- ILS ÉTAIENT ; ÉRUDITS

By chisenthem059

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By chisenthem059

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[3410]
PROLOGUE
C HRYSANTHÈM E

   𝔄nnées 2052.

   Oubliez ce que vous savez des cent huit années précédentes, celles de votre monde. Dans le mien, tout ne s'est pas passé ainsi. L'on raconte que les motifs de cette guerre mondiale furent quelque peu différents. On dit que s'ajoutait à la vengeance, les territoires, les ethnies et les croyances, l'apparition d'êtres plus beaux, plus forts, dans certains pays, sans distinction du pouvoir et de la richesse de celui-ci. Et si l'on les admirait, si l'on les persécutait, l'on les voulait aussi. Parce qu'ils étaient ceux qui avaient trouvé l'au-dessus de l'Humain, parce qu'ils étaient supérieurs.

   On les voulait, les Érudits. Et j'en étais un.

   C'était d'ailleurs le cas des quelques femmes et hommes, qui tout comme moi, étaient sagement attablés depuis plusieurs minutes. Comme une tradition ancestrale, lorsque l'horloge principale avait sonné les vingt heures piles dans son vacarme résonnant, l'on claquait les portes et l'on mettait les souliers noirs, ces mêmes talons qui frappaient le parquet pour y courir joyeusement, et alors, la musique se répétait : il était un chœur tout à fait sérieux, si exact à chaque fois qu'il sonnait comme ces chorales à l'église, celles que les enfants clamaient avec la cérémonie d'une hymne nationale.

   Oui, les chaussures tapaient, les jupes drapaient le sol et les mains les rambardes — quel orchestre majestueux que tout cela — puis les voix y allaient bon train en dialogues et gloussements avec la timidité et la discrétion d'un éléphant dans un couloir.

   Et quel orchestre léger, plutôt bête et ignorant. C'était la symphonie des grands enfants de l'Aexilium, notre salle de jeu grandeur nature, notre théâtre permanent.

   Oui, c'était bon enfant, même maintenant l'ambiance se faisait agréable. Les talons et les couverts, devenus amis de longue date, battaient la mesure sans aucune fausse note, seules les jupes étaient sages sous les tables, contrairement aux discussions. Les gens se penchaient par-dessus leur assiette, et mettaient la main sur la bouche, puis ils s'arrêtaient soudainement et glissaient dans l'oreille de leur voisin quelques potins qui, pour sûr, à la fin du dîner, allaient être connus de l'entière tablée sur le bout des doigts comme une comptine enfantine.

   Ma contemplation fut coupée lorsqu'un Serviteur se pencha sur mon épaule.

《 — Monsieur, voudriez-vous le vin ce soir ? 》

   Je regardai mon verre d'eau vide puis mon assiette dans le même état et sentis, comme si la sensation m'était restée cachée jusque-là, mon ventre coller ma chemise. Je n'y étais pas allé de mains mortes aujourd'hui.

《 — Non merci mademoiselle, je n'ai plus de place pour rien ! 》

   Et je lui adressai un sourire complice qu'elle me rendit lorsque que je lui montrai avec le doigt mon ventre plat. Sans doute que la démesure de mon rapport avec la nourriture l'avait fait, dans ma tête, devenir un ballon bien lisse, car mon inconscient se voulait prévenant comme un père.

   Je soupirai alors, repu mais heureux, car après tout, un bon repas ne donnait que le bonheur. Je penchai la tête sur mon siège en clignant des yeux, les mains à plats sur mes cuisses et je soupirai. Quelle bonne journée ! Le brouhaha me parut être la berceuse d'une mère et je me dis que j'étais peut-être ivre sans raison valable, seulement bien plus heureux que d'habitude. Et comme la raison m'échappa, c'était simplement une jolie journée.

   J'eus l'impression de basculer avec ma chaise parce que le plafond tournoyait et avec lui, les cierges clairs, allumés sur les lustres, s'éffacaient comme de la peinture. Les tableaux accrochés aux murs s'animaient lentement : une grosse dame se penchait sur un buisson de chrysanthèmes et un oiseau pendait sur les branches d'un saule en chantant. Derrière l'immense vitre, la lune me souriait comme à un ami et se baignait dans le ciel avec une paresse blanchâtre, me donnant l'envie étrange de m'y noyer avec allégresse.

