant la tête :

- Il faut que tu ailles de l'Autre-côté, maintenant...

- Pas maintenant, dit-il en secouant négativement la tête. Pas encore.

- Si, il le faut, répliquai-je en relevant mon visage vers lui. Tu dois y aller, c'est là où vont toutes les Âmes une fois qu'elles se soient sauvées de la perdition.

- Mais là, c'est toi qui m'as sauvé. C'est toi qui as éradiqué le Mal de cette pièce, qui m'a aidé. Je ne suis pas prêts de l'oublier, ni de partir.

  Je fronce mes sourcils, soucieuse.

- Ma Puce, il n'y a pas pire sentiment pour moi que de vous laisser tous les trois, toi, David et Éléona. Je vous ai juré que quoi qu'il m'en coûterait, je resterais près de vous. Et je vais tenir cette promesse.

  Ma lèvre tremble par le chagrin.

- Jamais je ne pourrais m'habituer à ton absence... murmurai-je. Et c'est pour ça qu'il faut que tu t'en ailles. Toi à mes côtés, jamais je ne pourrais passer ce cap même si... (J'inspire difficilement.) même si je ne réussirais probablement pas à continuer de vivre normalement, après ça... Mais... il fallait le prévoir, hein ? dis-je en recouvrant un sourire parmi mes larmes aux yeux. Il le fallait, avec Kristine dans les parages... C'était prévisible.

  J'hausse les épaules, ayant du mal à déglutir.

- Mélody, ma Puce, mon Trésor... Jamais je ne pourrais tirer un trait sur vous trois, ou n'importe qui d'autre à qui je tiens énormément, comme Severus. Jamais je ne pourrais vous laisser face au danger.

- Papa, tu es mort, dis-je en serrant les poings, tellement fort que mes phalanges deviennent plus blanches qu'elles le sont déjà. Tu... Tu ne peux plus rien pour nous dans le monde Physique. Et... tu seras toujours avec nous... Mais là-bas... Comme on dit, jamais personne ne nous quitte réellement, parce qu'ils restent toujours dans nos cœurs... Et pour qu'Éléona puisse faire son deuil - tout comme Severus, David et moi - tu dois partir... Tu dois accepter de nous laisser... Je sais que c'est difficile, et crois moi, je n'en ai pas envie, mais... c'est comme ça. Et personne ni peut rien.

  Je renifle pour cacher mon envie de pleurer mais cela m'est encore plus difficile quand il me dit :

- Mais comment veux-tu que je vous laisse ? Vous êtes tout ce qui compte pour moi !

  Je vois deux larmes couler sur ses pommettes, puis sur sa mâchoire carrée, me brisant le cœur.

- Je le sais, Papa, dis-je d'une voix brisée. Mais tu dois le faire. Pour elle. Pour Severus. Pour David et moi... Tu dois le faire ! Mais aussi te souvenir de tout ce que tu nous as apporté lors de notre vie... N'oublies pas qu'on t'aime énormément, et... Éléona et David comprendront, je t'assure... N'oublies pas que chaque personne qui t'a connu est devenu meilleur grace à toi, moi en première... Tu m'as sauvé du bord du précipice... Tu m'as montré que j'avais tous les droits de choisir qui je voulais être... Tu as toujours été comme un père pour moi, et tu le seras toujours...

  Les larmes commencent à chuter sur mes joues mais je me lève aussitôt pour les effacer d'un revers de main, tournant le dos à Daniel. Je ne veux pas... qu'il me voit comme ça. Je ne veux pas... qu'il ait un souvenir de moi en train de pleurer.
  Je le sens derrière moi poser une main sur mon épaule pour m'obliger à me retourner. Je me mords la lèvre et lève mon regard embué de larmes vers lui, inspirant difficilement avec l'envie de tout lâcher. Mais je m'y refuse. Je suis une Guerrière, je n'ai pas à pleurer.

- Et toi, tu seras toujours ma fille, envers et contre tout, me dit-il dans les yeux en me caressant la joue.

  Il a une étrange lueur dans le regard que je peine à comprendre par toutes ces émotions.

- Je te promets que je vous attendrais... Et qu'importe ce qu'il peut se passer, je serais toujours là. Pour toi, Éléona, David... Je serais toujours là. Tu n'auras qu'à me contacter... par ta pensée, dit-il en touchant sa propre tempe. Je t'entendrais.

  J'hoche de la tête, les lèvres tremblantes.

- Je t'aime, Papa... murmurai-je, ayant peur que ce soit la dernière fois que je puisse lui dire.

- Je t'aime aussi... ma P'tite Farceuse.

  J'ai un rire qui traverse ma voix.
  Ses mains encadrent doucement ma mâchoire et il dépose un baisé délicat sur mon front, dans un geste typiquement paternel protecteur. Je ferme les yeux, profitant de sa dernière présence que je sens disparaître la minute qui suit. En ouvrant mes paupières, je remarque que son Esprit s'est évaporé dans une lumière blanche, laissant une marque glacée sur mon front.
  Mes larmes commencent alors à dégringoler mes joues, sans s'arrêter. N'ayant plus aucune force, mes jambes me lâchent et je tombe à genoux à même le sol qui se recouvre de givre tout autour de moi.
  J'éclate en sanglot.
  Pour toute l'énergie dépensée, pour toutes les émotions atteintes ce soir, pour toute la peine, la tristesse et la douleur que j'ai gardé en moi. Brisée, le cœur fracturé en plusieurs morceaux, je plonge ma tête dans mes mains givrées. 
  Daniel était un père pour moi, un père qui m'a sauvé de toutes les manières possibles, un père qui m'a offert l'Amour d'un parent que Lucius ne m'a jamais donné... Daniel était l'un de mes repères, l'une des aiguilles sur ma boussole... Il nous a à présent bel-et-bien quitté, mais je sais que quoi qu'il arrive, maintenant, il est en paix. Il n'y a plus la moindre source d'Énergie négative, d'Ombre ou de Kristine qui lui vole sa vie après la mort, qui n'est qu'un commencement. Mais je sais aussi qu'il sera toujours là, à veiller sur nous. Et même si un pilier a basculé mon monde qui penche d'un côté écroulé, tel un jeu de cartes, je me fais la promesse d'aider tout ceux que ça touchera avant moi : Éléona, David, Severus, Sirius, Remus... Ils auront besoin d'aide. Et je serais là pour les aider.
  Même si par-là, je ne dois pas compter mon propre deuil.
  Parce que personne ne mérite de souffrir.

  Je t'aime, Daniel. Et que ce ne soit qu'adoptif, tu seras toujours mon papa.
  Mais rassure-toi, ce n'est pas un adieu.
  C'est un simple au-revoir.

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