Elementum {Tome 5}

By Alice_univers

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Quand le Tournoi des Trois Sorciers sonne la mort de Cedric Diggory, c'est tout l'univers de Mélody qui se bo... More

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XXXIII
XXXIV
Annonce et remerciements

XVII

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By Alice_univers

(NdA : rappel important : Elementum est un mélange des films et des livres 😉) 

Point de vue Mélody

- Tu es sûre que tu ne veux vraiment pas sécher tous les cours aujourd'hui ? me redemande George pour la centième fois en dix minutes. Tu sais que Dumbledore ne t'en voudra sûrement pas...

- Le meilleur moyen de penser à autre chose est justement que je me concentre sur les cours, ça m'aidera à... passer le temps au lieu de me morfondre, répondis-je. Et de toute, je ne peux pas prendre le prétexte du décès à Daniel pour arrêter l'école, Tantine est encore ma tutrice, elle sera au courant.

  George a un pli soucieux qui se forme sur son front mais soupire en acquiesçant.
  On vient de quitter l'infirmerie. Mrs Pomfresh m'a demandé si je souhaitais rester, savant bien mon état psychologique un peu instable à cause de toutes mes émotions dû au décès de mon père adoptif, mais j'ai refusé ; je ne dois pas me laisser aller, et je ne le veux pas.

- Bon, dans ce cas, allons à la Grande Salle pour manger, j'ai une faim de loup, dit George.

  Je me raidis en entendant ça, mon cœur battant plus rapidement.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Euh... R-rien, c'est... Daniel était un Animagus et il... il pouvait se transformer en loup. La dernière fois, avant... son coma... dis-je difficilement ;  c'est sous cette forme qu'il a... enfin...

- Oh, je suis désolé, ma Belle, je n'en savais rien, s'excuse-t-il aussitôt en passant son bras autour de mes épaules pour me serrer contre lui.

  Je souris à son geste, bien que je fronce toujours les sourcils par le souvenir remonté. J'ai l'impression d'être dans un tourment infini de tristesse et que cela ne s'arrêtera jamais...

- Tu es sûre que ça va un peu mieux que tout à l'heure ? s'inquiète Amy une fois qu'on les a retrouvé.

- En tant que préfet, je peux demander à McGonagall de te dispenser de cours, dit Ron à qui j'ai expliqué mon absence.

- On ne doit pas profiter de notre titre de Préfet, Ron ! lui rappelle Hermione. Sans vouloir te vexer, Mélody... ajoute-t-elle plus doucement en me regardant avec un regard désolé.

- Non... Non, tu as raison, 'Mione, je ne dois pas me laisser aller.

  Harry me sourit avec conciliation et Ginny m'enlace en s'asseyant à côté de moi, poussant carrément Ron qui grommelle.

- En... en attendant, qu'est-ce que j'ai raté ? demandai-je, faisant semblant de m'intéresser aux cours.

- Pas grands choses... répond Amy. On a eu Histoire de la magie, puis double cours de potions, Divination et après manger, ce sera...

- Oh non...

- Si, double-cours de Défense Contre les Forces du Mal, confirme-t-elle en grimaçant.

- Putainnnn... râlai-je, voulant m'arracher les cheveux.

  Déjà Daniel, ensuite j'envoie George à l'infirmerie et maintenant, le pire de tout : un cours avec Dolores Ombrage, cette pétasse, cette sale garce, qui m'a torturé pendant plus d'un mois pour me Conditionner... Si ce n'est pas un coup du karma pour annoncer une rentrée scolaire à la noix, je ne sais pas ce que c'est d'autre !

- Wow, tu viens de dire un juron, là ? s'étonne Angelina en arrivant vers nous.

- Ouais, parce que ce n'est vraiment pas ma journée. Pourquoi ! Il a fallu ! Absolument ! Que tout ! Se passe ! Comme ÇA ! 

- Euh... parce que notre karma est claqué au sol ? hasarde Amy. 

- Oui, c'est le cas de le dire, pestai-je. Et qu'est-ce qu'on aura de pire, encore ?

- De mieux, tu veux dire, me contredit Fred. Parce que, je vous l'accorde, c'est un vrai lundi pourri au caleçon de Merlin, mais ! si vous voulez, on peut vous céder à bas prix un peu de nougat Néansang.

- Sauf pour vous deux, c'est gratuit, appuie George en nous pointant d'un coup de menton Amy et moi.

- Et pourquoi elles ont un traitement de faveur ? demande Ron. Et pourquoi à bas prix ? ajoute-t-il d'un air soupçonneux.

- Parce que tu continueras à saigner jusqu'à ce que tu sois tout desséché. On n'a pas encore assez d'antidotes, répond George en se servant un hareng fumé.

  Ron tire une tête de six pieds de long.

- Merci bien, ronchonne-t-il. Je crois que je préfère encore les cours.

- Pareil, approuvons Amy et moi en même temps.

- Alors non, toi, tu es dispensée de nougat Néansang vu l'hémorragie que tu as risqué de nous faire la dernière fois ! réplique George en me pointant du doigt.

- Hey ! Ce n'est pas de ma faute si je suis hémophile !

- Non, mais tu aurais pu nous prévenir avant qu'on te les fasse essayer, rétorque Fred.

- À propos de vos boîtes à Flamme, dit Hermione qui dévisage les jumeaux avec de petits yeux perçants, il n'est pas question d'afficher dans la salle commune vos petites annonces pour recruter des cobayes.

- Ah, et qui a dit ça ? s'étonne George.

- Euh... un des lèches-bouses qui nous servent de Préfets-en-Chef ? hasardai-je.

  Hermione m'adresse un regard noir.

- C'est moi qui le dis, proclame-t-elle froidement. Et Ron aussi.

- Ne me mêle pas à ces histoires, proteste aussitôt le concerné.

  Hermione le fusille des yeux, alors que les jumeaux ricanent.

- Tu changeras bientôt de discours, Hermione, assure Fred en étalant une épaisse couche de rillettes de porc sur un petit pain rond. Tu commences ta cinquième année et tu verras que dans très peu de temps, tu nous supplieras de te fournir des boîtes à Flemme ainsi que des Bonbecs-Extras.

- Des Bonbecs-Extras ? répète Harry.

- Une fabrication de Love, répond George.

- Oui, enfin, ils ne sont pas encore tout à fait au point, dis-je.

- Mais ça viendra, appuie Fred. Et quand tu les auras fini, on pourra les ajouter aux boîtes à Flemme dont Hermione ne va pas arrêter de nous en demander.

- Et pourquoi aurais-je besoin de boîtes à Flemme pour ma cinquième année ? demande celle-ci.

- Parce que c'est l'année des B.U.S.E., dit George.

- Et alors ?

- Alors, il va falloir préparer vos examens et vous passerez tellement de temps le nez collé à votre labeur que vous finirez par avoir la chair à vif, explique Fred d'un air satisfait. À part Blondinette, elle, elle n'est pas humaine sur le plan scolaire.

  Ça, là-dessus, je ne peux pas dire qu'il ait tort ; je n'ai même pas besoin de travailler pour les examens, je fais tout au hasard (mais également à l'excellente mémoire visuelle et auditive) et j'obtiens constamment mieux que Hermione.

- La moitié de notre classe est tombée en dépression à l'approche des examens, dit George d'un ton joyeux. Larmes, sanglots, crises de nerfs... Patricia Stimpson était sans cesse au bord de l'évanouissement...

- Kenneth Towler était couvert de furoncles, tu te souviens ? rappelle Fred.

- Ça, c'est parce que tu avais mis de la poudre de Bulbonox dans son pyjama.

- Ah oui, c'est vrai, j'avais oublié, dit Fred avec un grand sourire. On a parfois des trous de mémoire...

- En tout, la cinquième année, c'est un vrai cauchemar, reprend George. Si les résultats de tes examens t'intéressent, bien sûr. Fred et moi, on s'est toujours arrangés pour garder le moral.

- Oui... Vous avez eu quoi, trois B.U.S.E. chacun, c'est ça ? dit Ron.

- Ouais, répond Fred d'un ton insouciant qui nous fait sourire Amy et moi. Mais nous avons la très nette impression que notre avenir se situe dans un autre monde que celui des performances académiques.

  Et l'avenir le prouva, mais sur le moment, Fred n'avait pas l'air de se rendre compte de l'impacte de ses paroles sur le futur.

- Nous nous sommes même sérieusement demandés si nous allions prendre la peine de revenir ici faire notre septième année, dit George d'un ton claironnant, maintenant que nous avons...

  Il s'interrompt en voyant le regard de Harry qui sait tout comme moi qu'il s'apprête à parler du sac d'or du Tournoi des Trois Sorciers et de l'argent que j'ai fournis aux garçons de ma poche.

- ... maintenant que nous avons nos B.U.S.E., achève précipitamment George. Devions-nous vraiment passer nos A.S.P.I.C. ? Sans doute pas mais nous avons pensé que Maman ne supporterait pas de nous voir quitter l'école trop tôt, surtout au moment où Percy se révèle comme le plus grand crétin du monde. Et puis, c'était aussi impensable de laisser Amy et Mélody comme ça, alors qu'on les adore.

- Mais tu as une préférence, avoues-le, raillai-je.

- Tout comme Fred.

  Je pouffe de rire avec lui alors que le concerné dit aussitôt pour ne pas se faire griller devant Amy :

- Cette dernière année ici ne sera pourtant pas du temps perdu. Nous avons l'intention d'en profiter pour faire une étude de marché, évaluer très précisément les besoins de l'élève moyen en matière de farces et attrapes, analyser en profondeur les résultats de nos recherches puis fabriquer les produits qui répondront à la demande.

- Et où allez-vous trouver l'or nécessaire pour financer votre magasin ? demande Hermione d'un air sceptique. Vous aurez besoin de beaucoup d'ingrédients, de matériel, et d'un local aussi, j'imagine...

  Harry détourne son regard de la discussion. Les joues en feu, il fait exprès de laisser tomber sa fourchette et plonge sous la table pour la ramasser, de quoi me faire lever les yeux au ciel.

- Vous avez demandé à Mélody de vous donner de l'argent, c'est ça ? continue le rat de bibliothèque. Parce que milliardaire comme elle est...

- Trilliardaire si on compte son oncle et sa tante, la corrige Amy pour ma plus grande exaspération.

- Sérieusement ? lâche Ron.

- Ce... Ce n'est pas le sujet, coupai-je.

- Mouais... Donc, autrement dit, c'est elle votre finance, en déduit la brune.

- Ne nous pose pas de questions et nous ne te dirons pas de mensonges, Hermione. Viens, George, si nous arrivons là-bas assez tôt, nous pourrons peut-être vendre quelques Oreilles à rallonge avant le cours de botanique.

  George me regarde, embarrassé, semblant demander mon accord.

- Bah... Vas-y, qu'est-ce que tu attends ? dis-je, perplexe.

- Tu es sûre ? Non parce que je n'ai pas envie de te laisser seule...

- Mais je ne suis pas seule, j'ai Amy, Hermione, Ron et Harry. Et Ginny et Angelina...

- Tu sais ce que je veux dire.

  Je lève les yeux au ciel avec un sourire aux lèvres.

- Je le sais. Mais ne t'empêche pas de vivre pour mes problèmes familiaux.

- Tes problèmes sont devenus mes problèmes dès le moment où je t'ai embrassé dans la salle commune.

  Je me sens rougir fortement en l'entendant dire ça à voix haute et contracte ma mâchoire en le voyant ricaner.

- S'il y a le moindre truc, je le saurais, dit-il en se penchant vers moi, me rapprochant de lui à la taille et me faisant un chaste baisé, puis un clin d'œil.

  Je lève mes yeux au ciel et il finit par s'éloigner avec son frère jumeau en emportant une pile de muffins.

- Sérieusement, voir mon frère embrasser ma meilleure amie, c'est... ew... dit Ron alors que je me retourne vers eux.

- Et alors, où est le problème ? Toi, tu aimes celle qui t'insupporte, on n'en fait pas tout un plat non plus.

  Ses joues se mettent à roussir subitement et ravie de sa réaction, je tire Amy par le bras.