   Ah ! comme j'étais ivre de joie. Il était à une heure où je ne me posais point de question savante, mais je sentais quelque chose arriver.

   Ce soir même.

   Quand le chariot d'un Serviteur passa derrière moi de telle sorte que je le vis à l'envers, je me redressai d'un coup et heureusement que les pieds de ma chaise étaient plats ou sans doute que j'aurai fini la tête dans mon assiette. Autour de moi, l'on parlait sans me prêter aucune attention et j'en fus assez soulagé, car dans le doute de la vision que je pouvais donner de l'extérieur, je préférais ne pas passer pour un fou qu'il fallait amener à sa chambre pour qu'il s'y fasse gronder comme un enfant.

   Je portai mon attention à mon voisin de gauche que je n'entendais point, comme à l'accoutumée. Monsieur Min penchait sa tête dans son assiette, sûrement pour y sentir une odeur convenable, si bien que j'eus peur que ses longues mèches noires ne s'y trempent et qu'il ne le remarqua pas. Cela n'arriva pas heureusement (ou pas), mais je ris de bon cœur, l'imagination assez mauvaise pour le coup.

《 — Puis-je savoir pourquoi vous riez Monsieur Jeon ? il dit en fronçant les sourcils à mon attention.

— J'ai réellement cru que vous alliez finir par mettre vos cheveux dans votre purée !

— Ah ! bien, cette chose était donc de la purée. il sourit en coin, l'air fière de quelque chose. Et alors, n'allez vous pas me dire ce qu'il y a d'autre ?

— Si si, mais cela ne vous intéressera pas. C'est du bœuf, mais il a été cuisiné d'une manière que je ne connais pas, c'est sûrement pour cela que vous n'avez rien reconnu. Ceci dit, l'odeur est assez agréable n'est-ce pas ? je respirai un bon coup, le parfum dans l'air était un mélange curieux de pommes de terre, de bois chaud et d'épices étranges.

— C'est assez vrai mais dans le doute, j'attendais votre présentation. J'ai bien fait d'ailleurs, sinon j'aurai croqué un morceau de cette chose. il fronça le nez et ses lèvres allèrent à son menton, créant des plis sur son visage pâle et le rendu en fut assez comique pour que j'en sourisse.

— Oui je sais bien Monsieur, que vous n'aimez pas la viande mise à part le lapin ! je roulai des yeux, tentant tant bien que mal avec mon ton de lui montrer mon agacement. Faites moi au moins le plaisir de manger cette purée, ou vous allez mourir de faim. Oh ! et puis tiens, prenez un peu de pain et de vin, vous voir si maigre me fait du mal.

— C'est ça, c'est ça, je n'en aurai pas même le temps, vous avez pris plus d'une demi heure à me dire ce qu'il y avait dans mon assiette ! 》

   Je tournai la tête vers l'immense horloge au-dessus de la fenêtre qui affichait vingt heures quarante. Déjà ! Elle faisait tant de bruit que Min avait dû en entendre toutes les secondes mais pas moi.

《 — Je suis sincèrement désolé Min, mangez donc, allez dépêchez-vous, le pressai-je en lui tapant le dos, il ne reste que cinq minutes. 》

   Il ne tourna plus la tête et se contenta d'amener sa cuillère à sa bouche avec un empressement assez dissimulé pour que seul moi puisse le deviner. Il fallait dire que ce Min était discret depuis toujours, et en plus, il était assez peu expressif pour que cela fasse de lui un bon acteur, et menteur, cela va de soit. Pourtant je sentis une certaine animosité autour de lui, comme si une aura invisible voulait m'empêcher de le toucher à nouveau. Il n'aimait pas trop ça en vérité, et j'osais m'en amuser assez rarement.

