C'est un crime que de posséder un regard aussi confiant que le tien,
Comme si tu te moquais depuis toujours d'être chéri par toutes ces filles.
Moi-même, je n'aurais pas dû m'approcher d'aussi près de ton visage,
Mais les étoiles que le ciel a égrené dans tes yeux azurins
M'ont fait trop facilement chavirer à l'ombre de tes cils,
Gravant sur tes grains de beauté le début de mon voyage.
J'étais si paisible, endormie au creux de ton sourire,
Que j'aurais voulu y rester de longues années encore,
Mais les vagues qui léchaient tes orteils t'avaient toujours trop attiré.
Alors, tu as commencé à percuter l'eau de tes pas qui ne faisaient que s'alourdir,
Te guidant tout de même jusqu'à ton endroit préféré qui justifiait tous ces efforts,
Tandis que tu tenais ta planche de surf comme si toute ta vie en était liée.
Tu t'y levais soudain, prêt à te lancer vers les prochains flots,
Me laissant à peine le temps de m'agripper à quelques-uns de tes cheveux flavescents,
Avant qu'une violente vague m'éclabousse une première fois,
Puis une deuxième, jusqu'à me jeter complètement dans l'eau,
Sans ta silhouette qui s'échappait déjà dans le souffle léger de l'océan,
Et loin du sable de ta peau qui s'éloignait peu à peu de moi.
Mais je fermai les yeux, sereine, dans le doux clapotis de l'eau qui me faisait encore flotter,
Des phosphènes de toi apparaissant derrière mes paupières ;
Une île, une petite maison et du calme sur le pas de la porte,
Quelques vagues et une poignée de rêves à dompter pour l'éternité,
Une pensée futile pour les filles qui t'attendaient sur la terre,
Et peut-être pour moi, avant que les vagues ne m'emportent.
(vague à l'âme mais baume au cœur,
l'océan est un bien beau moqueur)