- Viens, Louloute, allons prendre l'air avant de voir l'autre garce des familles, lançai-je.

  Elle pouffe de rire en voyant ma tactique de mettre Hermione et Ron ensemble - Hermione qui, d'ailleurs, a froncé les sourcils à ma réplique - et on quitte la Grande Salle pour nous diriger vers le parc.

- Dis... Après qu'on ait obtenu nos B.U.S.E. et nos A.S.P.I.C., tu as prévu de faire quoi ? me demande Amy.

  J'hausse les épaules. 

- Je n'en sais rien. Mais ce que je sais c'est que je ne veux pas travailler pour ce Système à la noix.

- Tu pourrais peut-être devenir Ministre de la Magie ?

  Je la regarde un instant, déconcertée.

- Ministre de la Magie ?

- Bah quoi ? Tu es à la tête même de l'Alliance Rebelle, pourquoi pas mener ton ascension jusqu'à être Ministre ? Là, au moins, tu serais sûre que personne ne voudrait te faire du tort et en plus... Mélody Malefoy, la plus grande Ministre de la Magie et révolutionnaire créatrice qui n'a peur de rien, ça claque, non ?

  Je pouffe de rire en levant les yeux au ciel.

- Ça ne fonctionnerait pas tout simplement parce qu'être dirigeante d'un monde corrompu alors que j'y ai été torturée serait contraire à mes principes ; je n'ai à décider pour personne. Par contre, j'interdirais l'élevage des araignées et les chaussettes avec les tonges, ajoutai-je avec sarcasme.

  Amy rigole.

- Qu'est-ce qu'il y a de mal aux chaussettes avec des pieds nus ?

- Ce... c'est risible, particulièrement moche ? hasardai-je.

  Ma meilleure amie me regarde en haussant les sourcils avant d'avoir un plus grand sourire.

- Ouais, tu n'as pas tort.

  On a toutes les deux un éclat de rire.

- Et sinon, toi, qu'est-ce que tu prévois ? lui demandai-je.

- Hmmmm... Je reprends la carrière de mes ancêtres ; je veux être une Samouraï.

- Tu l'es déjà.

- Oui, mais ce que je veux dire par-là, c'est de mettre une Samouraï au pouvoir car il n'y a eu que des hommes qui ont dirigé le ministère de la magie Japonais.

  Je la regarde longuement, m'éprenant d'abord d'un rire avant d'écarquiller des yeux face à son sérieux.

- Ah, tu... tu veux vraiment... tu comptes devenir...

- Ministre de la Magie Japonaise, dit-elle d'un ton théâtrale. Tu ne trouves pas que ça m'irait à merveille ?

- Eh bien... Avant de devenir Ministre, tu peux peut-être envisager d'enfin avouer à Fred que tu l'aimes, répondis-je avec un sourire éclatant.

  Elle a une moue offusquée.

- Mais que viens-tu de t'imaginer, voyons ?

  Son ton sonne d'évidence qu'elle est amoureuse de lui, évidemment, et ça, je le sais depuis déjà notre troisième année. Amy fait juste semblant de détester Fred.

- Non, sérieux, quand est-ce que tu vas lui dire ? demandai-je tandis qu'on continu de marcher, bras dessus, bras dessous.

- Je l'ai déjà prévu mais j'attends le moment idéal.

- Et ça va être quand, ce moment ?

- Un moment secret.

  Je fais mine de bouder mais on finit bien vite par rire, rentrant au château car l'heure commence à tourner.

- D'ailleurs, avant que tu ne t'en ailles... euh... ce matin, pour...

- Oui ? dis-je, ne voulant pas qu'on en reparle.

- Angelina voulait t'annoncer la nouvelle ; elle a été nommée capitaine de l'équipe de Quidditch.

- Mais c'est super ça ! m'exclamai-je.

- Oui... Elle a aussi dit que, comme Olivier est parti, vous allez avoir besoin d'un nouveau. Vous ferez des essais vendredi à cinq heures et l'équipe devra être au complet, histoire que vous cherchez quelqu'un avec qui tout le monde puisse s'entendre. Oh ! Et pendant que j'y pense, tu pourras copier sur mes notes pour les cours que tu as manqué ce matin.

  J'ai un sourire rassuré.

- Je te remercie, Mimi.

- Mimi ? répète-t-elle, étonnée.

- Ça te va bien, pouffai-je.

  Elle rigole avec moi et nous suivons la file d'élèves qui remontent les escaliers pour arriver jusqu'à la classe de Défense Contre les Forces du Mal. J'ai un goût amer en bouche qui me démange d'aller voir Dumbledore et lui hurler dessus : notre nouveau professeure est Dolores Ombrage, j'aimerai savoir ce qu'il a eu en tête en acceptant qu'elle soit au poste cette année. Si à la rigueur, Remus serait de retour... Je crois que j'aurai été surexcitée, mais là, aujourd'hui, j'ai plus envie de sécher un autre cours.

- Quand il faut y aller, il faut y aller... soupire Amy, aussi peu enjouée que moi.

  On entre dans la classe en traînant des pieds et nous asseyons l'une à côté de l'autre, un rang juste à côté de là où sont assis Harry et Ron. Le premier arbore le même air que nous, sans pour autant ruminer comme je le fais, et bientôt, tous les élèves entrent en classe.

- Je me demande où est cette garce... sifflai-je alors que Amy a commencé à dessiner.

  Les rôles s'échangent, on dirait.

- Dis-moi, tu n'aurais pas un moyen pour que l'œil soit plus réaliste ? me demande-t-elle en me montrant son dessin.

  C'est le portrait réaliste et grandeur nature de Gally, l'héroïne de Gunnm, un manga japonais racontant la vie de la cyborg amnésique qui est en réalité une guerrière, dans un monde dystopique prenant place sur une Terre ravagée après la collision d'une météorite à sa surface. L'humanité a tout de même survit et s'est réorganisé entre une cité suspendue dans le ciel et fait pour l'Élite, Zalem, et Kuzutetsu, le bidonville né des déchets de la dite cité élitiste. La première fois que j'ai lu le manga, j'ai adoré. Et voir Gally aussi réaliste est impressionnant, surtout connaissant les talents débutants de Amy.

- Hmmmm... Il faut rectifier l'angle du coin extérieur. Un peu comme ça... Puis tu crées des ombres grisées pour apporter du relief... Voilà... Ça donne un jeu de lumière. Les cils sont trop exagérés... Aurais-tu une gomme, s'il te plait ? Meeeerci... Et ensuite, tu traces ça... puis... Terminé !

  Elle a un grand sourire, les yeux un peu écarquillés en voyant son dessin.

- Wahou, il est magnifique ! Merci, Demi-portion !

  Je lui adresse un regard exaspéré qui la fait rire et aperçois un soudain oiseau en origami volé magiquement vers moi, au-dessus de ma tête, en s'arrêtant sur mon pupitre.

- Et... quelqu'un peut-il m'expliquer ce que ce... piaf... fait sur mon bureau ? lançai-je avec sarcasme en pointant le dit piaf du doigt, provoquant les rires des autres. Non, parce que si vous voulez que je vous le fasse griller, je vous promets que le goût du papier, c'est pâteux quand même.

- Mais non... pouffe Coco Odrose, une Gryffondor.

- Fais-le décoller, ajoute Shailene Pratt.

  Je suis étonnée de voir qu'ils ne me craignent plus, et justement, ont l'air fasciné. Mon discours a peut-être dû les aider à mieux comprendre, qui sait ?
  Dans un éclat de rire, je lance une volute de fumée pensive vers l'oiseau qui devient un magnifique phénix, toujours de papier, et le fais s'envoler gracieusement dans les airs avec des pétales de cerisier qui suivent son mouvement. Plusieurs exclamations de joie fusent en même temps, tous impressionnés. Le phénix arrive vers Seamus Finnigan qui essaie de l'attraper mais je dévie la trajectoire d'une rafale de vent, faisant en sorte que l'oiseau continu de voler dans la classe, sous les rires joyeux de la moitié des élèves.

- Wow, c'est trop beau ! s'exclame Fay Dunbar.

  Crabbe vise le phénix avec un lance-pierre et lâche le projectile. Mais cela n'arrête pas pour autant l'oiseau, au contraire car avec ma télékinésie, et une volute de fumée translucide, je renvoie la boulette de papier d'où elle est venue. Crabbe sort un juron et ils explosent tous de rire en remarquant que la boulette vient de lui rentrer dans le nez. Je ne peux m'empêcher de pouffer à mon tour et continue de faire envoler le phénix, de plus en plus haut, de plus en plus vite... jusqu'à ce qu'une onde négative traverse ma volute de fumée pour calciner l'origami ; il chute trois bons mètres et atterri devant Parvati Patil. 

- Hein ? lâchai-je dans un murmure. Mais qui vient de...

  Ma voix s'éteint quand, en me retournant, je vois le coupable de cet acte abominable sur papier.
  Portant le même cardigan rose que la veille ainsi que le nœud de velours noir accroché dans ses cheveux, faisant penser à une grosse mouche qui s'est collée là, Dolores Ombrage arbore ce même sourire exaspérant que j'ai envie de lui faire gober.

- Bien le bonjour, les enfants, dit-elle après que tout le monde se soit tourné vers elle.

  Quelques élèves marmonnent un vague bonjour. Amy et moi restons silencieuses, à la foudroyer du regard. 

- Voyons, voyons, réplique Ombrage, ça ne va pas du tout.

- Quoi ? Ils vous ont dit bonjour, non ? ne puis-je m'empêcher de dire sèchement.

- Miss Malefoy, votre attitude est désagréable de bon matin.

- Mais quel magnifique compliment, vous m'en voyez ravi, ironisai-je avec un sourire narquois, une main sur mon cœur, l'air faussement touché.

  Des rires discrets s'entendent, de quoi faire inspirer profondément Ombrage.

- Miss Malefoy, il ne serait pas plaisant que je vous donne une retenue dès la rentrée, n'est-ce pas ? Alors, à la place de commentaires futiles, tout comme vos camarades, j'aimerais bien, s'il vous plaît, que vous répondiez : « Bonjour, professeure Ombrage. » Recommençons depuis le début, si vous le voulez bien. Bonjour, tout le monde !

  J'hausse un sourcil en échangeant un regard avec Amy, et nous restons interdites tandis que tous les autres élèves scandent :

- Bonjour, professeure Ombrage.

- Au-revoir, Ombrelle, murmure Amy dans mon oreille.

  Je ne peux m'empêcher de ricaner.

- Hey, imagine un peu que Peeves tombe sur elle, là, elle serait mal barrée, chuchotai-je.

- Plus que mal barrée, je crois qu'elle nous ferait une syncope.

- Plus qu'une syncope, elle voudrait courir hors de Poudlard à tout jamais.

  On se prend d'un léger fou rire avant de nous rendre compte que tout le monde nous fixe. Harry a des yeux presque écarquillés d'angoisse et Hermione est stupéfaite mais aussi inquiète. Sa respiration est rapide, contrairement à Ron qui semble faire de son mieux pour ne pas se fendre la poire. On sait pourquoi quand, en levant nos têtes, on remarque le regard glacial de Dolores Ombrage. Amy se raidit légèrement alors que je demande en rigolant toujours un peu :

- Oh, pardon ! Je suis vraiment désolée... C'est juste qu'on s'imaginait que vous seriez mieux à votre poste de Sous-secrétaire de je-ne-sais-trop-qui plutôt que professeure à Poudlard... Mais soit, vous disiez ? ajoutai-je avec un grand sourire.

  Un silence pesant s'abat dans la pièce. La plupart semble se demander ce qui me prend mais Ombrage et moi sommes les seules à comprendre : elle sait que je vais lui mettre des bâtons dans les roues. J'ai une soudaine pensée qui me vient à l'esprit en pensant ça, telle une ampoule venant de s'allumer au-dessus de ma tête. J'ai trouvé la nouvelle farce de Peeves à faire à Ombrage ! La concernée, par contre, a un petit air réprobateur, le même que les adultes ont face à un enfant qui a fait une bêtise.