   Durant les minutes qui suivirent, j'écoutais les gens rire et parler sans ressentir le besoin de les accompagner, et raclai la porcelaine pâle de mon assiette avec les dents d'argent de ma fourchette, sans que — étonnamment — cela ne fasse de bruit (je ne l'aurais supporté). Puis, je jetais un oeil aux dents d'acier qui valsaient sur le cadran, et alors, à l'approche de l'heure fatidique, je montais mes manches sur mes poignets et repassais ma chemise (déjà lisse) avec ma paume, mes pieds trépignant d'impatience sur le sol.

   Je m'agitais.

   Lors des dîners, il nous était impossible de sortir de la salle à manger et après ces trois quarts d'heure je l'avoue, il me fallait bien me dégourdir les pattes.

   Enfin, 20h45 sonna dans tout l'Aexilium, comme le tintement des cloches de l'église, un dimanche.

《 — Allons bon, je n'en pouvais plus ! dis-je en me tournant vers mon voisin. Allez Min, dépêchons. et je lui passai un bras sous le coude pour l'aider à se lever. 》

   Comme si une récréation avait retenti, les hommes poussèrent les chaises en raclements désordonnés, invitant les dames à leur coude quelques fois, et alors, celles-ci prenaient leur robe pour les soulever ou elles glissaient les boucles derrière les oreilles et l'on s'en allait tous en voleurs en jacassant comme des autruches. J'en fis de même en riant sans raison (avais-je mis uniquement de l'eau dans mon verre en réalité ?) ou peut-être car l'ambiance s'y prêtait.

   Une dizaine de Serviteurs derrière nous, s'affairaient déjà à ranger les tables et comme des fourmis ouvrières, ils et elles posaient les coupes sur les chariots, lissaient la nappe ou piquaient tout sourire, le reste des pâtisseries. J'en pouffai car pour sûr que si mon ventre ne s'apprêtait pas à exploser et si j'en avais le droit, j'en aurais fait de même.

   Et de chaque côté, on faisait fermer ces fabuleuses portes en entier comme pour cacher ce ballet ; elles devaient bien faire plus de trois mètres, peut-être quatre car elles touchaient de presque le plafond. Comme elles étaient en bois massif, sculpté en arabesques fantasques parfois bordées de lignes d'or, elles étaient si lourdes qu'il fallait bien quatre Hommes pour en pousser les deux battants.

   Je reconnu d'ailleurs le Serviteur qui m'avait proposé le vin plus tôt et je lui souris en m'échappant car elle m'eut l'air fort sympathique.

   Elle était menue de partout et avec ma grande taille, elle m'apparut comme à un parent, mais elle avait l'aura forte qui vous faisait la respecter dans l'immédiat. Elle avait les yeux grands et sombres, presque noirs, et les cils longs près de ses sourcils épais. Son nez était assez gros, mais il lui allait parfaitement à la figure ! et dessous, ses lèvres étaient charnues et roses. Elle portait un teint d'or brun et les cheveux frisés relevés exactement sur sa petite tête.

   D'après les livres que j'avais lu, elle devait être une descendante d'Élus d'Afrique du Nord, car elle détenait un charme exotique, inhabituel à regarder mais très plaisant. Je fus étonné de ne pas l'avoir remarqué avant.

《 — Mais allez-vous donc me lâcher ? Je ne vais pas me perdre je vous assure, et je ne suis pas votre gosse ! 》

   Je tournai enfin le menton devant moi pour constater que je n'avais pas laissé ce pauvre Yoongi depuis ce temps. Le pauvre ! comme j'avais dû être agaçant pour lui ce soir ! Je me détachai enfin de lui en lui lançant un sourire contrit et calmai enfin mes ardeurs. Et bien, je ne savais pas ce que j'avais ce soir, mais ce beau temps, cette bonne viande et ce pressentiment excitant me faisait tourner la tête, je sentais mon âme ivre, plus bête et lucide à la fois !

   Comme nous avions la chambre une, il nous fallait bien traverser trente cinq mètres pour atteindre notre porte alors l'on se devait de pousser les monsieurs plus vite dans leur chambre ; c'était une course contre la montre car plus vite nous étions dans la notre, mieux c'était. En chemin, nous entendions les vannes et les rires rauques de certains, et on en voyait d'autres sortir le front de derrière leur porte, pour agiter la main vers les dames qui (pour certaines ?) en faisaient de même de l'autre côté de la passerelle. Puis ils riaient timidement et enfin les portes claquaient, on courait presque, Min devant moi, et au passage je baisai les mains de quelques connaissances en souhaitant la bonne nuit.

