Ce jour-là... c'était un jeudi, si je me rappelle bien...
[...]
Mon plan était en place.
Cela faisait une semaine que je l'avais préparé et rien ne pouvait le gâcher, il était parfait !
Si parfait, que lorsque je mis enfin un pied hors du périmètre du palais, je crus à un piège tendu ou une mauvaise farce.
Je remerciai mentalement Charles qui avait été mon allié le plus précieux dans cette fuite... et mon idiot et lâche de frère qui m'attendais au volant de sa voiture, une cigarette aux lèvres et les cheveux coiffés comme les rebelles des années rock'n'roll.
Je courus, montai sans attendre juste au moment où, m'ayant vu venir du rétroviseur, il démarra l'auto pour partir en trombe.
« Wouhou ! s'écria-t-il. Tu vois que c'était simple ! Il était parfait mon plan !
- C'était le mien je te signale ! maugréai-je, et ne cris pas victoire trop vite, on voit encore le palais.
- T'inquiète, Charles les retient. C'est un chef !
- C'est aussi lui qui t'a aidé ?!
- Entre autres... me sourit-il mystérieusement.
- Ne me dis pas que c'est à cause de toi si Dada et Mari-
- Ne t'inquiète pas pour elles, elles vont bien ! Tu vas très bientôt les revoir, me dit-il en me lançant un clin d'œil.
- Hein !? Mais et si elles ont encore plus de problèmes ensuite, par ma faute !? m'écriai-je inquiet.
- Tu seras en sécurité en attendant de pouvoir sortir du pays. Tu sais que père ne lâchera rien tant qu'il ne t'aura pas retrouvé, et j'en sais quelque chose », me dit-il d'une voix grave avant que son regard ne se perde dans ses souvenirs.
Je ne dis rien et regardai défiler le paysage, me sentant libre... enfin... Le cœur léger.
Namjoon... mes pensées allaient inexorablement vers lui.
On roula plusieurs minutes, peut-être plus d'une heure avant que la voiture s'engage dans un chemin sinueux, dont les nids de poule que mon frère tentait d'éviter malgré lui, me réveillèrent de ma petite sieste.
« Enfin réveillé... on est presque arriver.
- Oh... sorry, je n'ai pas dormi la nuit dernière.
- J'imagine... tu ne vas pas beaucoup dormir, il faudra tout le temps bouger pour qu'ils ne te retrouvent pas... pas tout de suite en tout cas. Aaaahhh... nous y voilà !
- On est où ?
- Un petit cocon que j'ai acheté avec mon propre argent ! me dit fièrement mon frère. Personne ne connait son existence. Acheté sous un nom d'emprunt. Même ma femme ne connait pas encore cet endroit. C'est une petite surprise.
- Oh... C'est pittoresque.
- N'est-ce pas !? C'est magnifique hein !? Bon, je n'ai pas encore terminé les travaux mais quand tout sera terminé, ce sera le paradis sur terre.
- Je te crois ! souris-je face à l'enthousiasme contagieux de cet ancien prince. C'est vrai que c'est magnifique... murmurai-je en observant la petite cabane en bois, perdue au milieu d'une dense forêt, non loin d'un immense lac.
- On ne va pas rester longtemps, juste le temps que les choses se tasse. Repose-toi en attendant. Je vais essayer d'avoir des infos sur la fugue du futur héritier de la couronne !
- Cela semble grandement t'amuser... lui fis-je remarquer.
- Tu n'as pas idée ! Faire rager notre père est mon plus grand plaisir ! » avoua Ho-Jin avant de sortir prendre quelques affaires dans la voiture.
Je le regardais faire quelques instants avant de me dirigez vers ce qui semblait être une chambre, puis de me laisser tomber sur le matelas, étrangement plus confortable qu'il n'y paraissait.
Ce furent des bras vigoureux qui me réveillèrent quelques heures plus tard de mon sommeil sans rêve.
« Jin, faut qu'on y aille. On nous attend. Change-toi avec ça, reprit-il en me tendant des vêtements bien loin de ceux que je portais habituellement.
- On va où ? demandai-je à moitié réveillé.
- À la gare.
- On va prendre le train ?!
- Oui...
- Mais...
- T'inquiète, j'ai un plan ! Fais-moi confiance !
- Tu devais être l'héritier je te signale ! Je te faisais confiance sur ce point !
- Touché ! Bref, pas le temps de bavasser ! Allons-y ! »
Je suivis mon frère sans broncher, bien trop fatigué, ce qu'il me fit remarquer, surpris de me voir lui obéir si facilement, moi qui étais « un vrai emmerdeur de première ».
Je ne relevai pas et posai ma tête sur la vitre, observant le ciel qui commençait doucement à s'assombrir.