- Miss Malefoy, je veux que les choses soient bien claires ; pour que cela se passe au mieux entre nous, de professeure à élève, il faut que vous contrôliez votre attitude enfantine. 

- Enfantine ? Je dirais plutôt... qui ne rentre pas dans votre jeu ?

- Qui ne respecte pas les règles, tranche-t-elle. Alors continuez ainsi, et il y aura des conséquences... fâcheuses.

  Mon regard s'assombrit et je perds mon sourire, comprenant de quoi elle veut parler. Elle irait jusque là...

- Bien... Alors si cela est conclue, je veux vous entendre répéter la même chose que vos camarades. Tout comme vous, Miss Miyamoto.

- Je vous conjure de nous envoyer en pature aux dinosaures que nous obliger à dire une chose pareille, lâche Amy à ma place.

  Sachant que c'est perdue d'avance, et qu'on va plus perdre de temps qu'autre chose, Ombrage recouvre son sourire hypocrite et sort sa baguette magique, en pointant le tableau noir de loin.

- Soit. Cette année : Brevet Universel de Sorcellerie Élémentaire...

  Les mots s'y inscrivent aussitôt.

- Soit le B-U-S-E, plus couramment connu sous le nom de B.U.S.E. 

  Ombrage s'arrête de marcher, les mains jointes, une fois devant tous les élèves.

- Ayez d'excellentes notes, et vous serez récompensés... reprend-elle. Faites autrement, et de graves conséquences pourraient vous arriver.

  Elle sort son petit rire que je déteste tant. Ce rire hypocrite montrant tout le sadisme qu'elle se plairait à avoir si l'on ne suit pas ses règles. J'en contracte ma mâchoire alors que Amy me dit dans l'oreille :

- La seule conséquence sera sa tête décapitée au katana.

  Je la regarde avec étonnement, surprise de ce qu'elle vient de dire. Ombrage me sort de mes pensées car elle agite sa baguette et les manuels se trouvant derrière elle se distribuent d'eux-mêmes sur chacune des tables d'étudiants.

- Il apparait que votre enseignement dans cette matière a été passablement perturbé et plutôt fragmentaire. La changement constant d'enseignants, dont beaucoup ne semblent pas avoir suivi le programme approuvé par le ministère, a eu le fâcheux résultat de vous laisser loin au-dessous du niveau qu'on est en droit d'attendre au début d'une année de B.U.S.E. Vous serez certainement satisfaits d'apprendre que ces problèmes vont être désormais résolus. Cette année, en effet, nous aurons un programme de magie défensive centré sur la théorie et approuvé par le ministère de la Défense.

  Je jette un coup d'œil au manuel de Théorie des stratégies de défense magique, de Wilbert Eskivdur, et remarque vivement que le premier chapitre s'intitule : « Principes de base à l'usage des débutants », de quoi me faire froncer les sourcils. Je comprends aussitôt le plan du ministère. Tout s'aligne dans mon esprit, telle une dizaine de pièces s'ajoutant au puzzle. 

- Ils veulent nous voir incapable de nous défendre, murmurai-je en plantant mes ongles dans le bois du pupitre pour éviter que ma colère surgisse.

- Quoi ? me demande Amy de la même façon que moi, tournant discrètement sa tête, cachée derrière son livre mit debout, pour passer inaperçu.

- Le ministère...

- Ouais...

- Ils savent qu'il peut y avoir un soulèvement. C'est pour ça qu'ils veulent qu'on n'apprenne que de la théorie ; pour nous empêcher de nous défendre et de nous rebeller, vu qu'ils auront plus de connaissance que nous.

  Le regard de Amy s'assombrit.

- Les bandes de...

- Miss Miyamoto, Miss Malefoy, auriez-vous l'amabilité de dire à toute la classe ce que vous vous chuchotez ? intervient une voix.

  On relève en même temps nos têtes, laissant apercevoir juste nos yeux par-dessus le livre grand ouvert de Amy, et remarquons qu'Ombrage nous regarde en attente de réponses.

- Qu'est-ce qu'on lui dit ? me chuchote Amy.

- Regarde et apprends, articulai-je avant de retirer le livre et m'adresser à Ombrage à voix haute en la regardant dans les yeux ; Quoi ? Vous n'acceptez pas les lesbiennes ?

  Amy manque de s'étouffer avec sa salive et me fixe avec l'envie d'exploser de rire, à la fois désespérée et ne s'attendant pas à une telle réponse. Harry a écarquillé des yeux, Hermione s'est tapée le front avec sa main et Ron est bouche-bée, sans doute en train de réfléchir si ce que je dis est vrai étant donné que je suis déjà avec George. La classe entière est tout aussi choquée, de quoi me faire étirer un grand rictus. Les jumeaux vont mourir de rire quand les rumeurs auront fait le tour de Poudlard.

- Miss Malefoy, je ne saurais tolérée de tels propos dans ma classe, persiffle Ombrage.

- Comment ? N'acceptez-vous pas la différence ? En êtes-vous contre ?

  J'adore la voir si concentrée à garder son calme et choisir ses mots. Je me délecte aussi des réactions des autres, évidemment, et reprends en désignant le livre :

- Quoiqu'il en soit, vous nous demandez sérieusement d'apprendre toute une année à partir de cette chose à tomber en décadence ?

- Mélody a raison, approuve Hermione qui levait la main depuis le début, il n'y a rien qui parle de techniques de défense dans ce livre. 

  Il y a un bref silence pendant lequel de nombreux élèves, sourcils froncés, tournent la tête vers le tableau pour lire les trois objectifs d'apprentissage qui viennent d'apparaître :

  1) Comprendre les principes qui fondent la défense magique.
  2) Apprendre à reconnaître les situations dans lesquelles la défense magique se trouve légalement justifiée.
  3) Replacer la défense magique dans un contexte ouvrant sur la pratique.

  Je manque de m'éprendre d'un fou rire nerveux. Sont-ils sérieux ?

- Les techniques de défense ? répète Ombrage avec un petit rire hypocrite. Je ne vois pas ce qui pourrait arriver dans ma classe qui nécessite de recourir à un tel sortilège, Miss Granger. Vous ne craignez quand même pas de subir une attaque pendant mes cours ?

- Alors, on ne fera pas de magie ? s'exclame Ron d'une voix sonore.

- Lorsqu'on veut s'exprimer dans ma classe, on lève la main, Mr Weasley.

- Mais la raison d'être des cours de Défense Contre les Forces du Mal, c'est bien de pratiquer des sortilèges de défense, non ? rétorque Amy d'un ton calme, mais sonnant profondément impatient.

- Seriez-vous une experte formée par le ministère, Miss Miyamoto ? demande Ombrage de sa voix faussement aimable.

- Heureusement non, mais...

- Dans ce cas, j'ai bien peur que vous ne soyez pas qualifiée pour définir la raison d'être d'une matière, qu'elle qu'elle soit. Notre nouveau programme d'études a été établi par des Sorciers beaucoup plus âgés et intelligents que...

- Je crois qu'au niveau intelligence, le ministère est en bas de l'échelle, tranchai-je en agitant mes doigts de façon hypocrite, signe que j'ai respecté avec moquerie son planning de lever la main. Oh, et d'ailleurs, pour votre information, il n'y a aucune réelle légation basée sur les sortilèges théoriques, car tout professeur se voit dans l'obligation de donner un enseignement complet - pas seulement par écrit, mais aussi par la pratique manuelle.

- Dois-je comprendre que vous doutez du ministère de la défense ?

- Dois-je comprendre que le Système peut être démantelé si une élève ne suit pas leur enseignement dérisoire ?

  Un silence vient de s'imposer. Beaucoup regardent la scène avec appréhension et effarement, leurs têtes vont de Ombrage à moi, de moi à Ombrage, dans l'espoir de savoir comment toute cette histoire va se terminer. Surtout parce que je garde le menton haut, un large sourire innocent sur les lèvres mais que je n'en démorde pas à cause de ma répartie.

- Si vous doutez d'une telle chose, répond Ombrage, c'est que vous n'avez pas assez confiance au Système, qui garantie votre sécurité et l'absence de risques...

- Comme ça vous va bien, de me dire ça, coupai-je avant de m'humecter les lèvres et souffler d'amusement. Le ministère a peut-être mis en place un nouveau régime d'Enseignement, il ne m'est guère difficile d'en voir une décadence des lois.

- Des lois ? Mais voyons, une élève comme vous n'en connait aucune. Et le sujet, malheureusement, n'en est pas moins qu'inutile car...

- Épargnez-moi vos discours sur l'enseignement, je connais chacune des lois magiques et Moldus - mon père est aristocrate, ma tante est l'ancienne cheffe des Aurors, je sais de quoi je parle contrairement à vous, Professeure Ombrage. Et je me vois dans l'obligation de vous rappeler que l'école a pour but, normalement, de délivrer autant de moyens possibles d'accès à l'information et à la documentation. La loi stipule également que tout doit être mis à disposition des élèves, dans le cas contraire, cela équivaudrait à de la désinformation et donc, ce serait également très contradictoire pour une Sous-secrétaire travaillant pour un État corrompu - si, toute fois, c'est bien le ministère qui espère voir un apprentissage en décadence, afin de faire perdre aux étudiants le savoir idéal pour affronter de prochains jours de Ténèbres ? ajoutai-je lentement, d'une voix rauque, en la regardant puissamment dans les yeux.

  Il n'y a plus qu'aucun bruit à part un fil de murmures que j'entends parfaitement, et je remarque même que Hermione me fixe avec des yeux stupéfaits, le souffle court. J'en ai un rictus malgré que je continue de regarder Ombrage dans l'espoir de la faire flancher.

- Je ne souhaite pas critiquer la façon dont cette école a été dirigée, dit-elle, un sourire glacial étirant sa large bouche et un regard noir comblant ses yeux ; ni même les méthodes que l'on vous a transmise. Et ici là, à vous entendre, vous connaissez des lois qui ont été changées dernièrement.

- Comme par hasard~, chantonnai-je. Et bien sûr, ce que vous avez fait est tout aussi illégal.

- Cela n'est pas dans le sujet. Le Système pénal est...

- Corrompu, il se base sur des mensonges et de la terreur.

  À présent, tous les élèves regardent ce qui se passe comme s'ils suivraient un match de Quidditch.

- Miss Malefoy, si vous continuez à me couper la parole, il y aura des répercussions.

- Allez-y, j'ai hâte de voir lesquelles.

  Elle inspire profondément et je vois bien sa main crispée sur sa baguette magique.

- Et donc, vous disiez que le Système pénal est dans son droit ? repris-je. Je suis navrée de vous le faire remarquer, mais je crois bien que cela est aussi pathétique que votre attention de nous faire gober que la théorie est sécuritaire.

- Vous allez apprendre les bases de techniques de défense dans une sécurité solennelle.

- Donc autrement dit, le cours est aussi illégal qu'il ne sert à rien s'il n'y a aucune pratique. Si on se fait attaquer, on ne pourra pas contrer les ennemis, et le pire c'est que vous le savez. Et que vous le prévoyez.

- Les étudiants...

- Vos cours ne servent à rien s'il n'y a pas une once de pratique manuelle ! m'emportais-je.

  J'inspire profondément, ayant perdu ma patience. Le voyant, Amy pose une main sur mon avant-bras et étrangement, elle me transmet de son Énergie positive. Depuis quand sait-elle faire ça ?

- Je veux que vous sachiez, dit Ombrage, que c'est le ministère qui a décrété qu'une connaissance théorique vous servira amplement pour réussir vos examens...

- Mais on ne parle pas des examens, m'exaspérai-je, mais de ce qui s'en suivra une fois nos études terminées.

- Et comment la théorie pourra nous aider si jamais on doit affronter le danger ? intervient l'Élu.

  J'ai envie de rire. Harry vient de rajouter un piment dans la sauce !

- Mais il n'y a rien à affronter, mon Cher... répond Ombrage d'un ton dédaigneux.

- Première fois que je vous entends plaisanter, commentai-je en pouffant.

 - Vous n'avez pas levé la main, Miss Malefoy ! 

  Je lève mes doigts nonchalamment et les agite devant elle avec un sourire hypocrite.