   Ô oui ! nous connaissions tous cette valse sur le bout des doigts, à force de pratique.

   Je marchai sans même bouger les bras, les pas larges et la bouche souriante, regardant la longue cape de Monsieur Min qui dansait contre le sol de bois en vagues aqueuses que je manquais à chaque fois d'écraser.

《 — Mais dépêchez-vous ! me pressa Min en me laissant le devancer, et alors j'insérai la clé dorée dans la serrure. 》

   Enfin ! je passai notre porte et mon ami en fit de même, avec tant de prestance et de rapidité dans les gestes que sa cape vola et que sa capuche tomba de sur sa figure, et il me rappela ces magiciens et ces sorciers qui dans mes livres, entraient ainsi. Je soupirai tout l'air du monde en m'adossant à la porte mais finis par rire de la situation.

《 — Eh beh, j'ai bien cru que nous allions être en retard ! le sorcier se tourna vers moi sans me regarder, les sourcils hauts et froncés sur le front. Monsieur Jeon, il n'y a rien de drôle à tout cela ! Si au moins, vous n'aviez pas salué ces gens et que vous ne m'aviez pas ralenti.

— Allons, c'aurait été bien mal poli de ma part de ne point dire bonne nuit à ces messieurs. Si tu voyais Yoongi, si tu voyais ces étoiles qu'ils ont tous dans les yeux en me voyant, ils me regardent avec tant d'admiration que je préfère encore leur donner ce qu'ils veulent pour m'en débarrasser. je laissai ma main voguer dans l'air en levant les yeux au plafond. De toute façon, comme tu es si intelligent, je suis persuadé que tu n'as pas besoin de les voir pour le savoir ! il soupira d'agacement.

— Tu n'essaierais pas de m'amadouer par hasard ? Et en plus de cela, tu penses que ça va marcher ? Enfin Jungkook, sais-tu seulement ce qui arrive aux Hommes qui ne respectent pas les règles des Modérostiers ?

— Oui oui ! tout le Peuple doit se trouver dans les chambres à 20h47 précisément. Et puis, non je l'ignore, comme tout le monde ici, et comme toi Min, pour rappel. 》

   Je m'avançai dans la pièce, le pas lourd et les lèvres droites, et pour sûr que si Min ne me connaissait pas, rien qu'à ce bruit, il aurait eu peur. Mais je n'avais aucune intention particulière si ce n'est m'amuser un peu, j'avais juste l'humeur étrange et le corps fatigué. Il s'en alla faire voler sa cape sur ses frêles épaules pour l'enlever et la posa sur son lit, me laissant en plan, pour me calmer sans doute.

   Puis il revint vers moi le menton droit vers ma poitrine en marchant avec lenteur. Il posa brutalement son index sur celle-ci, abandonnant la grâce qui le mouvait d'habitude et enfin, il releva la figure et ouvrit ses paupières pour planter ses yeux dans les miens, calmes. Là, la lune dans le dos, ils étaient comme deux perles claires, d'un bleu terriblement pâle, presque gris, et il avait les cils longs qui se fermaient avec la légèreté d'un papillon.

   Ses yeux, il les détestait, et ne les ouvrait que pour moi, parce que je les trouvais magnifiques mais parce que d'après lui, ils rendraient mal à l'aise les autres.

《 — Jeon Jungkook, cesse donc tes petits caprices veux-tu. Tu vas me faire la lecture puis nous irons nous coucher. Pas de café ni de bibliothèque pour toi ce soir, tu es complètement ivre.

— Mais je n'ai rien bu ! je répliquai en exclamations indignées.

— Et bien tu es fou, je m'en fiche, mais nous ferons ça n'est-ce-pas ?