Une fois à la gare, il gara sa voiture dans le parking le plus éloigné, loin des caméras de surveillance. Il avait tout prévu.
Il sortit ma valise de son coffre, me donna un sac à dos inconnu au bataillon et posa une veille casquette usagée sur ma tête.
« Bien... je vais vers la gare et toi tu suis le petit garçon qui tient le ballon bleu dans sa main.
- Hein !? quel garçon ?
- Juste devant.
- Oh... mais je ne prends pas le train ?!
- Non. Ce serait trop facile ! Ils ne te chercheront jamais si près. Je suis le leurre. Bon, pas le temps de s'attarder. Je te souhaite bonne chance frangin ! me dit-il avant de se diriger vers la gare.
- Ho-Jin ! m'écriai-je.
- Chuut ! se retourna-t-il, un sourire sur les lèvres.
- Je... merci... », lui souris-je à mon tour.
Il me fit un salut militaire puis se dirigea à grandes enjambées vers la gare, se mêlant à la foule qui affluait.
Je repérai le petit garçon, enfonçai la casquette sur ma tête puis le suivit à son signale.
Je m'arrêtai dans un parc à une demi-heure de marche avant de reconnaitre une tête dons le visage illuminé d'un grand sourire me rassura.
Je courus vers celle qui m'avais manqué tout ce temps et la suivis sans attendre, sans une seule parole de prononcée.
On prit tranquillement le bus, nos mains entrelacées, le sourire sur les lèvres.
Le bus s'arrêta, je la suivis et descendis à l'arrêt de bus. On marcha quelques minutes dans un quartier qui ne me semblait pas inconnu... il faisait déjà nuit et seuls quelques lampadaires éclairaient encore les ruelles.
On arriva, au bout d'une marche tranquille, toujours dans le silence, devant une petite bâtisse verte et blanche.
« C'est la maison de mon père. Namjoon en a hérité et la rénove. La restauration avance plutôt bien... sourit Maribelle avant de pousser la petite barrière qui grinça sur ses gonds. On doit encore la graisser », s'excusa-t-elle.
Je ne dis rien, un sourire triste et plein de nostalgie sur le visage. Ce lieu d'un de mes plus beaux souvenirs.
« Venez... », me sortit de mes pensées la mère de Namjoon.
Le cœur battant, j'entrai à son tour, impatient et heureux de bientôt revoir celui pour qui mon cœur brûlait, pour qui ma liberté avait autant d'importance désormais... bien plus que la stabilité d'un royaume.
J'entrai, le regard parcourant la pièce à la recherche d'un autre visage tant espéré.
J'en reconnu un mais pas celui si attendu.
« Votre Majesté !
- Dada ! murmurai-je alors qu'elle me prenait dans ses bras. Je suis désolé pour tout cela.
- Ne vous excusez pas ! Vous n'avez rien fait !
- Oui, c'est son idiot de frère !
- Bella ! s'écria ma nounou, grondant sa fille. Il a aidé son frère finalement, même si je ne pense pas que c'était l'idée du siècle, ni la chose à faire... soupira-t-elle.
- Tss... Mon Namjooni est lui aussi puni pour ses bêtises.
- Je... Ce... c'est à cause de moi si Nam-
- Ne dites plus rien ! me coupa Dada. Vous devez avoir faim et être fatigué. Je vous ai préparé un bain bien chaud. Vous pouvez y aller.
- Merci beaucoup... Mais tu sais... tu peux me tutoyer... comme tu le faisais quand j'étais petit, lui dis-je en la suivant.
- Vous n'étiez pas encore Prince héritier.
- Et je ne le suis toujours pas ! dis-je avec conviction.
- Aaaahhh... pas encore...
- Sinon, Namjoon... il n'est pas là ? hésitai-je.
- Non. Il est chez un ami je crois depuis son départ du palais. On ne l'a pas revu depuis. Il craint que l'on ait des soucis, cet idiot !
- Ah... Et tu sais chez qui-
- Jin... Mirabelle ne sait rien... Et je préfère que cela reste ainsi... Ok ? Même si je vous aime tous les deux... Je...
- Je comprends... murmurai-je. Je suis désolé.
- Hm. Lave-toi et rejoints-nous dès que tu as terminé. »
Une fois seul, j'entrai dans la salle de bain où je trouvais une baignoire avec de l'eau encore légèrement fumante et une odeur de vanille qui s'en dégageait. Je me déshabillai et entrai en soupirant d'aise dans l'eau chaude qui me réchauffa le corps mais aussi l'esprit.
Je fermai les yeux puis les rouvris.
« L'héritier hein... Tss... Namjoon, où es-tu ? »
...