- La guerre va faire son apparition, n'est-ce pas là une raison suffisante pour nous de plier bagages d'apprendre par nous-mêmes finalement ? lançai-je aux autres.

- Miss Malefoy, j'aimerai que vous cessiez de faire preuve d'insolence ! Car qui voudrait bien affronter les enfants que vous êtes ?

- Oh, eh bien... répond Harry en faisant semblant de réfléchir. Peut-être... disons... Lord Voldemort ?

 Ron a un haut-le-corps. Lavande Brown laisse échapper un petit cri. Neville glisse de son tabouret. Amy et moi nous échangeons un regard, approuvant Harry. Ombrage, en revanche, ne manifeste aucune réaction. Elle fixe Harry avec une expression à la fois satisfaite et sinistre.

- Dix points de moins pour Gryffondor, Mr Potter, et trente en complément de l'insolence de Miss Malefoy.

- Quarante moins ? Ça va, on les récupérera lors des matchs de Quidditch, commentai-je.

- Dix points de moins, ajoute Ombrage.

  J'esquisse un rictus et lève la main d'un geste hypocrite.

- Y a-t-il besoin que je dise à tous comme quoi les points et le cota qui va avec ne sont qu'un moyen pour les enseignants de mettre de la rivalité entre les maisons ? Et de, par la même action, nous encourager à nous monter les uns contr les autres ?

  Les élèves restent silencieux et immobiles. Chacun regarde soit Ombrage, soit Harry, soit moi. Le pire, c'est mon cas. Mais je ne m'en sens que plus fière ; ce n'est que le début.

- Miss Malefoy, de tels commentaires futiles et irréfléchis vaudront cinq points en moins. Et maintenant, laissez-moi mettre les choses au clair... 

  Ombrage se met à avancer dans les rangs.

- On vous a raconté qu'un certain Mage noir était revenu d'entre les morts...

- Il n'est pas mort, s'emporte Harry à ma place, et c'est vrai, il est revenu !

- Je confirme, approuvai-je en lançant un clin d'œil à mon meilleur ami.

- Mr-Potter-Miss-Malefoy-vous-avez-déjà-fait-perdre-cinquante-cinq-points-à-votre-maison-n'aggravez-pas-vos-cas, dit Ombrage d'un seul souffle en me regardant sévèrement. Comme je vous le disais, on vous a raconté qu'un certain Seigneur des Ténèbres est à nouveau en liberté. Il s'agit d'un mensonge.

  Cette fois-ci, je n'arrive pas à laisser passer.

- On dit la vérité ! m'écriai-je alors que mon Collier contrôle ma haine montante. Harry et moi l'avons vu, nous l'avons combattu

- Vous aurez une retenue, Miss Malefoy ! réplique-t-elle d'un air triomphal, mais pourtant si sombre et si... montrant à quel point cela la démangeait. 

- Alors, selon vous, Cedric Diggory est mort de son plein gré ? me défend Harry, la voix tremblante de fureur.

  Toute la classe en a le souffle coupé. À part Ron, Hermione, Amy et moi, personne n'a jamais entendu Harry parler de ce qui s'est passé la nuit de la mort de Cedric. Et j'en aurai les larmes aux yeux si je ne me servais pas de la quiétude que j'ai par rapport à la retenue que je vais avoir. Parce que ça, Ombrage va en profiter pour essayer de me Conditionner, j'en suis sûre.
  Les regards se posent avec avidité sur Harry et sur Ombrage qui n'a plus du tout de sourire. 

- En retenue également, Mr Potter !

  Je sens un feu m'enflammer mais respire suffisamment pour le contrôler. Voyant Harry trembler de rage, je me lève et le tire par le bras.

- C'est bon, calme-toi, lui murmurai-je dans les yeux.

- Miss Malefoy, allez vous asseoir immédiatement, dit Ombrage.

  Je la regarde avec des yeux assassins.

- Non. Ils méritent tous la vérité. 

- La mort de Cedric Diggory n'est qu'un pur accident et je ne saurais tolérer que...

- C'était un meurtre, Voldemort l'a assassiné, et vous le savez pertinemment !

  La patience de Ombrage explose soudain.

- ASSEZ ! hurle-t-elle d'une voix suraiguë. 

  Un sursaut commun traverse la classe et j'étire un rictus. Elle vient de montrer son impatience... et ce n'est que le commencement de ses nerfs à vif.

- Ça suffit, reprend-elle en reprenant une voix plus douce, plus enfantine. Vous viendrez me voir, Miss Malefoy, avec Monsieur Potter, dans mon bureau, à cinq heures... 

  Elle termine sur un petit rire qui me donne envie de l'étriper.

- Parfait. Je n'ai donc plus rien à faire ici, tranchai-je.

  J'attrape ma sacoche et la passe en bandoulière en affichant mon air le plus victorieux. 

- Miss Malefoy, je ne vous ai pas autorisé à...

- Oh, mais ne vous donnez pas cette peine, vous êtes Sous-secrétaire d'État et n'avez pas de juste titre de professeure des écoles. À moins que vous ayez votre CV avec vous, évidemment.

  Je lui adresse un sourire narquois et commence à partir, mais Ombrage m'arrête :

- Très bien, faites comme bon vous semble mais venez ici, ma chère Malefoy.

- Et sinon, la marque de politesse, c'est une marque déposée ou c'est soustrait de l'enseignement au ministère ?

  Je vois Amy se retenir de rire mais remarque le regard angoissé de Harry. Je lui lance un clin d'œil.

- S'il vous plaît, Miss Malefoy, venez ici, reprend Ombrage en serrant les dents.

- Ah ! On le tient ! dis-je avec sarcasme. C'est pour quoi ?

  Elle ne répond rien et sort de son sac à main un petit rouleau de parchemin qu'elle étale sur le bureau. Puis elle trempe sa plume dans un encrier et commence à griffonner en se penchant sur le parchemin pour que je ne vois pas ce qu'elle écrit. Tout le monde reste silencieux alors que je me balance sur mes pieds.

- Dites-moi, vous allez mettre combien de temps ? demandai-je après avoir regardé ma montre.

  Ombrage roule au même moment son parchemin et, d'un coup de baguette magique, le scelle soigneusement pour qu'il me soit impossible de l'ouvrir.

- Allez donc porter ceci au professeure McGonagall, chère Miss Malefoy, me dit-elle en me tendant le rouleau.

- Redîtes-le moi mieux, pour voir ?

  Je tends l'oreille et l'entends inspirer profondément.

- S'il vous plaît, allez porter ceci.

- Oh, mais avec grand plaisir du moment où vous restez polis et courtoise, répondis-je en articulant le dernier mot.

  Je prends le parchemin et au même moment, lui explose par ma pensée une veine dans sa tempe. Elle siffle de douleur alors que je lui fais un immense sourire sournois et me retourne en claquant mes cheveux avec tout le tempérament d'une véritable garce. J'adresse un sourire à Harry, ensuite à Amy, et quitte la classe, puis parcoure rapidement le couloir en dansant de victoire, tourne à l'angle d'un mur et me retrouve nez à nez avec Peeves, l'esprit frappeur, un petit homme avec une grande bouche, qui flotte dans les airs, allongé sur le dos, et jongle avec des encriers.

- Tiens, Peeves ! m'exclamai-je avec un grand sourire avant même qu'il parle.

- Oh, mais c'est ma petite préférée ! caquette Peeves en descendant vers moi, toujours en jonglant avec ses encriers.

- Salut ! J'aimerai te proposer une cible.

- Comme chaque mois depuis ta première année ! appuie-t-il fièrement alors que je descends l'escalier le plus proche en sa compagnie.

- Oui et aujourd'hui, je me disais que ça pourrait être Dolores Ombrage, tu sais, la nouvelle professeure de Défense Contre les Forces du Mal ?

- Celle ressemblant à un gros crapaud rose ?

- Hm-hmm ! Alors, ça te dit ?

  Je me suis arrêtée sur un palier en lui demandant ça. Peeves se penche vers moi, son nez à quelques centimètres de mon visage.

- Qu'est-ce que j'y gagne, moi ?

- La clé du bureau de Rusard, par exemple ? hasardai-je en faisant apparaître dans ma main, par ma pensée, la dite clé. Évidemment, je comprendrais que tu aies peur d'Ombrage...

- Moi ? Peur ? s'égosille-t-il. Je suis partant ! 

- J'ai ta parole ?

- PROMIS ! hurle-t-il en fondant sur moi pour m'arracher la clé des mains.

  Je rigole et la lui lance, assurée qu'il soit assez occupé pour ne pas m'empêcher d'atteindre mon objectif, à savoir : toquer à la porte du bureau de ma professeure préférée. McGonagall vient ouvrir et me regarde de haut en bas en fronçant les sourcils.

- Miss Malefoy ? Que faites-vous là, n'êtes vous pas sensée être en plein cours ?

- Si seulement c'était possible qu'il soit déjà dans cette définition-ci, lâchai-je avec sarcasme. Mais non, je l'ai quitté pour éviter qu'on me bourre le crâne avec de la désinformation, en voici la preuve, ajoutai-je en lui tendant le mot de Ombrage.

  Les sourcils davantage froncés, la professeure McGonagall le prend et me fait un coup de tête vers la porte.

- Entrez, Mélody.

  J'entre en la remerciant d'un sourire et la porte se referme d'elle-même derrière nous. McGonagall s'assoit derrière son bureau alors que je la regarde en attente de réaction. Elle ouvre le parchemin d'un coup de baguette magique, le déroule et commence à le lire. Derrière ses lunettes carrées de lecture, ses yeux bondissent d'un bord à l'autre du parchemin en se plissant un peu plus à chaque ligne.

- Elle m'a mise en retenue parce que je l'ai offensé en exposant la pure vérité, expliquai-je avec amusement. La pauvre chérie, elle a été frustrée ! Et à vrai dire, elle en a aussi profité pour nous calomnier comme le fait Fudge dans La Gazette. À croire que le ministère ne sait pas changer de registre... terminai-je en admirant les quelques tableaux du bureau.

  Incroyables, mais vrai, il n'y a que des cas de métamorphose.

- Alors ? dit McGonagall pour finir.

- Alors quoi, Professeure ? Est-ce que c'est vrai que je l'ai ridiculisé volontairement ? Oui. Est-ce que je devrais m'excuser ? Sûrement pas.

  En fait, depuis qu'on s'est vus pour l'Ordre du Phénix, notre relation s'est beaucoup améliorée et il m'a été montré d'elle qu'elle me portait un sentiment maternelle. C'est pour ça que je suis si naturelle, bien que je reste polie et sereine car c'est quand même ma professeure.

- Non, je veux dire... Est-ce que c'est vrai que vous vous êtes opposée au professeure Ombrage ?

- Absolument faux, j'ai uniquement pointé le doigt sur ses erreurs, dis-je avec sarcasme.

- C'est exactement la même chose. Vous l'avez traité de menteuse ?

- Je n'ai fait que l'insinuer, c'est à elle qu'il advient de faire la différence.

- Et vous lui avez dit que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est de retour ?

- Je vous en prie, dîtes Voldemort, ça ira plus vite, dis-je en me retournant vers elle. Et puis, techniquement, c'est Harry qui l'a dit, je n'ai fait qu'approuver. Donc en n'aucun cas il n'y a la preuve directe que sa retenue est justifiée.

- Peut-être mais vous avez aussi, à le lire, montré votre fort amertume au ministère ?

- Littéralement, j'ai démontré toutes les lois qui stipulaient qu'elle n'était pas dans la légalité. Exactement, d'ailleurs, comme ses cours qui ne sont que théoriques.

  Elle me fixe, les lèvres pincées, le regard soucieux.

- Asseyez-vous, s'il vous plait, dit-elle enfin.

  Je m'assoie face à elle et la regarde poser le mot de Ombrage sur son bureau avant de m'observer avec un air grave.

- Mélody, je vous conjure de faire très attention.

  Le ton de sa voix est exactement le même que celui qu'elle avait lorsqu'on s'est parlées toutes les deux. Au lieu d'être brute, sec et sévère, il est à présent anxieux, angoissé..

