๐–๐ก๐ฒ ๐‡๐จ๐ฌ๐ž๐จ๐ค ?

By jefaispitierjesais

845 159 801

๐ˆ๐ง๐ฌ๐ฉ๐ข๐ซ๐žฬ ๐๐ฎ ๐ฅ๐ข๐ฏ๐ซ๐ž ๐๐จ ๐ž๐ญ ๐ฆ๐จ๐ข, ๐ฆ๐š๐ข๐ฌ ๐ฏ๐ž๐ซ๐ฌ๐ข๐จ๐ง ๐๐“๐’. ๐—˜ฬ๐—น๐—ฒฬ€๐˜ƒ๐—ฒ ๐—ฑ๐—ฒ ๐˜€๐—ฒ๐—ฐ๐—ผ๏ฟฝ... More

โฆ
โฆ
โฆ
โฆ
โฆ

โฆ

132 27 174
By jefaispitierjesais

Hoseok est assis par terre, appuyé contre un poteau, il a déposé devant ses pieds une boîte de thon vide dans laquelle sont tombées quelques pièces. Je n'ai pas vérifié les horaires des trains sur le panneau d'affichage, je me suis dirigé directement vers le quais, à l'endroit même où il m'avait abordé, je m'avance vers lui d'un pas décidé, je m'approche et soudain j'ai peur qu'il ne se souvienne pas de moi.

- Salut.
- Tiens, Kim Namjoon.

Il a dit ça sur un ton hautain, celui qu'on utilise pour imiter les gens un peu snobs dans les sketches comique ou les publicités. J'ai failli faire marche arrière mais j'avais pas mal répété et n'avais pas envie de renoncer.

- J'ai pensé qu'on pourrait aller boire un chocolat...ou autre chose...Si tu veux. Je t'invite.

Il se lève d'un bond, attrape son sac en toile, marmonne qu'il ne peut pas laisser tous ça là, il désigne du menton une petite valise à roulettes et deux sacs en plastique plein à craquer, je prends les sacs et lui laisse la valise, j'entends un merci derrière moi, sa voix me paraît moins assuré que la première fois. Je suis fière d'avoir fait ça, d'ouvrir la marche, et pourtant je suis mort de peur à l'idée de me retrouver en face de lui. Près des guichets nous croisons un homme avec un grand manteau sombre, il lui fait un signe, je me retourne, je le vois répondre, de la même manière, avec un petit mouvement de la tête, imperceptible, en guise d'explication il me dit qu'il y a beaucoup de flics dans les gares. Je n'ose pas poser de question, je regarde autour de moi si j'en repère d'autres, mais je ne vois rien, je suppose qu'il faut beaucoup d'entraînement pour les reconnaître. Comme je m'apprête à entrer dans le café situé à côté du panneau d'affichage de trains, il me retient par l'épaule.

Il ne peut pas aller là, il est grillé. Il préférait sortir. Nous passons devant le relais à journaux, il fait un détour pour saluer la femme qui tient la caisse que j'observe de loin, elle a une grosse poitrine, ses lèvres sont peintes et ses cheveux roux flamboyant, elle donne à Hoseok un Bounty et un paquet de petit Lu, Hoseok me rejoint. Nous traversons le boulevard et entrons dans l'une de ces brasseries aux larges vitrines qui se ressemblent toutes, j'ai juste le temps de lire le nom inscrit sur l'auvent. A l'intérieur sa sent la saucisse et le chou, je cherche dans ma base de données interne à quelle spécialité culinaire peut correspondre cette odeur, potée au chou, chou farci, chou de Bruxelles, chou blanc, savez-vous planter les choux, il faut toujours que je prenne les chemins de traverse, que je me disperse, c'est énervant mais c'est plus fort que moi...

Nous nous asseyons, Hoseok garde ses mains sous la table. Je commande un coca, il prend une vodka. Le serveur hésite quelques secondes, un peu plus il va lui demander son âge, mais il soutient son regard avec une insolence incroyable, ça veut dire ne me fais pas chier connard, ça j'en suis sûr, on peut le lire comme sur une pancarte, et puis il voit son blouson troué, celui qu'il garde au-dessus, et comme il est sale, il dit sa marche et tourne les talons.

