Aujourd'hui, je lui ai menti. Je lui ai dit que tout allait s'arranger et qu'à la douleur, il s'habituerait. Je n'en pensais pas un mot, mais il fallait que je lui dise. Comment aurais-je pu lui dire, le jour de la mort si inattendue de son père, qu'elle allait le ronger de l'intérieur, plus le temps allait passer.
Il se dit sûrement que je suis la mieux placée pour le comprendre, que si je lui dis ça, c'est que c'est sûrement ce qui allait arriver. Sait-il, au fond, que je lui mens ? Moi qui avait tendance à pleurer devant lui, quand le manque de mon père devenait insupportable, et lui qui me réconfortait.
J'ai menti en disant que dans la vie, si une porte se ferme, d'autres s'ouvrent. Car en vrai, dans la vie, on se retrouve souvent, dans des pièces sombres où rien ne peut nous permettre de nous échapper. On essaye de griffer les murs, avec pour seul espérance, pouvoir creuser un trou qui puisse nous permettre de nous échapper.
Me croit-il vraiment, quand je lui dis que malgré les obstacles qu'il va rencontrer, il s'en remettra. Quand je lui dis que ses épaules sont assez larges pour porter tout le poids que la vie laisse quand on perd la personne aux épaules sur lesquelles tout reposait ?
Aujourd'hui, je mens. Je mens dans l'espoir de redonner le sourire à une personne dont la vie vient d'être brisée.
A moi aussi, on a menti. On me disait que j'étais une personne forte et que je pourrais me sortir de cette épreuve. On m'a promis qu'avec le temps, mon chagrin s'estomperait, et que je ne serais que plus solide. Mais en vrai, je suis usée, et au moindre choque, je m'effrite.
La vérité, c'est que la vie est faite pour essayer de tout enlever toute raison d'être heureux.
La vérité, c'est que la vie est une sorte de gros gouffre duquel on essaye toujours de s'évader mais aussi haut que l'on monte, on glisse toujours et encore, vers le fond.