- Une mauvaise conduite dans la classe de Dolores Ombrage pourrait vous coûter bien plus cher que des points en moins et une retenue.

- J'en suis consciente.

- Visiblement non, car vous savez d'où elle vient, vous savez à qui elle fait ses rapports.

- Oui, je le sais. Je le sais, mais... Vous savez quoi ? Après tout ce qui s'est passé, je vais vous dire franchement au lieu de chercher mes mots par respect ; je m'en contre-cogne de ce qu'ils peuvent faire. Aujourd'hui était une journée vraiment très... très... Il ne fallait mieux pas me chercher, achevai-je difficilement.

  McGonagall a les larmes aux yeux et se penche pour poser sa main sur mon épaule.

- Je suis désolée pour Daniel.

  Je la regarde longuement dans les yeux et secoue ma tête pour m'éviter de pleurer.

- Merci, mais... Ce n'est vraiment pas le sujet. Je... J'ai tout dit devant Ombrage parce que j'en ai eu marre. Marre de me conduire convenablement alors que cette garce a fait beaucoup plus pire. Et c'est sur ce pire que je me fixe, car elle va payer. Petit à petit, certes. Discrètement, malheureusement... Mais je compte bien lui rendre la vie la plus difficile possible.

- Mais vous savez ce qu'elle peut faire...

- Me Conditionner ?

  McGonagall est parcourue d'un frisson d'effroi.

- Oui, et comme vous, je veux l'éviter autant que je le peux. C'est pour ça que pour sa retenue durant chaque soir de la semaine à compter de demain, j'irai mais je partirais aussitôt ; de toute façon, que peut-elle faire de pire que retirer des points à Gryffondor qu'on récupérera au Quidditch ?

  Je lui fais un sourire déterminé mais elle secoue négativement de la tête, désapprouvant.

- Soyez seulement très prudente chaque que vous aurez affaire au professeure Ombrage, et surtout, parlez-en moi. Car aujourd'hui, il s'agit d'adopter un profil bas et de contrôler ses humeurs, pas de foncer tête baissée.

  Je me lève en pouffant de rire.

- Oh, Professeure, depuis le temps que vous me connaissez, vous devriez savoir que j'ai toujours un plan et que je ne fais jamais les choses à moitié... N'est-ce pas ?

  En voyant mon sourire, elle me regarde en secouant négativement de la tête, savant que de toute façon, je ne l'écouterais pas. Personnellement, je n'ai qu'une envie aujourd'hui. Faire ce que je fais de mieux... Me rebeller et pourquoi pas en créer un mouvement pour lever les autres élèves contre Ombrage.
  Ce soir-là, si le dîner dans la Grande Salle n'a rien de très réjouissant pour Harry, c'est tout le contraire pour moi : j'adore voir comment les rumeurs se profilent si rapidement. Car la nouvelle de mes vociférations, ainsi que les siennes, contre Ombrage s'est répandue à une vitesse exceptionnelle, même pour Poudlard. Bien sûr, les murmures continuent de s'élever de toutes parts mais le plus drôle, c'est qu'aucun de ceux qui murmurent ainsi ne paraisse gêné qu'on puisse entendre ce qu'on dit de nous. Au contraire, tout le monde semble espérer nous mettre en colère pour qu'on vocifère à nouveau, calmement pour moi et hurlant pour Harry, et leur raconte enfin nos histoires.

- Ils disent qu'ils ont vu Cedric Diggory se faire assassiner sous leurs yeux...

- Évidemment qu'on l'a vu, pourquoi on le dirait selon vous ?

  Le garçon se tait aussitôt et me fixe avec curiosité alors que je pouffe avec mépris avant de me retourner vers George et les autres. Le soucis est que si pour Harry c'est déjà fatiguant, moi, ça m'épuise et me file la migraine ; toutes leurs pensées sont épouvantables. Ce sont comme des chuchotements par milliers qui se mélangent entre eux.

- Ça va, ma Belle ? me demande George en fronçant les sourcils avec inquiétude.

- Je t'en supplie, fais taire tes pensées, les leurs sont assez suffisantes... soupirai-je, en mettant ma tête entre mes mains.

  Je me masse les tempes en sifflant de douleur quand d'autres étudiants arrivent à leur tour dans la Grande Salle.

- Qu'est-ce qu'on peut faire ? m'interroge Fred. On a fait des boîtes à Flemme, mais aucun des bonbons ne pourraient t'aider...

- La seule chose à faire c'est que je parte de cette salle, répondis-je. Je vous retrouve à la fin de ma retenue.

  Mais contre toute attente, les jumeaux et Amy poussent leurs assiettes et se lèvent.

- Mais qu'est-ce que vous faites ?

- On vient avec toi, répond Amy tout naturellement.

- Quoi ? Non, cette retenue n'est pas un rassemblement.

- Justement, on sera là pour surveiller que cette garce ne te fasse rien, renchérit Fred.

  Tout le monde nous accompagne du regard lorsqu'on sort de la Grande Salle.

- Mais elle ne me fera rien... soupirai-je. De toute façon, Harry sera là, lui aussi.

- Hein ? s'étonne George. Harry a eu une retenue ?

- Amy ne vous l'a pas dit ?

- Si, mais j'ai oublié de préciser qui, avoue la japonaise en se grattant la nuque, rigolant nerveusement.

- Tu sais quoi, George ? On va finir par créer des bonbons Rappel-tout, dit Fred.

- Oui, ça devient urgent, approuvai-je.

  Amy lève les yeux au ciel et se met à pouffer de rire avant que son regard se mette à pétiller.

- J'y pense ! Vous lui avez montré la plume ?

- Quelle plume ? demandai-je.

  George me tire vers un tournant d'un couloir où il n'y a personne et on s'assoit tous les quatre sur l'appui d'une fenêtre formée par les multiples arches du couloir extérieur.

- Tu te souviens du prototype de plume que tu nous as suggéré de fabriquer ? me lance Fred.

- Oui... dis-je lentement, m'attendant à une révélation.

- Bah... La voilà ! dit joyeusement George.

  Il tire de son sac à dos une boite rectangulaire décorée de façon à décrire le plan terrestre dans l'Ancien Monde - les explorateurs pensaient, et beaucoup le pensent encore aujourd'hui, que la Terre était et est plate. 

- Je vais garder la boîte, dis-je vivement en souriant de toutes mes dents.

  Les jumeaux et Amy se mettent à rigoler et je pouffe à mon tour en ouvrant l'écrin, avant que ma bouche s'ouvre seule et que mes yeux pétillent tellement je suis subjuguée de la beauté de l'instrument. Légère et douce, son aspect calligraphique ramène à l'époque victorienne de la vieille Angleterre... La couleur de la plume est un magnifique et délicat dégradé de bleu roi à l'indigo... Sa tige, en revanche, est faite en métal argenté et gravé de diverses signes complexes...
  Le souffle coupé, je suis choquée par tant de beauté et de raffinement.

- Nom d'un ananas au citron, elle est...

- Vas-y, tu peux le dire, rigole George.

- Elle est putain de magnifique ! jurai-je, tellement emprise de sa beauté.

  Ils rigolent tous les trois et je leur demande :

- Mais comment vous...

- On a mis quelques temps, répond Fred, Panda nous a aidé pour les gravures...

- Mais la fabrication, c'est tout nous, termine George.

- On aurait bien voulu te la montrer à Noël mais on a une pipelette dans le groupe.

  Amy lève ses mains en l'air.

- Je vous ai aidé ; un cadeau en moins a emballé.

  Je ne peux m'empêcher de rigoler. Je déteins sur elle...

- Et en plus, si tu remarques bien, j'ai fait exprès de graver la lettre M sur la tige de la plume, pour montrer que c'est bien à toi que reviens cette idée ! affirme-t-elle fièrement en me montrant avec son doigt, l'avant du stylo.

  Je peux effectivement y voir un magnifique « M » fait en pure calligraphie, et c'est tout simplement fabuleux.

- Comment as-tu réussi à graver autant de choses ? demandai-je en regardant la plume de près.

- Je peux être très patiente quand je m'y mets.

  J'ai un immense sourire.

- Merci pour la plume, je... je ne sais pas quoi vous offrir en échange, c'est...

- Inutile, on a fait ça pour toi. 

- Et uniquement pour toi.

  Je ne peux m'empêcher de les serrer chacun à leurs tours dans mes bras avant de sautiller de joie.

- Elle est trop belle ! J'adooore !

  Ils se mettent à rire alors qu'une idée me vient en tête. Je fais apparaître un parchemin et rédige une petite lettre rapidement pour Tantine et David. Je n'ai cessé de me demander ce qu'ils ressentaient, eux, et si le choc ne leur était pas trop dur par rapport à la mort de Daniel. Car, sincèrement, je m'angoisse pour eux. Comment David a réagit ? Tantine va bien ? Et Sirius et Remus... Connaissant les deux hommes, ils s'en veulent sûrement...

- À qui tu écris ? me demande George.

- À Tantine et David...

- Oh... dit-il, se rendant compte de mon ton tremblant. Par rapport à Daniel ?

- Oui... Je m'inquiète pour eux.

  Je finis par refermer le parchemin et le mets dans une enveloppe. Sublimix, mon harfang des neiges qui ne me quitte jamais des yeux, vient atterrir sur mon épaule. Je lui accroche la lettre à la patte et dans un dernier coup d'ailes, il disparait dehors.
  À cinq heures moins cinq, je prends congé et me rends au bureau d'Ombrage qui se situe dans la classe de Défense Contre les Forces du Mal. Les jumeaux et Amy ont voulu m'accompagner, mais je leur ai dit que ça n'en valait pas la peine. J'ai réussi au bout de plus de quinze minutes à leur faire entendre raison, enfin, du moins, grâce à Harry vu qu'on a tous les deux une retenue en même temps.

- Si un jour, on m'aurait dis qu'une garce comme elle allait devenir prof à Poudlard, je n'en aurai pas cru un seul mot, persifflai-je avec amertume.

- Tu n'es pas la seule, répond Harry. Pourquoi Dumbledore l'a d'ailleurs accepté en tant que professeure ?

- Pour me surveiller, ce n'est pas évident ?

  Je m'apprête à toquer à la porte mais Harry m'arrête en attrapant soudain mon poignet.

- Attends, Mélo !

  Les sourcils froncés, je le regarde et le questionne du regard.

- Quoi ? Je veux bien que tu n'aimes pas cette folle mais...

- Non ! dit-il précipitamment. Ce... ce n'est pas ça...

- Alors qu'est-ce que c'est ? Des problèmes gastriques ? ironisai-je.

- Hein ?... Non ! Non, je... C'est... J'ai besoin de comprendre quelque chose.

  Il s'humecte la lèvre, ne trouvant pas ses mots.

- Comprendre quoi ? Comment être aussi chiant que moi ? Ça, Ryry, c'est de naissance, dis-je avec sarcasme.

- Non... En fait... Ce... C'est par rapport à Ombrage...

  Je commence à vouloir toquer à nouveau, mais il ajoute :

- Je voudrais vraiment comprendre ce qu'ils t'ont fait là-bas. 

  Mon poing s'arrête dans son mouvement, ma main tremble de plus en plus, ma respiration s'accélère. Les larmes me montent aux yeux comme une flèche atteint sa cible. En les fermant, je peux encore les revoir, ces dizaines et dizaines de torture par jour. Les hurlements que je poussais refont surface. Les douleurs sont comme des plaies scarifiées sur ma peau à vif. Chacun de mes muscles semblent se contracter. Ma peau est moite et mes veines scintillent d'une lueur bleutée.

- Mélody, s'il te plait, tu es la seule qui me comprends ici... 

  Je sens ma lèvre trembler et inspire profondément, le regard rivé sur la porte. Puis je contracte ma mâchoire en supprimant mon ressenti. Comme le dirait le ministère : aucune émotion. Pour ne pas être blessée. Pour ne pas paraître faible.
  Je me dégage sèchement de sa poigne et me retourne vers lui en le regardant dans les yeux. Je le vois frissonner de choc par mon regard obscurcit qui ne comporte aucune autre lueur que celle d'une Guerrière brisée.