Je vois souvent ce qui se passe dans la tête des gens, c'est comme un jeu de pistes, un fil noir qu'il suffit de faire glisser entre ses doigts, fragile, un fil qui conduit à la vérité du Monde, celle qui ne sera jamais révélée. Mon père un jour il m'as dit que ça lui faisait peur, il ne fallait pas jouer à ça, qu'il fallait savoir baisser les yeux pour préserver son regard d'enfant. Mais moi les yeux je n'arrive pas à les fermer, ils sont grands ouverts et parfois je met mes mains devant pour ne pas voir.

Le serveur revient, il pose les verres devant nous, Hoseok attrape le sien d'un geste impatient. Alors je découvre ses mains noires, ses ongles rongés jusqu'au sang, les traces de griffures sur ses poignets. Ça me fais mal au ventre.

On boit comme ça, en silence, je cherche quelque chose à dire mais rien ne vient, je le regarde, il a l'air si fatigué, pas seulement à cause des cernes sous ses yeux, ni de ses cheveux emmêlés, ni de ses vêtement défraîchis, il y a ce mot qui me vient à l'esprit, abîmée, ce mot qui fait mal, je ne sais plus s'il était déjà comme ça, la première fois, peut-être n'avais-je pas remarqué, il me semble plutôt qu'en l'espace de quelques jours il a changé, il est plus pâle ou plus sale, et son regard plus difficile à attraper. C'est lui qui parle en premier.

- T'habites dans le quartier?

- Pas du tout. Et toi?

Il sourit. Il ouvre ses mains devant lui, ses mains noires et vides, dans un geste d'impuissance qui veut dire: rien, nulle par, ici...ou je ne sais pas.

Un blanc s'en suit.
Je bois une grande gorgée de mon coca et je demande:

- Alors où tu dors?

- A droite ou à gauche. Chez des gens. Des connaissances. Rarement plus de trois ou quatre jours au même endroit.

- Et tes parents?

- J'en ai pas.

- Ils sont morts?

- Non.

Il me demande s'il peut reprendre autre chose à boire, ses pieds gigotent sous la table, il ne peut pas s'appuyer sur le dossier, ni poser ses mains quelque part, il m'observe, détaille mes vêtement, change de position, revient à la précédente, il fait tourner entre ses doigts un briquet orange, il y a dans tout son corps une forme d'agitation, de tension, nous restons comme ça, en attendant que le serveur revienne, j'essaie de sourire, pour avoir l'air naturel, mais il n'y a rien de plus difficile que d'avoir l'air naturel quand précisément on y pense, et pourtant j'ai beaucoup d'entraînement, je me retiens de poser le déluge de questions qui se bousculent dans ma tête, quel âge as-tu, depuis quand tu ne vas plus à l'école, comment tu fais pour manger, qui sont ces gens chez qui tu dors, mais j'ai peur qu'il se braque et s'en aille, qu'il se rende compte qu'avec moi il perd son temps.

Il entame sa deuxième vodka, il se lève pour attraper une cigarette sur la table d'à-côté (notre voisin vient de descendre aux toilettes en abandonnant son paquet, il aspire une longue bouffée et me demande de lui parler. Il ne dit pas: et toi, ni qu'est-ce que tu fais dans la vie, il dit exactement ça:

- Est-ce que tu peux me parler?

Parler je n'aime pas trop ça, j'ai toujours l'impression que les mots m'échappent, qu'ils se dérobent, s'éparpillent, ce n'est pas une question de vocabulaire ni de définition, parce que les mots j'en connais pas mal, mais au moment de les dire, ils se troublent, se dispersent c'est pourquoi j'évite les récits et les discours, je me contente de répondre aux questions que l'ont me pose, je garde pour moi l'excédent, l'abondance, ces mots que je multiplie en silence pour approcher la vérité.