— Oui, oui. 》

   Je levai les yeux en soupirant, assez habitué, et il souffla en partant marmonner dans son coin ; sans doute qu'il m'injuriait de toutes les manières possibles en s'agaçant. Je ris de bon coeur en allant me rincer le visage dans notre salle de bain, histoire de me rendre moins fou (un tant soit peu!). J'allais me poser sur le bord de ma tête-de-lit et lui criai car il était allé se changer dans la salle d'eau :

《 — Que lisons-nous ce soir ? et je me penchai vers la salle ; quel réflexe inutile.

— Va pour Daphné. il me répondit avec nonchalance, alors même que je le savais excité à la simple idée de lire encore. S'il eût été plus émotif, sans doute qu'il eut des trémolos dans la voix. 》

   Plus tard nous commencions notre lecture, lui dans lit, les yeux grand ouverts et les draps lisses jusque sous son cou, moi, dos à la fenêtre pour que les éclats lunaires m'illuminent mieux les lettres. Il était une nuit clair, sans aucun coton gris dans le noir du ciel et la lune dans mon dos, je la savais pleine, grosse et ronde. C'était une autre de nos valses habituelles, qui cette fois, nous était propre et volontaire ; j'aimais lui lire et lui m'écouter. Parce que même si nous adorions cela, les bouquins, l'un d'entre nous était incapable d'en déchiffrer les lignes. On s'aidait comme on le pouvait.

   Et soudain, l'on cogna trois coups à notre porte.

   Min fronça les sourcils en se relevant et je manquais de faire tomber le carnet. Je portai immédiatement le regard à ma montre alors que des pas feutrés se faisaient entendre de derrière la porte, et sans doute que c'était une femme, car malgré qu'elle l'eut relevé, sa robe dans son dos, drapait le sol en frôlements délicats. (C'était un son que je connaissais tout à fait, parce qu'il rythmait mes journées depuis bien plus de dix ans.)

   Il était 21h00 pile, et à cette heure ci, personne ne sortait. Sauf les Modérostiers.

《 — Qui c'est ? Min lança, le ton surpris, assez méfiant, et comme l'on ne lui répondit rien il me dit : Va ouvrir Jeon. 》

   Je posai mes pieds sur le sol en laissant sur ma table de chevet, les pages ouvertes contre le bois et me dirigeai à la porte que j'ouvris en un coup de vent, tentant en vain de surprendre quiconque. Il n'y avait personne et les portes de la salle à manger étaient exactement fermées. Puis je portai le regard aux alentours et remarquai, là, sur le sol, une lettre blanche et lisse. Je la saisis, les traits si surpris que mon nez se fronçait.

   Le pressentiment.

《 — Et alors, qui c'était ? on me dit dans le dos.

— Il n'y avait personne. Absolument rien. je marquai une pause en retournant le papier entre mes doigts. Sauf une lettre. 》

   Je sentais mes yeux grands sur ma figure et je claquai soudain la porte, et un hoquet de surprise sembla me transpercer la langue. Je tournai et retournai l'objet, les yeux exorbités et la mine grave, la bouche basse, les doigts calmes, peut-être un peu trop. Et tout cela, parce que le sceau sur cette lettre ne m'était en rien étranger. Je passai ma paume sur mes lèvres puis dans mes cheveux, les gestes brusques, mal maîtrisés et pour le coup, Min avait sans doute pressenti la folie qui me prenait le ventre.

   La lettre était cachetée d'une pâte mole, de l'argile (ou de la cire) noire, où était gravé le symbole même de notre appartenance au Peuple de l'Aexilium. Un buste nu arrêté sous le menton car en guise de tête, il y avait cette fontaine d'où coulait de l'eau sur le corps et d'où sortait un lierre curieux, qui grimpait les courbes de la chair.

   Et à l'Aexilium, l'on ne recevait jamais de lettre ;

《 — Sauf une lettre des Modérostiers. continuai-je, la voix basse. 》

   Et encore moins des plus hauts placés du dirigeable.