- Ce n'est pas parce que je suis celle qui te comprends le plus que toi, tu le pourras en entendant la vérité.

  Mon ton est sec et glacial.

- S'il te plaît, Mélody, je... je veux juste comprendre ! dit-il plus fort qu'il ne le voudrait.

  Je soupire, sachant qu'il ne lâchera jamais l'affaire.

- Il faut que tu saches que c'était très loin d'être un séjour amical, répondis-je à voix basse pour éviter les oreilles indiscrètes. Ils m'ont fait des choses que tu es loin d'imaginer, Harry. Des choses que même dans tes pires cauchemars, tu n'imaginerais pas. Des choses... indiffusables, car personne ne nous croirait ; le ministère est intouchable.

  « Du moins, pour le moment », aimerai-je ajouter.

- Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? insiste Harry.

  J'inspire à nouveau profondément pour canaliser l'apparition de larmes. Les douleurs, les horreurs... C'est une épouvante que je n'aimerais plus jamais avoir à revivre.

- Promets moi de ne le répéter à personne, dis-je.

- Je te le promets.

  J'ai un rictus à la fois méprisant, amusé et amer. Le sortilège fera son affaire, après tout.

- Très bien.

  Je m'assoie sur les marches et il me rejoint aussitôt, me fixant en attendant que je raconte.

- Pendant le temps que j'ai passé là-bas, il n'y a eu que deux choses que j'ai apprise : supporter les douleurs et rester moi-même.

- Quelles douleurs ? On... On t'a torturé ? dit Harry d'une voix blanche.

- Qu'est-ce que tu voulais qu'ils fassent d'autre ? Prendre le thé et discuter ? Harry, si je t'ai paru différente depuis qu'on s'est revus, c'est à cause de ce que ces cinglés m'ont fait. De ce que Kristine leur a dit de faire, plus exactement. Ils ont voulu faire de moi une arme. En passant par divers stades. Le premier a été le tabassage corporelle et la séparation avec tous mes proches ; ils avaient compris que George était ma bouée d'oxygène alors ils l'ont enfermé de son côté en le torturant psychologiquement pour lui soustraire des informations à mon sujet. Tout en me frappant à maintes reprises dès que j'avais le malheur d'ouvrir ma bouche ou de me défendre. La deuxième épreuve ce fut des tortures physiques et mentales ; des sorts qui t'électrocutent, t'explosent les veines une à une, te donne la sensation d'être étouffée, noyée, brûlée au troisième degré ou même ciblée d'aiguilles chauffées à blanc. Toutes les heures, toutes les minutes, je subissais ce calvaire. À répétition. Encore et encore... J'en perdais la notion du temps. Troisième stade, et ce fut l'un des plus dures ; des injections par centaines modifiant chacune de mes molécules, chacune source sanguine, chaque parcelle et chaque pore de ma peau en ont souffert. Grâce à ça, ma force s'est décuplée par dix, mes terminaisons nerveuses ont pour la moitié été anéanties, je ne ressens donc plus la douleur. Mes... émotions ont été rétrécies, le but ayant été que je n'en garde plus aucune. Mon humanité... s'était presque effondrée, j'ai eu du mal et j'ai encore du mal à la faire ressortir. Et évidemment, il reste le quatrième stade que Kristine a adoré : essayer de me faire obéir par une suite de mots précis. Je ne pourrais même pas te la dire, ils ont dû m'implanter des sérums qui garantissent à ce que je me taise... Me faire devenir une arme qu'ils pourraient contrôler quand ils le souhaiteraient, afin d'être tout puissant et d'instaurer le Nouvel Ordre Magique pour devancer Voldemort - voilà ce qu'ils avaient pour but.

  Harry reste longuement les yeux écarquillés d'effroi. J'observe son regard luisant de culpabilité, de tristesse, de peine et de haine. Principalement les deux derniers. Et à voir sa mâchoire se contracter, je sais qu'il a une envie de meurtre. Le truc c'est qu'on sait tous les deux qu'il en serait incapable contrairement à moi.
  Harry se penche vers moi et me prend dans ses bras avant de me serrer fort contre lui. J'ai un petit sourire mais me sens d'humeur non tactile ; me souvenir de tout ça m'a fait souvenir que plus rien n'est comme avant. Que je suis différente et principalement... un rat de laboratoire.

- Je suis désolé, Mélody, je...

- Tu quoi ? dis-je en me détachant de lui. Ce n'est que de ma faute, j'aurai dû cacher mon don mieux que ça.

- Je... Ce... Personne n'a rien dit ? dit-il, le ton tremblant de rage. Kingsley, Tonks, ils...

- Tonks n'avait pas la possibilité d'avoir ne serait-ce qu'un contact visuel avec moi et Shacklebolt... disons que j'ai du mal à lui offrir une excuse et que mon plan de le tuer pour me venger est toujours omni-présent, mais j'arrive à le contrôler en me disant que ce n'est qu'un pauvre abruti et que ça ferait de la peine en plus aux autres, dis-je avec sarcasme.

- Et alors ? Il ne pouvait pas réagir ? Fudge ne peut pas...

- Harry, ce n'est qu'un pion, lui. La reine, c'est Kristine. C'est elle qu'il faut tuer en premier - même si deux ou trois meurtres à côté portés à ses larbins est une source fiable d'options à venir. En haut de la liste, il y a évidemment Fudge, puis Ombrage. Rodriguez, je m'en suis déjà débarrassée. Mais tu t'en doutes, tout ça ne s'arrête pas là.

  Les sourcils de Harry se froncent encore plus.

- Qu'est-ce que tu veux dire par-là ?

  Un sourire sadique s'étale sur mes lèvres alors que mon regard s'assombrit en désir de vengeance, porté sur un point invisible au loin.

- Tous ceux qui m'ont fait ça, et tous ceux qui font du mal aux autres... Tous ceux qui baignent dans la source de magie Noire la plus profonde... Ils vont payer. Et je serais là pour m'en assurer, ajoutai-je sombrement.

  Je m'imagine tellement de scénarios... tellement de possibilité pour les atteindre... Aussitôt que j'ai cette pensée, je fronce mes sourcils et secoue légèrement ma tête, me rendant compte de mes paroles. Prise d'un frisson, je murmure :

- Oh non, je viens de recommencer...

- Quoi ? dit Harry, complètement prit au dépourvu.

  Je me tourne vivement vers lui.

- Il faut que tu saches que le Conditionnement... a des répercussions. Notamment des envies sombres et des changements brusques mentaux, et ça, par contre, c'est un truc à foutre la chair de poule, tu peux me croire mon Vieux.

  Je soupire difficilement et me lève pour me diriger vers la porte du bureau de Ombrage.

- Mélo ! intervient à nouveau Harry, me faisant tourner vers lui avec exaspération. Sache que pour moi, tu resteras toujours la même.

- C'est à dire ?

- Ma meilleure amie créative au sarcasme légendaire qui tabasse son frère, tout en l'adorant, et qui est pour moi comme une sœur.

  Mon cœur se réchauffe à ses paroles et mon sourire, cette fois-ci malicieux et bienveillant, s'étire sur mes lèvres.

- C'est vrai que c'est un bon résumé. Mais un peu trop court, si tu veux mon avis.

  Harry rigole avec moi et toque à ma place à la porte.

- Entrez, entendons-nous.

- Et c'est repartie... râlai-je en reprenant mon air ennuyé.

  Harry s'avance prudemment en regardant autour de lui et je fais de même, mais les mains dans les poches et la mine farouche.
  J'ai connu ce même bureau du temps de ses trois précédents occupants. À l'époque de Gilderoy Lockhart, les murs étaient tapissés de portraits de lui qui adressaient au visiteur un sourire rayonnant. Du temps de Remus, on avait toutes les chances d'y trouver de fascinantes créatures enfermées dans des cages ou des aquariums. Enfin, lorsque le faux Fol Oeil s'y est installé, il le remplissait, à ce que Harry m'a raconté, de toutes sortes d'instruments destinés à détecter méfaits et mensonges. Et aujourd'hui, il est devenu méconnaissable. Des étoffes ornées de dentelles recouvrent tout, des vases de fleurs séchées sont posés sur de petits napperons et les murs entiers totalement rose sont occupés par une collection d'assiettes ornementales qui représentent des chatons aux couleurs criardes, chacun portant autour du cou un nœud différent et chacun miaulant constamment.

- Wow, vous êtes vraiment folle allée, vous, murmurai-je.

  J'ai l'affreuse envie de m'éprendre d'un fou rire. Comparé à Harry qui, lui, reste pétrifié, ne pouvant détacher son regard des assiettes. Du moins jusqu'à ce que Ombrage prenne à nouveau la parole :

- Bonsoir, les enfants. Mr Potter, Miss Malefoy.

  Alors que Harry sursaute en se tournant vers elle, moi je ne peux m'empêcher de ressentir un profond sentiment d'exaspération et de dégoût - à nouveau. Elle porte son même accoutrement que ce matin, toujours aussi rose, qui semble se fondre entièrement avec la nappe recouvrant son bureau, juste devant elle.

- Assis, reprend-elle aussitôt.

  Elle nous indique une petite table drapée de dentelles devant laquelle elle a installé deux chaises à dossier droit. Au même nombre, les parchemins vierges posés sur la table ont l'air de nous attendre.
  Si Harry détourne le regard, laisse tomber son sac à côté de la première chaise et s'assit, ce n'est pas mon cas.

- Miss Malefoy, vous n'êtes pas dispensée de faire de même, dit Ombrage en inclinant sa tête vers la seconde chaise, son exaspérant sourire aux lèvres. Eh bien, asseyez-vous.

  Ne me voyant toujours pas bouger, à regarder ma montre, Ombrage s'impatiente.

- Qu'attendez-vous ? Je vous ai demandé de vous asseoir.

  Je me demande combien de temps on va attendre à ce qu'elle se souvienne de ce que je lui ai dit, ce matin.

- Miss Malefoy ! Asseyez-vous, s'il vous plait, dit-elle sèchement.

- Ah ! fais-je en levant un doigt. Une minute et cinquante secondes, vous auriez pu faire un deux parfait si vous ne vous étiez pas souvenue d'une preuve de politesse.

  Je lui fais un immense sourire qui lui fait perdre un peu le sien. Elle inspire profondément alors que je lâche bruyamment ma sacoche à côté de la chaise, que je la retourne de sorte à m'y asseoir à califourchon, adoptant un caractère de guerrière qui n'en a rien à faire.

- Alors... dis-je d'une voix rauque. On commence ? Ce n'est pas que je n'ai pas d'autres choses à faire, mais j'ai cours de légalité pénal à travailler. Vous savez... pour prouver à tous que...

- Assez ! siffle-t-elle de cette même voix aiguë que toute à l'heure. Je veux, qu'avant que nous commencions, que vous contrôler votre mauvaise humeur, Miss Malefoy.

- Très bien, alors moi aussi ; je veux, avant que vous ne commenciez à nous bourrer le crâne avec une punition inutile, que vous arrêtez de parler pour qu'on profite du silence, Miss Ombrage.

  On se foudroie longuement des yeux et je vois bien à quel point elle se maîtrise pour ne pas fondre sur moi avec un de ces sorts de torture. Elle se lève de sa chaise et je fais de même. Elle s'avance, je m'avance à mon tour. La tension est palpable. Harry semble vouloir intervenir pour que je n'aggrave pas mon cas.

- Qui est la professeure, ici ?

- Sûrement pas vous, vous n'avez aucune formation au préalable pour l'être.

- Miss Malefoy, je veux que les choses soient très claires. Ne me manquez ni de respect, ni d'envie de rébellion.

- Alors n'essayez pas de jouer au p'tit chef avec moi, ni de m'interdire de me venger.

- Vous croyez que vous êtes en position de parlementer ?

- Et vous ?

  Son œil droit tilte d'agacement et ses yeux globuleux se plissent davantage.

- Asseyez-vous.

- À une seule condition : faites ne serait-ce qu'une allusion à votre Pouvoir, et vous le regretterez.

- Vous m'en voyez ravie. Asseyez-vous maintenant, s'il vous plait.