Mais Hoseok est en face de moi et son regard est comme une prière.
Alors je me lance, dans le désordre, et tant pis si j'ai l'impression d'être mis à nu, tant pis si c'est idiot, quand j'étais petit je cachais sous mon lis une boîte à trésor, avec dedans toute sorte de souvenirs, une plume du Parc Floral à Paris, des pommes de pain, des boules en coton pour se démaquiller, multicolores, un porte-clés clignotant et tout, un jour j'y ai déposé un dernier souvenir, je ne peux pas te dire lequel, un souvenir très triste qui marquait la fin de l'enfance, j'a refermé la boîte, je l'ai glisser sous mon lit et je ne l'ai plus jamais touchée, mais des boîtes ceci dit j'en ai d'autres, une pour chaque rêve, dans ma nouvelle classe les élèves m'appellent le cerveau (comment il est passé du coq à l'âne, sa me rappelle quelqu'un...), ils m'ignorent ou me fuient, comme si j'avais une maladie contagieuse, mais au fond, je sais que c'est moi qui n'arrive pas à leur parler, à rire avec eux, je me tiens à l'écart, il y a aussi un garçon, il s'appelle Seokjin, il vient me voir parfois à la fin des cours, il me sourit, il est en quelques sorte le chef de la classe, celui que tout le monde respecte, il est très grand, très beau et tout, mais je n'ose pas lui parler, le soir j'expédie mes devoirs et je vaque à mes occupations,je cherche de nouveau mots, c'est comme un vertige, parce qu'il y en a des milliers, je les découpe dans les journaux, pour les apprivoiser, je les colles sur les grands cahiers blancs que ma mère m'a offert, quand elle est sortie de l'hôpital, j'ai plein d'encyclopédies aussi, mais je ne m'en sers plus tellement, à force je les connais par cœur, au fond du placard j'ai une cachettes secrète, avec des tas de trucs que je ramasse dans la rue, des trucs perdus, des trucs cassés abandonnés et tout...

Il me regarde avec l'air amusé, il n'a pas l'air de me trouver bizarre, rien ne semble l'étonner, avec lui je peux dire mes pensées, même si elles se mélangent ou se bousculent, je peux peux dire le désordre qu'il y a dans ma tête, je peux dire et tout sans qu'il me le fasse remarquer, parce qu'il comprend ce que ça veux dire, j'en suis sûr, parce qu'il  sait que et tout c'est pour toutes les choses qu'on pourrait ajouter mais qu'on passe sous silence, par paresse, par maque de temps, ou bien parce que ça ne se dit pas.

Il pose son front entre ses bras, sur la table, alors je continue, je ne sais pas si cela m'est déjà arrivé, je veux dire de parler aussi longtemps, comme dans un monologue de Théâtre, sans aucune réponse, et puis voilà qu'il s'endort, j'ai terminé mon coca et je reste là, à le regarder dormir, c'est toujours ça de pris pour lui, la chaleur du café et la banquette bien rembourrée que j'ai veillé à lui laisser, je ne peux pas lui en vouloir, moi aussi je me suis endormis quand on est allés à Paris pour voir L'École des femmes avec la classe, et pourtant c'était vraiment bien, mais j'avais trop de trucs dans ma tête et parfois c'est comme un ordinateur, le système se met en veille pour préservé la mémoire.

Vers sept heures, je commence à avoir vraiment la trouille de me faire engueuler, je le secoue doucement.

Il ouvre un œil, je chuchote.

- Je suis désolé, mais il il faut que j'y aille.

L'empreinte des mailles de son pull est tatouée sur sa joue.

- T'as payé?

- Oui.

- Je vais rester un peu ici.

- Est-ce qu'on pourra se revoir?

- Si tu veux.

J'enfile mon manteau et je sors. Dans la rue je me retourne pour lui faire un signe à travers le vitre, mais Hoseok ne me regarde pas.

_____________

Est-ce normal!?

Je suis devant des gens qui ont plus d'★ et de vues que moi hehe.

Vais-je prendre la grosse tête? Peut-être bien hehe.

Je sais je sais, j'ai pris mon temps pour écrire !

En plus je viens de réagir qu'on est très loin de la fin! (page 37/142)

Kiss kiss les bouffons...

Presque 2000 mots, je suis trop choqué !

☁︎ jefaispitierjesais

Continue Reading

You'll Also Like

33.3K 1.9K 79
Quand un simple dรฎner se transforme en dรฉclaration de guerre, Zoรฉ Parker se promet de ne plus se laisser avoir par le faux air charmeur de Jude Belli...
112K 3.4K 105
Tome 1 et 2 _ La vie amoureuse de Lando Norris, 24 ans, est trรจs bancale. Enchaรฎner les coups d'un soir sans s'attacher pour ne pas รชtre brisรฉ. Jul...
14.4K 261 39
tu es tp tn, tu as 18ans. Aprรจs un passรฉ douloureux et qui remonte a la surface, tu va faire la rencontre d'inoxtag. Es que tu va rรฉussir ร  tenir le...
121K 9.6K 74
Seuls les lieux dรฉserts chassent ce goรปt amer, seul un cล“ur brisรฉ peut รชtre recollรฉ.