'' Jeon Jungkook,

Il est inutile que je tente de vous convaincre de mon statut dans l'Aexilium, alors oublions les modalités. Demain, huit heures tapante, je vous veux devant la porte de la chambre vingt. Vous y tapperez cinq coups exactement, et y entrerez sans attendre de réponse. Munissez vous d'un foulard pour cacher vos yeux, ou bien gardez le menton bas, mais je vous défends de regarder votre supérieur au-dessus du cou, ou quelque chose pourrait bien se trouver sur le votre ou autour, qui sait. Vous ne parlerez de cette lettre à personne.

C'est un ordre. Bonne soirée. "

   Et si ce pressentiment m'avait rendu ivre et joyeux, désormais, il me courait sur le dos d'affreux soubresauts et sous ma gorge, il me sembla sentir, un couteau étrangement délicat.

𝖡𝗈𝗇𝗃𝗈𝗎𝗋 𝖺̀ 𝗍𝗈𝗎𝗌 𝖾𝗍 𝖺̀ 𝗍𝗈𝗎𝗍𝖾𝗌 ! 𝖩'𝖾𝗌𝗉𝖾̀𝗋𝖾 𝗊𝗎𝖾 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝖺𝗅𝗅𝖾𝗓 𝖻𝗂𝖾𝗇, 𝖾𝗇 𝗍𝗈𝗎𝗍 𝖼𝖺𝗌 𝗆𝗈𝗂, 𝗃𝖾 𝗌𝗎𝗂𝗌 𝗏𝗋𝖺𝗂𝗆𝖾𝗇𝗍 𝗁𝖾𝗎𝗋𝖾𝗎𝗌𝖾 𝖽𝖾 𝗆𝖾 𝗅𝖺𝗇𝖼𝖾𝗋 𝖽𝖺𝗇𝗌 𝖼𝖾𝗍𝗍𝖾 𝖺𝗏𝖾𝗇𝗍𝗎𝗋𝖾 𝗊𝗎𝗂 𝗃𝖾 𝗅'𝖾𝗌𝗉𝖾̀𝗋𝖾, 𝗇𝗈𝗎𝗌 𝗅𝖺𝗂𝗌𝗌𝖾𝗋𝖺 𝗍𝗈𝗎𝗌 𝗉𝖺𝗇𝗍𝖾𝗅𝖺𝗇𝗍 ! 𝖩'𝖺𝗂 𝖻𝖾𝖺𝗎𝖼𝗈𝗎𝗉 𝗍𝗋𝖺𝗏𝖺𝗂𝗅𝗅𝖾́ 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝖼𝖾 𝗉𝗋𝗈𝗃𝖾𝗍 𝖺𝗅𝗈𝗋𝗌 𝖼𝗈𝗆𝗉𝗋𝖾𝗇𝖾𝗓 𝗆𝗈𝗇 𝖾𝗇𝗍𝗁𝗈𝗎𝗌𝗂𝖺𝗌𝗆𝖾 𝖾𝗍 𝗇𝖾 𝖿𝖺𝗂𝗍𝖾𝗌 𝗉𝖺𝗌 𝗅𝖾𝗌 𝗍𝗂𝗆𝗂𝖽𝖾𝗌, 𝖽𝗂𝗍𝖾𝗌 𝗆𝗈𝗂 𝖼𝖾 𝗊𝗎𝖾 𝗏𝗈𝗎𝗌 𝗉𝖾𝗇𝗌𝖾𝗓 𝖽𝖾 𝖼𝖾 𝗉𝗋𝗈𝗅𝗈𝗀𝗎𝖾, 𝗅𝖺𝗂𝗌𝗌𝖾𝗓 𝗏𝗈𝗌 𝖽𝗈𝗂𝗀𝗍𝗌 𝗌'𝖺𝗀𝗂𝗍𝖾𝗋 𝗌𝗎𝗋 𝗅𝖾 𝖼𝗅𝖺𝗏𝗂𝖾𝗋, 𝗆𝖾̂𝗆𝖾 𝗉𝗈𝗎𝗋 𝗍𝖾𝗌 𝗂𝖽𝗂𝗈𝗍𝗂𝖾𝗌 𝗊𝗎𝖾 𝗃'𝖺𝗎𝗋𝖺𝗂𝗌 𝗉𝗅𝖺𝗂𝗌𝗂𝗋 𝖺̀ 𝗏𝗈𝗂𝗋 !

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