- Ça doit vous démanger, pouffai-je en me rasseyant nonchalamment à califourchon sur ma chaise. Alors... Ça va être quoi, aujourd'hui ? Des lignes ? ironisai-je.

- C'est exactement ça, Miss Malefoy. Des lignes. Des lignes pour avoir répandu des histoires détestables et malfaisantes dans le seul but de créer une mutinerie indésirable. Vous avez de la chance, comme je suis quelqu'un d'extrêmement attentionnée...

  J'ai un toussotement rauque.

- ... vous allez vous servir de mes plumes personnelles.

  Elle nous tend à nous deux une longue plume mince et noire dont l'extrêmité est anormalement pointue.

- Maintenant, vous allez écrire : « Je ne dois pas dire de mensonges », poursuit-elle à mi-voix.

- J'imagine que la psychologie inversée est une de vos nouvelles méthodes ? dis-je avec sarcasme en regardant la plume de près.

  Je la sens entre mes mains... Si Ombrage souhaite que l'on écrive avec ses plumes personnelles, et de ce type qui plus est, c'est qu'elles ne sont pas ordinaires. Non... Je suis persuadée que ça cache quelque chose. Une douce torture, à mon avis, à en sentir la magie Noire qui en dégage. En tout cas, mon Collier ne l'aime pas ; se refroidissant comme une glace au pôle nord, il semble sentir un mauvais présage.

- Je veux que ce soit très claire, Miss Malefoy : la seule psychologie que vous devez avoir est de ne pas calomnier Cornelius Fudge, ni désobéir au Système qui a été mis en place pour aider et servir son prochain.

- Ça, pour avoir servi Kristine, vous êtes bien l'une de ses sbires, commentai-je sèchement.

- Cessez donc votre infantilité et écrivez.

  Harry croise mon regard et m'indique du sien d'arrêter de faire perdurer notre punition plus longtemps que ça. Je dérange le Système ? Eh bah j'en suis ravie !

- Combien de fois ? demande Harry d'un ton qui imite d'une manière assez convaincante celui de la politesse, mais qui sonne à mes oreilles comme forcé dû à ses dents serrées.

- Oh, autant de fois qu'il le faudra pour que le message pénètre, répond Ombrage de sa voix doucereuse, ravie de voir qu'au moins l'un de nous est obéissant. Allez-y.

  Elle détourne son attention de nous pour aller vers un buffet aux fleurs fanées et noires d'encre, nous faisant dos. Contrairement à moi, Harry lève la plume noire et pointue avant de s'arrêter en plein mouvement.

- Vous ne nous avez pas donné d'encre, dit-il.

  Ce qu'il dit me fait froncer les sourcils.

- C'est vrai ça, où est passé l'encre ? renchéris-je en serrant les dents.

- Oh, vous n'en aurez pas besoin, répond Ombrage avec quelque chose dans la voix qui évoque vaguement un rire sournois.

  J'échange un regard assombri avec Harry. 

- Ça, ça ne prévoit rien de bon, lui envoyais-je par la pensée.

  Il se masse la tempe en grimaçant mais hoche de la tête, venant de recevoir mon message. Le soucis est que lorsqu'une personne ne sait pas parler par télépathie - savoir qu'au départ, nous avons tous à la naissance mais que la plupart perde en grandissant -, il semble que la personne en question ait mal aux tempes dès que quelqu'un lui parle par pensée.
  Pourtant, Harry est le premier à se lancer et, résolue, je finis par faire de même, jurant contre moi-même de ne pas être partie plus tôt. Au moment même où je pose la pointe de la plume sur le parchemin et écris : « Je ne dois pas dire de mensonges. », je sors un juron par une vive douleur survenue à mon poignet. Les mots se sont inscrits sur le parchemin dans une encre bleu et brillante, ressemblant à...
  Je relève vivement la manche de ma cape et mon regard s'assombrit.

- La sale garce des alpes... murmurai-je lentement, si bas que je suis la seule à l'entendre.

  Tracés dans ma peau encore mieux qu'avec un scalpel, les mots écrits sur le parchemin sont apparus en même temps dans la pliure de mon poignet qui ne tarde pas à laisser une brève coulure bleue foncée filer doucement sur mes pores... jusqu'à tâcher deux gouttes de sang sur le papier. Deux tâches bien distinctes près de la ligne de mots. 
  Harry vient lui aussi d'étouffer une exclamation de douleur et aussi de stupeur. Il vient de voir la couleur de mon sang, qui est dû aux injections qu'on m'a faite au ministère. Je remarque que la phrase : « Je ne dois pas dire de mensonges. » s'est scarifiée, de son côté, sur sa main. La sienne de coupure se referme peu à peu et l'inscription s'efface en ne laissant qu'une marque légèrement rouge. Mais pour moi qui suis hémophile, les mots continuent de couler goutte à goutte. Je contracte ma mâchoire, les laissant couler sans m'en soucier. De toute façon, j'en ai perdu plus que ça.
  Ombrage, de son côté, se retourne et s'avance jusqu'à être devant son bureau, face à nous. Elle nous observe tous les deux, sa large bouche de crapaud étirée en un sourire, alors que mes veines se colorent de rouge par la haine. 

- Quelque chose ne va pas ?

  Notre silence lui répond alors que je la fusille des yeux, attendant le bon moment.

- Parfait...

  Elle se penche vers nous.

- ... parce que vous savez, tout au fond de vous, que vous méritez d'être puni... N'est-ce pas, les enfants ?

  Je lui fais un magnifique sourire hypocrite avec une exclamation méprisante, avant de forcer sur mes yeux ; à voir son sourire se perdre un peu et son redressement soudain, mes pupilles sont comblées par la couleur rouge. Je garde mon sourire innocent avant de le perdre soudain, provoquant une combustion immédiate de la plume qui se désintègre de tout son long. Bien que prise d'un léger sursaut, Ombrage reste interdite, ayant perdu toute jovialité sur son visage. Harry, quant à lui, a failli bondir de sa chaise par la surprise. D'une simple pensée accompagné d'un regard, le parchemin sur lequel j'écrivais se brûle comme la plume. Je me lève d'un bond en regardant Ombrage dans les yeux. Elle m'observe en prenant sur elle, mais je vois bien qu'elle n'est pas sereine face à moi quand il n'y a personne autour pour lui garantir une sécurité. Personne à part Harry, mais elle sait qu'il ne l'aidera pas.

- Il suffit de jouer, persifflai-je. Il suffit de faire semblant comme si que tout était parfait, parce que vous savez que vous méritez tout ce qu'il va vous arriver, n'est-ce pas, Dolores ?

  Prise au dépourvue, elle semble chercher ses mots mais je la coupe en la rapprochant de moi par ma télékinésie, comme si qu'une main invisible la tirerait pour la mettre juste devant. Elle brandit sa baguette magique, la respiration courte. Il n'est pas difficile de remarquer que sa peur, en plus d'être une puanteur face à moi à l'instant même, sans Aurors pour la protéger, est très visible par ses pupilles qui se dilatent. Car oui, quand ce phénomène se passe, il n'y a souvent que trois possibilités ; aimer la personne, avoir de l'empathie, ou être terrifiée. Seule la troisième peut être utilisée actuellement.

- Ne pleurez pas... minaudai-je, ça vous enlèverait le peu de crédibilité que vous possédez.

- Comment osez-vous ? siffle-t-elle en pointant sa baguette magique sous mon menton.

  Je la regarde dans les yeux, arborant un grand sourire en la voyant me craindre.

- Comment pourrais-je oser ce que vous vous êtes plu à me faire au ministère ?

  Je force sur ma télékinésie pour l'empêcher de faire un mouvement, tout en appuyant sur son bras pour abaisser sa baguette.

- N'en faites rien, dis-je à mi-voix, dans un chuchotement menaçant, j'ai tout l'usage de mon don et je n'hésiterais pas à l'utiliser si vous tentez de me nuire une seule fois encore. Parce que... vous savez pertinemment que le mensonge vous met à tort, n'est-ce pas, Miss Ombrage ?

  Elle semble se rendre compte de ce que je suis en train de faire et je relâche ma télékinésie en gardant sa baguette magique en main.

- Rendez-la moi immédiatement ou je...

- Ou vous, quoi ? Vous ne représentez aucune menace pour le moment, et à par des retenues ou des mots aux autres professeurs qui sont pour moi des amis, vous ne pouvez rien faire d'autre.

  Je lève sa baguette magique et lui pose dans les mains. Elle espère la prendre mais je ne la relâche pas pour autant.

- Accrochez-vous à mes paroles et entendez ma providence : votre vie va devenir un enfer à compter d'aujourd'hui, dis-je en articulant sinistrement.

  Je lui envoie un sourire radieux, quoique complètement hypocrite, et relâche sa main avant de récupérer ma sacoche.

- Je vous laisse à votre petite torture de printemps, je n'ai pas de temps à perdre. Harry, si tu veux continuer à souffrir, reste ici, moi j'en ai fini.

  La porte s'ouvre par ma télékinésie.

- Restez ici, c'est un ordre ! s'écrie Ombrage.

  Je me tourne vers elle avec un rictus amusé.

- Un ordre illégal pour une personne qui n'est pas dans son droit, répliquai-je. Allez vous faire cuire une bouse de dragon, ajoutai-je sèchement.

  Je commence à partir vers la porte, lorsqu'elle lâche :

- Très bien.

  Avec un froncement de sourcils, je l'observe avec étonnement. Elle est d'accord à ce que je parte ? Je ne peux m'empêcher de penser que ce n'est pas normal.

- Vous m'en voyez désolé, je ne voulais pas en arriver là, continue-t-elle avec, pourtant, un immense sourire ravie.

- Arriver à quoi ? demandons Harry et moi en chœur.

- Guerre - quatre...

  À peine ces mots prononcés que je sens le début de bestioles m'attaquant petit à petit le cerveau pour me... contrôler. J'ai un mouvement de recule, le regard assombri et toute envie de rire disparaissant pour laisser place à mon cœur qui bat plus vite. 

- Vous n'oserez pas le faire ici et qui plus est devant Harry, dis-je, mais mon ton est tremblant.

  Il est vrai que la provoquer n'est pas la bonne solution, mais je n'ai que ça à faire pour montrer que je suis invulnérable.

- Voir la véritable nature des personnes est notre but principal, au ministère, répond Ombrage. Je suis sûre que vous vous souvenez de la suite, ma chère Malefoy... Asservissement, joie - trois, ajoute-t-elle en écarquillant des yeux pour ajouter plus d'effet.

  Mes mains se mettent à trembler alors que je me sens tressaillir. Harry se lève aussitôt et me secoue :

- Mélody, dit-il, Mélody, qu'est-ce que tu as ?

- Ça va recommencer... murmurai-je, la respiration de plus en plus rapide. Il faut que je sorte d'ici !

  Je repousse Harry au même moment où Ombrage dit à mi-voix :

- Ordres...

  Je suis prise d'un violent mal de crâne qui me fait tituber sur le côté. Je m'en retiens aussitôt et de justesse à un guéridon, y faisant tomber le vase qui se brise en morceaux lorsqu'il tombe à terre.

- Calamité...

  Ma vue se trouble, mes mains sont aussi tremblantes que moites et ma respiration se coupe alors que je vois la porte au loin qui semble rétrécir. Il faut que je sorte d'ici ! Il le faut, et vite !

- Mais qu'est-ce que vous lui faites ? s'écrie Harry, prit de panique.

- Il faut que je sorte ! répétai-je. Elle va me Conditionner... Elle va y réussir...

  Harry comprend aussitôt et ne perd pas de temps à regarder Ombrage avec choc ; il m'attrape par le bras et m'aide à sortir. Au même moment où j'entends...

- Deux. Souris...

  La porte se claque immédiatement grâce à Harry, m'empêchant d'entendre la suite. Mais les images qui viennent, elles, n'empêchent aucun vertige. Le sang... Le goût du meurtre... Les hommes et les femmes en pleurs... Les éclairs verts les tuant... Les Reptiliens humanoïdes qui lèvent leurs têtes écailleuses vers moi... Je peine à sortir complètement de la classe, me retenant à chaque mur en courant autant que possible. Je vous en supplie, que quelqu'un arrête ça !

Point de vue George


- Ça fait quand même assez long, là, dis-je en me triturant la lèvre inférieure avec mes doigts, angoissé.

- C'est une retenue, me rappelle Fred.

- Et alors ? Mélody nous l'a dit : elle ne resterait pas plus de cinq minutes.

  Et ça fait exactement plus de dix minutes et cinquante secondes qu'on l'attend. Je suis inquiet. J'ai un mauvais pressentiment. Ombrage, c'est elle qui l'a mise en retenue... Est-ce qu'elle osera essayer de la Conditionner à nouveau ?

- Tu crois que Ombrage le ferait devant un autre élève ? comprend Fred. Elle ne prendrait pas ce risque là.

- On voit que tu ne connais pas Ombrage comme Blondie et moi la connaissons. C'est une pure saleté, une véritable psychopathe !

- Ouais, enfin, là, c'est toi le psychopathe, tu n'arrêtes pas de t'inquiéter pour rien. Je suis même prêt à parier que Blanche-Neige va vouloir prendre cette opportunité pour lui faire payer.

  Je ne peux m'empêcher de penser à cette solution aussi. Ce qui serait tout de même beaucoup plus positif. Également un poil très amusant.

- Imagine, elle lui crame les cheveux ? continu-t-il.

  À cette idée, j'ai envie de rire. Ça, c'est clair, ça me ferait plaisir.

- Par contre, ce serait bien qu'elle se dépêche, on a nos produits à vendre dans la salle commune. 

- Oh, ne t'en fais pas, ta petite Amy saura patienter.

  Il lève les yeux au ciel quand l'on entend un grand fracas dans l'escalier, comme des livres qui tomberaient pas terre. Fred et moi échangeons un regard, nous redressant sur le coup.

- Tu crois que c'est Blondinette ? me demande Fred.

- Maladroite comme elle est, ça se pourrait.

  Il pouffe de rire avec moi et on part en trottinant vers le dit escalier. J'ai hâte de voir si ça s'est bien passé ! Je suis même sûr qu'elle aura une bonne anecdote à nous raconter. Sauf que toute jovialité disparaît lorsqu'on remarque que c'est bien Mélody, mais elle est pliée en deux, la tête entre ses mains recouvertes de givre, à se tenir les tempes en hurlant silencieusement. Son sac à glisser à terre et sa respiration est haletante.

- Ma Belle ? dis-je en montant vivement l'escalier.

- Blanche-Neige, ça va ? demande Fred.

  Elle titube en arrière en gémissant de douleur, se retenant au mur.

- Non... Non... murmure-t-elle.

- Hey, ma Belle ! m'écriai-je en accourant vers elle, angoissé.

  Je tente de la redresser mais elle reste à geindre en murmurant :

- Ça va recommencer.... Ça va recommencer... Non... Non !...

- Quoi ? Qu'est-ce qui va recommencer ?

  Elle parvient à relever ses yeux vers moi. Son regard me transperce comme un couteau dans l'estomac. Non... Ne me dis pas que Ombrage a...
  En voyant le regard que j'adresse à fred, il comprend aussitôt.

- Hey, ma Belle, regarde-moi. Regarde-moi !

  Mais elle est trop perturbée pour m'écouter. Elle ne cesse de répéter que tout va recommencer, qu'elle les entend, toutes ces voix... Si je ne la connaissais pas, je la prendrais pour une cinglée. Or, je sais que c'est la marque du Conditionnement. Et je ne peux m'empêcher de m'angoisser de plus en plus malgré que je tente de rester calme.

- On ferait mieux de ne pas rester en plein milieu du couloir, avec toutes les oreilles qui peuvent trainer, dit Fred en regardant aux alentours.

  Je passe un bras sous les genoux de Mélody, l'autre autour de son dos et la soulève aisément du sol alors qu'elle continue à se tenir la tête entre les mains. Rapidement, on trouve une classe vide et y entrons. Fred ferme la porte à clé d'un coup de baguette magique et j'assoie Mélody sur une chaise vide en prenant place face à elle alors que mon frère s'installe sur un pupitre à côté de nous.

- Hey, ma Belle... dis-je doucement.

  Mélody sursaute et relève sa tête en regardant vivement de par et d'autre, la respiration haletante. 

- Love, calme-toi, continuai-je en la voyant au bord de la crise d'angoisse.

  Ses yeux peints de terreur se tournent vers moi.

- Ellallaircommencer ! Ellallaircommencer, j'airienpufaire, Harryétaitlàilm'aidémais...

  Elle parle tellement vite qu'on a du mal à comprendre ce qu'elle veut dire. Impuissants, inquiets, Fred et moi tentons de la calmer en lui parlant mais elle semble dans un état second. Mélody se plie soudain en deux, ses mains plaquées aux oreilles.

- Arrêtez... Stop !

- Mélody, regarde-moi putain ! m'emportai-je en prenant de force son visage entre mes mains, tandis que Fred se voit obliger de lui tenir les poignets.

  Mélody cesse son agitation et écarquille des yeux, comme si qu'elle vient à peine de se rendre compte que nous sommes là.

- Mélody, calme-toi, repris-je plus doucement, en essuyant ses larmes avec les pouces. Calme-toi, on est là. Je suis là, avec Fred. Ombrage n'est plus là, tout va bien. Elle n'est plus là, elle ne peut plus rien te faire tant que tu es avec nous.

- Inspire, expire à fond, Blondinette... ajoute Fred, aussi inquiet que moi.

  Tremblante, elle ferme un instant les yeux en secouant sa tête de gauche à droite avant de souffler doucement et de rouvrir les paupières, essoufflée et le regard embué de douleur. Elle fronce les sourcils et nous regarde à tour de rôle.

- George ? Fred ? murmure-t-elle à mi-voix.

- Oui, c'est nous, répondis-je en soufflant de soulagement, rassuré qu'elle n'ait pas fait de crise d'angoisse. Tu n'as plus rien à craindre, tu es loin de Ombrage. Tu es avec nous.

  Je fais signe du regard à Fred qu'il peut la lâcher et c'est ce qu'il fait avec appréhension, la regardant comme si qu'il essaie de cerner quelque chose. Après dix minutes à ce qu'elle prenne son temps pour se calmer, on finit par lui demander ce qu'il s'est passé.

- Ombrage... Après que je l'ai un peu légèrement menacée...

- Un peu légèrement menacée ? répètai-je avec un rictus amusé.

- Oui... Ou plutôt pas mal menacée en lui disant que j'allais faire de sa vie un Enfer...

  Fred et moi étirons un sourire. Ça, c'est bien Mélody. Elle pourrait risquer n'importe quoi, la chose qu'elle gardera toujours, c'est sa force de caractère. Parce que PURÉE ce qu'elle en a des burnes pour une fille ! 

- J'ai voulu partir de la retenue, reprend Mélody, mais elle... elle a commencé à la redire, cette suite de mots qui me Conditionne. Harry a réagit vite, il... il m'a aidé à sortir mais je... je crois qu'il ne voulait pas avoir plus de problème alors il est resté à faire ses lignes... Mais quand j'ai entendu Ombrage qui commençait à vouloir me Conditionner... C'était horrible. Je... J'avais... J'avais cette sensation, à nouveau, qu'on s'amusait à me contrôler. Comme si... comme si que je n'étais plus maîtresse de mes actes. Et toutes ces voix... Elles m'incitaient à tuer, à retourner au ministère pour obtenir ma première cible... Tous ces gens qui hurlaient dans ma vision... Et tous ces Reptiliens... J'ai mal... à la tête... aux... aux tempes... Tout tourne... comme dans une machine infernale... Ce... C'est horrible... J'en peux plus... 

  Elle siffle de douleur en prenant sa tête entre les mains. 
  À chacun de ses mots, mon regard s'est assombri. D'autant d'angoisse et de compassion pour elle, que de rage envers tous ces abrutis au Pouvoir. Envers notamment cette garce d'Ombrage à qui j'aimerai offrir mes plus belles claques. Même si, je le sais, ce ne serait que trop doux pour cette folle.
  Je caresse doucement les cheveux de Love, échangeant un regard inquiet et sombre avec Fred. Elle va le payer, cette Ombrage.

- Ça va aller, ma Belle... dis-je. On est là maintenant. Je suis là.

  Je l'embrasse avec force sur la tempe, m'en voulant amèrement. Si j'aurai été là, rien de tout ça ne serait arrivé !
  Mélody se redresse en soufflant difficilement, prise d'un frisson.

- Que vous soyez là ou non, elle a quand même des moyens de nous atteindre sans que personne ne soit au courant. Regardez seulement ce qu'il a risqué d'arriver ; elle était prête à me Conditionner devant les yeux de Harry. Elle ne reculera devant rien, et...

- Alors on doit prévenir Dumbledore, dit Fred.

- Il a raison. Dumbledore fera sûrement quelque chose, ou du moins, si Ombrage voit à quel point il t'a sous son aile, elle n'osera rien te faire, renchéris-je.

- Je ne suis pas sûre que ça fonctionne... Dumbledore a des problèmes urgents à régler pour l'Ordre du Phénix.

- Des problèmes plus urgents que la fille la plus puissante au monde ? Je suis prêt à parier façon Verpey qu'il les laisserait tomber pour s'assurer que rien de grave ne t'arrive, rétorquai-je.

  Je me récolte un regard de sa part signifiant : « Arrête avec cette étiquette ». Sauf que, ma foi, je suis persuadé que ma Belle est beaucoup plus puissante que sa tante Éléona et son oncle Daniel réunis.

- Il suffit de voir sa réaction quand toi et Gred vous êtes fait emmenés, complète Fred, Dumbledore était vraiment très furieux. Tout le temps que vous avez passé là-bas, on entendait l'Ordre parler de lui et on aurait dit que la fin du monde allait se mettre en place, simplement parce que le ministère avait la main sur toi.

- Alors s'il y a bien une personne que Dumbledore protégerait plus que Harry, c'est bien toi, ma Belle, approuvai-je.

  Mélody soupire, les lèvres pincées.

- Très bien, allons le voir. Mais j'ignore s'il voudra m'écouter, vu que c'est lui qui a embauché Ombrage.

  On se lève et au même moment où elle passe une main dans ses cheveux, je me mets à froncer les sourcils en remarquant une tâche bleue s'épaissir sur sa manche blanche.

- Attends une minute... Qu'est-ce que tu as là ?

  Elle suit mon regard.

- Ah, ça... C'est l'un des moyens discrets d'Ombrage permettant de faire de la torture douce.

  Elle relève sèchement sa manche et je prends son poignet délicatement, ayant toujours peur de la casser en deux, et sens un feu brûler en moi. 
  Des scarifications, fines, petites, mais à vif, sont tracés comme au scalpel sur le pli de son poignet, dans plusieurs mots qu'on arrive très bien à lire : « Je ne dois pas dire de mensonges ». 

- Mais putain, c'est quoi ça ? m'exclamai-je avec inquiétude.

  Fred regarde à son tour les mutilations et son regard s'assombrit en une haine viscérale, mais sûrement moins grave que la mienne.

- Je viens de vous le dire ; elle nous a donné deux de ces maudites plumes ensorcelées. Une fois utilisé, les dîtes plumes utilisent notre sang comme encre, scalpant les mots sur notre peau. Harry n'a pas eu de chance, lui, c'est sur la main. De quoi être bien visible pour tout le monde. Mais d'un côté, comme il n'est pas hémophile comme moi, sa plaie s'est vite refermée.

  Un feu ardent me brûle les entrailles et je contracte ma mâchoire avec force, peinant à garder une respiration calme.

- Alors le rendez-vous avec Dumby est urgent, dit Fred, énervé.

- Cette sale pétasse t'a refait ça, elle va nous le payer, persifflai-je froidement.

  J'attrape Mélody par la main et on sort de la classe à grands pas. Toute cette injustice me met clairement hors de moi. Si ce n'est pas Kristine Astor, c'est Ombrage qui lui fait du mal. Mais quand est-ce qu'ils lui foutront la paix, par Merlin ?!

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